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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 29/08/2013 à 09:44
» Dernière mise à jour le 29/08/2013 à 09:46

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 164 : Libertine
Libertine - Mylène Farmer


Nonchalamment accoudée à sa paillasse, son tabouret repoussé à l'écart, Cassy replia légèrement sa jambe gauche pour venir la frotter avec sensualité contre son mollet opposé. D'un clin d'oeil, Lilith lui indiqua que le geste était parfait, à la hauteur de ses attentes. Elle rejeta ensuite d'un mouvement de tête ses cheveux de jais dans son dos pour dévoiler ses épaules nues.

Le laboratoire était quasiment désert. Seul Cédric, l'homme qu'elle avait à séduire, et le professeur Chen, qui ne cessait de faire des allers-retours entre la salle et le parc, se trouvaient à l'intérieur. Elle tenait sa chance de réussir le défi, aussi n'allait-elle pas la laisser passer.

- Tu n'aurais pas du bicarbonate de soude, par hasard ? interrogea-t-elle en se retournant vers sa cible qui travaillait juste dans son dos.

Il leva les yeux de son ouvrage pour lui adresser un regard étonné. Jusqu'à présent, elle ne l'avait encore jamais tutoyé et il ne lui avait pas non plus demandé de le faire. Toutefois, en dépit de la stupeur qui se lisait sur son visage, il se contenta de lui tendre un petit bocal rempli d'une poudre blanchâtre.

- Il me semblait en avoir vu un flacon, tout à l'heure, sur ta paillasse, souligna-t-il d'un air soupçonneux.
- Je viens de le renverser par accident dans l'évier. Je suis d'une maladresse rare.

Elle lui lança un sourire éclatant face auquel il resta de marbre. La démone, assise sur une chaise dans l'angle de la pièce, un magasine à la main, lui indiqua d'un signe de tête discret qu'il ne fallait pas insister davantage, du moins pour le moment. Elle se concentra donc à nouveau sur le composé médicinal qu'elle s'efforçait de mettre au point depuis plusieurs semaines déjà.

Obéissant ensuite à un geste de Lilith, elle se dirigea d'une démarche aguicheuse vers le placard, juste à côté de la paillasse de Cédric, pour y prendre divers pots dont elle n'avait absolument pas besoin. A aucun instant elle ne posa les yeux sur lui, mais elle n'eut de cesse de sentir son regard parcourir son corps.

Elle eut encore droit à un sourire encourageant de la part de l'épouse de Giratina. Apparemment, c'était en bonne voix, et elle parvenait à faire ce qu'elle attendait d'elle. Mise en confiance, ce fut avec une assurance non dissimulée que Cassy tira son tabouret vers elle de la pointe du pied pour s'asseoir dessus, une jambe repliée sous elle. Sa cheville émit quelques mouvements circulaires à la lenteur exagérée, tout juste nécessaire à attirer l'attention.

L'heure du déjeuner arriva. La jeune fille se rendit en cuisine pour y préparer le repas. Régis, qui était en mission sur le terrain, n'allait probablement pas tarder à revenir, et il valait mieux que tout soit près à son arrivée car elle savait qu'il avait toujours un appétit d'ogre. Elle suspendit donc sa tâche pour un moment, prête à la reprendre d'arrache-pied lorsque l'occasion se représenterait.

- Alors ? questionna-t-elle en entendant la porte s'ouvrir dans son dos tandis qu'elle s'apprêtait à mettre des pommes de terre au four. Pourrais-je avoir l'avis d'une spécialiste ? Comment est-ce que cela se présage, d'après vous ?
- La tension sexuelle était palpable, de ton côté du moins. Continue à cette allure et il ne résistera pas bien longtemps. Il salivait presque d'envie lorsque tu t'es assise juste devant lui. Et ce déhanché... Magnifique !
- C'est que j'ai un excellent professeur.
- Quand est-ce qu'il revient ?
- Mercredi, je crois. Pourquoi ?
- La prochaine fois, ignore-le complètement. Aujourd'hui, il a sûrement dû penser que tu lui faisais des avances.
- Parce que ce n'est pas le cas ?
- Si, mais lui n'a pas besoin d'être dans la confidence. Après tout, c'est une affaire entre toi et moi, non ?
- Je n'ai que quinze jours, je vous rappelle.
- Si tu suis mes conseils à la lettre, il t'en faudra beaucoup moins. Tu t'es montrée extrêmement aguichante tout au long de la matinée, maintenant, si tu ne lui adresses pas le moindre regard, c'est lui qui va s'interroger. Il va chercher à s'expliquer ton étrange comportement, à lui donner un sens. Tu vas devenir le centre de ses pensées. C'est cela, la clé. L'obsession.
- Vous en êtes certaine ?
- Cassy, Cassy, Cassy...
- Ah oui, j'oubliais... Règle numéro dix-neuf : ne jamais, jamais, jamais vous remettre en doute.
- Il va également falloir que tu m'arranges tout cela.

Lilith se plaça dans son dos pour triturer l'ourlet de son chemisier moulant, au col soigneusement retourné. Elle posa une main sur ses reins en la forçant à se redresser un peu vers l'avant, de sorte qu'une cambrure creuse sa colonne vertébrale pour lui donner une allure plus élancée encore.

- Je vais me charger de te trouver une guêpière, mais ton maintien, c'est toi seule qui va devoir l'améliorer, à moins que je ne t'attache à une chaise avec un bâton accroché derrière toi.
- Une guêpière ?
- Une taille parfaite ne se forme pas avec du bon vouloir.
- Sauf chez vous.
- J'ai été créée comme cela, répondit simplement la démone avec un haussement d'épaule. Je suis certaine qu'Arceus le regrette, à présent. M'avoir fait don de la sensualité à moi quand Eve n'est désormais qu'une godiche au service d'Adam. La soumission. Elle ne connait rien d'autre, celle-là.
- J'aimerais beaucoup voir à quoi elle ressemble.
- C'est un petit être faible, tout rachitique et tout racorni. Elle est maigre, plate, et d'une pâleur maladive, sans compter sur sa banalité effarante.
- Etre rousse n'est pas donné à tout le monde.

La femme esquissa un sourire avant de se décaler pour la laisser continuer la préparation du repas. Elle était sur le point de se tirer une chaise afin de s'y asseoir lorsque Cassy, une poignée de fines herbes dans les mains pour assaisonner la sauce qu'elle préparait, lui jeta un regard en biais.

- Est-ce que vous êtes jalouse ?
- Qui ? Moi ? D'elle ? Pourquoi ? Ce serait quand même le comble !
- Je n'en suis pas certaine. Elle a quand même hérité de tout ce qu'Arceus vous a arraché, non ? Vous ne saurez jamais ce que cela fait d'être mère, de tenir votre enfant dans vos bras, de vivre au côté d'un mari... humain, précisa-t-elle.
- De la pacotille. Darkrai m'a offert un pouvoir bien plus grand que tout ce dont j'aurais pu rêver en obéissant à un dieu qui au final ne désirait que m'asservir. Je n'allais pas me soumettre à lui contre ma volonté. Il a tenté de m'y contraindre, et un jour, je le briserai pour cela, ainsi que je l'ai fait à tous ceux qui sont venus après lui.
- Il faut que je vous pose une question.
- Tu ne t'en es jamais privée, jusqu'à présent. Pourquoi est-ce que cette fois-ci ferait exception ?
- Une... Ce n'est pas vraiment une amie, mais un jour, à Sinnoh, une fille que je connais un peu m'a parlé de vous.
- Je suppose que ce n'était pas en termes très élogieux, non ? D'après ce que j'ai pu entendre et lire dans les livres à mon sujet, ton espèce n'a pas l'air de me porter véritablement dans son coeur.
- Pas plus que Darkrai ou Giratina.
- Que t'a-t-elle dit ?
- Elle vous a appelée... la "dévoreuse d'enfants".

Lilith ne répondit pas immédiatement. Son rictus se figea et même son air d'ordinaire si hautain perdit de sa superbe. Apparemment, la jeune fille venait de toucher un point sensible. Comme elle gardait le silence, elle s'en retourna à sa cuisine. Elle n'aurait pas pensé la déstabiliser à ce point, surtout que la démone avait une très haute opinion de ses propres actes, aussi sombres soient-ils.

- Elle a quel âge ?
- Je vous demande pardon ?
- La fille qui t'a dit cela, quel âge a-t-elle ?
- Oh, le même que le mien, je dirais. Qu'est-ce que cela change ?
- Rien... Rien du tout. Tu pourrais me la présenter ?
- Non. Elle est religieuse et elle ne quitte jamais le couvent. J'imagine que cela ne vous plairait guère de pénétrer en un lieu consacré. D'ailleurs, pourquoi voudriez-vous la rencontrer ?
- Pour rien. Religieuse, tu dis ? Hum... Alors je dois faire fausse route. Oublie donc cela, ce n'était que des paroles en l'air. Pas étonnant qu'elle soit au courant de cette histoire si elle est à la solde d'Arceus.
- Et elle est vraie ? Je veux dire, ces rumeurs sont-elles fondées ?
- Tu veux savoir si oui ou non j'aime me repaître des bâtards d'autrui ? Qu'en penses-tu, toi ?
- Je ne sais pas, je... Avec vous, j'ai appris avec le temps que je devais m'attendre à tout, alors...
- Si c'était le cas, comment réagirais-tu ?
- Je crois bien que cela me répugnerait complètement. Maintenant, à vous de me répondre. Est-ce que c'est le cas, ou pas ?
- La légende dit que je me nourris de la chair des nouveaux-nés issus d'un couple illégitime à chaque nuit de pleine lune. Je te laisse méditer là-dessus. A toi de voir ou non si tu m'en crois capable.

Cassy ne prononça pas le moindre mot. Elle ouvrit la porte du four afin d'en sortir les pommes de terre qui commençaient à être un peu trop cuites avant de les disposer dans une grande assiette où elle éparpilla la sauce aux aromates qu'elle venait de préparer quelques minutes auparavant. Finalement, en recouvrant le plat d'une cloche en plastique pour en conserver la chaleur, elle souffla :

- Non.
- Pourquoi ? J'aimerais beaucoup que tu justifies ton avis.
- L'histoire ne coïncide pas. La pleine lune, c'est l'apogée de Cresselia, au contraire de Darkrai qui n'apparait que quand elle ne brille pas. Et vous, vous êtes la lune noire. Si vous deviez agir, ce serait à ce moment-là. Qui plus est, vous ne vous en prendriez pas aux bâtards, mais plutôt aux autres, puisque c'est ainsi qu'auraient été qualifiés les enfants, ou les Gijinkas, peu importe, que vous deviez avoir avec Giratina si Arceus ne vous en avez pas empêchés.
- Excellente remarque. Effectivement, tu as parfaitement compris où je voulais en venir. Je n'y suis pour rien dans tout cela. Néanmoins, la recrudescence des enfants morts-nés est une réalité, mais apparemment, cela, tu n'es pas parvenue à le déduire seule. Il va donc falloir que je t'aide.
- Vous voulez dire qu'il y a vraiment une personne qui s'en prenait aux bébés ? Qui pourrait être assez... Oh, vous voulez dire... Cressélia... La pleine lune... Ce ne serait pas... Cela ne peut pas être... Eve ?
- Pas si sainte-nitouche que cela, n'est-ce pas ? Eve la pure, Eve la chaste... Dès qu'il y avait de l'illégitimité dans l'air, elle ne pouvait pas s'empêcher de venir mettre son grain de sel, et ce avec la bénédiction d'Arceus et d'Adam.
- Pourquoi faisait-elle cela ?
- Ils savaient que j'avais lâché les Succubes et les Incubes sur Terre pour qu'ils enfantent les Gijinkas. L'Alpha désirait les éliminer dès la naissance et Eve aurait fait n'importe quoi pour se dresser en travers de ma route, alors ils se sont mis en tête de détruire avant que le mal ne se propage tous les bébés qui n'avaient en toute logique pas à venir au monde, même s'ils ont commis un nombre impressionnant d'erreurs.
- Et vous avez quand même eu vos Gijinkas.
- Elle manquait cruellement de force, de ruse et de motivation pour arriver à faire échouer mon plan. Toutefois, Cassy, retiens bien ceci : ce n'est pas parce que je suis une démone que je suis forcément la plus mauvaise des humaines légendaires. L'ombre vaut parfois beaucoup mieux que la lumière, sache-le, et il n'existe personne de bon ou de mauvais, mais simplement des personnes qui choisissent un chemin ou l'autre.