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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 11/08/2013 à 00:31
» Dernière mise à jour le 11/08/2013 à 00:32

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 162 : J'me tire
J'me tire - Maître Gims


Sven partit peu de temps avant l'aube. Il lui fallait rejoindre Artémis, qui ne tolérait apparemment aucun retard. Cassy avait pu faire les frais de sa terrible autorité lors de leur épopée sur l'île de Circé, et elle ne souhaitait à personne de subir son courroux aussi légendaire que son titre.

Elle resta ainsi seule avec Lilith, à parler pendant encore un long moment, afin de comprendre ce qu'elle attendait véritablement d'elle. Puisque son but premier n'était vraisemblablement plus d'en faire une Succube, elle devait imaginer le pire en compagnie de la démone.

- Et si tu commençais par m'intégrer dans ton petit groupe ? susurra-t-elle d'une voix faussement mièvre.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Allons, aies donc un peu de jugeote, pour une fois. Comment veux-tu que je me charge de ton éducation si je suis à des lieues d'ici alors que ce serait relativement plus aisé en vivant sous le même toit ?
- Vous voulez vous installer au laboratoire ?
- Ma foi... Pourquoi pas ?
- Le professeur Chen n'acceptera jamais qu'une parfaite étrangère vienne vivre ici.
- Dans ce cas, à toi de le persuader. Après tout, je ne suis pas non plus totalement inconnue. La grande majorité des humains me connaissent.
- Pas forcément en bien. Bon, je vais voir ce que je peux faire. Suivez-moi et essayez de vous tenir convenablement.
- Et c'est à moi que tu demandes cela ?

Les sourcils de la démone se froncèrent avant qu'elles ne s'éloignent en direction de la demeure des Chen. La démarche de Cassy paraissait étrangement gauche à côté de celle souple et assurée de Lilith. Presque aussi grande que Cynthia, au moins aussi belle, elle aurait sans doute fait se retourner plus d'une tête sur son passage s'il n'y avait pas eu personne dans le village.

Lorsque les portes vitrées coulissèrent sur elles, elles se retrouvèrent directement dans la grande salle où le professeur et son petit-fils s'attelaient déjà à l'ouvrage. Seul Régis leva les yeux vers elles, avant d'ouvrir béatement la bouche, l'air de ne rien comprendre à ce qui se produisait.

- Qui est-ce ? demanda-t-il aussitôt, stupéfait, en oubliant les règles élémentaires de la politesse.
- Je vous présente ma cousine, Lilit... Lily. Elle va sans doute rester un moment dans la région et je me demandais si vous accepteriez de l'héberger.

La jeune femme lança un regard presque suppliant à son ami, car lui seul serait à même de convaincre son grand-père si celui-ci se montrait rechignant. Il se contenta d'acquiescer brièvement d'un signe de tête tandis que le professeur Chen détaillait la nouvelle venue des pieds à la tête.

- C'est étrange, ne le prenez pas mal, mais je ne crois pas me souvenir que Cassy m'ait un jour parlé de vous.
- Mes parents sont brouillés avec mon oncle et ma tante, alors j'ai appris à ne pas les évoquer lorsque cela ne s'avère pas nécessaire. Toutefois, moi, je suis toujours restée neutre dans ce conflit.
- D'où êtes-vous originaire, mademoiselle ?
- Sinnoh. Je viens d'un petit village à proximité du Mont Couronné.

La démone adressa à l'homme un sourire poli, presque élégant, qui contrastait avec celui hautain qu'elle arborait de coutume. Il se contenta de détourner les yeux, gêné, tandis qu'elle triturait ses boucles rousses.

- L'ennui, c'est que nous n'avons pas de chambres de libre.
- Je peux lui laisser la mienne, intervint immédiatement Cassy. Je dormirai sur le canapé en attendant qu'elle trouve quelque chose de mieux ailleurs. N'est-ce pas, Lily ?
- Cela me conviendrait parfaitement.
- Une minute.

Trois regards convergèrent sur le champ vers Régis qui venait de poser son calepin sur l'extrémité de la paillasse, son stylo penchant dangereusement dans le vide. Il appuya les paumes de ses mains contre la surface carrelée, de petites rides apparaissant au coin de ses sourcils froncés.

- Je veux bien vous laisser la mienne, de chambre. J'irai m'installer chez Sacha pendant la durée de votre séjour. Il me l'a déjà proposé à plusieurs reprises et je suis certain qu'il sera ravi que j'accepte enfin.

Alors que Lilith lui adressait ses plus sincères remerciements, même si son ton paraissait incroyablement mielleux, ce fut au tour de Cassy de demeurer bouche bée. Le jeune homme brun lui avait demandé cela sans même qu'elle ne soit au courant. Régis n'était même pas venu lui en parler au préalable.

- Tu aurais pu m'avertir, siffla-t-elle entre ses dents sans prendre la peine de dissimuler sa fureur.
- Nous en parlerons plus tard, tu veux bien ? J'ai du travail, et toi tu ferais mieux d'aider ta cousine à s'installer.

A la façon dont il venait de prononcer le mot, il était déjà en train d'émettre quelques doutes quant au vrai lien qui unissait Cassy à cette étrangère qu'elle ramenait au laboratoire sans crier gare.

- Ven... Viens avec moi, je vais te montrer comment c'est à l'étage.

La jeune femme précéda donc la démone dans les escaliers, qui garda le silence. Effectivement, il y avait de quoi se poser des questions. Tout d'abord, Lilith, même s'il semblait impossible de lui donner un âge, était physiquement beaucoup vieille qu'elle. Sa tenue provocante, loin d'être commune, attirait les regards désapprobateurs. Qui plus est, alors qu'elle devait pourtant venir afin de faire un séjour dans la région Kanto, elle ne possédait aucun bagage.

- Laisse tomber, la rassura la reine des Succubes et des Incubes comme si elle lisait son tracas sur son visage. L'important est qu'ils aient accepté. D'ailleurs, m'est avis que l'ancêtre ne se doute de rien.
- L'ancêtre... Comment pouvez-vous l'appeler ainsi quand vous êtes vous même plus âgée d'un millénaire ?
- En ce qui me concerne, les siècles ne se sont pas encore peints sur mon visage.

Cassy esquissa un sourire qu'elle s'efforça de dissimuler. Il ne fallait pas qu'elle montre à Lilith qu'une certaine complicité pouvait s'établir entre elles car elle ne le désirait pas. Elle ouvrit la porte de la chambre de Régis, qui n'était pas verrouillée, puis l'invita d'un signe de la main à la suivre à l'intérieur.

- Bon, ce n'est pas une pièce digne d'une princesse, mais elle est toujours mieux que celle où je dors. Elle vous convient ?
- Avec un sacrifice humain, elle serait parfaite.

Comme son interlocutrice la fusillait du regard, la démone éclata d'un rire puissant, avant de lui indiquer qu'elle plaisantait. Son sens de l'humour ne fut pas sans la déstabiliser, d'autant qu'elle doutait qu'elle en ait réellement un.

- Alors ? Par quoi commencerons-nous, aujourd'hui ?
- Je croyais que c'était moi, la disciple ? Ce n'est donc pas à vous de donner les ordres ? Il me semble que c'est ainsi que les choses fonctionnent, non ?
- Tout juste. Cependant, je voudrais savoir ce que toi tu as envie de faire.
- Les magasins. Nous devons vous trouver des vêtements. Vous ne pouvez pas rester au Bourg-Palette vêtue de la sorte, déjà que vous n'avez aucun mal tout court à attirer l'attention.
- Je te remercie du compliment.
- Je n'ai jamais dit que c'en était un.
- Non, mais je préfère l'interpréter comme tel.
- Vous êtes fatigante, Lilith, vous le savez ?
- Et toi une bien piètre humaine.
- Dans ce cas, cherchez une autre disciple.
- Non, je veux dire par là que tu joues très mal ton rôle. Tu es faite pour être beaucoup plus qu'un être issu d'une espèce primitive, sans quoi tu n'oserais jamais me braver de la sorte. Qui es-tu vraiment pour te comporter ainsi ?
- A vois de me le dire, puisque vous savez tout. En attendant, restez ici. Ne bougez pas, et surtout essayez de ne toucher à rien tant que je ne serai pas revenue. Je dois aller m'occuper des pokémon, ensuite nous partirons à Jadielle. Ce n'est pas au Bourg-Palette que nous trouverons des boutiques dignes de ce nom.

Lilith ne releva pas. Elle se contenta de s'asseoir sur le lit, bras et jambes croisés, plus immobile encore qu'une statue. Cassy lui lança un regard soupçonneux face auquel elle resta sans réaction. Elle avait un peu de mal à faire confiance à la démone, mais de toute façon, elle ne voyait guère en quoi elle pourrait lui nuire, aussi la laissa-t-elle seule et referma la porte derrière elle.

En parvenant au rez-de-chaussée, elle ignora complètement Régis devant lequel elle passa pour rejoindre le parc arrière, mais ce ne fut pas réciproque. Il la retint par le bras pour l'arrêter dans sa progression et lui fit signe de s'installer sur le tabouret avoisinant le sien.

- Ecoute, pour ce qui est de Sacha...
- Je m'en fiche. C'est ton petit ami, tu fais ce que tu veux, ce ne sont pas mes affaires. J'aurais simplement aimé que tu m'en parles avant, mais puisque depuis un certain temps tu ne me dis plus rien, cela ne m'étonne guère. Tu n'as pas de compte à me rendre, et c'est réciproque. De toute façon, il était évident que notre histoire n'aurait jamais pu durer. Les ménages à trois, cela ne tient jamais bien longtemps.
- Alors disons que par respect pour notre amitié passée, je m'abstiendrai de te demander de justifier la présence de Lilith au Bourg-Palette, et plus précisément chez mon grand-père. Cela te convient ?

Il la fixa sans sourciller, le regard ferme. Jamais elle ne l'avait vu aussi dur, aussi déterminé qu'à cet instant précis, et pourtant elle le côtoyait désormais depuis de nombreuses années.

- Comment as-tu...
- Je n'aurais pas pu savoir qui elle était vraiment si ses cheveux n'avait pas bougé par inadvertance. J'ai vu son glyphe, Cassy, et je sais qu'il s'agit de celui du type spectre. Ce n'est pas moi que tu tromperas.
- Vous n'avez rien à craindre d'elle, ce n'est pas une menace.
- Je sais. Enfin, j'ai confiance en toi. Tu ne l'aurais pas amenée ici si ce n'était pas le cas.
- Alors pourquoi est-ce que tu pars ?
- Parce que Sacha m'a réellement demandé de m'installer avec lui.
- Et quand Lilith partira, tu reviendras ?
- Je n'en suis pas certain. Franchement, Cassy, il habite à même pas cent mètres du laboratoire. Ici ou là-bas, je ne vois pas ce que cela change, d'autant que je vais venir tous les jours travailler ici, alors pourquoi me poses-tu cette question ?
- Simplement parce que si elle s'en va, il y a de fortes chances pour que j'en fasse de même. Prends cela comme un adieu, Régis, puisque de toute façon, rien ne me retiendra encore bien longtemps ici.