Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Hakai No Rakuen : Le Paradis de la Destruction. de Coorjet



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Coorjet - Voir le profil
» Créé le 17/07/2013 à 02:18
» Dernière mise à jour le 17/07/2013 à 02:23

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Science fiction   Suspense   Terreur

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
From another time [K]
Discrètement caché sous une bâche, la camionnette roulant à grande vitesse vers la sortie de la ville, Yakei réfléchissait encore aux discours tenus par l'assemblée sectaire. Le pouvoir grandissant de la Jigoku et de ses actuels dirigeants l'inquiétait, et la perspective que la société se fasse éradiquer au profit de l'établissement de nouvelles lois et d'une tyrannie sans fin menée par les leaders de la secte n'était pas des plus réjouissantes. Avec un léger soupir, il s'adossa à un caisson, et, se fiant aux cahots de la route , commença à préparer son rapport, l'esprit préoccupé par de sombres réminiscences.

***
Des explosions.
Partout.


Le garçon pleurait, sans savoir ce qu'il se passait, saisit par une incompréhension totale.
Les cris, les hurlements. L'effroi le tétanisait, et il ne pouvait qu'observer, impuissant, le massacre qui se déroulait devant ses yeux.

Du sang.
Partout.


Il s'était réveillé quelques minutes plus tôt dans une vieille bicoque en bois, frêle, dont le moindre coup de vent semblait compromettre la stabilité. Il était dans le flou absolu. Son nom, son existence, comment était-il arrivé ici..

..Rien ne lui revenait. Et il maudissait à présent ces forces inconnues qui l'avaient fait atterrir ici, dans une mer d'horreurs prête à le noyer dès le plus petit signe de faiblesse.

Des cadavres.
Partout.


Il enfouit sa tête dans ses mains , assis sur le seuil de son abri, pleurant toutes les larmes de son corps, empli d'une terreur absolue. Il connaissait ce sentiment. Il ne savait pas pourquoi, ni comment, mais il savait qu'il l'avait déjà vécu, sans pouvoir se rappeler son passé.
Il affrontait l'enfer personnifié : les Pokémons et d'autres êtres masqués tuaient, volaient, explosaient, mourraient, et les humains subissaient autour de lui la mort, les uns après les autres. Ils les entendait hurler " Soit maudite, Jigoku !", avant qu'ils ne se fasse égorger ou étriper, leur sang arrosant alors l'herbe alentours.

Des débris.
Partout


Puis il s'était mis à courir, loin de ça, loin de tout, loin de l'horreur. Mais il n'alla pas loin. Un monticule de ferraille encore brûlant l'atteignit à la tête, et il s'évanouit sous une pluie d'étincelles.

La peur.
Absolument partout.


***
Il rouvrit les yeux en sursaut, au moment où le camion s'arrêta brusquement. Cette pensée lui revenait en mémoire encore et encore, sans qu'il ne puisse rien y faire. Il secoua la tête, laissant flotter ses cheveux blonds, et attendit silencieusement que le conducteur s'éloigne du véhicule.
Puis il souleva la bâche et s'éclipsa discrètement. Il sortit de la ville par l'arrière et se glissa sous un monticule de terre caché par de vieux remparts. La vétuste grille qui s'y trouvait semblait déboucher sous un cul-de-sac, mais l'œil expérimenté et habitué du jeune homme lui fit quasiment instantanément repérer la faille dans la pierre taillée, où il engouffra sa main.
"Maison, me revoilà", dit-il en souriant.
Puis il tira sur le levier, et pénétra dans l'ouverture qui venait d'apparaître.

***
Le garçon se réveilla dans une mare de boue tiède et sanguinolente. Les bruits s'étaient estompés, les cris avaient cessés, le calme revenait peu à peu. Il se frotta la tête, meurtrie d'une bosse grosse comme un oeuf, en grimaçant, puis un sourire illumina son visage. Face à lui flottait une petite créature dotée de deux éclairs en guise de pattes, qui le dévisageait de manière inquiète. Le jeune ne comprenait pas pourquoi il se sentait si heureux, alors que l'apparition lui donnait plutôt envie de prendre ses jambes à son cou. Mais c'est quand la créature vint se frotter à nez qu'il se souvint d'elle.
"Motisma !" cria-t-il, le serrant dans ses bras. Sans pourtant savoir d'où il venait, il se rendait compte qu'il existait un lien entre eux, mais il ne parvenait pas à le définir.

Il regarda ensuite autour de lui. Tout n'était que désolation. L'odeur de la mort empestait chaque parcelle de terrain, et le poids des lamentations lui donnait des sueurs froides. Le fait d'avoir perdu la mémoire agaçait de plus en plus le survivant, mais il ne pouvait rien y faire.

Sur un étendard au loin flottait un drapeau, et sous lui, un homme dominait les autres de sa hauteur. Suivi par son compagnon, l'enfant s'approcha pour mieux entendre ce qui se disait.
Il constata avec horreur que les ombres qu'il avait vues au loin étaient des êtres humains, courbés, enchaînés, soumis au fouet d'un autre homme qui les lacérait sans relâche.
"Soumettez-vous à moi ! Soumettez-vous à nous ! Servez la Jigoku, et voyez un avenir radieux s'offrir à vous. Opposez-vous, et vous ne vivrez pas assez longtemps pour voir cette nouvelle aube se lever sur nos visages." scandait l'homme à l'étendard.

Un des esclaves se mit à protester du mieux qu'il le pouvait.

Sa tête vola dans les airs sous les yeux du garçon, qui s'en fut en pleurant aussi vite qu'il le put.

"Jigoku", pensait-il. "Jigoku. Je vous détruirai tous !" se disait-il dans son innocence de gamin, sans se rendre compte des obstacles à surmonter.
C'est à ce moment que Motisma lui parla. Et dans sa tête, il entendit distinctement les syllabes qu'il lui transmit : "Yakei."


***
Pensif, Yakei observait à travers les vitres opaques de l'ascenseur le fourmillement effectif dans ce micro-biome souterrain. La NAISHO était en pleine effervescence depuis quelques temps, les récentes activités de la Jigoku la forçant à fluidifier ses communications et accélérer ses missions pour empêcher les drames d'arriver.

Le garçon avait rejoint la NAISHO après son réveil amnésique et les horreurs qu'il a vues, afin d'éradiquer cette secte qu'il l'avait tant fait souffrir dans cette parcelle de vie. Il s'était vite révélé ultra-compétent dans tout ce qui touchait à l'espionnage, et avait naturellement gravi les échelons à grande vitesse. Certains le disaient prodige, d'autres le voyaient comme appliqué et volontaire.
Il était dans tous les cas un de leurs meilleurs agents, si ce n'est un pilier de l'organisation.

Il traversa les allées du QG à grandes enjambées pour aller remettre son rapport au Commandant Pend, l'homme qui l'avait accueilli ici et qui l'avait aidé à s'en sortir. Pend était un homme droit et fort, dont la vieillesse naissante n'était visible que par quelques rides aux coins des yeux. Sa stature imposante et son regard franc faisaient de lui l'homme le plus respecté de la base, mais aussi le plus aimé. Il était juste, et bon. Yakei l'aimait pour ça.

"Commandant, me revoici", annonça-t-il en se jetant sur un siège vide , le rapport atterrissant pile sur le bureau de son supérieur. " J'ai des infos primordiales, cette mission a porté ses fruits".

Pend le fixa un instant, et se mit à feuilleter distraitement le rapport.

"Tes talents d'espions ne sont plus à louer, mais je reste dubitatif quand au fait que tu arrives toujours à ne pas te faire prendre; après tout notre ennemi n'est pas à sous-estimer.." dit-il posément de sa voix grave et légère à la fois, séparant distinctement chaque mot.
"Je sais que ton Motisma y est pour beaucoup, mais je préfèrerais que tu sois plus discret, te faire prendre ne sert pas vraiment notre intérêt."
- Ne vous inquiétez pas, Commandant, j'ai suffisamment d'expérience sur le terrain. Et ne suis-je pas qualifié de meilleur agent, après tout?
- Il suffit. Tu as toujours du mal avec l'humilité, apparemment." Il sourit. "Bien, explique-moi donc ces griffonnages indescriptibles de ton rapport, ils me donnent mal au crâne rien qu'à essayer de les lire."
- Oui , Commandant. Il semblerait que la Jigoku cherche à éradiquer par tous les moyens la société actuelle, humains et Pokémon compris, pour établir un nouveau monde, jouissant d'une nouvelle liberté, et d'une nouvelle loi. A vrai dire, cela me semble un peu tiré par les cheveux ma-
- YAKEI ! "
Le jeune homme sursauta. Les sautes d'humeurs passagères du Commandant étaient rares, et il compris qu'il s'était aventuré un peu trop loin dans la discussion.

"Il faut que tu retiennes une bonne fois pour toute que l'adversaire n'est pas à prendre à la légère. Les rites qu'ils accomplissent et leurs méthodes dépassent de loin notre entendement, et nos concepts de la vie. Je ne sais pas si c'est ta jeunesse qui te rend aussi présomptueux, mais si tu tiens à la vie, je te conseille de réfléchir avant de tirer des conclusions trop hâtives sur cette secte immonde."
A ces mots, Yakei se cala plus profondément dans son fauteuil, dans l'illusion qu'il pourrait l'aspirer et le soustraire au regard pénétrant de Pend.
"Cela étant dit, cela fait un certain temps que tu es parmi nous , et ta loyauté et ton service sans faille m'ont fait prendre une décision. Tu as désormais l'accès au secteur G."

Le secteur G regroupait tous les dossiers top secrets de l'organisation, ainsi que les expériences visant à annihiler les méfaits de la Jigoku. C'était évidemment une zone réservée aux élites, et Yakei était aux anges.

"Va, maintenant. Il y a des choses que tu dois y apprendre, et une en priorité. Il te faudra prêter serment de ne rien révéler , ne rien exporter, ne rien modifier."
-Je le jure.", clama-t-il la main sur le cœur, avant de se diriger vers ledit secteur.

Les portes massives s'ouvrirent devant lui, un courant d'air glacial s'en échappa alors qu'il s'engouffrait dans la bouche béante du secteur G. Les gardes en faction le guidèrent dans le dédale de couloirs sombres, silencieux par l'insonorisation des salles alentours.
Enfin, ils le firent pénétrer dans un petit dôme à l'extrémité de la zone, encore plus profondément enfoncée dans le sol .

Au bout gisait un réceptacle de verre, dans lequel flottaient des mots qu'il ne parvenait pas à déchiffrer d'aussi loin.
Le Commandant Pend apparut derrière lui, et lui intima d'aller noter ces mots dans sa mémoire, de ne pas les oublier, et de vouer dès à présent sa vie à combattre pour eux.

C'est ainsi que Yakei s'en approcha, et les déchiffra.

"Au jour béni de l'élévation,
Le malheur chacun a subi
Pour vaincre l'abomination
Réveiller le pouvoir il suffit.
Enfants du temps et du ciel,
Recevez cet appel
Et sous cette oraison funèbre,
Enfouissez à jamais les ténèbres."

Yakei lut.
Et il sourit.