Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 11/07/2013 à 16:34
» Dernière mise à jour le 11/07/2013 à 16:34

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Bonus - Tout ce qui n'est pas mort (Régis/Thémis/Eléanore)

Voilà, un petit bonus tout triste sur Régis. Normalement je suis motivée pour écrire la suite de Dl, j'ai le découpage du chapitre 1; mais j'aimerais finir au moins les trailer ici, avant de poster.

Sinon ce bonus à deux buts : d'abord mettre au clair tout le fil scénaristique de mon histoire. Ensuite faire une introduction à la saison 02. J'espère qu'il vous plaira. Et que vous penserez tous "oh bordel c'était prévu depuis si longtemps !"...

Hum. Sur ce, bonne lecture !



Régis – Titre provisoire : Tout ce qui n'est pas mort.

Eléanore avait toujours été mignonne dans son esprit.

Belle en un certain sens, et ce, d'une dizaine de façon différente à ses yeux. Elle était déjà jolie quand, petite, elle les suivait à la trace, lui et Sacha pour s'inviter dans leurs jeux. Elle était adorable quand elle les collait et pour s'excuser leur envoyait juste un de ses sourires solaires.

Il l'avait toujours trouvé adorable en vérité.

Même quand elle l'avait regardé visiblement déçue par son comportement et sa horde de pom-pom girls. Même quand elle lui mentait avec pli sur le bout du nez, quand elle fronçait les sourcils, quand ses lèvres se crispaient sur des sanglots retenus. Il l'aimait quand elle était en colère, quand elle riait, quand elle pleurait, quand elle lui cachait des secrets, quand elle en aimait un autre…Il l'aimait furieuse ou heureuse, alliée ou ennemie.

Elle était juste mignonne en permanence et d'une multitude de manières pour lui.

Néanmoins, là, en cet instant, Régis peinait à trouver quoique ce soit d'attirant en la personne qui se tenait devant lui.

Pourtant il l'avait aimée totalement, avant l'incident et même après. Déjà à cette époque, elle avait changé imperceptiblement, même s'il avait été trop petit, trop naïf pour mettre le doigt dessus. Il l'avait pressenti. Comme si, de la petite fille qui le poursuivait dans ses aventures avec Sacha, il ne restait que des miettes, des bribes de temps à autres, ressurgissant comme avant et pourtant différents d'autre fois. Il avait déjà accepté un changement, et appris à l'intégrer.

Mais cette fois, c'était juste trop dur. Peut-être avait-elle juste trop changé : la jeune fille devant lui n'était pas Eléanore. Ou tout du moins, elle ne l'était plus. Plus il regardait Thémis, plus il cherchait un dernier vestige, un dernier souvenir, même fugace, de sa présence. Mais tout était différent.

Il se remémorait aisément, quand, à sa sortie de l'hôpital, la petite fille l'avait regardée, comme un étranger. Ou, se sentant affreusement coupable de ce qui lui était arrivé, il était allé la voir tous les jours, était venu jouer jusqu'à ce que ses plaies guérissent. Avant de savoir exactement ce qui la tuait, Régis lui avait même proposé de lui apprendre à capturer des pokémons.

Mais la petite fille qu'elle était, après l'accident, ne tenait pas en place. Elle n'écoutait rien. Elle voulait tout voir, tout entendre et semblait tout observer comme si elle contemplait le monde pour la première fois. Il avait tâché de lui répéter les conseils de son grand-père : d'abord affaiblir le pokémon, puis lancer la pokéball. Mais la gamine n'avait pas attendu la fin du discours et s'était jeté sur un rattata sauvage, pour le plaquer. L'animal l'avait trainé sur plusieurs mètres, et Régis avait cru revivre l'accident tragique une seconde fois. A la place elle n'avait écopé que de quelques bleues et avait rigolé toute la journée. Et tous les jours qui avaient suivi, ses réactions tenaient du même acabit. Animale, spontanée. Il n'y avait pas prêté attention, il avait trouvé cela…Normal.

Lorsque ses parents avaient appris le diagnostique de leur fille unique, et qu'ils avaient relâché leurs pokémons, elle était venu lui demander de l'aide pour les récupérer. Puis quand ses parents lui avait clairement dit qu'ils ne désiraient plus qu'elle s'approche de la moindre créature, elle avait pleuré longtemps et fort, en s'excusant. Pour le lendemain venir dévaliser tous les jardins du bourg palette, et distribuer les fleurs à tous les habitants du village, inventant des histoires ahurissantes, déclarant à tout va qu'elle allait rendre le sourire à tout le monde. Parce que pour s'excuser il faut donner un cadeau. Et qu'un cadeau ça rend les gens heureux. Qu'est-ce qu'elle avait été bête. Qu'est-ce qu'il lui en avait voulu ! Alors qu'elle essayait juste de le rassurer.

Plus tard, quand il était parti en voyage initiatique, et revenu, défait, après la ligue, il l'avait retrouvée, en colère. Elle avait regardé sa troupe de pom-pom girls et avait demandé à quoi cela lui servait, il avait répondu que les filles lui donnaient du courage…ET à cela la petite gamine de 5 ans avait rétorqué :

« T'as pas de courage tout seul ? ».

Elle était comme ça son amie, pleine de paradoxe. Tantôt naïve, tantôt d'une maturité à faire peur.

Régis désirait se souvenir d'Eléanore quand elle lui mentait, quand elle était fâchée contre lui, il voulait se remémorer de son expression quand elle regardait ses pokémons, pas celle, neutre, sans vie, de Thémis. Plus il regardait ce fantôme qui avait pris la place de son ami, plus il souhaitait retrouver Eléanore. Il rêvait de voir son sourire, même si c'était un de ses rictus moqueurs, même si ce sourire ne lui était pas destiné à lui mais à l'autre. En vérité, il souhaitait se souvenir éternellement de sa Eléanore, telle qu'elle l'était et aurait toujours du l'être : vivante.

Régis s'accrochait à tout ce qui lui restait d'elle. Les rares photos qui avaient échappé à sa fugue, les nouvelles, celles que ses amis avaient pris pendant leurs aventures, celles-là même qu'ils avaient transférées dans une clef usb pour l'encourager à l'hôpital. Même ce qui restait de ses vêtements. Il était entré dans sa chambre à l'annonce de son décès, et il avait tout dérangé. Fouillé. Comme si dénicher ses secrets, rassembler tout ce qui lui avait appartenu avait pu combler le gouffre béant qui lui déchirait le cœur. Mais il savait parfaitement que ce qu'il faisait s'avérait futile. Aurait-il amoncelé des centaines d'objets à elle, monté une montagne de breloques pleines de souvenirs, cela se serait toujours révélé insuffisant. A quoi lui servait un bracelet en toc, si elle ne le portait pas ? Qui s'attacherait à une bague rose cassée ? Et il ignorait tout particulièrement la raison pour laquelle son amie d'enfance avait une collection de cailloux dans un de ses tiroirs.

En vérité, tous ses actes depuis son décès lui causaient bien plus de tort encore. Aurait-il voulu souffrir davantage, il ne s'y serait pas pris autrement. Les clichés faisaient mal. Les vêtements faisaient mal. Les souvenirs faisaient mal. L'odeur même des draps lui paraissait insoutenable, tantôt malheureux car leur flagrance était trop présente, tantôt bouleversé parce qu'il la sentait s'estomper et disparaitre. Tout lui rappelait Eléanore, tout était rempli de la présence d'Eléanore, mais tout était dénué d'Eléanore également. Il observait ce qu'il avait rassemblé, et il espérait la voir, même son fantôme lui aurait suffit, mais, qu'un autre monde existe ou pas, le spectre de son amie avait la décence de ne pas venir le tourmenter. A la place, il avait Thémis.
Les cheveux de Thémis étaient lisses et soyeux, tous les jours entretenus par Chris et Angie. Les cheveux d'Eléa, même quand Sam et Daniel en prenaient soin, étaient fourchus et emplis de nœuds, elle bougeait, mettait la tête face au vent, triturait une mèche du bout de son doigts, les attachait et les gardait ainsi pendant des jours au point que les cheveux semblaient fusionner avec le chouchou. C'était d'ailleurs, toujours un calvaire pour la coiffer après ça, il entendait encore ses cris indignés, hurlant qu'elle en avait assez et qu'elle allait tout couper si les cheveux c'était si embêtant à entretenir. Thémis elle ne disait rien, sa tête oscillait mollement au rythme du brossage. Thémis n'aimait rien. Ne faisait rien. Elle ne semblait même pas vivante.

Eléanore, sa Eléanore, même aux portes de la mort, même condamnée par la maladie, demeurait une boule d'énergie pure, un brasier illuminant l'horizon, dévastateur et chaleureux à la fois. Elle était le feu de la passion. La vie elle-même.

Quoi qu'on lui dire, quoi qu'il ait pu lire sur Arcéus et son rôle de dieu de la vie, ce qu'il avait devant lui semblait être insignifiant à côté du souvenir d'Eléa.

Thémis. Quel nom stupide. Qui avait osé la nommer ainsi ? A cela on lui avait répondu « Il fallait bien l'appeler par quelque chose ! ». Quelque chose. Ah ! Absurde ! De toute manière, elle ne répondait pas quand on l'interpellait ! Elle l'ignorait, voire même le snobait quand il allait la voir. Elle ne caressait même pas Pilou, sa pikachu.

-Ne la regarde pas dans les yeux. Ca fait trop mal. Lui avait conseillé Lucas.
-Ne lui pose pas de question. Avait ajouté Cristal, un sanglot dans la voix. –Tu ne veux pas entendre les réponses.

Mais il voulait la regarder, droit dans les yeux, et il voulait lui demander : « pourquoi ? ». Pourquoi avait-elle pris sa place ? N'y avait-il pas une autre solution ? Elle allait être guérie, il avait enfin créé le remède à tout cela, à cette vague farce cruelle qu'était sa maladie ! Alors, pourquoi ? Pourquoi cela avait dégénéré de la sorte !

-Tu veux savoir ?

Thémis lui avait demandé cela, un mois et dix jours après la mort d'Eléanore. Il n'avait rien prononcé à haute voix. Il avait cessé la lutte face à elle, et s'était juste habitué à s'asseoir dans un coin à attendre. A essayer de retrouver ce qu'il avait perdu. A cajoler Pilou pour deux.

Aujourd'hui c'était différent. Aujourd'hui, au lieu de rester allongée dans un coin, comme une poupée de chiffon, elle s'était redressée, et elle l'avait regardé. Puis elle avait demandé. Trois mots. Trois simples mots qui rouvrirent sa plaie comme au premier instant. Trois mots durant lesquels il oublia comment respirer, occulta tous les conseils qu'on lui avait donné, fit disparaitre ce qu'il lui restait de raison.

Ma foi, s'il devait vivre avec cette dague plantée dans le cœur, cette douleur perpétuelle…Alors oui. Il désirait savoir pourquoi.

Thémis cligna des paupières, puis hocha gravement du chef.

-A ta première question, j'ai pris la place de la dénommée Eléanore Sarl, parce qu'elle l'a demandée. Elle a accompli le rituel, comme Eléanora dans le passé. Elle a pris cette décision de son propre chef, personne ne l'y a poussé. Au contraire, plusieurs ont tenté de lui faire changer d'avis.

Régis plissa les yeux : visiblement, ces «plusieurs » n'avaient pas tenté assez fort.

-A ta seconde question, continua Thémis, la réponse est non. Il n'y avait pas d'autres solutions.

Elle ferma les yeux.

-Cette situation a été longuement tissée, par plusieurs personnes. D'abord par la menace grandissante des Teams. Rocket et Opale avaient mis à mal le système naturel et l'écosystème était bouleversé à cause des légendaires trop nombreux. Quand Twilight a mis fin à leurs activités, c'était trop tard, la dénommée Anastasie, déjà harassée par la guerre de son pays, a décidé que ce monde tordu régenté par les humains devait prendre fin. Elle a accéléré ses plans et allait mettre en place ses dernières opérations. Elle allait appeler Arcéus elle aussi, mais pour lui demander de tuer tous les humains de ce monde, de les remplacer par des gijinka.

Thémis leva la tête dans sa direction et ses prunelles disparates, tantôt d'or, tantôt d'argent, se posa sur lui :

-Les pokémons ne comprennent pas la moralité de vous autres. Arcéus y compris. Il a décidé il y a longtemps qu'il ne chercherait pas à comprendre les raisons de leurs querelles. Et se contenterait de suivre leurs ordres pour les résoudre, car il n'y a que les humains pour comprendre les humains, tout comme il n'y a que les pokémons qui saisissent les tourments des pokémons.

Elle opina du chef :

-Si un humain, ou dans le cas d'Anastasie, un gijinka, lui avait demandé une telle chose, il aurait obéit.

Elle marqua une pause, et déclara :

-Si je me fis à ma vision du temps, le plan d'Anastasie aurait mis moins de deux mois à se mettre en place, avec la flûte pour l'appeler…Et au pire, le système de clonage inventé par les teams précédentes.
-Nous aurions trouvé une solution ! Nous les aurions arrêté ! S'insurgea aussitôt Régis.

Pilou gémit dans ses bras. Thémis ne cilla pas.

-Non. Vous ne l'auriez pas arrêté à temps. Elle pouvait cloner tous les légendaires, grâce aux pokédex de Sacha Ketchum et ses amis.

Elle ouvrit les bras et des jeux de constructions voletèrent jusqu'à eux. Plusieurs s'emboîtèrent parfaitement :

-Dans une première option, Twilight aurait réussi à récupérer et détruire la flute temporelle avant qu'elle n'invoque Arcéus. Celle-ci aurait alors utilisé les données du Pokédex de Sacha Ketchum, afin de faire apparaitre Jirachi ou Arcéus. Celui-ci aurait exaucé son vœu. Tout ce se serait produit en quatre semaines et trois jours.

Les objets se détachèrent l'un de l'autre, puis trouvèrent un autre angle, se regroupèrent en un autre puzzle parfaite.

- Dans la deuxième option, l'attaque que Twilight lance contre Anastasie se révèle meurtrière et un échec cuisant. Quelques jours avant, Peter aurait reçu une cassette, comme chaque année, sur son frère, manquant de sommeil et épuisé, il aurait donné les mauvaises instructions. Son échec aurait coûté la vie de vingt-huit de vos membres. Peter n'aurait pas pu encaisser le choc, son erreur. La revanche aurait trop tardé, laissant le temps à Anastasie d'infiltrer le QG de Twilight. Elle se serait rendu sur les lieux et aurait invoqué Arcéus avec la flûte. Cela aurait mis deux mois, très exactement.

Les peluches, pièces de puzzle, kaplas et autres légos retombèrent sur le sol, inanimés.

-La seule option qu'il restait, était d'invoquer Arcéus avant elle. Et encore à ce moment là, il y avait un nombre limité de souhait capable de résoudre un tel coupe-gorge.

-D-…

Régis déglutit, le gosier sec.

-Il devait bien y avoir une autre personne qu'elle pour invoquer Arcéus !
-Non.

Thémis lui avait répondu sur un ton sans appel.

-Pour invoquer Arcéus, il faut soit la flûte temporelle…Soit chanter la chanson d'Eléanora. Elle a été perdu il y a bien longtemps. Seuls les mourants, qui résident ici-même, pouvaient l'entendre. Peter pouvait ingérer tout le poison qu'il désirait, la mélodie est trop longue et complexe, pour qu'il la répète sans aucune faute, l'imite, alors qu'il la perçoit pour la première fois. Eléanore ; elle, l'entendait depuis des années.

Cette explication dépassait largement ce que pouvait digérer Régis. Des mourants ? Comment ? Comment un tel lieu pouvait changer quoique ce soit… !

-Eléanore a intégré Twiligth. A la seconde même où elle a connu cette organisation, à la seconde même où elle a pensé que peut-être sa vie prendrait du sens au sein de celle-ci, elle était destinée à venir ici. Elle était destinée à entendre cette chanson.

Thémis siffla quelques sons, et soupira :

-Et à la retenir. Tout ça pour ce jour.

Régis eut envie de pleurer. De briser quelque chose. Mais il ne fit rien. Elle sut à quoi il pensait :

-Eléanore n'aurait pas pu survivre, et cela pour plusieurs raisons. D'abord à cause de sa maladie. Le remède que tu as trouvé est arrivé trop tard ; au stade où elle en était, le médicament annihilait aussi bien le poison que ce qui la protégeait du poison. Mew. Il est vrai qu'il aurait fonctionné, si elle l'avait ingéré avant de perdre toute sensibilité de ses membres, ou au commencement de ce symptôme.
-Mais…

Dans ce cas pourquoi avait-il trouvé un remède, si cela ne servait à rien ? Il fonctionnait en laboratoire ! Il guérissait pourtant les cellules clonées et malades ! Il ne comprenait rien !

-S'il y a eu un effet bénéfique au début, c'était parce que le médicament aurait pu marcher. Si les simulations ont fonctionné en laboratoire, c'est parce que les cellules infectées en cultures étaient jeunes. Expliqua Thémis aussitôt, suivant le fil de sa réflexion. –Quant à ta découverte…

Elle ramassa une peluche par terre et le fit léviter devant elle, l'objet alla rejoindre les autres et trouva bien une place.

-Elle découle de ton propre choix. Le destin est encore fait de choix. Il découle de décisions logiques s'emboitant les unes aux autres. La tienne était de trouver un remède. Tu l'as mené à bien.

Mais si cela n'avait eu aucune conséquence, à quoi bon ?

-Cela a eu une incidence. Déclara platoniquement l'incarnation d'Arcéus.

Le cœur de Régis fit un bond dans sa poitrine.

-Le remède a donné de l'espoir à Eléanore Sarl. Elle a envisagé un avenir pour la première fois depuis des années. Un avenir avec ses amis, avec Daniel, avec toi.

Le petit-fils de Chen sentit sa gorge le brûler affreusement. Mais finalement, elle ne l'avait pas eu, ce futur qu'il avait essayé d'arracher à la maladie.

-Eléanore Sarl aurait pu se battre davantage. Réfléchir plus intensément à la possibilité d'abandonner son corps Arcéus. Elle aurait attendu le dernier moment, la dernière minute, pour être certaine de ne pas avoir d'autres choix que de vous abandonner. Mais l'espoir a brisé sa combattivité. Elle a cessé de lutter, et n'a pas pu reprendre le combat après l'échec des médicaments. Elle a donc préféré mettre fin à ses tourments, dès qu'elle en a eu l'occasion.

Thémis secoua la tête :

-De toute façon, la solution que tu proposais est arrivée trop tard : Eléanore serait morte sur la table d'opération. Dans tes mains.

Thémis le fixa platoniquement :

-Tu ne te serais jamais remis d'un tel évènement et la seule raison pour laquelle tu y aurais survécu, c'est uniquement parce que le monde humain se serait achevé avant que tu ne rassembles le courage pour mettre fin à tes jours.

Il y eut un silence, et Régis sentit un grand vide, glacial, remplacer la colère et l'incompréhension. Il n'était plus bien sûr de vouloir connaitre la suite, mais l'incarnation d'Arcéus continua, dépliant chaque doigt de sa main droite :

-Eléanore aurait pu savoir ce qui l'attendait avant. Samantha Joëlle savait ce qui allait arriver, depuis longtemps. Mais elle était fâchée avec son frère, Silver, et donc refusait de travailler en groupe avec lui. Sans information, Silver n'a rien pu faire, n'a pas pu remarquer les signes avant-coureur. Samantha aurait pu en parler à ses amis, également, mais Danny était fâché avec elle. Du fait de son statut d'atemporel, il ne cessait de l'oublier. Ainsi, elle n'a pas pu établir un plan avec lui, aucune coopération n'était possible. Cristal, Gold, Christopher et Angie étant lié à Silver, Lucas, Marion à Daniel…Il ne restait plus qu'Akira Yuki sur qui elle pouvait encore se reposer. Cet possibilité a été éradiqué quand celui-ci a perdu la vue, l'élève n'a plus osé imposer ses choix à son maître, elle n'aurait pas impliqué l'homme qu'elle aimait davantage.

Thémis arriva à l'annulaire, et acheva :

-Samantha n'avait pas confiance en Peter, car elle croyait qu'il serait ce qui mènerait son amie à sa perte. En un sens, elle avait raison, Peter n'était pas fait pour être le leader de l'organisation. Le fondateur oui, mais le dirigeant, non. Il était trop faible psychologiquement, avec la disparition de son frère qui le rendait instable et vulnérable aux attaques psychiques, il a vite été influencé. Le fait d'être responsable de la mort d'enfants, puis de pokémons, l'ont lentement miné, et le décès de Yoann puis de son frère ont fini de le briser totalement.

Régis ne comprenait qu'une chose dans ce déluge d'information, c'était qu'il n'y avait jamais eu aucune échappatoire. Depuis bien plus longtemps qu'il ne l'avait cru…Il chercha le moment précis, où vraiment, tout s'était scellé, mais sa mémoire se fit floue, tout comme sa vision. Il hoqueta, pris sa tête entre ses mains et tenta d'essuyer ses larmes, de se re-concentrer, de réfléchir à tout ça…En vain. Comment un moment aussi important, avait-il pu lui échapper ? Qu'est-ce qu'il avait loupé, à quel instant aurait-il du intervenir pour changer cela ?

Penser à tout cela lui vrillait le cœur, et pourtant, il sentait qu'arrêter d'y penser l'aurait meurtri encore plus. Le plongeant dans les affres de l'irréversible.

- Lavanville.

Il sursauta, et Thémis répéta.

-Tout a été scellé lorsqu'ils ont été retrouvés à Lavanville.

Si longtemps… ? Si longtemps en arrière ?

L'incarnation d'Arcéus se redressa, et vint lui caresser le crâne, comme elle l'aurait fait à un enfant malheureux.

Régis se sentit pathétique, stupide et honteux. Il aurait mieux fait d'écouter Lucas et Cristal, eux aussi, avaient du demander des explications à tout ça. Eux aussi avaient du entendre l'horripilante vérité. Et c'était une farce cruelle, qu'on lui contait bien là. L'histoire des histoires qui s'enchaînent et s'entremêlent, du moment exact, où la destinée se transfigure en fatalité, et où plus rien ni personne, ne peut plus l'altérer.

Thémis passa ses bras autour du dos du jeune homme, et pendant une seconde, Régis eu l'illusion de retrouver celle qu'il n'avait pas réussi à sauver. Doucement, la femme elle lui murmura, avec cette voix qu'il connaissait par cœur et pourtant ne reconnaissait plus :

-Eléanore ne pouvait pas changer le passé, mais elle pouvait vous offrir un avenir à vous tous. C'est sur ce vœu magnifique que je suis née.