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Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/07/2013 à 08:59
» Dernière mise à jour le 16/07/2018 à 21:08

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 1 : Le garçon de l'Académie
Parfois, je me demande si ce monde n'est pas fou. Mais si l'on est que quelque-uns à se le demander, alors n'est-ce pas nous, les fous ? J'écris ces mots aujourd'hui, pour vous raconter mon histoire, à vous, qui que vous soyez. Vous n'éprouverez sans doute que mépris à mon égard, et vous aurez raison.



*****



Adam Velgos était un jeune homme qui aimait se qualifier de normal. Pour autant, sa situation était peu commune. Orphelin et élevé par une femme de chambre, il était très cultivé et aspirait à de hautes études. Adolescent dans une région où les dresseurs pullulaient, il n'avait aucune passion pour les Pokemon. Il en avait même un peu peur, bien qu'il ne l'ait jamais avoué. Malgré son âge - dix-neuf ans - il n'était jamais sorti où que ce soit ni avec qui que ce soit. Arceus lui avait fait don d'un physique agréable : de bonne taille, des cheveux blonds soyeux, un visage charmant, et d'incroyables yeux bleus azur. Pourtant, son expérience avec les filles se résumait à un chiffre : zéro. Mais ce n'était pas du fait des filles, qui n'étaient pas insensibles à son charme froid, distant et mystérieux. C'était le sien. Les relations avec les gens n'étaient pas son fort. Il préférait rester seul, à étudier, loin de toute cette agitation qui faisait d'ordinaire la vie des jeunes gens de son âge.

Adam n'avait jamais connu ses parents. D'après ce que Sophia, la femme qui l'avait recueilli, lui avait dit, un beau soir d'été il y a dix-neuf ans, une jeune femme, blessée et portant un enfant à peine né, avait frappé à la porte de la Haute Académie de Fubrica, la capitale de la région. C'était Sophia, l'intendante, qui avait ouvert. Epuisée et grandement souffrante, la femme n'avait survécu le temps que de voir son fils entre les bras de Sophia. Elle lui avait dit son prénom - Adam - lui avait demandé de prendre soin de lui, puis était morte, sans même que Sophia n'apprenne qui elle était, ou au moins son nom. Faute de nom de famille, on avait nommé Adam avec le nom de la Haute Académie, Velgos.

Depuis, le garçon n'avait jamais connu rien d'autre que cette école. Le directeur, Monsieur Stendald, avait accepté de garder l'enfant, et l'avait confié aux bons soins de Sophia. Adam avait grandi en compagnie des domestiques de l'Académie, en en devenant un lui-même. Mais il ne se plaignait pas trop de son sort. Si sa mère, qui qu'elle put être, était morte dans la rue au lieu de l'Académie, Adam n'aurait su dire où il se trouverait maintenant. Peut-être même n'aurait-il pas survécu.

Bien sûr, il n'irait pas jusqu'à dire qu'il avait eu la meilleure enfance possible dont un garçon puisse rêver. Il avait commencé à travailler dès qu'il eut appris à marcher. Il n'avait eu que très peu d'amis de son âge, ce qui pouvait expliquer aujourd'hui son caractère renfermé. Du reste, vu qu'il était nourri et logé aux frais de l'Académie, il n'avait jamais vraiment rien eu à lui. La seule chose dont il était fier, c'était sa réussite scolaire. Malgré l'absence de parents et une éducation sommaire, il était parvenu de lui-même à avoir d'excellentes notes.

Il venait juste de décrocher son diplôme général de connaissance, le DGC, que les jeunes gens de son âge passaient aux termes de leurs années de collège, jusqu'à dix-sept ans. Adam avait entendu parler des lycées des autres régions, mais dans la région de Bakan, ça n'existait pas. De dix à dix-huit ans, tous les enfants avaient une école unique, et un diplôme à la fin. Si on l'obtenait, on pouvait espérer rentrer dans la Haute Académie, qui formait l'élite de demain. Sinon, eh bien, on tâchait de trouver un travail et de vite gagner sa vie.

C'était la voie qu'Adam allait prendre. Malgré l'obtention de son diplôme haut la main, l'inscription à la Haute Académie restait chère. Adam n'avait que peu d'argent, et il ne fallait pas compter sur Sophia pour l'aider financièrement. De plus, l'intendante s'était toujours totalement désintéressée des performances académiques de son jeune protégé. Selon elle, les études étaient une perte de temps et d'argent.

C'était triste, car Adam, qui avait passé sa vie à l'Académie Velgos, la connaissait comme sa poche. C'était sa maison, et étudier dans les salles qu'il avait passé des années à nettoyer aurait eu quelque chose de satisfaisant en soi. De plus, l'une des professeurs de l'Académie était une amie d'Adam de longue date. Et enfin, la Haute Académie était la seule institution du monde qui prodiguait un enseignement totalement multidisciplinaire aux futures élites de la région. Ici, il était tout à faire normal de suivre en même temps des études de droit et de pokémonologie. On attendait des étudiants qu'ils aient des connaissances en tout pour postuler aux meilleurs postes. Des postes qu'Adam ne verrait que de très loin...

Enfin, c'était comme ça. Il était sans doute plus intelligent que la majorité des fils et filles à papa qui rentreraient ici dans deux mois, mais lui serait condamné à faire en sorte que leurs lits soient faits tous les matins. La vie était injuste ; c'est du moins ce que Sophia n'arrêtait pas de déclamer. D'ailleurs, en parlant de Sophia, voilà qu'elle rentrait justement. Et comme à son habitude, en guise de bonjour, elle l'engueula.

- Adam, fichue tête-creuse ! Que fais-tu encore ?!

Sophia donnait toujours l'impression de surprendre le jeune homme en train de faire une grosse bêtise en cachette. Ce qui était absurde, de l'avis d'Adam. Aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours été un garçon sage et obéissant. De toute façon, il ne pouvait en être autrement avec Sophia comme tutrice.

- Je lis, déclara innocemment Adam en lui montra son fascicule sur les avancées de la médecine.

Adam avait toujours eu un faible pour la médecine. Il avait toujours été très bon en science et vie humaine au collège, et suivre les cours de médecines de la Haute Académie aurait été son rêve. Sophia écarquilla les yeux, comme si Adam était en train de faire quelque chose d'ignoble.

- Tu lis ?! Et, par Arceus, est-ce que la vaisselle de hier va se faire toute seule pendant que tu t'égares dans tes livres idiots ? Est-ce que les sols vont miraculeusement se laver tout seul ? Tête-creuse, je t'ai déjà dit que tu as autre chose à faire de tes mains que de faire tourner des pages ! Laisse cela aux personnes importantes et qui comprennent ce qu'elles lisent !

Adam soupira en refermant son livre. Sophia le prenait pour un imbécile, et devait même douter qu'il sache réellement lire. Adam savait que elle, elle ne le savait pas. Ce n'était pas pour autant qu'il allait se gausser d'elle. Mal lui en aurait pris, d'ailleurs. Il risquait de se retrouver avec un manche à balai dans quelques orifices intimes si l'envie lui prenait de faire ce genre de réflexion. Sophia, l'intendante de la Haute Académie, était la dirigeante de tous les domestiques, et une personne à ne pas contrarier. Même le directeur Stendald semblait la craindre, alors qu'il était son employeur.

Sophia était une femme qui commençait à vieillir. Elle avait la soixantaine depuis six mois, mais restait toujours vive et cassante, prête à faire trembler les murs de l'Académie en cris furieux si jamais elle voyait ne serait-ce qu'une seule tâche sur un rideau. Ses cheveux gris étaient serrés en un chignon strict, à l'image de sa propriétaire. Sophia était une femme très sévère et prompte à hurler. Mais Adam la savait juste, malgré tout. C'était aussi une femme de grande foi, citant le nom du Créateur au moins dix fois par jour. C'était cette piété religieuse qui l'avait poussé à garder avec elle le nourrisson qu'était Adam à l'époque, alors que la majorité des personnes n'auraient pas hésité à l'abandonner au premier service social venu. Mais elle avait entendu les derniers souhaits de sa mère, et pour elle, cela impliquait qu'elle avait une responsabilité sur l'enfant. Arceus ne lui aurait pas pardonné si elle l'avait abandonné, disait-elle souvent.

Malgré tout ce que Sophia avait fait pendant des années pour le tuer au travail, Adam savait qu'elle tenait à lui. Elle le considérait comme son fils, même si les autres domestiques avaient été aussi proches d'Adam qu'elle. Et Adam lui était gré de ce qu'elle avait fait pour lui. Mais il se refusait à rester ici toute sa vie en jouant les larbins. Il aspirait à autre chose, même si son départ, il le savait, attristerait énormément l'intendante. Mais elle devait bien se douter que les jeunes de son âge, pleins de capacités, avaient d'autres ambitions que celle de laver les sols et faire la vaisselle toute leur vie ! Dès qu'il serait majeur, dans un an, Adam quitterait la Haute Académie à qui il devait son nom. Sans doute avec quelques regrets et nostalgie, mais il le ferait. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait l'impression que son destin était ailleurs.

N'ayant jamais connu ses parents, ignorant même qui ils étaient, Adam s'était souvent fait des films dans sa tête, comme tous les orphelins. Il s'était imaginé que ses parents étaient des espèces d'héros, du genre qui combattaient les méchants et faisaient régner la justice. Plus tard, il se les était imaginé en gens importants, des dirigeants de pays, ou de grands scientifiques. Il n'avait même pas exclu les dresseurs de Pokemon légendaires, bien qu'il n'aimait guère ces créatures là. Il avait espéré qu'un jour, un étranger se présente à la porte de l'Académie, affirmant qu'il était son père, et l'amènerait vivre avec lui, dans un pays lointain, où Adam serait libre d'échapper à sa condition d'orphelin et de domestique.

Aujourd'hui, il avait passé l'âge de rêver. Il ne désirait même plus rien savoir sur son père, car s'il était en vie et s'il était au courant de son existence, c'était le plus grand salopard que la Terre n'ait jamais porté, pour faire si peu de cas de son fils. Mais le plus probable est qu'il ignorait qu'il en avait un. Selon Sophia et ses manières cassantes, la mère d'Adam avait dû être une quelconque prostituée de la banlieue. Ce qui n'arrangeait pas tellement l'image qu'elle pouvait avoir d'Adam, sûrement un bâtard à ses yeux de bonne croyante. Enfin, il était ce qu'il était : Adam Velgos. Qu'importe qui avaient pu être ses parents. Seul importait ce que lui allait devenir à présent. Ce qu'il allait faire de sa vie. Et pour l'instant, tout ce qu'il devait faire s'il voulait éviter un coup de balai encore vigoureux de Sophia, c'était d'aller retrouver ses taches ménagères.

La Haute Académie Velgos de Fubrica se tenait un peu à l'écart de la ville. Tandis que Fubrica, la capitale de la région, était la gigalopole par excellence, la Haute Académie demeurait en un décor naturel, verdoyant, au milieu d'arbres et de grands jardins. Bien sûr, le bâtiment en lui-même, gigantissime, était une œuvre d'art de l'architecture moderne. On y dénombrait cinquante amphithéâtres, dont deux qui faisaient la taille d'un terrain de combat Pokemon, cinq cents salle de classes, deux-mille chambres, trois réfectoires, six cours, intérieures comme extérieures, six arènes pour les combats Pokemon, et environ huit cents bureaux pour le personnel.

Tout cela faisait du travail à gérer, mais Sophia avait sous ses ordres une armée de manutentionnaires, de femmes de ménages, de cuisiniers, de jardiniers, et bien d'autres. Il y avait même quelques Pokemon, le plus souvent de type eau, qui travaillaient pour elle. Adam lui, n'était pas officiellement intégré dans une quelconque équipe, et faisait un peu de tout en fonction des besoins les plus pressants. Ce matin par exemple, il devait nettoyer les vitres du couloir D du second étage.

C'était bientôt la rentrée, et l'Académie devait être parfaite pour accueillir cette nouvelle masse d'étudiants, qui ne manqueraient pas de tout salir sur leur passage, à tel point qu'Adam se questionnait parfois sur l'utilité de ce qu'il faisait. Les vitres du couloir D du second, par exemple... Il se rappelait les avoir parfaitement lavé il y a deux mois à peine. Aujourd'hui, elles étaient dans un état déplorable, pleines de traces de doigts. En contemplant l'ampleur de la tâche - il y avait bien une quarantaine de vitres - Adam soupira et entreprit de nettoyer la première.

Ce fut lorsqu'il fut arrivé à la sixième qu'il eut la peur de sa vie. Quelque chose venait de percuter la vitre qu'il était en train de nettoyer. Bien sûr, le verre se brisa sous le choc, et Adam tomba en arrière avec un cri, alors qu'il sentait quelque chose de lourd tomber sur sa poitrine. Deux yeux mauvais étaient en train de le regarder. Une énorme gueule, avec des crocs tout aussi énormes, et une tête totalement mauve.

Adam cria de toute la force de ses poumons, ce qui n'était en l'occurrence pas grand-chose étant donné le poids de la créature sur sa poitrine. Un Pokemon ! Adam n'aimait guère les Pokemon, et surtout pas les si gros, les si effrayants, et les si proches de lui ! Mais il n'osait pas faire un geste. Ce monstre aurait tôt fait de lui arracher la tête si l'envie lui en prenait. En bas, dans la cour, un cri se fit entendre.

- Granbull ! Regarde ce que tu as fait ! Reviens ici immédiatement !

Le Pokemon aboya et sauta d'Adam pour repasser par la fenêtre. Encore sous le choc, Adam se leva, prenant garde à ne pas toucher un seul fragment de verre et se débarrassa de ceux se trouvant sur lui. Puis il se pencha à travers la vitre brisée, pour voir le coupable dans la cour d'en bas, qui était en train de sermonner le Granbull. C'était une fille. Une jeune femme, plus précisément. Elle avait de longs cheveux bruns, un chapeau blanc et une tenue tout ce qu'il y avait de plus « dresseur de Pokemon ». Quand elle vit Adam le regarder, son beau visage se mua d'horreur.

- Oh mon dieu ! Il y avait quelqu'un ! Je suis désolée. Tu n'es pas blessé ?

Adam n'avait jamais été à l'aise avec les gens de son âge, encore moins avec les filles. Aussi déclara-t-il gauchement :

- Euh... non, non, ça va...

- Tu plaisantes ! Tu saignes de partout !

En effet, Adam sentit du sang couler sur son visage. Il s'était fait une belle écorchure au front. Mais ça, ce n'était rien comparé au fait qu'il avait tâché son habit, et que Sophia allait le charcuter vif, elle qui avait fait des tâches ses ennemies jurées.

- Je monte, déclara la dresseuse.

Elle rappela son Granbull dans sa Pokeball et courut dans le bâtiment. Adam était encore sonné, et ne savait trop comment réagir devant le carnage de la vitre brisée et des nombreux morceaux de verre ensanglantés sur le sol. Le directeur allait le tuer pour ça, si toutefois Sophia ne s'en chargeait pas avant. La jeune dresseuse vint le retrouver deux minutes plus tard. Adam s'en étonna. Il avait songé qu'elle aurait plutôt pris la fuite pour faire retomber toute la responsabilité de l'accident sur Adam. Ça n'aurait pas été la première fois. Mais l'inquiétude sur le visage de la fille semblait sincère.

- Excuse-moi, vraiment... J'entrainais mon Granbull dans la cour, et il n'a pas contrôlé sa dernière attaque.

- C'est... c'est bon, fit Adam en épongeant son front poisseux de sang.

- Attends, on va arranger ça.

Adam recula prestement quand la dresseuse sortie une autre de ses Pokeball. Mais c'était cette fois un Melodelfe, un Pokemon à l'allure de fée réputé inoffensif et aimable, ce qui n'empêcha pas Adam de le scruter avec inquiétude, comme s'il craignait qu'il ne lui saute dessus et ne l'attaque sauvagement. La dresseuse ordonna alors une attaque Aromathérapie. Même si les Pokemon ne le passionnaient pas, Adam avait étudié leur fonctionnement et quantité de leurs attaques, surtout celle utilisées dans le domaine médical. Aromathérapie en était une. Le Pokemon poussa un chant apaisant, et une lueur verte aux senteurs exquises se propagea sur Adam. Il ne chercha pas à s'en échapper, car il se sentait comme enivré, dans une douce extase qui le débarrassa de ses douleurs et momentanément de tous ses soucis. Quand le phénomène prit fin, Adam était toujours poisseux de sang, mais ses blessures s'étaient refermées.

- Euh... merci, dit-il, en s'adressant uniquement à la dresseuse.

Celle-ci sourit et rappela son Melodelfe qui avait un air vexé. Puis elle jeta un coup d'œil à la vitre brisée, et fit une grimace éloquente.

- Mon premier jour ici... et je gaffe déjà. Je vais sentir passer le sermon de mon père.

- Laisse tomber, je peux dire au directeur que c'est ma faute, fit Adam d'un ton morne. Il a l'habitude que je casse des choses.

- Tu connais le directeur Stendald ? S'étonna la dresseuse.

- Depuis longtemps. C'est un peu mon employeur. Je vis et je travaille ici.

- Oh. En tous cas, pas question que tu portes le chapeau. J'irai lui parler moi-même, et lui présenterai mes excuses. Mon père est ambassadeur. Je risque moins que toi. Au fait, je m'appelle Leaf. Leaf Elson, de Kanto.

Kanto... Adam n'était pas vraiment un expert en géographie, mais il savait que cette région se trouvait à l'autre bout du monde.

- Moi, c'est Adam Velgos.

- Tu portes le même nom que l'Académie, remarqua Leaf.

- Oui, c'est normal. Personne ne connait mon vrai nom, et comme c'est l'Académie qui m'a recueilli...

Il laissa sa phrase en suspens. Il ne voulait pas parler de lui. Non pas qu'il en avait tellement honte, de sa vie, mais elle n'avait rien d'intéressant. En revanche, il ne voyait pas souvent des habitants de Kanto à l'Académie. En fait, il n'en avait jamais vu, même si l'Académie était réputée pour attirer des jeunes gens du monde entier.

- Et toi, que fais-tu à Bakan ? Demanda-t-il. Tu sais qu'on n'a ni arène ni Ligue Pokemon dans notre région. Pas de quoi attirer les dresseurs de l'étranger.

- Oh, mais y'a un paquet de Pokemon qu'on ne trouve qu'ici, s'enthousiasma Leaf. Mon père a pris le poste à l'ambassade de Kanto de Fubrica, et il m'a amené avec lui. Elle est géniale, cette ville ! Je compte y passer un peu de temps, pour augmenter les données de mon Pokedex. Donc mon père a parlé avec le directeur Stendald pour que je reste ici à l'Académie. Ça me fera apprendre des choses. Je suis ici depuis hier seulement, et c'est hyper grand. Tu me fais visiter, toi qui dois connaître le coin comme ta poche ?

Adam hésita. Si Sophia le prenait à se la couler douce alors qu'il avait à peine commencé son travail... Mais d'un autre coté, escorter la fille d'un homme important était aussi une mission, n'est-ce pas ? Sophia ne pourrait pas lui en vouloir de s'être montré courtois envers une invitée du directeur. Et puis, cette Leaf n'était franchement pas désagréable. Adam s'était gardé une image des dresseurs assez mauvaise. Arrogants, prétentieux, le traitant comme quantité négligeable parce qu'il n'aimait pas les Pokemon et qu'il était un domestique. Ou alors était-ce les gens de Kanto qui étaient aimables, tandis que ceux de Bakan croulaient sous les mauvaises manières ?

Quoi qu'il en soit, Adam accepta, et il passa toute la matinée et même plus à faire visiter les lieux à Leaf. Elle qui était dresseuse et fille d'un haut fonctionnaire, il était content de connaître des choses qu'elle ignorait. Ils parlèrent beaucoup en marchant, Adam lui parlant de l'Académie et de son fonctionnement, et Leaf de sa région. Apparemment, elle connaissait bien le professeur Chen, un savant de Kanto mondialement reconnu pour ses travaux sur les Pokemon. Même si Adam ne s'intéressait pas à ces créatures, il avait lu plusieurs articles du professeur. Un sacré génie, ce Chen. Leaf tenait de lui son tout premier Pokemon.

Puis, une fois le tour des lieux achevé, Leaf, comme elle l'avait promis, se rendit dans le bureau du directeur pour confesser la destruction de la vitre. Stendald se montra étonnement clément. Ce n'était qu'une vitre, affirmait-il. Facile à remplacer. Nul besoin de s'en faire. Hors Adam connaissait bien le bonhomme. Le père de Leaf devait être fichtrement important pour que le directeur se montre si affable. Si c'était Adam qui avait brisé la vitre, il n'osait imaginer ce qu'il lui aurait fait.

Mieux, Stendald le remercia de s'être occupé de Leaf, et promis d'en parler à Sophia pour excuser son retard sur ses travaux habituels. Voilà comment Adam avait passé la journée à ne rien faire, à bavarder avec une fille sympa, et en s'attirant les remerciements du directeur en personne. Une très bonne journée, en somme, qui avait pourtant commencé par une vitre brisée et du sang. Ce qu'Adam ignorait, c'est que cette journée allait être le basculement de toute son existence.