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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 20/06/2013 à 08:49
» Dernière mise à jour le 17/10/2013 à 20:30

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 138 : Si on devait mourir demain
Si on devait mourir demain - Natacha St-Piers et Pascal Obispo


- Quel immense honneur tu m'as fait là en daignant répondre à ma lettre. Au début, je n'osais même pas y croire.

Cassy demeura parfaitement immobile, calme au possible, le pouls régulier, tandis qu'une silhouette obscure émergeait de derrière la statue de Palkia qui encadrait l'entrée du musée de Vestigion. Elle-même se trouvait adossée à celle de Dialga. Elle se contenta de hausser les sourcils quand l'autre s'approcha d'un pas lent.

Un rayon de lune à la lumière grisâtre ne tarda pas à illuminer l'uniforme à dominance marron qui lui faisait face, tandis que le garçon qui l'arborait passait une main dans ses cheveux ébouriffés, l'air presque gêné. L'adolescente fit comme si elle ne s'en était pas aperçu et se contenta de fixer son cousin sans ciller.

- Je peux savoir ce que tu me veux, Katharina ?
- La fin du monde est prévue pour les heures qui viennent et je n'aurais même pas le droit de te dire adieu sans arrière pensée ?
- Sandra a été très réactive pour vous avertir aussi vite, en dépit de tous les soins que nous avons mis à cacher notre projet.

La jeune fille se mordit légèrement la lèvre à la mention du nom de la Championne. Ainsi, Sylvain savait que la Confrérie les espionnait. Depuis combien de temps, cependant ? Elle allait devoir lui arracher des informations, bien qu'il ne lui en laissa pas l'occasion. Il l'interrompit sitôt qu'elle eut ouvert la bouche :

- Je n'ai rien dit, si c'est ce que tu veux savoir. Mes positions sont toujours les mêmes, Katharina, et elles le resteront jusqu'à la fin. Je ne tiens pas à te regarder mourir, ni toi, ni elle, ni aucune de vos amies. Contrairement à ce que tu sembles croire, nous... Bon, d'accord, je, parce que les autres ne sont pas tous comme cela, ne suis pas foncièrement méchant.
- Je le sais, répondit-elle en lui jetant un regard emprunt de sincérité. Sinon je ne serais pas là, seule, au risque que tu me tendes un piège.
- Justement, parlons-en. Tu as de trop grands responsabilités, désormais, pour venir jusqu'ici, quasiment dans la gueule du Grahyéna, en une simple visite de courtoisie. A moins que tes acolytes soient dissimulées quelque part où je ne les vois pas.
- Non, je suis seule.
- Comme si j'allais te faire confiance.
- Aussi étonnant que cela risque de te paraître, mentit Cassy en grinçant des dents afin de mieux songer à ce qu'elle s'apprêtait à dire, nous, oui. Nous pensons même que tu n'as rien à voir avec la Team Galaxie. Tu viens de le dire toi-même, Sylvain : tu n'es pas mauvais. Je dirais même que tu es quelqu'un de bien. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes mises d'accord. Nous désirons te retourner la proposition que tu m'as faite dans ta lettre.
- C'est-à-dire ?
- Quitte l'organisation. Tu ne gagneras rien de bon en restant avec eux, d'autant qu'ils ne te ressemblent pas. Joins-toi à la Confrérie. Nous sauverons le monde ensemble ou, à défaut, nous t'autoriserons à rester en dehors de ce conflit si tu ne tiens pas à choisir un camp.
- Pourquoi me demander cela maintenant, quand tout est joué d'avance ?
- Non, pas encore. Rien est perdu, tu m'entends, Sylvain ! Nous avons encore une chance de triompher, mais pour cela nous devrons agir main dans la main.
- Je ne peux pas, je regrette, marmonna-t-il en baissant un regard penaud sur sa tenue de Topdresseur.
- Si. Tu en as l'occasion et il te suffit juste d'accepter ma proposition. Tu n'as qu'un seul mot à dire.
- Et ce sera non. Katharina, je t'apprécie énormément. Un peu trop, même, et tu le sais. J'aimerais beaucoup te dire oui, crois-moi sincèrement, je payerais cher pour suivre ta voie, mais hélas, tout l'or du monde ne conviendrait pas en de pareilles circonstances,
- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?
- Ce n'est pas une question de motivation, d'amitié ou de choix : je suis d'accord avec la Team Galaxie. Leur avis est le mien : nous devons détruire cette planète avant qu'elle ne le fasse elle-même. C'est comme piquer un pokémon qu'on ne peut soigner pour lui éviter d'inutiles souffrances. Le monde se fait suffisamment de mal ainsi sans lui laisser plus longtemps encore afin de continuer.
- Ce sont des milliers de vie qui sont en jeu. Rien ne te prouve sur toute autant qu'il n'y en a pas une qui est meilleure que les autres.
- Si tu parviens à me la présenter avant demain matin à l'aube, je reverrai peut-être ma position quant aux agissements d'Hélio. Je sais cependant que c'est impossible car cela n'existe pas. Nous avons tous nos vices, nos perversions et nos pensées secrètes les plus sombres.
- Alors, c'est peine perdue, et je ne vais pas gaspiller davantage de temps en ta seule compagnie. J'ai une Confrérie à mener au combat, moi. Nous y laisserons peut-être notre peau, Sylvain, mais soit certain d'une chose : si des têtes peuvent tomber, elles tomberont. Pour ce qui est de celle de mon frère, je m'arrangerai pour que ce soit de mes propres mains.
- Tu oublies que je considère également Eric comme tel. Jamais je ne te laisserai faire une chose pareille.
- Pourtant, j'aimerais que tu me fasses une promesse avant que je ne parte retrouver mes amies. Jure-moi que tu ne te mettras pas en travers de ma route, et j'en ferai autant de mon côté.
- Je ne peux pas te donner ma parole à ce sujet. Quoiqu'il arrive, je m'arrangerai pour être avec Eric.
- Et moi je détruirai tous ceux qui s'efforceront de me barrer le chemin jusqu'à lui. Je lui ferai amèrement regretter la perte du grand frère que j'ai jadis aimé, et je continuerai tant que je ne verrai pas dans ses yeux une once de culpabilité.

Le garçon la dévisagea un instant. Son sérieux l'inquiétait, mais tout de même moins que le ton qu'elle employait pour parler avec cette froideur mesurée de l'assassinat d'Eric qu'elle était en train de fomenter.

- Dans ce cas, un affrontement est inévitable, finit-il par murmurer d'une voix qui trahissait sa profonde tristesse.
- Crois bien que je suis navrée de devoir en arriver à ce point. J'aurais souhaité ne pas te retrouver sur le champ de bataille.
- La réciproque est vraie. Katharina... Il y a quelque chose que je voulais te demander depuis déjà un moment. Si c'est vraiment la fin, du moins la fin de l'humanité... J'aimerais que tu me rendes un service.
- Quel est-il ?
- Me pardonner.

Elle battit des paupières sans comprendre. Etait-ce des excuses qu'il lui présentait alors qu'elle n'en attendait pas ? Pourquoi, d'ailleurs, le faisait-il, quand elle accablait Eric, et non lui, de tous les maux du monde ?

- A quel sujet ?
- Je sais que tu en veux à ton frère parce qu'il n'est pas finalement celui que tu aurais désiré qu'il soit et... si tu venais à mourir demain, même si j'espère de tout mon coeur que tu seras sauvé, de quelque manière que ce soit, je voudrais que tu ne me tiennes pas rigueur à moi d'être également une si monumentale déception dans ta vie. Ce n'est pas facile pour moi non plus, tu sais.
- Je ne suis pas furieuse après toi, Sylvain, en dépit de ce que tu sembles penser, affirma-t-elle, sincère, en se rapprochant encore un peu plus de lui. Je suis heureuse d'avoir un cousin comme toi, seulement la situation fait que les choses sont ainsi, sinon soit assuré que j'aurais voulu qu'elles se déroulent autrement.

Le Topdresseur acquiesça d'un signe de tête, le regard embué de larmes, alors qu'elle étendait une main hésitante dans sa direction. A mi-chemin, cependant, elle se ravisa. Devait-elle le toucher ou s'en aller ? Lui fallait-il se soumettre à son coeur ou à sa raison ? Finalement, elle franchit sans même s'en apercevoir la distance qui les séparait pour le serrer dans ses bras. Bien que plus âgée de deux ans, elle était relativement plus petite que lui.

- Dis-toi que c'est mieux ainsi, lui souffla-t-elle dans le cou tout en posant la tête sur son épaule.
- Pourquoi ? Tu trouves cela juste, toi ?
- Non, mais cela résoudra le cruel dilemme qui je sais te dévore de l'intérieur. Tu n'as pas le droit de m'aimer, Sylvain. Du moins, pas de cette manière.
- Je comprends. C'est réservé à Sven.
- Ou plutôt juste à n'importe quelle personne qui ne partagerait pas le même sang que moi.

Tandis que son cousin passait une main dans ses cheveux pour les rapprocher de son visage afin d'en humer l'odeur, elle laissa sa main glisser lentement le long de son dos. Apparemment, il ne s'en aperçut pas, ou du moins ne le fit pas remarquer par peur que cette étreinte ne cesse.

Les doigts de la jeune fille tâtèrent le cuir de la ceinture sur laquelle ils s'arrêtèrent un moment avant de poursuivre leur descente. Le plus doucement possible, alors qu'elle atteignait le bas des reins de Sylvain, elle déplia deux doigts au maximum pour les faire pénétrer dans la poche arrière de sa combinaison. Toujours avec autant de délicatesse, elle en retira un objet rectangulaire qui ne devait pas faire plus de trois millimètres d'épaisseur.

- Je vais devoir partir, déclara ensuite Cassy en se reculant légèrement tout en dissimulant avec précipitation le passe Galaxie entre sa cuissarde et sa peau. Les autres m'attendent pour mettre sur pied un plan d'attaque.
- Combien êtes-vous en tout ?
- Six. Et les Champions.
- Vous avez peut-être une chance de nous arrêter, dans ce cas, mais pas avant qu'il ne soit trop tard, je le crains.
- Toujours que trois ?
- Il ne faut jamais cesser de se méfier de l'eau qui dort, Katharina. Vous êtes peut-être une demi-douzaine à posséder un glyphe, mais nous, nous avons plus d'une centaine de sbires pour protéger nos arrières et veiller au bon déroulement de la mission. Je ne pense pas que vous puissiez en dire autant.
- Nous ruserons. Le nombre ne fait pas tout.
- Ennemis ? s'enquit Sylvain en lui tendant avec franchise sa main gantée.
- Si nous mourrons demain, ennemis. Si nous survivons, peut-être envisagerons nous de redevenir cousins.

Cassy lui adressa un sourire qu'elle voulait sincère avant de tourner les talons, les mains sur les cuisses. Elle sentait la carte magnétique glacée qu'elle venait de voler frotter sa jambe à chacun de ses pas en lui arrachant des frissons à son contact. Elle n'avait cependant pas parcouru cent mètres qu'un bruissement l'obligea à se retourner.

Le Topdresseur la suivait et elle n'eut pas le temps de réagir qu'il lui enserra presque aussitôt le poignet, le visage tordu par la colère. Jamais elle ne l'avait vu aussi furieux, à un point tel qu'il lui entailla accidentellement la peau avec un angle de son passe Galaxie qu'il tira violemment de sa cachette.

- J'aurais presque pu te croire, Katharina, si cette fois-ci tu n'étais pas allée trop loin. Dire que ton discours venait de m'émouvoir.
- Je pensais chaque mot que je viens de prononcer, même si je te mentirai en te disant que ce n'est pas pour te voler ta carte que je suis venue.
- Sven avait raison, alors que j'ai refusé de l'écouter. Tu es roublarde, et je dirais même pire : tu es comme lui. Jamais je ne t'aurais cru capable de manipuler les gens de la sorte pour parvenir à tes fins. Alors maintenant, je veux entendre la vérité : qu'est-ce que tu convoites exactement ?
- Les gants, rétorqua-t-elle aussitôt dans un sifflement. Les miens ne sont pas prêts à cause de Sven qui a tué le seul génie que nous avions à notre disposition. Je voulais voler ceux qu'Eric fabrique, parce que si je n'en ai pas une paire, je sais très bien que nous nous ferons massacrer.

Sylvain lui lança un regard qui ne trahissait pas la moindre émotion, avant que ce ne soit lui qui lui tourne le dos pour s'éloigner avec une lenteur exagérée, ses doigts fermement serrés autour de son passe.