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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 25/05/2013 à 11:32
» Dernière mise à jour le 17/10/2013 à 20:16

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 122 : Prendre l'air
Prendre l'air - Shy'm


Minuit était largement passée quand Cassy parvint à retrouver l'entrée de la tanière de Sven, tâche rendue particulièrement ardue par l'obscurité. Le double battant menant au sous-sol de la vieille bâtisse abandonnée n'opposa aucune résistance lorsqu'elle tenta de l'ouvrir.

Une bougie éclairait fort mal les lieux, toujours aussi sales et humides que la dernière fois. Elle crut voir s'agiter quelque chose dans la pénombre, la main par réflexe déjà posée sur l'une de ses pokéball. Elle savait qu'elle avait agi inconsciemment en venant ici, surtout avec la menace que représentait le jeune homme. Toutefois, comme mue par un sentiment irrépressible, elle s'était mise en devoir de se rendre au rendez-vous.

Un courant d'air franchit les portes restées ouvertes pour éteindre la chandelle à la flamme déjà chancelante. L'adolescente se sentit tressaillir, sans que cela soit dû à la fraîcheur environnante. Un mauvais pressentiment commençait à l'assaillir.

- C'est gentil à toi de me rendre une petite visite, Katharina Galaksija.

L'intéressée sursauta, d'autant plus que c'était bien la première fois où elle entendait Sven l'appeler par son véritable nom. Comme elle n'allait pas se laisser démonter aussi facilement, elle bifurqua sur elle-même dans l'espoir de se tourner vers l'endroit d'où semblait provenir la voix.

Le jeune homme devait cependant être en mouvement, lui aussi, car lorsqu'il reprit la parole, elle paraissait venir de dans son dos. Cassy ne savait plus comment se mettre en sachant qu'elle devait toujours faire face à son ennemi.

- Je dois avouer, susurra-t-il tout prêt de son oreille, que j'ai douté de toi pendant un moment. En ne te voyant pas arriver, j'ai bien cru que tu avais eu peur.
- Je n'ai pas peur de toi, Sven.

Sa respiration saccadée et sa voix chevrotante trahirent néanmoins le contraire. Observateur comme il l'était, il venait sûrement de s'en apercevoir. Elle imaginait parfaitement le sourire mauvais qui devait actuellement lui étirer les lèvres, ainsi que cela se produisait à chaque fois qu'il dominait sa proie.

- Pourquoi me mentir à moi, surtout quand tu sais à quel point ce comportement est pitoyablement inutile ? Et surtout, pourquoi être venue si tu es plus terrifiée qu'un Rattata ?
- Je désirais savoir ce que tu me voulais.
- Vraiment ? Et si tu faisais fausse route ? Si je souhaitais uniquement t'éloigner de ta précieuse Confrérie pour avoir le loisir de te tendre un piège, voire... de te tuer, sans détour.
- Moi aussi, je te connais. Tu n'es pas de ceux qui perdent leur temps en bavardages stupides : si tu avais dû me trancher la gorge comme tu m'en menaces à chaque fois, tu l'aurais fait sans attendre.
- Sauf que tu es... spéciale, murmura-t-il en passant un bras autour de sa taille. Et que dans ton cas, je vois très clairement une somptueuse mise en scène un peu perverse, avec toi enchaînée à une table de rituel et moi qui tiendrait un poignard ancestral au-dessus de ton coeur.
- Evidemment, la perversion... Tu ne sais faire que cela, de toute façon.
- Tu ne t'en tires pas trop mal non plus, ange noir.

Elle sentit ses lèvres glacées se poser sur son cou mais se dégagea de son étreinte en le frappant sèchement du coude. Elle avança de quelques pas avant d'ordonner d'un ton plus ferme qu'auparavant :

- Allume la lumière.
- Pourquoi ? Tu as peur du noir ?
- Je veux que tu vois ce que tu m'as fait.

Il y eut un long silence, puis Sven sembla se déplacer. Un fraction de seconde plus tard, le bruit d'une allumette que l'on craque se fit entendre, puis la flamme d'une bougie apparue à hauteur de son visage, donnant à ses prunelles un reflet jaunâtre menaçant.

Il approcha la chandelle de la jeune fille, qui resta parfaitement figée tout le temps où il l'observa. Il s'arrêta longuement sur son oeil encore enflé suite à la gifle qu'il lui avait donné, avant qu'elle ne lui montre toutes les ecchymoses qu'elle portait sur l'intégralité de son corps.

- Tu m'as frappée.
- Je t'ai aussi coupée au scalpel, mais apparemment cela t'a plu puisque tu ne t'en plains pas.
- C'est tout ce que tu trouves à me dire ?
- Qu'est-ce que tu veux que j'ajoute ? Oui, je t'ai violentée, c'est vrai. Et ce ne sera sans doute pas la dernière fois.
- C'est tout ? rétorqua Cassy, blasée.
- Si cela peut te consoler, je prends un plaisir particulier à te regarder souffrir, surtout lorsque j'en suis à l'origine.
- Tu es complètement malade, Sven.
- Et toi, dans ce cas, tu es quoi ? Masochiste ? Si tu étais parfaitement saine d'esprit, tu ne reviendrais pas en courant.

Il posa la bougie sur la table contre laquelle il s'adossa, les bras croisés sur son torse avec nonchalance. Un sourire méprisant fendait son visage, sur lequel la lueur de la flamme provoquait d'étranges ombres. Comment pouvait-il être à la fois si beau et si dangereux, faisant ainsi de lui un parfait prédateur ?

- Tu as raison. Je n'aurais jamais dû venir ici, surtout pas pour rien.

L'adolescente tourna les talons, l'air grave, pour se diriger vers la sortie, mais l'espion fut beaucoup plus rapide qu'elle. Il referma les battants sur l'unique issue de la cave avant de l'attraper par le bras. Ses doigts la serraient si fort que sa peau ne tarda pas à souffrir d'une brûlure. Violemment, il la poussa de sorte qu'elle retombe sur la chaise en bois grinçante. Son dos devint douloureux en heurtant le dossier inconfortable.

- Tu sais très bien que cela ne peut pas durer, déclara Cassy, le souffle court, mais relativement calme. Tu finiras par me tuer un jour ou l'autre si tu continues comme cela, et le pire, c'est que tu le regretteras, j'en suis certaine. Tu es complètement fou, je dirais même que tu as besoin de te faire soigner.
- Ah oui ? Vraiment ? Tu préfèrerais donc un type comme ton cousin : docile, gentil, soumis... Bref, ennuyeux à souhait ?
- Je n'ai jusqu'à présent encore jamais eu à avoir peur de lui.
- C'est preuve qu'au moins moi je sais encore te donner des frissons. Reste assise !
- Et si je refuse ? le brava la jeune fille en avançant encore d'un pas pour n'être plus qu'à une cinquantaine de centimètres de lui.
- Tu me cherches, là.
- Non, je te trouve.

D'un bond, elle franchit la distance qui les séparait pour aller se suspendre à ses lèvres. Une main dans ses cheveux, l'autre autour de son cou, elle l'embrassa fougueusement tout en enroulant sa jambe autour de l'une des siennes.

- Tu as fait de très nets progrès depuis la première fois, sourit-il en la plaquant contre le mur, ses poignets fermement calés sous ses paumes.
- C'est parce que j'ai eu un excellent professeur.

Cassy rapprocha son visage du sien pour qu'il reprenne sa bouche, mais il se contenta de laisser sa main glisser le long de sa poitrine jusqu'à son ventre, avant de se détourner d'elle. Vexée, elle remit un peu d'ordre dans sa coiffure puis replia sa jambe pour l'appuyer contre le mur dans une posture extrêmement aguicheuse.

- Je n'ai encore jamais eu à te supplier, jusqu'à présent.
- Tu ferais bien de remettre tes idées en place. Il y a une minute, tu étais encore prête à t'enfuir. Tu ne sais pas ce que tu veux.

A nouveau, il se trouvait adossé à la table. D'une démarche lente, sensuelle, elle revint vers lui. Pendant une seconde, sa propre allure lui rappela étonnamment celle de Lilith, mais elle s'efforça de ne pas en tenir compte.

- Tu ne te soucies jamais de ce que je pense, Sven, susurra-t-elle en embrassant sa mâchoire, puis ses épaules qu'elle avait commencé à dénuder en déboutonnant le haut de sa chemise. S'il y a un problème, je dirais plutôt qu'il vient de toi.

Doucement, elle fit coulisser la fermeture éclair de sa tenue de dracologue qui libéra son dos et le bas de ses reins, avant de poser les mains du jeune homme contre sa peau à l'apparence si soyeuse.

- Vas-y... Je vois bien que tu en meurs d'envie.
- Arrête ce manège immédiatement, Cassy !

Il la repoussa si violemment qu'elle dut se retenir au dossier de la chaise pour ne pas tomber. Totalement offusquée, cette fois-ci, elle s'assit, les jambes et les bras croisés, le regard lançant des éclairs. Jamais jusqu'alors il n'avait osé la traiter de la sorte, il n'était pas dit qu'elle se laisserait faire.

Sven passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés avant de revenir vers elle, l'air indécis. Il s'accroupit à ses pieds et posa la tête sur ses genoux, ce qui lui valut un léger hoquet de surprise. Comment devait-elle réagir à cela, lui qui s'était montré si violent depuis le début de la journée ?

- Tu as raison, finit-il par déclarer. Pas exactement dans le sens où tu l'entends, mais... Je crois que c'est toi qui me rend fou. Tu m'obsèdes. Pire, tu m'obnubiles. Et je... Par ta faute, c'est la première fois que je risque d'échouer dans une mission.
- Hélio t'a demandée de me tuer, c'est cela ?
- Pas encore mais... Avec ce qui s'est passé aujourd'hui, cela risque de ne plus tarder.

Cassy posa une main sur sa joue, l'autre caressant ses épaisses boucles brunes dans un geste apaisant. Il pouvait paraître si humain, lorsqu'il s'en donnait la peine, que cela semblait surprenant.

- Je sais que si ton père te l'ordonne, tu le feras, affirma-t-elle platement, comme si elle avait oublié qu'elle parlait de sa propre mort. Tu es excellent dans ton domaine, Sven. Le meilleur. Même moi je ne te ferais pas obstacle bien longtemps.
- Pourtant, tu l'as dit toi-même. J'ai déjà eu maintes occasions de me débarrasser de toi, pas plus tard que maintenant où tu es seule, sans défense face à moi.
- Je n'aurais jamais dû venir. Ecoute, je vais retourner... d'où je viens. Je crois que les choses sont allées trop loin, cette fois. Il vaut mieux qu'elles s'arrêtent. Nous ne pouvons pas être amis, alors contentons-nous d'être ennemis.

Elle s'apprêtait à se lever, mais Sven la retint par les mains. Dans son regard, il n'y avait plus de cruauté, uniquement ce qui pourrait s'apparenter à du regret ou de la peine. Il la fixa un long moment, avant de souffler :

- Demain, si tu veux, mais pour le moment... Reste.