Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Entre infini et au-delà de Cyrlight



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 15/02/2013 à 08:42
» Dernière mise à jour le 10/09/2020 à 00:46

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 33 : Next to me
« When the skies are grey and all the doors are closing,
And the rising pressure makes it hard to breathe
Well, all i need is a hand to stop the tears from falling »


Next to me - Emeli Sande



Cassy, Léa et Cynthia se laissèrent escorter par Pierrick jusqu’à une vaste salle, dont le plafond était soutenu par deux rangées de colonnes, parallèles aux murs recouverts d’un crépi jaune clair. Des peintures étaient suspendues à des intervalles réguliers, entourées par des cadres en bois massif finement ouvragés. La majeure partie d’entre elles représentait des pokémon travaillant dans une mine en compagnie d’humains.

— Ces tableaux que vous voyez ont été réalisés par mon grand-oncle, voilà plus de quarante ans, révéla Pierrick. Ma famille est très liée à l’histoire de ce musée, mais il est le seul à avoir jamais eu la fibre artistique. Son frère aîné, qui était à l’époque responsable de cet endroit, a décidé de les exposer. Si vous les observez dans l’ordre, vous vous apercevrez qu’elles retracent une à une toutes les phases d’extraction du charbon. Voici la première : elle représente les doses légères de dynamite que nous plaçons dans les tunnels, pendant que des créatures solides telles que des Machopeur ou des Gravalanch soutiennent les parois. Parfois, en plus du minerai, nous avons la chance incroyable de tomber sur des trésors rares et précieux, mais vous comprendrez mieux à quoi je fais allusion dans la salle suivante.

Le Champion d’Arène se tut durant quelques secondes pour laisser aux trois filles le soin d’étudier chacune des peintures, avant de leur indiquer l’escalier qu’il fallait gravir pour gagner la pièce dont il venait de faire mention. Pas de colonnes ni de toiles, cette fois-ci, mais une multitude de vitrines qui protégeaient leur contenu de la poussière.

Cassy et Léa s’approchèrent du compartiment de verre le plus proche et virent qu’il renfermait plusieurs sortes de fossiles. Dôme, nautile, crâne… Il y en avait de toutes les formes, pour tous les goûts.

— Ce ne sont pas des vrais, jugea utile de préciser Pierrick, même si nous prétendons généralement le contraire. En réalité, nous ne conservons que très peu d’originaux dans cette partie du musée. La plupart sont simplement moulés avant d’être expédiés au laboratoire de recherche, où les scientifiques s’appliquent à ressusciter ces pokémon disparus. C’est de cette manière que j’ai obtenu mon Kranidos, qui a aujourd’hui évolué en Charkos. Venez, la visite se poursuit par ici.

Il les guida jusqu’à une salle adjacente, où étaient exposées plusieurs statues grandeur nature d’espèces désormais disparues. Du moins, quand la science ne les ramenait pas à la vie… Cassy se plaça sous un Ptéra, maintenu dans les airs par une chaîne métallique fixée au plafond, et interrogea Pierrick :

— Ces pokémon comptent-ils parmi les premières créatures à avoir peuplé la Terre ? Ou y en a-t-il eu d’autres, avant elles ?
— Si ta question concerne les espèces actuelles, par exemple les Tiplouf ou les Lixy, elles existaient déjà à cette période, même si elles n’avaient pas tout à fait l’apparence que nous leur connaissons aujourd’hui.

Cassy faisait en réalité référence aux Gijinkas, mais elle se garda d’insister. Si elle se montrait moins sibylline sur un sujet aussi tabou, elle risquait d’éveiller les soupçons, ce qu’elle tenait à tout prix à éviter. Elle détourna donc la conversation dans une nouvelle direction :

— Dans ce cas, pourquoi seuls certains pokémon ont disparu, et pas les autres ?
— Il y a une explication à ça. Tiens, regarde un peu par ici, suggéra Pierrick en s’agenouillant face à la sculpture d’un Amonistar. Celui-ci était très lent. Comme il ne pouvait pas fuir ses prédateurs, son unique chance de survie était de privilégier sa défense. Au fil du temps, sa carapace s’est donc solidifiée pour résister aux assauts ennemis, mais elle est également devenue si lourde qu’elle a fini par l’empêcher presque totalement de se mouvoir. À cause de ça, il ne pouvait plus se nourrir ou se reproduire, ce qui a conduit son espèce à l’extinction.

Cassy hocha la tête en feignant plus d’intérêt qu’elle n’en ressentait vraiment. Ce que Pierrick lui racontait était certes passionnant, mais elle aurait préféré obtenir des réponses aux véritables questions qui la tourmentaient.

— Je vais à présent vous montrer le laboratoire, annonça le Champion. Il est normalement interdit au public, mais puisque cette visite n'a rien de conventionnelle, et surtout parce que vous êtes des amies de Cynthia, je vais faire une exception pour vous. Je vous prierai cependant de ne toucher à rien : le matériel utilisé par les scientifiques est aussi fragile que précieux. Si vous veniez à casser quelque chose, même par accident, ça pourrait entraîner des dépenses faramineuses, ou pire, retarder l’avancée des recherches de plusieurs semaines.

Les filles lui promirent solennellement de faire très attention, après quoi Pierrick les conduisit le long d’un étroit couloir, qui menait à une porte maintenue close par un digicode. L’homme tapa une série de chiffres que Cassy parvint à distinguer, malgré la vitesse à laquelle ses doigts couraient sur le clavier.

Ils pénétrèrent en file indienne dans le vaste laboratoire, deux fois plus grand que celui du professeur Chen. Il était d’autant plus impressionnant que son toit était constitué de verre, à l’instar du mur qui leur faisait face. Il offrait une vue plongeante sur la serre que les filles avaient eu l’occasion d’admirer de l’extérieur. Léa, dévorée par la curiosité, alla presque coller son nez dessus, mais elle recula d’un bond en poussant un cri aigu lorsqu’un Ptéra surgit à quelques centimètres de la vitre.

— Ne t'inquiète pas, tu n'as rien à craindre, la rassura Pierrick. Cette paroi est si épaisse que même un Ultralaser ne pourrait pas la briser. Les chercheurs se sont efforcés de reconstituer, à l’intérieur de ce dôme, les conditions climatiques et environnementales que ces pokémon ont connues durant la période qui a précédé leur extinction. Ils sont ensuite progressivement accoutumés à celles de notre monde actuel.
— Qu’en est-il des résultats ? s’enquit Cynthia. Est-ce qu’ils sont satisfaisants ?
— Dans l’ensemble, très. Depuis que le processus est en place, il n’y a eu aucun problème majeur à déplorer. Le seul souci auquel les scientifiques sont régulièrement confrontés, c’est l’agressivité des spécimens régénérés. Ils sont beaucoup plus hostiles que la plupart des pokémon, même les plus violents à l’état naturel, mais ils finissent toujours par se calmer au terme d’une période d’adaptation, qui varie d’une créature à l’autre.

Pierrick se tourna vers deux énormes cylindres câblés qui reliaient le sol au plafond. Leurs parois coulissantes étaient entrouvertes. Cassy et Léa les étudièrent avec attention, tandis que leur guide leur expliquait que c’était à l’intérieur de ces machines que les scientifiques ramenaient les fossiles à la vie.

— Elles servent à réveiller l’ADN que les siècles ont figé dans la pierre. Ensuite, elles lui fournissent suffisamment de matière brute pour qu’il la modèle à sa guise et rende au pokémon son apparence d’autrefois. Lors des premiers essais, ils ne survivaient pas longtemps, quelques semaines maximum pour les plus résistants, mais les scientifiques ont perfectionné leurs appareils, et ils estiment désormais que les créatures disposent d’une espérance de vie au moins égale, si ce n’est supérieure, à celle qu’ils possédaient jadis.
— Waouh ! C’est hyper génial ! s’enthousiasma Léa en frappant dans ses mains.
— Génial, c’est le mot, approuva Pierrick avec un sourire en coin. Et c’est également ce qui conclut notre visite. Avez-vous des questions ou y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez revoir avant de partir ? Non ? Dans ce cas, le moment est venu de nous séparer. Je vous raccompagne jusqu’à la sortie.

Léa, ravie par tout ce qu’elle avait découvert entre ces murs, le suivit d’un pas bondissant qui trahissait sa gaieté. De retour dans l’étroit corridor, Cassy ralentit volontairement l’allure pour se retrouver côte à côte avec Cynthia, l’espace exigu entre les parois latérales leur permettant tout juste de se déplacer de front.

— Je viens de penser à une chose, murmura l’adolescente du bout des lèvres, de façon à ce que seule son amie l’entende. Si ces glyphes sont liés d’une manière ou d’une autre au type qu’ils représentent, pourquoi sont-ils apparus sur ma peau ou sur celle de Léa, et non pas sur celle d’un Champion ? La marque des dragons aurait davantage sa place sur l’avant-bras de Peter Lance que sur le mien, non ?
— Hmm… Ta remarque est pertinente, mais ces symboles sont mystiques. On peut par conséquent songer que leur sens est beaucoup plus profond, et qu’il ne se limite pas aux pokémon qu’un humain choisit d’entraîner, tu comprends ?
— Je n’en suis pas certaine…
— Je vais essayer de développer. Tiens, moi, par exemple… Au premier coup d’œil, dans quel type t’attendrais-tu à me voir me spécialiser ?

Il ne fut pas très difficile pour Cassy de répondre. Avec sa tenue entièrement noire et son serre-tête en forme d’oreilles de Noctali, la question ne nécessitait pas plus d’un quart de seconde de réflexion.

— Le type ténèbres.
— Et pourtant, mon équipe est très éclectique, souligna Cynthia. J’ai choisi mes pokémon, tout comme un garçonnet souffreteux pourrait décider de s’entourer de pokémon combat ou un gros dur de pokémon normal. Or, je pense que ces glyphes ne se cantonnent pas au dressage. Il y a sans doute en toi quelque chose qui évoque le dragon bien plus que chez Peter Lance ou n’importe quel autre dracologue de renom. Ou peut-être est-ce tout simplement ton ADN qui est compatible, à l’instar de celui de Léa.
— Peut-être, admit Cassy. Et c’est justement ça, le problème… Ce « peut-être ». Ce ne sont pas les idées ou les hypothèses qui nous manquent. Nous les multiplions, sans parvenir à en confirmer ni en infirmer aucune. Je critiquais la police, autrefois, mais j’ai l’impression que nous piétinons autant qu’eux.

Cynthia avait entrouvert la bouche, probablement pour encourager la jeune fille à ne pas perdre espoir, mais elle fut interrompue par une sonnerie stridente qui fit sursauter tout le groupe, en particulier Cassy. Ce son assourdissant lui rappelait désagréablement l’alarme qui avait retenti sur le ferry où elle avait rencontré Sven, entraînant leur fuite à travers les flots déchaînés.

— Que se passe-t-il ? cria le Maître de Sinnoh à l’intention de son confrère, tandis que les filles se bouchaient les oreilles à deux mains.
— La sirène d’alerte ! Je crois que quelqu’un essaye de cambrioler le musée. C’est une chance que nous soyons là : je vais pouvoir le prendre par surprise et l’arrêter avant qu’il commette son forfait.
— Je vais t’aider. Cassy, Léa, restez ici et ne bougez surtout pas. Je reviens aussi vite que possible.

Les deux Champions s’éloignèrent au pas de course dans la direction opposée à celle du laboratoire et s’engouffrèrent dans la salle des statues. Léa tremblait comme une feuille, à cause de la terreur qui s’était emparée d’elle, et Cassy prit sa main dans la sienne, même si elle savait que cela ne lui offrirait qu’un piètre réconfort.

— Sors ton Bulbizarre, conseilla-t-elle. Il est encore novice, mais si le voleur nous tombe dessus sans crier gare, on ne pourra compter que sur lui pour nous défendre.
— Tu crois que Cynthia et Pierrick ne vont pas réussir à le vaincre avant ?
— Si, bien sûr, mais deux précautions valent mieux qu’une.

L’alarme cessa de leur vriller les tympans à l’instant où Léa lança sa pokéball devant elle pour libérer son pokémon. Il dut lire l’effroi de sa maîtresse dans son regard, car il se frotta aussitôt contre elle dans une attitude qui se voulait rassurante. Cassy, elle, n’avait pas particulièrement peur. Sans doute parce que la véritable menace qui planait sur elle était bien pire qu’un simple voleur.

Quelques minutes s’écoulèrent, sans que rien ne se produise. Elle commença à tendre l’oreille, en quête de sons qui l’informeraient sur l’avancée de la situation ou de pas qui lui annonceraient le retour de Cynthia et Pierrick, mais elle entendait seulement Léa claquer des dents. Du moins, jusqu’à ce qu’elle perçoive un étrange frottement…

Le bruit semblait provenir du laboratoire. L’adolescente plaqua un doigt sur ses lèvres pour intimer le silence à son amie, et sans même réfléchir à ce qu’elle faisait, elle avança sur la pointe des pieds jusqu’à la lourde porte métallique que Pierrick avait refermée en sortant.

— Cassy ! couina Léa. Où est-ce que tu vas ?
— Chut… Je crois que…

Cassy n’acheva pas sa phrase. Le son gagnait en netteté à mesure qu’elle se rapprochait, signe qu’elle n’avait pas rêvé. Sa main était moite lorsqu’elle la leva pour pianoter sur le digicode la série de chiffres qu’elle avait vu le Champion local entrer un peu plus tôt.

Le battant s’écarta d’une vingtaine de centimètres, et Cassy risqua un regard à l’intérieur de la pièce. Elle ne mit pas longtemps à repérer la silhouette entièrement vêtue de noir, agenouillée sur le toit vitré du laboratoire. Quant au bruit qu’elle avait entendu, il était produit par le diamant que le voleur utilisait afin de se tailler une ouverture dans la paroi de verre.

Cassy pivota face à Léa et articula plus qu’elle ne prononça ses instructions :

— Va chercher Cynthia et Pierrick ! Il est là !

Comme la fillette ne comprenait pas, à moins qu’elle soit juste paralysée par la peur, Cassy joignit le geste à la parole en effectuant un mouvement de la main, qui invitait Léa à suivre le même chemin que les Champions lorsqu’ils les avaient laissées derrière eux.

Elle finit par obéir et s’éloigna aussi vite que le lui permettaient ses jambes flageolantes, Bulbizarre dans son sillage. Cassy prit une profonde inspiration, avant de pénétrer dans le laboratoire avec l’objectif téméraire de retenir le voleur jusqu’à l’arrivée des renforts, même si elle n’avait encore aucune idée de la façon dont elle allait procéder.

Une corde pendait au centre de la pièce, que le malfrat avait déroulée afin de rejoindre le sol. L’estomac de Cassy se noua lorsqu’elle réalisa que lui, en revanche, n’était nulle part en vue, et son sang se glaça à l’écoute du grincement lugubre qui s’éleva dans son dos, celui de gonds en train de pivoter.

Elle venait de se faire piéger, de la manière la plus sotte qui soit. Le voleur avait refermé la porte derrière elle, rendant ainsi toute retraite impossible. Cassy était enfermée dans cette salle avec lui, sans aucune issue, ni personne pour lui porter secours.

Ignorant la sueur qui s’écoulait le long de sa colonne vertébrale, elle rassembla son courage et tourna lentement sur elle-même pour se confronter au regard de l’individu qui avait fait d’elle sa prisonnière. Avant qu’elle ait le temps d’apercevoir son visage, une main se referma sur ses hanches, et des lèvres sur les siennes.

L’adolescente écarquilla les yeux, aussi surprise que choquée, tout en se débattant pour échapper à l’étreinte de son assaillant. Dès qu’elle eut réussi, elle s’empressa de reculer d’un pas suffisamment grand pour se mettre hors de portée, et put enfin observer les traits du cambrioleur, qui se révélèrent étonnamment familiers.

— Cassy, la salua-t-il avec un sourire enjôleur.