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Chroniques du Pokédex de Drad



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Informations

» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 12/01/2013 à 23:06
» Dernière mise à jour le 01/07/2014 à 10:49

» Mots-clés :   Drame   Humour   One-shot   Slice of life

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#646 Kyurem
Il attend le héros qui saura réanimer son corps de glace incomplet en partageant avec lui son Idéal et sa Réalité.

- Pokédex d'Unys




- Heu... Y a quelqu'un ? Youhou !

Bah dites-moi. Quel écho. C'te grotte était vraiment profonde, au final... J'savais que j'aurais dû prendre Zekrom. Ne serait-ce que pour éclairer l'endroit. C'est à peine si je distinguai les pics de glace qui partaient dans tous les sens ; stalactites, stalagmites ou whatever, juste des pics de glace partout, amenant jusqu'ici par réflexion quelques rayons de la lune, faisant scintiller la cavité géologique béante dans laquelle je m'enfonçais peu à peu. Déjà que pour prendre le train jusqu'ici, c'était pas formidable ; et puis, se repérer avec des pitites images sur un pitit écran d'ordinateur portable... Enfin. S'ils se sont pas gourés, si je ne me suis pas gouré et que je sais me repérer... Normalement c'est là. N'empêche que c'te brouillard à couper au couteau avait pas aidé une fois à pied, sur le chemin. Et qu'est-ce qu'il faisait froid, par Arceus... Je sentis quelque chose me prendre ma manche de pantalon et de la fourrure frémir contre mon mollet.

- Marrrr...

- T'inquiète donc pas, Marisson, le rassurai-je en lui frottant sa tête verte de chlorophylle vigoureusement, répétant le mouvement jusqu'au haut de son dos poilu. On y est ; c'est bientôt le fin mot de c't'histoire.

Le p'tiot Pokémon frissonnait, de froid ou de peur. Bah, un jeune type Plante comme lui dans cet environnement pas agréable pour un sou, j'le comprenais. Moi aussi j'me les gelais. Mais il fallait que je le trouve... Vivre ici, dans des mines abandonnées au sommet d'une montagne paumée... C'était vachement triste quand même.

- Hé ho ! J'ai besoin de voir le maître des lieux !

Rien. Mon Pokémon commençant à être éreinté par le voyage, je décidai de le faire grimper sur mon sac à dos, où il pouvait souffler un peu. Bon. On va recommencer à héler.

- KYUREM ! Kyurem ! Montre-toi !

- ... Les humains ne sont pas autorisés ici.

Ah, bah enfin. Une voix rauque, puissante, profonde et légendaire avait résonné au fin fond de la caverne. Des pas lourds firent trembler la terre, et deux yeux d'or percèrent l'obscurité du tunnel, droit en face de moi. Je réajustai mon col de veste, jetai un coup d'oeil à ma Pokémontre et, ainsi prêt à la rencontre, j'avançai, les bras croisés, vers la bête.

- Je me contrefiche d'autorisation. J'ai déjà assez vécu d'emmerdes pour en avoir besoin d'une, déclamai-je.

Peu à peu, sa forme se dessinait dans la sombre atmosphère. Je l'avais. Devant moi. Le Pokémon Frontière auquel je faisais enfin face déclara, impassible :

- Dans ce cas... Tu t'exposes à la colère du...

- Plus puissant Pokémon Dragon du monde ? Mon vieux, je sais quand même où je suis.

Quelle carrure, mes amis, quelle carrure. Il est encore plus impressionnant en vrai, dites-moi. Le bestiau ne relevais pas ma remarque, alors j'enchaînai, tandis que Marisson se hissait en prenant appui sur mes cheveux pour percevoir la légende vivante de ses propres yeux pokémonesques :

- J'aimerai te poser une question, si ça te va. Juste une.

Déstabilisé ? Lui ? Nan. Il ne devait pas savoir quoi faire, sûrement. Je m'en branlais pas mal, moi ; tant qu'il ne me balançai pas une Dracogriffe. Je demandai alors, m'arrêtant pile à quelques centimètres de la gueule du Dragon :

- Pourquoi... Tu restes ici ?

Il mit un temps à répondre, son regard perçant ne me quittant pas, son souffle résonnant dans la caverne.

- De... Quoi... ?

- Fait pas celui qui sait pas de quoi je parle, commençai-je à déblatérer en haussant les épaules. Okay, t'es né en même temps que Zekrom et Reshiram. Mais on sait quasi rien de plus. D'après l'ancien Pokédex, tu fais du froid, et d'après le nouveau et les bouquins de mythologie étudiés en cours, t'attends juste que quelqu'un se ramène avec sa Réalité et son Idéal pour te ressusciter complètement. Alors j'te demande juste c'que tu fous là. C'est triste de vivre là, tout seul, sans personne. Me dis pas que tu fais que défier les Épéistes Sacrés ? Le plus puissant des Pokémon Dragon se résumerait à ça ? J'ai pas envie de le croire. Je te trouve trop stylé et sympathique pour que ce ne soit que ça. Ah oui, et, inutile de me menacer davantage, je sais parfaitement que si tu voulais pas qu'on te dérange, tu m'aurais déjà congelé sur place voire tué d'un coup de croc dès que j'ai commencé à l'ouvrir. Alors ? Ta réponse ?

Le bestiau, que je juge totalement inutile de décrire, car cela avait bien peu d'importance en comparaison de ma question, ne broncha toujours pas. Il se crispa sur ses pattes postérieures musclées, reculant un peu ; je remarquai ses petites pattes antérieures griffues gesticuler. Il baissa le regard. Marisson bondit alors du haut de mon sac à dos, atterrit efficacement sur le sol gelé de la caverne, et s'avança tout sourire vers le Pokémon Légendaire, tendant sa patte ridicule en comparaison des dimensions du titan :

- Mari ! Marisson !

Kyurem regarda mon Pokémon, puis me regarda. Les bras toujours croisés, je lançai, un sourire en coin :

- Il aime pas forcément qu'on le fasse attendre quand il se donne la peine de dire bonjour.

La légende réagit donc, et fit un signe de tête à mon partenaire. Ce dernier s'en trouva satisfait, et se mit par la suite à inspecter notre hôte dans toute sa grandeur, du museau jusqu'au bout de la queue, sans demander son reste. Moi, je m'approchai davantage de Kyurem, qui était plus dans la position d'intimidé que d'intimidant, maintenant. Je me penchai sur son visage anguleux, congelé, sévère de nature, et duquel je ne perçus qu'un souffle givré qui m'était expiré sur les joues, sans la moindre chaleur.

- C'est débile de rester là et tu le sais.

- Les créatures de ce monde... Ma puissance... Mon état... résuma-t-il d'une voix étrange.

- Je n'ai absolument rien à faire de ta puissance, mec. Ou même des autres créatures de ce monde - pour le moment. Quant à ton état, t'es parfait comme ça. Et le zéro absolu, ça roxxe. Je refuse que tu sois condamné à être tout seul ici pour toujours. On va pas se contenter d'un caméo de toi alone et triste, qui s'en retourne dans sa grotte.

Je le contournai, lui qui ne bougeait point, et allai vers le fond de la cave, qui s'enfonçait définitivement bien profondément. Avant de continuer plus loin, je me tournai vers ce Dragon :

- J'ai pas d'Idéal et encore moins de Réalité à t'offrir. Juste des amis qui t'apprécient particulièrement, et sont pas là pour te donner des coups de lame où pour t'utiliser à fin de conquérir je ne sais quelle région. Parce que t'es très bien comme t'es ; faut juste qu'on t'apprenne un peu que dehors, y a du soleil. Marisson et moi on va crécher ici quelques temps, d'accord ? Ça m'aidera pour mes recherches, d'ailleurs.

Mon partenaire de type Plante, enjoué de s'être trouvé un nouveau pote, bondit me rejoindre, épines émeraudes au vent du courant d'air glacial qui soufflait dans la grotte. Il m'aida à déplier les sacs de couchage et à sortir les bento Darumarond j'avais pris à la Gare du Vent. De toute sa force, il en prit un qu'il jugea plus gros que les autres, et, marchant maladroitement avec la boîte à repas plus grosse que lui, il alla jusqu'à Kyurem avec, et la posa lourdement sur la froide terre rocheuse, essoufflé. Néanmoins, il s'essuya le front d'un coup de patte et, arborant son plus cool sourire, présenta le bento comme une invitation à nous rejoindre. Amusé par la maladresse de mon partenaire, je vins ouvrir la boîte métallique en forme de Darumarond, et montrai la nourriture abondante qui la remplissait au plus puissant Pokémon de type Dragon :

- C'est ça qu'il faut manger, en fait. Excuse-le, il apprend encore ! ajoutai-je gentiment, grattouillant le menton de mon Pokémon aux petites quenottes. T'aime ça, hein ?

Je me relevai alors :

- Maintenant que j'y pense, Kyurem, personne a déjà dû te grattouiller le menton.

Il ne répondit toujours rien.

- Bah ! J'ai qu'à être le premier ! lançai-je, amical.

Et je lui grattouillai sa mâchoire inférieure, après avoir ciblé un bout de sa peau écailleuse qui ne soit pas couvert de glace éternelle. Je faillis m'exploser les doigts à frotter une peau aussi rugueuse et froide. Mais son impassibilité, si ce n'est le fait qu'il se laissait faire, me faisait penser qu'il devait bien ressentir quelque chose. On ressent tous quelque chose. De surcroît quand on nous grattouille le menton.

J'allai retourner préparer quelques petites affaires, et m'apprêtai à demander à Frontière ce qu'il comptait manger, quand ses pas costauds qui martelaient le sol se dirigèrent vers nous. Il avait enfin bougé depuis ses mouvements fait pour aller protéger son territoire. Marisson et moi nous tournâmes vers lui, moi un regard confiant et mon partenaire à épines toujours aussi enjoué, réchauffé par la température ambiante qui remontait. Kyurem, tourné vers nous, ailes toujours aussi figés, ne répondit rien. Il était vachement silencieux, quand même. Bah, après tout, je crois bien que l'once de joie qui semblait se dessiner sur sa gueule gelé par le temps et la badassitude témoignait de notre bienvenue. Sans doute heureux qu'un peu de chaleur vienne enfin en ces lieux inhospitaliers.

Après tout, avoir des gens proches de nous qui nous aiment pour ce que nous sommes, c'est ce que tout le monde attend.