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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 02/01/2013 à 20:23
» Dernière mise à jour le 05/06/2015 à 16:44

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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XX - Les Dieux du stade
- Attends, mais attends !

Goyah, debout sur le carrelage impeccable du hall d'accueil de l'Asagi, tourna sa chevelure de feu et me remarqua de ses yeux gris violacé. Le combiné du visiophone à la main, il s'apprêtait à taper le numéro du "Dôme Pokéathlon", selon ses dires, quand il me vit arriver en trombe, griffant rapidement le sol de mes serres, agrippant mon haut-de-forme chéri, réajustant mon Ruban Joie et son petit Glas Tempête silencieux, et voulant l'arrêter dans ce qu'il faisait :

- Attends... Me dis pas que tu comptes vraiment participer à cette merde ?

D'un air très sérieux, il regarda d'un air pensif l'écran éteint de l'engin vert démodé, installé contre un de ces murs de grès blanc près de la réception. Nous venions de revenir du restaurant, et le Maître de la Ligue d'Unys n'avait pas perdu une minute et s'était presque enfui pour venir appeler. Drak, Shaymin, et Fire, nous ayant rejoints sur le parking peu après que les cagoulés soient partis sur les chapeaux de roue, avaient trouvés ceux d'âme humaine muets, l'un plongé dans ses pensées et l'autre abasourdi, et avaient dû se contenter d'un bref résumé de Zekrom en ce qui concernait notre situation prochaine. Ils s'étaient ensuite tous dirigés vers leurs chambres respectives une fois garés vite fait bien fait ; j'étais le seul qui voulais toucher deux mots à l'humain du groupe, voulant lui dire clairement ce que j'en pensais, de cette idée nulle de Jeux Pokélympiques, et avais donc ainsi débarqué dans l'Asagi Beach Resort à sa suite.

- On n'a qu'à se barrer, poursuivis-je, et continuer notre route comme c'était prévu ! J'te signale qu'il ne nous reste que quat... TROIS jours à partir de demain ! Et, vu toutes les merdes qui arrivent à la planète en ce moment, je ne pense pas que participer à une compétition sportive nous aidera en quoi que ce s...

Il ferma brusquement les yeux, prit une profonde inspiration, et me balança au bec :

- Écoute, Chris. Ce... Cet homme est l'unique grosse tête de cette organisation qui nous emmerde tous qui ait accepté de nous laisser une chance, qui plus est en le revoyant. Je le connais. Si nous le battons dans les conditions qu'il a lui-même imposé, il nous fournira tout ce que nous voudrons savoir et ce qu'il sera en mesure de nous fournir. Et, vu qu'il ne reste justement que trois jours pour toi, raison de plus pour ne pas laisser passer cette chance.

Je fus scandalisé, et je piaillai, le prenant pour un débile borné :

- Pfeuh ! Tu crois VRAIMENT que si tu gagnes, un abruti de son espèce nous fournira quoi que ce soit ?! Il se barrera, oui ! En nous tirant même quelques balles dessus, tiens, juste pour le fun ! Y aller, c'est se jeter complètement dans la gueule du Grahyéna ; ils ont fait sauter une région, alors je ne pense pas que déranger les Jeux Pokélympiques en organisant notre capture - MA capture - serait un problème pour eux ! M'échapper de leur QG a déjà coûté la vie à un ami, accessoirement une des grandes puissances qui dirige ce monde de merde, alors pas question d'aller me livrer une fois de plus sur un plateau d'argent !

Déstabilisé, l'homme serra le poing, baissa la tête, et défendit son point de vue comme il pouvait :

- Cet homme est le seul que nous ayons à portée... Laisser passer cette chance d'en savoir ne serait-ce qu'un petit peu plus sur ces... gens pourrait nous aider dans nos recherches... Et... Il... Il tiendra sa promesse... Je le sais... Je... Je l'ai enfin à portée, alors je ne laisserai pas passer cette occasion de lui faire ravaler son arrogance...

- TU l'as enfin à portée ! Nous y voilà ! Si c'est un problème entre vous deux, mets pas tes querelles personnelles sur notre chemin ! Mais hors de question que je laisse Drak ou même Shaymin participer à cette...

Goyah frappa alors du poing sur la machine, la faisant branler, et me cria dessus :

- BORDEL ! J'TE SIGNALE QUE VOUS ME DEVEZ PAS MAL, ALORS SI JE DIS QU'ON PARTICIPE, ON PARTICIPE ! CES CONNARDS SONT RESPONSABLES DE TANT DE MALHEURS EN SEULEMENT UNE SEMAINE QU'ILS NE MÉRITENT PAS QU'ON LES LAISSE SE BARRER COMME ILS SONT VENUS UNE FOIS DE PLUS ! ALORS TU FERMES TON BEC DE POKÉMON ET TU SUIS ! TES TROIS JOURS, TU PEUX TE LES FOUTRE OU JE PENSE ; POUR LES AUTRES SAUVEURS DU MONDE, IL NOUS RESTE PLUS DE 72 HEURES, ALORS SI JE PEUX LES UTILISER A BON ESCIENT POUR BOTTER LEUR CUL, JE VAIS PAS ME FAIRE PRIER !

Je restai coi. Choqué. Ne sentant plus rien, n'entendant plus rien que ses paroles qui résonnaient dans le hall désert. Pris d'un sentiment violent mêlé de rage et de consternation, je m'égosillai :

- ALORS VA TE TROUVER D'AUTRES POICHIGEON ! AUCUN DE MES POKÉMON NE PARTICIPERA A CE TOURNOI DE MERDE ! ET MOI LE PREMIER !

Je voulus arracher tout ce que j'avais sur le corps, de mon Ruban au couvre-chef en passant par les plumes, mais ne pouvais pas. Je ne fis que me barrer à toute vitesse, le laissant sur ces mots, et filai vers ma chambre, mes yeux de Pokémon Oisancien humides, pendant que je l'entendais saluer la réceptionniste du Dôme.


- Vous dormez ?

- Nan.

- Pareil.

Sûr que je ne dormais pas. Je n'avais même pas pu me laver mes crocs... mes dents... J'avais dû manger du dentifrice, puisque me brosser la gueule avec ces griffes et ces ailes me demandait trop d'efforts dans l'état moral dans lequel j'étais ; j'avais vite jeté ma brosse en l'insultant et en me passant la tête sous l'eau pour me calmer. Enfoncé dans mes draps jusqu'au museau, dans le noir de la chambre 249, uniquement éclairée par les rayons lunaires qui perçaient par la baie vitrée et le pied de lit illuminé par une certaine flamme du bout de la queue de l'un d'entre nous, cette histoire de Pokéathlon me torturait l'esprit, et ce Goyah encore plus. Entre toutes les autres emmerdes. Zekrom, qui avait posé la question, avait pris le pieu de droite, Fire celui de gauche et je me retrouvai entre les deux. Allez savoir s'ils utilisaient la couette ou non ; j'm'en branlais pas mal, à vrai dire.

- Je sais pas si la clim' est bloquée sur le max, mais j'me caille, perso, frissonna Zekrom.

- Moi ça va ! sourit le Dracaufeu, agitant la flamme de son appendice caudal, qui vacillait fougueusement.

Je ne répondis pas. Il pouvait cailler, ça ne changeait rien aux problèmes. Je soupirai. J'en avais marre de me demander pourquoi, puisque la réponse qui me venait à l'esprit constamment était "pourquoi pas toi ?", et que c'était une autre question, et que ça impliquait de chercher une réponse, et que...

- Vous avez pas un truc pour faire passer le temps ? demanda Noir Idéal, redressant la tête.

- Nan.

- Bah, si quelqu'un a un sujet de conversation, il a le champ libre ! plaisanta Fire.

Le sombre Dragon mythique, silencieux un moment pendant que j'essayai vainement de trouver le sommeil en m'enfonçant la tête dans l'oreiller, déclara alors, fier :

- Bonjour à tous ! Je suis Zekrom, Pokémon Légendaire. Heu... Co-créateur de la région d'Unys, normalement, je suis responsable de la création de l'âme à temps partiel avec mon activité de MOCLASM, mais en ce moment, je voyage avec Chris, un gars qui veut que tout redevienne comme avant, et c'est mon devoir de faire mon maximum pour l'aider à atteindre son Idéal ! Ah, et j'ai une petite amie, aussi ! Elle s'appelle Latias ! Voilà.

Il y eut un silence, avec Flamme qui applaudit à un moment, je crois.

- A vous ! lança Zek, ravi de son idée NULLE.

Vu qu'ils voyaient très bien que j'avais l'amabilité d'un gars qui voulait passer son tour, le Dracaufeu, amusé, joua au petit jeu de l'autre et ouvrit sa gueule reptilienne :

- Eh bien, bonsoir ! Je suis Fire, un fier et noble Dracaufeu, et heu... Bah, je suis meneur d'une équipe de secours et d'exploration de la Guilde de Farfaduvet, basée à Unys, et ma mission du moment est d'aider Frère Plume, un de nos valeureux membres, et qui donne des coups d'ailes dans la gueule à qui veut l'entendre et qui peut EXPLOSAY DES TSUNAMIS tellement il est trop puissant !

Tiens, j'avais quasiment oublié cette histoire de tsunami et de tornade lumineuse. Je souris, et le taquinai et lui donnant un coup de coude :

- Oh, ça va ; t'es pas en reste non plus, toi !

Voyant probablement qu'il avait réussi à me remonter le moral, le Dracaufeu poursuivit :

- Hé hé ! Donc, voilà, je me dois de l'aider et de sauver mes coéquipiers qui ont été enlevés, cette chère Lilas et ce bébé de Bisou, mais aussi d'aider le plus de Pokémon possibles, car c'est mon devoir, et celui de chacun sur notre formidable planète !

Zek l'applaudit, et je fis de même, jouant à leur truc pour passer le temps. Flamme ajouta, toujours aussi amusé, et ayant oublié :

- Ah, et j'ai pas encore de mec, mais ça viendra !

Je le félicitai d'une telle confiance en soi ; il rétorqua d'un air supérieur que l'évolution avait changé bien des choses, et que maintenant qu'il était trop beau, il pouvait dignement se vanter de ce qu'il voulait, et surtout ce qu'il était. Et que ce serait pas le premier Larveyette venu qui allait le faire changer d'avis sur quoi que ce soit. Certes ; après tout, tant mieux pour lui ; j'étais heureux qu'il se débrouille comme un grand. A ma droite, c'était silence complet. Le Dracaufeu et moi nous rendîmes compte du mutisme de Zekrom, avant que celui-ci ne réplique, décontenancé :

- Hein ?

Étonné, je me tournai vers celui qui avait pas compris :

- Quoi, "hein ?" ?

Noir Idéal se gratta la tête :

- J'ai pas compris. Ou sa langue a fourchée, je crois...

Le Pokémon Feu ailé concerné répliqua dans le noir, à la lueur de sa queue :

- Bah non. J'ai pas fourché.

- Mais t'as dit "mec".

- Bah oui.

- Bah voilà. Donc t'as fourché.

- Bah non.

- Heu... Je crois que j'comprends pas.

- Qu'est-ce que tu comprends pas ?

- Bah... C'est "fille", "petite amie", ou autre chose, mais pas mec.

- Bah pourquoi ?

- Bah les mâles aiment les femelles, et inversement.

- Pas forcément.

- Bah si.

- Bah non. T'as la preuve devant toi.

- T'aimes les mecs ?

- Bah oui.

Zekrom parut extrêmement surpris :

- Ah ça par exemple ! Ça existe, ça ?!

- De quoi ?

- Bah... Des mecs qui aiment des mecs, et pas des filles.

- Bah oui. Et ça marche aussi avec les filles.

- AH CA PAR EXEMPLE ! CA EXISTE AUSSI, CA ?!

Resté silencieux jusqu'ici, je me pinçai les écailles du haut du crâne, éberlué qu'un Légendaire ne soit pas au courant :

- OUI. ÇA EXISTE AUSSI. Mais tu devrais le savoir.

Noir Idéal croisa les bras :

- Ah oui ? Et pourquoi ?

- Peut-être parce que t'es une légende ?

- Bah non. J'le savais pas. C'est surprenant.

Fire lança, égayé, et se mettant sur le flanc, se tourna vers nous, tenant sa tête dans une de ses pattes :

- Bah, c'est pas grave ! Au moins, tu le sais maintenant !

Zekrom, ne lâchant pas le morceau, voulut en savoir plus :

- Mais... Tu peux pas avoir de gosses, alors ?

- C'est-à-dire ?

- Bah... Comment tu fais si tu veux avoir un fils, une fille, une progéniture, quoi ?

Flamme rétorqua d'un air je-m'en-foutiste, comme si c'était naturel :

- Bah j'en veux pas, comme ça c'est réglé !

Nouvelle déclaration hallucinante du côté mythique, qui se récria dans l'obscurité de la chambre :

- TU DÉCONNES ?! T'as la possibilité d'avoir des gosses, et tu veux pas... ?

- Hé ! Si c'est pour avoir des relations, quelles qu'elles soient, avec une femelle, jamais de la vie !

Je fis remarquer au Dracaufeu, tournant mon museau du côté gauche de l'oreiller :

- Mais tu peux adopter nan ? Ou prendre une mère porteuse ?

Moment de silence. Avant que Flamme, incompréhensif, laisse échapper :

- WHAT.

Je soupirai, blasé :

- Ah ok. Vous avez ptêt pas ça, à bien y réfléchir. Ils sont homophobes à ce point, chez vous ?

- Suffit de voir certains qui ne savent même pas que c'est possible d'aimer autre chose que du bleu, souffla Fire en montrant Zek du museau.

- Intéressant, très intéressant ! s'enjoua soudain celui qui était pas au courant. Et ça arrive aussi chez les humains ?

Je rétorquai :

- On n'est pas si différents, vous et nous, tu sais. C'est ce que j'apprends chaque jour. D'ailleurs, vous considérer comme nos égaux serait la meilleure chose que je puisse faire ; et c'est d'ailleurs ce que je fais depuis longtemps. Après, quant aux abrutis qui ne le font pas...

- Donc vous avez aussi des humains mâles qui aiment d'autres humains mâles ?

- Et inversement pour le sexe féminin, OUI. C'est bon, t'as compris ?

- Ouais... Je crois... fit Zekrom, prenant des notes sur un calepin pour son étude sur l'espèce humaine, penché sur sa table de chevet. C'est intéressant, très intéressant...

- Voilà. Dormons, maintenant, souris-je à tout le monde avant de fermer les yeux.

Un moment de silence. Je me préparais à essayer de retrouver le sommeil, quand - j'en étais sûr, putain - Zekrom troubla à nouveau le calme ambiant et balança la question qui tue :

- Mais... Comment tu fais pour avoir des relations sexuelles avec un mec ?

- ON DORT, J'AI DIT ! piaillai-je, menaçant de lui faire bouffer mon oreiller pendant que le Dracaufeu explosait de rire.

- Mais quoi ?! Qu'est-ce que j'ai dit ?!

Je m'enfonçai encore plus dans mes draps, bloqué entre ces deux dragons à leur manière, et me foutant la tête sous l'oreiller, voulant ABSOLUMENT dormir et pas parler. De quoi que ce soit. En tout cas, Fire, lui, cette question semblait pas lui poser de problème ; il répondit, gêné mais souriant :

- Hé hé, hé bien, comment dire ?

- ON DIT PAS, C'EST TOUT, ET ON DORT ! ON VA ENCORE AVOIR UNE PUTAIN DE JOURNÉE DEMAIN !

- J'vois pas ce qui te dérange, souffla Zekrom. C'est normal que je m'y intéresse vu que c'est nouveau pour moi.

- MAIS Y EN A QUI VEULENT DORMIR EN RÊVANT DE CHOSES QUI LEUR SOIENT PLAISANTES ! ALORS TAISEZ-VOUS ! OU ENVOYEZ-VOUS DES MAILS !

- J'vois pas pourquoi. C'est la vérité, à vous croire. Aurais-tu peur de la vérité, mon cher ?

Je leur conseillai d'aller voir sur un chêne si j'y étais, et je me la fermai, bien décidé à dormir coûte que coûte. Pendant que Fire cherchait comment aborder le sujet, et qu'il se lançait dans des explications qui sentaient le vécu. Tant qu'il voulait pas lui faire une démonstration, TOUT ALLAIT POUR LE MIEUX, N'EST-CE PAS.


Passons donc quelques minutes de blabla qui ne m'apprirent pas grand-chose et qui ne nous firent pas avancer dans notre histoire. Au milieu de tous ces gars, l'image de Julie me revenait quelque fois, et j'éprouvai une rare envie de la revoir, juste pour expliquer ma situation, juste pour lui demander de quel côté elle était, juste.... Juste pour la voir. Les souvenirs que j'avais d'elle me paraissaient tellement lointains... Et elle me paraissait tellement... inaccessible... Hm, l'amour, si c'était bien ce que je ressentais pour cette nana qui avait ce quelque chose de tellement particulier comparé aux autres nanas : encore une chose que je ne savais pas encore très bien définir, encore une chose que je n'étais même pas sûr de connaître. TOUT était si compliqué. Allez savoir combien de temps s'était écoulé depuis que je m'étais allongé sur ce matelas et enfoui sous ce drap, à regarder le plafond. Sympa de nous proposer de nous reposer, mais quand on n'arrive pas à dormir, ça sert à rien. Enfin, Goyah avait été gentil, sur le coup, comparé à ce soir, où... Raaaah, y repenser m'aidera pas à dormir, penser à Julie et à son petit quelque chose non plus, bref, penser tout court me ramenait forcément à quelque chose de chiant et me faisant pédaler dans la semoule, donc autant essayer de faire le vide dans sa tête. CHOSE IMPOSSIBLE, entre nous, quand vous n'êtes ni chez vous, ni dans vos habitudes, ni dans votre corps, entre un Dracaufeu qui, chauffé par quelques explications lubriques, avait un peu de mal à trouver le sommeil et agitait fébrilement sa queue, et un Zekrom qui se retournait sans cesse sous sa couverture. Un peu embêté par ces bruits de frottement, je demandai :

- Zek ? Ça va ?

- Boah... J'crois qu'il va y avoir de l'orage ce soir !

Amusé par cette justification nulle, je plaisantai :

- Aaah oui ? C'est étonnant. Pas comme si on était en été, hein.

- Ouais, voilà. D'ailleurs...

J'étais dubitatif. Ou alors j'avais pas compris. 'Fin, les deux, puisque l'un entraîne l'autre. Vous m'avez compris. Un coup de tonnerre lointain se fit soudain entendre, roulant dans l'immensité des cieux, bruit étouffé par la baie vitrée, encore heureux.

- C'est... l'orage qui te met dans cette état ?

Nouveau coup de tonnerre. J'le comprenais, ça peut perturber un Pokémon Électrik sans doute.

- L'orage qui me met dans cet état ? C'est plutôt mon état qui me met dans l'orage !

- Hein ?

Puis, songeur, Noir Idéal ajouta, secouant la couette :

- J'me disais bien aussi que y avait un goût de Pêcha dans ces desserts.




[...]




C'était donc ça, ce petit quelque chose de léger et bucolique dans l'atmosphère. Je sortis tranquillement du lit, sans hurler, vu que ça ne servirait à rien, mais Zekrom et ses entrailles m'avaient convaincu.

- Heu... Tu fais quoi ? demanda Fire, surpris de me voir debout à une heure pareille.

- Je vais faire un tour. Si tu veux des explications, demande à Zekrom. Et aère en attendant que je revienne.

Le Dragon Noir concerné se gaussa :

- Boah, c'est rien, reviens ! Allez ! On a moins froid au moins !

Je soupirai, un peu dégoûté certes ; m'enfin, il me sauvait la mise, moi qui n'attendais vraiment plus qu'un petit prétexte pour justifier une sortie au clair de lune. Fire comprit la subtilité ; ils se marrèrent comme des vieux potes avec Zekrom, et la suite, seuls eux la connaissent, vu que je refermai la porte de la 249 derrière moi après avoir choppé mon haut-de-forme, griffant la moquette bleu moche du couloir de l'hôtel, et je déambulais, décidé, quelle que soit l'heure, à aller faire un tour, histoire de me crever. Et de changer d'air.


J'inspirai profondément ; une petite brise océanique, venue tout droit de la plage avoisinante, soufflait sur les terrains jardinés de l'Asagi Beach Resort. Les plus perspicaces auront sûrement deviné que l'hôtel comportait en effet sa propre plage, grâce au "Beach" dans le nom ; mais remarquez, connaissant certains commerciaux sans scrupule, ç'aurait très bien pu être une quelconque méthode de marketing pour faire venir plus de beaufs dans ce coin kitsch. Somme toute, ils ne lésinaient pas sur l'apparence, à en juger par le gazon tondu à la perfection et aux plants de cactus, palmiers et autres genévriers parfaitement portants, piqués dans le sol sous les halos froids des lampadaires blancs, eux-mêmes parsemés le long des allées dallées de grandes pierres plates, chemins qui serpentaient à travers cette flore assombrie. La chaleur humide de l'été se faisait tout de même sentir, mais vu l'heure qu'il devait être, elle était quelque peu étouffante, comme un reste du passage des rayons brûlants de notre astre. Enfin ; sortir faisait du bien, et se dégourdir les pattes sans être pressé, sans avoir de but précis et pouvoir profiter du ciel étoilé avec un joli chapeau mondain et un foulard autour du cou, me rappelant ma condition humaine qui me semblait si lointaine, contribuait tout autant à ce petit bonheur.
Chemin faisant, j'arrivai vers la piscine principale de l'hôtel, débarrassée des multiples membres humains et Pokémon qui la battaient le jour, et qui se reposait, claire, limpide, désormais d'un vert turquoise dû au mélange de l'éclairage sous-marin jaune et au bleu chimique du chlore. Cette large tâche miroitante, étalée au milieu de transats éprouvés, avoisinait les bars fermés à cette heure de la nuit, et jouxtait une grand-place, nettoyée des chaises en plastique qui la jonchait à son habitude, son habitude étant sans aucun doute d'offrir des animations toutes aussi palpitantes les unes que les autres. Je fus étonné de trouver à cette heure deux humains, un mâle et une femelle, discutant tranquillement, assis sur le rebord d'un parterre, et dont les deux gosses turbulents jouaient et se courraient après dans le périmètre, leurs voix criardes et aigües résonnant dans le silence nocturne. Les gamins, deux petits gars d'environ six ans, mimaient un combat Pokémon, l'un s'imaginant battre l'autre, l'autre inventant des attaques improbables pour pouvoir contrer l'un, et les deux s'amusant à penser que des Pokémon Légendaires venaient les aider. Je souris, les voyant ainsi trépigner autour des deux humains, et hurler d'innocentes absurdités. Après tout, peut-être qu'eux aussi, un jour, devront sauver le monde d'un paradoxe temporel ou seront chassés par des criminels leur voulant je ne sais quoi. Je soupirai, à moitié peiné, à moitié heureux, avant de rediriger mon regard d'Aéroptéryx vers l'Univers, sous ma visière de haut-de-forme. Quelle fabuleuse immensité scintillante, nuage de diamants dans ces abysses couleur nuit, infinies, infinies... L'envie me prit de faire un tour vers leur plage, dont le porche de grès y aboutissant se dressait justement de l'autre côté de la grand-place déserte. J'allais donc traîner mes serres et ma queue panachée de ce côté là, soudain attiré par le bruissement des vagues et l'envie de sable doux entre les pattes.


Je passai l'arche de pierre blanche, descendis quelques marches, et mes serres s'enfoncèrent légèrement dans le sol sablonneux. Le râle de l'Océan, traduit par cet engloutissement progressif et délicat de la plage par la mer, venait s'échouer en grandes vagues sur le sablon, croquait à grandes lames le rivage, puis en recrachait un morceau en se retirant, le laissant détrempé de son passage, puis revenait à l'assaut inlassablement ; le monstre était d'autant plus effrayant avec cette absence totale de couleur à une heure pareille, les seuls signes de sa présence étant ce fébrile reflet lunaire pâle, son souffle marin exhalé depuis l'horizon fondu dans la noirceur céleste, et ce bruissement si distinctif. J'inspirai profondément, encore une fois. Cette fraîcheur me revigorait, me gonflait les ailes, me sifflait entre les plumes, et ce frisson océanique particulier me secoua l'échine. Scrutant la légendaire démarcation qui séparait ciel et mer, essayant plutôt vainement de me l'imaginer dans ce panorama d'encre, je baladais mon regard sous mon couvre-chef bien utile en ces temps durs, quand j'eus la surprise de trouver, à ma droite, quelques mètres de poussières sablées humides plus loin, Lugia.
Sur ses pattes musclées il était posé, ses fantastiques ailes repliées sur ses flancs ; sa queue, posée dans le sable, découlait harmonieusement de son dos ponctué de ses écailles obscures, hérissées. Le Maître des Abysses, dans toute sa grandeur, le cou étendu, pointait le bout de son noble bec vers l'océan, un regard perçant, pétillant, poignant presque, aussi profond, mystérieux et sensationnel que son royaume, dirigé avec quelque confiance vers l'infini marin. Le voir ici, le voir ainsi, le voir tout court, non dissimulé derrière son voile d'invisibilité, me donnait une sensation de bonheur, de réconfort, et savoir qu'il se devait de m'aider, et le voulait par dessus tout, ne pouvait que me remonter le moral. Je m'approchai du Pokémon Légendaire, qui n'avait apparemment aucune crainte que quelqu'un puisse le voir, et, à moins d'un mètre de la bête, je me tournai également vers l'océan de nuit, mais je gardais un petit regard en coin sur son aileron sourcilier, accentuant si magistralement un regard comme le sien, déjà tellement majestueux de nature. Une esquisse de sourire se dessinait délicatement entre deux de ses crocs qui dépassaient, un sourire amusé, mais changeant son expression en celle d'un être confiant dans son futur.

- Pourquoi ne le serais-je pas ? me répondit-il à voix haute, jouant l'étonnement devant ma pensée.

- Oh, je ne sais pas vraiment. Notre avenir est tellement imprévisible.

- Et depuis quand l'imprévisibilité est-elle un problème ? sourit-il, toujours sans que l'un d'entre nous ne détourne ses yeux de notre contemplation.

Je haussai les épaules :

- Bah, depuis qu'elle vous fout dans la peau de quelqu'un comme moi. Entre autres événements improbables.

- Allons bon, tu dois bien avoir des projets pour l'avenir ?

Je ris, amusé de la question :

- Ha, comme si quelqu'un se souciait de moi en ce moment ! M'enfin, en ce qui me concerne, poursuivis-je en le regardant, si, par je ne sais quel moyen, j'arrive à retrouver mon corps et une vie tranquille, je suppose que je continuerai mes études pour devenir Professeur Pokémon.

En prenant du recul sur ce que j'annonçai, je me rendais compte que parler de ma vie d'avant me ramenait à une sorte de réalité fataliste, bien, bien loin de mes récentes pérégrinations pleines d'action. Ma vie d'avant... Elle me semblait déjà bien loin. Mon quotidien, l'arène de Verchamps, les visites dans le Marais, mes parents, mes Pokémon... Pfiou. Dire que la seule chose qui m'importait le plus à cette époque était de réussir mon prochain examen ou de me demander que faire avec Colhomard. Vous me direz, désormais, en plus d'avoir un de ces problèmes réglé sur deux, mes anciennes craintes étaient risibles face à ce qu'il me stressait là, sur cette plage, à côté de Plongeon. Ce dernier d'ailleurs, rétorqua d'une manière perplexe, tournant finalement son bec vers moi :

- C'est bien d'avoir un tel objectif, mais... je ne te comprends pas sur ta première remarque... Pourquoi on ne s'intéresserait pas à toi ?

Je lui fis signe de laisser tomber :

- Bah, rien. Je ne fais que me la ramener je crois, alors que le coeur de notre quête est de s'occuper de ces abrutis, et je le sais.

Le Légendaire ne rajouta rien. A part un grand sourire. Je ne savais que faire, moi. Sourire ? Pour ce qui nous attendait ? Que... J'avais... Trop de choses en tête. Beaucoup, beaucoup, beaucoup trop... Toujours aux côtés du Lugia silencieux, je demandai, avec une once d'espoir :

- Et, en ce qui concerne ton aile ? Elle va comment ?

Le grand Oiseau plaisanta, gesticulant son épaule :

- Boh, tu sais, avoir du plomb dans l'aile, c'est jamais très agréable !

Je ris, et lui aussi. Ce n'était pas le plus franc des rires, mais peut-être le plus compatissant, l'un envers l'autre, sans montrer malgré tout la moindre nuance de tristesse. Nous nous arrêtâmes un instant. Ne voulant pas repartir dans mes pensées, je lui posai alors une question sur son accident ; enfin, plutôt sur le fait que... Je ne pensais pas qu'une simple balle pouvait... blesser, si ce n'est plus, un Pokémon de leur carrure et de leur importance, quoi.

- Oh, nous ne sommes pas immortels, tu sais, m'apprit le Gardien des Abysses. Certes, nous, Pokémon Légendaires, n'avons pas à craindre la vieillesse. Mais nous ne nous baladons pas avec une armure de diamant en permanence sur le corps, et ce n'est pas pour ça que des maladies provenant de sources extérieures ne nous peuvent rien. Pour ce dernier cas, extrêmement rare soit-il, nous en réchappons toujours, car les fabuleux pouvoirs de certains d'entre nous nous aident. Mais, pour ce qui est des blessures violentes... Tu peux constater par toi-même que nous sommes loin d'être invulnérables à ces dernières. La règle n°2 du Code Officiel des Légendaire - celle qui nous interdit de nous montrer, pour rappel - sert également à nous protéger du plus de menaces possibles, en premier lieu celles humaines.

Je jurai, grognant et énervé :

- Rah, qu'ils m'énervent, les humains. De plus en plus, depuis une semaine. Toujours à faire chier leur monde, à se montrer égoïste... Tiens, j'suis sûr que si je la ramène et que je me plains autant, c'est bien parce que j'suis humain ! Oh, et puis zut, on n'y peut rien, et j'en ai marre de rien pouvoir y faire. Voilà.

- Il est vrai que... Cette barrière avec votre espèce et les nôtres n'est pas prête de se faire oublier, soupira l'Oiseau.

Le vent soufflait, nous ébouriffait tous les deux notre plumage dans une fine bruine d'embruns. Ne voulant pas penser à moi, je pensai à Lugia, le regardant, son bec tourné de nouveau vers l'océan. J'espérai sincèrement que son handicap s'évaporerait rapidement, qu'il puisse retourner dans son milieu de prédilection, milieu qui, je le supposais avec certitude, devait être chéri grandement. Un Pokémon aussi loyal, altruiste, déterminé et sûr de lui... Ce drame me bouleversait.

- L'Océan me manque, bien entendu. Mais il y a plus important qu'une simple blessure, rétorqua-t-il fièrement. Des millions d'êtres vivants souffrent, et ce n'est pas une simple tentative pour m'arrêter ou mon mal du pays qui va me faire abandonner.

- Justement ! C'est toujours à cause de la connerie humaine et de certains de ces abrutis de représentants qu'une emmerde arrive, à qui que ce soit. Raison de plus pour ne pas envier ma situation, soufflai-je.

- Voyons, ne jetons pas le bébé Pokémon avec l'eau de son bain, veux-tu ; votre espèce est tout à fait charmante, sourit-il.

- Hm ah oui ? Et bien, si tu veux mon avis, remarquai-je, en croisant des bras, pas convaincu, elle est peut-être charmante, mais elle reste tout aussi insondable qu'exaspérante.

Le Gardien des sept mers eut un petit sourire malicieux, et me taquina :

- Ah, ça, c'est le coup dur de l'amour !

Je rétorquai, gêné :

- Mais non ! Et puis d'abord, va comprendre ce que pense l'autre ! Comment savoir que... Que...

Ne trouvant mes mots, je donnai un coup de serre dans le sable noir, en l'envoyant en pluie dans les vaguelettes avoisinantes, et j'objectai que de toute façon, j'en avais marre de tout. Lugia fut amusé de me voir réagir ainsi, et se remit à contempler son Océan. Silencieux encore un moment, je voulus savoir, un peu inquisiteur certes, mais en me disant que de toute façon, c'était normal que je pose la question, dans ce cadre :

- Dis-moi... Est-ce que tu as déjà connu l'amour, toi ?

La question sembla le figer sur place. Il laissa dévier son regard, de l'horizon jusque sur les quelques vaguelettes qui voulait nous mouiller, avant de fermer les yeux calmement, et de laisser se dessiner une once de joie sur sa gueule, comme celle d'un souvenir heureux.

- Eh bien... Pour tout te dire, je pense que oui.

- Ah oui ?! m'exclamai-je, surpris.

- Hé, je crois bien, poursuivit-il avec un air rêveur, la plus fabuleuse des créatures, si tu veux tout savoir...

Lugia ? Sans blague ? Ce Pokémon si... Enfin, il y avait de quoi me surprendre. Je crois.

- Et... Vous... Enfin, tu le connais toujours, cet amour ?

- Je peux t'assurer que oui, hocha-t-il la tête. Quoi qu'il advienne, depuis que je la connais, je l'aime et l'aimerai. Mais... La réciprocité est mise en question. Tu me diras... Nos pensées seront toujours ensemble. La chose est que... nous ne nous sommes vus que deux fois.

- Vraiment ?

L'Oiseau Légendaire me fit signe lui aussi de laisser tomber, voulant apparemment également changer de sujet :

- Bah, c'est un peu compliqué. Mais, si ça peut te rassurer, nous avons beau être stériles, nous, Légendaires, ce n'est pas pour ça que nous sommes privés de ce sentiment si particulier, dévorant et envoûtant qu'est la passion amoureuse. Enfin, ce n'est pas vraiment notre préoccupation du moment, n'est-ce pas ?

Certes. En regardant ce satellite blanc et sphérique trôner dans cette féérie nocturne, ça me rappelait soudain qu'il fera jour, demain.

- J'en sais rien. Cette histoire de Pokéathlon commence à me courir sur le haricot, m'exaspérai-je vivement, redressant mon haut-de-forme.

- Tu veux que je te dise ? déclama Lugia, faisant mine de se rappeler quelque chose. Il me semblait que tu avais pris la décision d'affronter ton destin, lors d'une certaine nouvelle aurore, à côté de l'aéroport de Parsemille, non ?

Je restai médusé. C... Comment il...

- Ah ha ! n'oublie pas que ta Voix de la Raison est dans la place, et ce depuis le début de ta quête ! s'esclaffa-t-il. Hmmmm et donc ? Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

Bah... Rien. Je n'avais rien à dire. Il avait raison, après tout.

- Mais... balbutiai-je. Les... Les Jeux Pokélympiques... C'est une compétition internationale, je ne sais absolument pas de quoi il en retourne, le niveau est élevé, et...

- Et ? Réfléchis un instant. Tu tiens peut-être la clé de l'histoire en y allant - et en
gagnant.

Il avait sans doute raison. Je... C'était donc une bonne idée d'y aller ? Lugia me fit un clin d'oeil :

- Je ne peux peut-être pas voler, mais je peux toujours tacler !

- Héé ! C'est vrai ça ! m'exclamai-je, en l'imaginant virer tout le monde d'un simple coup de queue. Avec toi dans notre équipe, on ne pourrait pas perdre ! Et si on m'emmerde, tu balances n'importe quelle attaque et ils seront envoyés vers d'autres cieux !

- Tu l'as dit ! sourit-il en gonflant le torse. Tu vois ; à chaque problème, sa solution !

Et puis, y avait Zekrom ! Et le Galet Blanc, Reshiram ! Et Shaymin ! Et Drakkarmin ! Et Fire ! Je souris également à Lugia, le remerciant. Il ne répondit rien, à part cette expression réjouie, contente d'avoir pu aider. L'esprit un peu plus léger, je le saluai, annonçai que j'allais me coucher, lui souhaitai une bonne nuit puis recommandai de faire attention à ne pas qu'il se fasse voir malgré tout.

- Oh, ne t'inquiète pas pour ça, j'ai quelque peu d'expérience dans ce domaine ! Bonne nuit à toi aussi !

Je remontais donc la plage, enfonçant mon haut-de-forme sur mon crâne une autre fois en même temps que mes pattes dans le sable, lorsque j'entendis la Voix de la Rasion :

- Oh, et, Chris ?

Je m'arrêtai, tournant le museau vers la Légende. Lugia regardait toujours droit devant l'avenir, avant de m'assurer :

- Ne pense pas que personne n'est avec toi, ou ne pense à toi. Ce serait totalement faux, crois-moi. Tes amis, tes Pokémon ; toute cette famille, ta famille, sommes avec toi et espérons que celui qui a le monde sur les ailes le porte avec tout le soutien et l'amour qu'on puisse lui apporter.

Ouah. Je restai scotché un moment par la tonalité particulière qu'il avait mit dans cette déclaration, puis le saluai gaiement d'un coup d'aile à nouveau, et je repris mon chemin, marqué, et une pensée de remerciement sincère, envers le Destin, de m'avoir fait rencontré un tel Pokémon.

- Vraiment très heureux d'avoir pu te rencontrer également, Chris ! sourit chaleureusement la voix dans ma tête.






J -3






C'est alors que la plus agaçante des sonneries de réveil usé à force de se prendre des coups nous balança son grincement électronique. J'entendis un violent coup de patte exploser le radio-réveil en question, et nous nous mîmes tous les trois à gémir le fait qu'on devait se lever si tôt pour aller continuer à sauver la planète. J'entrouvris les yeux, et je remarquai les rayons solaires de 7 heures, traversant la baie vitrée, qui venaient répandre la lumière de ce nouveau jour sur la chambre d'hôtel. Ils illuminaient les trois lits blancs à la literie toute aussi blanche et leurs couettes virées, bouchonnées, draps défaits, bref, les sommiers en bordel où étaient affalés Zekrom, le Dracaufeu et l'Aéroptéryx que j'étais. Je me redressai, le plumage encore plus en pétard que d'habitude, l'esprit flou, le regard vide et les paupières s'ouvrant difficilement ; je me rendis alors compte du bordel ambiant, et des deux bestiaux enfoncés dans leurs matelas respectifs, la gueule entrouverte. Les songes de la nuit ont été mouvementés.
Heureusement dans notre cas, on peut toujours compter sur ce bon vieux Goyah pour débarquer comme un fou dans notre chambre, et sans même faire de remarques désobligeantes, nous réveiller tout en douceur avec un seau d'eau jeté au museau.

- Allez les jeunes ! DEBOUT ! Il est déjà 7h05, on doit aller prendre le p'tit déj et j'vous signale que les équipes ouvrant les Jeux sont demandés sur le terrain à 9h pétantes !

Je voulus protester sur le fait que l'eau à la figure dès le matin, c'était pas top, et que surtout comment qu'il avait su que j'étais finalement d'accord pour cette compétition, mais les réflexes de Fire me coupèrent : celui-ci bondit hors du lit, virant Goyah de la chambre en assurant que nous serions là où nous devons être quand nous devrons y être, et Flamme se rua dans la salle de bain pour... Heu, j'en savais rien, puisqu'on n'avait pas à s'habiller. Faire un brin de toilette sûrement. Je m'extirpai de mes draps qui me disaient pourtant de rester, mais je pris mon courage à deux griffes et me répétais qu'aujourd'hui était un jour crucial. Avant de me rendre compte que les jours qui passaient l'était de plus en plus, au fur et à mesure. Je griffai le sol en traînant des serres et de l'appendice caudal au plumeau jusqu'au chevet de Zek, où je remuai l'épaule musclée de la bête, qui, à en juger par le fait qu'il s'enfonçait la gueule dans son oreiller, ne voulait pas spécialement se lever.

- Hmniapfgneeeeuuhhh... Quooooi... ?

- Bah... Faut se lever. Il est l'heure.

Puis, en prenant une pose de battant,genre j'suis réveillé frais dispo et tout, je déclamai :

- Allez, mon gros ! Nous devons remporter le tournoi d'aujourd'hui !

Noir Idéal, dans un sursaut, se leva soudain brusquement, se prit le plafond, fit trembler le bâtiment, gémit en se frottant la crête, et répéta :

- Hein ?! What tournoi ?!

Blasé, je soufflai :

- Les Jeux Pokélympiques. Les connards encagoulés. La survie mondiale. Ca te rappelle rien ?

Le Dragon, un peu long à la détente, eut alors une illumination :

- Ah oui c'est vrai ! Bon, allons-y alors !

Il était temps.


Après la toilette faite en deux-deux du Dracaufeu, et après que Zekrom ait arrêté de vouloir mettre mon haut-de-forme à sa manière, nous nous apprêtâmes à sortir de la 249, les deux autres dans leur état naturel et moi avec mon foulard rouge aux étoiles jaunes autour du cou, la clochette argenté fêlée solidement attachée, et mon haut-de-forme satiné sur le crâne. J'ouvris la porte doucement, et passai mon museau au dehors, histoire de scruter les alentours : personne. Tant mieux. J'voyais pas pourquoi j'avais peur, de toute façon. Ha ha. Hum. Je sortis donc avec un air tout à fait naturel, avant de voir du coin de l'œil la patte plumée aux couleurs des flammes d'une certaine Braségali qui déboulait au coin du couloir. Je laissai échapper un cri d'oiseau avant de faire Demi-Tour sans plus tarder en me cognant contre l'encadrement de la porte et de me réfugier dans ma chambre sous les regards étonnés des mâles qui partageaient les lits avec moi.

- Y a quelque chose qui va pas ? demanda Fire, le plus simplement du monde.

Je bondis sur le Dracaufeu pour lui clouer le museau, et lui susurrer à l'oreille :

- Ferme-la, s'il te plaît ; si tu me fais repérer, tu vas attirer cette nymphomane guettant sa proie.

Flamme réplique aussitôt :

- Mais... T'as ton chapeau...

- MÊME ! J'ai pas envie de tenter cet enfoiré de Destin !

Je les fis alors attendre en silence que l'Ardente continue son chemin jusqu'au bout opposé du couloir, qui marchait sur la pointe des griffes et scrutait les lieux de son regard de gallinacé qui cherche un autre volatile du sexe opposé, sûrement pour le petit déj'. Avant que Zekrom, qui était toujours là, passe sa tête dans l'ouverture de la porte (puisque c'est tout ce qu'il pouvait passer par là), et remarque :

- Quoi, elle ? La bombasse ?

- OUI, ELLE, grinçai-je des crocs. Et baisse d'un ton, je tiens à mes droits de propriété privée sur ce foutu corps stylé d'emplumé.

Le Dragon mythique, qui continuait à reluquer la Braségali, ne put s'empêcher de commenter, un grand sourire :

- En tout cas, elle peut violer mes droits quand elle veut !

- CERTES. Dis-moi, demandai-je alors d'une voix toujours aussi basse pour changer de sujet, pourquoi t'es là, au fait ? Tu peux pas sortir par là, t'es trop gros.

- Ah mais je sais ça ! sourit Zekrom, avant de rentrer la tête, faire demi-tour en virant tous les meubles avec son générateur caudal, traverser à travers la chambre en explosant une nouvelle fois la baie vitrée, et se poser sur la terrasse. A tout de suite devant de la bonne nourriture !

Puis il s'envola, prenant son envol sur ses grosses pattes noires depuis le balcon, en faisant se fracasser sur le sol ce qui n'avait pas été brisé de la vitre. Heureusement qu'elle se répare vite.


La salle de restaurant de l'Asagi Beach Resort était à la hauteur du style méridional et impérial que voulait se donner le complexe hôtelier ; tables nappés, moquette soyeuse, fauteuils confortables, plantes désertiques d'intérieur rappelant les conditions arides des régions qui étaient prônées entre ces murs, haut plafond peint d'arabesques et grandes fenêtres illuminant la pièce la constituaient. Mais, pour le coup, les températures qui régnaient en ce début de matinée commençaient déjà à être excessives, ce qui, en plus d'inquiéter ceux qui voulaient s'en inquiéter, nous privait de cette salle, car, manque de climatisation assez puissante, elle se transformait en véritable four avec ces conditions climatiques. Mais heureusement, les gentils organisateurs du coin prévoient tout, et c'est ainsi que nous fûmes mis sur la terrasse imposante du restaurant, couverte bien heureusement, sur des chaises en plastiques avec des tables toutes aussi en plastique blancs esquinté. Bon, tant qu'on mangeait, moi, ça m'allait. Le service était d'ailleurs un buffet à volonté, alors autant dire que certains gras touristes, Pokémon ou surtout grands Dragons ne se privaient pas. Bref.

- Les Jeux d'ouverture débutent à 9 heures piles donc, débuta l'homme à la chevelure de feu, assis juste en face de moi, enfournant un pain au chocolat dans sa bouche. Che nous chai inchcrits hier choir, y a aucun pfrobflème, on y pfartichipfe !

Tandis que Drak, Shaymin (qui avaient passés une bonne nuit, pour donner des nouvelles), Fire, Zekrom et un bec invisible piochaient dans le buffet tout ce qu'il leur plaisait, et donc tout ce qu'il pouvait, nourriture Pokémon comme mets humains, moi, je restai à table, devant cinq assiettes couvertes de miettes, grands verres à la paroi intérieure couverte de pulpe et grands bols aux traces de lait froid ou chaud, vidés de leurs viennoiseries, boissons fruitées ou chocolatées, fraîches ou fumantes. Disons que j'avais été le premier à se ruer sur le buffet garni, vu que je n'avais rien mangé de consistant depuis... Bah, je comptais déjà plus. Le fait était que j'étais en train d'écouter Goyah dans toute cette agitation de petit-déjeuner tout compris par un temps trop ensoleillé. Je lançai mon idée d'hier soir, tout à fait naturellement :

- Concernant notre équipe, j'ai ma petite idée : avec les cinq Pokémon de badass qui nous accompagnent déjà, il ne nous reste plus qu'à réveiller Reshiram pour qu'on ait notre équipe de winner au complet !

Goyah faillit s'étrangler en buvant son café :

- QUOI ?! (il remarque qu'il vient de HURLER) Heu, pardon... Je veux dire : quoi ?! De une, je pensais que t'allais participer, et de deux... T'as aussi le Galet Blanc ?!

C'est vrai qu'il était pas au courant.

- Heu... D'abord, je n'y participerai JAMAIS, vu que c'est une fucking compétition sportive, et que le sport et moi, ça fait 36, et oui, oui, je l'ai aussi. Mais pas encore réveillé, quoi.

Le Maître de la Ligue d'Unys songea alors, portant sa grosse main à son visage d'homme de la cinquantaine à la barbe de trois jours :

- Outre le fait que c'est totalement et littéralement abusé, c'est vrai qu'avoir le second Dragon mythique avec nous pour la compétition nous offrirait la victoire encore plus facilement. C'est bien ce que je ne comprends pas, chez mon cher cousin ; nous provoquer en duel alors qu'il sait pertinemment que nous avons au moins une légende vivante de notre côté... En supposant qu'il est toujours aussi con et qu'il a gobé le Métamorph-Zekrom, et que celui qui a tiré sur Lugia soit avec eux, ils doivent savoir que Lugia est avec nous.

Ouais. Au final, on n'est pas plus avancés, et rien n'a encore été fait. Je décidai de profiter de ce moment de tranquillité avant la tempête olympique pour piocher dans le Sac aux Trésors de Fire le Galet Blanc, et, sous l'expression éberluée de Goyah qui voulait tout sauf réveiller Reshiram ici, je déclamai avec une certaine voix au Galet Blanc :

- Allô ? Madame ? C'est encore moi, toujours pour Reshiram, le Blanc.

- Oui d'accord tout de suite monsieur ! résonna la gentille voix sympathique de la standardiste.

J'eus à peine le temps d'expliquer à Goyah de ne pas chercher à comprendre que le même soupir exaspéré que j'avais ouï la première fois refit son apparition sonore. Je continuai alors, sûr de mes mots :

- Reshiram ! Heu, c'est Chris, le héros qui vous a entre les pattes pour l'heure ! Dites-moi, si je vous dit que la réalité d'aujourd'hui, c'est que c'est l'ouverture des Jeux Pokélympiques, et que ma réalité à moi, c'est d'être un humain, mais j'en suis pas un, tu veux bien me prêter ta force ?

Aucune réponse au bout du caillou. J'attendis, Goyah aussi, les gens autour me prenaient pour un taré. Puis, la même voix incroyablement solennelle en sortit :

- On ne peut brûler les étapes menant à la Réalité.

Je balbutiai, définitivement impressionné par une telle grandeur dans le timbre de voix :

- Oui, je sais ça, mais...

- Seul un héros pourra être reconnu par un Dragon mythique. Là alors le Dragon jugera si les motivations du héros et son coeur en valent la peine.

Puis ce BÂTARD me raccrocha de nouveau au nez, vu que j'eus beau resté planté comme un plant de Baie sur cette terrasse et protester par la suite que j'étais un héros vu tout ce que j'avais déjà fait, rien n'y fit, plus aucune voix n'émanait du Galet Blanc. Goyah trouva ça problématique, moi, je rangeai rageusement le Galet Blanc dans le Sac à bandoulière du Dracaufeu, et repartis vers le buffet en haussant les ailes et remarquant que de toute façon, Zekrom et Lugia nous assurait déjà une victoire certaine. Hé, s'il voulait pas nous aider, qu'il nous aide pas, c'est son problème après tout. On trouvera bien un sixième équipier.


Je prenais furieusement la grosse pince à disposition dans un saladier rempli de morceaux de fruits frais, empoignant une assiette creuse de l'autre main et me remplissait violemment cette dernière de morceaux d'ananas, de poire, de pastèque, de Myrte et de Lonme. J't'en ficherai, des histoires de héros, moi. Et tout ces gens, autour, là, tous aussi pédants ou mal élevés les uns que les autres, à me bousculer en menaçant de faire tomber mon haut-de-forme, à piocher dans les plats d'un air dédaigneux, voire à reposer toute de suite après sans le moindre scrupule... Ces humains me dégoûtaient, et m'exaspéraient encore plus. Sans parler des gamins criards qui te courent entre les pattes, te rentrant dans les ailes et qui hurlent à la mort parce que tu as demandé des excuses. Bah, j'avais envie de rappeler tout le monde, de me barrer sur le dos de Zekrom ; et qu'on s'envole tous faire un voyage initiatique dans je ne sais quelle région, du moment qu'on profiterait de la vie comme on l'entendrait et qu'on passerait du bon temps. Et si la fin du monde arrivait, qu'elle arrive ; toute chose a une fin. Je soupirais, puis fus quelque peu étonné de constater que je pensais ainsi. J'étais prêt à tout laisser tomber... ? Remarquez, si c'était pour protéger ceux que j'aimais, je pense bien, oui. Mais je me devais d'aimer la planète entière, vu mon statut de Membre Offciel des Agents Sauveurs du Monde, et de secouriste des W.T.F. *sigh*

- Il faut vous dépêcher.

Je tressaillis. Devant ce buffet coloré arrosé par les rayons de soleil qui passaient sous la terrasse par je ne sais quel reflet, dans cette ambiance bruyante de vacanciers nuls, une main vêtue d'une longue manche noire passa devant moi pour prendre la pince à fruits que je venais de lâcher. J'allais tourner le regard pour être certain que c'était bien qui que je pensais à côté de moi, mais le qui en question fusa doucement aussitôt :

- Ne vous tournez pas. Faites comme si j'étais comme n'importe qui.

Je déglutis, et continuais alors à prendre des Baies un peu au hasard, en argumentant :

- Mais vous n'êtes pas n'importe qui. Le dernière fois qu'on s'est vu, vous vous êtes envolé tout comme Lilas et Bisou.

L'homme aux cheveux rouges et aux lunettes noires, puisque c'était bien de lui qu'il s'agissait, remarqua toujours sans broncher :

- La Fragilady et le Polarhume ?

- Quelle perspicacité.

- Je ne suis pas venu pour qu'on s'envoie des sarcasmes à la figure, rétorqua l'homme au Drattak - Pokémon qui n'était pas là, d'ailleurs. Je viens vous dire que le temps presse.

- Comme si j'étais pas au courant. Vous savez, il ne me reste plus que trois jours en comptant celui-ci avant que ce corps ne me lâche pour de bon, alors, les gens qui me stressent, j'en ai déjà ma dose, et croyez-moi, que la situation urge, c'est noté.

- Vous ne comprenez pas la gravité de la situation. Vos proches sont aussi en danger. Par proches, j'entends parents.

Un frisson violent me secoua l'échine. Je restai scotché sur place. Puis, toujours aussi étonnamment calme, il poursuivit ainsi :

- N'oubliez surtout pas ceci : 893-0-0-1. Je serais vous je prendrais note maintenant, car je vais me faire tuer.

Je beuglai :

- HEIN ?!

- BAISSE-TOI ! cria la Voix dans ma tête.

Vif comme l'éclair, je me plaquai au sol, puis une détonation retentit. Un corps s'affala comme une masse inerte sur le buffet garni, le faisant s'écrouler, dans le fracas de la vaisselle, du bois pas solide et du papier froissé. Des hurlements, partout, soudains, et la cohue, la panique, partout, soudaines. Je relevai le museau, et fus choqué, constatant le corps gisant de l'homme aux cheveux rouges, effondré dans cette soupe sale d'agrumes écrasés et de débris de buffet qui se teintait de sang. Sous le choc de l'impact de la balle, reçue du côté gauche, son corps s'était tourné sur ses talons, et il était tombé en arrière, la colonne vertébrale la première sur le présentoir du petit déj' fruitier. Le Maître de la Ligue d'Unys se rua vers les lieux du récent crime, les Pokémon qui me connaissaient restaient plaqué au sol, certains immobilisés par la peur de ce bruit effroyable, d'autres réconfortants les Pokémon des touristes qui n'avaient rien demandés. Une fois que l'étrange paralysie due à la surprise macabre se dissipa de mes membres, je bondis sur l'homme au Drattak, sa main crispée sur sa poitrine, la tête livide, tournoyante, comme cherchant quelqu'un à voir pour la dernière fois. Je soulevai ce que je pus de son corps d'humain entre mes ailes, lui relevant le crâne, ne pensant à rien d'autre qu'à lui sur le moment ; il geignait, dans son dernier râle de vie, et répétait "893-0-0-1... 893-0-0-1... 893-0-0-1..."...

- Non, non, non ! Mourrez pas ! Vous pouvez pas ! On a besoin de vous ! S'il vous plaît ! Non ! piaillai-je, mes écailles du museau mouillées par les larmes qui me venaient brusquement.

- Retenez ça... Retenez... ça... soufflait-il, ses verres de lunettes de soleil noirs plantés droits sur mon visage.

- Je retiens, je retiens ! C'est promis ! 893-0-0-1 ! 893-0-0-1 ! Je retiens ! Mais mourrez pas, non... !

Il râlait, respirait le plus péniblement du monde, et devenait de plus en plus blanc ; brutalement, il lâcha sa blessure et de m'agrippa l'aile de sa main couverte d'hémoglobine, laissant apparaître le profond trou qu'il avait dans le diaphragme, et son intérieur liquide qui déteignait sur son habit onyx, puis expira :

- Sauvez... Drattak... Dites-lui que... que je... l'aime... de tout mon coeu-heurgh... s... sauvez... sau... vez... g-gens... s-orhg... vez...

Sa tête retomba, sa bouche emplie de sang déborda, laissant couler le liquide vital rougeoyant au coin de sa bouche. La vie quitta ce corps définitivement, sous mes yeux impuissants, et ceux profondément attristés et bouleversés de l'imposant Zekrom, de l'invisible géant Lugia, du costaud Drak, de la petite Shaymin, du grand Fire, et de l'humain Goyah. Les bruyants secours arrivèrent en trombe à ce moment, déboulant comme un cheveu dans la soupe dans l'hôtel bon chic bon genre bouleversé et choqué, alors que Noir Idéal, le plus respectueusement possible, demandait à Drak quel était le nom de cet homme aux cheveux rouges.


8h30. La décapotable rouge feu filait à toute vitesse sous les arcs grandioses de l'allée colorée menant au Dôme Pokéathlon qui dressait trois torches géantes vers le ciel ; notre troupe traversait les troupeaux de touristes et leurs Pokémon qui s'agitaient ça et là. Certains nous portaient une certaine attention ; les gamins émerveillés devant Zekrom qui survolait la bagnole ou les supporters sulfureux qui, au courant de tout, avaient appris l'inscription de Goyah, scandaient déjà son nom et chauffaient la foule pour nous encourager. Faut dire qu'on n'avait pas des têtes de vainqueur et qu'on n'était pas trop à la rigolade pour le coup. D'une part parce qu'on venait pas ici pour montrer nos muscles, d'autre part parce qu'un protagoniste important dans l'histoire venait de me crever entre les griffes.
Vite fait garés, face à la mer et au vent océanique qui nous soufflait dans les plumes, une dizaine de Drinks achetés au vendeur du coin au petit stand à roulettes pour lui faire plaisir, et voilà que nous passions les portes coulissantes de l'impressionnant complexe sportif au dôme bleu vitré. L'intérieur, étonnamment sombre, était éclairés à l'aide de néons bleus, verts, blancs, aux couleurs criardes et à l'aspect technologique qui débordait de partout. Bref, ça puait la rénovation et la sueur, et quelque chose me disait que côté sueur, j'allais être servi.

- Oh ! Monsieur Goyah ! Vous voilà !

La réceptionniste, tout sourire dans son petit habit parme affriolant, nous aperçut, nous héla ainsi, et Goyah ne se fit pas prier pour aller droit au bureau des inscriptions d'où on le désirait. Le Dragon bleu de cobalt, la légendaire touffe d'herbe sur patte, le fier reptile ailé enflammé, le Dragon Noir aux yeux rubis (qui avait réussi malgré tout à passer, vu la tronche et les proportions de l'endroit) et le néanmoins puissant reptile plumé que j'étais suivîmes l'homme au poncho, qui déclama de vive voix, le plus sérieusement du monde :

- Ouais, me voilà, mon équipe et moi. Enregistrez-nous vite fait qu'on en finisse.

La pauvre dame, s'attendant à plus d'enthousiasme de la part du Maître connu pour en avoir un sacré paquet, s'exécuta aussitôt sans demander son reste. Elle pianota rapidement sur son clavier, pendant que Goyah, accoudé au bureau, le tapotait de ses doigts épais d'homme qui a pas tenu que des Poké Ball bien astiquées dans sa vie. Pendant que le chevelu énumérait les cinq premiers membres de l'équipe, Drak me demandait si j'en savais quelque chose, du Pokéathlon ; Shaymin rétorqua que je ne devais pas en savoir beaucoup, à propos du sport, Fire, faisant le costaud, se permit de répondre à leurs questions, et Zekrom, curieux, inspectait les lieux. Lugia, lui, venait de me faire penser qu'il nous attendait dehors, bien sagement, et qu'il nous rejoindrait par les stades découverts, vu que "ça serait pas très malin d'essayer de rentrer".

- Un Zekrom ? Un Lugia ?

La brunette en petit haut coiffé d'un petit béret promouvant l'évènement semblait avoir peur de comprendre.

- Quel est le problème ? souffla l'homme à la chevelure de feu.

- Absolument aucun, monsieur. Vous pouvez venir avec un Arceus si vous voulez, on trouverait ça tout à fait normal ici, monsieur. Tout est en ordre monsieur ; à part le fait qu'il vous faut un sixième Pokémon pour cette compétition, monsieur.

C'est alors que, d'un coup de talon, il fit basculer mon haut-de-forme à terre, et balança son pouce droit derrière son épaule, pointant du doigt un certain poids plume :

- Z'avez noté l'Aéroptéryx ?

AH MAIS NONONONONON ! Je titubai, reculant doucement du comptoir en agitant la griffe et le museau en signe de protestation, mais Goyah renchérit, sans même tourner la tête vers moi :

- Vu les circonstances particulières auxquelles nous sommes confrontés, aussi bien en ce moment que dernièrement, je pense que vous pouvez l'inscrire en tant que sixième membre de notre équipe de choc.

- C'est fait ! s'exclama la nana, avant de nous indiquer le couloir de droite, où un panneau lumineux représentant un gars qui court avec un Machopeur à ses côtés clignotait. L'entrée des sportifs, c'est par là ! Les vestiaires sont au bout du couloir !

Sans plus de mots que je ne pouvais décemment pas ajouter, je me résolus à suivre notre dresseur du moment qui pénétrait résolument dans c'te couloir, devancé par le Dracaufeu qui était aux anges et qui se ruait vers les vestiaires Pokémon mâles, suivi de Drak qui faisait le beau devant les Pokémon femelles, de Shaymin qui rétorquait aux filles de ne pas se laisser berner par cet abruti, et de Zekrom qui me traînait, "parce qu'on n'a pas toute la semaine, non plus, hein !"


- Sérieusement, je comprends pas pourquoi.

Mais, cherche pas ; j'aime pas, j'aime pas.

- Je veux dire, c'est pas compliqué, ça fait du bien au corps et ça a même un aspect esthétique à force...!

Dah, tu m'emmerdes à la fin ! J'aime pas le sport, j'aime pas ça !

- Tu veux mon avis ?

NON.

- T'es sûr ?

C'est pas une voix dans ma tête qui va me dire que le physique, c'est bien.

- Là n'est pas la question. Je crois plutôt que tu t'entêtes à ne pas aimer ça parce que...

Parce qu'après on est crevé, on est dégueu, on s'y fait mal et les sportifs sont pas spécialement réputés pour avoir quelque chose dans le crâne !

- C'est moi ou t'as des préjugés ?

AH, TU M'EMMERDES A LA FIN !

C'est vrai, quoi. Deux plombes que l'autre Oiseau nageur professionnel me lâche pas sur ce sujet... Le temps que je trouve les vestiaires, forcément, j'm'étais paumé dans les dédales y menant. Je sais même pas comment j'y suis arrivé ; la nana nous a bien indiqué en plus que c'était "au bout du couloir"...

- Si tu veux mon avis, j'pense que c'est parce que t'es trop lent ; du coup les autres t'ont devancés.

Excuse-moi si j'y vais pas le coeur empli de joie, à ces Jeux Pokélympiques de malheur. Ah, justement ! Après un virage, j'avais trouvé une grande salle sur laquelle le couloir débouchait. Salle quelconque avec deux bancs et une poubelle, minimum syndical pour attendre les athlètes, il s'y trouvait aussi quatre portes, qui me faisaient face : Pokémon mâles, Pokémon femelles, Hommes, et Femmes. Sans vraiment réfléchir, je me dirigeai mollement vers la porte "Pokémon mâles", et au moment où je tendis l'aile vers la poignée, des pas précipités retentirent dans le couloir dont je sortais.

- Raaaaaaaah ! C'est par où c'est par où c'est par où ? Bordel !

La voix déjantée de Ludwig me parvint ainsi, rapidement suivie du bruit d'un troupeau de Pokémon et des plaintes de Bianca et de leur ami à lunettes Tcheren, qui lui disaient tous de ralentir. Bon. Vu que les dernières fois que je l'ai croisé, ça m'a pas réussi, je jugeai préférable de bondir derrière la première poubelle qui trônait dans la pièce où je me trouvais (enfin, derrière l'unique poubelle quoi.) Ne tarda pas à débarquer le Dresseur de Renouet, qui se jeta dans les vestiaires Hommes en hurlant "A TOUT DE SUITE LES GENS !" Quelques secondes plus tard, LA Braségali, accompagné d'un Jungko et d'un Typhlosion, arrivèrent (BORDEL DE ZUT c'était aussi ceux de la Pension), eux même rapidement suivis par un Majaspic (lui, sa Tempêteverte, j'm'en souviendrais toute sa vie), un Arcanin (tiens, Pension aussi celui-là), et un Trioxhydre (inconnu au bataillon). Quand je vous disais que la salle était grande. La galinacé Ardente ouvrit la porte à sa copine, la reptile aux feuilles acérées et aux fruits dans le dos, et elle déboulèrent dans leur vestiaire en criant "ON VA LES DÉFONCER, LES FILLES !". Typhi (si j'me souvenais bien de son nom de pensionnaire), entra dans le vestiaire "Pokémon mâles" like a boss, ouvrant la porte d'un coup de patte, sans même la tenir au Majestueux serpent couleur herbe, qui fut choqué en silence d'un tel comportement, alors que le Dragon ténébreux aux têtes en guise de pattes ne se gêna point pour dire ce qu'il en pensait :

- HÉ, DU CON, SI ON T'EMMERDE FAUT L'DIRE HEIN !

- Évitez de chercher des noises, mon cher Trioxhydre, objecta le Majaspic qui semblait
décidément toiser tout le monde de haut. Répondre aux manques de politesse par la colère ne servira à rien d'autre que de causer d'autres tourments.

- Il a raison, souffla le Légendaire canidé à la chaude fourrure ; t'façon, on commence à le connaître, Typhi.

Le Trioxhydre passa la porte du vestiaires des Pokémon qui en ont en l'envoyant valser (heureusement que les gonds étaient solides tiens), suivi de l'Arcanin qui soupirait. Le Majaspic semblait, lui, beaucoup plus réticent à entrer là-dedans. Il n'y pénétra d'ailleurs pas tout de suite, hésitant, se murmurant deux-trois encouragements en se disant qu'il ne fallait que rentrer, traverser le tout et en ressortir, puis il passa furtivement la porte, s'y faufilant élégamment. Je remarquai à ce moment qu'une sorte de vapeur semblait sortir de ces vestiaires en particulier, et, à entendre l'eau couler et les ricanements étouffés qui en sortaient, ça devait être gai là-dedans. Je m'apprêtai à sortir de ma cachette lorsque la nana blonde et pas maligne au béret vert pomme suivie du binoclard à l'épi tenace arrivèrent, essoufflés. Ils se séparèrent, chacun entrant dans son vestiaire respectif, et chacun oubliant de sortir ses Pokémon avant d'entrer dans la précipitation. Bon. Si ces vestiaires sont pour ceux y participant, on a donc Ludwig, Tcheren, Bianca... Plus Goyah, et donc plus le provocateur violent encagoulé d'hier soir. Ça fait cinq équipes. On devait être cinq équipes en tout aujourd'hui. What a hasard. Bref. Vu que l'heure tournait, il était temps que j'y aille, dans ces vestiaires ; je pris mon courage à deux pattes en me disant que cette compétition n'était qu'un mauvais moment à passer parmi tant d'autres, et je me redirigeai vers la porte du vestiaire des Pokémon mâles. Je tendis l'aile, posai mes griffes sur la porte...



WAIT A MINUTE.


Le vestiaire... des Pokémon mâles... Avec... Que des Pokémon mâles... Sachant qu'il y a des Pokémon aux préférences qui sont ce qu'elles sont tels que ce Typhlosion et Fire... Que des vapeurs s'en échappe... Qu'il y a des ricanements... Et que ça doit être gai, là-dedans...

- Tu veux mon avis ?

Je souris intérieurement. Nan, j'en n'ai pas besoin, je pense. Pris de cet éclair de lucidité, je retirai vivement ma patte de là et je m'écriai tout seul, accusant la porte de l'enfer :

- HA AH ! T'as cru m'avoir, saloperie de Destin ! Si tu crois que je vais entrer dans un piège à Rattata aussi prévisible et pitoyable que ça, tu te goures ! C'est pas aujourd'hui que j'aurai une plume dans le cul !

- Techniquement, rétorqua Lugia, t'en as déjà pas mal.

Ha ah ! Et une mésaventure trop intime en moins, une ! Fier de moi, je gonflai mon torse plumé et tournai les talons, résolu à passer par l'entrée du public s'il le faut, mais bien décidé à pas emprunter le chemin qui m'avait été destiné. J'espérai bien qu'il s'en mordait les doigts, l'abruti au manteau long.

- Dommage, ça m'aurait fait un truc à raconter à la prochaine réunion des Légendaires !

Hé hé hé hé hé hé... Hum. C'est pas drôle.


Me revoilà donc dans le premier lieu du complexe sportif que nous avions traversé. La seule différence cette fois-ci était qu'avec les neuf heures qui allaient bientôt sonner, les spectateurs et autres supporters affluaient plus que jamais. Je pense que c'était tant mieux, qu'autant de monde et de cohue s'agite, pour cette fois, car cela témoignait bien de l'envie de tout le monde de penser à autre chose qu'à la fin du monde hoennienne. Décidé donc à entrer par les gradins, et non pas par quelque autre vestiaire que ce soit, ne voulant ni déranger ni être dérangé, je me faufilai entre les gros molets velus et les jupes colorées de l'espèce humaine et les pattes en tous genres et flancs de toute taille des espèces pokémonesques, le tout se mouvant grossièrement dans le vacarme des rassemblements de touristes impatients. Je parvins à m'extirper sans trop de mal, mon Ruban Joie, le mini-Glas et moi, de la foule, qu'il suffisait d'observer pour savoir que l'endroit vers lequel tous les zouaves qui la composaient étaient aimantés était celui que je voulais et devais atteindre avant eux : l'entrée du stade, côté gradins. Passant sous les rambardes qui retenaient la populace, je m'avançais donc vers cette sortie souhaitée, sans me rendre compte que, d'un point de vue externe, on voyait un Aéroptéryx se croyant chez mémé qui dépassait outrancièrement les honnêtes personnes qui attendent comme tout le monde. Il n'en fallut pas plus longtemps pour que je me prenne des remarques du public et des coups de sifflet des Agents qui veillaient au grain.

- HEP ! VOUS LA-BAS !

Zut. J'avais pas fait gaffe à ça. J'eus à peine le temps de me retourner que je me fis plaquer au sol par le premier flic venu en laissant échapper un piaillement rauque ; j'avais même pas le temps de m'expliquer que le policier sorti le taser avant qu'un bon samaritain vienne à mon secours :

- Mais ça va pas bien, mon gars ? Faut vous calmer !

Je fus relâché, et je me remis la cage thoracique en place en toussant fortement alors que j'entendais l'Agent s'expliquer platement :

- Oh ! Monsieur Dakim ! Je... Je ne pensais pas que...

- Pensez pas, mon vieux, ça vaut toujours mieux. Ce piaf préhistorique est un membre de l'équipe de Goyah. S'il a pas envie de se faire encourager en passant par les vestiaires, j'le comprends ; les encouragements étant pour les tafiolles. Il passe avec le grand Dakim.

Tournant les yeux vers ce "grand Dakim" à la voix qui me rappelait celle du gars violent qui avait exécuté les parents de Percila, je me trouvai face à un grand homme, à la tenue blanche étrangement moulante, aux jambes arquées et aux bras musclés ; il portait également un long pagne bleu par-dessus cette drôle de tenue et avait une sorte de tatouage facial laid ; mais le détail le plus frappant était dans sa coupe de cheveux, similaire en forme et teinte à celle du Maître de la Ligue d'Unys (sauf que l'énergumène que j'avais en face de moi n'avait pas de dégradé de couleur, ce noob), un collier de perles azur mais surtout de Poké Ball également autour du cou. Voilà donc l'imbécile du moment. Le provocateur en chef d'hier soir. Tu parles d'un bon samaritain. Le Dakim n'ajouta aucun mot, se dirigeant vers le stade côté payant, et je ne tardai pas à lui coller aux baskets pendant que l'agent calmait les fans trop ardents devant l'habitué des lieux qui venait de leur apparaître.


- Hé, toi là ! Si tu crois que tu vas te barrer comme ça !

Je suivais furieusement le cousin de Goyah, le hélant de la sorte pour qu'il daigne se retourner et réponde à mes questions quant à toutes ces conneries. Il n'en fut rien ; on allait débarquer dans l'allée des strapontins des rangées 100 à 200 suivant les pancartes, quand je hurlai :

- STOP, FAIBLE !

Et Dakim s'arrêta net, soudain crispé sur ses membres courbées. Content de voir que ça marchait toujours, j'en profitai :

- Tu peux me dire à quoi tu joues ? Nous faire perdre notre temps ? Préparer un autre plan foireux ? Une prise d'otages géante ? Dans ce cas-là, c'est gagné, puisqu'on est en plein dedans ! Alors autant commencer votre opération tout de suite et nous dézinguer sur place, ça épargnera à beaucoup gens de suivre une compétition sans grand intérêt si elle est censée cacher autre chose !

Aucune réponse de l'homme violent. La main sur la barre transversale qu'il suffisait de pousser pour ouvrir la grande porte de ce coin des gradins, il resta silencieux. A ma grande surprise après réflexion, vu que son genre serait plutôt de me sauter dessus et m'étrangler. Après un moment à ne pas bouger, il tonna de sa grosse voix :

- Goyah m'a cherché. Il a eu raison. Le seul moyen de prouver que je suis plus fort que cet imbécile est de le battre, et ce dans les règles de l'art. J'ai reposé la mitraillette que j'avais quand je suis venu te chercher au Centre Pokémon de Verchamps pour prendre les Poké Ball et la serviette éponge qu'il me faut pour vous prouver ma supériorité. Il n'y a rien de plus à savoir.

Il appuya sur la grande poignée, passa un pied à l'extérieur, me laissant en plan dans ce couloir éclairé aux tubes fluorescents quand, malgré le stress qui me prenait à la gorge depuis ses mots, je lui déclamai :

- On est bien plus forts, et vous le savez très bien ! On a un Lugia, et un motherfucking Zekrom ! Si vous pensez encore arriver premier, vous vous fourrez le doigt dans...

Je fus alors interrompu par un ricanement. Son ricanement.

- Hin hin... On voit bien que t'es qu'un gamin.

Hein ?

- Crois-tu vraiment, qu'en connaissant l'équipe que vous vous trimbalez, le grand Dakim aurait été assez stupide pour vous défier de sortir vainqueur de cette journée d'ouverture ?

Ricanements again. J'eus peur de pas bien comprendre, sur le coup.

- Franchement. J'ai bien dit "atteindre l'objectif ULTIME", non ? J'étais certain que vous vous prépariez à arriver premier...

Il haussa les épaules, me tournant toujours les omoplates :

- Alors qu'il s'agit, en ce qui nous concerne, d'arriver deuxième...





[...]





WHAT ?!

Remarquant que la petite révélation a fait son effet, il enchaîna :

- Hé oui ; se donner le but d'arriver premier et l'être est facile et tellement pitoyable, que ce soit en s'assurant la victoire par la triche, l'entraînement ou quoi que ce soit ; alors que se donner le but d'arriver second et d'y arriver... Voilà qui est tout de suite plus corsé. Bien sûr, vu votre équipe rodée pour arriver premier dans bien des domaines vu l'arsenal, il serait impossible pour vous de ne pas atteindre la première place... Ni une place en-dessous sans être disqualifié si un quelconque manque de fair-play est observé de la part de ces chers arbitres. Le monde a déjà beau être dans notre poche... Ces tapettes ont un amour trop grand de l'esprit sportif pour ne pas laisser passer la moindre faute.

Neuf heures sonnèrent. Des trompettes retentirent ; la masse de gens qui arrivait éminemment en faisait presque trembler le sol. Dakim entra alors dans la lumière du stade :

- Ayez donc la médaille d'argent et vous saurez peut-être tout ce que vous voudrez. Au moins, vous aurez mon estime. Parvenez à n'importe quel autre résultat de chochotte, première place ou places en dessous... Et on épargnera peut-être bien le stade.

La porte couina et se referma sur ses mots :

- On se retrouve sur le podium, nullos.


*fanfare*
- Mesdames et messieurs, bienvenue à cette journée d'ouverture de la 16ème olympiade des Jeux Pokélympiques !

- Et oui Michel ! Nombreux sont les spectateurs cette année, et l'ambiance qui règne dans ce bon vieux Dôme Pokéathlon a de quoi vous faire palpiter la rétine et frétiller le cervelet c'est moi qui vous le dis !

- C'est donc sous ce soleil radieux que nous suivrons pour vous, en direct tout au long des prochains jours, le plus grand événement sportif international du lustre ! Cette année, comme vous le savez, est placée sous l'hommage à la nation hoennienne, et c'est dans le meilleur des esprits de compétition que les athlètes et Pokéathlètes d'aujourd'hui jouent pour ceux qui nous ont quittés. Qu'ils donnent tout pour ceux qui sont morts !

- Dis-donc Michel, vous n'y allez pas de main morte !

- C'est le cas de le dire, vu que moi, je suis encore vivant !

*rires gras*

- Après donc ce magnifique défilé de mini-short des pom-pom girls de Méanville, voici venir l'heure d'accueillir les artistes du Pokéathlon en scène !

- Comme vous le dites Michel ! Je rappelle d'ailleurs que les équipes qui ont été choisies pour cette journée d'ouverture ont été tirées au hasard parmi les équipes ayant remporté le plus de coupes ou ayant fait un sans-faute lors des compétitions quotidiennes organisées par le Pokéthlon. Une équipe hoennienne a été désignée par le sort, mais elle ne peut plus rentrer dans le stade à l'heure actuelle - à moins de se faire zombifier !

*rires gras*

- Une place restait donc vacante, et c'est avec surprise que nous apprenons ce matin-même qu'une équipe fut désignée pour la remplacer !

- Effectivement ! Et, tenez-vous bien Michel, il s'agit d'une team inscrite au nom de Goyah, le Maître de la Ligue Pokémon d'Unys !

- Eh bah dis-donc ! Ça nous promet de belles rencontres et de beaux jeux, Michel !

- Espérons surtout que les nouveaux venus dans la compétition seront à la hauteur de l'insurpassable Dakim !

- N'oubliez pas qu'ils sont cousins, Michel !

- C'est bien ce que je dis ! Qui n'est pas cousin ne mange pas le même pain du soir au matin !

*rires gras*

- Eeeeet oui Michel, puisque je tiens à rappeler qu'avec pas moins d'un millier de participations durant ces dix dernières années, le grand Dakim ne passe pas loin du record, et même du nombre de coupes remportées haut la main !

- C'est donc tout naturellement qu'il fut choisi pour être LA star de ces 16e jeux Pokélympiques ! Il est d'ailleurs le premier à faire son entrée sur le terrain : acclamez-le comme il se doit !

*tonnerre d'applaudissements et de cris survoltés*

- Regardez-le ; quelle entrée monumentale ! Mais voilà qu'il ne semble n'avoir rien foutre qu'on l'encourage !

- Vous savez Michel, Dakim a un lourd passé ; vu sa carrure, il peut faire ce qu'il lui chante ; personne n'est allé lui donner son avis, et je ne serais pas le premier.

- Quel athlète. Et regardez-moi ces Pokémon ! De vrais bêtes de concours !

- Mais la régie me dit d'accélérer, car voici venu sur le terrain les trois Dresseurs de Renouet !

- Comment ? Vous voulez parler de ces gamins qui suivent de près Dakim au niveau du nombre de coupes remportées ?

- Ha, pour Ludwig et Tcheren oui Michel, mais pour la p'tite Bianca, c'est grâce à son jeu impeccable et ses sans-faute enchaînés qu'elle accède en même temps que ses amis au tableau d'honneur des participants de cette journée d'ouverture !

- Les voilà donc qui entrent triomphalement, suivis de leur équipe Pokémon !

- Mais quand même, le niveau de classitude est moindre par rapport à celui de Dakim le grand !

*protestations gueulées depuis le stade*

- Ah, vous voyez, vous avez mis en colère le petit Ludwig ! Et arrêtez-donc, on ne va pas nous croire impartiaux, après ça !

- C'est toi, abruti, qui m'a dit de t'appeler Michel pour que ça passe bien auprès du boss !

- MAIS TAIS-TOI !

*zbaf*

- Hum hum, bien ! Il est tant d'accueillir la nouvelle équipe venue, à savoir celle de Goyah !

- Mazette ! Le voilà entrant triomphalement avec l'équipe qu'il a inscrite... Ne serait-ce pas Lugia et Zekrom que je vois ?

- Si, vous avez bien raison ! Doit-on être choqués ?

- Pas le moins du monde, non !

- Eh bien tant mieux !

*rire gras*

- Mais... Je crois ne compter que six Pokémon du côté du Maître de la Ligue !

- Tiens, on dirait que quelque chose remue le public du côté des sièges des rangs 100 à 200 !

- Je crois bien discerner un volatile, Michel ! Il vient de bondir par-dessus la rambarde et détale droit vers la dernière équipe qui vient d'entrer, celle du vieux à la chevelure de feu !

- Oui ! C'est... Mais... Hé... HÉ ! C'EST... C'EST CET ABRUTI D'AÉROPTÉRYX DÉPLUMÉ !

- M...Michel ! Calmez-vous ! Notre couverture, rappelez-vous !

- DÉCLENCHEZ L'ALER-

*zbaf*

- Bien ! Excusez-nous un instant cher public, spectateurs et téléspectateurs ; pour cause de problèmes techniques, nous reprendrons les commentaires dans quelques minutes, en attendant que les compétiteurs finissent leur entrée !


Après avoir laissé pas mal de plumes dans mon sillage tumultueux entre les gros touristes aux cornes de brume et aux draps peints de je ne sais quel slogan, je détalai effectivement comme un Lockpin en traçant droit vers notre équipe, qui s'alignait avec les autres au beau milieu du terrain d'athlétisme. J'avais pas le temps de contempler l'immensité des lieux, la circonférence pharaonique du stade, le million de personnes qui faisait déborder ce lieu d'humains, la frénésie qui n'attendait plus que d'être relâchée devant l'émerveillement des belles actions sportives ou même le fabuleux brasier allumé au sommet des gradins par la torche Pokélympique uniquement en cette occasion de J.P. ou pour les tournois de Ligue ; mon seul objectif était d'atteindre mon équipe qui s'impatientait de me voir toujours à la bourre. Je devais ABSOLUMENT les rejoindre à temps, premièrement pour ne pas nous disqualifier à cause de mon retard, deuxièmement pour lui dire qu'en fait, on n'était pas là pour gagner l'or. QUELLE CONNERIE, j'vous jure.

- Le v'là !

- Chris ! T'étais barré où ? On t'a pas vu dans les vestiaires !

Je ralentissais à peine dans ma course, arrivant finalement devant les pattes de Lugia, bien visible, et, tout en reprenant mon souffle, je bafouillai à l'attention toute l'équipe :

- Il faut... *tousse* Pas... arriver... en premier...

- Mais on est rentré en dernier dans le stade, comme on nous l'a dit...

- MAIS PAS POUR ÇA ! piaillai-je péniblement.

Quand, bien sûr, à ce moment :

- MESDAMES ET MESSIEURS NOUS REVOILÀ ON REPREND LE MICRO VEUILLEZ VOUS TAIRE NOW ON VA DONNER LES RÈGLES ET ON LES RÉPÉTERA PAS ! Mais avant la minute de silence pour Hoenn comme le veulent les Maîtres de la Ligue !

Chiottes. Forcément à ce moment. Je soupçonnai le fait qu'on les ai prévenus que j'allais tout balancer avant de commencer... Les trompettes sonnèrent à nouveau quelques coups ; le calme se fit parfait dans le Dôme Pokéathlon baigné des rayons du soleil. Malgré la présence de certains dieux de notre côté, et le fait qu'il y avait au final cinq équipes de six Pokémon tout de même, j'avais l'impression que nous étions minuscules au centre de la grandeur surprenante de la construction. Nous nous alignions donc tous, chaque Dresseur devant son équipe respective, baissant la tête, la main sur le coeur. Les 34 Pokémon présents firent de même ; et, en tant que 35ème qui était le seul qui avait un truc de crucial à dire, je dus encore une fois me la boucler, vu les circonstances. Nonobstant ce fait, ce fut une bonne occasion d'observer les participants, vu que repenser aux horreurs que Hoenn a subie ne m'aiderait pas psychologiquement.

Allons donc de la gauche vers la droite, là où nous nous trouvions, tous face à l'écran géant. Suivant l'ordre des entrées, le plus à notre gauche était Dakim, dans sa tenue zarbie, toujours aussi musclé et arqué, mimant sans aucun doute un recueillement avec cette main posée trop fort contre ses pectoraux. A ses arrières : un Libégon, dont la musculature me frappa, se tenait fièrement, ailes étendues ; un Métang, posé à terre, pattes mécanique repliées, semblait éteint ; un Grolem, qui, de sa tête rocailleuse qui sortait de sa carapace de pierre, regardait comment faisaient les autres pour les imiter dans leur posture solennelle ; un Laggron, qui, justement, portait bien, lui, sa main sur le torse solennellement, ses membranes qui servaient de détecteurs d'onde en alerte sur sa tête d'amphibien ; un Camérupt, fourrure de camélidé ébouriffée et cratères dorsaux rougeoyants, fermait les yeux ; et un Démolosse, adoptant une posture de vrai Pokéathlète sur ses quatre pattes, semblait prêt à hurler à la mort pour en rajouter une couche. C'était donc l'équipe avec laquelle il comptait nous affronter... On verra bien.
Venait ensuite Tcheren, ayant enfilé un jogging... C'en était risible tellement ça lui allait pas. M'enfin, en bon Dresseur à lunettes bien conscient de son rôle et tout et tout, il accomplissait la minute de silence à la perfection ; son équipe, qu'on ne présente d'ailleurs plus vu qu'elle ne changeait pas de celle que j'avais combattu à bord de l'Etoile d'Unys (Roitiflam, Léopardus, Feuilloutan, Tranchodon, Gigalithe et Déflaisan pour rappel), se comportait eux aussi comme l'exemple même de la bonne équipe de Pokémon loyaux. Au moins, c'est vite fait niveau description. Pour Bianca, troisième Dresseur compétiteur de cette journée d'ouverture... Disons qu'elle me paraissait toujours aussi gourde que la fois où je l'avais rencontré dans le Métro Combat. Certes, elle adoptait la même posture que tout le monde, certes, le même jogging hideux que ces amis de Renouet, mais un je ne sais quoi de maladroit trahissait sa personnalité. Je retrouvai son Mushana et son Shaofouine qu'elle avait utilisé lors de notre Combat Multi dans le métropolitain, et je vis par la même occasion qu'elle s'était ramenée avec un Flamoutan qui portait bien son allure simiesque qui brûlait d'envie de commencer, un Lugulabre, dont les flammes fantomatiques de candélabre restaient le plus impassible possible à l'invitation qu'on lui avait fait, un Clamiral aux moustaches dressées qui semblait avoir la lame facile et la nageoire caudale prête à virer les autres du terrain, et enfin un Mastouffe costaud, dont je peinai à discerner l'expression faciale devant tant de poils entassés d'où dépassait deux crocs.
A la gauche de la nôtre se tenait l'équipe de Ludwig. Lui aussi, sa personnalité débordante trahissait sa droiture exagérée dans sa position ; son sourire presque narcissique, qui semblait constamment dire au monde entier "Fuck yeah I'm a Pokémon Trainer" derrière sa casquette qu'il ne retirait décidément jamais, se voyait comme le nez au milieu de la figure. Son équipe ? Les spécimens que j'avais croisé devant les vestiaires, pardi. Le Typhlosion, dressé sur ses pattes arrières, le Trioxhydre qui avait ses six ailes repliées le temps de l'hommage, la Braségali, prête à sauter, à côté de sa copine Jungko, prête à bondir, le Majaspic, qui relevait la tête et se grandissait même les yeux fermés, et Arcanin, assis convenablement, la truffe humide et la crinière au vent. Bref, une équipe qui avait l'air de savoir dans quel plat elle mettait les pattes et, après tout, vu son leader humain, ça promettait.
Mais bien entendu, si on veut trouver l'epicness totale, fallait tourner son bec du côté légendaire : un Dragon bleu de cobalt et rouge carmin, tout Drakkarmin qu'il était, macho mais le valant bien, altruiste et sympathique comme tout, offrant un silence parfait qui valait de l'or parmi les autres silences plus ou moins réussis en cette occasion ; un Dracaufeu bien portant et plein de fougue, des étoiles dans les yeux malgré l'ambiance plombée, en train de vivre son rêve d'être un Pokéathlète et heureux de pouvoir montrer à tout le monde qu'on peut mener une équipe de secours et d'exploration tout en s'intéressant aux compétitions ; un, ou plutôt une fière Shaymin, qui comptait bien tout donner s'il s'agissait de sauver le monde et qu'il y avait de la gloire à y gagner, mais surtout afin de montrer qu'un buisson à pattes, c'est ptêt mignon, mais ça roxxe ; un beau grand Zekrom à la musculature scintillante d'un noir de jais, le générateur électrique caudal paré à décharger vrombissant, qui était tout content de participer, d'observer mieux ainsi l'espèce humaine mais surtout de pouvoir s'éclater un coup dans tout ce contexte macabre et triste ; finalement, un Maître des Abysses à blanches plumes aux reflets argentés, un Gardien des sept mers à la carrure de nageur nors-pair, un chouette volatile nommé dans les plus anciennes légendes, qui est prêt à faire tâter du plat de son aile et de ses plus de 5 mètres de haut dès qu'il aura finit de ressasser le passé.

- Je ressasse pas le passé ; je rends hommage. Et tu devrais en faire autant, au lieu de regarder les autres et les juger.

Nan. Pas envie. J'ai déjà assez donné. Et puis, avait Goyah, aussi ! Cet humain, cet homme, qui a vécu et qui vivra encore tant choses, rien qu'à voir sa figure ; ses cheveux ardents au vent, son visage carré assuré et réfléchis, ses rides du sourire marquées, ses ptites tatanes et son poncho léger. What a meneur.

Voilà ! J'ai fait le tour de tout le monde ! Hein ? Quoi ? Moi ? L'Aéroptéryx trop stylé que j'étais qui allait tout déchirer ? LULZ. A d'autres, mes amis, à d'autres. Et puis... Mes préoccupations, bien qu'elles concernaient en partie mon physique vu que ce n'était PAS mon corps, étaient surtout, pour le coup, de pouvoir ouvrir mon bec et dire aux autres de pas tout donner, quoi. Si j'avais l'occasion de les en informer.


*trompettes*

- Bien ! Mesdames et messieurs, passons maintenant au tirage au sort des trois premières épreuves, comme le veut la tradition de la journée d'ouverture !

- Hé oui Michel ; les trois premières épreuves viennent de sortir, la quatrième et dernière restant, comme tous les quatre ans, la fameuse Cours'Obstacles !

- Alors alors voici les résultats ! Dans l'ordre, les équipes se battront dans...

- Balle au but !

- Casse-Roc !

- Et Bataille-Neige !

*tonnerre d'applaudissements*

L'écran, tour à tour, nous présenta donc en un triptyque l'enfer sportif qui m'attendait : j'aperçus une terrain de football, des tas de briques, et une salle remplie de neige ; les trois images représentatives étaient surplombées par celle tout en long de la piste de course parsemée de haies.

- Que les équipes... Fassent leurs équipes ! IIs ont une minute pour constituer les équipes de trois Pokémon qui joueront chaque sport ! TOP CHRONO ! raillèrent les commentateurs.

Chaque petite troupe se rassembla alors autour de son dresseur attitré, et nous en fîmes de même. Goyah démarra sur les chapeaux de roues :

- Bon, les gars ! Pour la Cours'Obstacles finale, puisqu'on ira en finale, c'est clair et net : Zekrom, Lugia, et l'Aéroptéryx : vous volez et/ou courrez plus vite que n'importe qui ici. Pour la Bataille Neige : Dracaufeu...

Shaymin sautilla sur place, levant une petite patte blanche :

- MOI-MOI-MOI-MOI !

- Ok, vu l'enthousiasme, Shaymin. Et Lugia aussi, d'accord ?

- Aucun problème, assura posément l'Oiseau géant.

- Parfait. Pour le Casse-Roc, faut des musclés : Dracaufeu, Zekrom et le Drakkarmin. Et, pour commencer, l'équipe de Balle au But...

- MOI-MOI-MOI-MOI-MOI ! gesticula encore une fois Gratitude.

- Okay, toi. Drakkarmin, ça te convient ?

Caverne acquiesça d'un mouvement de tête anguleuse, certifiant :

- Vous pouvez comptez sur moi.

- Nickel... Et pour le troisième membre pour c't'épreuve...

Le temps imparti étant quasi-fini, je déblatérai à toute allure :

- Justement-on-n'a-pas-le-temps-je voulais-juste-dire-que...

- L'Aéroptéryx ? Ok ! s'exclama Goyah.

- SSSSSSSSTOOOOOOOOOOOOOP-P-P-P ! Le temps imparti est écoulé !

Damned.

- Parfait ! Nous allons maintenant rappeler les règles en ce qui concerne notre première épreuve : la Balle au But !

- Merci Michel ! Voici donc les règles ! Chaque équipe de trois Pokéathlètes débutera la partie devant sa cage attitré ; leur objectif est d'envoyer toute balle présente sur le terrain dans les cages adverses, tout en défendant la leur ! Le Dresseur de chaque équipe, en plus d'être gardien du but de son équipe, sera muni d'un micro pour donner des instructions ou signaler des ouvertures aux joueurs, eux-mêmes munis d'oreillette uniquement ! Une balle blanche dans un but remporte un point pour l'équipe du tireur, et une balle dorée équivaut à deux points ! L'équipe qui aura marqué le moins de points dans les 45 minutes de temps imparti se verra éliminée de la compétition !

Bien. Ça m'avait pas l'air trop compliqué, outre le fait que moi et les jeux de ballon, ça faisait quarante-huit. Surtout le foot. M'enfin... On demanda alors aux cinq équipes participantes de se déplacer vers le terrain approprié par les arches qui s'ouvrirent sous les gradins. L'équipe de Ludwig, Bianca, Dakim, Tcheren et la nôtre la passâmes donc, où un mec avec la tenue officielle des Jeux Pokélympiques nous donna oreillettes et micro-oreillettes au passage. Puis quelle ne fut pas mon étonnement quand, tout autour du pentagone de pelouse aux angles couverts par des cages de différentes couleurs qui allait nous servir d'arène, je vis des masses de spectateurs, ici aussi. A croire qu'il y en avait (et en aura) dans chaque dôme que nous croiserons. Les joueurs désignés, ainsi que leur maître, durent se séparer du reste de l'équipe, qui alla patienter sur les gradins. J'aurais bien pu avoir l'occasion de toucher deux mots sur cette fucking médaille d'argent durant notre changement de terrain, mais les commentateurs veillaient et n'autorisaient aucune communication entre les membres des équipes jusqu'à ce que le jeu commence, pour éviter des arrangements et/ou changements de dernière minute. Pas cons, les gars. Les haut-parleurs qui remplissaient chaque coin de libre nous crièrent :

- Que les équipes se mettent en place !

Sous le hasard de Goyah, puis sous les protestations de Shaymin et enfin les intuitions de Drak, nous prîmes le coin bleu du terrain, Tcheren choisit le jaune, Bianca opta pour le vert, l'équipe de Ludwig devint alors l'Équipe Violette, et celle de Dakim la Rouge. Il y eut donc un Drakkarmin, un Shaymin, et un Aéroptéryx devant la cage aux couleurs de l'océan ; un Tranchodon, un Léopardus et un Feuilloutan devant le but aux couleurs du soleil ; un Mastouffe, un Clamiral et un Flamoutan au-devant de celui de l'équipe aux couleurs sylvestres ; un Métang, un Libégon, et un Camérupt prêts à défendre corps et âme le coin aux couleurs du feu ; enfin, un Jungko, un Majaspic et un Arcanin, se dressaient fièrement alors que leur Dresseur casquetteux à la classe absolue rentrait dans le... heu... parallélépipède pas fermé sur une face... aux... heu... couleurs de... heu...

- L'améthyste ?

Ouais, voilà. Merci Lugia.

- Pas de quoi ! Donne tout ce tu as !

Tout le monde était placé dans ses cages, ou devant. Ça y est... Nous y voilà. On y était, dans ce pentagone de pelouse... La tension se faisait palpable, comme une bouteille remplie du gaz de l'excitation prête à péter. Alors c'était ça, l-

- G-G-G-GOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !

HEIN ?! DÉJÀ ?! Un bref coup de sifflet retentit, et ce fut la débandade. Une balle fut tirée au beau lieu du stade par je ne sais quel mécanisme dissimulé en un coup sourd, les hurlements s'emparèrent du public en faisant vibrer le dôme, et une furie inégalable s'empara des joueurs adverses : ils se ruèrent tous sur la petite sphère blanche gonflée, se battant crocs et griffes pour ne serait-ce que la toucher, le sol tremblant sous leurs coups. Soudain, la balle fut éjectée de la mêlée, fusa à travers le terrain, rencontra mon museau qui, immobile, était resté à observer les joueurs et pas à jouer. Elle me dégomma dans un nuage de plumes avec le "Oouuhhh..." des spectateurs compatissants et les blagues nulles des commentateurs, fila droit sur sa lancée, avant d'être stoppée nette par Goyah, le roi de la gobe. Il envoya la balle valser hors du terrain pendant qu'une autre était tirée, alors que je relevai à peine ma gueule plantée dans une motte de terre. J'entendis une voix puissante grésiller du côté de ma tempe droite :

- Chris ! Qu'est-ce tu fous ?! Relève-toi et fonce ! Drakkarmin, Shaymin ! Allez l'aider !

Rapidement, je sentis une patte crochue m'agripper les ailes et me redresser vivement sous les encouragements insultés de la petite boule de chlorophylle ; je remerciai mes coéquipiers et voulus ajouter ce que j'avais à ajouter depuis tout à l'heure, mais la seule réponse franche et directe que je me pris de la part de Drak dès que j'ouvris le bec pour un mot de plus fut :

- Écoute, on n'a pas le temps ! Faut marquer vite fait et bien ; si on n'en met aucun, c'est l'élimination d'office !

Il avait pas tort, pour le coup. Qu'on doive arriver premier ou deuxième, l'important, c'est de pas se faire éliminer dès la première épreuve.

- Allez les gars ! Un peu de nerfs ! insista Goyah dans les oreillettes, en alerte vu l'action que y avait de l'autre côté du terrain.

D'ailleurs, en parlant de l'autre côté du terrain :

- Et un point formidablement marqué par le Jungko de l'Equipe Violette, Michel ! Pendant ce temps, ça discutaille toujours du côté bleu !

- VOUS ALLEZ RAMENER VOS NOUILLES, OUI ? hurla Gratitude, trépignant d'impatience de se jeter dans la mêlée.

Sans plus réfléchir, je me remis sur mes pattes et courus rejoindre l'impatiente, Drak me suivant de près. Nous nous lançâmes alors dans la bataille. Courant le plus rapidement, et m'étonnant toujours autant moi-même dans ma vitesse, je fus rapidement chargé d'aller chercher les ballons qui s'enchaînaient les uns après les autres dès qu'un tir était manqué, arrêté ou gagnant. Courant avec dextérité et vigueur, flexible et agile sur ses puissants cuissots que je possédais, je galopai tel un Oiseau fossile à la poursuite de la sphère caoutchouteuse, esquivant du mieux que je pouvais les coups de pattes, de queue, de canines et de lame qui menaçaient de me faire perdre le monopole du ballon. Shaymin, elle, n'arrêtait pas de hurler comme une hystérique "LAPASSE-LAPASSE-LAPASSE !" et donc, dans bien des cas, c'est dans sa direction que je balançai un coup d'aile, d'appendice caudal ou de patte, lui envoyant le ballon qu'elle aimait tant. Elle prenait son élan, et, toute petiote qu'elle était, se carapatait en poussant la balle comme une furie, guidée par le Maître de la Ligue d'Unys qui la prévenait des attaques éventuelles. Voir la balle se barrer ainsi sans quelqu'un de quelque peu imposant à tacler derrière avait de quoi déranger certains Pokéathlètes, d'autant plus qu'elle était rapide et afficace, la bougre. Bon, moins que moi (hé hé hé *gonfle le torse*), mais fallait avouer qu'en voir certains se vautrer à cause d'un coup de patte dans le vide ou rester hébété quand la balle leur passait entre les jambes était comique. Gratitude, par contre, n'avait guère de force pour tirer vers les buts, et se faisait malheureusement contrer par tous les gardiens aguerris. C'était donc au tour de Caverne de jouer à ce moment là ; Shaymin s'arrangeait pour que Drak, le moins rapide d'entre nous (bien que loin d'être lent), puisse attraper à son tour le ballon, et, ayant une nette préférence pour le lancer à la patte antérieure plutôt qu'à la patte postérieure, tirait avec force et me vengeait en dégommant d'autres Pokéathlètes. Bref, du vrai travail d'équipe.

Les autres, justement, se débrouillaient plutôt pas mal et mettaient tous leurs points forts en avant : Clamiral renvoyait les balles à coup de coupillage, Tranchodon les balançait d'un coup de queue avec une puissance à vous emporter dans son sillage, Arcanin courait après et les ramenait à tous les Dresseurs sauf Ludwig, Majaspic les enroulait fermement pour pas qu'on les lui pique, Léopardus se faufilait silencieusment avant de vous les voler sans que vous n'y voyez quelque chose, Jungko faisait des bonds fantastiques, ballon entre les pattes, Mastouffe gardaient sa cage comme sa propre niche, Feuilloutan et Flamoutan lattaient tous les deux le mollet de tout le monde à coup de tacles...
En ce qui concernait l'équipe de Dakim, ils avaient leur technique bien à eux : Libégon, qui m'avait drôlement marqué par sa musculature notable et son air trop sûr de lui, se chargeait de tout ce qui concernait l'attaque, aussi bien de récupérer la balle que de la tirer ; Camérupt faisait pilier devant la cage de l'équipe rouge, et Métang se chargeait d'écarter tous les Pokémons qui chercheraient à reprendre la balle. C'était simple : ils avaient la balle, on pouvait déjà attendre la prochaine en espérant que Libégon ne choisissait pas de l'envoyer dans notre but, histoire d'affaiblir notre Dresseur gardien pour rien. A trois reprises, ils utilisèrent un combo particulier, consistant à récupérer la balle pour Libégon puis la placer dans un des cratères du Camérupt : le Pokémon Eruption tirait alors la balle dans les airs comme le ferait un canon avec un boulet, et Métang se contentait de faire une fantastique reprise de volée en assénant un coup de poing monumental. J'dis ça, parce que par ces trois fois, on s'est pris trois buts. ABRUTIS.
Les meneurs d'équipe, pouvant suivre le jeu sur l'écran géant pendant que nous volions et zigzaguions entre les tacles et les morceaux de terre fraîche qui volaient, nous indiquaient la route à suivre. A vrai dire, j'pouvais pas trop savoir comment chacun s'en sortait, vu que je me concentrai surtout sur le jeu ; mais, à entendre les exclamations, les râleries, les railleries, les encouragements, les pleurnichements ou les colères qui s'élevaient quand je passai pas loin d'un angle du pentagone de gazon, ça devait tout aussi carburer que chez nous. Notre homme à la chevelure de feu savait parfaitement nous manier, à mon avis, et savait se montrer d'une grande aide à tout moment, gardant son sang-froid et nous félicitant constamment :

- C'est Flamoutan qu'a la balle ! Fonce-lui dessus, Chris ! Fais gaffe, y a Libégon qu'arrive par derrière ! Vas-y, CHOPPE-LA ! Voilà ! Allez, cours, cours, cours ; côté vert, côté vert ! T'as Shaymin à trois heures ! Vas-y, PASSE ! Vooooilà ! Shay, à gauche ! 'Tention, y a Léopardus qui rôde dans l'coin... Attends... Attends... DROITE ! Nickel ! T'as Libégon à onze heures ! A DROITE ! Paaaarfait ! Vas-y ma grande, continue tout droit, à fond ! Drak, prends-la ! T'es qu'à vingt mètres des cages ! Fais gaffe, y a Tranchodon qui ramène sa poire ! Et Arcanin aussi ! T'as plus l'temps d'te rapprocher ! Ouverture ! VAZY, SHOOTE ! Allez ! ... Pas grave ; beau tir quand même ! Putain, elle arrive ! Je l'ai ! Je l'ai ! *bruit sourd et brutal* C'est bon ! Allez, la prochaine ! On va y arriver, les enfants ! Continuez comme ça ! Chris, à toi ! Shay, Drak, placez-vous !

Les supporters, choisissant leur camp au fur et à mesure du match ou des affinités qu'ils se trouvaient aux athlètes, scandaient moultes noms et faisaient frémir l'atmosphère de compétition par leurs cris et leurs cornes de brumes sonnantes. Mais, une des choses qui vous donnait encore plus de courage, c'était de passer à côté du coin de votre couleur, et entendre les rugissements pleins d'entrain qui s'échappaient des gosiers du Dracaufeu, du Lugia et du Zekrom, toujours avec vous par la pensée.


- C'est un match acharné auquel nous assistons dès ce début de journée, mesdames et messieurs ! Mais voilà que nous entrons déjà dans les cinq dernières minutes de jeu !

- Et oui Michel ! Un match acharné, mais Dakim mène toujours largement avec 24 points, tandis que nous retrouvons loin derrière Ludwig et Bianca, avec respectivement 4 et 3 points, alors que Tcheren n'a réussi à placer qu'une seule balle blanche !

- Ah, ils se battent du mieux qu'ils peuvent certes, mais on voit bien qu'ils ont du mal ! Mais, vous me direz, ceux les plus à plaindre dans le tas, c'est bien l'équipe de Goyah !

- Eeeet oui Michel ! Malgré une excellente synergie dans l'équipe et de belles occasions, tous leurs tirs ont été arrêté jusqu'à présent ! Moi qui aurais cru que les deux balles simultanées qui parcourent le stade depuis que nous sommes entré dans le dernier quart d'heure allait les aider... !

- Bah, faut bien croire que les équipes adverses ne comptent décidément pas avoir de boules dans leur cage ! Surtout vu leur tronche ! Enfin, rira bien celui qui se lève tôt !

*rires gars*

L'ajout d'une seconde balle depuis maintenant dix minutes n'avait fait qu'empirer les conditions de jeu ; avec une seule, c'était la rage absolue de 15 Pokémon sur une petite sphère et ça se jouait à qui survivra le plus longtemps le ballon entre les pattes, mais avec une deuxième, plus personne ne savait où donner de la tête. Résultat : on se rentrait dedans, on manquait des occasions, des buts étaient loupés pitoyablement ou marqués en catimini, pendant que tout le monde cherchait les deux ballons, quelque part...

- Bon les gars, va falloir se magner ! Il faut vraiment qu'on marque deux points minimum et empêcher Tcheren de marquer si on veut rester dans la course !

Couvert de terre, d'herbe, les muscles bouillants, des bleus sur le flanc et dans les mollets, un mal de crâne qui commençait à venir (*sigh*) et suant comme jamais, je fis un signe d'aile à mes camarades pour leur faire signe de ralentir et courus les rejoindre ; ils étaient, évidemment, dans le même état physique que moi.

- Va falloir trouver un truc pour marquer, les gens !

- Je sais bien, souffla Drak en plein effort, mais les gardiens sont plus que tenaces ! Sans parler des cages verte ou rouge, avec un Mastouffe ou un Camérupt planté devant !

- L'Equipe Violette, j'la sens bien affaiblie depuis quelques minutes et y sont pas des masses fortiche niveau goal ! s'écria Shaymin, ayant retrouvé sa mèche d'herbe rebelle durant la partie. On devrait réussir à percer de ce côté !

- Le problème reste toujours le gardien ! rappela Caverne. Le p'tit gars des Violets se débrouille plutôt pas mal, et les ouvertures entre les Pokémons qui te barrent la route viennent pas comme ça !

- Bah faut que tu trouves un moyen de tout défoncer pendant ton prochain tir !

Alors que 6 autres Pokémon s'arrachaient tous une balle dans leur coin, et que 6 autres couraient après une autre dégagée avec force, j'eus le réflexe de chercher frénétiquement du regard quelque chose d'autre sur le terrain... Quand je le remarquai, abandonné, sans aucun Pokémon qui se ruait dessus : LE ballon. Tout doré scintillant.

- Shay, Drak ! Restez ensemble et courrez vers les cages violettes ; Shay, j'compte sur toi pour te coller à la balle lors du tir, OK ? Tu me les exploses !

- Tu veux dire que...?!

- Ouais, je veux dire qu'il faut tout défoncer avec ce tir ! Donnez le maximum ! hurlai-je en sprintant vers la balle d'or.

En deux temps trois mouvements, je récupérai la balle, néanmoins plus grosse que les autres ; je donnai alors tout ce que j'avais dans une course effrénée vers la cage de Ludwig, même si les commentateurs ne tardèrent pas à remarquer que leur Aéroptéryx national était en train de se barrer aux yeux de tout le monde avec le ballon d'or.

- AAAAAAAaaaaaaaaaah ! C'est l'équipe bleue qui a remarqué la première que la balle à deux points étaient entrée en jeu ! SI ELLE MARQUE ELLE VA PAS ETRE ELIMINEE !

- QUE TOUT LE MONDE SE JETTE SUR CE PIAF ! hurla un des Michel du haut de sa loge, dans un sentiment de non-respect des joueurs et de sa couverture.

Je galopai alors comme un dératé vers mes coéquipiers qui se positionnaient dans le meilleur angle possible ; une floppée de Pokémon adverses venait droit sur moi...

- J'ai dit qu'on donnerait tout, alors on va tout donner ! gromelai-je tout seul, rageur.

Tout en continuant de dribbler, la balle d'or entre les pattes, je pris une profonde inspiration, me concentrai sur ce que je désirai balancer, et une brûlure caractéristique me prit à l'abdomen. Je crachai alors un Dracosouffle qui n'était pas sorti depuis longtemps. le brumeux rayon violacé atteignit tous ceux qui se jetaient sur moi ; je n'avais eu qu'à continuer de l'expulser et à tourner La tête pour les dégommer un par un ! Ha ha, qu'est-ce que c'était jouissif. Le terrain nettoyé ainsi assez facilement curieusement, je balançai la balle d'un formidable Cru-Aile en direction du Drakkarmin qui la voyait venir et la sentait bien. Lorsqu'elle passa à portée de Shaymin, elle bondit dessus, et la synchronisation avec le coup de poing Surpuissant de la part de Drak fut parfaite ; la balle dorée fondit vers le but de l'équipe violette à une vitesse phénoménale en emportant une étincelle chlorophyllienne avec elle. Ludwig, prêt à s'opposer à n'importe quoi qui voulait lui rentrer dedans, tenait fermement sa position, et s'élança pour contrer le véritable missile... La Shaymin-ball le toucha à peine qu'elle explosa dans la fulgurante onde de choc émeraude de la Fulmigraine.

- SSSSSSSSSSTOOOOOOOOOOOOOOOOOOP-P-P-P !

Les coups de sifflet de l'arbitre retentirent. C'est à ce moment que je remarquai que depuis que j'avais soufflé le peu de dragon que j'avais en moi, tout le public s'était tut.


La nouveauté, ça dérange. J'veux dire, à chaque fois que quelque chose de nouveau arrive ou est osé par quelqu'un, y a forcément des gens qui disent leur avis, et parmi eux, forcément des gens qui se la ramène en disant "SSSSSSSSSSSSTOOOOOOOOOOOOOOOOOOP-P-P-P !" et nous pointant du doigt. Bon, d'un côté, les trois quarts d'heure d'épreuve étaient écoulés ; mais d'un autre, l'usage d'attaques, de vraies attaques (notion qui restera toujours floue pour moi depuis mon combat contre l'Arceus de Solarius avec Zekrom, mais passons), ça, c'était nouveau. Le problème venait justement de là : à entendre les déblatérations des arbitres, les commentateurs choqués, les spectateurs impressionnés et les félicitations du Maître à la crinière de feu contre les protestations du cousin scandalisé à la chevelure rouge, il fallait croire que jamais personne n'avait songé à attaquer tel que nous l'avons fait, à utiliser des mouvements dont seuls les Pokémon sont censé avoir le secret. Et c'est ça qui me laissait dans l'incompréhension... PERSONNE N'A VRAIMENT EU LA FUCKING IDEA D'ATTAQUER REELLEMENT ? Bref. Tout le monde était sur son banc de touche, chacun à boire ses Drinks aux Noigrumes, attendant patiemment que ceux qui tenaient le sifflet autour du coup et les cartons rouge à la main se décident d'annoncer leur verdict sur ces évènements problématiques. Parce que, la seule petite chance qui nous faisait espérer, c'est que... On avait marqué, hé.


- Hum, hum. Mesdames messieurs, les abrut... Les arbitres ont débattus ! Après moults arrangements sous la table avec l'Equipe Jaune, puis compte tenu du fait de l'ignorance des règles qui avaient pourtant l'air assez implicites, du fait que l'Equipe Bleue joue en honorant la nation hoennienne, sous garantie de la parole à ses membres de ne plus jamais utiliser de tels mouvements et également parce que c'était quand même un putain de tir, les arbitres ont décidé d'accorder les deux points à l'équipe de Goyah !

*applaudissements et joie effervescente (surtout du côté bleu où tout le monde se saute dessus)*

- C'est ainsi Michel, que nous avons les résultats de cette première épreuve ! Equipe Rouge : 25 points ! Equipe Violette : 4 points ! Equipe Verte : 3 points ! Equipe Jaune : 1 point ! Et Equipe Bleue : 2 points !

- C'est donc l'équipe Jaune qui nous quitte sur cette épreuve, mais qui repart tout de même avec une machine à café Nespresslo et un coffret pour pour fabriquer soi-même ses pyjamas ! Applaudissez-les, ils ont été formidables !

*applaudissements et remerciements*

- Ah, mais cette équipe n'est rien comparée à celle de Dakim, ose-je le rappeler !

- Ozge ? Qu'est-ce donc là, Michel ?

- Un verbe, Michel, un verbe ! Vous devriez le savoir, pourtant ! Vous êtes tellement numismate le soir de Noël !

*rires gras*

- En tout cas, comme vous le dites Michel, l'équipe de Dakim nous a encore une fois démontré qu'elle régnait en maître de ces lieux depuis déjà un lustre, ose-j... Osons-nous le redire !

- Mais attendons donc de voir ce que nous réserve les autres concurrents !

- Oh, vous savez Michel, entre les "sans fautes" de Bianca, l'impudence de Ludwig et la chance de Goyah, j'ai plus l'impression que ce sera une dance party aux aurores avec des gens encore bourrés de la veille qu'autre chose !

*rires gras*

- En tout cas, que toutes les équipes se dirigent vers le stade suivant ! Vers... *consulte ses feuilles* Le Dojo, plus précisément, pour l'épreuve du Casse Roc ! A dans quinze minutes le temps de la pause, chers spectateurs, téléspectateurs, auditeurs et j'en passe !

- Ah, quelque chose me dit que c'te prochaine histoire va nous casser les pieds, Michel !

*Et encore rires gras*


Première épreuve, passée ! On y aura laissé quelques plumes, certes, mais quand vous regardez un peu le boulot que vous avez fait, vous ne pouvez qu'en être fier. Sans compter les supporters à la sortie du stade qui vous acclament vous et votre équipe, votre amical Dracaufeu qui vient vous mettre vos serviettes sur les épaules, votre bon Lugia qui vous aide à vous remettre de vos émotions, votre cher Zekrom qui vous accompagne chaleureusement jusqu'aux vestiaires, tandis que les nanas humaines se pavanent et piaffent en approchent les hommes aux muscles saillants, tout juste sortant de l'effort, et que les Pokémon nanas s'arrachent la moindre plume souillée que vous laissez tomber dans des hurlements d'hystériques. Tout convenait à tout le monde, y compris Shaymin et surtout Drak, mais j'étais légèrement abattu par le fait que les femmes sautent sur Goyah (qui n'était pas peu fier de son équipe et arborait de nouveau son grand sourire) et non sur... Enfin, qu'il n'y ait que lui qui profite de cette occasion pour faire plus ample connaissance... Bah, j'étais pas humain, après tout. Enfin, si, mais sur le moment, non... Rah, j'me comprends ; dans ses écailles, griffes, et plumes, j'me comprends.


Un rapide détour par les vestiaires (vides, hein (enfin, avec Drak et quelques autres quoi, mais voilà quoi)), parce qu'il fallait tout de même prendre sa douche, et même pas le temps de se poser cinq minutes que le quart d'heure de pause touchait à sa fin. Dans les couloirs du Dôme Pokéathlon, nous nous rendîmes tous les deux vers le dojo après avoir récupéré Shaymin au passage ; nous remarquâmes alors que les épreuves et tout ce qui se déroulerait durant ces jours de compétition était diffusé dans l'intégralité du bâtiment, des écrans TV se trouvant à quasiment chaque coin de couloir, couloirs dans lesquels se trouvaient toujours un banc ou deux. Nous hâtâmes quand même le pas, Drak jouant sa deuxième et dernière fois lors de l'épreuve qui arrivait. Zekrom et Fire, les deux autres Pokéathlètes qui représentaient le groupe aux couleurs de l'océan à participer au prochain sport, s'étaient rendus au Dojo directement avec Goyah après la Balle au But ; Lugia, quant à lui, s'était envolé par les cieux, et devait nous attendre dans le public, dans le box de notre équipe.


Alors qu'on se grouillait donc, histoire d'arriver à l'heure, je fus soudain pris d'une tenace envie d'aller aux waters ; chose qui, outre le fait d'être pressante, me choqua sur le coup. Sans plus tarder, je signalai que je devais aller pisser et que je les rejoignais une fois que j'aurais fini (autant être franc, hein), et je fis un détour par les premiers WC que je croisai sur notre chemin. J'y entrai sans demander mon reste, et allais me soulager dans la première cuvette (libre, hum) que je vis. Sérieusement, pourquoi j'avais envie d'uriner ? C'était bien la première fois depuis... Bah, depuis que j'ai quitté Verchamps, pardi ! Quand je l'ai quitté... La première fois ! Après avoir reconsidéré que ça faisait la quatrième fois en quatre phrase que j'utilisais le mot "premier", j'en conclus que ça, plus la première envie d'aller aux chiottes depuis le début de c't'aventure, ça ne pouvait que signaler qu'un truc allait se passer. Sinon, pourquoi m'y faire aller, sinon me faire perdre du temps ? Je finis rapidement (j'allais pas non plus y passer l'après-midi), me lavai rapidement l'aile dans la vasque à disposition (vu qu'uriner plus ou moins droit en ne pouvant que s'aider d'un aile, c'était pas facile), souhaitai une bonne fin de journée à trois autres Pokémon présents répartis dans les deux cabinets restants, et sortis vite fait bien fait des water-closet, me demandant pourquoi diable le Destin a voulu me faire passer par les toilettes alors que j'avais franchement autre chose à foutre.


Je me hâtai pour rejoindre le dojo, courant d'un pas svelte pour me faire discret, vu que les trompettes annonçaient déjà l'entrée des équipes sur les tatamis. Aller ! Plus que deux couloirs à traverser et j'y étais ! Je tournai rapidement au pénultième virage de ces couloirs pas franchement beaux et un peu mal foutus, quand je me pris quelque chose dans la poitrine et en tombai à la renverse. Une petite voix couina :

- Aïïïeuh !

- Hé ! Vous pouvez quand même regarder où vous allez !

Me frottant mon pauvre crâne qui s'était cogné dans le mur en tombant, je relevai le bout du museau, ne serait-ce que pour voir à qui j'avais à faire : quelle ne fut pas ma stupéfaction de trouver, voletant du mieux que ce petit Pokémon pouvait grâce à ses frêles ailes, le "Prince de Feu" qui s'était évanoui dans mes ailes lors de notre passage sur la place du marché à Oliville, et qui avait été envoyé par Purple Eye nous mettre des bâtons entre les pattes au Centre Spatial d'Algatia... Victini, quoi. Le petit, qui avait une voix de petit (peux pas être plus explicite), se frottait le bout de son nez :

- C'est quand même fort ! C'est moi qui vous...

Puis il releva le regard histoire de voir, lui aussi, contre qui il s'était cogné. Son visage s'illumina alors :

- Hey ! Vous ! C'est vous le Pokémon trop stylé qui m'avez sauvé dans cette ville !

- A... A Oliville ? Dans l'incendie place du marché ? Heu, ouais, c'est probable ! souris-je, gêné par le compliment.

- Merci ! lança-t-il tout joyeusement, avant d'adopter un air triste l'instant d'après. Et... Désolé, désolé pour les emmerdes que j'ai pu vous causer dans... Le Centre Spatial...Très très-très désolé...

Vu que le p'tiot était quasiment sur le point de fondre en larmes, je me dépêchai de lancer :

- Oh ! Mais, t'en fais pas, va, t'en fais pas ! Excuse-moi pour l'Anti-Air au... pot à crayons, si je me souviens bien ?

Victoire me reprit aussitôt :

- Oh, non, non, non ! J'l'avais bien mérité !

- Hé hé hé.

- Hé hé.

- ...

- ...

- Bah, j'ai un Zekrom à encourager, là, donc j'dois y aller.

Le p'tit gars au grandes oreilles qui lui formaient un V orangé sur le front s'exclama soudain :

- AH NAN JUSTEMENT ! Voilà ! Je vous cherchai, en fait, monsieur le Pokémon...

- Aéroptéryx.

- Ah oui ? Ok. Monsieur l'Aéroptéryx ! lança-t-il de sa mignonne voix de jeune Pokémon.

- Oui ? souris-je, montrant fièrement les crocs et gonflant les plumes.

- Voilà ! Comme j'ai préféré m'enfuir de... l'humain avec qui j'étais... Vous comprendrez pourquoi...

C'était vrai ; je me souvins que j'avais entendu ça quand j'étais dans ma cellule, dans le QG des abrutis de connard de merde. Le sympathique Victini continua :

- Hé ben, je me suis dis que ce que je pourrais dès que je serais libre, c'était d'aider ceux que j'ai pu embêter !

Je fus touché par tant d'attention, et le félicitai, vu que des Pokémon comme ça, à notre époque de brutes, c'était bien :

- Ah oui ? C'est très bien ça !

- Et, de plus, vous m'avez sauvé alors que j'avais causé un Incendie... Si j'avais pas croisé cet humain à toupie... Bref ! Je dois vous aider ! Et j'ai vu que vous jouiez dans cette compétition, alors me voilà ! m'annonça-t-il, tout fier, content et préparé de donner tout ce qu'il avait.

Ouah. Quel veine. C'était donc pour ça, les chiottes ?

- Eh bien... Effectivement, tu serais un atout de choix ! acquiesçai-je gentiment, non mécontent de pouvoir avoir les pouvoirs d'un Victini de notre côté.

- Ah oui... ? Vraiment... ? ne sembla-t-il pas comprendre au début, avant que ses yeux ne scintillent. Vous voulez bien ? GENIAL ! Vous verrez, avec moi...

Le jeune Pokémon Légendaire me fit un clin d'oeil, tendant simultanément sa minuscule et orange patte avant droite, ses micro-doigts formant le V de la victoire :

- La victoire est assurée !

Je souriais toujours au gamin tout de même Légendaire, le remerciant ne serait-ce que de vouloir nous soutenir. Mais... Attendez. La... Victoire ?

- Damned ! J'ai oublié de leur dire !

- Dire quoi ? demanda Victorieux, surpris par mon exclamation qui avait l'air de me mettre dans de ces états.

Les commentateurs faisaient des blagues nulles sur les membres de l'Equipe Bleue qui n'étaient même pas au complet avant de commencer, alors je lançai à Victini de me suivre jusqu'au Dojo, là où j'étais attendu. A tous les coups, j'allais pouvoir rien dire avant que ça commence... Zut. Arrivée devant le stade où allait se dérouler l'épreuve du Casse Roc, je tins la grande porte d'entrée au p'tiot Pokémon Psy/Feu qui me remercia d'un chuchoté "Merci Monsieur l'Aéroptéryx !" Je m'apprêtai à rentrer à mon tour quand je fus frappé de quelque chose : j'avais... J'lui avais vraiment dit de m'appeler... Aéroptéryx ? Et... Et pas Chris ? Soudain, je me rendis compte que, depuis les inscriptions, je ne savais pas où avait pu rouler mon haut-de-forme... Bah, j'avais autre chose à faire dans l'urgence, de toute façon.


Encore un stade complètement démesuré, construit pour accueillir des centaines de milliers de personnes, juste pour voir des Pokémon s'acharner à casser des tas de briques... Bref ; le stade, découvert lui aussi sous ce soleil d'été (bah, un toit en moins à construire, ça fait faire des économies, vous me direz), avait un grand tatami circulaire central, et tous les gradins étaient disposés autour. Sans m'attarder plus que ça sur une description de stade pokélympique de Casse Roc, je me ruai vers le coin de l'escouade Bleue par l'escalier principal, suivi de près par Victini, qui s'était rendu invisible. Bah ouais, que voulez-vous, y en a qui peuvent, et d'autres qui peuvent pas, apparemment.

- Ah, voilà enfin le piaf préhistorique qui vient combler le manque de panache de l'Equipe Bleue !

- Et oui, Michel ! Juste à temps pour les premières briques !

Je m'installai à la place qui m'était réservée, balançai quelques "ALLEZ FIRE ! VAZY ZEKROM ! DAYFONCAY TOUT ! TOI AUSSI, DRAK !" et laissai libre cours à l'arbitre de siffler le départ quand il voudrait. Sur le tatami... Les quatre teams qui restaient étaient déjà en place. Chacune d'entre elle avait le même matériel et le même espace : dans leur portion de terrain paillé était disposé deux "U" d'acier aux deux angles droits, retournés, et plantés dans le sol, parallèles l'un à l'autre ; à côté, leur Dresseur, jouxtant un tas de briques grises plutôt impressionnant. Les trois Pokémon de chaque équipe faisaient la queue, le premier positionné dans l'axe auquel les supports d'acier étaient parallèles, en face de l'espace les séparant. Lugia m'expliqua :

- Les Dresseurs doivent prendre les briques et les placer sur les barres de fer pliées que tu vois. Le Pokémon en tête de file doit alors casser toutes celles qui lui seront présentées. Si le Pokémon est au bout du rouleau, c'est au Dresseur d'agir et d'ordonner le changement de Pokémon : c'est au tour de celui se trouvant derrière celui qui cassait de devenir casseur. Ainsi de suite, durant les dix minutes qui vont suivre. L'équipe qui aura cassé le moins de briques sera éliminée ; et, bien sûr, les attaques telles que celles dont vous avez eu l'intelligence d'utiliser sont interdites.

Un strident coup de sifflet retentit alors, et les commentateurs se firent péter les cordes vocales :

- G-G-G-GOOOOOOOOOOOOOOO !

Et ça démarra sur les chapeaux de roues. Quartier Vert, Shaofouine se démenait comme une diablesse, cassant net toutes les pierres qui lui furent présentées avec ses long poils de pattes antérieures qu'elle agitait comme des fouets, pendant que Flamoutan et Clamiral attendaient leur tour en soupirant parfois devant les gestes peu assurés de leur Dresseuse. La fille aux cheveux blonds, elle, s'y prenait un peu maladroitement pour soulever et empoigner les briques, seules ou en petit tas (voire se faisait mal et gémissait), mais gardait une très bonne cadence et les plaçaient néanmoins convenablement pour son Pokémon Art Martial, qui faisait son boulot rapidement.
Côté Violet, l'heure était au Typhi. Le bougre, poings serrés, fracassaient violemment chaque roche plate que lui déposait le Ludwig enragé. Le Dresseur de Renouet n'avait sans doute pas digéré le fait d'avoir été battu à la Balle au But, et déversait toute sa rage dans les kilos de briques qu'il soulevait, en ayant la tête aussi colorée qu'un baie Tomato, avant de les verser à moitié sur le présentoir devant son Typhlosion. Mais, comme je vous dis, le Volcan à fourrure décimait chaque roc en une fraction de seconde sans broncher, même les doubles, voire les triples ; néanmoins, ils perdaient du temps parfois à cause de Ludwig qui avait les yeux plus grands que les muscles de Typhi ou qui en balançait trop à casser. Trioxhydre, en arrière, râlait à chaque seconde perdue, et Braségali, impatiente de casser du roc pour se venger des hommes au coeur de pierre, ne tenait pas en place.
Arc Rouge... On voyait le niveau de compèt', quoi. Dakim, lui, envoyait les briques à la chaîne, une par une, mais à une vitesse hallucinante ; son Libégon, décidément membre phare du groupe, déversait une pluie de coups de poings ultra-rapides (qu'on aurait pu nommer Pisto-Poing ou Mach Punch, mais passons), réduisant en miettes tous les Rocs comme on en mangerait au p'tit déj. Le Dresseur était tout aussi adroit et rapide que le Pokémon : le duo fonctionnait à merveille, et longtemps. Métang et le Grolem, qui patientaient sagement derrière sans broncher, avaient l'air de savoir que l'un d'eux ne passerait pas, vu que les dix minutes allaient s'écouler vite avec un Pokéathlète aussi bien entraîné que l'esprit du désert ailé qu'on avait sous les yeux.

Mais, si on désirait voir toute la fougue passionnée et la rage de vaincre qui animait un mâle sulfureux et fier de l'être, fallait tourner sa gentille petite tête de spectateur avisé vers le Dracaufeu de l'Equipe Bleue, et juste prendre les photos pour faire les pubs. Il explosait littéralement les blocs de pierre après blocs de pierre, d'une poigne ferme et impitoyable, la détermination brûlait dans ses pupilles ; on voyait bien le gars qui vivait un de ses plus grands rêves. Le Maître de la Ligue d'Unys n'était pas en manque non plus : fallait le voir les soulever, les tas de briques, pour qu'ils puissent être broyés. D'ailleurs, je fus impressionné de la force physique de Goyah ; il empoignait les tas avec une si grande facilité apparente qu'on eût dit que c'était aussi facile pour lui que de d'apporter des galettes de riz. Enfin, si Fire pouvait se donner autant, c'était tant mieux, vu que, comme me l'avait dit le Drakkarmin qui attendait son tour en troisième position, il ne fallait pas se faire éliminer... Pas si tôt dans la compétition, au moins. Et, si un Dracaufeu était capable de ça, qu'attendre du Zekrom, timide mais voulant donner le meilleur de soi et se défouler, qui était le prochain à passer au Casse Roc ! J'avais hâte.


Les minutes passèrent, et le nombre de briques cassées continuer de s'envoler pour certains, ralentissait pour d'autres. Bianca changeait trop souvent de Pokémon, ne voulant pas qu'ils se fatiguent de trop, Ludwig pas assez, voulant que Typhlosion, Braségali ou Trioxhydre donnent jusqu'à leur dernière limite. En fait, les concurrents sur la puissance mais aussi la longueur étaient Dracaufeu et Libégon ; tous deux étaient à un nombre briques cassées équivalents... Même si Fire avait tendance à faiblir, à force de s'exciter sur ces rocs. Goyah, voyant le résultat, lui avait demander de laisser sa place par deux fois, mais le meneur des W.T.F. n'en faisait qu'à sa tête, et s'acharnait encore plus. Alors Goyah, au bout de la cinquième minute, soit à la moitié du temps imparti, ordonna sans discuter à Fire qu'il devait s'arrêter car il n'en pouvait plus, et arrêta de lui donner de quoi casser : s'il refusait de laisser sa place, il nous ferait perdre du temps. Le Dracaufeu, dégoûté, rugit, mais rien n'y fit ; Goyah resta de marbre.

- Ah, je crois qu'on a un problème du côté des Bleus !

- Oui Michel, on dirait que le Pokémon n'obéit pas à son dresseur !

- Tiens donc ? Goyah n'aurait-il donc pas gagné ses badges ?

*rires gras*

- En tout cas, je vois le Dracaufeu quitter le tatami l'air en colère !

- Me dites pas qu'il jette l'éponge ?!

- Regardez ! Il sort du stade !

Voyant un tel acte de sa part, je rugis à mon tour :

- FIRE ! KESSTUFOUS ?! REVIENS !

Mais nada. Flamme, effectivement, jeta sa serviette éponge à terre, avant de s'envoler par le toit... Bah, qui n'était pas là, quoi. Je voulus me lever ; mais je fus stoppé par la grande aile du Gardien des sept mers, qui le regardait s'envoler en plissant ses ailerons sourciliers :

- Nan. Bouge pas. Laisse-le un moment, et restons avec notre équipe.

- Il a l'air vachement vénère quand même, souffla Shaymin, avant d'hurler "ALLEZ GROS NUL !" à Zekrom, qui s'avançait en lieu et place de son prédécesseur.

Mouais. Ca ne me plaisait guère, de le laisser chercher cette solitude, mais je faisais confiance à Lugia. Je me rassis, et essayai de me reconcentrer sur ce qu'il se passait au milieu du stade, dans ces nuages de poussière ardoise : la vue de Zek qui assénait son premier coup sur les paquets de rocs, qui volaient en éclat sous le choc, me remit dans la frénésie du supporter plus que rapidement.


On entrait dans les deux dernières minutes de Casse Roc, et les rocs se faisaient de plus en plus durs à casser pour tout le monde. Les Pokémon à Bianca n'avaient même pas le temps de montrer ce qu'ils pouvaient faire jusqu'au bout qu'elle demandait le changement sur le coup du stress ; Ludwig, à force d'en mettre partout, parcourait inlassablement son quartier violet pour ramasser les roches éparpillées par ses conneries ; Zekrom, faisant son boulot simplement comme un dieu (après tout, c'en n'est-y pas hein, hé hé hé), perdait tout de même en dextérité dans ses mouvements à force que le temps s'écoulait. Goyah, lui, enchaînait toujours les paquets de pierres plates, mais redoutait à l'idée de faire passer Drak, vu qu'il avait déjà dépensé certaines calories dans l'épreuve précédente. Malgré tout, les résultats affichés sur les écrans affichaient pourtant un écart croissant entre le score de notre groupe aux couleurs marines et celui des Rouges. L'activité du côté du cousin antagoniste était constante et bien menée, elle : changeant tout compte fait de Pokémon, mais uniquement pour une dizaine de secondes, Libégon défonçant du rocher pendant quarante autres secondes, les gens méchants dans c't'histoire étaient sacrément bien entraînés et savaient laisser leurs concurrents à la ramasse. Bon, au moins, on était assez loin de Ludwig et Bianca pour nous assurer une participation au prochain sport, mais voir l'abruti d'imitateur du style de coiffure et des accessoires de notre meneur gagner toute en tranquillité, ça me mettait en rogne.

- Bon, bah j'y vais ! couina una jeune voix venue de nulle part.

Je sursautai, me cognant l'appendice caudal contre le banc, et manquant de trébucher sur Minshya, qui se gêna pas pour le faire remarquer :

- HEY ! Fais gaffe, mon pote !

- Zut ! J'avais oublié Victini ! soufflai-je, sans prêter attention à sa remarque.

Puis le bec ivoire situé quatre mètres au-dessus de nos têtes, après avoir levé un de ses blancs doigts plats vers le tatami, remarqua d'un air dubitatif :

- Il... Il y est pas allé, n'est-ce pas ?

Mettant un temps à comprendre qu'il savait pour Victini, Voix de la Raison oblige, je réagis :

- De qui ? Victini ? Bah si.

- Prêter... son pouvoir ?

- Je suppose.

- A... Zekrom ?

- Bah, il est dans notre équipe, non ?

- ...

- Quoi ?

- Je perçois une once de déception, mêlée d'une profonde incompréhension au pourquoi du comment... me murmura Shaymin, regard planté sur le bec de Lugia, qui savait apparemment mieux s'y connaître que quiconque en analyse de regards.

Soudain, un bref éclat lumineux venant de Zekrom me titilla le coin de l'oeil. J'eus à peine le temps de tourner le museau vers le lieu de cassage de brique que Plongeon conseilla, blasé :

- Planquez-vous.

Bah ; c'est vrai que là, tout de suite, sur le moment, on comprend pas. Je veux dire... Un léger, et pas bien voyant, halo de lumière dorée, qui recouvre comme un voile aussitôt évaporé Noir Idéal... Et puis plus rien.

- Aaah, on dirait bien que l'Equipe Bleue a encore des problèmes !

- A 30 secondes de la fin ?! C'est-y pas possible une équipe pareille Michel !

- Et pourtant Michel, je crois bien que si ! Zekrom ne bouge plus d'un poil !

- D'une écaille, vous voulez dire, oui !

- J'en sais rien, Michel ! Chuis pas allé le tâter !

*rire gr- hurlements de fillette sur fond de rugissement du tonnerre*

Ah, quand on en entend un comme ça, on sait déjà qui c'est. Les pupilles du grand Dragon noir de jais s'étaient brusquement dilatées, et il nous sortit un formidable cri présentant au stade entier voire au Dôme la puissance des cordes vocales de la bête, avant que la soudaine puissance acquise aille se contempler dans ses membres antérieurs si singuliers. Non pas que la démonstration de sa musculature fut en manque de laisser coi de base, mais là, je ne sais quelle force en décupla l'efficacité sans quelconque signe physique... Si ce n'est celui que Zek martelait avec une force titanesque tout ce qu'on lui ramenait question briques, son appendice caudal tournait à plein régime et s'illuminait de ce fabuleux bleu électrique ; il envoya valser les supports d'acier par ailleurs. Les débris et pierres broyées fusaient jusqu'au deuxième rang, et je compris alors mieux le conseil de Lugia lorsque j'esquivai de justesse un bout de parpaing qui menaçait de me refaire la face. Notre Dresseur à la fougueuse chevelure accueilla à bras ouverts ce "léger" gain d'énergie, et s'en donna à coeur joie, balançant les kilos et les kilos de briques restantes comme on balancerait des platées de nouilles à un Ronflex. Dans le vacarme assourdissant des coups de poings dévastateurs de ce cher Zekrom déchaîné, où même le public et les commentateurs ne s'entendaient plus, on voyait ce monstre de force démolir toutes les briques qu'il pouvait trouver, si ce n'est démolir le sol même, incapacitant tous les autres concurrents, dont le cousin antagoniste en particulier, qui hurlait au dopage.
Dopage.

Et après, on s'étonne qu'on veuille arriver deuxième.


Bien heureusement, le "pouvoir" de Victini "prêté" à Zekrom fut à court terme. Parce que sinon, je savais pertinemment que c'est moi qui m'y collerait pour le calmer, et ça allait faire des histoires, bref, ça a pas duré (trop) longtemps, alors c'était tant mieux. A en croire le grand bestiau noir après expérience, ça donnait même la pêche, ce qui expliquait pourquoi il pétait la forme (LOOOOOOOL HUMOUR DRÔLE LOOOOL *hum* Pardon.) Finalement, après qu'il se soit calmé, et que tout le monde se soit rendu compte que le temps imparti s'était terminé pendant le massacre des ardoises par l'autre grand Dragon, là, les arbitres étaient partis délibérer... Une fois de plus à cause des récents évènements, et surtout à cause du soudain et violent défonçage de tatami. Un arbitre vint même demander s'il pouvait faire une prise de sang à Zekrom pour le test anti-dopage réclamé. Noir Idéal lui demanda de répéter parce qu'il n'avait pas très bien compris ; on lui répéta. Le Dragon Idéal mit en évidence sa queue splendide, croisa ses pattes en gonflant le torse, déploya ses ailes, rajouta un grand sourire plein de crocs blancs, foudroya le gars du regard, et lui demanda à nouveau de répéter parce qu'il n'avait pas très bien compris ; on lui répéta qu'après tout, un Drink à la Noigrume rouge pouvait suffir. Bien qu'amusé et surtout surpris par une telle capacité d'intimidation de la part de ce cher Dragon légendaire, je lui fis la remarque que je ne le pensais pas capable d'être aussi... professionnel ; il me rétorqua en haussant les épaules, un sourire en coin, qu'après tout, on ne se connaissait officiellement que depuis hier soir.


On quitta donc le stade-dojo assez vite, ceux qui pouvait passer par les couloirs prenant les couloirs et ceux qui ne pouvait pas prenant la voie des airs, et nous nous dirigeâmes tous vers la sortie du Dôme Pokéathlon. En effet, la pause déjeuner, aussi bien des athlètes que de la masse de spectateurs, devait avoir lieu à cette heure selon le programme de cette journée d'ouverture. Et quoi de plus normal pour un complexe de la trempe du Dôme Pokéathlon que de se faire dérouler la pause déjeuner en dehors de ses murs ?

- Mesdames et messieurs ! Si vous le permettez, avant que vous alliez casser la croûte après ce Casse Roc...

*rires gras*

- Voici les résultats de délibérations des arbitres ! A vous Michel !

- Merci Michel ! A la vue des contrôles anti-dopages négatifs et que rien d'apparent ne s'est produit outre normalité durant l'épreuve du Casse Roc en ce jour, ils déclarent Zekrom parfaitement lavé de toute tricherie et mettent le soudain excès de puissance sur le compte de la rage de vaincre !

*applaudissements et effervescente joie, surtout du côté du couloir des supporters de l'équipe Bleue*

- Eeeet oui Michel comme vous le dites ! Ils s'en sortent encore bien !

- Voici donc les résultats à l'issue de cette épreuve ! L'Equipe Verte sort troisième de ce classement, l'Equipe Rouge seconde et l'Equipe Bleue première !

- Equipe Bleue qui enregistre d'ailleurs un nouveau record mondial, mais passons.

- L'Equipe Violette voit donc ses chances d'arriver sur le podium réduites à néant Michel ! C'est dommage, mais faut bien des perdants !

*rires gras, suivi d'injures de la part d'un certain Dresseur*

- A dans une heure top chrono pour l'épreuve de Bataille Neige, mesdames et messieurs ! Et guten Appetit, yarrhh !

*rires gras*


- Lugia ?

- Oui Shaymin ?

- Tu peux me passer le poivre s'te plaît ?

- Heu... Oui, bien sûr, tiens. Mais pour quoi t'as pas demandé à Zekrom ? Il était plus proche.

- Elle peut toujours aller se brosser pour que je lui donne quoi que ce soit.

- Voilà pourquoi j'ai pas demandé !

- Vous avez un problème vous deux ?

- ABSOLUMENT AUCUN ! protestèrent-il en chœur.

- C'est comme ça depuis que je les connais, lança Drak en après avoir avalé une gorgée d'eau, et si tu veux mon avis, c'est pas prêt de finir...

Puis, en engloutissant un sandwich entier qui traînait sur la table de pique-nique :

- Churtout vu la pimbêche qu'il che coltine, ch'le comprend.

- IL A UN PROBLÈME, LE MACHO ?

- Hé ho, doucement, s'il vous plaît ! s'interposa l'invisible Maître des abysses en se baissant entre Caverne et ses remarques, Gratitude et ses récriminations et le paquet de chips et ses chips. Vous n'allez pas commencer vos histoires à deux Pokés alors qu'on vient d'accéder au podium !

- Mouaich, rétorqua Minshya en faisant voler sa mèche, qu'elle avait définitivement gardée. C'est pas faux. Mais faut que les gars y mettent un peu du leur aussi, alors !

Zekrom poursuivit, sans se soucier du conseil de la motte de pelouse coiffé d'une délicate Gracidée, plein d'entrain :

- On a même peut-être nos chances d'arriver premier et de rabattre le claquet au connard !

Je m'étranglai avec mon noyau d'Abriko, avant de le recracher sans aucune classe et de faire signe d'attendre que j'ai fini en levant l'aile :

- *tousse* DEUXIEME ! *tousse* JUSTEMENT ! *tousse* ON DOIT ARRIVER DEUXIEME ! *tousse*

L'incompréhension s'empara d'eux sur le moment : j'les comprends.

- Nan, mais vraiment ! défendis-je mes propos en remuant avec insistance mon museau écailleux couvert de jus de baie de haut en bas. J'ai été accosté par Dakim - l'abruti du jour - avant la cérémonie d'ouverture ; c'est pour ça que j'ai été retardé d'ailleurs !

Au fur et à mesure que j'expliquai, ils eurent peur de comprendre : j'les comprenais, j'avais été dans le même cas.

- Et donc justement, l'objectif ultime selon ses dires, c'est d'arriver second. Avoir l'argent intentionnellement. Enfin, la médaille quoi.

- Mais c'est débile ! s'écria Shaymin, du haut de ses vingt centimètres.

- Faut avouer que c'est surprenant, ajouta Lugia du haut de ses cinq mètres d'invisible, mais... D'une certaine manière, ça peut se tenir.

- Donc... Faut qu'on perde ? demanda Zekrom de ses trois mètres de hauteur.

- Nan, nan ; je pense que c'est juste qu'il faudrait qu'on arrive à doser lors de la dernière épreuve... songeai-je. En supposant que la prochaine épreuve Pokélympique élimine la moins bonne équipe, comme jusqu'ici. Si c'est le cas, on continue de tout donner, mais c'est lors de la Cours'Obstacles qu'on va devoir gérer le truc.

- Faudrait demander à Goyah ; il doit s'y connaître un peu plus que nous niveau règles du Pokéathlon ! remarqua Drakkarmin en le cherchant du regard.

Je me redressai, assis sur notre bon vieux sol (vu que les minces bancs des tables de pique-nique l'étaient trop), et montrai d'une griffe, l'aile tendue, l'homme à la cinquantaine, masse chevelue flottant au vent, qui était accoudé à la rembarde de la plate-forme sur laquelle nous nous trouvions, construite au bord de la falaise où se dressait le Dôme Pokéathlon. Le Maître de la Ligue d'Unys y contemplait l'océan ; après qu'il eût mangé un morceau avec nous, avec sa bonne humeur qui lui était revenue, il s'était retiré "un moment", et restait là-bas depuis ce temps.

- J'veux bien aller lui dire, mais j'ai pas envie de le couper en pleine réflexion, piaillai-je.
Le Gardien des sept mers, qui s'était donc revêtu d'invisibilité (vu qu'on était sorti du complexe sportif où tout le monde se fichait qu'il y ait un Légendaire qui pique un sprint), déclara :

- Je vais aller lui en toucher deux mots. Par contre, Chris, ça serait bien que t'ailles prévenir Fire pour cette histoire de deuxième : tu le retrouveras pour qu'il soit pas en retard pour la Bataille Neige comme ça.

Sur ces mots, les pas lourds de l'Oiseau de quelques centaines de kilos se dirigèrent vers le Goyah pensif. Drak se fourra un autre sandwich dans la gueule, Shaymin étalait ses plantes au soleil tous pétales dehors, et Zekrom, assis, regardaient attentivement les gras touristes humains qui gavaient leurs Pokémon tous aussi gras. Effectivement, je devais être le seul à n'avoir rien d'autre à faire que d'aller chercher le Dracaufeu.

- Bon, j'y vais alors ! prévins-je en me remettant sur mes pattes et me secouant les plumes. Quelqu'un a une idée d'où est-ce que ce cher Flamme a pu aller ?

- Qui ? demanda la bouche pleine le Dragon aux écailles carmins proéminentes, interloqué.

- Fire, soufflai-je. C'est son nom d'espèce ; les Dracaufeu sont des Pokémon Flamme.

Zek, en pleine observation, ne laissa pas passer cette remarque et tourna sa tête de notre côté :

- Hein ? Des espèces ?

- Bah oui, des espèces, quoi ! m'exclamai-je, comme si c'était évident. Qu'est-ce qu'il y a ?

Il fit mine de se frotter la mâchoire inférieure, comme un humain le ferait avec son menton pour se donner un genre songeur :

- Hmmm... Vous nous classez donc par espèces ?

- Disons que comme les humains ont tendance à vouloir que chaque chose soit rangée dans certaine une catégorie...

- Mais nos noms vous suffisent pas ? objecta Drakkarmin, des miettes entres les crocs.

Vu que je ne trouvai rien d'autre à répondre, d'un côté parce que mes études n'avaient pas approfondi ce sujet et surtout parce que j'avais un Dracaufeu à retrouver en un quart d'heure, je rétorquai :

- Écoutez, si vous voulez en savoir plus, je pourrais toujours vous passer le Pokédex, sauf que pour ça, je dois trouver le meneur d'équipe de secours qui l'a. Donc est-ce que oui ou non vous savez où se trouve Fire ?

- Nan ! sourit Zekrom. D'ailleurs, vous m'excuserez, mais y a une famille recomposée qui vient de partir vers le stand de glaces, et si je la suis pas j'vais la perdre de vue ; vous m'attendez là, j'reviens !

Noir Idéal, qui restait sous son alibi de Métamorph hors du Dôme pour tous ceux qui posaient la question, s'envola sur ses mots. Bien que ça ressemblait à une excuse à deux balles, mais aussi parce qu'elle pouvait très bien se valoir, cette excuse, je ne vis rien à redire. Drakkarmin, lui, s'excusa :

- Non, désolé ; j'ai pas vu Dracaufeu depuis qu'il a quitté le dojo en colère.

Chiottes. Ca allait être facile, tiens. Puis le Destin m'envoya à ce moment-là le Dresseur de l'équipe qui avait dernièrement été déclarée hors compétition. Ouais, c'est bien ça ; l'excitation mêlée de rage faisant briller ses yeux, rhabillé vite fait mal fait avec son style vestimentaire qui ne rappelait absolument pas le petit village de Renouet, sa casquette fétiche vissée sur ses cheveux châtains, Ludwig pilonnait le bitume de ses pieds et arriva vers nous en me pointant du doigt.

- TOI ! hurla-t-il en faisant sursauter les deux dragons (mais pas Shaymin, qui ronflait).

J'le savais bien, qu'à chaque fois que j'le croisais, ça se finissait mal pour moi, j'le savais bien... Je jurai, le voyant ainsi débarquer vers moi en particulier, puis il m'agrippa par une aile en signalant au Drakkarmin qu'il me lui empruntait, m'emmena dans un recoin sombre et me hurla au bec :

- OÙ EST-CE QUE T'AS FOUTU MON TYPHLOSION ?!



[...]



Hein ?

- Mais... Tu viens pas me voler dans les plumes parce que t'as perdu ? Ou même pour me balancer aux flics ? Ou même pour me capturer ? Ou même...

Le Dresseur de Renouet, enfonçant ses mains dans ses poches, lança :

- Nope. De une, j'ai pas perdu, c'est vous qui avez gagné, de deux, j'ai EV un meilleur Aéroptéryx avec une meilleur nature que la tienne - même s'il a pas autant de swag que toi j'm'en branle -, de trois, j'balance pas les honnêtes Pokémon aux flics, et de quatre...

Puis, nous eûmes tous les deux une révélation. En même temps.

- Wait, se rendit-il soudain compte.

- Pourquoi est-ce que la police a pas débarqué... commençai-je, méfiant.

- ...depuis le temps que tu participes ? finit-il, surpris.



[...]



- BREF, lança-t-il en revenant au sujet, et en se remettant à crier par la même occasion. OÙ EST-CE QUE T'AS FOUTU MON TYPHLOSION ?!

- Rha, mais arrête de crier, j'te dis ! rugis-je en retirant ses postillons de mon Ruban Joie et du mini-Glas Tempête, toujours aussi solidement accrochés. Pourquoi est-ce que je t'aurais pris ton Typhlosion ?

Ludwig croisa les bras et me relooka de haut en bas :

- J'en sais rien, justement. Un Pokémon parlant tel que toi n'aurait rien à faire de me voler un Pokémon pas parlant tel que Typhi. Mais pourquoi j'ai vu ton pote le Salamèche évolué se barrer avec lui, alors ?

Je m'étranglai tout seul :

- WHAT ?! D'où que Fire c'est barré avec Typhi ? Quand ?

Le jeune m'informa :

- Bah, c'était t'al'heure, quand on sortait du Dôme pour aller manger. Après être passé aux vestiaires, j'attendais Typhlosion à la sortie, tout le reste de l'équipe dans la poche, et... Bah il en n'est pas sorti. Donc j'ai cru qu'il était sorti avant moi, et j'suis allé vers la sortie ; et j'ai vu ton pote Dracaufeu qui se barrait avec MON Typhlosion dans un couloir ! Y avait du monde et tout, donc j'ai pas pu courir les rattraper ; donc j't'ai cherché, et j't'ai trouvé.

- Maismaismaismais... J'le cherche aussi, Dracaufeu ! m'écriai-je. Personne dans l'équipe l'a vu après qu'il se soit barré pendant l'épreuve !

- Seriously ?! s'exclama le Dresseur. Alors on est tous les deux dans la même merde !

- On peut dire ça comme ça... Sauf que nous, on doit le retrouver avant la prochaine épreuve ! piaillai-je, alerté.

- Hé, ho, ça me ferait chier d'avoir perdu un Pokémon moi aussi, hein, rappela-t-il tristement.

- Où est-ce que tu les as vu pour la dernière fois ?

- Viens, j'te montre ! lança-t-il en m'agrippant de nouveau l'aile.

Ludwig me traîna sur plusieurs mètres avant de remarquer que je pouvais tout de même marcher tout seul, et je le suivis ; nous passâmes le porche d'entrée et fûmes de nouveau dans le Dôme aux couleurs criardes. Fallait retrouver Fire en moins de dix minutes.


Le complexe dans lequel se déroulait les Jeux Pokélympiques était totalement vide de vie durant cette heure. Seules les gentilles dames de la réception et leurs petits hauts parme restaient à l'accueil, ou alors les allers-retours des gens qui empruntaient les WC. On traversait le hall sombre éclairé aux tubes fluorescents et aux projecteurs (alors qu'ils auraient pu mettre des fenêtres, mais bon) en courant sur nos semelles ou griffes quand une voix masculine calme héla :

- Hé ! Ludwig !

Nous dérapâmes tous les deux sur le sol lustré ; le Dresseur de Renouet tourna la tête vers celui qui accourait vers nous, et quelle ne fut pas notre surprise de voir le second Dresseur de Renouet, Tcheren, arriver ainsi.

- Tcheren ! Qu'est-ce tu veux ?

- Tu n'aurais pas vu Bianca ? Je souhaite la féliciter mais également l'encourager personnellement pour les épreuves passées et celle qui est à venir...

- Nan, nan, j'l'ai pas vue, désolé ! Mais faut qu'on se grouille là ; j'ai paumé Typhi !

Le Dresseur à l'épi rebelle fit de grands yeux derrière ses verres de lunttes, avant de réajuster ces dernières :

- Excuse-moi ? Tu... as perdu un de tes Pokémon ?

- Aux dernières nouvelles, ce serait plutôt un ami à moi qui l'aurait "emmené", rajoutai-je en complément d'information. Et oui, je suis un Pokémon qui parle, mais c'est compliqué à expliquer, donc chut.

Semblant ne rien comprendre du tout, Tcheren, après s'être penché sur mon cas, se redressa, remit son col de veste, et se proposa, incrédule :

- Heu... D'accord. Si vous avez besoin de mon aide, je suis là.

- C'EST TROP SYMPA DE TE PROPOSER MON P'TIT TCHEREN ! s'enjoua brusquement Ludwig, qui attrapa le bras de son ami et l'entraîna avec nous. Viens par là !

Après que Tcheren ait aussi fait remarquer qu'il pouvait se déplacer par lui-même sans avoir besoin qu'on lui déforme sa manche, nous suivîmes donc tous les deux en trottant derrière le Dresseur de Pokémon à casquette, qui n'arrêtait pas de trifouiller je-ne-sais quoi dans sa sacoche en bandoulière à cause du stress. Il nous conduisit vers le Dojo, me faisant repasser pour ma part par les couloirs que j'avais traversé lorsqu'on avait annoncé les résultats du Casse Roc. Personne n'entravant notre route à cette horaire, il s'arrêta alors vite devant l'entrée d'un couloir proche de l'entrée du stade où Zekrom avait défoncé du tatami, et nous le montra :

- C'est par là que je les ai vu partir.

- Là où ils les a vu pour la dernière fois, expliquai-je au Dresseur à lunettes qui nous avait rejoints sur la route.

- Les ? me reprit Tcheren, n'ayant pas tout suivi.

- Ouais, mon Typhlosion et son pote Dracaufeu, renchérit Ludwig.

- Eh bien, allons-y, dans ce couloir, répondit son ami humain. S'ils y sont allés et y sont toujours, ils ne peuvent pas en partir sans repasser par ici, vu qu'il n'y a que la salle d'entrée du Dojo au bout.

Nous pénétrâmes donc dans le couloir qui n'avait rien de plus que les autres couloirs, si ce n'est qu'il avait bouffé deux Pokémon. A peine les plumes du bout de ma queue y avait pénétré elles aussi qu'on entendit un cri :

- Y a quelqu'un ?! Vous pouvez nous ouvrir, s'il vous plaît ?!

Avec cette ambiance calme, mystérieuse, et sans un Miaouss, forcément, ça nous a fait sursauter, Ludwig et moi ; Tcheren, lui, garda son calme et nota à voix haute, se tournant vers la première porte sur notre droite :

- Ça vient de ces toilettes.

Tiens, les revoilà ! C'étaient les chiottes pour Pokémon qui m'avaient grandement aidées avant de tomber nez à nez avec Victini, ou devrais-je dire l'instrument du Destin pour me faire rencontrer Victini. Et... En effet, le "cri", à bien y repenser, c'était la voix rauque de Fire. La différence avec tout à l'heure avec ces waters-closet, c'est que maintenant, y avait une barre de métal placée transversalement qui en bloquait l'ouverture de l'intérieur.

- Fire ! T'es là ?

- Ah, Frère Plume ! Tu tombes bien ! Tu pourrais nous ouvrir s'te plaît ?

- "Nous" ? Typhlosion est avec toi ?

- Ouais, je suis là, balança une autre voix masculine.

Je signalai alors aux Dresseurs que c'étaient les voix de "mon" Dracaufeu et de son Typhlosion, répondis à ces derniers qu'on allait les sortir de là, et Tcheren empoigna la barre d'acier reluisante quand Ludwig eut une révélation et se jeta sur son ami d'enfance :

- Attends, STOP !

- Quoi ?

- Typhi... Seul avec un Pokémon mâle... Dans les chiottes... Ça te dit rien ?

Ah. Ça. C'est vrai que, maintenant qu'il le disait... Tcheren ne broncha pas, fixant Ludwig du regard en mode "Are you serious ?" Ludwig faisait un grand sourire et j'entendis le Dracaufeu se marrer et le Typhlosion plaisanter :

- Ouais, bien sûr ! Tu vois, Fire, c'est de ce type de dresseur là que j'te parlais ! Ceux qui passent des heures de leur vie à faire de la bicyclette devant la Pension !

Le Dresseur en question, qui ne comprit bien sûr rien aux paroles de son Pokémon, continua à développer son idée en chuchotant à l'oreille Tcheren, toutes lèvres en avant :

- Si tu veux mon avis, et surtout parce que ça risquerait de choquer une petite nature telle que toi, laisse cette barre où elle est et laissons-les tous les deux faire leurs affaires.

L'ami à lunettes répliqua du tac au tac, blasé :

- Ecoute, Ludwig, je sais que ton Typhlosion à ses préférences, mais c'est pas en y voyant du cul partout et tout le temps que ça va te changer en bien. Aussi, vu ce que tu m'en dis, ça m'étonnerait qu'il se soit donné la peine d'aller se cacher pour "faire ses affaires" comme tu dis ; en second lieu, rien ne te dit que le Dracaufeu n'approuvera ses avances, si toute fois il en a à lui faire. Tertio, en chose la plus notable, la porte n'a pu être bloqué ainsi que de l'extérieur, donc de quelqu'un qui a tenu à ce qu'ils restent là. Donc, à moins que tu ne m'interrompes encore avec tes histoires immatures, peut-être pourrais tu m'aider à libérer ces deux Pokémon ?

Je jugeai préférable pour ma notoriété de ne pas parler des préférences de Fire, vu qu'on me prendrait pour quelqu'un qui enfoncerait le doigt là où ça fait mal. Enfin, en rajouterait, quoi. Sans plus tarder, les deux humains débloquèrent la porte des waters en extirpant le tuyau qui avait tout de même bien été coincé ; j'ouvris la porte, et nous trouvâmes donc le Dracaufeu et le Typhlosion, debout, prêt à sortir, tous propres et tout. Normal, quoi.

- Merci bien ! nous sourit Flamme. Des abrutis nous ont fait une blague ! En tout cas, content de te revoir, Frère Plume !

- Heureux de te voir heureux, Fire ! plaisantai-je en lui donnat un coup d'aile.

Des abrutis... ? Bon. Si ce n'est qu'une vile plaisanterie pas drôle.

- Typhlosion ! bondit Ludwig en allant prendre son Pokémon dans ses bras. J'espérai tellement que tu n'aies fait de mal à personne !

- Tout est bien qui finit bien, conclut Tcheren, content pour nous. Mais... J'aimerais bien savoir pourquoi quelqu'un a bloqué la porte ? Et qui ?

C'est alors qu'une fanfare de trompettes fut jouée, loin derrière tous les murs qui nous entouraient. Elle fut suivie du brouillis sonore qui émanait des haut-parleurs, d'où l'on arrivait à comprendre tristement les commentateurs :

- Mesdames et messieurs ! Nous espérons que nous avons eu un bon déjeuner...

- Ah ça oui c'était bon Michel !

- ...et nous vous attendons impatiemment pour l'épreuve de Bataille Neige, qui se déroulera ici, dans le stade Sports d'Hiver, dès qu'on jugera que la salle est assez remplie ! *éternue comme un gros dégueu* Ah, je m'enrhume déjà, moi !

- Heureusement, je vous ai apporté votre petit cache-nez, Michel !

- Ah ! Merci ! *se mouche avec*

*rires gras*

A peine avions-nous entendu le souffle des cuivres que nous savions que le devoir nous appelait. Tcheren se proposa de nous conduire au stade des Sports d'Hiver, sachant apparemment où il se trouvait. Dracaufeu fut ravi, vu que lui en particulier ne devait pas être en retard ; Ludwig fut d'accord, se proposant à son tour pour retrouver Bianca dans le public ; le Volcan à pattes de ce dernier n'y vit pas d'inconvénients ; j'allai également accepter son offre, quand une voix de mignon Pokémon venant des WC que je ne pensais plus jamais revoir m'appela :

- Monsieur Aéroptéryx !

- Je... Heu... Allez-y, je vous rejoindrai ! De toute façon, moi, j'ai ma place de gardée, alors... ! balbutiai-je en essayant de montrer les crocs gentiment, dérangé par cet appel qui tombait mal.

Ils ne cherchèrent pas à perdre plus de temps, et ils partirent assister à l'épreuve. Pour ma part, je tournai les talons vers les lieux d'aisance, me demandant que diable Victini avait à me...

- Aïïïeuh !

- Dah ! Victini ! Excuse-moi ! J'avais pas vu que t'étais juste derrière moi ! Et puis, avec l'invisibilité... Désolé !

- C'est pas grave, Monsieur l'Aéroptéryx, j'ai l'habitude maintenant ! me sourit Victorieux, redevenant visible dans un scintillement doré, se frottant le bout de son nez.

- Mais... Qu'est-ce que tu fabriquais dans les chiottes, toi aussi ?

- Je ne suis pas au courant de ce qu'il a pu se passer entre les deux Pokémon que vous venez de sortir, Monsieur l'Aéroptéryx ! se défendit le bout'chou de Pokémon, agitant ses grandes oreilles. Je ne les ai que entendu parler !

- Mais, j'te pas parle de ça, voyons ; je veux juste savoir si t'as été enfermé toi aussi ! Et où t'étais passé après ce que t'as fait à Zekrom ?

Le p'tiot plissa ses paupières devant ses grands yeux saphir, se frottant la tête :

- C'est tout confus dans ma tête, Monsieur l'Aéroptéryx... Après avoir aidé votre ami le grand Dragon, j'ai voulu aller boire un coup parce que j'avais soif ; je suis entré dans ses toilettes, et je me suis évanoui comme une pierre... Et, là, je me suis réveillé sur un de ses trucs qui fait "shlouf".

- Heu... Ah ! La chasse d'eau !

- J'en sais rien comment qu'ça s'appelle, moi ! rétorqua-t-il, me rappelant qu'il était encore jeune. A un moment j'ai été réveillé par un humain qui est entré et a dit aux Pokémon que vous venez de faire sortir qu'il était ici, mais il a refermé la porte juste après, et on pouvait plus sortir, et comme je connaissais pas ces Pokémon, je suis resté invisible, parce que j'avais peur qu'ils soient méchants, mais après ils ont parlé tranquillement, en attendant que quelqu'un se rende compte que les toilettes étaient fermées, mais bon après je sais même pas si...

- Ok, stop, stop, tu parles trop vite, calmai-je le Victini en cessant son débit de parole ; j'ai même pas le temps de voir les contradictions dans ton témoignage pour mon contre-interrogatoire. Tu me dis donc que tu as retrouvé tes esprits sur la chasse d'eau, et que tu as été réveillé par un homme qui est rentré ici, avec les deux Pokémon que nous venons de sortir, c'est-à-dire Dracaufeu et Typhlosion ?

- Oui ! approuva Victini. L'humain a crié "Il est là !" d'un air comme si y avait quelque chose qui allait mal, le Drakofeuh et le Tiflozyon sont entrés, ont dit qu'il n'y avait personne, et l'humain a claqué la porte derrière eux, puis l'a bloquée.

Donc quelqu'un aurait attiré Fire et Typhi ici, en prétextant que quelqu'un avait besoin d'aide dans ces toilettes : une fois les Pokémon entrés, on a fermé la porte derrière eux. Ok. C'était ça, "la blague" dont Flamme m'avait parlé.

- Et... Tu sais pas comment tu t'es "endormi" ?

- Nan Monsieur l'Aéroptéryx ! Je ne sais pas, ça ! C'est tout flou dans ma tête ! me rappela-t-il en faisant la grimace.

Zut. Bon. J'avais un Dracaufeu, un Shaymin, et puis aussi et surtout un Lugia à soutenir lors d'une bataille de boule neige, alors entre ça et rester devant des toilettes pour Pokémon qui étaient apparemment pas lavées tous les jours vu le fumet, je comptais pas rester plus longtemps ; surtout que les commentateurs n'allaient pas tarder à remarquer mon ret-

*trompettes*

- G-G-G-GOOOOOOOOOOOOO !

- Et les règles, Michel ?

- Quoi, les règles ? Faut balancer de la neige aux autres ! Z'avez besoin d'autres explications, Michel ?

- Heu... Nan ! Et vu qu'on n'attend plus ceux qui font chier... !

- Bah alors G-G-G-GOOOOOOOOOOOOOOOO !

*enthousiasme du public*

Ah ? Bah ils attendent plus les retardataires, en fait.

- Bon, si t'as plus rien à me dire, on va pas perdre plus de temps !

- Nan ! Plus rien à dire ! m'assura Victini joyeusement.

Je me préparai à sprinter jusqu'au prochain terrain, cherchant des yeux un plan des lieux :

- Okay, on y va alors ! Juste le temps de savoir par où...

- Vite alors, déjà qu'on est en retard !

- T'inquiète pas, au pire, ils vont nous attendre encore un p-




[...]




WAIT A MINUTE.

Y a quelque chose qui clochait. Victini entre dans les toilettes, il s'endort... Dans les mêmes toilettes, entre toutes celles du bâtiment, quelqu'un attire Flamme et Volcan dans ces mêmes toilettes, et les y enferme... J'eus une révélation :

- Heu, Victini... Est-ce que tu as ressenti quelque chose avant de t'évanouir ?

- Oui ! On m'a frappé un gros coup !

WHAT.

- HEIN ?! sursautai-je, devant tant d'innocence. MAIS... MAIS C'EST POUR ÇA QUE TU T'ES ÉVANOUI, VICTINI !

Le p'tiot Victorieux pencha la tête sur le côté, une main devant la bouche :

- Ah bon ? Ça fait s'évanouir, un coup ?

- Mais oui, par Arceus, oui ! m'écriai-je, désespéré. Si on t'a assommé, c'est que y avait une bonne raison !

- Mais... Pourquoi ?

Je rentrai comme une furie ce qui étaient décidément les chiottes de la journée, envoyant valser la porte qui resta tout de même sur ses gonds, et cherchais fiévreusement de mon regard reptilien la moindre chose qui n'allait pas, en expliquant l'évident :

- Parce qu'on voulait pas que tu vois un truc, Victini ! Quand on assomme quelqu'un qui rentre dans une pièce, c'est qu'on veut pas qu'il soit témoin, si on veut pas le tuer ou le kidnapper !

- Bah, y avait rien d'anormal, essaya de me rassurer le jeune Légendaire, à part la chasse d'eau ! Bon, j'vais chercher sur le plan où est ce stade !

- HEIN !? COMMENT ÇA, "A PART LA CHASSE D'EAU" ?!

Je me jetai dans les premiers cabinets venus (après tout, y en avait que deux dans ces toilettes) : je sautai sur la cuvette (glissante), évitai de regarder dedans, et me précipitai sur la chasse d'eau, l'actionnant...




[...]




Rien.

- C'est dans les autres toilettes ! cria Victini de l'extérieur.

Sans plus de mots, je m'élancai vers la cuvette d'à côté, glissai sur le rebord de cuvette encore chaud, et m'accrochai de tout mon poids sur la manivelle, qui enclencha le dispositif.





[...]





Le dispositif de chasse d'eau. Genre de l'eau qui coule dans les latrines pour les laver, quoi. Remarquez, y en avait besoin.

- Mais... Y a aucun problème ! piaillai-je.

- Ah bon... ? C'est normal que ce soit là ?

- Bah... Oui. C'est une chasse d'eau quoi.

- Mais... Elle est pas différente des autres chasses d'eau ?

- Négatif...

Soudain, je sentis que l'aile avec laquelle je venais d'activer le lavement de la cuvette était couverte d'une substance sirup... Han nan... Me dites pas que c'est ce que je pense... C'est... Dégueulasse...

- J'ai rien dit ! Elle était différente... lançai-je, faisant la grimace, jurant contre le Destin qui m'aura finalement trempé les plumes dedans. Dah, pourquoi t'as pas pu le dire plus tôt, avec des mots concrets plutôt que de me dire juste "différent" ?

- Bah... Je sais pas comment ça s'appelle... Et comme ça ressemble pas à du caca !

- C'EST DU SPERME, MON JEUNE AMI ! piaillai-je, me baignant l'aile dans la vasque qui nous était mise à disposition, pour nettoyer les désagréments que peuvent être les sécrétions de l'organisme sur mos mimines.

- Et c'est quoi ?

- Liqueur fécondante ! brailla mon instinct scientifique. Tu sauras ça quand tu devras le savoir !

Je geignis, maugréant contre l'espèce innomable qui s'était essuyé la patte à cet endroit. C'est vrai qu'en y repensant, j'les avais salué, la première fois que j'étais venu ici... Je déteste les toilettes publiques. J'astiquai mes ailes en pleurant sur mon sort devant le miroir accroché au mur, ne pouvant que contempler ma reptilienne face d'Aéroptéryx des anciens temps qui déprimait à l'idée de devoir ses lisser les plumes le soir, quand mon attention fut attirée par le reflet d'une couleur anormale dans ces lieux d'aisance. Je frémis. Je laissai tomber mon lavage, fonçai dans le cabinet que je venais de quitter en envoyant valser cette porte-ci aussi.

- Alors ? T'as fini ? On peut y aller ? voulut savoir Victini, entrant dans les toilettes en volant avec ses petites ailes.

Je me relevai doucement, frissonnant et jurant intérieurement, pestant encor eune fois contre le Destin de m'avoir fait connaître ces WC publics en particulier entre tous les autres WC publics du monde, tout simplement par ce qu'un abruti de connard de merde avait eu la FRANCHEMENT BONNE IDEE de choisir l'espace entre la cuvette et le mur pour y planquer sa bombe.


- C'est pas une chasse d'eau ?

- NAN, C'T'UNE FUCKING BOMBE !

- Mais c'est vous qui m'avez dit que...

- OUBLIE C'QUE J'AI DIT !

C'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai ! J'avais beau prier pour que ce satané, foutu, maudit pavé de noir reluisant, avec son petit compte à rebours vert électronique, là, ne soit pas là ou soit juste un jouet pour gamins de très mauvais goût, tout dans ma tête me ramenait à la réalité même, autrement dit que cette boîte était bien explosive et était encore l'oeuvre des malfrats qui me narguent depuis le début de la semaine. Le Prince des Jeunes Insouciants volait tranquillement autour de moi, apparemment pas conscient du danger :

- Je pensais bien que c'était grave !

- Pour sûr que ça l'est !

- Qu'est-ce qu'on va en faire, Monsieur l'Aéroptéryx ?

- Mais rien du tout, mon p'tit, rien du tout ! répliquai-je, levant les ailes au ciel. J'y plonge pas les pattes pour être encore tenu repsonsable du meurtre de milliers de personnes !

- PARCE QUE ÇA TUE ?!

*sigh*

- Je savais que ça cassait tout, enchaîna le p'tiot, mais je pensais pas que des gens...

Avec son air triste et prêt à pleurer, Victini ne finit pas sa remarque. Suivant le compteur, il restait 03 : 01 : 34. Et vu comment ça défilait, autant dire qu'on avait trois heures. Je ne savais pas quoi faire, moi... Prévenir tout le monde en accentuant le fait que je cause, donc que je correspondais bien à l'ennemi public n°1 ? Se barrer en courant et en laissant tout le monde crever ? Essayer de débrancher la bombe ? Mais avec la chance que j'avais, c'était même pas la peine d'y penser...

- LUGIA ! piaillai-je soudain.

- Q-Qui... ? chouina le Pokémon au V sur le front.

A ce moment, on entendit des pas précipités derrière la porte des waters, qu'on avait refermée par précaution, en attendant de trouver une idée à propos de WHAT WE ARE GONNA DO WITH A BOMB. J'espérai sur le moment que cette idée, c'est elle qui arrivait en talons, à entendre les pas précipités qui s'approchaient. Mais, à entendre au fur et à mesure la voix excentrique qui balançait une excuse tout en se dépêchant de venir, j'eus peur que non. Nous eûmes à peine le temps de sortir du cabinet qui abritait la bête et de refermer la porte de ce dernier derrière nous délicatement (parce qu'il valait mieux pas risquer de faire trembler quoi que ce soit) que celle des WC valdingua sous le coup de pied d'une semelle compensée ; Victini redevint invisible sur le coup. Et alors nous nous retrouvîmes face à face. Avec cet... individu.

- Désolé les mecs, j'étais en retard à cause d'la transmission d'un album des ABAB trop groovy que captait mon ghettoblaster ! Let's dan- DAAAAAAAAH ! TOI !

Bouledisco. Toujours aussi disco au niveau de la coupe afro gargantuesque que de la veste aux paillettes dorée assortie au pantalon pattes de Donphan et des lunettes de soleil roses aux verres en forme d'étoiles.

- DAAAAAAAAAH ! LUI ! renvoyai-je en retour poliment.

- Vous vous connaissez ? demanda Victini, dubitatif.

Puis, cet individu peu fréquentable et moi, en même temps :

- ON PEUX SAVOIR C'QUE TU FAIS LÀ ?!

Sauf que discoman rajouta "MEC ?!" à la fin.

- Je participe aux Jeux Pokélympiques comme un honnête gars, moi ! piaillai-je. C'est plutôt à toi de t'expliquer !

- Je viens voler des Pokémon comme un méchant gars, mec ! brailla-t-il. Où sont le Dracaufeu et le Typhlosion promis par Jack ?!

Jack ? L'un des sbires imbécile de l'organisation ? Sur cette remarque, je lui criai :

- On les a libérés y a un bout d'temps, j'te signale !

Avant de rugir, en désignant de l'aile les waters qui allaient pas tarder à péter :

- A TOI DE M'DIRE POURQUOI Y A UNE BOMBE ICI !

Sur ces mots, Bouledisco hurla comme une fillette, avant de refermer brusquement la porte sur nous. Alors que le p'tiot Victorieux était en train de comprendre que nous étions enfermés, je bondis sauvagement sur la porte, toutes griffes dehors :

- AH NAN HEIN ! TU VAS PAS ME LAISSER LÀ !

Faut croire qu'il avait pas prévu cette situation, discoman, vu qu'il bloquait la paroi pivotante sur ses solides gonds en s'appuyant dessus. Mais quelle force quand même, sacrebleu. Pendant que je chargeai incessamment et que lui tenait du mieux qu'il pouvait, je l'entendis criailler :

- Allume-toi, satané talkie-walkie ! Et puis, avec l'autre nouille qui est partit se prendre une glace, y a plus personne de joignable ! Jack ! Jack ! T'es là toi ? Jack ! Pourquoi est-ce que tu m'as foutu le colis dans les mêmes latrines que Bill a foutu le plastic, mec ?

*- Quoi ?! Il l'a pas foutu dans les chiottes des vestiaires ?!*

- C'est pas ce que me dit le piaf préhistorique groovy qui est lui aussi dedans !

*- QUOI ?! IL EST LA-DEDANS ?!*

- Et il y est toujours, mec ! J'le coince ! Ramène-toi, j'suis en train de perdre le rythme là ; j'vais pas tenir pendant trois heures !

*- Je peux pas ! Y a pas que ce foutu piaf qui avait besoin d'aller chier !*

- Va falloir faire quelque chose alors, parce que je vais pas pouvoir le laisser ici ! Le Boss le veut vivant ; et avec la petite merveille à compte-à-rebours qu'y a à côté des pissotières dans les latrines où ce piaf de malheur cogne, crois-moi qu'il va y avoir du son si on le lui ramène en compote !

Puis la communication coupa. J'avais beau insister, Bouledisco était plus costaud qu'il en avait l'air.

- Je peux aider ? Un CoupVictoire et on en parle plus ! se réjouit Victini, qui commençait déjà à être chaud pour exploser la porte.

- On a déjà assez d'une bombe à même pas trois mètres ! rappelai-je au petit téméraire. On tente aucune attaque, c'est trop dangereux !

Et l'autre gus à talons qui tenait bon, lui non plus ne sachant que faire. J'abandonnai, prenant des dégâts et me fatiguant inutilement. Je posai mon arrière-train d'emplumé sur le carrelage de ces toilettes, réfléchissant, quoi que pas mal perturbé par le compte-à-rebours qui me clignotait dans les yeux depuis que je l'avais remarqué et par Victorieux qui s'imaginait bientôt ne plus l'être.

- Fuo ho ho ! Tu peux bien arrêter de frapper à la porte, sale piaf, mais c'est pas pour autant que je vais faiblir ! Je compte bien te garder là... Jusqu'à ce que je trouve quoi faire de toi !

Le seul moyen que j'avais pour communiquer avec l'extérieur... C'était d'essayer de trouver la Voix de la Raison, dans ma tête. Chose que je n'avais jamais fait... Car cette fois, c'était bien moi qui avait besoin de lui, et qui devait rentrer en communication. VITE.


Ou pas. Disons qu'au bout d'une dizaine de minutes à penser "Lugia... Lugia... Voix de ma Raison... Voix de la Raison... S'il-te-plaît... Répond... Lugia... LUGIA PUTAIN REPOND ! Nan, allez, calme-toi. Lugia... Lugia, entends-moi..." et à n'entendre rien d'autre que les battements d'ailes de Victini qui avait décidé d'explorer les toilettes (étant persuadé de trouver quelque chose qui allait nous aider), Bouledisco à se ronger ses faux ongles et les cris éloignés de haut-parleurs (vu que personne n'avait eu l'apparente intelligence d'en mettre dans les toilettes pour que ceux qui s'y trouverait bloqué avec une bombe et un Victini à cause d'un timbré doré à paillettes puissent voir comment celui qu'ils n'arrivent pas à joindre par télépathie se débrouille au lancer de boules de neige), j'abandonnai de ce côté là aussi. Je ne savais franchement plus quoi faire.

- Est-ce que ce serait trop te demander d'au moins me dire ce qu'il en est de la compétition ?

Après qu'il se replaqua brutalement contre la porte, Bouledisco resta silencieux quelques instants, et m'annonça clairement :

- Il reste cinq minutes mec. D'après nos gars qui jouent aux commentateurs, c'est l'Equipe Rouge qui mène, suivie de l'Equipe Bleue puis la Verte. Lugia balance des tonnes de neige à tous ceux qu'il croise, ton ami le Dracaufeu met à bien son type pour résister aux assauts et Shaymin est quasi intouchable. Vous êtes seconds surtout parce que Lugia est facile à voir et à toucher, en fait. Et surtout parce que le Laggron de notre cher Dakim vous met la pâté.
D'abord agréablement surpris qu'il accepte, puis m'imaginant ensuite joyeusement mes trois compagnons se donner à fond sur le terrain, j'hésitais, avant de lancer assez fort pour qu'il soit sûr de m'entendre :

- ...Merci !

Sa réaction en se fit pas attendre :

- HÉ, VA PAS TE FAIRE DES MUSIQUES ET T'IMAGINER QUE JE SUIS TON POTE, MEC ! J'COMPTE BIEN TE LIVRER AU BOSS ! J't'ai donné les infos que tu voulais tout simplement parce que c'est pas ça qui va t'aider en quoi que ce soit à sortir de là !

Je ne répondis rien ; je songeai juste au fait que si je n'arrivai pas à avoir Lugia par télépathie, c'était peut-être parce qu'il ne pensait pas du tout au fait que je pouvais avoir besoin de lui, et qu'il devait plus se concentrer intégralement sur le jeu. Et après tout, rien ne pressait véritablement : je veux dire, on avait pas loin de 2 : 44 : 21 restantes ; la Bataille Neige qui avait lieu serait largement finie d'ici là, des gens, où même mes coéquipiers, viendront, et je serai libre !

- De toute façon, remarquai-je à notre geôlier improvisé, tu seras obligé de me laisser sortir, ou même d'ouvrir cette porte ! Ton boss a besoin de moi vivant !

- Maaaaaaaaaiii-hé ! Je vais bien trouver quelque chose pour éviter ça, crois-moi hein !

- Pfheu ! Tu peux toujours chercher, m'exclamai-je à la poignée de porte fermement tenue de l'autre côté, tu peux rien contre le temps qui passe et l'épreuve qui va se finir ! Et bientôt en plus, comme tu me l'as si gentiment dit ! Je te remercie à nouveau, d'ailleurs, pour cette info qui m'aide : elle ne me fait pas perdre espoir !

Bouledisco s'insulta lui-même de danseur du dimanche, et moi, j'étais content de mon coup. N'empêche que pour le moment, rien n'avait changé.


Je restais, là, assis, au milieu de ces maudits WC, impuissant.

- Hé ! Puisque vous êtes là, Monsieur Aéroptéryx, je voulais vous demander...!

C'était Victini qui m'avait interpelé. Le Prince de Feu, comme je me plaisais à l'appeler depuis le chapitre sur son Incendie involontaire sur la place du marché à Oliville, dont l'inquiétude avait semblé s'évaporer avec l'attente, me questionna avec ses grands yeux saphirs qui tranchaient avec le orange et le crème dont sa fine fourrure était faite :

- Est-ce que vous avez beaucoup voyagé ?

- Ouh là ! m'exclamai-je, amusé. Pour sûr, mon jeune ami, pour sûr ! Sinnoh, Hoenn, Unys ; dans l'océan, dans les cieux ; dans le passé, et même le futur ! Et si tu veux mon avis, c'est pas prêt de finir !

- Ah oui ah oui ? fut amusé le petit Pokémon, les yeux brillants. C'est incroyable ! Vous devez en avoir de l'expérience, Monsieur ! Vous pouvez me raconter ?

OUH LÀ.

- Héhéhé... C'est une histoire un peu compliquée, tu vois ! Tellement compliquée que si on devait l'écrire, elle prendrait au minimum 1 Mégaoctet de traitement de texte jusque là !

- Quand même ! s'étonna-t-il, soufflé.

J'étais content qu'il me comprenne. Ah, les jeunes et la technologie, de nos jours...

- Bah écoutez, vous me l'écrirez, et vous me l'enverrez par mail, histoire que je raconte tout au copains ! C'est victini42@hottemaille.un ! Victini, on s'en rappelle ; hottemaille, c'est connu ; .un, parce qu'avec les copains, on est tous d'Unys ; et 42, parce qu'on est du 42 ! Mais tu te souviens de 42, comme la réponse, et c'est tout bon !

- Hein ? La réponse ?

- Tu connais pas ?! se tapa-t-il la tête avec sa frêle patte devant tant d'ignorance venant d'un vieux comme moi. 42, la réponse ! Nan ? Bon, bref, tu te souviens de 42.

Je ne compris pas, et laissai tomber ; devant autant de naïveté, quant à cette histoire de tout raconter, je m'excusai ensuite d'avance :

- Mais, j'ai bien peur de ne pas tout me souvenir en détail ! J'ai... Vécu un certain nombre de choses !

- Bah, vous vous rappellerez, hein ! Vous êtes pas vieux ! Vous avez une bonne mémoire !

Héhéhéhéhéhéhé. Mais bien sûr. 893-0-0-1. Na.

- Au pire, je raconterai pleins d'histoires sur vous aux copains ! Rien qu'en vous voyant avec vos amis et en m'ayant sauver, j'en aurais des tas à inventer ! Et on connaîtra partout "Monsieur l'Aéroptéryx" !

Quel mignon petit Pokémon. Fallait vraiment qu'on sorte de là.

- Tout ça pour vous demander, Monsieur l'Aéroptéryx : est-ce que vous avez croisé un Arkéapti qui s'appelle Chris ?




[...]



Oh. Ça. Choqué en premier lieu de l'entendre de sa bouche, je souris :

- C'est... Fort probable, en effet ! Je vais le revoir très bientôt, d'ailleurs ! Y a un message à lui faire passer ?

- Oui ! affirma Victini, avant de se remémorer les noms suivants au fur et à mesure. Dites-lui que Gardevoir pense fort à lui, et qu'elle lui dit que c'est pareil pour Bastiodon, Vaututrice, Noctali et Charkos, et qu'ils vont bien !

Je... Je restai choqué, de nouveau, mais à un autre degré que celui que me causait le choc d'ouïr mon prénom d'humain. Un choc... Qui me faisait revenir de puissantes remembrances en mémoire. Silencieux un moment, je répondis au p'tiot aus grandes oreilles qui me demandait si ça allait :

- Oui, oui... Merci, Victini, merci ; sois sûr qu'il en sera très vite informé !

- Génial ! sourit-il.

Subitement, on entendit Boulediso donner un coup de talon sur la paroi mobile qu'il gardait comme un Caninos de garde.

- Hé ! C'est qui qui est avec toi, mec ? J'entends couiner depuis tout à l'heure, et ça m'étonnerait que tu causes tout seul !

Zut.

- Nan, c'est personne ! lançai-je au gus en paillettes, alors que Victini eut le réflexe de se rendre à nouveau invisible. Oui, je parle tout seul, et c'est moi qui me fait une petite voix pour me répondre, parce que rester là tout seul à rien faire, on s'emmerde ! Et c'est pas avec toi que je vais me taper la discut' !

- T'as intérêt à ce que tu dises vrai, mec, sinon...

- Sinon quoi ?

- SINON ÇA VA GROOVER ! hurla l'énergumène.

Pfeuh. De toute façon, que je sois avec quelqu'un ou pas, ça l'aidait pas plus.


Quelques secondes plus tard, pendant lesquelles il ne se passa rien d'autre que de profonds regards dans le vide, oubliant presque la bombe qui continuait toujours à faire son décompte, Victini et moi entendîmes notre geôlier d'un jour se plaindre :

- Ah nan ! Pas maintenant ! Vite, Jack ! Magne-toi le train, des gens risquent d'arriver !

*- Fallait pas me forcer à aller manger dans c'te baraque ! Je savais qu'c'était une mauvaise idée !*

- Et l'autre qu'est toujours pas joignable ! continua Bouledisco en donnant des coups de cheveux sur la porte.

- Un problème ? narguai-je depuis ma situation de Pokémon enfermé dans les WC de l'année.

- NAN, AUCUN PROBLEME ! JE GARDERAI LE RYTHME QUOI QU'IL ADVIENNE !

En tout cas, il m'avait bien semblé entendre le fameux "SSSSSSSSSTOOOOOOOOOOOP-P-P !" de Michel dans le lointain. Ca veut donc dire que la sortie était proche. D'ailleurs... La clé de la liberté arrivait, dans le couloir où Bouledisco montait la garde ; et elle accourait avec son gentil timbre de voix, en plus de ça :

- Vite, vite, vite, vite, vite !

- Hey no ! objecta Bouledisco, pris au dépourvu.

- Comment ça "no" ? s'envenima la voix féminine qui était venue jusqu'ici. J'ai besoin de ces toilettes !

- J'ai dit no, insiste-pas, mec ! continua de barrer la route l'homme en paillettes. Va t'en trouver d'autres !

- Mais y en n'a pas, d'autres ! Tout le monde se jette dans les plus proches à peine l'épreuve finie ; alors moi je décide d'utiliser les moins proches pour pas me retrouver avec ces gros porcs de mecs en même temps ! protesta la femelle Pokémon. Laissez-moi passer !

- Tu comprends pas quand on te parle ? Va t'en chercher d'autres, j'te dis ! Ceux là sont occupés par mes potes, et la porte ferme plus !

QUOI ?

- Oh... Pardon, s'excusa platement la nana que je ne comptais pas laisser se barrer.

Je saisis donc cette chance pour beugler :

- VIREZ-LE DE LA ! C'EST QU'UN CONNARD ! LAISSEZ-MOI SORTIR D'ICI !

- OUAIS ! AIDEZ-NOUS MADAME ! renchérit le Prince de Feu.

Béni soit le créateur de nous avoir donné ces cordes vocales. Nos cris de détresse ne manquèrent pas de parvenir aux tympans de mademoiselle, qui fit remarquer, incrédule :

- Dites-moi... C'est pas des appels à l'aide que je viens d'entendre ?

Bouledisco frappa un grand coup sur la porte, encore une fois, et continua à mentir à notre attention, essayant de se rattraper à ce qu'il pouvait comme argument bidon :

- Hein ? Heu... T'inquiète pas, je veille comme un démon de minuit, fuo ho ho ho...

Le bruit d'un coup étouffé, qui fut porté bien mal là où ça fait mal à en juger par la plainte suraigüe qu'émit le gus qui était malgré tout un homme, puis la vision de la satanée porte de ces waters qui s'ouvrit finalement en nous dévoilant notre sauveuse d'un jour furent pour moi deux des choses les plus jouissives de la journée. Nous apparut alors une Azumarill, avec l'une de ses grandes oreilles d'Aqualapin qui dégoulinait de ce qui semblait être du chocolat.

- Vous allez bien ? se soucia-t-elle de notre condition.

- Merci Madame ! sautilla de joie Victini, avant de s'envoler dans le couloir en criant "LIBERTÉ !"

Quant à moi, je fus soulagé que je puisse enfin revoir l'intérieur du corridor, et remerciai sincèrement :

- Merci beaucoup, mademoiselle ! C'était... Une mauvaise plaisanterie...

- L'important est que vous alliez bien ! sourit le bleu Pokémon rond aux motifs d'écume sur le corps. Heureusement qu'un incapable a renversé sa crêpe sur moi ! J'viens me débarbouiller avant l'épreuve suivante !

C'était donc ça.

- Ah, oui, héhé...

Après m'avoir reconsidéré, elle tilta sur mon Ruban rouge à étoiles jaunes autour du cou, auquel pendouillait la clochette fêlée d'argent, et elle eut une illumination :

- Mais... Vous êtes pas l'Aéroptéryx de l'Equipe Bleue, par hasard ?!

- Si ! piaillai-je. Justement, je...

- Par les plumes de l'Argent'aile ! Dépêchez-vous ! Vous venez juste de vous qualifier pour la finale ! s'écria-t-elle. La Cours'Obstacle va commencer d'une minute à l'autre !

Damned ! J'l'avais oubliée, elle ! Je sortis alors des waters en détalant comme un Lockpin, remerciant encore une fois l'Azumarill, qui me signala :

- Ils sont dans le Grand Stade principal ! Et donnez tout ce que vous avez, j'ai pas envie de m'être trompée d'équipe à encourager !

Ça faisait plaisir à attendre. En tout cas, j'espère qu'elle évitera de regarder derrière la cuvette des cabinets de droite, sinon, ça risquait encore de me retomber sur le coin du bec.


*fanfare*

- Mesdames et messieurs, bienvenue à la finale de cette mémorable journée du Pokéathlon !

- Eeeeeet oui Michel, quelle journée mémorable ! Je pense bien qu'on en parlera durant le prochain siècle tellement l'ambiance ici est explosive !

*rires gras*

- Comme vous le dites Michel ! Après une compétition acharnée en cette glorieuse journée d'ouverture des 16eme Jeux Pokélympiques, nous avons nos deux équipes qualifiées pour la course finale !

*applaudissements et acclamations*

- Sans grande surprise, c'est l'Equipe Rouge, menée par le grand Dakim, qui est sortie du lot tout au long des derniers jeux, et que l'on retrouve en grande forme dans ce Grand Stade, alors qu'elle s'avance sur la ligne de départ sous les ovations !

- Devons-nous parler de la seconde équipe, Michel ? Je dois tout de même vous rappeler que, malgré le fait que ce soit sa toute première participation, l'Equipe Bleue sous l'égide du Maître Goyah s'est tout de même fait remarquer par ses qualités dans le domaine du Pokéathlétisme !

- Vous savez Michel, une équipe qui utilise des attaques, des vraies, pendant une Balle au But, qui défonce un tatami durant un Casse Roc et qui envoie un Pokémon de 5 mètres dans une Bataille Neige, moi j'appelle ça une équipe chanceuse !

- Comme les trèfles Michel !

*rires gras*

- Mais la voilà donc, cette Equipe Bleue "triomphante" !

*ovations*

- Tiens donc, on dirait que le public semble bien emballé par ce groupe, Michel.

- Bah, c'est leur carrure et leurs allures de héros ! Avec des dieux de mon côte, moi aussi je peux faire des nouveaux records mondiaux ! Et puis, vous savez ce qu'on dit des gens, Michel ! Tous des cons !

- En attendant, c'est vers nous qu'on lance des Baies pourries !

*rires gênés*

- En tout cas, les deux équipes sont prêtes ! Nos chers assistants courent leur donner leur matériel pour cette course ! Pouvez-nous en profiter pour nous rappeler le règlement, Michel ?

- J'allais le faire, Michel ! Chaque Pokémon de chaque équipe reçoit un bandeau avec caméra intégrée, qu'il suffit d'accrocher autour de sa tête. Le Dresseur attitré se trouve, lui, au milieu du terrain, sur un tapis électronique et regarde l'écran qui lui diffuse en continu les images de la caméra de son Pokémon. Voyez-vous, pendant la course du Pokémon, des haies sont dissimulées tout au long de la piste. Seul le Dresseur pourra connaître leurs emplacements grâce à son écran, et devra bondir sur son tapis pour qu'un signal soit envoyé à son Pokémon, qui devra sauter lui aussi pour esquiver la haie qui se dressera soudainement !

- Ouh là ! Ca demande donc une véritable synchronisation de la part du Dresseur et du Pokémon ! En tout cas c'est ce qu'ils disent dans le dépliant !

- Certainement Michel ! La variante créée pour cette journée dans cette épreuve classique consiste à intégrer le principe des courses de relais en plus : un Pokémon à la fois pour chaque équipe s'élancera pour faire deux tours de stade ; il devra en suite taper la patte de son partenaire sur son deuxième passage de la ligne d'arrivée pour que celui-ci se lance à son tour ! Ainsi, le premier des troisièmes Pokémon de chaque équipe à passer la ligne d'arrivée après ces deux tours sera déclaré vainqueur de la compétition de cette journée d'ouverture !

- Et celle qui n'y arrive pas devra donc se consoler de la seconde place !

- Oui ! Elle pourra néanmoins aller narguer l'Equipe Verte de la Bianca-sans-fautes qui culmine à la troisième marche du podium !

- Ce qui est nul Michel !

*rires gras*

- Hum. M'enfin, nous sommes impartiaux, Michel !

- Tout à fait !

- Je tiens également à rajouter que les vraies attaques sont interdites, et qu'en ce qu'il concerne les Pokémon volants, ils ne doivent pas décoller à plus de 50 centimètres du sol ! J'vous rappelle que nos arbitres sont pas des tendres et qu'on a des caméras partout hyper précises !

- Merci Michel ! Passons donc sans plus attendre au sport !

- Tiens ? D'après mes fiches je crois qu'il manque un membre de l'Equipe Bleue sur le terrain !

- Mais Michel ! C'est cette espèce de piaf préhistorique !

- Encore en retard ? Ca montre bien que c'est un bouseux de Verchamps !

- Ah nan regardez Michel ! Je crois voir de l'agitation dans le public !


A vrai dire, je n'eus aucun mal à rejoindre le stade malgré mon début de retard, vu qu'avec l'excellent public que nous avions, on me reconnut direct dans les gradins. L'océan d'humains se sépara en deux sur mon passage pour me laisser la voie vers la lumière, afin que je puisse venir en aide à mes camarades et accomplir ma destinée. J'dis la lumière, parce qu'il faisait quand même vachement beau, dehors. Mais mon esprit avait été plus occupé ces dernières minutes par quelque chose de plus dangereux que d'arriver à la première place : j'accourus donc vers mon équipe, avec sans doute la tête de déterré que j'ai dû avoir un certain nombre de fois ces derniers jours. Je planai maladroitement au-dessus de la rembarde qui retenait les flots de gentils et imposants touristes sur quelques mètres, avant de me crasher sur la piste de course dans un nuage de sable rouge. Zekrom, déjà sur la piste avec Lugia et Goyah, vint m'aider à me relever ; le grand Oiseau au long appendice caudal et le Dragon Noir à l'imposant appendice caudal m'accompagnèrent jusqu'au Maître de la Ligue d'Unys, debout sur la blanche ligne de départ, qui tenait entre ses mains un bandeau gris avec un objectif circulaire au milieu. Je fis deux trois pas sur quelques petits mètres de ce stade aux dimensions olympiques, étant toujours aussi soufflé de la grandeur de l'évènement, alors que l'homme à la chevelure de feu venait m'accrocher la caméra portative sur le museau ; à défaut de front. Fallait absolument que je lui parle de c't'histoire de bombe avant de commencer, tout de même.

- Goyah ! murmurai-je alors qu'il m'attachait le bidule. Il faut que...

- Je sais, Lugia nous a expliqué, me coupa-t-il tout naturellement, à voix basse, comme si tout était normal. Mais faut garder son calme pour l'instant.

Wow. Ma Voix de la Raison m'avait bien entendu, alors ?

- Il pouvait pas faire grand-chose pendant la dernière épreuve ; continua le Maître avec une voix pleine de motivation, pour que tout le monde pense bien qu'il me motivait et me parlait pas d'une bombe. S'il avait montré ne serait-ce qu'un instant qu'il n'était pas à fond et se concentrait sur autre chose...

- Oui, oui, tout à fait, c'est bien ce que je me disais ! assurai-je.

- Alors maintenant, on se donne à fond ! m'encouragea-t-il en me retournant, me mettant face à lui, et me frottant le crâne. Faut pas se laisser déstabiliser en pensant à ça, okay ? De toute façon... On a le temps ! rit-il aux éclats.

C'est vrai... Après tout, il nous restait largement plus de deux heures avant que tout pète. Juste le temps d'arriver deuxième, de sauver tout le monde, et même de faire deux ou trois kilomètres histoire de s'éloigner ! :D


- Les premiers Pokémon sur la ligne de départ !

En tant que premier Pokéathlète de l'escouade sportive aux couleurs de l'océan à partir pour cette finale, je m'avançai, prestement et sûrement, sur la droite immaculée peinte à même la piste en terre battue. Mon concurrent pour ce début de finale en fit de même, prenant une profonde inspiration, et alla également se mettre également en position de départ. L'Equipe Rouge ? J'vous ai pas dit ? Dakim, toujours aussi tenue moulante, toujours aussi arqué, toujours aussi musclé, toujours aussi collier contrefait et coupe de cheveux mal imitée, était l'homme le plus confiant du monde et assuré de sa victoire. De sa face toujours aussi maquillée salement, il se targuait du fait qu'après tout, seuls les plus lamentables athlètes ne savaient pas apprécier l'argent à sa juste valeur. Son équipe ? Son Libégon, bien sûr, son Camérupt, étrangement, et son Démolosse, celui contre lequel j'allais disputer les premiers sprints. Tous la caméra portative sur la tête, bien entendu.

- Dresseurs sur les tapis !

Les deux cousins, le plus débile ne daignant pas regarder le plus stylé qui lui souhaitait quand même de donner tout ce qu'ils avaient, s'en allèrent au centre gazonné du stade, avant de remercier les ovations du public de grands gestes de bras, chacun de leur côté. Ils prirent place sur leur engin, qui ressemblait à ces tapis de course dans les salles d'entraînement, muni d'un plus grand écran, à n'en point douter celui sur lequel ils sauront prévenus des barrières qui se dresseront sur notre chemin. Noir Idéal et Plongeon attendaient sur le couloir 8, l'un excité et l'autre calme ; Eruption et Mystique patientaient sur l'extérieur de l'ovale central herbeux, l'un à l'air endormi et l'autre reposant ses ailes ; la course allait se dérouler sur les couloirs 1 et 2, respectivement le leur et le nôtre. Allez, mon pote ; c'est le moment de montrer c'que t'as dans les plumes.

Le silence se fit soudainement, dans le stade aux milliers de supporters. Seul le vent qui soufflait se fit entendre. Mes battements de coeur se faisaient plus rapides. Les blocs de départ s'ajustèrent automatiquement sous nos pattes. Museau baissé, je ne regardai plus que le sable rouge sous ses plumes. On n'attendit pas plus longtemps ; la voix criarde des speakers résonna dans toute l'enceinte sportive :

- A vos marques... !

Stabilité... Ok... Allez, on va y arriver...

- Prêt... ?

Lève la queue... Ok... Allez, mon grand, on va le faire...

Et il y eut un coup de feu.

- ENSEMBLE !

Et je me propulsai comme jamais je ne me suis propulsé. Je me rendis compte que quelques microsecondes plus tard que j'avais rugis au moment de m'élancer, mais franchement, je n'en n'avais rien à battre à ce moment.


- G-G-G-GOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !

La course. La course la plus totale et absolue. Sprintant comme un dératé, je cavalai en rebondissant sur mes cuissots plumés, plantant mes serres dans la piste pokélympique pour me lancer sur chaque foulée de deux mètres de suspension aérienne, ailes repliées sur les flancs, corps allongé vers l'avant, le museau pointé vers mon objectif : courir, courir, toujours plus loin, toujours plus vite, perçant toujours plus vélocement à travers l'atmosphère. Même pas envie de me soucier de l'autre canidé qui se démenait comme un diable ; si y a quelqu'un qui devait s'inquiéter de sa position, c'était lui.

- Quel départ ! Regardez-moi cette incroyable vitesse Michel ! J'en suis soufflé !

- Mais vous avez bien raison Michel ! Ce piaf préhistorique trace comme un malade sur la piste ! Quelle hâte, quelle efficacité, quel missile !

Héhéhé.

- En même pas un jour de carrière, je n'ai jamais vu ça, Michel ! Regardez, même Démolosse est complètement supplanté par la dextérité du sprinteur de l'Equipe Bleue !

- C'est vrai ; mais attendons de voir la suite Michel, car la première haie approche tout aussi vite d'eux qu'eux d'elle !

- J'ai rien compris à votre phrase Michel, mais bravo !

L'Aéroptéryx le plus déchaîné dans la course que je pouvais incarner redoubla de concentration en épiant attentivement son couloir et les mètres qu'il avalait. Soudain, je perçus un signal sonore aussi aigü et bref qu'un faible mais distinct ultrason ; j'eus l'excellent réflexe de sauter, lorsqu'une haie jaillit brutalement au-dessous de moi. Par Arceus, heureusement que j'avais prévu haut pour ce bond : je frôlai tellement près la barre transversale planté à un mètre de hauteur que je sentis mon plumage abdominal caresser l'obstacle une fraction de seconde.

- Waouh ! L'équipe Bleue vient de passer de justesse la première haie !

- Il ne faut pas qu'elle se concentre uniquement sur la vitesse, comme je vous le disais Michel, mais aussi qu'elle soit consciente de la hauteur de saut que demande les obstacles de ce sport ! Du côté des Rouges, les haies sont parfaitement bien maîtrisées !

Ok. Ça demande autant d'élan. Ayant ainsi connaissance de la hauteur des haies que j'allais rencontrer sur mes deux tours de piste, je gardai ma vitesse qui m'hallucinait encore autant moi-même assez facilement pour tout dire, et je m'apprêtai à accuellir les prochaines fourberies sportives.


Plus les mètres furent engloutis sous mes pattes, plus je passai les obstacles qui apparaissaient à brûle-pourpoint, que tout me sembla automatique et facile. A entendre les acclamations, les commentateurs ahuris et mon Equipe qui me hurlait des choses, indiscernables à cause de ma vitesse qui épatait tout le monde, il faut dire que la deuxième ligne d'arrivée m'apparut rapidement. Déjà ? Mon esprit, plus assuré de la victoire encore que ne l'était mon physique taillé pour prendre ses pattes à son gosier, fut plus serein ; avec les métres d'avance que j'avais sur l'autre, la victoire était garantie !

- RALENTIS ! me hurla alors une voix dans ma tête. T'AS UN TOUR D'AVANCE, BORDEL !



[...]



Merde. C'est vrai. On devait pas gagner. Et la ligne d'arrivée qui s'approchait avec ça ; le Zekrom en place, une patte tendue en arrière, prêt à recevoir mon signal de relais... Après avoir entendu Lugia me tempêter dans le mental pour que je calme le jeu, j'eus l'automatisme de ralentir aussitôt ; mais vu qu'il me suffisait de tendre l'aile pour atteindre la patte avant du grand bestiau au générateur électrique caudal, j'avais bel et bien donné un malheureux tour d'avance à notre équipe.

- Ça va être pratique, tiens ! souffla Zekrom, avant d'étendre ses ailes, de s'élancer et de planer à ras le sol.

Tout de même essoufflé, j'allais m'asseoir à côté du Maître des abysses, qui me tirait un peu la gueule vu l'épine que j'avais retiré du pied de l'équipe, pendant que le Dracaufeu, le Drakkarmin et la Shaymin sur le banc de l'équipe priaient pour que Zekrom fasse de son pire. Pire ? Avec Noir Idéal ? Remarquez, tout n'était peut-être pas perdu.


- Michel ?

- Oui ?

- Est-ce que nous voyons bien tous les deux ce que nous voyons bien ?

- Je crois bien que nous voyons bien la même chose, Michel.

- Le Zekrom de l'Equipe Bleue est donc bien en train de se prendre toutes les haies ?

- Oui Michel.

- Les unes après les autres ?

- Oui Michel.

- Bien ! Je n'ai donc pas besoin de poursuivre mon opticien en justice !

C'était la catatrophe la plus complète. Zekrom avait beau voler bas, et pas donner son maximum, son talent d'acteur faisait qu'on voyait un Pokémon pitoyable qui se cognait à toutes les haies, trébuchait, grognait, et avait à peine le temps de se remettre dans la course que surgissait une autre barrière qui lui rentrait dans le museau. C'était la plus formidable des catastrophes la plus complète ; s'il continuait comme ça, à nous la deuxième place ! Goyah, lui, faisait du mieux qu'il pouvait pour continuer de jouer son rôle de bon Dresseur qui veut gagner l'or en sautant sur son petit tapis à chaque haie, et manquait de nous faire griller en arborant une mine pas si désespérée qu'aurait un tel Dresseur. Quant à Lugia, bien que content du travail nul de Zekrom, il attendait de voir ce que nous réservait Dakim pour être plus mauvais que nous. Justement : Démolosse finit ses deux tours, et, haletant, alla taper la croupe de Camérupt... Qui partit. A une vitesse, pfiou, incroyable, hein. Franchement... Ce connard de cousin avait prévu son coup.

- Allez, mon p'tit Camérupt ! Vas-y ! Donne toi à fond ! soutenait ainsi toute l'Equipe Rouge dans le plus grand des jeux théatraux, Dresseur sautillant compris. On sait que tu peux le faire ! FAIS-NOUS GAGNER !

Le camélidé, qui ne bouillonnait décidément que de l'intérieur, restait le plus silencieux et impassible du monde, et, avait beau "courir", il me rappelait pittoresquement Bastiodon qui poursuivait Vostourno quand cette dernière, encore qu'un bébé à l'époque, se barrait avec les Baies de l'ancien. Toujours aussi à fond, on le voyait dans son expression, mais sa vitesse maximale était affreusement ridicule. Alors qu'un Dragon Noir à crête continuait de se manger la terre battue à cause des vilaines haies, Camérupt, lui, se stoppa net dès que l'une d'netre elle se dressa sur son couloir.

- Ah, du côté des Rouges, on dirait que Dakim n'a pas choisit son meilleur Pokémon !

- Peut-être est-ce là une nouvelle stratégie pour honorer cette journée Michel ?

- Ça m'étonnerait, Michel ! Regardez un peu : Camérupt ne peux même pas sauter les haies !

- Vous avez raison ! Il reste bloqué devant, à ne pas savoir quoi faire ! L'Equipe Rouge se trouve dans une impasse !

*incompréhension, questionnement dans le public*

- Quel dommage ! La finale de cette compétition d'ouverture se jouera-t-elle donc sur un mauvais choix de Pokémon ?

Incrédule devant tant d'ingéniosité de sa part (mais peut-être aussi devant un chouia de prévisibilité qui nous avait échappé), je piétinais, de l'intérieur de la piste pokélympique :

- C'est pas vrai c'est pas vrai c'est pas vrai ! On va gagner si ça continue comme ça !

Et Zekrom, qui avait beau se ralentir comme il pouvait, n'allait décemment pas rentrer dans toutes les haies pour ne pas dévoiler son manque flagrant d'implication. Autrement dit, il se devait de voler à peu près convenablement désormais, et débutait déjà son second tour. Lugia, de son côté, affichait un air perplexe sur son bec tout là-haut perché, et nos trois autres membres dans le box de l'équipe s'en mordaient les griffes. Avec Camérupt qui ne passait pas les haies, on allait gagner.


C'est alors, que, contre toute attente, Noir Idéal, qui venait de passer sa première ligne d'arrivée, continua son vol sur quelques mètres, arriva à la hauteur de Camérupt, et se stoppa net.

- Michel ! Mais que fait Zekrom ?

- Je crois bien qu'il s'est arrêté !

- En plein milieu de la piste ?

- C'est étrange et bizarre en effet MIchel ! Les Bleus abandonneraient-ils ?

- Non... Regardez... On... On dirait qu'il se tape la discut' avec Camérupt !

Mais c'était vrai, parbleu. Zekrom, penché sur son concurrent, touchait je ne sais quels mots au Pokémon... Mais qu'est-ce qu'il foutait ? L'ensemble des êtres vivants dans le Pokéathlon était dans l'incompréhension, jusqu'à ce que Zekrom, tout sourire, se pencha sur le couloir intérieur, demanda bien fort s'il y avait quelque problème au Camérupt. Puis, dans sa grande bonté, et s'assurant que tout le monde le voie faire, il souleva à pattes nues le gros Pokémon de l'Equipe Rouge à la surprise générale, mettant un peu mal à l'aise l'imposant camélidé aux cratês dorsaux qui n'avait pas l'habitude de prendre ainsi l'air, et il... il... le déposa tout simplement de l'autre côté de la haie. GLOIRE ! Eruption, le chemin enfin libre, continua ainsi son chemin, encore plus déterminé à y arriver, la première haie finalement passée ! Se forçant encore plus à courir sur tout le long de la piste, donnant tout ce qu'il pouvait, à chaque obstacle qui se dressait sur son chemin, l'Idéal noir de jais l'empoignait, et lui faisait passer l'obstacle ! Le vaillant Pokémon qui donnait tout pour apparemment ne pas faire plaisir à maître était ainsi encouragé à vive voix par le Dragon Noir tout le long, qui allait à sa vitesse et qui l'aidait de la même manière à chaque obstacle ! FABULEUX !

*consternations*

- Mesdames et messieurs ! Quel... Quel...

- Incroyable esprit de fair-play, d'entraide, et de plein de choses gentilles et attentionnées ?

- Ça me fait mal de le dire, mais oui Michel... ! L'Equipe Bleue aide l'Equipe Rouge sur tout son tour ! Zekrom porte littéralement Camérupt... sur ton son tour de stade ! Sans lui... Il n'aurait jamais pu aller plus loin !

*tonnes d'acclamations et de bravos*

- Les... Les arbitres considèrent, je cite, "on a jamais vu un tel esprit d'équipe, eu point de se soucier à ce point de l'équipe des autres..."

- Ah, ça, Michel, ça montre bien que l'Equipe Bleue n'est pas intéressée le moins du monde, ne serait-ce que par gagner !

- On manque de bons gens comme ça de nos jours, Michel !

- Oh, en rajoute pas, veux-tu ?

Les spectateurs, à chaque fois que le duo passait à leur portée, félicitait, applaudissait, et clamait la bonté de la Légende à n'en plus finir. Dakim piétinait son tapis de rage, criant qu'on devait lâcher son Pokémo sur-le-champ, Goyah riait comme jamais, jurant n'avoir jamais rien vu de tel, et l'Equipe Bleue était fière d'avoir un Pokémon avec de sidées aussi génialement géniales de son côté. J'avais envie de pleurer. Quel Pokémon, ce Zekrom.


- Hey ! Comment ça va depuis le dernier tour, vous ?

Le Dragon noir de l'Idéal revint triomphalement, nous saluant ainsi, sous les hourras et les ovations, avec son nouveau pote Camérupt, fallait croire, vu la joie qui habitait le Pokémon qui avait tout d'un triste et nonchalant renfermé au départ de la course. Lugia, lui aussi, de sa stature, applaudissait à grands coups d'aile. Goyah riait aux éclats, et seul un cri énervé trancha l'engouement du stade en entier :

- LA COURSE EST PAS FINIE ! ARRÊTEZ CES CIVILITES DE TAFIOLLE ! CAMERUPT, GO CONTINUER LA COURSE, FOUTU POKÉMON !

Le silence se fit, et tous les regards furet dirigés vers Dakim, le profanateur de gloire qui venait de hurler, et accessoirment de détruire son écran sous le coup de la colère. Son Pokémon Éruption le fusillait du regard.

- OUAIS ! J'AI AUSSI MON HEURE DE GLOIRE A AVOIR ! hurla Libégon, qui était bien le seul à être du côté de son Dresseur.

- Michel ? Qu'est-ce qu'on fait ? Les arbitres sont partis en s'exclamant "Quel exploit ! Quel exploit !"...

- ON CONTINUE, MICHEL ! DAKIM A ENCORE SON MOT A DIRE !

- Mais... Michel... Impartialité...

- ON S'EN TAPE ! *crissement de micro* MESDAMES, MESSIEURS, POKÉMON, ÉQUIPE ROUGE ET SURTOUT FOUTUE ÉQUIPE BLEUE, REPRENEZ VOTRE CALME ET CONTINUEZ LA COURSE ! CETTE COMPÉTITION D'OUVERTURE EST PAS FINIE !

- Mais... Qu'est-ce que...

*chahut en régie*

- Hm, hm. Mesdames et Messieurs, ici le Président du Comité International Pokélympique et Olympique ! Accessoirement arbitre en chef de cette 16e Pokélympiade !

*silence le plus total dans tout le Pokéathlon*

- En vue des circonstances dont nous avons été témoins toute la journée, et surtout en vue des plus récents évènements qui ont eu lieu dans notre Grand Stade, nous avons dû prendre les mesures draconiennes qui s'imposaient. En vue de l'impartialité des organisateurs et des commentateurs, et surtout sur ordre de la Police Internationale, nous déclarons clôturée la compétition d'ouverture !

*stupéfaction globale*

Soudain, une vague d'Agents déferla dans le stade, par toutes les entrées possibles et imaginables. Le Gardien des sept mers failli me gober par réflexe, mais je fus plus rapide côté instinct de survie et me carapatai me cacher entre les jambes de Goyah.

- Oh là ! Ne t'inquiète pas, p'tit gars ! Ils viennent pas pour toi !

En effet, ils ne vinrent pas me chercher : la centaine de policier rameuté prit le cousin de notre Maître de la Ligue d'Unys pour cible, cousin qui fut vite fait menotté malgré ses cris et protestations, sous les yeux et oreilles ébahis des spectateurs, téléspectateurs, auditeurs et athlètes de toutes espèces confondues.

- Ce n'est pas tout ! ajouta humblement l'humain qui avait prit la place de Michel et Michel. Pour symboliser le profond esprit sportif dont il a fait preuve au cours de la Cours'Obstacle de cette seizième compétition d'ouverture, nous avons également l'honneur d'attribuer la Médaille Pierre de Cobaltium au Zekrom de l'Equipe Bleue !

Le calme plat. De quelques secondes. Puis, fameux bouchon de la bouteille de joie qui n'attendait plus qu'à péter, les plus enjoués et fabuleux des vivats animèrent le public de milliers de personnes, qui scandèrent le nom de notre équipe et de chacun des participants. Interloqué d'abord, puis ensuite ébahi et comblé par tant d'effusions de glorifications à notre honneur, je balbutiai :

- La... La Médaille Pierre de Cobaltium ?

Goyah, chevelure de feu au vent, s'essuya son front suant avec sa serviette-éponge avant d'éclater de rire :

- Ha ha ha ! C'est fantastique ! Cette médaille est l'honneur le plus noble qui peut être conféré à un athlète pokélympique ! L'objectif ultime des objectifs ultimes des compétiteurs ! Le dernier récipiendaire remonte à des années ! Et dire que c'est ce cher Zekrom, co-créateur de cette bien-aimée Unys, qui va en être honnoré ! Ha ha ha ! Fantastique !

Et j'entendis Dakim pleurer de rage et de désespoir, nous maudissant à jamais. L'objectif ultime... Finalement, nous l'avions atteint !


Promptement et en grandes pompes, fanfare incluse, les agents n'avaient même pas fini d'embarquer le cousin scélérat que les arbitres, à défauts d'assistants dignes de confiance, amenèrent le podium au centre du Grand Stade du Dôme Pokéathlon, avec un public toujours autant de notre côté. On appela l'Equipe Jaune, l'Equipe Violette et l'Equipe Verte, dont les Dresseurs montèrent pour l'occasion sur la troisème, seconde et première place du symbolique escalier, alors que, sous l'insistance de Goyah et les francs accords des Pokéathlètes de l'Equipe Bleue au complet afin de céder notre place, notre compagnie se disposait tout autour de la pyramide des vainqueurs qui s'étaient entraînés durement. Les spectateurs... Etaient splendides. Faisaient vraiment chaud au coeur. Les Pokémon et leurs Dresseurs saluaient fièrement alors qu'on leur passait les médailles qui convenaient à leurs places autour du cou ; Goyah, Drakkarmin, Shaymin, Dracaufeu, Lugia, l'Aéroptéryx dont je portai les écailles et le plumage, et surtout Zekrom, désormais aux couleurs des plus honorables, fîmes de même, pendant qu'on apportait sur un petit coussin la Médaille Pierre de Coubertin aux couleurs des J.P., et décorait Noir Idéal, qui baissa la tête humblement, alors que son excitation était trahie par son générateur caudal tournant à plein régime entre les étincelles fulgurantes et par le bout de sa crête scintillant. Quelle finale, mes amis, et quel final. Toujours applaudissant ceux qui applaudissaient, je tournai le museau vers le Maître de la Ligue d'Unys qui nous avait fait l'honneur d'être notre Dresseur et qui secouait ses bras au ciel en riant :

- C'est donc vous qui les avez prévenus ? m'enjouai-je, à la vue de la floppée de policiers qui faisaient, pour une fois, le juste travail en s'élognant avec Dakim qui beuglait toujours, puis qui disparut dans les entrailles du complexe, direction la sortie.

- Qui ? Moi ? Ah non, ce sont les arbitres qui les ont appelés ! Dakim dopait ses Pokémon, d'après des sources sûres !

Non ? Vraiment ? Tout ça... Pour ça ? Bah mon Grotichon.

- Entre autres choses pas nettes, me souffla Goyah avec un grand sourire.

- Mais... me tracassai-je. Vous n'avez donc prévenu personne pour la bombe ?

Le visage du Maître de l'année, en plein grand sourire à la vue de sa team sortante vainqueur entre les vainqueurs par sa bonté, se figea sur cette expression. Puis, crispé, il souffla entre ses dents :

- Hein ?

- Heu... Pour la bombe qui va faire sauter le Pokéathlon... Vous avez fait quelque chose ?
Enfin, vous comptez faire quoi, maintenant ?




O_o sur son visage.




- QUELLE BOMBE ?! s'égosilla-t-il (bénies soit la fanfare et les acclamations d'être aussi bruyantes et vives pour couvrir sa voix).

WHAT ?!

- MAISMAISMAISMAIS... VOUS M'AVIEZ DIT QUE VOUS SAVIEZ AU DEBUT DE LA DERNIERE EPREUVE !

- MAIS J'CROYAIS QUE TU M'PARLAIS DU FAIT D'ARRIVER DEUXIEME !

ERMAHGERD. Sans compter plus longtemps sur cet "homme de confiance", je quittai le cercle des dieux du stade et courus pour me jeter sur le premier Agent venu qui restait :

- MONSIEUR L'AGENT ! VENEZ VITE ! IL-

- Oh là, doucement, mon petit Pokémon ! m'arrêta-t-il dans mon élan, en se retournant brusquement. Qu'est-ce qu- HE ! se récria-t-il après m'avoir reconsidéré, surtout au niveau du Ruban Joie. TU SERAIS PAS L'AÉROPTÉRYX RECHERCHE, TOI ?!

Tiens. C'est maintenant qu'ils le remarque ? Bref : j'allai hurler, mais je me retins ; je hissai mon museau jusqu'à son oreille en plantant mes griffes dans son uniforme et en susurrai fiévreusement :

- Y A UNE BOMBE... !

Lui qui dégainai son pistolet électrique, il s'immobilisa soudain, son regard planté dans le mien, avant d'être hébété :

- HEIN ?! T-T'es sûr ?!

Hourra. Il m'avait écouté.

- Affirmatif ! jurai-je, aile sur le coeur. Dans les toilettes à côté du Dojo, derrière la cuvette d'un des cabinets ! Selon le compte-à-rebours, on doit avoir environ une heure restante ; mais je suis pas certain ! J'ai pas pu prévenir avant, à cause de...

Le flic qui allait devenir celui du jour me coupa en me faisant signe de sa main de me calmer. Il regarda tout autour de lui, fit un rapide tour ; il vit ces centaines de touristes qui n'en finissait plus de festoyer une telle finale, les Dresseurs fiers et bombant le torse, les Pokéathlètes ravis et aux anges, notre équipe triomphante, et mon regard, fébrile et inquiet. Le gars sur qui tout reposait hésita. Brièvement. D'une main, il saisit le talie-walkie accroché à sa veste et déclara :

- Dick ? Tu me reçois ? On a un 10-01, et j'ai apparemment un témoin, l'Aéroptéryx... De l'Equipe Bleue. Faites évacuer dans le calme immédiatement ; expliquez qu'on doit fermer dans l'urgence. Envoyez une équipe de déminage sur-le-champ. Je vais sur place voir ce qu'il en est. J'te recontacte dès que j'ai plus d'infos. Perdez pas votr etemps et agissez sereinement, on a des milliers de vie en jeu.

Génial-génial-génial !

- Montre-moi où exactement, veux-tu ? demanda-t-il avec un air confiant et assuré.

Je lui souris, et approuvai, le sortant du Grand Stade en traversant l'ovale herbeux et la piste de Cours'Obstacle. Je fus apaisé. Nous pénétrâmes dans le dédale éclairé aux néons que je connaissais parfaitement, et je conduisis le flic tout droit vers les WC où j'avais été séquestré. Pendant que griffais ainsi le sol de mes serres, Lugia m'assura le plus sérieusement qu'ils m'attendraient dehors, et qu'il s'assurerait que tout le monde sorte à temps. Et il s'excusa de ne pas avoir pu m'écouter pendant la Bataille Neige. Ce n'était pas grave. J'allais sauver les Jeux Pokélympiques d'une attaque de terroristes. En courant à travers les couloirs, le bruit des bottes de l'Agent me collant au train qui résonnait dans ces corridors vident, et les ovations monumentales étouffées qui nous parvenaient encore, j'avais... enfin une lueur d'espoir. Je me sentis rassuré. Avec cette impression, dont j'avais presque oubliée l'existence... L'impression, même le sentiment, que tout allait s'arranger, finalement.