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PuZzle de kamui shiro



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Informations

» Auteur : kamui shiro - Voir le profil
» Créé le 13/06/2012 à 00:14
» Dernière mise à jour le 13/06/2012 à 00:14

» Mots-clés :   Présence de poké-humains   Science fiction   Suspense

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Bribes
Le scientifique fit glisser une carte brillante dans une machine grise et une porte s'ouvrit lentement devant nous. C'est dans une pièce humide, à peine aérée par une fenêtre aux finissions douteuses, que l'homme nous fit entrer. L'endroit frais, simple et authentique, résonnait comme un lieu sincère, peut-être le seul de ce grand bâtiment.
Le sol, froid, réveillait mes pieds, et une onde de vie rafraichissante remontait le long de mon corps à chaque pas. Cet endroit était agréable. Je le ressentais ainsi.
Le docteur, hâtif, ouvrit à la suite, trois grandes et vieilles armoires. Il toussa à plusieurs reprises quand un épais nuage de poussière le recouvrit, avant de se débattre pour faire fuir les particules obstinées. La scène manqua d'arracher un sourire moqueur à Spirit, qui s'empressa de le faire disparaitre, tout en serrant les points.
- Voilà, dit-il dans un souffle, voilà des... des objets, vieux, certes, mais ils pourront vous être utiles. Choisissez ce que vous voulez. Si vous pensez qu'un outil vous servira, prenez-le. Vous n'aurez rien d'autre à votre disposition car il serait trop dangereux de vous fournir des équipements qui pourraient nous retracer. Enfin, peut-importe, allez-y.
L'homme recula de quelques pas pour nous laisser assez de place. Dans son élan, il bouscula Passion, et bien que la fille ait assez d'équilibre pour ne pas trébucher, il fit mine de la retenir en posant ses mains sur ses épaules oranges. Je sentais dans son regard, qu'il en avait envie, de poser ses mains sur le corps chaud et doucement triste de la créature froide, mais que, faute de scrupules, il ne pouvait se le permettre, sauf à ces occasions-là.
Je m'avançai la première vers l'une des armoires. Rien ne m'y semblait particulièrement intéressant. Des cordes, des lames, des sacs de cuir, des vieilles pokéballs...Rien ne retenait mon attention. Comment pouvais-je choisir sans même savoir ce qui m'attendait? Je n'avais pas le sentiment d'avoir combattu un jour, ou de m'être introduite de manière illégale dans un lieu qui ne m'appartenait pas, et je n'avais aucune connaissance en matière de délinquance. Je contemplais les objets avec un air dépité, perplexe, sans prendre de décision, jusqu'à ce que la voix du docteur au gout malsain retentisse.
- Passion... Tu vas choisir quelque chose, n'est-ce pas? Murmurait-il à la louve orange, tout en la tirant par le bras vers les armoires. Fais-moi ce plaisir, ne reste pas là à ne rien faire comme une poupée sans âme.
À ces mots, l'envie de le faire taire en lui plantant mes griffes dans le ventre fut si forte que je faillis passer à l'acte. Heureusement, mon entendement calma ma colère, et mon coeur retrouva rapidement un rythme normal. Ce sang qui bouillonnait était difficile à contrôler, et il s'allumait de plus en plus souvent. Je ne me sentais pas à l'aise dans ce corps étranger. Je n'étais même pas sûre que ma raison soit vraiment la mienne. Il me manquait cette certitude d'existence que les gens ressentent et qui fait qu'ils savent qu'ils sont eux-mêmes, car ils le sont, et l'ont toujours été, au point de penser parfois que tout autour d'eux est un rêve.
Pourtant, l'immense tristesse que dégageait les yeux de Passion ne me laissait pas de doutes : Il y avait pire. Que lui avait-on fait? Seul le scientifique pouvait le savoir, mais je savais qu'il ne parlerait pas, et je ne voulais pas éveiller les soupçons par une question qui, encore une fois, témoignerait de ma lucidité. La seule chose que Passion avait prononcée, était « Cendres ». Des cendres ? Pourquoi?
- Fleur ! Décide-toi ! Cesse de rêver ! Prononça sèchement le docteur.
Je sursautai. Choisir? Mais choisir quoi? Je serais les points. « La corde » Pensai-je. Dans un mouvement vif, j'empoignai la corde. Avec une corde, on pouvait faire plein de choses d'après ma raison. C'était l'objet le plus utile ici. A peine reculai-je, la corde en main, que j'entendis l'arrogant murmure du docteur:
- La corde, un choix très raisonné. Affirma-t-il tout en écrivant des mots dans son calepin.
Je lui adressais un regard antipathique, tout en resserrant mes doigts sur la solide liane.
- Si vous savez ce qui est bon à choisir, pourquoi ne pas distribuer vous-même ces vieilleries ? Grognai-je.
Il me répondit par un air faussement innocent, réécrivit quelque chose, puis rangea le cahier dans sa grande poche.
- Laisse la place aux autres, Fleur de Lune, veux-tu? Dit-il, comme pour m'énerver. Je m'éloignai pour aller m'assoir sur la marche d'entrée de la chambre froide, les dents serrées. Zero-volt était couché sur la marche, et à mon arrivée, il me fit respectueusement une place en se déplaçant. Son corps recouvert de solides poils dorés emporta avec lui un peu de poussière. Quel sentiment étrange que de voir cette créature à moitié humaine, couchée sur le sol comme un sage animal dressé, comme si sa dignité n'était plus. Il me semblait évident qu'il n'y avait plus grand chose d'humain dans cet hybride, sauf peut-être ses yeux, ses magnifiques yeux bleus qui, au simple regard, m'apaisaient au plus profond de moi-même, et faisaient s'envoler toute ma solitude. Il avait vraiment de beaux yeux bleus. Ça me rappelait les yeux de quelqu'un. Je posais ma main sur le front de l'étrange hybride, et le caressai avec tendresse, de manière presque naturelle.
« Je t'aime… » Murmurais-je tout bas. C'était net dans mon esprit. J'aimais. Un bruit de scribe m'enleva à mes pensées, et je plissai les yeux à la vue du scientifique qui gribouillait un truc dans son carnet en m'observant fixement.
- Intéressant, dit-il, moqueur.
Spirit s'approcha de vieux étalages. Sans un mot, il empoigna un vieux paquet de cigarettes. Il se rendit vers John, et d'un regard intense, ordonna :
- Allume m'en une. Je sais que ça s'allume.
John sourit.
- Ce sont les cigarettes du Boss. Une marque très chère, les Chartors. Je ne crois pas que ce soit très bon pour ta santé, dit-il avec un sourire ironique présent sur son visage.
- Ne te moque pas de moi. Ma santé se porterait mieux si vous n'existiez pas. Alors allume-en une.
Le regard haineux de Spirit fit perdre un ton à la voix du scientifique, qui sortit un briquet lentement de sa poche comme s'il en portait toujours un avec lui.
- N'en soit pas si sûr…. Murmura-t-il en allumant la cigarette qui dépassait du paquet. Il s'empressa ensuite de noter dans son calepin une phrase à l'attention de cet événement. L'employé se tourna vers Zero-Volt et soupira un instant.
- Bon, c'est ton tour, évite donc de choisir un paquet de croquettes…
La remarque ne manqua pas de m'agacer, mais le concerné, insouciant, se leva et s'avança vers l'armoire en souriant amicalement. Je le regardais observer avec minutie les vieilles planches dans toute leur longueur et renifler certain des objets qui les ornaient. Il mordit dans une vielle montre sale et pleine de terre et courra vers moi, heureux. Il jeta celle-ci sur mes cuisses et posa sa tête à côté de la montre. Je demeurais sans comprendre. La tête du scientifique se tourna vers moi, les yeux illuminés. Son visage semblait dire « Incroyable, Incroyable ! ». Alors que je commençais à dépoussiérer l'objet il me fut volé d'entre mes griffes par John, sadiquement.
- On verra ça plus tard, Fleur. Merci, Zero-Volt, pour cette contribution. Il rangea la montre dans une de ses poches.
Je commençais à penser que cette mascarade s'agissait plus d'un test scientifique qu'un réel besoin de s'équiper.
- Passion, il ne reste plus que toi. Tu dois choisir quelque chose comme tous les autres. Fais un effort.
Passion ne réagissait pas. Ses yeux étaient rivés sur la cigarette que fumait Spirit. Elle était hypnotisée par la fumée montante et les cendres tombantes. Spirit regardait la fille aux poils de feu d'un œil emphatique. Il était calme, apaisé par sa chaleur et la cigarette. Il semblait partager avec elle sa souffrance intérieure. « Quelque chose les relie », me disais-je. L'employé de Boss semblait en penser tout autant, de nouveau occupé à rapporter nos faits avec son stylo.
- Bon, ce n'est pas grave, termina-t-il. Votre être même devrait largement suffire à vous dispenser de matériel. Sortons.
L'homme à la longue chemise blanche nous invita à quitter la pièce d'un geste de main. Je m'empressai de me relever, constatant avec résignation que j'étais à moitié couchée sur le sol humide, comme un animal. Les autres me suivirent en silence.
La porte refermée, John cliqua sur le bouton d'un interphone sur le mur du couloir, et une voix grave l'accueilli.
« Que veux-tu ? ». C'était la voix de Boss, sévère.
- Les….Ils ont choisi leurs objets, répondit John, hésitant.
« Bien, c'était instructif ? » Continua le patron.
- Excusez-moi, Patron, mais ils sont tous derrière moi, fit constater le scientifique d'une voix soupirante.
« Ils se jouent de nous… » Entendis-je dans ma tête. Spirit luisait d'énervement.
- Je vous expliquerai plus tard, Patron. Dois-je faire autre chose ? Dit-il d'une voix hâtive.
« Vérifie qu'ils sont tous munis d'un bracelet. »
- C'est déjà le cas, Patron.
« Dans ce cas, amène les, je vais leur donner les dernières instructions. »

Encore des instructions… J'avais hâte d'en finir. J'en avais marre de suivre cet homme à la blouse blanche dans ces longs couloirs blancs sentant le désinfectant et l'injustice. Finalement, après deux escaliers, nous arrivâmes devant une grande porte métallique.

«Décisions d'Acier » y était gravé en grande lettres raffinées.

C'était la salle des décisions, je le savais bien. J'y avais longtemps écouté mon maître affirmer sa supériorité envers ses employés, ses rivaux, ses amis….et même son frère. Des décisions qui ne n'avaient pas toute l'unanimité, qui impliquaient parfois la mort d'un homme. Personne ne sortait de cette salle sans être en accord avec le Boss. Mais, à quoi je pense ?