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Duel au sommet de olyn



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» Auteur : olyn - Voir le profil
» Créé le 26/04/2012 à 13:49
» Dernière mise à jour le 26/04/2012 à 13:51

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Chapitre 8 : Ombre et Lumière
Bip...

Bip...

Bip...

Allez, décroche...

Click.

- Allô ?

- Léonard, euh... Je suis désolée de pas t'avoir appelé plus tôt.

- Léa, ça fait plaisir d'entendre ta voix ! Je commençais à me faire du souci pour toi... Tout va bien ?

- Oui, ça va.

Menteuse-euh, chantonna une petite voix dans ma tête.

- Et toi, ton bras ? demandai-je avant qu'il n'approfondisse la question.

- Oh, juste une égratignure, je te l'avais dit. La balle a traversé nettement de part en part, y a eu aucune complication. J'en garderai même pas une cicatrice grâce aux bons soins des docteurs de la clinique de Safrania.

- Tant mieux... soufflai-je. Donc tu es à Safrania ?

- Non, là je squatte chez Mamie. Le médecin m'a recommandé un mois de repos afin de me remettre du choc.

Je me raclai la gorge. Les mots peinaient à se former sur mes lèvres. Bon sang, pourquoi était-ce si dur ?

- Ah... parce que je compte repasser par Azuria, alors...

Silence interminable de deux secondes. Je crois qu'il attendait que je finisse ma phrase.

- Pas de problème, enchaîna-t-il finalement, tu seras toujours la bienvenue. Mamie m'a encore demandé de tes nouvelles pas plus tard qu'hier.

Quelque chose dans sa voix me poussa à demander des précisions :

- Ha bon ? Elle a dit quoi ?

- Oh bah tu sais, c'est Mamie, hein...

J'entendis soudain du bruit à l'autre bout du fil. La voix de Léonard me parvint comme étouffée :

- Quoi ? J'en sais rien, Mamie, j'ai pas encore décidé... Non, je suis au téléphone, là. Oui, avec Léa. (Un soupir filtra à travers la ligne.) D'accord, je lui transmettrais le message... Léa ?

- Je suis toujours là. Qu'est-ce que ta grand-mère voulait ?

- Juste savoir quand est-ce que tu allais accoucher pour pouvoir acheter les cadeaux à l'avance. La routine, quoi.

Je pouffai.

- Elle est toujours comme ça ?

- T'as encore rien vu, m'assura-t-il. Quand mes parents se sont rencontrés, elle écrivait des poèmes à l'adresse de ma mère et les signait de la main de mon père, histoire de mettre toutes les chances de son côté. Le seul qui arrivait à la supporter, c'était Grand-Papy...

- Si jamais je reçois des SMS bizarres de ta part, je saurais pourquoi...

- Aucun risque ! Mamie et la technologie, ça fait trois. Déjà que tous les matins elle se bat avec le grille-pain pour le faire fonctionner, alors tu penses, les portables...

- Mince alors, me voilà déçue.

- Pfff... Quand est-ce que tu seras là ? s'enquit-il, remettant la conversation sur les rails.

Je planifiai mentalement ma journée.

- Sûrement ce soir, s'il n'y a pas d'anicroches, estimai-je.

- C'est noté ! À ce soir, Léa.

- Bye.

Je raccrochai. Et me reçus une gerbe d'eau de mer en plein visage.

- Hé ! Non mais à quoi tu joues, Princesse ? Les chats sont censés détester l'eau !

- Miaouss, me contredit-elle, avant d'asperger Salade.

Le vent de la mer me rabattit les cheveux dans les yeux. J'observai encore quelques instants l'immensité de l'océan, puis me détournai. Aujourd'hui, j'avais à faire dans les terres. Et puis de toute façon, je n'avais pas de Pokémon aquatique avec lequel explorer le grand marge - Plouf était toujours en pension.

Un peu plus tôt dans la matinée, j'avais fait mes adieux à Dorian et Cassandre. Ils avaient décidé de mettre un terme à leur ambition de conquérir la Ligue Pokémon et comptaient rentrer chez eux dès que Volt serait suffisamment remis pour pouvoir quitter son lit d'hôpital. Ils venaient de Johto, une région différente, ce qui signifiait que je ne les reverrais probablement pas. Nous avions échangé nos numéros, ils m'avaient souhaité bonne chance, et nos chemins s'étaient séparés.

D'après leurs indications, la prochaine arène se situait à Céladopole, et apparemment la route directe pour s'y rendre était bloqué par un gros Pokémon qui hibernait. Le fameux Ronflex. La seule solution pour y aller était d'effectuer un détour par Lavanville, en empruntant un tunnel à l'est d'Azuria. Ledit tunnel étant dépourvu d'éclairage public pour une raison non spécifiée, j'allais avoir besoin d'une lampe torche. Manque de bol, ce petit bout de technologie n'était en vente nulle part. Lorsque j'avais posé la question à la gérante du magasin, elle m'avait regardé avec des yeux ronds.

- Mais vous avez un Miaouss, enseignez-lui donc Flash, avait-elle dit.

- Flash ? Ça se trouve où ça ?

- Oh, un peu partout, avait-elle éludé avec un petit geste de la main.

Débrouille-toi, Léa.

J'avais donc appelé le prof. Chen. Après tout, il était censé être un expert en Pokémon, il devait donc avoir quelques infos concernant leurs attaques. Ça avait été le coup de fil le plus étrange de toute ma vie. Il avait décroché dès la première sonnerie.

- Non, pour la trois cent millième fois, nous ne livrons pas de pizza à domicile !

État de mon oreille gauche : explosée.

- Euh, professeur Chen ? C'est Léa à l'appareil, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi...

- Ah, Léa, c'est toi... avait-il répondu, sa voix s'adoucissant. Bien entendu que je me souviens de toi ! Excuse-moi, j'ai cru que c'était encore un de ces faux numéros. Laisse-moi deviner, tu appelles à propos de la technique Flash.

- Comment vous savez ?

- Mon petit fils a rencontré le même problème que toi. J'ai donc dépêché Johnson afin qu'il lui remette la CS. Il n'est pas très loin de Carmin-sur-Mer, emprunte le tunnel des Taupiqueurs, c'est la première maison en sortant, tu ne peux pas le manquer.

- Mais... il est là-bas depuis une semaine ? avais-je demandé, pas sûre d'avoir compris.

- Ah bon ? s'était-il étonné. Dingue ce que le temps passe vite ! Bon, je te laisse, tous ces faux numéros m'ont donné faim, je vais aller me commander une pizza !

Bref. Comme je le disais, du grand n'importe quoi. Il ne me restait plus qu'à passer par ce tunnel des Taupiqueurs. J'en trouvais sans mal l'entrée, elle était indiquée très gracieusement par de nombreux panneaux. Ce devait être un site touristique. Il n'y avait personne aujourd'hui, il faisait trop moche pour flâner.

- Prêts ? demandai-je à Salade et Princesse.

Les autres dormaient encore dans leurs balls. Je n'avais pas retiré de sixième Pokémon du PC ; il était encore trop tôt pour remplacer Ficelle.

- Miaouss ! glapit Princesse en sautant sur la fleur de Salade.

Elle s'étala sur le dos de l'Herbizarre, reniflant ses pétales roses avec un plaisir évident. Salade s'ébroua pour essayer de la déloger, puis, en désespoir de cause, la saisit à bout de lianes et la déposa sur mon épaule. Il m'implora des yeux : 'Pitié, garde-la éloignée de moi.'

- Sois sage, ou tu retournes dans ta Pokéball, menaçai-je la Miaouss.

Elle ronronna de plus belle et se frotta contre mon oreille. Oui, bon. Pas sûre d'avoir été prise au sérieux, là. Comme tous les félins, Princesse n'en faisait qu'à sa tête. Mais c'est ce qu'on aime chez eux, non ?

Le tunnel ne consistait en guère plus qu'une galerie creusée dans la roche. C'était tout de même impressionnant si l'on gardait à l'esprit qu'il avait été creusé par des Pokémons. Pokémons qui n'avaient pas déserté les prémices, d'ailleurs : nous tombâmes nez à nez avec notre premier Taupiqueur après avoir fait quelques pas seulement. Salade m'interrogea du regard.

- Non, contente-toi de le faire fuir.

Je n'avais pas le cœur à capturer un nouveau Pokémon. Salade fit claquer ses lianes dans l'air, à quelques centimètres à peine de la tête du Taupiqueur, qui décida soudain qu'il ferait mieux d'aller voir ailleurs. Il disparut sous terre, ne laissant qu'une motte de graviers pour tout souvenir. Et rebelote une demi douzaine de fois, jusqu'à ce que la sortie soit en vue.

Je ne fus pas mécontente de retrouver l'air frais. Ce n'était pas que le tunnel était long - nous avions mis moins d'une heure à le traverser -, mais je n'aimais tout simplement pas me trouver sous terre. Toujours peur que tout s'écroule sur moi. Sans compter que les cailloux qui se coincent dans votre chaussure, y a rien de plus chiant.

Un bâtiment se détachait d'entre les arbres, plus loin devant moi. Je mis le cap droit dessus. En m'approchant, je vis qu'il ne payait pas de mine. La peinture des murs, d'une couleur d'un beige douteux, s'écaillait et la cheminée sur le toit semblait sur le point de tomber en morceaux. Quant à l'intérieur, il n'avait rien d'engageant et était plutôt spartiate : une table, deux chaises qui se battaient en duel, et un matelas poussiéreux dans un coin.

Un homme en blouse blanche était assis dessus. Je reconnus Johnson, l'assistant du Prof. Chen. Il se leva d'un bond en m'apercevant.

- Je vous en prie, dites-moi que vous êtes venue chercher la CS Flash !

- Euh, oui...

Il émit un râle de bonheur.

- Oui, je suis libre ! exulta-t-il. Libre ! Je vais enfin pouvoir quitter ce trou à rat et revenir à la civilisation ! Prendre une douche ! Manger chaud ! Haha !

Il me fourra la CS dans les mains.

- Tenez, je ne veux plus jamais la revoir !

Sans attendre ma réponse, il se précipita hors du bâtiment en hurlant 'Youpiiii !'.

- Zarre, commenta Salade.

- Ouaip, approuvai-je.

Moi non plus, je ne comptais pas m'éterniser dans les parages. En sortant, il pleuvait. Mon estime pour le tunnel des Taupiqueurs remonta : au moins j'y serai à l'abri. Je m'engouffrai dans la grotte.

Adieu, lumière du jour. On se revoit dans une heure.

Ce fut une très longue heure, ponctuée de moult Taupiqueurs et cailloux dans les chaussures. Alors que nous approchions de la sortie, un truc surgit du sol devant nous.

- Encore un ? soupirai-je. Bon, Salade, vas...

Et c'est là que je remarquai qu'il avait trois têtes.

- Trio ! beuglèrent-ils tous ensemble d'un ton furieux.

- Oups.

Le grondement rauque de la pierre en mouvement m'emplit les oreilles. Le sol se mit à trembler. Déséquilibrée, je me retrouvai à genoux. De la poussière tomba du plafond, suivie d'une pluie de cailloux.

- Cassos !

Départ en flèche. Nous courûmes jusqu'à la sortie, abandonnant le Triopiqueur à sa colère. Sentir la pluie sur mon visage fut cette fois une vraie bénédiction. Vive le ciel et ses nuages gris ! J'éclatai de rire. Salade me fixa comme si j'étais devenue folle.

- Roh, allez... C'était marrant, non ?

- Zarre.

- T'as pas le sens de l'humour, c'est tout.

Après une pause pique-nique, nous prîmes la route vers Azuria. Faire le chemin en sens inverse me paraissait contre-nature. Dans une quête, on était censé aller de l'avant, non ? Je me consolai de cette anomalie en me disant que j'allais récupérer Plouf. La pluie s'arrêta en milieu d'après-midi, mais cela n'empêcha pas Princesse de continuer à sauter dans toutes les flaques qu'elle rencontrait, complétant peu à peu sa transformation en monstre des marais. Et après elle s'étonnait que je refuse de la papouiller.

Nous empruntâmes à nouveau le passage souterrain, et arrivâmes à la pension aux alentours de 18 heures. La porte était ouverte, je m'essuyai les pieds puis entrai. Le vieil homme m'accueillit d'un sourire jovial.

- Bonjour, commençai-je, je suis passée il y a un peu plus d'une semaine...

- Oui, pour me confier un Magicarpe, compléta-t-il d'une voix douce. Plouf, n'est-ce pas ? Il a bien grandi. Grossi, aussi. Venez, par ici.

Pour son âge, il disposait d'une mémoire à toute épreuve ! Au tapis, le prof. Chen. (Enfin, ça, c'était pas dur.)

Nous passâmes dans le jardin. Un Miaouss vint renifler Princesse, mais ma petite Miaouss n'était pas d'humeur : elle l'ignora superbement. Je suivis le vieil homme jusqu'au bord d'un grand bassin, dans lequel s'ébattaient quatre Magicarpes. Il m'en désigna un sans hésiter.

- Il est là.

- Comment vous le savez ?

- Chaque Pokémon est unique, répondit-il avec un petit sourire en coin, comme si j'avais posé une question idiote. Lorsqu'on leur prête vraiment attention, on ne peut pas s'y tromper.

- Ah.

Je ne voyais toujours que quatre gros poissons rouges identiques. Peut-être que ça viendrait plus tard. Je rappelai Plouf dans sa Pokéball, payai le vieil homme, et me hâtai vers Azuria. Avec un peu de chance, je pourrais m'incruster chez Léonard pour le déjeuner.

Il ne me fallut que quelques minutes de plus pour entrer dans la ville et parvenir jusqu'à la maison.

Toc toc toc.

La porte s'ouvrit sur la mamie de Léonard.

- Léa, quelle bonne surprise ! Et tu as même amené ton propre Miaouss ? constata-t-elle. C'est comme si tu faisais déjà partie de la famille !

- Miaouss ! approuva Princesse, très contente qu'on la remarque.

Elle fit comme chez elle et entra en se frottant contre la jambe de la vieille dame au passage.

- Alors, ce bébé, c'est pour quand ? s'enquit-elle en regardant mon ventre.

- Euh...

Je fus sauvée par l'apparition d'un Léonard sauvage. Pokéball, go ! En plus, il était déjà affaibli : il avait un bras en écharpe.

- Mamie ! fit-il d'un ton un rien irrité. Je t'ai déjà expliqué, Léa est une amie.

- Oui, c'est vrai, concéda-t-elle.

Léonard et moi échangeâmes un regard surpris. Avait-il réussi à lui faire entendre raison ?

- Léa est encore beaucoup trop jeune pour avoir un enfant, continua-t-elle. C'est mieux d'attendre un peu.

Hé non. C'était beau de rêver.

- Et moi qui avait fait à manger pour quatre ! se lamenta-t-elle.

- J'ai suffisamment faim pour manger deux portions, lui assurai-je. Voire trois.

- C'est bien, ça ! Depuis son accident, Léonard picore. Autant d'appétit qu'un Chenipan ! Il va finir par rétrécir s'il continue ! Je me rappelle, quand il était petit...

Léonard s'éclaircit la gorge.

- Et si on passait à table ?

Aussitôt dit, aussitôt fait. La mamie de Léonard avait préparé un somptueux repas, bien loin des sandwichs et autres plats préparés que l'on pouvait acheter au centre Pokémon : du gigot d'agneau en sauce, accompagné de délicieuses patates rôties. Je me resservis trois fois, et sans vergogne. Même ses Miaouss avaient droit à un mélange spécial, que Princesse sembla apprécier tout particulièrement. Elle qui d'habitude faisait la difficile face à ses boulettes MiamMiam™ (les industries agroalimentaires du monde Pokémon n'avaient pas beaucoup d'imagination), là, elle se baffrait.

Après le repas, Léonard me proposa de faire une petite balade digestive et j'acceptai volontiers. Malgré le vent nocturne qui soufflait, la température était clémente. De nuit, Azuria était resplendissante : l'eau des fontaines brillait au clair de lune et la ville entière baignait dans une lueur argentée. Des guirlandes aux teintes bleutées ornaient les arbres, clignotant selon une configuration complexe. Un jeu d'ombre et de lumière grandeur nature.

Nous étions seuls tous les deux ; j'avais laissé mes Pokémon à la maison. Nous marchions en silence, mais c'était un silence complice et non malaisé. Parvenus près d'un plan d'eau, nous fîmes une halte. Je me penchai pour observer la lune qui se reflétait à la surface de l'onde. On aurait dit une large faucille d'or, cachée dans les profondeurs. Inatteignable.

Je touchai l'eau du bout des doigts, troublant son image.

- Raconte, lança Léonard derrière moi.

Je tournai la tête.

- Quoi ?

- Tu sais. Pourquoi tu ne répondais pas à mes coups de fils.

- Oh. Ça.

- Oui. Ça.

Quelle conversation des plus brillantes. Je changeai de position, soulageant une crampe à ma jambe droite. Et lâchai le morceau :

- Ficelle est morte.

Il fronça les sourcils.

- Ficelle ? Ta Papilusion ?

- Le Rattatac de Zack l'a tuée, mais c'était entièrement ma faute. J'aurais dû la rappeler.

J'étais trop confiante et je l'ai délibérément mise en danger avec ma stratégie à la noix...
Un petit rire amer m'échappa.

- J'imagine que je me croyais invincible, parce que...

Parce que je n'étais pas comme les autres dresseurs. Parce que moi, je venais du monde réel. Parce que ce n'était qu'un jeu. Parce que tout court. C'te blague.

- Léa... Léa, regarde-moi.

Je levai les yeux.

- Tu n'as pas à t'en vouloir, dit-il d'une voix douce mais ferme.

- Je suis dresseuse, je suis censée prendre soin de mes Pokémons.

Je pouvais pratiquement goûter à l'amertume de mes mots.

- Les accidents, ça arrive, et on n'y peut rien. Zack ne cherchait pas à la tuer, n'est-ce pas ?

Je considérai la question un très court instant.

- Non.

- Et Ficelle aussi connaissait les risques. Elle aurait pu refuser de se battre.

Cet argument là, je ne pouvais pas l'accepter.

- Elle me faisait confiance, contrai-je. Elle aurait affronté un Onyx si je le lui avais demandé.

Une pause.

- D'accord, mais c'est une erreur que tu ne referas plus, dit-il. Il faut que tu acceptes de tourner la page, tu n'arriveras qu'à te faire du mal si tu restes bloquée là-dessus.

- Tu n'aurais pas un manuel ? 'Comment gérer le deuil pour les nuls, version Pokémon', c'est ça qu'il me faudrait, ironisai-je.

- La perte de son premier Pokémon est toujours une épreuve... soupira-t-il. Mais avec le temps, la blessure s'atténuera. Et tu sais quoi ? Tu n'es pas toute seule.

Il me tendit la main.

- Je suis là, moi.

Je la saisis après une brève hésitation. Le contact de sa peau contre la mienne était le bienvenue. Elle transmettait chaleur et réconfort, deux choses dont j'avais bien besoin en ce moment. Il m'aida à me relever et je me laissai aller lorsqu'il m'attira à lui. Son bras valide se referma sur moi, protecteur. Nous restâmes un long moment enlacés.

Ça faisait du bien d'avoir quelqu'un qui croyait en moi. Même s'il ne savait rien de qui j'étais vraiment. Même si tout le reste était faux. Même si je lui mentais depuis le premier jour. Léonard croyait en moi. Je me raccrochai désespérément à ce petit îlot de vérité, priant pour ne pas sombrer dans la tempête.

***

Le lendemain, je pratiquai l'art ancestral de la grasse matinée. Il me fallait bien ça pour rattraper ma nuit de sommeil en retard. En me levant, aux alentours de midi, j'eus la mauvaise surprise de constater que j'avais des crampes dans les jambes. Après une semaine passée à glander au centre Pokémon de Carmin-sur-Mer, mon corps me faisait savoir avec vigueur que marcher toute la journée était à ranger dans la case 'mauvaise idée'. Pas de chance pour lui, aujourd'hui c'était exactement ce que nous allions faire.

Dans les escaliers, une surprise m'attendait :

- Persiiiian !

- Bordel de putain de...

C'était le même Persian que la dernière fois, il était exactement au même endroit, et je lui avais encore marché sur la queue. Vol plané. Atterrissage douloureux. Commencer sa journée en dégringolant les escaliers, y a pas mieux pour vous réveiller.

- Ah tiens, je crois que Léa est debout, fit une voix en provenance de la cuisine.

Sherlock Holmes était dans la place.

- Bien dormi ? s'enquit un Léonard hilare.

- Pas trop mal.

Aucun cauchemar ni rêve bizarre, c'était déjà ça. Par contre, j'avais rêvé que Salade évoluait et redevenait un Bulbizarre, ce qui en disait long sur mes angoisses.

- Tu restes pour le déjeuner ? voulut-il savoir.

- Autant partir le ventre plein. Et puis la cuisine de ta mamie est à se damner.

La mamie de Léonard apparut derrière lui, brandissant un fouet qui dégoulinait de... pâte à crêpes ?

- Tu vois mon petit Léonard, c'est ce que je n'arrête pas de te dire. Apprends à cuisiner et tu deviendras invincible ! clama-t-elle en brandissant son fouet tel une épée.

Quelques gouttes de pâte à crêpe atterrirent malencontreusement dans les cheveux de Léonard.

- Mamie, tu dis ça à chaque fois que tu veux me motiver pour un truc... Quand j'étais petit, c'était 'Apprends ta leçon de maths et tu deviendras invincible'.

- Hé bien, n'avais-je pas raison ?

- ...si.

Je ne savais pas trop s'il capitulait pour éviter de se lancer dans une très longue discussion, ou bien s'il le pensait vraiment. Je n'eus pas le loisir de le lui demander car je fus réquisitionnée par sa mamie à des fins crêpesques. Mmh. Crêpeuses ? Bref, vous avez compris. Après un incident incluant un Miaouss, des tonnes de farine partout, et une salière (vous ne voulez pas savoir les détails), le repas fut prêt.

Comme d'habitude, il fut ponctué d'anecdotes savoureuses sur l'enfance de Léonard, narré par sa mamie d'une voix mi-affectueuse mi-moqueuse. De quoi pouvait-elle bien parler lorsqu'ils étaient seuls tous les deux ? Il faudrait que je demande à Léonard. Elle venait juste de finir de raconter comment Léonard avait obtenu son premier Pokémon, un Caninos, lorsqu'elle m'interrogea à mon tour :

- Et toi, Léa, à quel âge as-tu eu ton premier Pokémon ?

Zut.

- Il y a peine deux semaines, en fait. Salade a été mon tout premier Pokémon.

Plus simple que de s'embrouiller dans un mensonge.

- Ça fait vieux, jugea Léonard. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?

- Le dressage de Pokémon ne m'intéressait pas. J'y faisais une sorte de... réaction allergique, si je peux dire ça comme ça.

- Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?

Je haussai les épaules, affectant un air désinvolte.

- J'ai grandi.

Ou pas. Dire la vérité, ça avait ses limites. Au moment où la grand-mère allait poser une autre question, Princesse bondit sur mes genoux et s'avança pour renifler ma crêpe. Son intervention fit dévier le sujet sur les chats et leur nature chapardeuse, me sauvant de l'interrogatoire. Je filai un bout de crêpe à Princesse pour la récompenser.

Plus tard, alors que Léonard m'accompagnait vers la sortie d'Azuria, j'obtins ma réponse quant aux sujets de conversation de sa mamie.

- Mes parents. Et puis ses Miaouss et leurs aventures, mais principalement mes parents. J'en suis venu à connaître leurs vies par cœur. Y compris les déboires amoureux de mon père avant qu'il ne rencontre ma mère et les deux mois quand il était ado où il pensait qu'il était gay.

Oula. Trop d'information là.

- Je crois que je préfère encore quand elle parle de moi, au moins ce que j'apprends me concerne, ajouta-t-il en riant.

- C'est moi qui vais finir par te connaître par cœur à force.

Il fit la grimace.

- Aïe. Mauvais pour moi, ça.

- Aurais-tu des petits secrets cachés au fond du placard ?

J'étais vraiment pas qualifiée pour poser cette question.

- Non, m'enfin c'est pas très flatteur quand elle raconte comment un Caninos m'a poursuivi dans le jardin parce que je sentais la sardine.

Je souris rien qu'à l'évocation de l'incident.

- Rigole pas, j'étais terrifié !

- Je rigole pas, c'est un spasme nerveux !

- C'est ça, oui...

Nous étions arrivés au début de la route 9, celle qui menait à la grotte. Léonard et moi nous séparâmes, après qu'il m'ait fait promettre de répondre à ses prochains coups de fil. Je continuai donc seule, armée de bonne humeur et de mes six Pokémon. La route serpentait entre des plateaux rocheux, ce qui lui donnait l'apparence d'un long corridor tortueux. Pas terrible si on était claustrophobe, mais du bon côté, impossible de manquer les autres personnes qui arpentaient ce chemin.

Je décidai d'entraîner Plouf. Le pauvre Magicarpe avait dû s'ennuyer en pension ; il était temps qu'il voit un peu d'action. En plus, d'après le Pokédex, il n'allait pas tarder à évoluer. La méthode était simple : il se mettait sur le côté, et il regardait Teigne délivrer des baffes aux Pokémon des autres dresseurs. La Férosinge combattait sans un mot, ne se plaignant même pas lorsqu'elle se prenait des coups. Pour être franche, son comportement m'inquiétait. Je ne savais plus trop comment m'y prendre avec elle.

Son évolution me prit par surprise. Alors qu'elle venait d'envoyer un Macho en orbite, elle rayonna soudain de lumière. Elle grandit d'une bonne cinquantaine de centimètres, ses bras forcirent et ses poings, déjà assez impressionnants, se changèrent en armes de destruction massive. Sa réaction fut équivoque : elle cligna à peine des yeux.

- Teigne, tu es magnifique... Ficelle aurait adoré.

Je reçus un regard froid pour toute réponse. D'accooord. J'allais m'abstenir de tout commentaire à l'avenir.

Une demi-heure plus tard, alors que Souris faisait face à un Onix, ce fut au tour de Plouf d'évoluer. Et tout à coup, l'Onix parut minuscule. Je contemplai mon petit Plouf, effarée. Qu'est-ce c'était que ce monstre ? Six mètres de long au bas mot, des écailles bleutées qui n'étaient pas sans rappeler celle d'un dragon recouvrant un corps serpentin, une gueule suffisamment grande pour engloutir un bus, et une série de dents que j'aurais pu utiliser comme tabourets.

- Euh, Plouf, c'est toi ?

- Léviatoooor !

Rassurant. Le Pokédex bipa, m'informant qu'il avait appris une nouvelle attaque. Tant mieux, parce que je voyais mal un Pokémon de cette taille-là faire Trempette. Ça aurait été comique de le voir se tortiller dans tous les sens, tiens.

Lorsque le dresseur suivant me défia, j'envoyai donc Plouf au combat, histoire de voir ce qu'il valait. Je n'avais pas attendu de voir quel Pokémon mon adversaire allait choisir. Erreur typique. À sa décharge, l'Aspicot ne se démonta pas quand il découvrit à quoi il avait affaire, et se dressa de tout son long, fusillant Plouf du regard.

- Sois gentil, Plouf.

J'avais l'impression d'avoir amené un tank à un combat au couteau. Plouf se pencha et effleura gentiment l'Aspicot. Hop, terminé. J'avais presque honte.

- Garde tes sous, dis-je au gamin lorsqu'il me tendit sa poignée de billets.

De l'agitation dans les hautes herbes attira soudain notre attention. Un cri rauque d'oiseau en colère retentit, et Princesse émergea des fourrés, tenant un Piafabec dans sa gueule. Elle le déposa à mes pieds et posa une patte dessus pour l'empêcher de s'enfuir.

Tu vois que je peux être utile ? semblait dire son regard ambré.

Allez... Puisque Princesse me l'avait si gentiment apporté, je n'allais pas refuser. Et c'est ainsi que Zozio, une femelle Piafabec, rejoignit Bzz et Bouffi dans l'ordinateur. Enfin un Pokémon oiseau ! J'allais juste devoir faire attention à ce qu'elle et Teigne ne se rencontrent jamais...

En milieu d'après-midi, nous arrivâmes au centre Pokémon. Il se trouvait juste à l'entrée de la grotte et était plutôt désert question dresseurs.

- À cette heure-ci, tout le monde explore le tunnel, me répondit l'infirmière alors que je lui confiai mes Pokémon.

Bonjour les combats en perspective. Mais avant d'aller gambader dans la grotte, il me fallait une source d'éclairage. Je sortis la CS Flash et regardai qui pouvait l'apprendre. Verdict : Salade et Princesse.

- Miaouss, commenta cette dernière d'un air suffisant.

- Bon, d'accord, je l'admets, tu es très utile. Là, ça te va ?

- Mia, miaula-t-elle en prenant une pose exagérée.

- Tu es tellement utile que tu vas avoir l'honneur de guider toute l'équipe dans la grotte.

- Ouss, ajouta-t-elle en accentuant ladite pose.

- On est encore là demain si tu le prends comme ça.

Après dix minutes passées à rayonner d'importance, elle accepta finalement de rentrer dans sa Pokéball et je lui appris la CS. Je vérifiai que je n'avais rien oublié, puis quittai le centre Pokémon pour m'aventurer dans la grotte. La première chose qui me frappa en entrant, curieusement, ne fut pas le noir. Ce fut d'abord le froid. Un froid glacial qui pénétrait jusqu'aux os. Je regrettai l'absence de Pokémon feu dans mon équipe.

- Princesse, lumière !

Son joyau frontal s'illumina, émettant un rayon de lumière blanche assez puissant qui éclaira les alentours. Ma petite lampe de poche perso. Une preuve de plus que les chats pouvaient tout faire. (Un jour, ils domineraient le monde. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, c'était siesta.)
Bref. Quand on a vu une grotte, on les a toutes vues, et celle-ci n'avait rien d'extraordinaire, à part le froid. Les parois de pierre suintaient d'humidité, mais la température était tellement basse que l'eau s'était changée en glace. Brrr. Je me mis en marche d'un pas vigoureux, décidée à sortir de là au plus vite.

Nous marchions depuis à peine cinq minutes lorsqu'une silhouette surgit des ténèbres et sauta sur Princesse. La Miaouss effectua une embardée pour éviter l'attaque du Machoc et l'intensité lumineuse de son Flash diminua considérablement. Elle répliqua en griffant la jambe de son agresseur, mais celui-ci parut ne rien sentir.

- Princesse, concentre-toi uniquement sur Flash, et laisse les autres s'occuper des Pokémon sauvages, lui ordonnai-je en libérant Souris.

Les ondes sonores de la Nosferalto mirent à mal le Machoc. Il s'infligea lui-même un coup de poing qui le fit chanceler, puis resta immobile, les yeux dans le vague. Je lançai une Pokéball, et après quinze secondes d'attente, le verdict tomba : un Pokémon de plus dans l'équipe ! Notre Machoc intrépide était une femelle, que je nommai Gonflette, rapport à ses muscles (mais vous aviez déjà compris).

Les rencontres s'enchaînèrent. Onyx, Nosferapti, Racaillou, Férosinge... J'étais constamment sur le qui-vive dès qu'une ombre se dessinait à la lisière de notre cercle de lumière. Pour une raison que je ne m'expliquais pas, cette grotte me filait les jetons. Je découvris bientôt que non seulement elle pullulait de Pokémon, mais également de mecs déguisés en Pokémon. Au premier que je croisais, je me frottai les yeux, croyant à une hallucination. Mais non : j'avais bien affaire à un dresseur en costume de Ramoloss.

Il m'adressa un signe de la main.

- Salut, répondis-je, hésitante. Euh, y a une raison pour laquelle tu es déguisé en Pokémon ?

- Ramoloss est mon Pokémon préféré, m'informa-t-il. Mon costume est réussi, tu ne trouves pas ?

Il rabattit sa capuche aux oreilles roses sur sa tête. Je devais admettre que c'était particulièrement convaincant. Il avait même été jusqu'à inclure la queue, qui tombait jusqu'au sol et se terminait par un bout blanc.

- Pas mal, ouais.

- Et tu vas voir, mes Ramoloss ne sont pas en reste !

Ramoloss, pluriel. Il en avait trois, qu'il envoya au combat coup sur coup. Je dus retenir Plouf afin qu'ils ne finissent pas tous en charpie. Le petit Magicarpe inoffensif paraissait bien loin, et mon Léviator se révélait être un monstre. Une vraie machine de guerre. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu'il était dépourvu de faiblesses.

J'en fis l'expérience alors qu'il affrontait un Rondoudou. Ou plutôt une Rondoudou - détail crucial.

- Bouboule, Attraction, lança sa dresseuse, tout sourire.

La Rondoudou fit les yeux doux au Léviator et battit des cils à son intention. Plouf, qui s'apprêtait à la mordre, s'arrêta net.

- Léviatooor ?

La Rondoudou secoua son petit derrière, puis virevolta. Plouf l'observait, subjugué. Le spectacle avait l'air de lui plaire.

- Plouf ! Ne te laisse pas avoir !

- Tooor ?

- Écras'face !

Le Pokémon rose souleva ses petits poings et les abattit sur le museau de Plouf. Il recula en beuglant, puis loucha sur la Rondoudou. Quoi ? L'objet de ses affections avait osé lui faire du mal ? Non, elle avait dû glisser, c'était une erreur... Complètement déboussolé, le pauvre. Le deuxième Écras'face lui remit les idées en place. Cette fois, impossible de s'y tromper : elle l'avait fait exprès ! Il rugit et répliqua par un coup de queue dévastateur. Dans les vapes, la Rondoudou.

- Leviatoor, gronda Plouf, vexé de s'être fait avoir.

Après cet incident qui avait écorché son amour-propre, j'étais certaine qu'il allait se montrer plus prudent.

Nous continuâmes à avancer, descendant de plus en plus profond dans les entrailles de la terre - en territoire hostile. Le froid s'intensifiait en même temps que mon malaise. L'air glacial me poignardait les poumons à chaque inspiration ; respirer devenait de plus en plus pénible. J'avais l'impression de tourner en rond. N'étais-je pas déjà passée par là ? Impossible de demander mon chemin, les autres dresseurs semblaient avoir disparu... J'étais seule. Et était-ce mon imagination ou bien la lumière dégagée par Princesse faiblissait-elle ?

Soudain, quelqu'un poussa un cri quelque part, et le son fut renvoyé en écho, démultiplié. L'adrénaline déferla dans mes veines. De nouveau, un hurlement, accompagné d'un sifflement suraiguë. Un hurlement qui exprimait la terreur pure. Il s'éteignit brusquement, coupé court. Le sifflement, lui, persista.

- Miss...

Une bourrasque soudaine me déroba toute ma chaleur corporelle. Je frissonnai. Bon sang, que se passait-il dans cette grotte ?! De la buée sortait de ma bouche à chaque expiration à présent, et je pouvais plus rien apercevoir au-delà de notre cercle de lumière. Un cercle qui se rétrécissait de seconde en seconde.

Princesse vint se coller contre moi, sa queue s'agitant avec violence. Je n'avais aucun réconfort à lui apporter : j'étais tout aussi effrayée qu'elle, sinon plus.

- Viens, il faut qu'on sorte d'ici, chuchotai-je.

Je pressai le pas, mais le son strident se rapprochait, inexorablement. Comme s'il m'avait suivi depuis le début et n'attendait que le meilleur moment pour frapper. Parano, moi ? Naaan.
Et tout à coup, le noir. L'obscurité la plus complète que l'on puisse imaginer.

- Princesse ?

Ma voix fut absorbée par quelque chose et c'est à peine si elle parvint à mes oreilles. Si ma Miaouss répondit, je ne l'entendis pas. Une vague de panique se souleva en moi. Je m'emparai de sa Pokéball et la rappelai : au moins, elle serait à l'abri. Il n'y eut pas l'habituel rayon de lumière rouge, mais la ball se réchauffa dans ma main, signe que ça avait fonctionné.

- Missss...

Le son était tout proche. Les doigts glacés de la peur me saisirent à la gorge. Je voulus courir, mais mes jambes ne m'obéissaient plus. Mon esprit se voila, je sentis mes forces m'abandonner.

Non... Qu'est-ce qui n'allait pas... Pourquoi je n'arrivais plus à...

J'eus vaguement conscience de tomber à genoux.

Il faisait froid...

Si froid...

L'obscurité glaciale m'enveloppa de ses bras. Je sombrai.

***

Premier chapitre qui finit sur un cliffhanger. Vous feriez bien de vous y habituer, ça va arriver de plus en plus souvent. :D
Bon sinon, je sais pas si ça se voit, mais j'arrive paaaas à écrire les moments romantiques entre Léa et Léonard. Ils sont tellement niais tous les deux, ça me donne envie de leur foutre des baffes, c'est pas possible. xD En plus au départ Léonard n'était même pas prévu, il s'est tapé l'incruste.


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Ficelle