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Chroniques des Donjons Mystère, Tome I : Timeout de Sanaito



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Informations

» Auteur : Sanaito - Voir le profil
» Créé le 24/03/2012 à 11:20
» Dernière mise à jour le 10/06/2015 à 19:06

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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[S1] Chapitre XXII : Conspiration – The base of observation
_____« Je me suis fait refroidir... »


_____Damon s'infligea une gifle mentale pour s'interdire de faire de l'humour en situation critique. Il avait mal à la clavicule où s'étendait son tatouage. Il voulut la tâter mais ne put pas. Des sangles en cuir le retenaient au niveau des mains et des chevilles, le forçant à rester allongé sur une surface froide.

_____L'avait-on torturé ? Il sentait bien une odeur de sang mais il ne souffrait pas spécialement. Et finalement, la seule douleur notée tenait plus de la gêne après première impression passée.

_____Mais alors, que faisait-il ici ? Et où étaient les autres ? Il balaya la pièce du regard. Il semblerait qu'à part lui, personne ne s'y trouve. Les murs étaient d'une blancheur immaculée, sur le côté était rangée une grosse lampe comme celle utilisée lors les opérations chirurgicales. Sur une tablette en inox étaient posés des pinces, des ciseaux, des scalpels... du matériel d'hôpital.

_____L'humain écarquilla les yeux : que lui avait-on fait encore ?



_______Vos ordres ont été suivis, Maître. Les intrus ont tous été faits prisonniers, confirma Noctali, seul subordonné présent dans "la pièce au mille larmes", comme on l'appelait quand les voix hantant les lieux ne se taisaient pas, par exemple en ce moment même.

_______Bien. Givrali a-t-elle achevé sa part de travail ? demanda son supérieur.

_______Oui. Tout s'est passé au mieux, il ne semble pas abîmé par l'opération. Mais...

_______... Mais ?

_______Je sais que vous n'appréciez pas les questions, cependant... Pourquoi avoir imaginé une machination aussi complexe pour parvenir à vos fins, au lieu de simplement supprimer les gêneurs ?


_____Son chef eut un sourire dément, son regard s'éclaira d'une lueur effrayante, avant de répondre :


_______Pour m'amuser bien sûr ! Il faut bien que mon génie soit exercé le plus souvent possible, afin qu'il ne se détériore pas.

_______Si je puis me permettre... La dernière fois que vous avez voulu vous "distraire" ainsi, vous avez perdu la bataille.


_____Le rictus du Maître Suprême se fana.


_______C'était différent. Il y avait des inconnues dans mes équations. Elles ont été supprimées, et je ne permettrai plus aucunes valeurs approximatives.

_______Hum, je l'espère pour vous. Parce que votre "jeu" est dangereux.

_______J'ai l'éternité pour faire en sorte qu'il ne soit dangereux que pour mon entourage.


_____Les lamentations dissonantes s'intensifièrent, le Maître leva la tête.


_______Et eux aussi.

_______Je n'aime pas l'idée de devoir passer pour des perdants juste pour votre plaisir.

_______Ton orgueil te perdra, Noctali. C'est bien ton plus grand défaut. Ne t'en fais pas, tu auras ensuite la satisfaction de voir le désespoir sur leurs visages quand ils s'apercevront que depuis le début ils n'étaient que des pions dans mon grand échiquier.


_____Il aperçut sur l'un de ses moniteurs la petite Rosélia sectionner ses liens. Il n'en fut pas contrarié le moins du monde. Il s'en amusa, même.


_______Hu hu, la partie a débuté... le premier pion adverse s'est engagé...



_____« Ouais. C'est cool. Je suis libre. Mais maintenant, je fais quoi ? », gémit intérieurement Rosélia.


_____Elle était aisément parvenue à se défaire de ses cordes avec une Feuillemagik. Au prix d'une longue entaille au bras ; sans doute leurs ravisseurs n'avaient-ils pas jugé nécessaire d'utiliser des liens plus solides justement parce qu'ils ne pensaient pas qu'elle irait jusqu'à se blesser sciemment pour se libérer – et ils n'avaient pas tort, elle n'aurait pas osé s'y elle avait su qu'elle se ferait si mal.

_____Elle avait forcé le cadenas de la réserve dans laquelle elle était retenue à grand coups de Fouet Lianes impatients et cherchait ses équipiers en déambulant dans les couloirs d'un bâtiment propre, clair et moderne : la base d'observation des étoiles ?

_____Elle passa à côté d'une porte blindée qui ne retint son attention que lorsqu'elle trembla sous un choc violent et bruyant. Elle considéra la serrure électronique, requérant un code. Devait-elle tenter d'ouvrir ? Et si derrière ne se trouvait pas un de ses partenaires, mais un dangereux psychopathe ?

_____Elle se colla à la porte et demanda timidement :


_______Y a quelqu'un ?

_______Rosélia ? Libère-moi tout de suite, ¡ Joder !*


_____La plante tressaillit en entendant le mot espagnol – qui ne pouvait être qu'une insulte. Elle avait eu raison de craindre les psychopathes ! Le problème, c'est que celle-ci était une alliée !


_______Bordel, mais t'attends quoi pour débloquer cette fichue porte ? tempêta Cresselia en redonnant un grand coup de flanc dedans.

_______C'est qu'il y a un mot de passe... couina la fleur.

_______Hum... On est bien dans la base, n'est-ce pas ?

_______Euh... je pense...

_______Essaie 713705.

_______Pourquoi ?

_______Fais ce que je te dis !


_____La Pokémon herbe atteignit le boîtier de contrôle avec ses lianes et tapa les six chiffres. Le voyant rouge qui jusque-là était toujours resté allumé laissa place à une diode verte, la prison n'était plus.

_____La nymphe lunaire s'ébroua dans la salle et ne sortit qu'ensuite, afin de ne laisser qu'un minimum de traces de poussière sur le chemin qu'elle allait prendre – au hasard.


_______Comment as-tu si vite deviné le code ? l'interrogea l'adolescente, qui avait renoncé à attendre un remerciement.

_______Si tu tapes sur une calculatrice ce nombre et que tu la retournes pour le lire à l'envers, tu lis le mot "SOLEIL". C'est super connu chez les mathématiciens qui se sont au moins une fois amusés avec. Y en a d'autres des trucs comme ça, expliqua la créature psychique en haussant les épaules.

_______Ceux qui ont trouvé ça ne savaient pas quoi faire de leurs journées.

_______Je suis du même avis.



_____Gardevoir tournait en rond dans la petite pièce où elle était retenue prisonnière. Si elle était aisément parvenue à faire glisser de ses fines jambes les cordes qui les liaient, ses mains étaient toujours attachées dans son dos. Et le métal dont étaient faites les menottes était de l'incantium.

_____Ce matériau avait été découvert il y a sept ans dans des mines du Cap Enchanteur, et ce nom "enchanteur", venant d'"enchanter" qui se traduit par "incantare" en latin, lui a donné son appellation. De symbole Icn, dont la solidité n'a d'égale que sa rareté, il résiste à tous les chocs et ne peut subir aucune attaque, raison pour laquelle la nymphette n'était pas parvenue à s'en débarrasser avec Psyko.


_____« Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Même si je parviens à sortir d'ici, je serai toujours encombrée par ces maudites menottes. Je ne serai jamais capable de me défendre avec un tel handicap. »


_____Une idée lui traversa l'esprit. Elle ne lui permettrait pas d'être libérée de ces liens, mais elle aurait au moins les mains devant elle. Elle se mit à luire, l'air tiédit, elle se métamorphosa, et apparut à la place de la Pokémon Psy le corps nu de son apparence humaine.


_____« Heureusement que je suis seule dans cette petite salle... », se dit-elle, rougissante.


_____C'est bien la seule utilité qu'elle trouvait à l'épaisse porte verrouillée qui la séparait de la liberté – ou peut-être pas, elle ne sait pas ce qu'il y a derrière – : la cacher. Elle se reconcentra sur ce qu'elle tentait de faire. Elle ne devait pas se laisser distraire par des détails comme sa pudeur.

_____Au lycée, elle faisait partie de l'équipe des pom-pom-girls, elle en avait tiré une certaine souplesse dont elle était très fière. Elle allait donc pouvoir vérifier si elle était toujours aussi agile.

_____Elle sauta, recroquevillée sur elle-même, pieds tendu au maximum afin que le dessus fasse une ligne droite avec les tibias. Elle passa ses mains en-dessous d'elle, dépliant les jambes peu après le passage des menottes, afin que celles-ci ne butent pas sur les genoux, et qu'elle puisse par la suite se réceptionner.

_____Tout ceci se passa en une fraction de seconde. Elle put constater qu'elle avait réussi ce qu'elle entreprenait, elle pouvait observer ses poings serrés en signe de victoire. Mais aussi le magnifique trou de serrure dans l'un des bracelets qui l'entravait.

_____Elle se hâta de reprendre sa forme de Pokémon où sa jolie robe naturelle était un rempart protégeant son intimité. Juste au cas où Damon viendrait la chercher...


_______... M-mais pourquoi je pense à lui d'abord ? Qui me dit qu'il va me sauver, hein ? Ça fait pas un peu trop cliché, du genre "beau-chevalier-qui-vient-secourir-la-douce-princesse-en-détresse-piégée-dans-un-donjon-gardé-par-un-méchant-Dracaufeu" ?


_____Elle secoua la tête en faisant la grimace et soudain s'immobilisa quand elle entendit quelqu'un toquer à sa porte. Enfin toquer... disons plutôt essayer de massacrer sa porte.


_______Damon ? ne put-elle s'empêcher d'appeler.

_______Arrête de fantasmer, douce princesse en détresse ! ironisa la voix trop reconnaissable de Cresselia derrière. On t'a entendue depuis le couloir ! Et t'as raison pour le cliché, parce que ce n'est sûrement pas ton chevalier qui serait venu te sauver, vu qu'il est introuvable !

_______Je vais ouvrir la porte ! On connaît le code ! fit celle, plus ténue, de Rosélia.


_____La porte émit un "clang !" quand elle fut déverrouillée, et elle s'ouvrit toute seule sur les deux autres équipières. Gardevoir les rejoignit, tandis que ses amies lorgnaient ses poignets.


_______Voilà autre chose... grinça la nymphe de la Lune.


_____Elles reprirent leur maladroite exploration du bâtiment dont le couloir traversé semblait ne pas avoir de fin, espérant trouver à la fois Raichu, Damon et leurs affaires. La demoiselle lunaire assurait être capable de forcer la serrure des menottes avec son matériel.

_____Elles dépassèrent ce qui, d'après la croix rouge sur le panneau métallique bouclant cette ixième pièce, devait être l'infirmerie. Elles y entrèrent, par curiosité. Elle était en deux parties : la première une salle basique avec un bureau, une armoire remplie de médicaments et une table de consultation où l'on faisait s'allonger le patient.

_____La deuxième partie était derrière une porte en bois peinte en blanc et – pour ne pas différer de ce qu'était chaque porte depuis tout à l'heure – verrouillée. Petite différence : celle-ci demandait une clé.


_______Zut, on ne peut pas entrer... grogna la demoiselle psychique en faisant teinter la chaîne de ses liens indestructibles.

_______C'est ça ouais ! Mais regarde andouille ! Ce n'est qu'un panneau en bois ! En bois, tu entends ? Et qu'est-ce que je fais de ces trucs pas solides moi ?


_____L'autre nymphe chargea une attaque Tranche et se jeta sur le "truc pas solide", d'après ses propres termes.


_______Je les fracasse !



_____La porte de cette petite pièce blanche où il se trouvait fut réduite en charpie peu après son réveil et les éclats de voix qu'il venait d'entendre. Cresselia apparut dans l'encadrement, il ne put s'empêcher de lancer une pique :


_______Quelle entrée fracassante...

_______Ha ha ha, l'humain.

_______Damon ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?


_____Gardevoir arriva à son tour, et se hâta de défaire par télékinésie les sangles qui retenaient prisonnier le jeune homme, qui préféra ne pas faire de commentaire sur les menottes.


_______Bonne question. Je me suis réveillé à l'instant, lui avoua-t-il en se levant.

_______Hum, étrange, marmonna-t-elle.

_______Bon, vous causerez plus tard, là, on a encore du pain sur la planche ! Faut retrouver nos affaires et le petit gros ! râla l'autre Pokémon Psy.


_____Ils quittèrent l'infirmerie et arrivèrent bientôt à l'escalier menant à l'étage supérieur. Ils l'empruntèrent prudemment, veillant à ne rencontrer aucun éventuel garde. Mais ils ne croisèrent personne, pour ne rien changer depuis qu'ils étaient ici, force était de le constater. Le bâtiment semblait même tout à fait désert.

_____À ce palier se trouvaient les dortoirs et les pièces à vivre. Les portes étaient pour la plupart ouvertes, on pouvait y voir l'eau couler de quelques robinets. Une odeur de brulé émanait des casseroles sur des fours à gaz que Damon s'empressa d'éteindre. Seulement, pas âme qui vive. Tout paraissait avoir été abandonné sur le vif, et depuis peu.


_______... M'est avis qu'on devrait se dépêcher de quitter cet endroit... couina Rosélia.

_______Ce calme, ce serait cool si c'était pareil au bureau, ironisa la nymphe lunaire.

_______Avec toi c'est perdu d'avance, railla la seconde créature psychique.


_____Un bruit de vaisselle qui tombe mit chacun en alerte. Le pseudo humain empoigna une poêle. L'étrangeté de son arme et son visage sérieux tandis qu'il la tenait fermement manqua de faire éclater de rire la nymphette qui croisa sous sa corne ses bras afin de contrôler ses pouffements.

_____Apparut alors la souris électrique, des biscuits entre les pattes. Elle s'exclama, bouche pleine :


_______Oh ! Che fous cherchait.

_______En t'empiffrant dans la cuisine au point de ne plus pouvoir articuler ? Oui, tu étais certain de nous trouver... soupira la rose en se détendant très légèrement.

_______Nous sommes au complet. Cherchons maintenant nos sacs, décida Gardevoir en faisant cliqueter ses chaînes.


_____Une certaine poêle toucha le sol avec un son désagréable de coup de marteau sur de la tôle.


_______Enfin disons plutôt... quand Damon aura repris ses esprits... souffla-t-elle.



_____Des employés dans tout le couloir, se détendant, se distrayant tard le soir, après un travail harassant sur leurs ordinateurs et sur leurs théories. Et soudain ce brouillard épais. L'alarme incendie ne se déclencha pas. Ce n'était pas dû à un feu. La brume s'épaissit, violâtre, mouvante.

_____L'air animée d'une vie propre.

_____Elle reflua tout à coup vers une unique source au centre de cette purée de pois. Une origine dissimulée, invisible sous cette couche de gaz ou d'autre chose semblable en apparence.

_____Nonobstant ces émanations, il était sûr que tous les Pokémon vus précédemment avaient mystérieusement disparu. Et semblant provenir de ce point de convergence, des dizaines, peut-être centaines de voix dissonantes sifflant à l'unisson :


_______Renaître...





_______... Tous ceux qui étaient présents en ces lieux ont été comme aspirés par cette fumée vivante, c'est certain, termina de raconter Damon.

_______Hum, même moi avec mes sources je n'ai jamais entendu parler d'un brouillard doté de parole, reconnut Cresselia, dont la curiosité avait été sérieusement piquée.

_______Je n'aime pas ça du tout, gémit Rosélia. Dépêchons-nous de trouver nos affaires et de partir. Tant pis pour les supposés Rouages.

_______Tu ne te rends pas compte de l'importance de cet évènement ? Des centaines d'employés qui disparaissent en un temps record de façon inexplicable ! résuma l'agente. C'est fascinant !

_______Et dangereux. Je suis assez d'accord avec Rosélia. Quittons ces lieux le plus vite possible, grinça Gardevoir.

_______Attendez ! coupa Raichu. Vous n'entendez pas... des gémissements ?




_____« ... Le Maître... J'ai beau être Noctali, son plus fidèle serviteur, je n'arrive pas à suivre le cours de ses pensées. Il semble ne considérer le monde que comme un grand jeu d'échec où il est le roi envoyant ses propres pions à l'abattoir pour terrasser l'adversaire... Un roi ressemblant davantage à un fou. J'espère ne jamais avoir à être sacrifié pour qu'il gagne la partie qu'il a engagée avec cet humain qui l'obnubile... »




_______Aidez-moi ! Pitié ! Au secours !

_______C'est derrière cette porte ! affirma Raichu. Hé ho ? Qui es-tu ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

_______Ils m'ont enfermé ! Je... J'ai peur !

_______Pousse-toi, grosse courge, grogna Cresselia en écartant rudement la souris orange.


_____Elle entra le mot de passe et la porte se déverrouilla. Une petite créature au pelage abondant et argenté en sortit, tout tremblant. Ses grands yeux gris-noisette trahissaient sa frayeur. Sa queue tout en volume était agitée par ses tremblements.


_______Tu es un jeune Évoli, et chromatique de surcroît ! s'étonna Gardevoir. Mais que fais-tu dans un tel endroit ? Ce n'est pas la place d'un enfant !

_______J'étais monté pour rendre visite à mon papa qui travaille ici... Et je ne le trouve pas ! Y a personne ! J'ai peur ! Je veux rester avec vous ! Vous m'avez sorti de ce placard où il faisait si sombre ! Il m'y a enfermé !

_______Qui ?

_______Celui qui voulait m'empêcher d'approcher le Rouage que j'ai vu dans la salle du télescope !



_____*Putain ! (espagnol)