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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 09/03/2012 à 16:39
» Dernière mise à jour le 25/06/2012 à 16:51

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Trailer 3- Ils sont Légion.
Un dernier coup de chiffon, puis il le jeta dans le fond de son seau, admirant le tout nouveau lustre de la carrosserie. Sa moto était plutôt jolie une fois nettoyée, même si ça lui demandait toujours trop de temps à son goût, à tel point qu'il ne se mettait à la besogne qu'une fois furieux, histoire que la longue tâche ait raison de son humeur de malosse.

Mentali et Noctali, ses Pokémons, s'étirèrent avec grâce, à ses côtés, puis, secouant la tête, synchrones, elles vinrent se frotter contre les jambes de leur dresseur. Celui-ci passa rapidement un petit coup sur leurs crânes, absent, puis se fit la réflexion qu'il avait du leur mettre du cambouis partout. Un coup d'œil vers les évolutions d'évoli le rassura légèrement : Yin et Yang, comme ils se nommaient, avaient toutes deux une petite mèche rebelle près de l'oreille, pour le noctali elle était blanche, pour le mentali elle était noire. Mais à part ça, leurs pelages étaient indemnes pas une trace de saleté par sa faute. Il soupira de soulagement.

Heureusement, il en avait assez de nettoyer. A présent qu'il était calmé.

Il se leva, les genoux secoués par les fourmillements, peu habitués à rester dans une même position si longtemps. A ce signal muet, ses deux Pokémons rentrèrent d'eux même dans leurs pokéballs respectives, et la grande perche qui leur servait de dresseur se retrouva seul, au beau milieu du garage froid et sombre.

Un pic de mélancolie lui vrilla le cœur. Il détestait la solitude, même l'espace de quelques secondes.
Il sortit du débarras et ferma la porte à clef, même s'il savait, qu'au beau milieu du Qg de twilight, en plein cœur de la chaîne du mont Argenté, les chances pour qu'un voleur idiot vienne lui dérober sa moto étaient faibles, voire même certainement nulles.

Il s'étira à son tour et grimaça sous la bise hivernale, plus précoce à cause de l'altitude. Lui qui n'aimait pas se couvrir et préférait largement les hauts moulants et les jeans, le regrettait à présent. Il se dépêcha de remonter l'escalier du chalet où il logeait (comme tous les membres de Twilight).

Mais il ne put résister à s'arrêter au niveau du seuil pour observer l'horizon. A l'abri du vent, là, il plissa des yeux pour mieux percevoir au loin, au fond de la vallée où se situait le QG, les différents terrains et serres qui servaient d'abri pour entraîner les nouvelles recrues.

L'activité avait l'air d'avoir repris sans problème. Le contraire l'aurait dérangé, après tout, c'était lui qui avait déboulé comme un fou furieux pour y mettre un bazar monstre. Phénix et Odin, assez gentils pour être en charge des nouveaux membres de l'organisation, avaient pris leur mal en patience et attendu qu'il se calme en détruisant une bonne dizaine de mannequins de paille avec son camerupt. Finalement, pas du tout apaisé, il avait fini par se détourner et aller jouer les mécanos. Cela s'était révélé beaucoup plus efficace.

Rassuré de n'avoir pas tant causé de tort que ça, le jeune homme ouvrit la porte et rentra chez lui. Il n'eut pas le temps de profiter de la chaleureuse ambiance du logis, une voix lui lança :

-Lucas, tu peux te rendre utile et mettre la table ?

Le concerné hocha simplement du chef, et lui répondit :

-Je vais d'abord me laver les mains, sauf si tu veux des saletés sur les assiettes !

Une petite tête émergea du bout du couloir, cheveux châtains foncés, lunette de ski couvrant une grande partie de son visage. Sa peau plutôt basanée à son arrivée s'était foncièrement éclaircie sous le climat de kanto, mais elle gardait un hâle assez beau.

-Ah.

Son nez se plissa de mécontentement.

-Prend carrément un bain, même. Le déjeuner en a encore pour un moment à cuire.

Cela aurait pu paraître bizarre à beaucoup de vivre en colocation avec des personnes qui refusaient d'enlever leurs lunettes, et donc gardant un certain anonymat, même dans l'intimité de la maison, mais depuis le temps, Lucas s'y était habitué. De plus ; Lachésis était une des rares de la « Légion » qui enlevait sans soucis ses lunettes quand elle en avait assez. Elle avait d'ailleurs des yeux vert sapins quelconques. Ce qui contrastait bien avec son habitude de toujours s'habiller avec des vêtements à volants, roses.

-Si tu vois mon couteau qui traîne quelque part...Finit par marmonner Lachésis en retournant surveiller la plaque de cuisson (et plus spécifiquement le ragout qui cuisait dessus).

Lachésis avait aussi la fâcheuse tendance à tout perdre, alors même qu'elle était plutôt du genre maniaque, mais rien n'y changeait, dès qu'elle posait quelque chose sur une table ou un appoint quelconque, il s'évaporait. Lucas songeait qu'elle subissait là un tour d'un des Pokémon de la maison, d'humeur farceuse.

-Je doute qu'il soit dans la salle de bain.
-La dernière fois j'ai bien retrouvé mes pokéball dans le congélateur...Siffla cette dernière, empoignant une éponge pour nettoyer l'évier une énième fois de la journée.

Son grahyena shiney, donc au poil légèrement doré, s'approcha de sa dresseuse, l'objet tant recherché dans la gueule.

-Oh ! Fang tu es la meilleure ! Sourit cette dernière en reprenant son bien. –Lucas, oublie pour le couteau. Je l'ai !

Lucas roula des yeux, et eut à peine le temps de faire un pas qu'il entendit :

-Où est passé mon éponge ?

Lucas eut du mal à s'empêcher de ricaner.

-Tout va bien ? Lui envoya-t-il, sachant parfaitement que rien n'énervait plus Lachésis que cette simple phrase.
-Va te doucher !

A tous les coups, ça faisait mouche !

Il ne regrettait pas son geste, même si ça signifiait certainement qu'elle allait glisser un peu de piment dans son assiette juste à son attention. Il s'engouffra dans la salle d'eau du 1er, celle juste en face de sa chambre. Il eut un regard triste vers l'escalier au bout du couloir qui menait à une porte close. Celle de Thémis.

Une bile lui remonta dans la gorge.

Il aurait du se sentir flatté d'être aussi bien entouré et protégé que le trésor de Twilight, l'envoyé d'Arcéus, mais il savait que la présence de la Légion, l'élite de Twilight, avait plus à voir avec celle des gardiens dans une prison que de gentils colocataires.

La poignée lui resta la paume. Génial. Il avait cassé un truc. Encore.

-Lachésiiiis...
-Quoi que tu aies cassé, tu gères ça avec Moros quand il sera réveillé ! Gronda la voix dans la cuisine.

De temps en temps, cette femme l'effrayait tant elle savait tout sur tout, pire qu'une maman. Son cœur se serra à cette pensée et il secoua la tête. Ma foi, même s'il détestait parler à Moros –l'architecte de Twilight- parce qu'on ne pouvait pas en placer une, il valait mieux encore lui que son meilleur pote, Hypnos, carrément froid.

D'un coup d'épaule il parvint à entrer tout de même dans la salle, au moins, l'avantage des chalets de Twilight, était qu'on ne pouvait PAS les modifier en profondeur. Ceux-ci reprenaient constamment leur forme originale au bout de quelques heures, donc ça avait évité à Moros de mettre sa touche partout dans la maison. Pas que Lucas n'aimait pas les œuvres de Moros –A vrai dire elles lui étaient familières – mais trop d'excentricité tue l'excentricité. Il n'aurait pas du tout aimé vivre dans une de ces œuvres architecturales, bien que magnifique, qu'il garde sa créativité pour les églises !

D'un pas lent il se dirigea vers le lavabo et entreprit de se nettoyer les mimines en profondeur, l'eau finit par prendre une couleur grise pour se faire aspirer par le siphon. Soudain, Lucas eut le malheur, en voulant prendre le savon sur l'étagère, de croiser son reflet dans le miroir.

Ce n'était pas qu'il détestait sa propre image, mais il avait une méchante cicatrice qui lui barrait la pommette, d'une couleur blanche pas très sexy, même si nombre de filles qu'il côtoyait pour une nuit lui affirmaient le contraire. Il n'aimait pas spécialement non plus ce qu'il était devenu. La sensation de vide dans son ventre se creusait un peu plus à chaque fois qu'il contemplait par mégarde ses yeux verts, et ses cheveux châtains foncés tenus par du gel dans une coiffure anarchique. On aurait dit qu'un coup de vent d'est avait soufflé et que ses mèches étaient restées bloquées dans la même position après.

-J'ai pas vraiment évolué depuis 5 ans...Murmura-t-il pour lui-même, en remettant en place une de ses mèches.

Toujours aucun amour propre, aucune confiance en ses propres capacités, il était juste, plus seul qu'avant encore.

Une moue furieuse lui barra le visage et il fronça les sourcils.

Pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais s'il parvenait à s'entendre à peu près avec Lachésis, Phénix et Odin, avec les autres...Entre Clotho qui partait vadrouiller près de 18h par jour avec Marion, sa cousine, Moros et Hypnos dans leurs trips des meilleurs potes, refusant quiconque qui s'invite dans leur petit cercle, Atropos qui détestait ne serait-ce qu'on l'effleure...Et Thanatos lui, c'était sûrement le pire. Plus renfermé qu'un crustabri.

Justement la raison pour laquelle il avait été furieux toute la matinée venait de lui. Il s'était pointé après avoir effectué une de ses missions en plein salon. Thanatos apparaissait toujours, n'importe où, n'importe quand, comme sortant du néant. En tout cas, cette fois, à peine arrivé qu'il s'était rué vers la salle de bain pour se laver. Franchement, qu'y avait-il de mal à s'inquiéter pour lui ? Lucas l'avait bien vu retirer le sang de ses mains et se changer nerveusement, cela se sentait qu'il allait mal...

D'accord, peut-être n'était-ce pas ses affaires, mais était-ce une raison suffisante pour le rembarrer aussi méchamment et s'enfuir rejoindre Thémis à Jadielle aussitôt ?

Sale gosse.

Bon même si depuis le temps, Thanatos ne devait plus être un gosse, il avait 14 ans à son arrivée, alors maintenant il devait bien aller vers les 19 ans...Même si physiquement rien n'avait changé à première vu.

Des échos se firent entendre dans la salle à manger, et justement quand on parlait du loup...

-Thanatos, Clotho, Atropos, Thémis, vous tombez bien ! Vous pouvez mettre la table ? S'exclama Lachésis au loin.

Lucas voulut fermer le verrou de la salle d'eau pour ne pas être dérangé, et surtout, surtout, éviter de croiser Thanatos. (Celui-ci avait tendance à aller se laver dès qu'il revenait), mais il se souvint avoir cassé la poignée. Aussi avisa-t-il une chaise qu'il coinça sur la porte. Il eut tout à fait raison car pendant sa douche on essaya d'ouvrir. La porte se trémoussa entre ses gonds, avant que son assaillant ne décide de partir en quête d'une autre salle d'eau inoccupée.

Il finit par sortir une demi-heure plus tard, la peau gercée et les membres glacés. Quelqu'un avait vidé le ballon d'eau chaude. Il était persuadé que c'était un coup de Thanatos pour se venger.

La table se dressait peu à peu dans le salon, Thémis passa à quelques centimètres de lui et cela lui arracha un frisson d'horreur. Même après 5 ans, rien ne changeait. Voir son visage inexpressif, voir ce corps qui avait autrefois été l'une de ses amies...Et tous les souvenirs flous qui allaient de paire avec cet évènement tragique ayant tout bouleversé...Non, il n'y arrivait pas. Il supportait sa présence, pas son regard.

Thémis quant à elle l'ignora, et montra une assiette sale à Lachésis.

-Elle était dans le tas des assiettes propres ? Devina celle-ci, aussitôt.

Thémis se contenta d'hocher la tête, de la poser dans l'évier et de s'en aller pour ranger les fourchettes. Cela aurait put faire rire Lucas de constater, que morte ou non, zombie ou pas, Eléa restait incapable de faire la vaisselle correctement. Mais le rire se bloquait dans sa gorge malgré sa remarque intérieure. Comme toujours. Idiot, que l'absence lui pesât à ce point alors que la concernée se trouvait toujours à ses côtés, en un sens. Mais Lucas le savait depuis ses plus jeunes années, être entouré ne signifiait pas pour autant la fin de la solitude.

-Thémis...Ce n'est pas à toi de faire ça.

Lucas s'en voulut de voir Thanatos ramener Thémis sur le canapé, de toute évidence ses accusations un peu plus tôt étaient erronées. Même s'il s'était changé entre temps pour un simple ensemble t-shirt pantalon en lin noirs, les lunettes toujours sur le bout de son nez. Il avait conservé toutes ses boucles d'oreilles, dont la simple lamelle d'or pendouillant à son lobe et se mélangeant avec sa mèche la plus longue, mais il avait rajouté autour de son cou une perle nacré noire monté en pendentif. Chaque membre de la Légion en possédait une, même si certains en arboraient plusieurs en un seul collier. Lachésis et Clotho par exemple en avaient plus. Lucas en ignorait la signification : il supposait que cela devait être aussi important que les lunettes de ski pour cacher leurs identités.

Thémis, elle n'avait pas de perle, aucun bijou.

Elle obéit sans un mot à Thanatos, et commença à caresser les différents Pokémons peuplant le salon sans se soucier des corvées. Heureusement, Ash, l'ancien dracaufeu d'Eléanore, et Bravery, le Riolu de Daniel, dormaient en haut dans la chambre de l'envoyée d'Arcéus. Lucas n'aurait pas pu encaisser le spectacle de les voir tous les trois réunis, dans l'état léthargique où ils s'embourbaient tous.

-Bon ça suffit, tous à table ! Lança Lachésis en posant le râgout sur le porte-plat.

Peu à peu chacun tira une chaise, et comme doté d'un sixième sens, deux nouvelles personnes descendirent à leur tour pour venir s'installer. Un grand rouquin avec des tâches de rousseurs partout et la peau claire, Moros. Et son meilleur ami, peau mât, cheveux noir, aussi différent l'un de l'autre que le jour et la nuit. Ils avaient tous les deux l'air épuisé, sûrement parce qu'ils avaient été envoyé en mission durant la nuit.

-B'jooour. Grommela Moros avec un sourire tandis que son comparse préféra un grognement en guise de salut.

On pouvait très bien dire adieu à celui de mauvais poil ; Lucas vit Lachésis mélanger quelques herbes au verre qu'elle lui tendit. Il allait être malade comme pas deux. C'était la façon habituelle de la châtaine de se venger.

-Bon, et bien, bon appétit, lança finalement la maîtresse de maison –une fois son méfait accompli.

Thanatos venait de laisser Thémis s'asseoir et se retrouva avec une grimace face à Lucas, et même pire, juste à côté de Lachésis et Hypnos. Ce qui arrivait à peu près à chaque repas, tant il était distrait une fois hors de mission. Lucas n'avait plus le droit d'aller en mission depuis des années, tout juste des sorties mondaines avec sa cousine, et sous bonne garde à chaque fois. Aussi, il ignorait à quoi ressemblait vraiment Thanatos en dehors du chalet, mais il avait eu droit à quelques échos : Sérieux, insensible, soigné et implacable.

Et chaque fois qu'on le lui disait, il avait du mal à le croire.

Ils étaient tous réunis, autour de la table, Odin et Phoenix, eux, vivaient dans le chalet de Peter, le chef de Twilight devait être protégé aussi. L'écho des fourchettes et des couteaux s'éleva, comme une mélodie routinière.

-Lucas, il me semble que tu vas à cette soirée organisée, non ? Marmonna Clotho au bout d'un moment, après que tous soient servis. Elle lui parlait, mais son visage n'était pas tourné vers lui : Clotho ne regardait que Thémis. Toujours. Et toujours avec une expression indéfinissable.

Le brun se pinça les lèvres. En effet. Comme à chacun des stupides bals organisés par Twilight. Apparemment il était un atout de poids pour convaincre les filles de politiciens de se convertir aux plaques d'Arcéus. Son petit côté charmeur semblait-il.

-Tu as déjà un binôme pour y aller avec toi ? Insista Clotho.
-Non.
-Si tu vas avec lui, tu risques de bousiller son plan drague. Ajouta Atropos à l'adresse de sa voisine, aussi abrupte et sèche que de coutume, quand elle parlait à Clotho. Peu importe leurs ressemblances physiques, ces deux là ne pouvaient pas s'encadrer.

Il ne l'aurait pas formulé de cette façon mais c'était bien là, la réalité des faits. Clotho parut surprise par ce terme, mais elle se contenta d'un :

-Ah, je vois. Dans ce cas, il faudrait que ce soit un garçon qui t'accompagne ?

Lucas fit la moue, très peu enclin à être encore surveillé. De toute manière sa cousine Marion serait avec lui, accompagnée par Peter, le chef suprême... Pouvait-il se passer de l'escorte pour une fois ?
Il détourna les yeux, et tomba nez à nez face à un spectacle un peu plus réjouissant, Lachésis triait ses aliments, puis déposait toutes ses carottes dans l'assiette de Thanatos qui détestait cela et essayait vaguement de les refiler à Thémis en douce, celle-là même qui les lui redonnait dès qu'il avait le dos tourné.

Cette petite bataille avait lieu à tous les coups depuis que Lachésis avait vu que Thanatos n'aimait pas les carottes, depuis, sous le prétexte que c'était bon pour la santé et l'aiderait à grandir, elle en faisait tout le temps.

-Peut-être que Moros et Hypnos auront récupéré d'ici à ce soir, et pourront t'accompagner...Lança Clotho.

Dire qu'il espérait éviter le sujet.

-Ouais, de toute façon je dois y aller à cette fête. Ca va être fun, tu veux que je m'habille en robe Lucas ? Je suis sûr de pouvoir faire un bon cavalier, enfin Cavalière ! Lança Moros avec un sourire.

Le pire c'est que Lucas était à peu près certain qu'il était capable de débarquer dans un tutu rose devant tous les politiciens s'il avait le malheur d'insinuer qu'il n'oserait pas. Le rouquin était du genre à n'avoir que peu de considération envers sa personne, aucun orgueil et à récupérer toutes les opportunités verbales ou physiques pour foutre le chantier partout où il allait.

Lucas envoya une œillade désespérée à Hypnos, quitte à y aller avec quelqu'un, il préférait encore que ce soit avec celui qui l'ignorerait. Le brun se cura l'oreille du petit doigt, aussi peu concerné par ses tourments que ceux de Thanatos à l'assiette maintenant submergée de carotte.

-Pas possible, Hypnos doit m'accompagner à Rhodes ce soir. Nous y restons au moins jusqu'à la fin de la semaine. Intervint Lachésis.

Des souffles se retinrent et pendant une minute, il n'y eut plus aucun son des couverts s'entrechoquant ou la douce rumeur des déjeuner ensembles. Les yeux (masqués par les lunettes ou non) se braquèrent sur la « maman » du groupe avec effroi.

Thanatos n'empêcha même pas Thémis, indifférente au drame, de rajouter des carottes à son assiette, déboussolé.

La même pensée avait du traverser tous les esprits : sans lachésis, il allait falloir reprendre le tour par tour pour la nourriture, la vaisselle et le ménage. Si Lucas pouvait gérer pour la partie repas, le ménage n'était pas son truc, il avait plus tendance à en mettre partout et casser ce qu'il touchait.

-Je ne fais pas la vaisselle.

Ce fut Atropos qui se réveilla la première, et sauva ses pieds.

-Je ne fais pas le ménage ! Se précipita Lucas.
-Je ne suis pas de corvée de cuisine ! Déclara doucement Clotho.
-Je m'occupe des Pokémons ! Décida Moros.

Tous tournèrent la tête vers Thanatos, le seul à ne pas avoir déclaré ce qu'il ferait ou ne ferait pas. Il eut comme un sursaut, et marmonna, légèrement rouge :

-Quoi ?

Même si sa voix ressemblait plus à un croassement. Lachésis posa une main compréhensive sur l'épaule de la victime et Thémis qui adorait imiter la maman du groupe fit de même. Thanatos commença à comprendre dans quoi il venait de tomber.

-Je te laisserai mon livre de cuisine et mes affaires pour le ménage dans le tiroir.

D'un autre côté, personne n'était certain des capacités du garçon à gérer cela. Ils risquaient tout de même l'indigestion...

-Je ne sais pas ce que tu as à faire à Rhodes mais revient-vite ! Murmura Lucas d'une fausse voix penaude.

Lachésis lui adressa un des sourires tristes dont elle avait la marque déposée et sur lesquels il valait mieux ne faire aucun commentaire (et surtout pas lancer un « ça va ? » inquiet). Lucas s'apprêtait à faire tout de même un geste –au moins la resservir en carotte pour qu'elle puisse se changer les idées et torturer Thanatos avec- mais son pokénav sonna.

-Lucas, pas de téléphone à table !
-Désolé, mais c'est Chris et Angie, c'est peut-être urgent.

Il quitta la table et s'éloigna dans le couloir. Une fois hors d'atteinte, il ouvrit le clapet de son vieil instrument de communication. Il était assez ancien, à vrai dire, il l'avait reçu le jour de son départ en voyage initiatique, il y avait 9 ans. C'était incroyable qu'il marchât toujours alors que les nouveaux produits de la devon avaient tendance à se casser dès le premier choc.

-Allo, Chris, Angie ? Répondit-il.

Il y avait deux raisons qui pouvaient expliquer que les deux énergumènes folles l'appellent. Chris et Angie étaient deux anciens bandits de la Team Rocket, dont la route avait croisé celle de Twilight, très excentriques, et légèrement fous, on devait tout de même concéder ce qu'ils n'étaient absolument pas : malfaisants. Cependant le jour du jugement, Arcéus avait manqué de les tuer pour qu'ils expient leurs pêchés, ce qui impliquait forcément qu'un jour leurs actions avaient menées au décès d'une personne et qu'ils le savaient parfaitement. Depuis qu'ils étaient vus comme des « rescapés » du jugement, ils travaillaient dans la communication pour l'organisation, espérant se faire pardonner.

Ils étaient donc ceux qui envoyaient en mission les gens. Néamoins, Lucas n'avait plus exécuté la moindre mission depuis le jour du jugement. Alors il existait une autre raison pour laquelle ces deux timbrés puissent le déranger à l'heure du repas.

-Coucoooou Lucaaas ! Devine qui a réussi à se libérer pendant sa pause déjeuneeer ? Babilla Christopher, alias Chris, un homme qui, comme le témoignait sa voix au téléphone était efféminé et gamin.

Lucas sourit.

-Je ne sais pas, qui ça Chris ?
-CRISTAL ! Piailla une autre voix en arrière fond, celle d'une bonde aussi délirante que son meilleur ami, même si elle, évitait de se travestir. Angie.

Lucas ne put retenir un rire. Cristal savait que toutes les conversations à l'intérieur du Qg étaient surveillées, seules celles internes venant de la « caverne rose » de Chris et Angie échappaient à ce contrôle total. (Normal, car le système d'espionnage était géré par ces deux timbrés). De plus, ses colocataires, la Légion, avaient pour habitude d'éviter d'écouter pendant qu'un membre se voyait accorder une mission : tout simplement parce que certains, comme Atropos, Hypnos et Thanatos avaient régulièrement pour ordre d'assassiner un martyr. C'était de la pudeur mal placée, mais courtoise et respectueuse. L'ordre se révélait déjà assez dur à supporter, alors si en plus les futurs tueurs avaient le droit à des regards emplis de pitié, ou pire de compassion, c'était trop.

-Passe-la moi. Sourit Lucas.

Depuis le départ de Cristal en internat, pour que celle-ci poursuive ses études d'infirmière Pokémon, ils avaient de plus en plus de mal à se parler tous les deux en privé. Cette absence leur causait autant de tort à l'un que l'autre, durant les 5 dernières années, ils avaient été tout l'un pour l'autre.

Ils vivaient la même situation : sans être prisonniers, ils ne pouvaient quitter Twilight, malgré ce que leur cœur leur disait. Ils n'acceptaient ni ne rejetaient les actions globales de l'organisation non plus. C'était un système comme un autre, qu'ils avaient aidé à instaurer autrefois, même si certains points avaient largement dépassé leurs idéaux. Mais surtout, Cristal tout comme lui, avait été laissé en arrière, son frère s'était enfui de l'organisation sans pouvoir venir la récupérer, tout comme Lucas avait vu ses meilleurs amis et anciens colocataires courir pour leurs vies en l'oubliant.

Qu'ils le veuillent ou non, ils ressentaient tous les deux une pointe de rancœur à leur égard et c'était promis de ne pas s'abandonner l'un l'autre s'ils devaient en venir aux mêmes extrémités. Jamais.

La tonalité changea, et le timbre de son amie parvint jusqu'à lui, même si quelque grésillements indiquaient encore que la connexion avait du mal à se faire : normal entre nénucrique et le mont argent, il y avait une sacrée trotte.

-Saluuut Louka.

Il aimait bien quand elle prononçait son prénom de cette façon.

-T'as une petite voix.
-Je saiiis, je me suis fait jetée.

Allons bon, comme d'habitude, Lucas eut un ricanement :

-Ce n'est pas bon pour une infirmière ça, déjà que tu dors peu à cause des tours de garde, faire une nuit blanche pour une rupture, je doute que ce soit conseillé.
-J'prendrai du café.

Cette fois il grimaça de peur, avant de se rappeler qu'ils se trouvaient à des kilomètres l'un de l'autre et que donc en théorie, il devrait se trouver hors d'atteinte de toutes les conneries qui pouvaient découler de cette action. Cristal avec du café faisait très peur, il l'avait appris à ses dépends lors d'une aventure en compagnie de Sam, Daniel, Silver, Gold, et...

Il déglutit.

Et Eléanore.

-Alors, dis-moi, pourquoi t'es-tu fait jetée ?

Il essayait de faire dériver ses pensées, loin de tout ça.

-La malédiction. Grommela Cristal, d'une voix morne.
-Encore ? Mais bon sang, tu dois te faire des idées, tu ne peux PAS être tombée dans un hôpital avec autant d'homosexuels.

Allez savoir pourquoi, Cristal se persuadait qu'elle n'arrivait à tomber amoureuse que de gays ou de futurs gays, et durant les 5 dernières années elle répétait qu'elle avait raison. Il était vrai que son copain actuel, pour ce que Lucas en avait vu –un sale con si on lui demandait son opinion, mais aucun mec ne méritait cristal ; cette fille était une crème – était un peu efféminé.

-Il m'a fait son coming out dans le placard. Tu sais, genre, de but en blanc. Je suis gay, désolé, ça doit s'arrêter là.
-c'était peut-être une excuse, il n'a pas voulu te faire de peine et a inventé ça ! Essaya-t-il de la consoler.
-Parce que tu utilises ça pour rompre avec tes copines d'un soir toi ? Tu crois que ça leur ferait plaisir d'entendre que t'es tellement nulle qu'il préfère largement changer de camp plutôt que de continuer une relation avec toi ?

Lucas se mordit la lèvre. D'abord parce qu'il ne rompait pas avec ses relations d'un soir, il s'en allait, puis revenait pour un autre soir dans un délai de quelques mois. Ensuite, parce qu'elle semblait vraiment déprimée.

-Dit pas ça, je suis sûr que c'est pas ta faute.
-C'est le 3ème ! Le 3ème qui me fait le coup ! Ca doit forcément venir de moi, j'dois avoir une glande qui transforme tous les mecs que je touche en tapette je sais pas ! Ca me dérangerait pas encore, si cette même glande faisait pas en sorte que je tombe amoureuse avant, histoire de pas tomber de haut !
-T'as le cœur entre les cuisses quoi.

Bruit de choc. Lucas se rendit compte qu'il avait dit ça tout haut, il savait qu'il s'emportait facilement quand elle parlait de ses ex, mais d'habitude il gérait un peu mieux ses paroles.

-Pardon mon cœur, ce n'est pas ce je voulais dire. Tu sais bien que tu es une fille géniale, tous les mecs rêveraient de toi s'ils prenaient le temps de te connaître.

Cristal émit un son étrange à l'autre bout du fil et baragouina un truc incompréhensible.

-Bon, et qu'est-ce que t'as fait, après que ce mec t'ait largué ? Tu lui as foutu un poing ?
-Non je me suis entraînée au championnat du monde d'explosage de sa propre tête contre un mur.
-Tu vas finir par être médaille d'or.

Bon, voyons le bon côté des choses, s'incita Lucas : déjà elle a toujours toutes ses facultés mentales malgré les chocs. Donc elle a une tête dure.

-Mais ensuite y-a un type qu'est passé dans le couloir, je crois qu'il a cru que j'étais folle parce qu'il m'a dit que l'hôpital pour les humains d'à côté avait un excellent service psychiatrique.

Lucas eut du mal à ne pas rire, et elle le savait.

-Ah, ah. Oui je sais c'est drôle. Tu sais ce qui est le plus drôle ? C'est que ce type est APPAREMMENT mon nouveau collègue. Un ancien médecin qui a du changer de voie. Je sais pas pourquoi, en ce moment y-a que ça, des médecins humains qui finalement viennent guérir les Pokémons. Ce con a dit à l'infirmière Jo que si je pouvais survivre à l'enseignement de 5 ans il devrait pouvoir le compléter en 5 mois.
-Oh, le salopard.

Mais Lucas avait un peu de mal à insulter les gens qu'il ne connaissait pas.

-Lâche-moi Pavel, je suis au téléphone. Grommela Cristal à l'autre bout du fil.
-Tu vois ta vie n'est pas finie, Pavel t'aime lui.
-Merci, je suis aimée par un gosse de 9 ans aux cheveux roses et fils de mon employeur, ma vie est parfaite.
-Tu oublies quelqu'un.
-Pavel est un futur gay, certes, aucun doute avec sa future carrière d'infirmier en vue, mais ma malédiction n'est pas efficace au point que je sache avec qui il va sortir plus tard.

Le dit gamin poussa un cri indigné, comme quoi il n'était pas gay et qu'il aimait Cristal et qu'il serait jamais infirmier et que, que c'était pas sa faute pour les cheveux roses.

-Non je voulais dire, tu oublies une autre personne qui t'aime.
-...Mon frère ? Les Pokémons que je ne tue pas sur la table ?

Lucas rit clairement :

-Non, moi.

Cristal dut écarquiller des yeux et rougir car elle ne prononça pas un son pendant plusieurs secondes.

-Désolée d'avoir passé tout l'appel à me plaindre. Finit-elle par lâcher, penaude.
-C'est pas grave. Toi au moins tu as des nouvelles à donner, moi je suis coincé dans ce chalet depuis une semaine et demie. J'en ai marre, je n'ai même pas le droit d'aller surveiller Rosalia.
-Alors c'est vrai ce qu'on voit à la télé ? Rosalia a protégé Scarlet ?

Il y eut un silence, et Lucas sentit la colère monter en lui, comme à chaque fois qu'il y pensait.

-Calme-toi Louka, c'est trop tard maintenant. Peter a décidé des sanctions à prendre contre la ville ?
-C'est plus compliqué que cela apparemment, elle ne faisait pas qu'abriter Scarlet, mais aussi toute la résistance. Peter a utilisé un dérivé du jugement d'Arcéus sur eux, et ça a affaibli Thémis énormément...
-Des gens sont morts ?
-Je ne sais pas. Je ne crois pas sinon on t'aurait demandé d'intervenir, histoire que tu montres que Twilight ne paye pas tes études pour rien.
-Je m'occupe principalement des Pokémon, c'est ma spécialité, j'ai appris les premiers soins pour humains, mais il vaut mieux...
-Je sais.

Nouveau silence.

-Et sinon, Thanatos te rend toujours dingue ? Changea de sujet Cristal.
-Ouais. J'arrive pas à cerner sa personnalité, même après 5 ans. Ce serait plus simple si Peter m'avait pas dit de garder un œil sur lui discrètement...Mais avec cet ordre je me sens obligé de m'en occuper quoi...Si Peter le demande c'est que le gamin doit se sentir seul...
-Ou peut-être que Peter sait que tu te sens seul, toi.

Lucas ne dit rien. Il n'appréciait que modérément de prêter des intentions à Peter. Lui aussi, ces 5 dernières années il lui semblait de moins en moins en comprendre à son propos.

-Dit, Louka, quand tu viendras me voir à Nénucrique, il faudra que tu passes aussi chez le docteur Niccols.
-Non.
-Pourquoi ? Tu sais je les vois tous les soirs, ta présence leur ferait du bien...
-Non.
-Lou...

Il lui raccrocha au nez. Il savait qu'il le regretterait le lendemain, voire même avant, mais dès qu'ils entamaient ce sujet, il n'y avait plus rien d'autre à faire. Doucement, il se laissa glisser contre le mur, et tenta de reprendre son calme. Reprendre contenance également.

-Si tu n'as pas envie d'effectuer cette mission, dit-le, je m'en occuperai.

Lucas leva la tête, pour constater que Thanatos se tenait simplement à côté de lui, il avait dans la main un bol de fromage de blanc, qui lui était sûrement destiné.

-Non, ça n'a rien à voir avec les missions. Grommela-t-il.
-Dans ce cas, évite de mentir là-dessus pour quitter la table et raconter la vérité juste après. C'est stupide.

Il posa simplement le bol à côté, et se retourna dans le salon, sans rien ajouter. Lucas le regarda s'éloigner, et jura quelques mots entre ses dents, avant d'avaler une cuillère de dessert. La fraîcheur de la mixture lui fit monter les larmes aux yeux et il se recroquevilla dans le couloir, cachant sa frimousse dans ses genoux.

D'une main il ouvrit le clapet de son pokenav, et fit défiler la liste de contacts. D'abord il y eut le prénom d'Akira Yuki, de Daniel, puis d'Eléanore, peu à peu il vit s'afficher ceux de Gold, de Silver et enfin celui de Sam.

Pourquoi les conservait-il dans sa mémoire, ces numéros ? Ils ne lui répondaient pas. Ils n'appelaient même pas. Il aurait très bien put mourir durant ces 5 années de travaux pour Twilight, jamais ses anciens amis ne l'auraient su. Personne ne l'aurait jamais su. Il serait mort dans l'anonymat le plus total, dans l'indifférence.

Peut-être devait-il appeler ? Juste pour donner des nouvelles ? Après tout, rien ne l'empêchait de cliquer sur la touche verte débutant la communication. Personne. Mais pourquoi devrait-il faire le premier pas ? Pourquoi eux ne l'avaient-ils pas fait, au lendemain du jugement, juste, ne serait-ce, pour demander s'il s'en sortait indemne ?

Et qu'importe après tout.

Il fit coulisser l'écran tactile et suspendit son geste à quelques millimètres du mot « Sam ». Combien de fois ces 5 dernières années avaient-ils reproduit le même schéma et s'était-il empêché de presser la touche ? Surement, des centaines, des milliers de fois. Et plus il attendait, plus le temps s'écoulait, plus l'absurdité de son appel le frappait.

Quand bien même elle lui répondrait, si elle n'avait pas changé de numéro depuis, que pouvait-il lui demander après 5 ans ? Certainement pas des nouvelles. Certainement pas échanger des banalités. Ils les avaient abandonnés, lui et Cristal dans cette fosse de sévipères. Ils avaient trouvé un moyen de fuir, d'éviter que les puces dans leurs Pokémons ne les fasse repérer. De disparaître loin de Twilight. Ce n'était pas son cas.

Sam n'était plus son amie. Pas même son alliée.

Les jambes flageolante Lucas se redressa et fit quelques pas vers sa chambre, le bol dans les mains. Il le déposa aussitôt sur la commode et ferma à clef derrière lui, une fois à l'abri dans l'intimité de sa douillette cellule.

Il avisa la simple chambrette, composé d'un lit, d'une étagère de livres, d'une malle et de deux tables de chevets avec une lampe pour lire. Impersonnelle. Tout y était impersonnel et solitaire. Déjà à l'époque, contrairement à Daniel qui partageait sa chambre avec on petit frère, lui logeait seul ici.

Il ouvrit le tiroir de la table de nuit, et y déposa ses pokéballs vides. Il récupèrerait ses Pokémons en train de diner dans le salon, plus tard. Pendant la nuit. Quand plus personne ne risquait de le voir comme ça. Un regard vers ce qu'abritaient le meuble, et un sourire lui déchira douloureusement les lèvres. Le genre de sourire qui fait se crisper la mâchoire et gonfle la gorge de mélancolie.

Un tas de lettre, à côté d'un tas de photos. Il n'avait pas besoin de les ouvrir pour connaitre le contenu de la centaine de missives. Il les connaissait par cœur, mot pour mot. Chacune venait de Daniel. Il en recevait presque une par semaine. Encore aujourd'hui. Le garçon lui racontait ce qu'il devenait, ses errances dans les continents...Ses questions. Il l'interrogeait, sachant pertinemment que Lucas ne pouvait pas lui répondre, ne connaissant pas son adresse. Mais l'intention suffisait. Tout comme il savait que Cristal serrait contre son cœur les lunettes de moto qui avaient autrefois appartenu à son frère, quand elle avait peur au bloc. Un vestige de leurs anciennes présences, de leurs liens d'autrefois...Cela suffisait.

On toqua à la porte.

-Lucas, quand tu sortiras, tu m'apporteras ton bol à laver, merci. Demanda Lachésis à travers la paroi.

Lucas serra les dents et bien qu'il sache la porte verrouillée, il se jeta dessus et la bloqua de son dos. Les lettres de Daniel s'éparpillèrent sur la moquette de la chambre. Evidemment Lachésis ne comprit pas le tourment se déroulant là-dedans, mais peut-être le perçut-elle.

-Si tu as besoin de parler on est là, tu sais. Même Thanatos écoutera si tu veux te confier.

Mais Lucas se tût, glissant péniblement jusqu'au sol, les poings serrés sur ce qui lui restait de son ancienne stabilité, amitié. Les pas de Lachésis s'éloignèrent dans le couloir, et le brun se recroquevilla sur lui-même, plongeant son visage entre ses genoux pour y camoufler ses larmes.

Plutôt mourir que de montrer sa détresse à ses gardiens de prison.