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Le Phénix d'Argent de Yûn



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Informations

» Auteur : Yûn - Voir le profil
» Créé le 09/03/2012 à 12:35
» Dernière mise à jour le 19/06/2015 à 10:00

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Suspense

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Chapitre 1. Prémices Spinelle
- Mlle Eurydice. Mlle Eurydice !

Toute la classe se tourna vers la concernée. La jeune fille, surprise, avait sursauté et son stylo lui glissa des doigts, barrant sa feuille d'un trait noir.

- Puis-je savoir ce que vous êtes en train d'écrire sur votre feuille ?
- Le cours monsieur, dit-elle en posant sa main dessus.
- Vraiment ? Et pouvez-vous me dire en quoi vous avez besoin de prendre des notes, alors que je suis en train de faire le compte-rendu du conseil de classe ?

Quelques ricanements se firent entendre. Comme elle ne trouvait rien à redire, le professeur avança jusqu'à sa table, et lui prit sa feuille. Dessus, on pouvait voir de nombreux dessins et caricatures du professeur, faits pour passer le temps.

- Et c'est ça, vos notes ? Demanda-t-il d'un ton ironique en montrant la page pleine de gribouillis à la classe.

L'éclat de rire fut général, et les joues de Sibylle Eurydice se tintèrent d'un rouge de honte. Le professeur retourna à son bureau en froissant la feuille, qu'il jeta à la poubelle. Puis, saisissant un stylo, il inscrivit quelque chose sur son cahier.


- Votre attitude n'est vraiment pas adaptée au travail en classe. Même s'il est vrai que vous ne discutez pas, vous ne faites aucun effort ! Si cela continue, vous ne passerez jamais votre examen final !

La jeune fille ne répondit rien. D'ailleurs, elle n'aurait pas eu le temps de dire quoi que ce soit, car la cloche annonçant la fin du cours venait de retentir. Aussitôt, toutes les élèves de la classe s'empressèrent de ranger leurs affaires, pour quitter la salle. Sibylle la dernière. Mais, alors qu'elle marchait dans le couloir, une voix moqueuse derrière elle l'interpella.

- Alors, la Miss Toupie. Tu t'es encore fait remarquer, à ce que je vois.

Des rires suivirent la voix. Elle ne se retourna même pas. Elle savait très bien de qui il s'agissait. Kaoru, la fille du directeur de l'Ecole de Mérouville. Là où elle étudiait.

Elle avait hérité de ce surnom de
Miss Toupie dés le premier jour. En effet, la jeune fille était originaire de Fiore, région où il n'y avait pratiquement aucun dresseur de pokémon. Elle était venue habiter la ville hoennienne après qu'un accident de voiture ait tué ses parents. Comme le peu de famille qui lui restait vivait à Hoenn, elle avait été obligée de quitter sa région natale. Cependant, son oncle et sa tante, qu'elle n'avait pratiquement jamais vus auparavant, avaient jugé qu'il serait plus bénéfique pour elle de l'inscrire dans un internat. En l'occurrence, ce fut celui de Mérouville, réservé aux filles.
Mais, dés que le professeur avait annoncé d'où elle venait, les clichés vinrent à toutes les élèves de la classe. Celui de personnes incapables de capturer un pokémon et préférant simplement établir un lien temporaire. Sur un continent où les dresseurs constituaient la majeure partie de la population, être un Pokémon Ranger était considéré comme être quelqu'un de faible. Même si l'on savait qu'ils garantissaient l'harmonie entre la Nature et les humains –du moins était-ce ce qu'ils prétendaient.
Voyant qu'elle ne parvenait pas à se faire des amies à cause de ça, elle avait tenté de prendre sa revanche en obtenant les meilleurs résultats. Cependant, même les professeurs s'étaient mis à la décourager, lui disant qu'elle n'arriverait à rien dans une région comme Hoenn. Durant la moitié d'une année scolaire, elle avait tenu bon. Mais, s'étant aperçue que tout cela ne servait à rien, elle s'était progressivement relâchée. Désormais, ses résultats étaient seulement moyens, et encore, cela dépendait des matières.

Sibylle préféra ignorer la jeune fille. Cependant, cette dernière et sa bande ne la lâchaient pas, la suivant dans le couloir. Ainsi que leurs moqueries.


- Mais pourquoi est-ce que tu t'obstines à rester ici ? Tu sais très bien que les gens comme toi n'ont aucune chance à Hoenn.

Serrant les dents pour ne pas répliquer, elle força l'allure. Elle avait quitté le bâtiment scolaire et était désormais du côté des chambres. Mais les autres continuaient de la suivre.

- Si seulement tu avais un pokémon, tu pourrais peut-être devenir une dresseuse amatrice. Ah ! C'est vrai, j'oubliais. Tu n'as encore jamais touché à une pokéball !

Cette fois-ci, Sibylle courait presque. Heureusement, sa chambre était l'une des premières. Elle tourna la poignée, entra, et ferma la porte à clef.

- C'est ça ! Retourne jouer avec tes toupies ! Nous, on a un entraînement aux combats !

Des rires lui parvinrent encore, puis ils diminuèrent, jusqu'à cesser complètement. Sibylle poussa un soupir, et posa son sac sur sa chaise. Elle avait bien quelques devoirs à faire, mais elle était en week-end, elle aurait tout son temps. Et puis, pour ce que les professeurs en diraient... Elle s'allongea sur son lit, les bras croisés derrière sa tête. Heureusement, elle avait la chance d'avoir une chambre pour elle toute seule. Elle avait donc tout le loisir de se reposer, sans que quelqu'un ne vienne la déranger.
Comme d'habitude, elle se plongea dans ses souvenirs de Fiore. Elle avait quitté cette région quelques années auparavant, lors de son année de troisième. Depuis, elle n'y était jamais retournée, les deux membres restant de sa famille lui envoyant à peine une carte de vœux à Noël. Désormais, il ne lui restait plus que des souvenirs. Les jeux avec ses amis à Printiville. Sa rencontre avec un Pokémon Ranger. Sa famille...



***
Sibylle fut réveillée par les vibrations que subissait sa fenêtre. Les yeux encore embués par le sommeil, elle leva le bras pour mettre le cadran de sa montre à hauteur de son regard. Pff... Elle avait dormi presque deux heures... Bah, au moins, cette petite sieste lui avait fait du bien. Après s'être étirée comme un Miaouss, elle jeta un coup d'œil au dehors. Des gros nuages noirs obscurcissaient le ciel, pourtant clair quelques heures auparavant. Une pluie drue tombait presque à l'horizontale sous la force des rafales de vent. Sibylle frissonna. Elle n'aimait pas du tout les tempêtes, venant d'un endroit où elle n'en avait jamais connu, et celle-ci semblait encore plus violente que d'habitude. Peut-être parce que cela faisait longtemps que Mérouville n'en avait pas essuyé une.
La jeune fille préféra faire comme si rien ne se passait. Elle se dirigea vers la salle de bain, pour se prendre une douche. Le liquide chaud et fumant acheva de la réveiller. Mais, même là, les mugissements du vent étaient perceptibles, à travers la bouche d'aération. Elle ne pouvait donc jamais être tranquille ?!
Coupant le robinet, elle sortit de la douche et entreprit de sécher ses cheveux courts, ce qui s'avéra rapide. Trop rapide. Il lui restait du temps avant d'aller dîner au réfectoire. Elle n'avait plus d'autre solution que de faire ses devoirs... Ou de s'entraîner au violon. Elle préféra la deuxième option.
La jeune fille fouilla dans son armoire et en tira un étui noir, d'où elle sortit précautionneusement l'instrument de bois vernis. Puis, elle posa quelques pages légèrement jaunies par le temps et remplies de notes de musique sur son bureau, qui lui faisait office de lutrin, et positionna correctement l'instrument à cordes sur son épaule gauche. Le reste vint tout seul, elle ferma les yeux dès que l'archet toucha la première corde. C'était le morceau joué traditionnellement à Printiville, lors de la fête du printemps. Elle le connaissait par cœur, elle l'avait joué tellement souvent depuis qu'elle était ici ! Au fur et à mesure que Sibylle suivait la partition, les images de la dernière fête à laquelle elle avait participé lui revinrent en mémoire. Puis ce fut la musique. Les odeurs. Comme si elle avait remonté le temps, et qu'elle s'y trouvait en ce moment-même. Avant qu'elle ne vienne ici. Avant la mort de ses parents.
Après la fête du printemps, ce furent ses premiers entraînements au violon. C'était sa mère qui lui avait enseigné, car elle avait été premier violon dans l'orchestre national de Fiore. C'était sa passion qu'elle avait voulu transmettre à sa fille. Mais, il avait fallu sa mort pour que Sibylle s'y mette réellement. C'est pour cela qu'elle n'avait qu'une seule partition mais qu'elle jouait à la perfection. C'était une façon de la faire revivre, par cette musique enjouée.

Alors qu'elle venait à peine d'achever le premier mouvement, elle perçut un éclat important à travers ses yeux, pourtant clos. Elle les rouvrit, pensant qu'il s'agissait d'un éclair. Mais, elle interrompit aussitôt la musique en voyant ce dont il s'agissait. Ce n'était pas la foudre. C'était une sorte de grande flèche embrasée qui déchirait le ciel sombre de sa traînée de flammes. Et qui tombait vers la plage, au nord. Sibylle se colla à la fenêtre, pour essayer de la voir de plus près. Une exclamation de surprise lui échappa lorsqu'elle crut distinguer une masse sombre dans les flammes... Et s'il s'agissait d'un avion en détresse à cause de la tempête ?! Si tel était le cas, elle devait aller porter secours aux survivants, s'il y en avait !
Laissant en plan ses affaires, elle enfila rapidement son imperméable, et quitta au plus vite sa chambre. Une fois dans le couloir, elle se mit à courir en direction de la sortie. Mais un surveillant la retint au moment où elle poussait la porte.


- Mlle Eurydice ! On peut savoir où vous allez ? Ne me dites pas que vous voulez sortir !
- Mais monsieur ! Je crois avoir vu un avion en feu ! On doit aller les aider !
- Même si c'était le cas, c'est trop dangereux de sortir par un temps pareil. C'est la tempête la plus violente que Mérouville ait subie depuis presque un siècle ! Et elle risque de durer jusqu'à demain matin. Interdiction formelle de sortir pour toute personne non autorisée. C'est clair ?

Sibylle hocha la tête et, prenant un air résigné, fit le chemin en sens inverse. Mais dès qu'elle vit que le surveillant avait quitté le couloir, elle en profita pour sortir de l'internat.

Dehors, les rafales de vent la cueillirent. Fouettée par les gouttes d'eau, elle dut se plier en deux pour ne pas se faire emporter. Impossible de relever la tête pour voir où elle allait, le vent venait de face, elle devrait se contenter de regarder le sol. Heureusement, la plage du nord n'était pas très loin. En avançant péniblement et au prix de gros efforts, la jeune fille réussit à l'atteindre. Protégée par une falaise, le vent y était moins fort. De plus, comme il s'agissait d'une plage de galets, elle n'était pas gênée par le sable.
La jeune fille ne tarda pas à découvrir des traces noires, qui s'étendaient sur une dizaine de mètres. Cela la rassura un peu. En effet, les traces étaient beaucoup trop réduites pour qu'il s'agisse d'un appareil aussi imposant qu'un avion. Cependant, comme elle relevait la tête, elle distingua quelques flammes vacillantes, au bord de l'eau. Elle s'approcha. Quelque chose avait dû bruler, mais il ne restait plus que des cendres, dont la plupart avaient déjà été emportées par le vent. Sibylle poussa un soupir de soulagement. Bah, ce n'était peut-être qu'une petite météorite, après tout. C'était assez fréquent par ici, elle avait dû confondre...
Mais, alors qu'elle s'apprêtait à rentrer, elle crut percevoir un mouvement dans le tas de cendres restantes. Suivi d'un autre. S'agenouillant, la jeune fille toucha prudemment les résidus. Il y avait vraiment quelque chose dessous ! Elle s'empressa d'ôter le reste de poussière grise, et put enfin voir ce dont il s'agissait. Un oiseau, à peine plus gros que son poing fermé. Trempé, les cendres lui collaient aux plumes, et il grelottait en poussant de faibles cris à peine audibles. Le voyant dans un si piteux état, Sibylle n'hésita pas plus. Saisissant l'oisillon dans ses bras, elle entreprit de retourner à l'internat.
Le chemin du retour fut plus aisé, le vent la poussait dans la bonne direction. Cependant, elle faillit tomber à plusieurs reprises car ses bras, qui fermaient son imperméable pour garder le pauvre oiseau au sec, ne lui permettaient pas de se tenir à quelque chose. Lorsqu'elle arriva à l'internat, elle fut soulagée de voir que le surveillant n'était pas dans les parages. Elle put ainsi retourner tranquillement dans sa chambre. Elle déposa le petit oiseau tremblant sur une serviette, et entreprit de le débarrasser de la fine poussière grise qui le recouvrait.
Lorsqu'elle eut fini, elle contempla le petit être. Son plumage était d'un splendide jaune orangé. Les plus grandes plumes de ses ailes étaient teintées d'un rouge sanguin atténué, la même couleur que son cou. Sa queue, composée de nombreuses plumes, était colorée de nombreuses nuances d'argent. Tout comme son bec et la crête qu'il avait sur le haut de la tête.


- Dis donc toi. Qu'est-ce que tu faisais sur la plage, par un temps pareil ?

L'oisillon lui répondit par un petit piaillement. Sibylle sourit, puis se rendit compte que son estomac commençait à grogner. Elle regarda sa montre. C'était l'heure du dîner. Elle se leva et se dirigea vers la porte.

- J'en ai pas pour longtemps, alors reste sage.

L'oiseau posa son regard doré sur la jeune fille en poussant un cri plaintif. Mais elle était déjà partie.
Sibylle revint au bout de dix minutes. Elle avait pris son repas en vitesse. De toute façon, personne n'avait fait attention à elle. Personne n'avait non plus remarqué qu'elle emportait du pain. De retour dans sa chambre, elle fut surprise de voir que l'oiseau n'était plus là. Mais, il n'avait pas pu s'envoler ! La fenêtre de sa chambre était la seule autre issue possible et elle était fermée ! Inquiète, la jeune fille se mit à le chercher... Pour le retrouver dans son armoire, endormi au milieu de ses pulls. Elle poussa un soupir de soulagement et caressa son doux plumage orangé. Le petit oiseau s'éveilla à ce contact, et la regarda d'un air fatigué.


- Tu m'as fait peur !

Pour toute réponse, il poussa un cri fatigué. Puis, il reposa sa tête sous son aile, faisant sourire la jeune fille.

- OK, si tu préfères dormir... Si tu as faim, tu as de quoi manger.

Elle posa le pain sur son bureau et finit par s'endormir à son tour. L'oiseau ne lui répondit même pas.