Team Rocket X-Squad de Malak

Galatea avait l'impression que sa tête allait exploser sous l'effort qu'elle faisait pour concentrer son Flux afin de stopper la progression du Vortex. Mais ce qu'ils faisaient, Irvffus et elle, était à peu près aussi utile que d'essayer de pousser un camion à mains nues. Ils le ralentissaient, oui, mais très peu. Et plus le temps passait, plus Galatea perdait son énergie et sa concentration. Irvffus restait stoïque, mais Galatea pouvait ressentir sa fatigue aussi.

- Il ne faut pas abandonner, dit-il.

Galatea en était bien consciente. Mais l'explosion qui avait eu lieu quelques minutes plus tôt laissait présager le pire. Galatea n'arrivait plus à sentir la présence de son frère dans son esprit. Il était soit inconscient... soit mort. Et elle le sentait, il restait très peu de temps avant que le Vortex du Chaos ne devienne totalement inarrêtable. Galatea sombra de plus en plus dans un profond désespoir. En plus de son frère qu'elle ne sentait plus, elle venait, juste après l'explosion, de ressentir un choc dans son esprit, comme une douleur fantôme fulgurante provenant de son ventre.

Elle sut tout de suite que ça provenait de Siena. Même si Galatea n'était pas liée par le Flux comme elle l'était avec Mercutio, elle pouvait quand même ressentir Siena dans son esprit. Et elle savait qu'elle allait très mal. Galatea se prit à regretter d'être une Mélénis. Si ça n'avait pas été le cas, le Vortex du Chaos aurait agi sur elle. Elle ne serait plus qu'une coquille vide oui, mais sans désespoir, sans douleur, sans pensées mauvaises. Elle serait vivante, mais elle ne souffrirait pas. Peut-être qu'après tout, Solaris avait raison. Peut-être s'agirait-il d'une délivrance pour tout le monde. Peut-être...

- Galatea ! S'exclama Irvffus, la sortant de ses pensées noires. Ne perds pas pied. Tiens bon. Mercutio est en vie, il ne va pas abandonner lui non plus !

La voix d'Irvffus tira Galatea des ténèbres dans lesquelles elle s'était enfoncée. C'était une voix rassurante et lumineuse, un peu comme celle de son vrai père quand il se manifestait. C'était peut-être un truc de Mélénis... Galatea fouilla les tréfonds de son Flux à la recherche de son jumeau, et en effet, il était bien là, lointain, mais bien vivant.

- Allez, reviens à toi, sombre crétin ! On a plus le temps !

Mais tandis qu'elle le harcelait pour qu'il se réveille, elle sentit une autre présence toute proche de son frère.


***


- Mercutio... Mercutio ! Réveille-toi, mon fils. Ta sœur compte sur toi.

Mercutio ouvrit les yeux et tenta de se dégager des décombres sous lesquelles il se trouvait. Ce fut plus la colère qu'il ressentit en entendant la voix que la voix elle-même qui le tira de sa torpeur.

- Ne m'appelle pas comme ça, grinça-t-il. Tu n'as jamais rien fait pour mériter de m'appeler fils !

La voix fit silence un moment, puis dit :

- C'est vrai, tu as raison.

- Mon seul père, c'est le commandant Penan, insista Mercutio. Pas un salopard comme toi qui a marchandé ses enfants avant même qu'ils ne naissent, et qui les a abandonnés alors qu'ils avaient besoin de lui après la mort de leur mère !

- J'en suis conscient. Ecoute, ce n'est pas vraiment le moment de...

- Je voulais juste te prévenir, coupa Mercutio. Que tu ne te fasses pas de fausses idées. Je ne sais pas pour Galatea, mais en ce qui me concerne, t'es un parfait étranger à mes yeux. Et ça ne changera pas de sitôt.

Mercutio se mit à genoux et poussa la moitié de poutre qui lui était tombé dessus. Il eut du mal à se remettre sur pied, alors de là à affronter Solaris, c'était pas gagné... Il repéra Herts et Acpeturo dans les décombres. Ils semblaient être en mauvais état, mais ils respiraient. Mercutio sentait que cette explosion était l'œuvre de Solaris. Comment diable pourrait-il lui faire face ? C'était ridicule !

- Ne perds pas espoir, fit la voix de son père. Tu as bien des alliés, et deux d'entre eux arrivent en ce moment même...

En effet, une lumière blanche et une noire descendait du ciel à toute vitesse vers lui. Mercutio se mit sur ses gardes, avant de reconnaître les formes angélique et diabolique de Gemizuri et Geminero.

- Vous ? Les Pokemon des Gémeaux ! S'exclama Mercutio. Que faites-vous là ?

Gemizuri, le gémeau blanc, tourbillonna autour de lui en produisant un son apaisant. Mercutio vit une douce lumière l'envahir, en même temps qu'il sentait ses forces revenir et ses blessures disparaître. Geminero, celui de type Ténèbres, tourna à son tour autour de Mercutio, et le jeune homme sentit une grande puissance l'envahir, comme s'il avait reçu une attaque Danse-lames. Mercutio se sentait plus en forme qu'il ne l'avait jamais été, et impatient de coller son poing dans le beau visage de l'Impératrice des Ténèbres.

- Merci, les gars, leur dit-il simplement.

Les deux Pokemon répondirent en un son commun, et flottèrent jusqu'à la sortie, sans doute pour rejoindre la bataille en cour dehors. Mercutio se rendit compte qu'il voyait le Vortex du Chaos à la place du ciel. Il avait pris une telle proportion... Il espérait que ce n'était pas trop tard. Il fallait à tous prix qu'il prenne le Joyau des Mélénis à Solaris, et qu'il le remette à Irvffus ou Galatea pour qu'ils puissent venir à bout du Vortex. Il se mit à courir et à grimper sur les décombres pour accéder à la tour supérieure.

- Attends-moi, Solaris ! Tu vas regretter de m'avoir rencontré, ma belle !

- Bien. Bon esprit, Mercutio.

La colère de Mercutio contre cette voix semblait être tombée. Il n'allait pas l'admettre, mais il était un peu soulagé de l'avoir avec lui lors de son combat.

- Oh fait, t'as un nom ? demanda Mercutio. Irvffus a refusé de nous le dire, et il est hors de question que je t'appelle papa.

Mercutio dut attendre une dizaine de secondes avant d'entendre sa réponse.

- Tu peux m'appeler El.

Mercutio n'eut pas de mal à monter jusqu'à la salle du trône. Il n'y avait plus aucun garde. Guère étonnant après la mini supernova qui avait eu lieu. Il monta la dernière marche de la plus haute tour, pour enfin arriver devant l'Impératrice des Ténèbres. La porte était déjà à terre, et toute la salle était à moitié détruite. Solaris elle-même semblait un peu mal en point. Mercutio se demandait qui avait pu lui faire ça, mais il s'en félicitait. Lui avait récupéré ses forces grâce aux Pokemon des Gémeaux, et Solaris était sûrement exténuée.

- Tu es venu, lui dit-elle. Je t'attendais.

- Ouais... Je suppose que tu ne te rendras pas bien gentiment en me remettant le Joyau des Mélénis ?

Solaris sourit en lui montra bien la pierre noire entre sa main.

- Me rendre ? Alors que la victoire est à ma portée ? Sois un peu sérieux, Mercutio. Mais toi ? Ne veux-tu pas te rendre ? Tu es un Mélénis, donc comme nous, ceux qui disposent des pouvoirs des Pokemon, tu survivras à la purge du Vortex du Chaos. Tu pourrais devenir mon empereur, et nous gouvernerons ce monde tous les deux...

Mercutio sentait que Solaris pensait ce qu'elle disait. Sa nature profonde, celle qui détestait la solitude, qui recherchait l'amour, était toujours là.

- Pourquoi vouloir à tout prix apporter la souffrance pour trouver le bonheur ? Lui demanda Mercutio. Je sais ce que tu as vécu. Je l'ai compris, maintenant. Mais tu pourrais retrouver le bonheur sans en priver les autres, Solaris.

- Oh, tu t'es reconverti dans la psychologie, maintenant, ricana l'Impératrice. Mais que sais-tu de moi ?

- Tout, affirma Mercutio. Je sais que tu es devenue comme ça pour protéger ton frère. Mais réfléchis à ça, Solaris : Lunarion est bien vivant, et si tu persistes dans ta folie, il se fera aspirer son âme par le Vortex du Chaos, comme tous les êtres humains normaux. Tu as fait tout ça pour le sauver, pour lui épargner l'existence que tu mènes. Tu m'as dit que tu ne cesserais jamais de le rechercher ! Alors pourquoi ?!

L'Impératrice fut troublée par les paroles de Mercutio, mais aussi en colère.

- Même si Lunarion est vivant - ce qui est peu probable après la guerre contre Duttel - c'est un duttelien maintenant. Un homme qui ne se souvient plus de son enfance, et qui n'a plus rien de mon frère. J'ai été sotte de tenter de le retrouver. Mon frère est à jamais disparu pour moi !

- C'est Vriffus qui est le responsable de tout ça, affirma Mercutio avec force. C'est lui qui a vendu ton frère aux dutteliens ! Il nous l'a dit !

Solaris cligna des yeux, surprise, puis haussa les épaules.

- Même si c'est vrai, quelle importance à présent ? Vriffus est mort.

- Il a fait ça pour pouvoir mieux te contrôler, pour que tu sois poussée par la haine dans tous tes actes ! Tu vas le laisser avoir raison comme ça ! Même mort, il n'arrête pas de te contrôler !

Comme Solaris hésitait, Mercutio poussa à son avantage.

- J'ai vu ta mère, Aetya, tenta Mercutio. Elle n'a jamais cessé de t'aimer, et de croire à ta bonté...

Solaris éclata de rire.

- Cette vieille folle est toujours en vie ?! Elle a totalement perdu la boule quand Lunarion a été enlevé. Ce n'est qu'une faible.

- Elle est peut-être faible, mais elle t'aime, et elle aime Lunarion. Et je suis sûr... qu'elle n'a jamais cessé de veiller sur Lunarion, à Duttel. C'est peut-être pour ça qu'elle a quitté Vriff...

- Qu'est-ce que tu racontes là ?! Tu m'ennuies, Mercutio. Le passé ne m'importe plus. Je suis sur le point de devenir l'être suprême de cette planète. La déesse de toute chose ! Ce que j'ai pu être avant ne compte plus.

Elle ouvrit la paume de sa main et lança un rayon violet sur Mercutio. Ce dernier s'y était préparé, et le stoppa avec un bouclier de Flux. Il riposte ensuite avec une attaque de Troisième Niveau assez contrôlée, que Solaris dut dévier avec le plat de la lame de son épée.

- Tu sais te défendre, c'est bien, dit-elle. Mais que ce soit clair. Pour moi, tu n'es qu'une fourmi, Mercutio. Tes faibles pouvoirs pourraient être comparés à ceux d'un Chenipan qui défierait Sulfura.

Pour prouver ses dires, elle croisa diagonalement ses bras, et plusieurs tourbillons violets apparurent du sol, convergeant vers Mercutio. Ce dernier se rendit compte qu'il ne reconnaissait aucune des attaques de Solaris. Elle semblait être parvenue à une puissance telle qu'elle pouvait créer des attaques de sa propre invention en plus de celles auxquelles elle était limitée par la connaissance de Dracoraure. Mercutio se concentra pour concentrer son Flux dans son épée, puis il attaqua les tourbillons. Ce fut une demi-réussite. Les tourbillons furent bien détruits sous la lame de Livédia, mais la puissance qu'ils contenaient fut libérée d'un coup et désarçonna Mercutio.

Solaris en profita pour créer une autre de ses attaques, des espèces de fils brumeux violets qui partaient de son corps et qui menaçaient Mercutio comme des serpents prêts à mordre. L'un d'entre eux attaqua. Mercutio parvint à faire un écart et à le trancher avec son épée, mais immédiatement après, deux autres se jetèrent sur lui. Ils le transpercèrent à la jambe gauche et à l'épaule droite. Mercutio se retint de crier. Ça n'avait pas percé sa chair, mais ça produisait une douleur de nature électrique terrible, et Mercutio n'arrivait plus à faire un seul geste, ni à se libérer de ces choses. Solaris lui fit un de ses sourires diaboliques, et envoya le reste de ses filaments sur lui. Cette fois, Mercutio ne put s'empêcher de crier, tandis que son corps était attaqué de toutes parts. Les fils s'écartèrent, et Mercutio se retrouva accroché en l'air, les bras aussi écartés, comme crucifié. Solaris l'attira lentement à elle et lui prit le menton.

- Quel sentiment d'impuissance dois-tu ressentir, mon pauvre chou, susurra-t-elle. Reste dans cette position le temps que mon Vortex ait atteint la taille de non-retour, ce qui ne saurait tarder. Contemple avec désespoir l'heure de mon triomphe !

Mais Mercutio n'écoutait pas. Il voyait le Joyau des Mélénis que Solaris tenait dans sa main. Même s'il ne pouvait pas faire un geste, il avait encore le Flux. Il concentra une infime partie sur la main de Solaris, qui s'ouvrit instinctivement. Le Joyau tomba, et Mercutio se servit une nouvelle fois du Flux pour le faire léviter jusqu'à sa propre main. Aussitôt, il sentit la puissance de Flux infinie que recelait cette pierre. Il s'en servit d'une fraction pour projeter une explosion de Flux, qui détruisit les filins de Solaris et propulsa l'Impératrice près du mur brisé de sa salle royale, au-dessus du vide.

Elle se releva en grognant de colère, et envoya sur Mercutio des lames violettes si rapides qu'il n'eut pas le temps de se protéger avec le Flux. L'une d'elle le toucha au bras, et il lâcha le Joyau, qui roula jusqu'au bord du précipice. Solaris se précipita, mais Mercutio la contra avec son épée. Solaris leva la sienne, et le choc des deux lames résonna dans tout le corps de Mercutio comme une décharge électrique. Carnage était si puissante. Mercutio doutait que sa pauvre petite épée ne résiste bien longtemps. Pendant ce temps, le Joyau continuait de rouler.

Mercutio ne savait plus trop quoi faire. Il ne pourrait pas vaincre Solaris sans le Joyau, mais d'un autre côté, la priorité était de le remettre à Irvffus et Galatea pour qu'ils arrêtent le Vortex. Où que lui-même le fasse. Avec toute la puissance du Joyau, il était sûr que même lui pourrait le faire. Si le Joyau tombait dans le Vortex jusqu'en bas, se briserait-il ? Mercutio créa une attaque de Troisième Niveau en même temps que Solaris faisait naître une boule violette dans sa main.

Les deux attaques les propulsèrent chacun d'un côté. Heureusement pour Mercutio, ce fut du côté où se trouvait le Joyau. Il s'en empara et se remit debout. Solaris, sans crainte mais avec une espèce de prudence modérée, s'approcha de lui. Il recula jusqu'au bord du vide, et jeta un coup d'œil en bas. Il ne voyait rien, si ce n'était le Vortex du Chaos, presque à sa hauteur. Il ne pourrait pas le détruire de là. Il faudrait qu'il soit à l'intérieur. Mais il ne savait pas encore utiliser le Flux pour voler comme Galatea. Il se tuerait s'il sautait.

- C'est terminé, Mercutio, fit Solaris. Rends-le-moi !

Mais Mercutio plaça sa main au-dessus du précipice. Solaris s'arrêta.

- Tu n'oseras pas, affirma-t-elle. Que feras-tu s'il se brise dans sa chute ?

- J'en sais rien. Peut-être que Galatea le rattrapera en bas. Peut-être que non, mais en tombant, il pourrait exploser et libérer toute sa puissance ce qui détruirait le Vortex.

- Tu dis des sornettes ! S'il se brise, le Flux qu'il contient ne détruira pas uniquement le Vortex, mais la planète entière !

- Vraiment ? Alors il est temps de savoir à quel point tu tiens à la vie.

Il ouvrit la main, et lâcha le Joyau.

- NON !

Solaris sauta à sa suite, déployant ses ailes. Juste après qu'elle l'ait rattrapé, Mercutio sauta à son tour, et parvint à tomber sur Solaris. Son poids et sa prise empêchèrent Solaris de mouvoir ses ailes, et elle chuta elle aussi. Elle se débattit pour faire lâcher prise à Mercutio, qui lui essayait d'atteindre le Joyau dans sa main. Ils étaient entrés dans le Vortex du Chaos, et Mercutio ne voyait plus rien. Il tombait, tombait, Solaris à ses côtés, dans les ténèbres les plus profondes. Puis ce fut le choc.

Ses genoux se dérobèrent sous lui. Sa respiration fut coupée, et il eut mal partout. Heureusement, la tentative de Solaris pour contrôler leur chute l'avait ralenti. Solaris était tombée non loin, et elle aussi devait avoir souffert. Et entre eux deux, il y avait le Joyau des Mélénis, encore intact, et brillant étrangement dans cette noirceur infinie. Mercutio tenta de se remettre debout, mais c'était inutile. Il se résolut à ramper jusqu'au Joyau, car il n'arrivait même pas à utiliser son Flux à l'intérieur du Vortex. De son coté, Solaris faisait de même. Une de ses ailes avait un angle bizarre, et son bras et sa jambe droite étaient en sang. Mercutio fit fi de la douleur de ses muscles et de ses os, et donna tout ce qu'il avait pour atteindre le Joyau avant elle.

À un mètre seulement du Joyau, il ne manquait plus que Solaris tende le bras pour l'attraper, alors que Mercutio devait encore se mouvoir de quelques centimètres. Il tendit son corps à l'extrême pour sauter sur le ventre, récoltant au passage une douleur déchirante, mais parvint à toucher le Joyau du bout de son doigt en premier. Puis, sans retenue, il libéra toute la puissance qu'il pouvait trouver dans le Joyau.

Tel un convertisseur géant, le corps de Mercutio rayonnait littéralement de Flux. Le sol se fissura autour de lui, et plusieurs rayons partirent de son corps pour frapper le Vortex, mais aussi Solaris. Les rayons de Flux parvinrent à percer la substance noire du Vortex. Mercutio prit encore plus de Flux en lui, pour lancer la plus grosse attaque de Flux non contrôlé qu'il était capable. Il devint comme un soleil, dispersant la fumée noire du Vortex, et faisant bouillonner l'air à son contact.

Mercutio sut que s'il ne s'arrêtait pas, le Flux allait le consumer, et son corps partirait en poussière. Mais sa main était collée au Joyau, qui était devenu une boule de braise. Mercutio tenta d'arrêter ce déferlement par sa propre pensée, mais son esprit manqua se faire emporter à son tour quand il s'ouvrit à la puissance projetée par le Joyau. Dans un effort mental qui aurait pu transformer son cerveau en légume, Mercutio parvint à amenuiser la sortie de Flux de son corps, jusqu'à l'arrêter totalement. Le Joyau glissa de sa main, et Mercutio s'écroula sur le sol, son corps et son esprit totalement à bout. La lumière fouetta son visage. Le jour s'était levé, et le Vortex avait disparu. C'était fini. Il entendit les bruits de pas et les cris de Galatea, qui l'appelait, suivi de ceux d'Irvffus. Sa sœur le prit dans ses bras et l'aida à s'asseoir.

- Tu as réussi ! Tu as réussi ! Quelle formidable puissance tu as lancé, Mercutio. Je n'ai jamais ressenti ça !

- Moi non plus, acquiesça Irvffus en ramassant le Joyau. Et que tu sois parvenu à l'arrêter est encore plus impressionnant. Vraiment... bravo, jeune Mercutio.

Mercutio leur sourit, mais un bruit de pierre lui fit tourner la tête. Solaris tentait d'émerger de sous plusieurs kilos de roches. Mercutio s'étonna qu'elle soit encore vivante. À la voir, on aurait pu en douter. Le Flux de Mercutio l'avait affreusement brûlée un peu partout. Ses yeux, devenus aveugles, étaient d'un blanc laiteux. La moitié de ses cheveux d'or avait été consumée, de même que les plumes blanches de ses ailes, qui étaient presque toutes noircies. Mais sa puissance était toujours là, car d'une explosion violette, elle parvint à se dégager des rochers sur elle. Puis elle se mit à ramper au sol, d'une façon toute à fait pitoyable et avec des gémissements de douleur qui retournèrent l'estomac de Mercutio.

- Tu veux que je m'en charge ? Demanda sombrement Galatea.

Elle voulait épargner à son frère le soin d'achever une fille qu'il avait aimée.

- Non. Ça ne sert à rien, répondit-il.

L'Impératrice, après avoir récupéré son épée, tentait de s'en servir pour se remettre sur pied. Mercutio fut effaré par les blessures qui recouvraient son corps. Un être humain normal ne pouvait pas survivre à ça. Quelque chose d'autre devait maintenir Solaris en vie. Quelque chose qui vivait encore à l'intérieur de Carnage.

- Je... tous vous tuer... vous tuer...

- Ça suffit, implora Mercutio. Je t'en prie, abandonne. Je n'ai pas envie de te tuer. Renonce à tout ça. Tu as encore quelqu'un à aimer. Je connais ton passé, je pourrais plaider en ta faveur. On mettra tout ça sur le dos de Vriffus. Tu pourrais avoir une nouvelle vie...

- Pas... pas de nouvelle vie... juste la mort.

- Que...

- Je... vous m'y avez... forcé...

Et alors, elle se transperça le corps avec sa propre épée. Mercutio en resta sans voix. Préférait-elle se suicider plutôt que d'être capturée ? Mais apparemment, son but n'était pas de mourir. À la place d'un flot de sang, ce fut une intense lumière violette qui sortit du corps de Solaris, et qui l'envahit peu à peu. Les deux orbes qui virevoltaient autour de Carnage se mirent à danser autour de Solaris. Mercutio eut une vision furtive de ses yeux, qui redevinrent les yeux violets et en feintes d'autrefois. Puis la lumière explosa, et remonta en un torrent gigantesque jusqu'aux cieux.

Mercutio ne voyait plus rien, mais entendit clairement les hurlements de Solaris. C'était les cris d'une douleur au-delà de l'imaginable. Quelque chose qu'aucun être vivant ne devrait subir. Mercutio voulu aller l'aider, mais en plus de la lumière violette, de violentes bourrasques s'échappèrent de l'endroit où se tenait Solaris, qui empêchaient quiconque d'approcher. Enfin, les cris cessèrent. Et Mercutio ne ressentait plus la présence de Solaris dans le Flux. Finalement, elle s'était bien donné la mort. Il se retourna, dégouté et triste.

- Partons de là, dit-il à Galatea et Irvffus.

Mais ils ne se retournèrent pas. Ils semblèrent paralysés par quelque chose. Mercutio entendit un bruit étrange, répugnant, comme quelque chose de visqueux. La lumière s'était dissipée. À la place de Solaris se trouvait une créature indescriptible. Ce n'était ni un humain, ni un Pokemon, mais plutôt un mélange des deux. Cela faisait dans les trois mètres de haut. Elle avait la peau bleue, avec quelques motifs dorés. Une peau humide, écailleuse et visqueuse. De longs bras qui se terminaient par des mains griffues. Une longue queue au-dessous, blanche, qui battait violement le sol. Plusieurs tentacules qui s'échappaient de son dos pour retomber sur ses épaules jusqu'au bas du corps. Ça avait deux paires d'ailes. Une énorme à la place habituelle, et une autre plus petite un peu plus bas.

Le visage de la créature était encadré par des cheveux blonds familiers, mais ce visage n'avait plus rien d'humain. Il était triangulaire, avec une large bouche à la dentition incroyable, et avec des orbes violets à la place des yeux, sans pupilles ni iris. Les deux orbes violets de Carnage tournoyaient autour de son corps. Mercutio avait l'impression d'avoir devant lui une version humanoïde de Dracoraure. Mais c'était bien plus que ça. Ce monstre respirait la violence, la haine et une sauvagerie sans limite. Il releva la tête et ses yeux terrifiants rencontrèrent ceux des trois Mélénis. L'envie de meurtre s'y lisait très facilement.

- Ouiiiiiiii, siffla la nouvelle Solaris d'une voix sortant tout droit des caveaux de l'enfer. Dracorauuuuure n'acceeeepteeerraaa pas que je soiiiissss battue par de vulgaiiiireeees humainnnns !





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Image de Solaris forme Dracoraure ( le dessin est de moi, ce qui explique la mocheté^^)