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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/11/2011 à 08:40
» Dernière mise à jour le 08/01/2018 à 19:34

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 72 : La princesse et le Pokemon
Le fait qu'Antyos soit en réalité Lunarion troublait bien plus Mercutio que l'apparition de ce robot mystérieux qui semblait être derrière tout ce qu'avait fait Vriffus. Ils en avaient parlé avec Tender, et avec Giovanni qui était en vidéo conférence avec eux. Le général et le Boss avaient échangé un regard à la mention du robot Deoxys, mais n'avaient rien dit de plus, si ce n'était leur félicitation pour avoir éliminé Vriffus. Ils n'étaient même pas au courant de l'histoire sur Antyos.

Avant d'entrer pour le débriefing, Djosan leur avait demandé à tous de ne rien dire à ce sujet, et surtout pas au premier intéressé ou à son fils. Djosan ignorait si Antyos connaissait sa réelle identité. Si ce n'était pas le cas, il ne tenait pas à être celui qui lui annoncerait. Mercutio avait quelques remords à tenir le roi dans l'ignorance. C'était le même genre de chose que le secret de la naissance des Crust qui avaient été gardé à leurs dépens pendant tout ce temps. Mais qui sait comment Antyos réagirait-il s'il n'était pas au courant ?

C'était immonde, ce qui lui était arrivé. Séparé de ses parents, de sa sœur, seulement pour une vile manipulation. Mais il avait eu la chance de ne pas être tué, la chance d'avoir été élevé par l'ennemi de son pays natal apparemment avec amour. En fait, il avait eu plus de chance que Solaris, à vrai dire. Vriffus avait dit que c'était Lunarion qui aurait dû manger Dracoraure à l'origine. Que se serait-il passé si Solaris n'avait pas pris la place de son petit frère ? Les choses auraient-elles été mieux, ou bien pires ? Aurait-ce été Solaris qui aurait été reine de Duttel, et Lunarion, avec des ailes d'ange dans le dos, en train de préparer l'apocalypse ?

Enfin, de toute façon, le passé ne se referait pas. Seul le présent et le futur comptaient. Même si Mercutio avait toujours pitié de Solaris, de son enfance tragique et de sa solitude quotidienne, il ferait tout pour l'arrêter. Mais, en son for intérieur, il espérait toujours pouvoir la sauver. Galatea lui avait dit que Solaris l'avait aimé réellement, comme lui l'avait aimée. Elle n'était peut-être pas encore perdue pour eux...

Mercutio se souvint des paroles de dame Aetya, la mère de Solaris. Elle lui avait dit que sa fille n'était pas méchante, que ce n'était pas sa faute. Et une fois qu'Antyos était arrivé, elle avait dit au roi que lui seul pourrait la sauver. Aetya était peut-être folle, mais elle savait apparemment qui était son fils cadet. N'ayant rien d'autre à faire du temps que Tender et le Boss discutent de la suite des évènements, Mercutio partit à la recherche de la vieille femme dans la base.

Il y mit un certain temps. Il n'osait pas demander aux dutteliens qu'il croisait, de peur de paraître un peu suspect à rechercher l'ancienne Impératrice de Vriff. Il trouva enfin Aetya, assise à l'une des tables aménagées dans les espaces prévus aux dutteliens de la base. La vieille femme était apparemment très occupée à plier un mouchoir, à le déplier, et à recommencer inlassablement.

- Excusez-moi, Votre Majesté, dit Mercutio avec douceur. Est-ce que je peux vous parler un moment ?

Aetya leva lentement ses yeux pâles et vitreux sur lui. Elle ne semblait pas le reconnaître, et elle retourna à ses travaux de pliage comme si de rien n'était. Mercutio ne se découragea pas pour autant.

- J'aurais aimé parler un peu de Solaris, votre fille, avec vous.

Il avait dit les mots magiques. Dès que le nom de Solaris vint aux oreilles d'Aetya, ses yeux s'animèrent aussitôt.

- Solaris... Solaris, répéta l'ancienne impératrice. Une si belle enfant... si gentille.

- Oui, fit Mercutio, encouragé par cette réaction. J'aimerai savoir quand elle a réellement changé, et pourquoi ? Y a-t-il un moyen qu'elle revienne celle qu'elle a été ?

Mais Aetya n'écoutait plus, perdue dans ses souvenirs.

- Tu as fait ça pour Lunarion ? Fit-elle en s'adressant à une personne invisible. Comme c'est gentil, ma chérie, je suis sûre que ton petit-frère va l'adorer.

Mercutio commença à se sentir mal à l'aise.

- Dame Aetya ? Votre Majesté...

- Ça me fait plaisir que tu t'occupes tant de Lunarion, continua-t-elle à palabrer dans le vide. Grâce à toi il deviendra surement un grand et bon empereur ! Tu seras toujours à ses côtés pour l'aider, hein Solaris ?

Mercutio se leva, bouleversé. Il n'aurait pas dû venir parler à cette femme. Il avait été idiot de penser qu'il pourrait en apprendre quelque chose. Il s'apprêtait à rejoindre le reste de la X-Squad quand il croisa le prince Octave dans l'un des couloirs de la base. Son Mémorios le suivait, maussade et faible. Ce sacré Pokemon n'était apparemment jamais en forme !

- Votre Altesse, le salua Mercutio.

- Vous pouvez m'appeler Octave, je préférerai, dit le prince d'un ton plus amical qu'à l'accoutumée quand il s'adressait à quelqu'un d'autre que Siena. Je viens d'aller féliciter Djosan, Siena et les autres pour avoir vaincu le Seigneur Souverain. Je vous félicite vous aussi.

- C'est gentil, mais on a pas beaucoup avancé. Solaris a pris sa place et compte faire pareil que lui, si ce n'est pire.

- Oui, les informations nous sont déjà parvenues, acquiesça sombrement le prince. L'Impératrice Solaris a réformé l'Empire de Vriff en un nouvel Empire des Ténèbres, et a ordonné que chacun de ses sujets se serve du Joyau des Mélénis pour devenir un mutant avec les pouvoirs de Pokemon, comme elle. On aura bientôt une armée d'Elus sur le bras.

- L'Empire des Ténèbres ? Comme c'est joli... Enfin, Giovanni, Tender et votre père vont sans doute décider d'attaquer immédiatement Akuneton. Ce sera la dernière bataille, où tout se jouera. Si on perd, Solaris déploiera son Vortex du Chaos, et le monde entier lui appartiendra ainsi qu'à ses monstres.

- J'en suis conscient. Je me prépare au combat moi aussi. D'ailleurs, avez-vous dans votre base un centre de soin spécialisé pour les Pokemon ? C'est ce que je cherche. Mon Mémorios ne vas pas bien depuis un certain temps, j'ignore ce qu'il a.

Mercutio se pencha vers le Pokemon.

- Je ne suis pas un spécialiste, mais il m'a l'air déprimé, c'est tout. Depuis quand est-il comme ça ?

- Euh... je pense que ça remonte au moment où vous et vos amis avez libéré Solaris de notre palais à Duttel.

- S'est-il passé quelque chose qui aurait pu l'affecter ?

- Eh bien... C'était après qu'il ait utilisé son pouvoir d'extraction des souvenirs sur Solaris.

- Extractions de souvenirs ?

- C'est un Talent Spécial de Mémorios. Il peut fouiller dans votre cerveau pour faire remonter en vous vos pires souvenirs, même ceux que vous pensiez totalement enfouis.

Mercutio regarda Mémorios d'un autre œil.

- Ce Pokemon a eu accès à la mémoire de Solaris ?

- Sa mémoire... c'est plus fort que ça. Disons ses sentiments ; tout ce qu'elle a ressenti lors des pires moments de sa vie. C'est une méthode de torture mentale que j'utilisais pour soutirer des informations. Les prisonniers craquaient assez vite...

- Et Mémorios ?

- Comment ça ?

- Eh bien, s'il a accès à tous les mauvais sentiments et souvenirs de ses victimes, lui aussi doit les ressentir comme eux non ? Demanda Mercutio. Il doit souffrir en même temps que celui qui revit ses souvenirs.

Une expression surprise passa sur le visage du prince.

- Je... je n'en sais rien. J'avoue que je ne me suis jamais posé la question... Ces séances feraient souffrir Mémorios ?

- Ce qu'il a vu dans la tête de Solaris devait être sans doute assez horrible pour qu'il devienne comme ça, avança Mercutio. Peut-il me montrer ce qu'il a vu ?

- Euh... pourquoi ?

- Parce que la moindre petite information sur Solaris nous serait utile. J'aimerais savoir ce que Solaris cache au plus profond d'elle qui la fait tant souffrir.

En réalité, il en avait déjà une idée, mais il voulait en avoir le cœur net.

- Mémorios peut transférer les souvenirs d'une personne à une autre, admit Octave. Mais en le faisant, il en sera débarrassé et vous, vous les aurez toute votre vie comme si c'étaient les vôtres. Êtes-vous sûr ?

- Oui. Je peux faire la différence entre mes souvenirs et sentiments et ceux d'un autre. Et comme ça, Mémorios ira sans doute mieux.

Le Pokemon semblait lui lancer un regard de gratitude. Ses yeux d'un gris hypnotique plongèrent soudain Mercutio dans un puits noir sans fond. Il ne voyait rien, n'entendait rien. Quand soudain, une lumière se fit peu à peu. C'était jaune dorée, mais pas le soleil. C'était des cheveux. Les cheveux d'une petite fille gracieusement habillée qui courrait dans un grand jardin. Le jardin était familier à Mercutio, car c'était celui du palais impérial d'Akuneton ; Mercutio reconnaissait ses tours.

La fillette était bien sûr Solaris, près d'un demi-siècle plus tôt. Elle devait avoir sept ou huit ans. C'était elle qui courrait dans la grande étendue d'herbe, pourtant, Mercutio avait l'impression de sentir le vent fouetter son propre visage, et ses jambes faire de grands bons, comme si c'était lui qui courrait. Il ressentait tout ce que la petite Solaris de cette époque ressentait. Il vivait ses souvenirs, ses sensations et ses sentiments. La petite princesse courrait vers un jeune homme en uniforme de la garde impériale de Vriff, qui se battait avec une épée de bois. Son adversaire était un petit garçon, encore plus jeune que Solaris. Le prince Lunarion. Le bambin aux cheveux argent se faisait désarmer chaque cinq secondes, ce qui provoquait sa frustration.

- Méchant ! Cria-t-il au soldat. Je suis petit, et tu te bats comme si tu affrontais un adulte ! C'est pas juste !

Le garde baissa son épée factice, et Mercutio eut un sursaut en reconnaissant Acpeturo, avec cinquante ans de moins. Il avait encore ses deux yeux, un visage libre des cicatrices qu'il aurait plus tard, mais toujours la même chevelure longue et grise, malgré son jeune âge.

- La guerre n'est jamais juste, mon prince, dit le chevalier vriffien. Quand vous aurez un vrai adversaire en face de vous, il ne regardera pas votre âge ou votre expérience du combat.

- On ne m'attaquera jamais ! Je suis le prince !

- C'est justement pourquoi vous ferez une cible prioritaire pour les dutteliens, jeune sire, riposta Acpeturo. Les dirigeants ont toujours plus de chance de mourir que les soldats qu'ils dirigent.

Lunarion parut surpris et apeuré par cette façon de voir les choses.

- Acpeturo, intervint Solaris, n'effraie pas Lunarion comme ça.

- Mille excuses, princesse, fit le chevalier en s'inclinant. Je voulais seulement que Son Altesse prenne conscience des risques qu'il courrait à cause de son statut.

- Ce n'est qu'un petit garçon. Il aura le temps plus tard de s'inquiéter de tout ça, mais pas maintenant.

- Bien Altesse.

- Grande sœur, chantonna Lunarion, aujourd'hui j'ai réussi à toucher Acpeturo une fois !

- C'est vrai ? Bravo ! Fit Solaris en caressant affectueusement les cheveux de son frère. Tu deviendras vite le meilleur guerrier de l'Empire.

- Mais dans un vrai combat, mon prince, souligna Acpeturo, il y a peu de chance que votre adversaire vous invite à vous reposer un peu, et que vous l'attaquiez alors qu'il a le dos tourné.

Lunarion lui tira la langue et partit vers le palais en courant. Solaris le suivit plus lentement, et elle tomba sur quelqu'un en passant près de la fontaine. Mercutio eut un frémissement de dégout, mais il se demanda s'il venait de lui ou de Solaris. La personne qui observait la princesse était le Seigneur Ues, l'un des Elus.

- Monseigneur, s'inclina respectueusement la princesse.

- Votre Altesse. Cela fait longtemps que vous n'êtes pas venue à l'un de nos cours particuliers.

- J'ai déjà pleins de cours, seigneur. Mes autres précepteurs...

- ...ne sont pas les Elus, princesse, coupa Ues. Il est de la plus grande importance que vous suivez notre enseignement si vous voulez un jour espérer monter sur le trône.

Solaris haussa les sourcils.

- Mon père a déjà prévu que ce soit Lunarion qui devienne Empereur. Et je suis d'accord. Je ne tiens pas à avoir la couronne.

- Sa Majesté votre père dit ce que Sa Majesté veut, princesse. Mais la décision finale reviendra au Seigneur Vriffus.

- Père a dit que notre peuple n'avait plus eu d'Impératrice régnantes depuis très longtemps, et qu'il était plus attaché à un empereur.

Ues ricana.

- Oui, c'est vrai. Sa Majesté l'Empereur a toujours eu pour seul désir de contenter ses sujets. Mais il devra se plier au souhait du Seigneur Souverain, notre maître à tous. Et vous aussi, princesse.

- Oui monseigneur, s'inclina Solaris, pressée de partir.

Le noir revint un moment, et la scène changea. Mercutio se retrouva à l'intérieur du palais, dans ce qui semblait être la salle à manger des appartements royaux. Solaris était en train de se disputer avec son père, tandis que sa mère, Aetya, les observait un peu plus loin, soucieuse.

- Je ne veux pas ! Protesta Solaris. Je déteste ces vieux, et je n'aime pas du tout ce qu'ils veulent m'apprendre !

- Ma fille, dit l'Empereur Asbalkan, les Elus sont nos dirigeants depuis des siècles. Il ne nous appartient pas de contester leurs décisions. La famille impériale s'est toujours conformée à leurs vœux, et ça ne changera pas aujourd'hui.

- Mais pourquoi ?! Vous êtes l'Empereur, père ! Le peuple et nos soldats vous obéissent à vous ! Vous pourriez faire emprisonner ces vieux, et...

- Silence, exigea Asbalkan sans lever la voix. Solaris, tu ne sais pas ce que tu dis. Les Elus sont des êtres divins, choisis par Dieu en personne pour nous diriger. S'en prendre à eux, c'est s'en prendre à Asmoth le Grand.

- Je n'y crois pas ! S'énerva Solaris en tapant du pied. Dieu ne choisirait pas des hommes si mauvais ! Si vous êtes trop faible pour leur tenir tête, père, vous ne méritez pas le trône !

Puis elle s'enfuit en courant avant que son père n'ait pu la rappeler. Mercutio sentait la colère fumante de la jeune fille dans tous ses membres. Elle dévala les marches du palais, courut dans plusieurs couloirs sans savoir où elle allait, puis, épuisée, elle s'adossa à une porte pour reprendre son souffle.

- Ils ne feront pas de moi ce qu'ils veulent, se dit-elle à elle-même à voix haute. Ni de Lunarion. Mon frère et moi, nous dirigerons l'Empire sans ces vieux autour de nous ! Quand nous serons au pouvoir, nous les obligerons à partir !

- Quelle volonté tu as, mon enfant. Il ne te manque plus que le pouvoir nécessaire pour l'accomplir.

Solaris sursauta et regarda autour d'elle. Mais il n'y avait personne. La voix qu'elle entendait - et Mercutio aussi - semblait provenir de l'intérieur de sa tête.

- Qui êtes-vous ? Trembla-t-elle. Où est-ce que vous êtes ?

- Je suis juste derrière toi, jeune humaine.

Solaris s'écarta de la porte sur laquelle elle s'était adossée. Elle ne la connaissait pas, ni cette partie du palais. Les Elus avaient interdit à tout le monde de s'y approcher. Elle aurait dû partir, elle le savait. Défier les commandements des Elus était quelque chose de très dangereux, même si vous étiez la fille de l'Empereur. Et entendre des voix dans sa tête n'était pas une chose très rassurante aussi. Mais sa colère contre son père et les Elus fit naître en elle un sentiment de défi et elle ouvrit la porte.

C'était une vielle pièce dans laquelle elle n'était jamais rentrée. Elle était vide, si ce n'était une espèce de petit autel au centre, sur lequel était attaché quelque chose de long et de gros. Solaris crut d'abord à un serpent, mais les serpents n'avaient pas des ailes blanches dans leur dos, ni ces écailles magnifiques d'un bleu marin, ni ces deux boules lumineuses et violettes qui se trouvaient au bas de sa queue et en haut de sa tête. C'était un Pokemon. Et un Pokemon vivant. Solaris en voyait rarement, et le fait qu'il y en avait un dans le palais était surprenant. À côté de l'autel, il y avait aussi un orbe noir qui brillait faiblement. Il mit Solaris très mal à l'aise, plus que le Pokemon ligoté. La princesse s'approcha avec crainte.

- C'est toi qui m'as parlé ?

- En effet, jeune fille. Je suis Dracoraure.

Solaris recula malgré elle en entendant cette voix grave et féminine provenir du Pokemon.

- Tu parles ? Comment ça se fait ? Les Pokemon ne savent pas parler ! Ce sont des animaux...

Dracoraure produisit un son qui aurait pu passer pour un ricanement.

- Je reconnais bien là la pensée vriffienne. Nous ne sommes bon juste qu'à nous trouver dans vos assiettes, n'est-ce pas, petite humaine ?

Solaris comprit qu'elle venait d'offenser le Pokemon.

- Je... pardon. J'ai été surprise, c'est tout. C'est la première fois que j'entends un Pokemon parler.

- Tous les Pokemon parlent. C'est juste que peu d'humains peuvent les comprendre. Alors que la plupart d'entre nous comprenons le langage humain. Quand on y réfléchit, c'est donc vous qui êtes les plus limités.

- Je n'avais jamais vu les choses comme ça, avoua Solaris. On m'a toujours dit que les Pokemon n'étaient pas intelligents.

- Il y a bien des lacunes dans l'esprit commun de l'Empire de Vriff.

- Que fais-tu là, Dracoraure ? Demanda Solaris.

- J'ai été capturé par ceux que vous appelez les Elus. J'imagine qu'ils décident déjà de la meilleure façon de me cuire.

- Je suis désolée, dit Solaris avec sincérité. Je mange des Pokemon moi aussi, comme tout le reste de mon peuple, mais je n'aime pas qu'on vous fasse du mal. Surtout un si beau Pokemon comme toi. Tu veux que je t'aide à t'évader ?

- Tu es gentille, jeune humaine, mais j'ai accepté mon destin. J'ai eu une longue et belle vie. Et si les Elus savent ce que tu as fait, c'est toi qu'ils tueront. Ils ont eu beaucoup de mal à m'attraper, et tiennent beaucoup à moi.

- Je ne les aime pas moi non plus. Ils sont méchants, ignobles...

- Veux-tu me dire ton nom, jeune humaine ?

- Je suis Solaris. La princesse de l'Empire.

- Là où je vivais, on a toujours dit que les vriffiens étaient tous des monstres maléfiques. Je pense qu'on s'est autant aveuglé que vous quand vous pensiez que les Pokemon n'étaient que des animaux stupides.

- C'est vrai que les Elus sont méchants, avoua Solaris. Et puisqu'ils nous commandent, ils nous font faire de méchantes choses. Mais mon papa par exemple, l'empereur, est quelqu'un de très gentil qui ne veut que le bien de son peuple. Ma maman est gentille. Et mon petit-frère, Lunarion, est le plus gentil des vriffiens ! Il y a aussi Acpeturo, le chevalier de papa. Et Salvica, notre servante...

Dracoraure l'écouta pendant longtemps parler de la vie au palais et de diverses choses sans intérêts. Puis quand Solaris se tut enfin, il dit :

- J'aimerais que nous devenions amies le temps qu'il me reste à vivre, Solaris, princesse de Vriff. Ça me ferait beaucoup plaisir.

- À moi aussi, sourit Solaris. Je n'ai pas beaucoup de vrais amis parce que je suis la princesse. Je dois partir, mais je reviendrai te voir !

Le décor s'assombrit encore une fois, puis s'éclaira sur le même endroit : la salle où Dracoraure était ligoté. Mais c'était une autre scène, car les vêtements de Solaris avaient changé.

- Aujourd'hui, raconta Solaris, j'ai posé des ronces au pied de la porte de la chambre du Seigneur Evard. On l'a entendu crier dans tout le palais. C'était très drôle.

- Fais attention quand tu t'en prends aux Elus, Solaris, le prévint Dracoraure. Ils seraient capables de te faire du mal.

- Evard ne pourra jamais prouver que c'est moi. Et puis même, ils n'oseraient jamais s'en prendre à moi. Mon père serait furieux.

Ils parlèrent de choses et d'autres pendant un moment, puis Dracoraure dit :

- Solaris, je sens que mon temps est compté. Bientôt, les Elus viendront pour me manger.

- Je ne veux pas ! Cria Solaris. Tu es ma meilleure amie, Dracoraure !

- Tu es ma meilleure amie aussi, Solaris. Mais rappelle-toi ce que je t'ai dit. On ne peut pas lutter contre le destin. Sache juste que ces derniers jours avec toi valaient pour moi le fait que je meure dévorée.

- Je te vengerai, s'exclama Solaris, les larmes aux yeux. Je te le jure. Un jour, quand je serai grande, je ferai tuer les Elus, et je ferai arrêter le sacrifice des Pokemon !

- Tu es une bonne enfant. Allez, vas maintenant.

Encore bouleversée, Solaris quitta la pièce. En chemin, elle entendit des voix dans l'une des autres pièces un peu plus proche. Elle tendit l'oreille, et reconnut la voix du Seigneur Jyskon.

- Seigneur Vriffus, quand pensez-vous que le Joyau sera prêt ?

Une autre voix, plus profonde, plus terrifiante, répondit. Solaris ne l'avait encore jamais entendue, mais elle devinait qu'il s'agissait du Seigneur Vriffus, le premier des Elus.

- Je pense que ça y est. Le Joyau des Mélénis s'est chargé avec l'Aura de Dracoraure. Ainsi, quand il le mangera, vivant, avec le Joyau des Mélénis dans sa main, Lunarion acquerra une bien meilleure puissance qu'a été la vôtre.

Pétrifiée, Solaris s'approcha de la porte et posa son oreille dessus.

- Je pense même que demain, on pourra le faire, poursuivit Vriffus. Lunarion deviendra le plus puissant Empereur que Vriff n'ait jamais eu. Notre pion le plus important.

- Vous semblez décider à ce que ce soit le jeune prince qui mange Dracoraure, dit la voix du Seigneur Falchis. Pour ma part, je le trouve plutôt faible. Sa sœur, bien qu'enveloppée d'une bonté immonde, recèle en elle une force intérieure bien plus grande.

- C'est vrai, Falchis. C'est bien pour ça que je veux que ce soit Lunarion. Il sera bien plus facile à manipuler que Solaris.

Solaris en avait assez entendu. Elle s'éloigna en courant, et, l'esprit en ébullition, réfléchit. Les Elus comptaient faire manger Dracoraure à Lunarion ! Et vivant, qui plus est ?! Pourquoi ? Que voulait-dire Vriffus par « une bien meilleure puissance » ? Solaris ne pouvait pas les laisser faire subir cette épreuve à son jeune frère. Ce n'était qu'un garçon, pur et innocent. Manger un Pokemon vivant le détruirait ! Sa décision prise, Solaris fonça dans la chambre de son père. Il n'était pas là, heureusement. Elle prit le gros poignard qu'il gardait sur sa table de chevet, au cas où quelqu'un tentait la nuit de l'assassiner. Puis elle redescendit vers la salle de Dracoraure. Ce qu'elle s'apprêtait à faire la dégoutait, mais elle n'avait pas le choix...

- Qui y a-t-il, Solaris ? Fit le Pokemon en la voyant revenir. Tu sembles bouleversée.

Éclatant en sanglot, la jeune fille lui rapporta la conversation qu'elle avait entendue. Puis elle dit :

- Je ne peux pas laisser ça arriver ! Pas à mon petit-frère. Je regrette, Dracoraure, mais il faut que je te tue.

- Que tu me tues, hein ?

- Oui. Les Elus veulent que Lunarion te mange vivant, pour une espèce de rituel. Si tu meurs, ils ne demanderont pas à Lunarion de te manger.

- Je comprends, mon enfant, mais rien ne les empêchera de capturer un autre Pokemon aussi puissant que moi à la place. J'ai compris pourquoi ils veulent que je sois mangé vivant. Ils comptent que ton frère acquiert mes pouvoirs une fois cela fait. C'est ainsi que les Elus ont les leurs.

- Mais que puis-je faire ? Pleura Solaris. C'est ignoble... Je ne peux pas laisser mon frère manger un Pokemon vivant, et devenir un pion pour les Elus. Pas lui !

- J'ai une meilleure idée, Solaris. C'est toi qui va me manger.

- Que... Mais non ! Protesta Solaris, choquée.

- C'est le seul moyen pour sauver ton frère. Les Elus l'ont choisi lui, mais si tu deviens avant ce qu'ils ont prévu pour lui, ils n'auront d'autre choix que de te prendre toi.

- Je... je ne peux pas faire ça, Dracoraure. Pas un Pokemon vivant, et encore moins une amie !

- Ecoute-moi, Solaris. Ce ne sera qu'un mauvais moment à passer pour nous deux. Si tu fais ça, nous ne serons plus jamais séparées. Je continuerai de vivre en toi.

- Que... comment ?

- Par un pouvoir que les Elus ignorent totalement. Celui du cœur. Leur joyau maléfique va faire que mes pouvoirs te seront donnés. Mais notre amitié fera que mon esprit aussi te sera donné.

Solaris continua à pleurer, ne sachant que faire. Dracoraure demanda :

- Te souviens-tu de ce que tu m'as promis tout à l'heure ? Que tu allais tuer les Elus et changer l'Empire ?

Solaris hocha la tête en un hoquet.

- Eh bien, je vais t'y aider. Je vais te donner le pouvoir nécessaire. À nous deux, nous changerons l'Empire de Vriff. Nous changerons même le monde, Solaris. Viens, faisons une promesse de sang.

- Que... qu'est-ce que c'est ?

- C'est comme ça que les dutteliens se promettent des choses très importantes. Taille-toi un peu la main avec ton couteau, et fait pareil sur moi.

Solaris se passa la lame sur sa main. Elle frémit quand la coupure se créa et que du sang coula. Puis elle fit pareil sur la surface de la peau de Dracoraure. Son sang était violet.

- Mets ta main sur ma coupure, maintenant. Mélangeons notre sang. Jurons-nous de ne jamais être séparées, et de changer l'Empire en bien, ensemble.

- Je... je le jure, bafouilla Solaris.

Elle retira sa main, désormais enduite de son propre sang et du sang de Dracoraure.

- Maintenant, prends le Joyau dans ta main, et ne le lâche pas jusqu'à que ce soit fini.

Solaris se pencha pour prendre la petite sphère noire, qui avait aspiré l'Aura de Dracoraure pour rendre plus efficace le rituel.

- Et maintenant, Solaris, tu sais ce qu'il te reste à faire, conclut Dracoraure. Ne pense pas à ce que tu fais. N'entends pas les cris que je pousserai. Ne sens pas ma chair et mon sang dans ta bouche. Coupe ton esprit de tout ça. Songe uniquement à ton frère que tu sauves d'un destin cruel. Songe à notre amitié, et à notre promesse. Sois forte, Solaris.

La princesse s'approcha et posa un baiser sur le corps de Dracoraure.

- Je t'aime, Dracoraure.

- Je t'aime aussi, Solaris.

Mercutio ferma les yeux à temps sur le dernier geste de Solaris, mais il ne put étouffer le son du cri de douleur du Pokemon, ni du gout du sang dans sa bouche. Il s'entendit mastiquer alors qu'il gardait les dents serrés, il entendit des bruits d'éclaboussures répugnants alors qu'il se bouchait les oreilles. Il se sentit pleurer, en même temps qu'une formidable puissance pénétra dans tout son corps. Son dos se mit à lui faire mal quand quelque chose de blanc et de soyeux lui poussa dessus. Ses yeux le brulèrent quand ils devinrent violets et que ses pupilles se réduisaient à deux feintes infimes. Il hurla, hurla, voulant à tous prix échapper à ce cauchemar.

- Mémorios, reviens ! Mercutio ! Mercutio, réveillez-vous !

Il sentit qu'on le tapait violement. Il ouvrit les yeux pour voir le visage inquiet du prince Octave devant lui. Il était allongé sur le sol, les membres tremblants et de la sueur sur son visage. Il se réveilla, encore fébrile. Il sentait encore le gout de Dracoraure dans sa bouche.

- C'était pour le sauver... murmura-t-il. Elle l'a fait pour le sauver...

- Que... Vous allez bien ?

Mercutio se secoua la tête pour reprendre ses esprits. Il se rendit compte qu'en plus de la sueur, des larmes avaient coulé de ses yeux.

- Je... oui, ça va...

- Qu'avez-vous vu ?

Mercutio s'essuya le visage.

- Que notre ennemie est bien plus à plaindre qu'à haïr, Octave.