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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 07/09/2011 à 09:44
» Dernière mise à jour le 13/07/2022 à 23:54

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 44 : Mission de secours
Mercutio faisait des cauchemars, dans lesquels il voyait ses sœurs disparaître. Galatea était amenée dans les cieux par Zeff et Solaris, tandis que Siena chutait dans un abîme sans fin avec le Prince Octave. Le pire, c'est que ce n'était pas plus des cauchemars que des souvenirs, qui revenaient constamment, même quand il était éveillé. Il lui semblait qu'Arceus s'amusait à lui faire revivre ces moments-là à chaque instant, dans un souci de sadisme non dissimulé.

Lui et les quelques Rocket qui avaient survécu à la prise de Duttelia par les Vriffiens demeuraient maintenant au refuge secret des Dutteliens. Le tunnel qu'ils avaient emprunté les avait conduits dans une petite vallée entre deux montages, où la population de Duttelia s'était réfugiée. Apparemment, ils avaient préparé cette fuite depuis un moment, car il y avait là assez de vivres pour tenir toute une année et pourtant ils étaient plus d'un millier. Privés de commandement, les Rockets ne savaient plus trop quoi faire. La plupart, de simples soldats, s'étaient tournés vers Mercutio, celui qui pouvait représenter le mieux une autorité même s'il n'avait aucun grade.

Mais le jeune homme était lui-même dans l'indécision la plus totale. Duttelia étant tombée, le royaume était tombé avec elle. Le roi Antyos se trouvait au refuge lui aussi, mais la perte de son fils l'avait si accablé qu'il semblait à peine conscient de la situation. Vriff devait avoir dominé toute la région d'Elebla à présent. Ils avaient gagné. Sire Djosan avait pris la direction des choses, mais lui aussi, en tant que Chevalier du Prince Octave, avait le moral bien en dessous du zéro absolu.

Le dernier ordre du Général Tender avant l'attaque de Duttelia avait été pour la X-Squad de revenir à la base. Zeff les ayant trahis, Galatea étant prisonnière de Solaris, Siena étant probablement morte et le colonel Tuno étant porté disparu, Mercutio faisait l'unité X-Squad à lui tout seul. Rentrer tout seul ne l'enthousiasmait guère. Il lui restait bien le commandant Penan là-bas, mais reprendre sa vie habituelle en laissant à Elebla toute son équipe, c'était plus qu'il ne pouvait supporter.

Le coup que lui avait donné Djosan sur la tête continuait à le faire souffrir et pas que physiquement parlant. Il en voulait énormément au chevalier duttelien de l'avoir retenu pour l'empêcher de secourir Siena. Il aurait pu sauter à sa suite, la rattraper et puis se servir du Kirlia de Galatea pour se téléporter ensuite, comme Galatea l'avait fait elle-même pour sauver Mercutio quand il était tombé dans la faille créée par le Titank de Djosan. Le jeune Rocket était assis sur un gros rocher et regardait d'un air indifférent Djosan, Acpeturo et d'autres soldats dutteliens distribuer la ration journalière de vivres aux civils. Çela demandait un travail énorme chaque jour. Mais Mercutio ne voyait pas bien l'intérêt de rester cacher ici à attendre que la nourriture manque. Ils feraient mieux de sortir se battre pour tenter de récupérer Duttelia. Djosan, le voyant inoccupé, s'avança vers lui.

- Vous pourriez peut-être nous porter assistance pour la distribution, Mercutio Crust, si cette tâche est à la hauteur de vos capacités.

La disparition du prince l'avait rendu des plus désagréables. Il semblait penser que la chute de Duttelia était de la faute de la Team Rocket, qui n'avait pas tenu ses promesses en la laissant aux mains des Vriffiens. Mercutio aurait pu laisser passer si ses sœurs avaient été saines et sauves avec lui. Il aurait compris la douleur et le désarroi de Djosan. Mais à l'heure actuelle, sa colère et son ressentiment pour le grand chevalier ressortit d'un coup.

- Je ne voudrais pas vous priver de la seule chose pour laquelle vous semblez capable, vous et vos hommes, Djosan, riposta Mercutio.

Le gros visage du chevalier rougit de colère.

- Quelle impudence ! Sachez que vous êtes nos invités ici, vous et vos amis, Mercutio Crust ! N'oubliez pas votre position !

- Ma position ? Je la connais très bien ! Je suis un pauvre gars qui a foutu sa vie en l'air en tentant d'aider des nazes comme vous ! Mais on vous embête dans votre coin de paradis, y a aucun problème, nous pouvons filer. J'en serais même ravi, moi !

- Vous insultez notre royaume et notre honneur, Mercutio Crust ! cria presque Djosan en levant les poings.

- Votre royaume ? Ouvrez les yeux bon sang ! Votre royaume est fini ! Y a plus de Royaume de Duttel désormais ! L'Empire a gagné et vous feriez bien de vous le mettre dans le crâne ! Quant à votre honneur, désolé, mais se cacher dans les montagnes tandis que vos ennemis prennent possession de vos terres, il doit être déjà salement amoché...

Acpeturo s'approcha prudemment pour tenter de mettre fin à cet échange houleux, mais Djosan poursuivit :

- Comment osez-vous ?! Nous, Dutteliens, nous nous battons contre la domination de Vriff depuis des siècles ! Je ne saurais tolérer qu'une bande de mercenaires ayant même été les alliés de Vriff puisse dire cela de nous !

- Même en des siècles et des siècles, vous ne l'avez toujours pas battu ! Vous n'êtes pas bien compétant... Si ça avait été nous, la Team Rocket, Vriff serait déjà mort et enterré depuis longtemps !

- Oui, j'eusse vu le résultat de votre toute puissance lors de la bataille de Duttelia, en effet, ironisa Djosan.

- Ouais, parlons un peu, de cette bataille ! s'exclama Mercutio qui ne sentait plus sa rage. C'est votre sacré prince Octave qui a ouvert la porte à nos ennemis avec sa stupide attaque Laser-Glace !

Le visage rougeâtre de Djosan prit aussitôt une teinte pâle et très menaçante.

- Ne parlez point de Son Altesse Octave, Mercutio Crust...

- C'est aussi à cause de lui que Siena est morte ! poursuivit Mercutio sans tenir compte de l'avertissement de Djosan. Si ce débile n'avait pas glissé...

Le lourd poing de Djosan l'empêcha de terminer sa pensée. Mercutio n'aurait pas été étonné que toute sa mâchoire soit totalement brisée après ça. Encore heureux qu'il n'avait pas à cet instant la langue entre les dents, sinon elle aurait été proprement coupée.

- Djosan ! s'exclama Acpeturo d'un ton de reproche.

- Laissez, Acpeturo, fit Mercutio en crachant le sang dans sa bouche. C'est normal qu'un chevalier défende son maître, si piètre soit-il.

Djosan avança, son poing à nouveau levé, quand une voix autoritaire lança :

- Il suffit !

Le roi Antyos venait d'arriver. Aussi triste par la perte de son seul héritier et par la perte de sa capitale qu'il était, Antyos avait toujours cette posture digne et inflexible. Son regard flamboyait quand il dévisagea Djosan et Mercutio, à tel point qu'ils ne purent se retenir de baisser les yeux.

- Sire Djosan, Mercutio Crust, si les rares défenseurs de la liberté de la région d'Elebla se battent entre eux, nous sommes déjà perdus. Nous avons subi de lourdes épreuves et de lourdes pertes, mais cela ne doit pas nous séparer, mais nous rapprocher au contraire !

Puis il s'adressa à Djosan seul :

- Moi plus que nul autre peut comprendre ce que vous ressentez, Sire, si ce n'est plus. Mais pensez aussi au jeune Mercutio qui a perdu tout ce qui lui est cher en nous assistant dans un conflit qui n'est pas le sien. Il mérite mieux que votre poing.

Djosan resta immobile un instant devant le roi, sans que rien sur son visage ne puisse refléter ses pensées. Puis il inclina la tête devant Antyos, puis s'approcher de Mercutio pour faire de même.

- J'implore le votre pardon, Mercutio Crust. Ma tristesse ne peut point être une raison pour vous traiter ainsi, vous qui souffrez autant que moi. Que je me fusse déshonoré avec grande honte...

- C'est bon, c'est bon, soupira Mercutio, soudain très fatigué. Je suis désolé moi aussi, je n'aurais pas dû parler du prince comme ça...

- Il ne faut pas perdre espoir, mes amis, fit Antyos. Pour Siena Crust et pour mon fils. Vous n'avez pas vu la hauteur de la faille. Peut-être sont-ils encore en vie... Les catacombes s'étendent plus profondément encore que le tunnel qui nous a menés ici.

Mercutio voyait bien qu'Antyos tâchait d'espérer, mais qu'il n'y croyait lui-même pas trop. Même si Siena et Octave avaient survécu à la chute, ils ne pourraient pas remonter et mourraient vite de faim et de soif, si ce n'était d'asphyxie dans les profondeurs étroites de ce tunnel désormais bouché. Mercutio avait même plus d'espoir de revoir Galatea un jour.

- Je vais perdre les pédales à rester ici sans rien faire, Majesté, dit-il au roi. Donnez-nous une mission, n'importe quoi...

- Et que voudriez-vous accomplir, au juste, jeune Mercutio ? Nous sommes trop peu nombreux et trop affaiblis pour tenter quoi que ce soit. Tout ce que nous pouvons faire, c'est survivre et miner la toute-puissance de Vriff petit à petit...

- Mais à quoi ça va servir ? s'impatienta Mercutio. Il ne s'agit pas de miner sa toute-puissance petit à petit, mais de les combattre de face et de les vaincre pour de bon ! Mes amis de la Team Rocket peuvent nous y aider. Il faut juste que je parvienne à les contacter...

- Tenter une sortie en Gueriaigle serait trop risqué, intervint Acpeturo. L'espace aérien de tout Elebla doit être surveillé jour et nuit par les Ailes du Sang et les Ailes de la Mort pour tenter de nous repérer. À pied, n'en parlons pas. Vous serez mort ou capturé avant d'avoir fait un kilomètre. Non, il faut rester ici pour l'instant. On ne peut qu'espérer qu'un allié nous trouve avant les Vriffiens. La patience est notre meilleur atout.

Mercutio doutait que Tender n'envoie quelqu'un pour les récupérer alors qu'ils auraient dû rentrer à la base. Quand il apprendrait la chute de Duttelia, il conclurait nécessairement à leur mort, et ce dossier serait bouclé. Il ne voyait pas quelle autre aide ils pouvaient espérer.


***


Après avoir lu le rapport sur les dernières nouvelles en Elebla et à Kanto, le général Hegan Tender de la Team Rocket s'autorisa un instant de répit où tous ses problèmes étaient comme inexistants. C'était une de ses méthodes pour pouvoir affronter la suite sereinement. L'esprit enfin calme et organisé, le général se leva de son bureau pour aller dans la salle de communication de la base. Elle était reliée à toutes les autres bases Rocket du monde, ainsi qu'au bureau du Boss. Il composa le numéro personnel du Boss, compta deux longues respirations, puis se mit au garde à vous tandis que le grand écran sombre s'allumait, laissant apparaître la silhouette de Giovanni assis sur son fauteuil, son éternel Persian sur ses genoux, qu'il caressait distraitement.

- Je vous écoute, mon ami, fit le Boss.

- J'ai de mauvaises nouvelles, monsieur. Je viens d'apprendre que Duttelia, la capitale du Royaume de Duttel, venait de tomber aux mains des Vriffiens. Et ce n'est pas le pire. On nous signale des arrivées constantes de Vriffiens à Kanto, par la frontière nord. Ils auraient déjà détruit plusieurs villages isolés des montagnes et continueraient leur route vers le sud.

Tender ne put voir l'effet que ces nouvelles avaient sur Giovanni, car le Boss était passé maître dans le jeu de cacher ses émotions. Quoi de plus normal quand on était l'homme le plus influant et le plus secret de la planète ?

- Les Vriffiens ont donc décidé de nous envahir ?

- Il semblerait, monsieur.

- De ça, on s'en occupera plus tard, Tender. Je ne veux pas me lancer dans la défense de Kanto avant d'avoir vu la réaction du gouvernement. On avisera selon ce que les Dignitaires choisiront de faire. On choisira la solution la plus avantageuse pour nous, comme toujours. Le plus important pour l'instant est : l'unité X-Squad a-t-elle eu le temps de fuir Duttelia avant que les Vriffiens n'arrivent ?

- Je n'ai eu aucune nouvelle, monsieur, avoua Tender.

Giovanni se caressa le menton, l'air soucieux.

- C'est déplorable. Après la perte de Galatea Crust, nous ne pouvions pas nous permettre de perdre aussi son frère. C'est pour ça que je vous ai demandé de les faire rentrer !

- Oui monsieur, j'en suis conscient. Mais cela ne veut pas dire qu'ils soient morts. Tel que je connais Tuno, il a sûrement choisi de combattre, mais peut-être ont-ils pu fuir après la victoire des Vriffiens...

- Nous devons en être sûr, Tender. Mercutio Crust est d'une grande importance pour nous. Et j'imagine que Siena Crust l'est tout autant pour vous ?

Tender s'efforça de garder son visage impassible.

- C'est un bon élément, monsieur. Mais Mercutio Crust, de par sa parenté, l'est bien plus.

Giovanni garda le silence, puis :

- Vous êtes un soldat admirable, général. Vous pensez plus à la Team Rocket qu'à vous. Que me proposez-vous maintenant ?

- Monsieur, il serait sage d'envoyer immédiatement une mission de sauvetage pour Mercutio Crust et les survivants de la X-Squad, si survivants il y a.

- Je suis d'accord, approuva Giovanni. Je vous laisse choisir vos hommes, mais je me permets d'engager l'un de mes Agents Spéciaux pour commander la mission. Il vous retrouvera dans votre base demain à 16h00.

- Entendu, monsieur.

- Ramenez-les nous, Hegan. Tous.


***


Tender salua et coupa la communication. Giovanni se tourna vers la silhouette qui observait dans l'ombre à sa droite.

- Vous avez entendu ? demanda-t-il.

- Bien sûr, dit la voix féminine. Vous voulez que je m'en charge ?

- C'est le cas.

- J'aurai pensé que 006 serait plus indiqué, étant donné qu'il suit l'affaire des Crust depuis le début...

- Il s'agit là d'une mission de sauvetage en territoire ennemi. Nul n'est plus indiqué que vous, 009.

L'Agent dut faire un sérieux effort pour ne pas en sourire de plaisir.

- Très bien. Devrons-nous combattre les Vriffiens ?

- Si c'est nécessaire, oui. L'objectif principal est la survie de Mercutio Crust, à n'importe quel prix.

- J'ai compris.

- Je le répète, à n'importe quel prix, fit Giovanni. Secourez Tuno ou Siena Crust s'ils sont en vie et si vous le pouvez, mais rien ne doit entraver votre objectif principal. Si le jeune Mercutio refuse de venir car Siena est encore là-bas mais introuvable ou entre les mains de l'ennemi, vous l'amenez de force.

- À vos ordres, acquiesça 009.

La jeune femme aux cheveux blonds s'apprêtait à sortir, quand elle hésita, puis se retourna vers le Boss.

- Si je peux poser la question, monsieur... Est-ce que le général Tender est-il entravé par ses sentiments ?

- D'après vous ?

009 réfléchit quelque instants, puis dit :

- Il ne m'a pas donné cette impression. Toutefois, s'il advenait qu'il se laisse influencer par son lien avec Siena Crust...

- Si c'était le cas, il devra être... remplacé. Mais je doute qu'il en soit ainsi. Tender est un homme de devoir à la loyauté sans faille. Siena Crust... n'était qu'un objectif que je lui avais ordonné d'accomplir, rien de plus.

- Mais on ne peut pas rester strictement professionnel avec les gens de notre sang, n'est-ce pas ?

Giovanni eut l'air pensif, comme plongé dans un passé nébuleux et douloureux. Puis il dévisagea longuement son Agent Spécial avant de dire à mi-voix :

- Si, on le peut. Mais c'est très dur.


***


Le général Tender descendit jusqu'au centre d'entraînement de l'escouade 11. Il ne savait pas pourquoi il avait choisi celle-là pour la mission, si ce n'était une intuition. Le chef de l'unité était aussi, après tout, autant concerné que lui. Tout le monde se mit au garde à vous dès qu'il fut entré. Le chef de l'unité mit un petit plus longtemps que les autres à saluer le général. C'était un jeune homme d'une trentaine d'années, aux cheveux violets et rasés de près. Il avait constamment un air malicieux et enfantin sur son visage séduisant. Il faisait montre d'une impressionnante indifférence concernant la hiérarchie, pourtant, avec ses talents militaires et de dressage, il aurait déjà pu être colonel s'il se conformait un peu plus au règlement.

- Capitaine, commença Tender, j'ai une mission de la plus haute importance pour vous et votre équipe.

- Dites toujours, général. Je vous dirai si ça me parait de la plus haute importance, rétorqua le capitaine avec un sourire insolent.

Tender fit comme si de rien n'était. Depuis bien longtemps il avait appris à supporter l'arrogance du capitaine.

- Vous partez pour la région Elebla.

Le capitaine cligna des yeux, pour eut un grand sourire enthousiaste.

- Sans rire ? On va pouvoir se faire ces bouffeurs de Pokemon alors ? Le commandement s'est enfin rendu compte que ce n'était pas ces gamins de la X-Squad qui allaient nous en débarrasser ?

- À vrai dire, c'est précisément pour la X-Squad que je vous envoie là-bas. Ils sont portés disparus depuis la perte de Duttelia. Vous êtes chargé de les ramener vivants.

Le sourire du capitaine s'effaça.

- Une mission de la plus haute importance ? Vous rigolez ! L'escouade 11, transformée en baby-sitter ?!

- C'est le Boss qui a ordonné cette mission, capitaine, répliqua Tender. Il va vous joindre d'ailleurs un de ses Agents Spéciaux, pour bien que vous compreniez son importance.

Le général prit plaisir à voir le visage du capitaine prendre un teint cireux.

- Un... un des Agents Spéciaux ?

- En effet. Il sera là demain et dirigera la mission. Quelque chose à ajouter, capitaine Tender ?

Lusso Tender se reprit vite et fit non de la tête. Il devait se rendre compte qu'il allait devoir mettre un peu du sien pour jouer au militaire obséquieux et avide de servir auprès de l'Agent. Les Agents Spéciaux de Giovanni n'attendaient rien d'autre des soldats. Eux, ils n'utilisaient pas la cour martiale si un militaire leur déplaisait, il se chargeait de la punition eux-mêmes et il s'agissait rarement d'un simple rétrograde.

- Alors, la mission sera de ramener la petite Siena à la maison ? demanda Lusso qui avait un peu reprit de sa bravade.

- L'objectif principal est Mercutio Crust. Mais oui, si ça ne met pas en péril l'objectif principal, le secondaire est de secourir tous les survivants Rocket postés à Elebla. Bien entendu, j'ose vous rappeler, capitaine, que rien n'a changé concernant Siena. Vous ne devez rien lui dire.

- J'ai pigé j'ai pigé, assura Lusso. La petite est encore trop fragile, hein ?

Tender ne répondit rien et sortit. Il faisait confiance à son fils pour les missions dangereuses comme celle-là, mais il pouvait être très peu diplomate et lancer quelques obscurs secrets familiaux rien qu'en rigolant. Dans le chemin jusqu'à son bureau, il croisa le commandant Penan, qui apparemment attendait des informations, l'air anxieux. Depuis la capture de Galatea par l'impératrice ennemie, il lui demandait des informations toutes les heures. Tender ne pouvait pas lui en vouloir et se sentait encore plus mal de lui annoncer la présente situation à lui qu'à Giovanni.

- Général... Vous avez des nouvelles de Galatea ? Quelque chose ? N'importe quoi ?

Tender lui mit une main sur l'épaule, geste que Penan eut tôt fait de comprendre. Son visage se décomposa.

- Elle n'est pas...

- Non, nous avons aucune nouvelle de Galatea, le rassura Tender. Mais Duttelia est tombée, et Tuno ne nous a plus contactés depuis. On ignore si quelqu'un a survécu.

Ce fut un rude coup pour le vieux Penan. Non content de savoir une de ses filles aux mains de l'ennemi, voilà que ses deux autres protégés étaient portés disparus.

- Mais nous préparons une mission de recherche et de sauvetage, ajouta Tender. Elle sera prête demain et le Boss lui-même en prendra le commandement via l'un de ses Agents.

- Je veux en être, dit Penan.

Tender retira sa main réconfortante de son épaule.

- Pardon ?

- Je veux faire partie de cette mission, général, répéta l'ancien commandant. Peu importe qui la commande, peu importe qui sont les ennemis. Je dois aller récupérer mes enfants !

Tender soupira. Bien sûr, il aurait dû s'attendre à ce genre de difficulté de la part de Penan.

- Soyez raisonnable. Vous avez quitté le service actif depuis plus de dix ans. Cette mission se déroulera en plein territoire ennemi, avec de plus un Agent du Boss et mon propre fils aux commandes !

Tender avait espéré convaincre Penan de renoncer à son projet insensé en citant le nom de son fils. En effet, Penan vouait à Lusso Tender une attitude proche du mépris et c'était réciproque. En fait, le capitaine Tender avait autrefois fait partie des jeunes cadets que Penan entraînait. Lors d'un entraînement à balle réelle, un des jeunes cadets avait perdu la vie. Un ami de Lusso. Ce dernier en avait toujours voulu à Penan pour ça et l'ancien commandant, lui, avait reporté la faute sur Lusso, qui selon lui n'avait pas agi comme il fallait. C'était à cause de ça que le jeune homme avait péri. Le visage buriné de Penan s'assombrissait dangereusement à chaque fois qu'il entendait prononcer le nom du fils de Tender, mais pas cette fois.

- Je vous l'ai dit, peu importe qui commandera cette mission. Je lui obéirais en tout, même si c'est votre fils. Mais il faut que j'y aille.

- Je ne peux accepter, désolé Penan.

- Je n'étais pas en train de demander votre avis, général, sauf votre respect, répliqua Penan.

Tender fronça les sourcils.

- C'est un ordre, Penan. Vous ne bougez pas d'ici.

- Comme vous me l'avez si bien rappelé, j'ai quitté le service actif il y a longtemps. Donc je ne suis qu'un civil et votre ordre, vous pouvez vous l'enfoncer où je pense, sauf votre respect bien sûr, général.

Tender soupira d'agacement. Tenter d'arrêter Penan quand il avait une idée en tête était comme essayer d'arrêter un Tauros en pleine charge à mains nues.

- Très bien, comme vous voudrez. Mais rappelez-vous que la mission sera dirigée par un Agent du Boss. Faites les difficiles ou désobéissez-lui et je crains que vous ne viviez pas assez longtemps pour revoir vos enfants même si on arrive à les sauver.

- Tant qu'un de ses ordres ne nécessitera pas la mise en danger de mort d'un de mes enfants, il pourra compter sur moi pour les exécuter à la lettre, lui assura Penan.

Mais Tender n'était toujours pas rassuré. Penan était un très bon soldat, aucun doute là-dessus, mais il laissait souvent ses émotions influencer son jugement. Il n'aurait jamais accepté que l'on sacrifie un seul de ses enfants. Alors que Tender, lui, aurait envoyé Siena à sa propre mort si le Boss le lui avait ordonné.