E.Blood de Hybries

Chapitre 2 : Une journée dans la ville

Le garçon regarda sa montre. Midi quinze. Il alluma la télévision et la voix stridente du reporter emplie la chambre.
« -Nous sommes en direct de l'arène ultime, située tout près des sources adieux, qui vient de recevoir sa championne. Tout est prêt pour recevoir les premiers challengers, mais apparemment un petit incident a retardé l'ouverture officielle de l'arène d'au moins vingt-quatre heures. Une équipe de police enquête tout près de l'arène mais rien n'a encore été communiqué. Apparemment rien de grave, la championne, Emma Blood, n'a pas pu nous rencontrer, devant participer à l'enquête. Nous venons également de… »
Le jeune homme éteint la télévision, lassé.
-Elle ne participe pas à l'enquête, elle déteste juste parler aux journalistes !
Il soupira, ça n'arrangerait rien de parler à un écran. De plus, c'était l'heure.
Il se leva, prit son sac, soupira de nouveau, et ouvrit sa chambre. A peine eut il mit un pied dans le couloir qu'une femme d'un certain âge lui bloqua le passage.
-Théodore Millers ! Tu ne croyais pas partir sans me dire au revoir !
Il soupira.
-C'est juste pour les vacances maman, et oui, je pensais pouvoir t'éviter. Tu tiens trop à moi.
-Oh et bien, on ne sait jamais, tu pars avec cette fille rejoindre cette autre fille… Tu pourrais ne plus revenir !
Le jeune homme se raidit, prit un air détaché, puis esquiva sa mère. Sur le palier de la porte, il se retourna, lança un « Oui bon, je t'appel quand je suis arrivé ! » Et s'en alla en courant.
Arrivé dans l'ascenseur, il soupira.
« Bon, je passe prendre Willa, et direction… L'arène ! »

Emma se tenait aux côtés de l'inspecteur qui avait été chargé de l'enquête. Mais elle savait que l'affaire ne resterait pas entre ses mains bien longtemps… Si elle arrivait à le convaincre.
Il inspecta l'écriture sur l'arbre, puis se retourna. Il était grand, les cheveux plutôt courts et noirs, surmontés d'un chapeau. Une barbe de trois jours, et un long manteau gris de même. La quarantaine environ.
-Mademoiselle, tout ceci me parait être le coup d'un dérangé mental qui ne cherche qu'à vous effrayer. Mes gars vont enquêter.
Il fit volte-face et s'en alla, mais Emma le retint.
-Un instant ! Ce n'est pas de votre ressort, celui qui a fait ça est quelqu'un de dangereux, quelqu'un qui a déjà un dossier, je demande à ce que vous appeliez Pokeagent !
Il se retourna lentement vers la jeune fille, comme pétrifié par ce qu'elle venait de dire.

Pokeagent est l'organisation de lutte contre le crime mondial officielle des archipels Pokémons. Au même titre qu'Interpol par exemple, l'organisation ne s'occupe que des cas impliquant les archipels et un autre pays, ou encore d'enlèvements dans les archipels. Pokeagent ne collabore jamais avec la police locale, et une certaine tension s'était créé entre les deux. Les agents de l'organisation sont connus pour être très efficaces, et presque aucune affaire ne leurs résistent. C'est la fierté commune des archipels pokémons, une organisation entière d'unités d'élites. Paix et Gloire !
Philip Gallagengher : Cinq îles-une nation, 2007- Edition Poke-bouquins

L'inspecteur rit au nez d'Emma comme seule réponse.
-Hahaha ! Vous voulez que je dérange Pokeagent pour ça ? Toutes les stars se font harceler, c'est pas pour ça qu'elles appellent Pokeagent ! Je vais régler cette affaire et la classer, c'est aussi simple que ça.
Emma fulmina.
-Mais je vous dis qu'il y a tout un dossier sur ce type !
-Des gens ont dit plus que ça pour que cette organisation s'occupe de leurs petits problèmes. J'ai de bonnes raisons de ne pas vouloir appeler Pokeagent, prouvez moi que l'homme, ou la femme qui a écrit ça, n'est pas juste un fanatique et j'irais peut être transférer le dossier là-bas. Mais ces gens là sont sur les nerfs ces derniers temps, si j'envoie un dossier banal ça peut me retomber dessus, et je n'ai rien sur quoi me baser pour savoir qui a pu écrire ça, donc dite le moi.
Emma hésita une seconde.
Après avoir trouvé le message, elle avait hésité un long moment, puis avait appelé la police de Rivamar, ne réfléchissant pas trop. Elle s'était bien vite rendu compte de son erreur quand l'inspecteur Mattz l'avait informé qu'une fois classée dans leurs archives, Pokeagent ne pourrait prendre le dossier qu'après maintes procédures, et que l'organisation ne se donnerait probablement pas la peine de faire tout ça. En d'autres termes, elle s'était piégée. Si elle ne pouvait convaincre l'inspecteur d'envoyer le dossier, elle ne serait peut être plus jamais en sécurité.
Mais pouvait-elle lui dire la vérité ? Non, certainement pas. Elle avait juste à lui prouver qu'il pouvait la croire.
-Désolé inspecteur. Dit elle. Mais je ne peux pas tout vous révéler sur cette affaire. C'est une des équipes de Pokeagent qui a le dossier et je ne peux rien vous dire dessus. Cependant, je peux vous montrer que vous avez tort. Pourquoi croyez vous que l'auteur de ce message n'est qu'un fanatique qui veut me faire peur ?
L'inspecteur Mattz hésita, il n'avait pas pour habitude de se faire interroger par la victime, mais il avait du temps à perdre, et elle n'était pas n'importe qui. Il valait mieux lui obéir pour éviter le scandale.
-Très bien… C'est le mode opératoire classique des gens qui font ça, un message quelque part dans le paysage, une lettre... De plus, toutes les célébrités ont au moins un fou qui leurs est après eux, la plupart du temps c'est juste un gosse de pas plus de seize ans derrière son écran d'ordinateur qui s'amuse, c'est strictement rien. Pour finir, et la preuve ultime de l'adolescent en manque, ce type s'est amusé à écrire le message en anglais, pour faire plus « classe », plus « dark » … C'est comme ça que ces gens pensent.
Emma sourit.
-Et moi je pense que vous avez tort… Votre logique ne tient pas la route malheureusement, mais vous ne pouviez pas le savoir. Je viens de Londres. Le quelqu'un qui a écrit ça est anglais, c'est normal qu'il ait écrit dans cette langue !
L'inspecteur haussa les sourcils, faisant apparaitre quelques rides sur son front.
-Humpf… Oui, vous marquez un point.
Emma ne s'arrêta pas là.
-Et que faites-vous du sang ?! C'est écrit avec du sang, vous croyez qu'un petit geek s'amuserait à faire ça ?!
-Vous êtes la seule à parler de sang, je pense que c'est de la peinture rouge !
-Je sais quand je vois du sang ! Après tout, mon nom de famille est… Blood !
L'inspecteur s'arrêta. La dernière réplique d'Emma n'avait rien prouvé mais ce nom lui disait quelque chose. Bien sûr, il savait depuis un moment comment elle s'appelait, mais qu'elle dise son nom dans ces circonstances lui faisait un autre effet. Il finit par soupirer.
-Très bien mademoiselle Blood, je vais envoyer le dossier à Pokeagent dès que j'ai les résultats du labo pour déterminer si c'est bien du sang. J'espère que le gars qui a fait ça a un sérieux dossier, parce que c'est pas avec deux mots écrits sur un tronc d'arbre qu'on va le coincer.
Il sortit une cigarette de sa poche, l'alluma, puis claqua des doigts.
-On lève le camp les gars ! Enquête terminée !
La seconde d'après, Emma se retrouva seule dans les bois.
« J'y crois pas… Ils m'ont laissés là ! »

Une fois que l'équipe de police, et par la même occasion l'équipe de tournage, furent partis, Emma prit l'ascenseur et s'en alla s'affaler sur son sofa.
Elle resta là un moment, se disant qu'elle avait réussi à gagner un jour de repos avant le grand commencement. Elle se dit aussi que la loi dans ce pays n'était pas forcément bien mise en place, ils avaient failli rater un nouvel indice sur cet homme, un peu plus et Emma se retrouvait sans protection.
Avait elle peur ? Non. Elle savait que ça arriverait, que le jour où elle devrait de nouveau le confronter viendrait. Elle aurait menti si elle avait affirmé ne pas avoir de boule au ventre, mais elle se sentait prête à affronter ce qui arrivait. Et par là, elle entendait son nouveau travail, et cet homme. Elle savait qu'il aimait bien s'amuser, et qu'elle avait encore plusieurs mois devant elle sans trop de dangers. Emma devait profiter de ce laps de temps pour le trouver, avec ou sans Pokeagent à ses côtés.
La sonnerie qui retentit dans tout le bâtiment la tira de ses pensées. Sophie n'était pas encore arrivée, l'adolescente dut donc se lever et descendre pour ouvrir.
Derrière la porte se trouvait justement Sophie, qui avait l'air un peu stressée.
-Z'avez pas les clés ? Marmonna Emma, les yeux demis clos, prête à s'endormir.
-J'ai vu aux informations qu'il c'était passé quelque chose, je suis venue aussi vite que possible sans prendre les clés ! Expliqua la secrétaire.
-Vous vous êtes pressez pour rien, juste un rigolo qui a voulu me faire peur en écrivant un petit mot sur un tronc d'arbre. Puisque vous avez une demi-heure d'avance, profitez en pour remplir la paperasse…
Emma se détourna et marcha lentement vers l'ascenseur alors que Sophie avait du mal à comprendre qu'elle était partie plus tôt juste pour remplir des papiers toute la journée alors qu'elle aurait voulu assister à des combats.

Emma tomba de fatigue sur son lit. Elle n'avait quasiment pas dormit, et la matinée avait été plutôt chargée. Ça ne faisait pas vingt-quatre heures qu'elle était ici et elle avait déjà été rattrapé par son passé, interrogée par la police local, avait démontré à un inspecteur que sa logique ne tenait pas debout, et aussi, par la même occasion, avait légèrement commencée à s'occuper de son job.
Elle regarda sa montre. Un peu plus de midi, elle avait dû s'endormir au milieu de ses pensées, un phénomène étrange qui lui arrivait souvent, elle pouvait s'endormir en plein raisonnement et le continuer au moment même où elle se levait. Ça ne marchait que quand elle ne dormait que quelques heures, mais c'était plutôt pratique.
Elle se leva, traversa le couloir, jeta un œil sur la cuisine. A ce moment un terrible combat entre la flemmardise et l'envie de cuisiner s'engagea en Emma. Il est inutile de préciser que la flemmardise gagna, mais de justesse.
Elle descendit et s'arrêta devant le guichet. Sophie signait des papiers d'un air détaché.
-Mademoiselle Dourm… Est-ce que vous lisez ce que vous signez au moins ? Questionna Emma.
Celle-ci, embrumée, eu une réponse assez confuse.
-Oui…Non… Parfois…
Emma claqua des doigts pour se faire remarquer. Sophie émergea enfin, prenant compte de la situation.
-Désolé mademoiselle Blood !
-Je vous ai déjà dit : Emma ! J'ai seize ans, vous trente, je ne trouve pas ça très naturel que je sois votre patron, alors on évite les grosses formules de politesses trop grosses ok ? Bien, je voulais juste vous demander si vous vouliez aller au restaurant avec moi, je n'ai pas envie de cuisiner, je n'ai pas de plats préparés et je n'aimerais pas manger seule. Et comme ça on pourra faire mieux connaissance d'accord ?
Sophie sembla hésiter, mais quand elle jeta un œil sur la quantité de papiers qu'il lui restait à faire, elle accepta l'offre immédiatement.
-Je vous suis mademoiselle Emma.
Celle-ci s'arrêta alors qu'elle avait la main sur la poignée.
-Ça sonne encore plus mal finalement… Il faudra penser à ça !

La voiture s'arrêta devant une grande maison, certainement celle d'une famille bourgeoise.
Le jeune homme en sortit, puis sonna à la porte.
Une fille qui devait avoir seize ans lui ouvrit.
-Teddy ! Tu es prêt ?
-Plus que jamais Willy !
La jeune fille tapa du pied.
-Tu sais que je hais ce surnom ! Ça me fait penser à un gros orque !
-Et moi le mien à un nounours, tu crois que c'est mieux ?
Elle sourit, puis lui fit le signe de la main d'attendre. Elle revint cinq minutes plus tard, un sac à dos en main et ferma la porte derrière elle.
Ils se dirigèrent tout deux vers la voiture.
-Tu as une voiture maintenant ? Questionna la fille.
-Non, elle est louée… Tu as mis du temps.
-Mes parents m'ont retenus, mais bon tu sais, le passage à l'âge adulte, tout ça, ils ont du mal. Dit la fille.
-Je sais oui, j'ai même pas dit à ma mère que je partais pour de bon, je lui dirais que dans un mois environ que j'ai trouvé un truc stable là-bas et que je reste.
Ils s'assirent tous deux, le garçon au volant. La fille le regarda.
-Et tu as vraiment trouvé un truc stable là-bas ?
Il la regarda à son tour, puis alluma le contact.
-Non, rien de rien, c'est mort ce coin.
Elle éclata de rire et la voiture partit, prenant l'autoroute vers Rivamar…

Rivamar était une ville en plein expansion, et les restaurants ne manquaient pas. Emma et Sophie en trouvèrent finalement un qui avait l'air plutôt bon et accessible.
Elles s'assirent à une table et commandèrent un plat de viande pour Emma et une salade pour Sophie.
-Alors, pourquoi avez-vous décidé de devenir la grande championne ? Je vous ai dit pour moi et mon poste, mais vous ?
Emma n'hésita pas. Elle n'avait qu'une histoire tabou dans son passé et ce n'était pas celle-là.
-C'est juste tout ce que j'ai voulu faire. Affronter des gens forts pour sans cesse m'améliorer. Que ce poste soit important politiquement, ça m'est égal. Depuis que je suis arrivée dans les archipels, j'ai toujours voulu devenir championne, il n'y a pas ça à Londres.
-Comment c'est au Royaume-Unis ?
-En fait, il n'y a qu'ici que les pokémons sont si importants, faisant même parti intégrante de la politique. Dans le reste du monde, c'est l'homme qui est mis en avant, les pokémons sont plus utilisés pour tenir compagnie, même s'il y a des tournois, ils sont bien moins populaires qu'ici. Il n'y a qu'un seul cours de dressage à l'école, voire pas du tout, car pas tout le monde n'en possède. Mais je préfère vivre ici, je trouve ça… Plus naturel. Les pokémons sont fait pour vivre avec nous, avoir une vraie place dans la société. Mais en même temps, ils sont dangereux, et même si je les aime, je ne voudrais pas voir notre race réduite à néant par la leur, donc j'adopte totalement les pokéballs, pas comme tous ces dresseurs qui se battent pour une égalité. Je dis ça, mais je laisse tout le temps mon Raikou en liberté.
La serveuse arriva avec les plats. Emma et Sophie commencèrent à manger, et entre deux bouchés continuèrent la conversation.
-Ce pokémon légendaire… Comment l'avez-vous eu ? Questionna Sophie.
Emma avala un morceau de rôti avant de répondre.
-Très longue histoire. En bref, c'était quelques mois après mon arrivée ici, j'avais démontré que moi et mon Momartik on était de très bons combattants, meilleurs même que le directeur de mon école de l'époque. Lors d'un évènement, je me suis retrouvée confrontée à Raikou et un vieux maître a vu en moins un potentiel énorme. Je suis partit m'entrainer avec lui pendant plusieurs années, jusqu'à que je puisse enfin maitriser le légendaire. C'est beaucoup plus complexe que ça, une autre fois peut être.
Elles n'eurent pas le temps de finir de manger qu'un homme vêtu d'un manteau noir s'approcha d'Emma et sortit une plaque.
Sur celle-ci on pouvait lire : Membre de niveau 5- Pokeagent. The Hunter.
-Mademoiselle Blood, désolé de vous interrompre, mais j'ai des questions à vous poser. Voulez-vous bien me suivre ?
Emma s'essuya la bouche et se leva.
-J'ai failli attendre dit elle.
-Vous saviez qu'il viendrait ? Dit Sophie.
-Bien sûr, notre conversation aurait tournée en rond au bout de dix minutes, je ne vous aurais pas invité si j'avais su qu'il y aurait de gros blancs.
Et sans plus de procédés, elle sortit du restaurant avec l'agent de police, laissant à Sophie l'addition.

Ils allèrent dans une ruelle déserte derrière le restaurant, à l'abri des oreilles indiscrètes.
L'agent de police attaqua directement le vif du sujet.
-Tout le département est en alerte, c'est son grand retour. Il s'est gardé pour vous. On ne peut pas dire que vous avez été très discrète.
Emma donna un coup dans une canette de jus de fruit qui trainait et croisa les bras.
-Mon nom de famille est un héritage et je ne vais pas le faire disparaitre juste pour ma sécurité. Je savais qu'il me trouverait, j'espérais juste que ce soit un peu plus tard… Ça ne change rien. Vous ne pouvez pas l'attraper.
-Mais il viendra à vous. On peut vous surveiller et on le trouvera.
Elle s'offusqua.
-Me surveiller ?! J'aimerais plutôt une protection ! Mais je ne veux pas voir des agents partout sur mon terrain, des gens vont venir et ils doivent se sentir en sécurité. Voir des types de Pokeagent ça fait plus fuir qu'autre chose.
-Très bien. Nous vous recontacterons.
Alors qu'il s'en allait, Emma le rappela.
-Attendez… The Hunter… Vous n'y étiez pas il y a neuf ans si je me rappel bien… Et vous êtes au rang cinq, il faut bien vingt-ans pour y avoir accès.
-J'étais bien présent il y a neuf ans, mais je chassais… Et je suis rentré bredouille. Mais aujourd'hui la chasse reprend. Ravie de vous avoir enfin rencontré mademoiselle Blood.
Et sur ces mots il partit.
Emma resta un instant au milieu de la ruelle, réunissant ses pensées. Elle se décida finalement à rentrer à l'arène, mais alors deux types avec des capuches arrivèrent dans la ruelle, le pas pressant.
Emma avança tête baissée, se préparant à ce qui pourrait arriver. Elle jeta un rapide coup de d'œil à sa tenue, peut être un peu trop provoquante pour ce genre de situation. Et en effet, quand ils arrivèrent au même niveau, ça ne manqua pas. Un des types se jeta sur Emma mais celle-ci l'accueilli avec un coup de pied dans ses parties intimes. Le deuxième type n'hésita pas, se disant qu'elle avait eu son pote par surprise. Il sortit un couteau de sa poche et Emma se dit qu'elle aurait été idiote de risquer sa peau ainsi.
Alors qu'il s'approchait, un Simiabraz arriva sur le côté et désarma l'agresseur qui, ne comprenant pas ce qui se passait, se fit mettre au tapis en trois secondes par les poings du pokémon.
-Merci Simiabraz. Dit Emma.
Elle se baissa, d'un coup de coude assomma le premier type qui était toujours plié en deux au sol et fouilla dans leurs poches. Elle sortit les portes-feuilles et les ouvrit. Emma prit les cartes d'identités des types et les mit sur leurs corps, puis mit l'argent dans sa poche, avant de taper des chiffres sur sa pokémontre.
-Allo ? Oui, deux types ont voulu m'agresser dans la ruelle de Red à Rivamar. Ils vont rester inconscient assez de temps pour que vous veniez les chercher je pense. Qui je suis n'a pas d'importance, je n'ai pas de temps à perdre avec les procédures judiciaires.
Elle raccrocha sans plus de procédés et se rendit à l'arène.

Elle ouvrit la porte et découvrit Sophie en plein milieux de la paperasse.
-Vous avez mis du temps… Constata la trentenaire.
-Un petit problème sur la route. Marmonna Emma avant de sortir de sa poche l'argent des agresseurs et de le poser sur le comptoir.
-Pour rembourser le restaurant, désolé de vous avoir laissé payer ça.
Sophie parut un peu surprise, mais prit l'argent sans se plaindre mine de rien.
Emma sourit et se rendit à l'étage.

Elle plongea sur son lit et ferma les yeux.
Demain elle aurait du travail… Elle avait décidé de ne pas commencer fort, un seul adversaire par jour. La file d'attente allait jusqu'en novembre, week-end compris. Elle s'était donc dit qu'il aurait été bon de se reposer avant la grande déferlante. Mais si elle s'endormait, elle se réveillerait en plein milieu de la nuit et n'aurait rien pu faire. Elle se releva donc, voulant faire quelque chose de productif. Elle alluma la télévision qu'elle éteint immédiatement quand elle vit qu'on parlait encore d'elle.
Elle reprit l'ascenseur, passa devant Sophie sans rien dire (Et à vraie dire, la secrétaire ne s'en rendit pas compte.) et arriva sur le grand espace d'herbe.
-RAIKOU !
En moins de deux secondes, le pokémon arriva devant elle. Il avait dû faire le tour toute la journée. Elle monta sur son dos et s'accrocha.
-Je veux voir jusqu'où ça va.
Le légendaire s'arqua en arrière et partit à toute vitesse. Emma aimait sentir le vent frais lui partir dans la tête. C'était assez violent, mais ça réveillait mieux que tout. La course dura un bon moment, puis ils arrivèrent devant une gigantesque montagne qui empêchait d'aller plus loin.
-Ce terrain pourrait accueillir une ville… Murmura Emma.
Elle resta là un moment, puis Raikou se retourna et la ramena devant l'arène.
Elle hésita à se rendre dedans de nouveaux, soupira, puis décida d'aller en ville. Elle marcha pour sortir de la grotte, puis arriva à Rivamar assez rapidement.
La nuit ne mettrait plus que quelques heures à tomber, et il semblait qu'un petit marché de nuit commençait à se mettre en place.
Emma passa devant la ruelle de tout à l'heure, mais il n'y avait plus personnes. La jeune fille se fichait éperdument de savoir si les deux types s'étaient enfuis ou s'ils avaient été attrapés. Elle était même contente qu'ils aient décidés de l'agresser elle, ça aurait pu être quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus fragile, physiquement comme mentalement. Elle serra les dents, s'imaginant la scène. Emma détestait l'injustice, qu'on s'en prenne aux innocents, que des coupables vivent en liberté. Elle pouvait passer une bonne journée mais complètement la gâcher en allumant la télévision et en tombant sur un reportage sur les agressions, ça la révoltait.
Donc, elle était contente que ça lui soit arrivé à elle. Ca ne la marquait pas, encore moins la dérangeait. Ca l'avait même défoulée. Ils étaient idiots de croire qu'une fille serait facile à maitriser parce que c'est une fille, parce qu'elle est blonde, peut être même de penser plus loin juste parce qu'il faisait chaud et qu'elle s'était habillée plus légèrement. Emma était la mieux placée pour le dire : Les apparences ne font rien. Les adversaires les plus puissants qu'elle avait combattus ne payaient pas de mines.
Elle s'arrêta un moment pour se reposer, s'assit à la terrasse d'un café et demanda une bouteille d'eau.
Elle regarda sa pokémontre. Les portables lui manquait, ce gadget faisait tout très bien mais pas vraiment téléphone. Elle irait en acheter un vrai dans la semaine, elle se le promit.
La fille blonde feuilleta son répertoire tout en buvant une gorgée d'eau. Son regard s'arrêta sur deux noms, mais fit semblant de les ignorer.
Elle se releva aussitôt et continua sa route.

La nuit était tombée et la ville était devenue magnifique.
Des petits stands étaient sortis de partout, des pokémons couraient les rues et un doux fumé flottait dans l'air.
Emma s'arrêta devant un stand qui proposait des spécialités de la région, notamment du miel « spécial Goinfrex », pokémon fétiche de la ville à cause du rocher le représentant.
Elle n'acheta cependant rien, se contentant juste d'admirer, et puis du miel ne lui serrait d'aucune utilité.
Elle aimait comme l'ambiance changée la nuit. Il y avait également tous ces petits détails qui échappaient à la plupart des touristes, rien qu'en tournant la tête vers sa droite elle vit dans une ruelle un stand à l'écart qui n'avait pas l'air très légal, plus loin un sans-abri assis entre deux stand semblait être la cible de deux policiers, voulant le faire partir car il donnait une mauvaise image de la ville.
Voilà tout ce qui la fascinait dans une ville, des histoires par centaines, des vies qui se mêlent, la face cachée des choses…
Elle s'arrêta devant un petit rassemblement de personnes. Emma devina sans mal ce qui se passait, et pour cause, c'était ce qu'elle préférait le plus dans une ville : les combats de rues.
Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, les gens s'affrontaient en plein milieu d'une allée, d'un parc, d'une rue tout simplement.
Elle s'approcha un peu pour voir. Deux gamins de dix ans, certainement en plein voyage initiatique s'affrontaient avec un air de rivalité dans les yeux.
Emma soupira en se disant que faire son voyage initiatique aurait été sympathique, mais elle n'en serait pas là si elle avait fait comme tout le monde.
C'était bien sûr le seul moyen pour devenir quelqu'un. Ne pas être comme tout le monde. Après tout, est ce que tout le monde devenait champion ultime ? Non, seulement elle. Et elle avait compris pourquoi. Ce n'était pas une crise d'adolescente anticonformiste, mais si elle devenait comme tout le monde, elle perdait sa place.
Le combat en lui-même était de bas étage, un Torterra contre un Pingoleon, deux jeunes dresseurs des plus classiques.
Au bout de cinq minutes à hurler dans sa tête quelle stratégie utiliser, elle se détourna et reprit la route.
Il commençait à se faire tard, aussi Emma commença à prendre le chemin du retour. Le clochard n'était plus là, les policiers semblaient désormais s'intéresser au stand dans la petite ruelle et les touristes, qui n'avaient rien remarqué de tout ça, étaient plus que ravis.
« Moi et ma mauvaise foi… Ils ont de quoi être ravis, les lumières de la ville sont vraiment magnifiques… J'ai toujours aimé Rivamar. »
Alors que le bout de la rue était visible, on l'interpella.
-Hey vous !
Elle ne se retourna pas, ne se sentant pas concernée.
-La blonde… C'est quoi son nom déjà… Blood ! Mademoiselle Blood !
Cette fois, Emma se retourna. Un homme d'environ trente ans, pas mince mais pas enrobé non plus, un début de calvitie à peine visible et surtout, et probablement la seule chose qu'Emma remarqua vraiment, une ceinture de pokéballs bien visible.
-Vous êtes la grande championne ! Accepteriez-vous de faire un match contre moi ?
Emma sourit, montrant ses dents blanches.
-Désolé, j'ai une arène et ce n'est pas pour rien.
-Oh allez ! Une petite avant-première, que tout Rivamar voit de quoi il en retourne !
Quelques personnes dont les oreilles trainaient commencèrent à se regrouper, chuchotant : « La grande championne ! C'est Emma Blood ! »
Bien vite, la rumeur se répandit et un cercle s'était formé autour des deux combattants potentiels.
Emma regarda tout ça, puis sourit de plus belle.
-Vous avez combien de badge ?
-Les sept de Sinnoh, quand j'étais gamin… Mais je m'entraine depuis !
Elle était intriguée. Autrefois personne n'aurait voulu la combattre comme ça pour rien… Son sourire devint un sourire amusé, puis, sans rien dire, elle prit une de ses pokéballs.
Les stands se fermèrent, la rue se boucha, en moins de trois secondes tout le monde avait les yeux rivés sur chacun de leurs gestes.
L'homme semblait concentré, se disant peut être qu'il avait une chance…
Il envoya la pokéball et un Betochef fit son apparition.
-Un pokémon d'Unys… Quant à moi, je choisis Momartik !
Le fantôme de glace fit face au vieil ouvrier. L'homme n'eut pas le temps de dire un mot que déjà Momartik avait bougée, laissant derrière elle une trainée violette.
-Eclats Glace.
D'un mouvement du bras imperceptible pour l'œil humain, Momartik projeta des centaines d'éclats gelées sur Betochef qui, avec une vivacité incroyable pour un pokémon de cette espèce, grimpa sur ses piliers et se tint en arbre droit dessus, évitant ainsi l'attaque.
-Les clowns sont des acrobates, n'oublie pas ça ! Lança l'homme, confiant.
Emma s'abstint de tous commentaires. Si on parle, on n'est plus dans le combat. Tout devait s'enchainer, et pas de place pour des paroles qui pourraient plomber l'action.
-Blizzard.
Une tempête de neige s'abattit sur le terrain. Le public était épargné mais on ne pouvait plus rien voir du combat.
La grêle disparut presque aussitôt, Betochef était en piteux état mais toujours debout.
-Betochef ressaisit toi ! Mitra-Poing !
Le clown se jeta sur Momartik, tous poings en avant, mais le spectre sauta gracieusement sur un de ses piliers, puis sauta plus en hauteur et retomba tout en envoyant un Eclat-glace.
Mais le pokémon combat continuait son attaque Mitra-Poing dans le vide. Il s'acharnait sur un adversaire invisible, jusqu'à ce que la multitude de ses poings de lumières l'englobent et que les éclat-glace s'éclatent dessus.
Momartik redescendit au milieu de cette impressionnante attaque, passant au travers sans subir aucuns dégâts du fait de son type. Mais l'illusion créait par l'attaque mitra-poing vola en éclat et Betochef apparut derrière Momartik, son pilier levait.
-Eboulement Betochef ! Achève là !
D'énormes pierres sortirent alors du pilier, la gravité les attirants naturellement vers Momartik.
Le pokémon lança un regard à sa dresseuse. Et ce regard fit le reste du match. Leurs yeux se croisèrent une seconde, et déjà le reste du match était connu des deux.
Le poing du fantôme se gela, augmentant sa force de frappe. Momartik frappa les roches qui lui tombaient dessus, les explosant. Mais, lorsque que la dernière roche tomba, elle se contenta de l'effleurer des doigts, et aussitôt elle se glaça.
Puis, la pierre, comme défiant la gravité, resta entre la terre et le ciel. Momartik recula et envoya un Vent Glace qui partit dans le visage de Betochef, mais qui aussi entraina la pierre, s'écrasant en plein milieu du visage du clown, le faisant tomber en arrière.
Momartik se jeta sur son adversaire et, d'un Eclats Glace, l'acheva.
Et tout ça, en seulement cinq secondes.
La foule éclata, félicitant Emma, qui pourtant se disait que le combat avait été un peu trop rapide et banal, même si elle avait été surprise.
Elle rappela son pokémon et alla serrer la main de l'homme qui semblait honoré de s'être fait battre par elle.
-Incroyable ! Votre maîtrise parfaite de la situation… Chaque coup que je prévoyais, vous le prévoyez dans vos plans et preniez deux coups d'avances.
Elle sourit.
-C'est la technique d'un bon dresseur. Il faut beaucoup réfléchir pour faire face à toutes les possibilités et toujours prévoir comment répliquer. Dans mon cas, je prévois deux voire trois répliques possibles, puis des répliques aux coups que l'adversaire pourrait envoyer pour parer mes répliques. En plus de ça j'essaye d'analyser votre langage corporel pour voir quel genre de coups vous allez utiliser. L'attaque Mitra-Poing qui n'a pas pour but de me frapper directement est trop prévisible, vous n'êtes pas assez bête pour croire pouvoir me toucher avec une attaque combat, et vu que la luminosité que produit cette attaque et la seule autre façon de l'utiliser… Enfin voilà.
L'homme semblait réfléchir.
-C'est… Très compliqué.
-Si vous aviez compris ça, vous m'affronteriez dans l'arène et pas dans la rue. Oui c'est compliqué, je ne vais pas m'embêter à parler pendant le match, c'est pour ça que j'aime bien l'expliquer, mais après. Hum, sur ce.
Elle savait bien que la seule façon de franchir la foule était de la prendre par surprise, et donc, sans plus de révérences, elle se jeta littéralement dans la masse humaine, et, sans que personne ne s'en rende compte, disparue de la rue.

Se promener de nuit sur les routes de Sinnoh n'était pas très sûr il y avait de cela une cinquantaine d'année, mais depuis que le voyage initiatique s'était popularisé, les bandits de grands chemins étaient aussi existants que les pirates. Maintenant un bandit de base se faisait éclater par n'importe quel gamin de dix ans qui passait. Même si quelques enfants y étaient passés au début de cette pratique, cette anecdote ne resterait pas dans l'histoire, le nombre étant « seulement » inférieur à trente-cinq.
Elle arriva finalement à l'arène sans aucun encombre, ouvrit la porte et monta dans l'ascenseur.
Mais alors que celui-ci allait s'ouvrir, elle entendit distinctement des voix à l'intérieur.
En une seconde, elle avait déjà la pokéball de Simiabraz en main. Sa chambre était vide, plongée dans le noir le plus total. Les bruits venaient clairement du salon. Elle avança lentement dans le couloir, entendant encore des bruits, voyant même de la lumière.
« C'est lui ? Non… Il m'aurait confronté directement, et puis il est trop tôt… »
Alors qu'elle n'était plus qu'à un mètre du bout du couloir, elle se jeta dans le salon, grossit la pokéball dans sa main et… Arrêta son geste.
Devant elle, un jeune homme de seize ans, de grande taille, les cheveux bruns en bataille, des yeux d'un marron tellement foncé qu'on aurait pu les croire noirs, portant un T-Shirt « ROCK IS ROCKING ! » se tenait aux côtés d'une jeune femme, seize ans elle aussi, la peau bronzée et les longs cheveux bruns bouclés.
Emma les regarda, l'air d'avoir vu un revenant.
-T…W… TED ?! WILLA ?!
Ils étaient visiblement en train de se servir dans le frigo d'Emma.
Le dénommé Ted reposa rapidement une bouteille de lait, espérant qu'Emma ne l'aurait pas vu la prendre.
-Surprise ! Murmura t-il, gêné.
-Ta secrétaire nous a faits entrer. Et donc oui, ceci est une surprise. Dit la dénommé Willa.
Emma rangea sa pokéball et se jeta au coup de son amie en poussant des hurlements hystériques, et Willa répondit de même, tout en rigolant.
-Et moi j'ai fait le trajet pour rien ? Rigola Ted.
Emma rit et se précipita pour se jeter à son coup aussi. Le garçon semblait un petit peu gêné, ne sachant pas vraiment s'il s'attendait à plus ou à moins, mais rendit tout de même l'accolade à son amie.
Emma les regarda tous les deux, le sourire aux lèvres.
-Mais pourquoi vous êtes là ?!
-Longue histoire ! Dit Willa. Mettons-nous à l'aise et buvons un truc, on a des tonnes de choses à se dire !
Emma fit s'assoir ses deux meilleurs amis, un flot de souvenirs en tête.
Décidément, le passé continuait de la hanter, mais dans le bon sens cette fois !