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Participation de Saroumane et PPMickey au concours de noël 2010 de L'Illumisien



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Informations

» Auteur : L'Illumisien - Voir le profil
» Créé le 11/04/2011 à 20:02
» Dernière mise à jour le 11/04/2011 à 20:02

» Mots-clés :   Fanfic collective   One-shot   Science fiction

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Fuite
Je mourais de faim. Avaler des baies conservait mes forces mais ne calmait pas ma faim. Je ne pouvais attendre plus longtemps : il me fallait un œuf.
Toutes les créatures de la forêt étaient parties ; il était devenu impossible de trouver un quelconque œuf. Je n'osais pas aller fouiner dans le village des hommes mais je n'avais pas le choix : il y avait dans ce village l'unique endroit où je pouvais trouver des œufs.
Durant les premiers jours, je récoltai des informations sur les hommes auprès des créatures vivant avec eux. J'appris le vocabulaire principal que les créatures utilisaient pour désigner les choses relatives aux hommes. Par exemple, ils vivaient dans des « maisons », portaient des « vêtements » et appelaient cette période de froid actuelle « l'hiver ».
Les hommes étaient de loin différents des créatures. Malgré leur domination, ils n'avaient aucun pouvoir et ne pouvaient communiquer avec nous. Ils vivaient en communauté afin d'améliorer leurs conditions de vie. Ils créaient leurs propres habitats, concevaient certaines de leurs nourritures et inventaient des outils compensant leur faiblesse physique. Ils enseignaient leur mode de vie aux créatures du village.
On m'indiqua les différents lieux utiles du village ; je me nourrissais alors de baies que je volais sur les étals du « marché », mais ce n'était pas suffisant ; il me fallait des œufs et je savais où il y en avait.
Les informations que je récoltais concernaient principalement l'unique « tour » du village. Je savais qu'un oiseau y vivait ; je le voyais depuis la forêt s'y poser et – comme la plupart des piafs – il avait surement un nid rempli d'œufs. Cependant, je sentais qu'il était dangereux et si je voulais rendre visite à ses œufs, je devais préparer un plan. Cet oiseau que le village appelait Engarac, était visiblement très respecté par les habitants qui le considéraient comme le « maître » de la région.
« Maître ! Comme si j'allais m'incliner devant ce vulgaire moineau »
Engarac avait des hommes et des créatures qui s'occupaient de son petit confort. Si je voulais m'infiltrer dans sa tour, je devrais porter des vêtements comme les créatures employées comme « domestiques ».
Lorsque j'aurai ce vêtement, je monterai au sommet de la tour par « l'escalier ». Les hommes, ne pouvant grimper les parois ou sauter pour accéder aux niveaux supérieurs de leurs maisons, utilisaient des marches pour monter petit à petit. L'avantage était de pouvoir porter en même temps des objets.


Tout près de la tour, je trouvai des vêtements blancs accrochés à une corde ; ils étaient humides, comme si on les avait laissé tomber dans la rivière plus tôt. J'en pris un et l'attacha autour du cou. Je me dirigeai vers l'entrée de la tour, puis montai les marches jusqu'au sommet.
J'entrai dans une grande pièce pleine d'hommes et de créatures ; c'était la première fois que je pénétrais dans une maison. L'oiseau était dans son nid. Il était bien plus grand que moi et tout le monde lui prêtait attention alors que lui ne leur accordait aucun intérêt. Ses œufs étaient disposés près de lui, dans des nids plus petits posés sur du mobilier d'homme. J'allai me placer avec les autres créatures domestiques qui s'occupaient des œufs.
J'appris d'eux qu'Engarac distribuait en ce moment ses œufs aux petits hommes. Toutes les créatures du village naissaient de ces œufs ; ils n'étaient donc pas sa progéniture
Engarac se tourna vers les nids à œufs, prit un œuf avec son bec et le donna à une jeune d'homme ; tout le monde observait et battait des mains.
C'était le bon moment pour agir. Je pris l'œuf le plus proche puis me dirigeai vers l'escalier quand je sentis qu'on m'observait ; je me trouvai alors devant un passage dans le mur destiné à la créature ailée. On m'avait repéré ; de plus en plus de personnes se tournaient vers moi. Le piaf lui-même poussa un rugissement lorsqu'il vit l'œuf.
Paniqué, je posai l'œuf à mes pieds, arrachai mon vêtement à terre puis pris l'œuf sous mon bras et sautai dans le vide. Avec les griffes de mon bras libre et de mes jambes, je me laissai glisser le long du mur laissant des éraflures dans la pierre. Lorsque j'atteignis le sol, des hommes me virent et se mirent à ma poursuite tandis que d'autres sortaient de la tour par l'entrée. J'étais plus rapide qu'eux. Je fonçai vers la forêt proche et y pénétrai. Mes poursuivants abandonnèrent à la lisière : j'avais gagné.


Quelques temps après avoir couru avec l'œuf, je m'arrêtai pour enfin le dévorer. Il était tout bleu. Mes crocs faillirent se casser sur la coquille ; elle était aussi dure qu'une pierre. Je tentai de le casser avec mes griffes aiguisées. La coquille n'eut aucune trace de coup.
« Mais vas-tu t'ouvrir ? » criai-je à l'œuf en lui assénant des coups. La colère commença à me submerger. Étais-ce bien un œuf ? Avais-je fais tout cela pour rien ?
Je tentai un ultime coup ; je pris du recul, enflammai mes griffes d'une aura sombre puis bondis sur l'œuf et le tranchai. Ce coup aurait abattu un arbre mais rien à faire, l'œuf n'avait aucune égratignure. Je m'assis dans la neige et repris les coups de griffes ; l'œuf finirait bien par céder.
J'entendis alors des bruits de pas s'enfonçant dans la neige. Je regardai devant moi et aperçus un vêtement dépasser d'un des arbres : un des hommes m'avait suivi et se cachait.
Je me levai, pris l'œuf tout en continuant de lui donner des coups puis m'en alla. Je donnais des coups de plus en plus forts afin de tromper l'ennemi. À bonne distance de l'homme, j'arrêtai les coups puis courus à toute vitesse en direction du cœur de la forêt. Lorsque l'homme remarquera que les coups ont cessé, je serai déjà loin.
Sachant que les traces de pas laissées dans la neige immaculée m'handicapaient, je me dirigeai vers le lac. Le lac gelé me permettra de mettre en place un piège.
J'arrivai au lac, le traversai puis m'arrêtai à mi-parcours. Je posai l'œuf sur la glace puis retournai sur mes pas. Avec mes griffes, je rayai légèrement la glace sur une large surface puis allai me cacher derrière un arbre de l'autre coté du lac.
Le piège était simple, lorsque l'homme viendra récupérer l'œuf de son cher pigeon, la glace se brisera sous son poids et il finira dans le lac.
C'était dans ma nature de ne jamais affronter directement les autres, je préférais user de ruses. C'était une des raisons pour laquelle je ne mangeais que des œufs.
L'homme arriva au lac. Non. Ils étaient deux. Le premier avec les cheveux courts marcha sur le lac gelé et la glace se cassa comme prévu. Je courrai reprendre l'œuf tandis que l'homme avait déjà fait demi-tour pour rejoindre la berge. Le second l'aida à ne pas tomber dans l'eau mais ce n'était pas grave ; le temps qu'ils fassent le tour du lac, je serai encore plus loin.
« Ils vont vraiment me suivre jusqu'au bout ! Les arbres n'ont pas de feuilles ; je ne peux pas m'y cacher ou leur tendre un nouveau piège ! Je dois quitter la forêt et aller au sommet de la grande colline ; des créatures y vivent et pourront barrer la route aux hommes.»
Beaucoup plus tard, je commençai la montée de la colline ; les arbres se faisaient de plus en plus rares. Quand je traversai une clairière, une voix s'éleva parmi les arbres : « Veux-tu danser avec moi ? »
Je reconnu cette voix. C'était la créature ronde avec de longs cheveux jaunes que je connaissais. Sans la regarder, je lui répondis : « Désolé, je n'ai vraiment pas le temps.»
Une idée me vint à l'esprit. « Mais je connais des hommes qui aimeraient sûrement danser avec toi, repris-je.
— Vraiment ? fit l'autre.
— Mais bien sûr ! Ils vont peut-être passer par ici ; cependant ils sont timides, ils n'oseront pas danser mais si tu danses devant eux, peut-être qu'ils se laisseront entraîner. Bon ! j'y vais !»
Je continuai mon chemin vers le haut de la colline ; les sapins étaient rares.
Près du sommet, un souffle glacial était provoqué par une créature que j'avais aussi déjà croisée. Elle flottait dans les airs, tel un esprit et tâchait de conserver la neige malgré le beau temps. Si je passais ce souffle facilement, les hommes seraient eux, bloqués.
Je connaissais bien les capacités des créatures des montagnes. La première créature aux cheveux jaunes n'était pas consciente de sa capacité à hypnotiser les autres juste en dansant.
Après avoir passé le souffle, j'arrivai au sommet de la colline dont de grands blocs de glace étaient disposés en cercle. Je passai à l'intérieur du cercle de glace par un trou creusé dans la neige. À l'intérieur, je pouvais enfin m'occuper de l'œuf sans être dérangé.


L'œuf ne voulait toujours pas céder après un énième coup ; la colère m'avait envahi depuis déjà longtemps et ce n'était pas l'arrivée d'un des hommes qui l'atténua.
Il était là, une griffe à la main. À défaut de griffe, il utilisait celle d'une autre espèce. « Comment as-tu réussi à venir jusqu'ici ? » l'interrogeai-je sans réellement attendre de réponse au vu de son espèce. Mais il avait compris ma question. « Cela n'a pas d'importance ! Rends-moi l'œuf !
— Je pensais qu'en tant qu'homme, tu serais trop stupide pour comprendre ce que je venais de dire. Je vais devoir m'occuper de toi pour avoir enfin la paix. »
Je posai l'œuf près de la paroi puis sortis mes griffes. Je m'élançai sur l'homme qui para mes coups. Je renouvelais continuellement mes assauts ; il ne pouvait pas tenir longtemps avec sa seule griffe. Il ne pouvait pas non plus tenter une contre-attaquer sans risquer d'être touché. Mes griffes se couvrirent des ténèbres ; mes attaques étaient plus puissantes ; il allait céder. Il reculait sans cesse et approchait de la paroi de glace. Je fis un bond par-dessus sa tête puis rebondis sur la paroi pour attaquer son dos à découvert. Il sauta sur le coté ; je ne tranchai qu'un pan de son manteau.
Le combat poursuivait quand une ombre se percha sur la paroi : c'était l'oiseau.
« Tu m'as suivi, toi aussi ? m'écriai-je. Maudit pigeon ! » Je connaissais la faiblesse des oiseaux. J'utilisai mes pouvoirs de la glace. Je tirai une multitude de fléchettes de glace sur l'oiseau; malheureusement la différence de niveau entre-nous était trop grande ; Engarac les balaya d'un simple battement d'aile. Il prit la parole : « Tu devrais terminer ton combat avant. »
Je m'apprêtais à répondre quand l'homme l'ouvrit : « Attendez ! Vous aussi pouvez parler ?
— Bien sûr que je parle, Lorrane ! Tout le monde parle ! Seule la barrière du langage nous empêche de nous comprendre. Sauf ici, sur la cime du Mont-Sans-Barrière. »
L'homme se tourna ensuite vers moi ; « Tu dois me rendre cet œuf !
— Hors de question ! Je vais plutôt le manger !
— Mais tu n'arrives même pas à l'ouvrir.
— Alors je l'avalerai sans l'ouvrir !
— C'est inutile, fit l'oiseau d'un ton moqueur. C'est un œuf de dragon, il ne disparaitra pas aussi facilement ; il va juste éclore dans ton ventre et peut-être même te dévorer de l'intérieur. »
L'œuf ne pouvait être ouvert. C'était impossible. Je le savais depuis le début mais je ne pouvais accepter la vérité ; je devais me nourrir.
« Alors ? fit l'homme. Tu décides de le rendre ? »
La colère se mélangea à la peur. L'œuf m'était plus d'aucune utilité. Qu'allait me faire Engarac ? Je ne savais que faire. Par désespoir, je m'élançai vers l'homme, griffes en avant.
Je sentis sa griffe transpercer ma poitrine.



« Je suis désolé. »



Pendant un long instant, tous mes sens étaient en suspend. Seule ma conscience persistait dans le néant. On m'avait arraché à mon corps. Je me croyais perdu.
Je sombrai alors dans un rêve sans fin. Mon corps se matérialisa sur la neige. Il faisait jour et un mur de glace m'encerclait. Il y avait des hommes et une créature qui m'accueillaient.
J'observai mon corps céleste, il n'était pas si différent de l'ancien mais je me sentais guéri. La colère et le doute m'avaient quitté. L'une des personnes s'adressa à moi : « Il y a quinze ans, tu aurais dû naître dans le village et vivre avec moi. Tu n'as aucune famille dans cette forêt. Cette nouvelle apparence est un nouveau départ pour toi ! Viens vivre au village !
— Non. Je ne veux pas quitter la forêt.
— Tu ne la quitteras pas ! J'y vis tout près et j'y passe presque toutes mes journées. Nous la surveillerons ensemble ! Si tu veux des œufs, nous en avons. »
Il m'offrit un œuf de bienvenu. « Tu as volé cet œuf parce que tu avais faim, n'est-ce pas ? Nous élevons des créatures qui pondent ces œufs de la chance mais ils ne contiennent aucune viande.
— Ce n'est pas grave ! fit l'autre personne. Ces œufs sont très nourrissants et gorgés de vitamines. Ils valent largement les œufs classiques. Il existe aussi les œufs du bonheur qui apportent de la gaieté à ceux qui les mangent. »
Je croquai dans l'œuf, ils disaient vrai.
« Personne ne te demande ton avis. » Je me souvins avec effroi de cette voix. C'était celle d'Engarac. Il était toujours perché sur la paroi.
Je réalisai que j'étais toujours en vie. Les hommes avaient récupéré l'œuf. L'oiseau continua à me sermonner ; « Depuis des années, je distribue des œufs aux hommes du village et ton œuf aurait dû lui revenir. Aujourd'hui, tu as volé un de mes œufs. Tu iras donc vivre au village avec cet homme, sinon je reconsidérerai ma décision de t'épargner pour cette fois. »
Je me souvins que je détestais ce piaf. « C'est d'accord ! Je vais vivre avec lui !
— Nous sommes donc d'accord. Je retourne à mon nid. J'y attendrai le retour de l'œuf.» Il s'envola.
Les deux hommes parlaient entre eux. Celui à qui je devais appartenir s'adressa ensuite à moi : « Quel est ton nom ?
— Je n'en ai pas, répondis-je. Je ne connais personne pour m'appeler par un nom.
— Alors ça ne te dérange pas si je t'en choisis un comme la tradition le veut ?
— Je m'en moque, mentis-je pour dissimuler un quelconque intérêt aux hommes.
— Parfait ! Rentrons au village, Many ! Demain nous ferons visiter la forêt au professeur. »
Nous quittâmes tous l'endroit. Il aurait pu réfléchir deux minutes à mon nom. Mais qu'est-ce qu'un « professeur » ? J'allais désormais passer ma vie dans ce minuscule village. Ce Lorrane avait intérêt à tenir parole à propos de la forêt.