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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 05/04/2011 à 22:31
» Dernière mise à jour le 05/04/2011 à 22:31

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Circonspection.
Sinnoh. Floraville. Bordure de la route 204, Zone noire de la maitresse des baies.

Lundi 17 Mai, 13 heures 03 minutes.



S'afférant tranquillement à ses affaires, la maitresse des baies parcourait librement et sereinement le terrain alloué à ses services par la ville Fleur, pour la culture des baies qui correspondait parfaitement à l'état d'esprit de leur communauté : à les laisser pousser et grandir dans la nature sans altercation des activités humaines. A part la sienne (qui de toute manière était très discrète.)

Equipée comme à son habitude dans ce genre de cueillette, elle progressait de façon posée et mesurée le domaine sauvage emplit de pokémon en quête de nourriture, prête à asperger de repousse le moindre d'entre eux qui viendrait à la confondre avec l'une de celle qu'elle venait récolter ; car le temps était effectivement venu de récupérer les fruits de ce labeur. Il fallait juste espérer une chose : ne pas tomber sur un groupe de Capumain ; ces macaques ont la fâcheuse tendance à vite perdre la boule après un repousse bien placé, et leurs coups de queue ont de quoi assommer pendant des heures l'imprudent qui s'en mange une dans la tête.

Deux jours s'étaient écoulés depuis sa virée mortelle à la villa secondaire du gouverneur, mais cela ne faisait que depuis moins d'un seul que les archipels étaient au courant du tournant tragique de cette nuit.


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Alertés par le manque cruel de réponse de la part des gardes, un léger contingent d'autres gardes de sécurité privé accompagné de quelques voitures de police se rendit à la villa pour voir de quoi il en retournait ; en pensant que cela ne devait être qu'une banale histoire de problème radio… Quelle ne furent pas leur déconvenue en trouvant juste à le limite de la grille d'entrée –totalement ouverte- les corps sans vie de plusieurs gardes laissés là ainsi exposés comme des trophées de chasse. Comme elle l'avait prévu.

Avec la mort de Matis, plus un être vivant subsistait dans la villa. Chaque corps avait été disposé selon elle pour qu'ils puissent facilement être trouvés par n'importe qui irait jeter un coup d'œil même furtif à la demeure, alertant ainsi rapidement la police et les média, sans laisser une seule preuve sur place qui ne soit pas sciemment induite de sa part : le système de vidéo surveillance fut hacké avec la plus implacable efficacité, les système de communication brouillés avec les plus insidieuses manipulations, et chaque membre de cette «armée de sécurité privée» avait été éliminé un à un, même les vétérans, après qu'elle les ait soigneusement amené à être isolés chacun dans un coin sans qu'un autre puisse intervenir. Pour au final ne laisser plus personne.

Rapidement les flics bouclèrent tout le secteur, alors qu'une demande d'urgence de renforts et leur arrivée en fanfare attira encore plus rapidement l'attention des médias que s'ils les avaient directement avertit. Les journaux s'emparèrent de l'affaire en moins de deux avant que les policiers n'aient pu ne serait-ce tenter de les en empêcher, lorsqu'un de leurs hélicoptères patrouilla juste au dessus de la maison de vacance du gouverneur pour en filmer les images qui furent retransmises en direct lors d'un flash spécial du journal associé ; avant qu'un hélicoptère de police ne vienne à son tour occuper l'espace aérien et lui sommer rapidement de se poser (ironique que les journalistes soient plus rapides que les flics.)

Mais le mal était déjà fait. Les images, mêmes distantes, des corps sans vie des gardes du gouverneur parcoururent tous les écrans de l'archipel Orange ; puis par extension ceux du reste du monde pokémon. Avec en gros titre l'ultime question que tout le monde se posait : qu'était-il advenu du gouverneur Bertrand Matis ?

La réponse vint le lendemain, vers midi. Alors qu'un petit couple de touriste de Kanto se baladait en amoureux sur les plages de Crèmbulle. En appréciant chaleureusement le paysage, ils furent interrompus dans leur petit idylle lorsque la mer rejeta un corps en plein milieu de leur chemin, recouvert d'algue et dégageant une odeur pestilentielle alors qu'il avait mariné dans l'eau de mer. Une fois de plus les policiers prirent l'affaire en main. Puis, une fois toute la procédure de fichage de la scène de crime terminée, finirent par découvrir le corps des algues qui empêchaient son identification… Avant que devant les caméras de télévision, d'un mouvement de recul clairement perceptible de la part des flics, ne révèle le visage appartenant au corps horriblement mutilé de l'homme qui faisait encore la une des journaux la veille pour sa bienvenue sur leur île.

L'affaire prit des proportions nationales et occupait désormais tous les sujets de discussion sur chaque programme télévisé, alors que les théories les plus fumeuses et extravagantes sur les raisons de son assassina faisaient l'objet de débat aussi hypocrites qu'enflammés. Certains avançaient qu'il s'agissait sans nul doute de la même faction extrémiste qui était à l'origine responsable de l'attenta à Carmin-Sur-Mer, quand d'autres défendaient l'idée d'un complot gouvernemental au sein même du Consortium dans une lutte interne pour le pouvoir, si ce n'était pas d'autres qui arguaient que cela ne soit le fait des teams responsables des récents évènements à Sinnoh dans le grand marais de Verchamp ; en allant jusqu'à accuser ouvertement qu'il y'aurait des membres infiltrés dans les services de police et de garde du corps, et que c'était la raison pour laquelle Matis avait été tué aussi facilement. Ce que la compagnie privée de sécurité et le gouvernement de l'île nièrent férocement de toutes leurs forces.

Il y'avait aussi une autre rumeur, mais considérée comme tellement fantaisiste et irréaliste qu'elle fut rapidement réduite au silence ; comme quoi cela serait le fait d'un assassin isolé qui serait venu à bout de toute l'armée du gouverneur, à lui tout seul. Qui irait croire à ces fadaises ?

Mais le fait était là : le gouverneur Bertrand Matis, l'homme considéré comme le héro du peuple qui aurait pu ramener le Consortium à ce qu'il avait été avant, était mort dans sa villa privée ; comme tous les autres gardes du corps composant sa sécurité. Et des seules preuves sur place retrouvées par la police furent l'arme de poing de l'un d'entre eux, à la réserve du chargeur bien entamé, et dont chaque cratère ponctuant la dernière marche du gouverneur (symbolisée par une trainée de sang) correspondait au nombre de balle manquante dans ce dernier. Le fait que l'autopsie n'ait révélée aucune blessure par balle, mais uniquement des blessures physiques ayant gravement endommagées l'intégrité osseuse de son genoux et de sa mâchoire, dont une coupure nette dans la terre là où s'arrêtait aussi nettement la trace de sang fut retrouvée, en plus que l'autopsie révéla que la cause de la mort était dût à une chute mortelle ; tous ces éléments amenèrent la police à déduire que les meurtriers, quels qu'ils soient, s'étaient amusés avec le pauvre homme comme d'un chat avec une souris. Puis de le faire se précipiter dans la mer, sans aucune once de pitié de n'avoir même pris la peine d'abréger ses souffrances avant.

L'horreur de l'acte en lui-même et la mort administrée au pauvre homme souleva un véritable vent d'indignation parmi la population, qui se traduisit par une méfiance prononcée des archipels Orange en premier lieu. Mais celles-ci ne se laissèrent pas faire en retour en rappelant à leurs voisins d'où venaient les teams sans doute responsables de cette tragédie ; en soulignant bien qu'eux n'ont jamais vécus la formation de telles organisations dans leurs îles contrairement à eux. Fallait-il aussi rappeler l'implication de l'ancien champion de Jadielle à Kanto dans les affaires de la Team Rocket, de sa reformation à Johto, et dans quelle région s'était déroulée l'attenta de Carmin-Sur-Mer ?

Une chose en enchainant une autre, comme un vrai jeu de domino lugubre, les relations entre les différentes îles se dégradèrent presque instantanément, alors que chacune des îles se jetait la pierre comme des gamins puérils. Sans que la situation ne puisse être amenée à se calmer par l'intervention d'une tierce partie qui pourrait faire office de médiateur : les gouvernements étaient suspectés, le Consortium était suspecté, la Ligue était suspectée, la police était suspectée, et les teams aussi étaient suspectées ; tandis que chaque île désormais se fermait communautairement par rapport aux autres, en cédant peu à peu à nouveau au principe de l'isolement autarcique qui les avait préservés du reste du monde pendant des éons…

En un mot : ceux d'une île allaient se montrer méfiants envers ceux d'une autre. Une réflexion aussi irréfléchie qu'elle était hypocrite, et dont seules les villes munies d'une arène de champion (de part leurs relations traditionnelles avec la Ligue) et les plus petites villes de petites communautés déjà considérées de loin comme autarcique échappèrent plus facilement à ce changement brutal de comportement. Ce qui n'empêchait pas une partie de la population habitant ces villes de commencer à éprouver de doutes les concernant…

Pour un seul homme, pour une seule mort : le chaos commençait à s'installer dans le monde pokémon. Un chaos qui allait étendre sa poigne de fer sur chaque île, fusse-t-elle des plus isolée ou non, et ne maintienne son joug pour une durée d'un autre âge.

Sans que personne n'apprenne jamais que cela fut le fait d'une seule autre personne. La seule personne au monde qui n'avait rien à faire du devenir de ce dernier.

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Et de dix. Avec cette dernière baie cueillit sur le plant de Rabuta qu'elle avait plantée sous à côté du grand chêne lui faisant face, son compte des variantes de baies pour la confection de multiples variantes de poffins arrivait à saturation, pour la commande passée déjà depuis un moment par le fan club à Unionpolis. Ce qui indiquait qu'elle pouvait désormais rentrer de nouveau dans sa petite demeure, comme si de rien n'était… Si ce n'était que cela faisait plus ou moins cette même période de temps qu'elle n'avait pas non plus donnée signe de vie à la moindre de ses relations ; en plein accord avec son nouveau plan d'alibi «relationnel», plus que matériel (Son absence concordait avec la mort de Matis en ne lui fournissant aucun alibi, mais d'un autre côté, même si elle en avait l'occasion, pourquoi la soupçonner plus qu'un autre ? A la fin du Week-End : une énorme proportion de la population avait aussi l'occasion de s'occuper de Matis. A la différence que comme les archipels Orange ne sont pas la porte à côté, et qu'aucun billet de voyage à son nom n'est été prit pour ces dernières, techniquement il était impossible de pouvoir l'accuser. Mais une personne qu'il est possible de suspecter comme tout le monde est plus «à l'abri» qu'une personne ayant un alibi, car elle se fond dans la masse et profite du meilleur sentiment de protection qui existe : le doute ; doute inexistant avec des amies avec qui elle entretient de bonnes relations.)

D'ailleurs, parmi les baies qu'elle avait ramassée, il y'en avait une qui sortait du lot pile pour cette occasion. Maintenant, il ne suffisait plus qu'attendre que les choses se passent comme elle le prévoyait.

Mais, comme de toute dans la vie, on ne peut pas tout prévoir (ou en l'occurrence si, mais n'ayant de toute manière aucune autre option que d'y céder ; ce qui revenait au même.) Aussi, juste au dessus de sa tête, elle entendit puis vit l'un des pokémons qu'elle avait pourtant prit tout le soin du monde à éviter la regarder d'un regard envieux ; la tête se balançant en bas en étant accrochée par la force de sa protubérante queue… Avant que toute une autre ribambelle d'autres Capumain ne viennent pendouiller à leur tour sous les branche de l'arbre. Avec une seule idée en tête : récupérer tout ce que l'humaine avait récolté devant eux.

Ce qui n'impliquait qu'une seule réaction de sa part en retour : tracer une pointe.

Presque immédiatement après la conclusion instantanée de ce constat, l'humaine détala sans la moindre sommation à une telle vitesse que les macaques en furent littéralement laissés sur place pendant quelques instants. Avant de lancer à sa poursuite dans un cri de concertation reprit par toute la bande.

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Les reliefs du terrain et des arbres se succédaient rapidement alors que l'humaine traversait tout le chemin inverse de son parcours bien plus vite qu'à l'allé, talonnée à distance par la bande de singe qui ne lâchait vraiment pas l'affaire ; tous se balançant de branche en branche dans une suite curieuse de lianes violettes au sourire idiot.

Contrairement à ce que cette chasse pouvait donner l'impression de montrer, ces derniers prenaient littéralement leur «pied» à courser la jeune humaine et n'étaient nullement rendus en colère par sa réaction plus amusante que frustrante. En fait c'était plus un jeu pour eux, dont ils étaient sûrs que le résultat quoi qu'il arrivait terminerait en leur faveur. Après tout ça n'était qu'une humaine sur un terrain qui était le leur, celui de la forêt, qui correspondait parfaitement à leur mode de déplacement ; contrairement à l'humaine qui se devait de faire attention à chaque fois où elle posait le pied de risque de trébucher lourdement, et d'ainsi mettre tragiquement fin à cette partie de chasse auquel ils commençaient tout juste à vraiment prendre plaisir.

Mais ce qu'ils ne savaient pas concernant leur adversaire, c'était que non seulement elle n'éprouvait aucune difficulté à évoluer sur ce terrain avec la même agilité et dextérité qu'eux, mais en plus ne fuyait même pas à pleine capacité ; retenant sciemment ses efforts pour ce qu'elle savait être le troisième et plus important point qui leur ferait regretter de l'avoir pourchassée. Et pour ce faire, il fallait qu'ils se montrent un petit peu plus déterminés…

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Elle saisit des petits rangements sous son manteau deux petites bombonnes grises à l'apparence de spray, marqués tous deux par le sigle d'une pokéball, pour en prendre une dans chaque main, et d'en actionner le mécanisme se trouvant au sommet, pour déverser telle une trainée invisible derrière elle le contenu olfactif qui faisait la réputation de leur nom. Les singes s'arrêtèrent d'un coup à l'odeur proprement répugnante qui leur parvint au nez, saturant leur odorat d'un arôme si irritant qui leur en fit perdre l'équilibre pour certain ; s'écrasant lamentablement par terre comme des fruits trop mûrs. Tandis que l'humaine continuait sa course sans s'arrêter.

D'abord joyeux par la perspective de s'amuser et s'ouvrir l'appétit avant de déguster tranquillement les fruits de son labeur, la bande de Capumain venait de virer au rouge alors que leurs narines étaient emplies d'une odeur dégoutante qui les empêcherait de savourer pleinement les baies qui se trouvaient dans son sac. Cette simple pensée qu'elle puisse se moquer d'eux en leur infligeant un traitement aussi méprisable les fit prendre sur eux pour continuer la chasse, cette fois-ci sans aucune pitié ; pour qui se prenait-elle !

La bande de macaque reprit sa course parmi les arbres avec une vigueur renouvelée, se jetant de branche en branche avec la hargne revancharde d'une froide dextérité. Donnant l'image d'une volée de silhouettes violette parcourant les feuillages comme les oiseaux un nuage en se rapprochant inexorablement de leur cible ; leur avancée vengeresse ponctuée par la multitude de leurs cris aigus.

Ils étaient désormais à portée d'elle, malgré encore une distance plus qu'honorable les séparant de l'humaine ; celle-ci avait, semblait-il, failli se louper sur une racine, ce qui lui fit perdre les quelques précieuses secondes nécessaires à la mise en place de leur tactique. Car si leur queue leur servait aussi bien de membre polyvalent que de moyen de se battre, elle servait aussi formidablement bien de lanceur pour les propulser sur leurs victimes quand ils sont en masse ; la submergeant sous le poids du nombre et de la force de l'assaut en un seul coup, bien souvent fatal.

La bande de Capumain s'arrêta à plusieurs mètres de l'humaine dans les arbres, sans plus émettre un seul bruit, alors qu'ils s'accrochaient aux multiples branches des arbres comme autant de point d'appui pour leurs sauts. L'humaine s'arrêta un instant pour regarder derrière elle, montrant un visage aussi fatigué que stressé, qui leur indiquait qu'elle croyait qu'ils avaient lâchés l'affaire… Elle était tombée dans le panneau, et allait prendre cher.

Dans un bref cri de concertation général, les Capumain s'élancèrent de leur position en sautant brutalement sur place, leurs queues maintenant une prise ferme sur les branches. Puis, se rigidifiant à l'image d'un ressort qui se relâchait de sa contrainte, celle-ci les firent tournoyer en rond de dessus leur saut par-dessous la branche pour les balancer à toute vitesse en direction de la demoiselle, à l'image d'un lancé de poids dont le pokémon était le projectile.

L'humaine émit un bref cri de stupeur avant d'essayer de reprendre sa fuite, mais se prit le pied dans une énième racine qui la fit trébucher et vautrer lamentablement par terre. Tandis que la bordée de singes furieux se ruait sur elle avec la satisfaction primale et sauvage du prédateur se jetant sur sa proie.


«Gaia : Tranch'Herbe !»

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Les pokémons longqueue perdirent leurs sourires au profit d'une mimique de panique à l'entente de la tierce voix d'une autre humaine. Mais il était trop tard : étant propulsés en l'air par leur élan, loin de toute possibilité d'accrochage salutaire (comment avaient-ils fait pour ne pas remarquer qu'ils se trouvaient dans un espace plus vaste que les autres ?), il leur était impossible de venir freiner pour éviter la véritable bordée de feuilles tranchante qui semblait sortir de chaque feuillage d'arbre autour d'eux, pour finir par s'abattre sur eux avec toute la fureur d'une tempête d'épées au reflet de jade foncé, et les faire s'écraser durement au sol alors qu'elles les interceptèrent en l'air ; à seulement quelques mètres de leur but.

Puis, sortant des bois alentours sous le couvert relatif des ombres des arbres, le dernier Capumain encore conscient après le choc de cette attaque dévastatrice vit la raison de leur défaite : une autre humaine à l'apparence plus sauvage que la première, avec des vêtements de couleurs correspondantes à celles de la nature, ainsi que d'une sorte de cercle noir par-dessus son front, accompagnée derrière elle par la massive présence d'une énorme tortue ; dont la taille et la masse pourtant importante ne furent en aucun cas notée par sa bande.

La dernière chose qu'il vit, avant de sombrer à son tour dans l'inconscient, fut le dernier regard que lui jeta leur cible avant que l'autre humaine ne l'aide à se relever. Il aurait pu s'attendre à y voir du soulagement, mais n'y vit qu'un regard d'une neutralité si absolue qu'il en perdit ses dernières forces. Et ne finisse par s'écrouler rejoindre ses partenaires à son tour au pays des songes.

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«Est-ce que ça va Luna ?» S'enquit immédiatement Flo en aidant la demoiselle à se relever.

«Je vais bien, ne t'inquiète pas.» Lui rendit-elle en se relevant grâce à l'aide apportée. «Mais qu'est-ce que tu fais là ?»

«Ce que je fais là ? Mais c'est plutôt à moi de te demander ce que tu fiches ici !» Renvoyait-elle d'une exclamation à la hauteur du ton employé. «C'à fait deux jours que personne ne t'as vu et que tu n'as donnée aucun signe de vie ! Vistelle et les enfants ont essayés de passer chez toi hier à trois reprises, mais personne ne répondait ; pareil si on essayait de te joindre par ton pokématos ou ta pokémontre. Tu veux nous faire avoir une attaque ou quoi ?!»

«Ma pokémontre est à la maison, parce qu'elle est en court de certaines modifications que je lui apporte via un programme combinant les caractéristiques de la minimap, de la localisation de certains de mes plants de baie, et du même programme d'évolution en temps réel des services de la pension.» Commençait-elle à se justifier en vérifiant en même temps l'intérieur de son sac pour voir si tout était en ordre. «Quand à mon pokématos, il est parfaitement opérationnel ; si j'avais reçu un appel j'aurais décrochée.»

«Montre-le-moi.» Tonna-t-elle.

«Flo, je t'assure qu-»

«Montre moi, je te dis.»


Cédant à l'injonction formelle de la championne, bien que très surprise par le sérieux et la rudesse inhabituelle dont elle faisait preuve avec elle, la demoiselle saisit l'objet électronique au centre de la discussion accroché à sa ceinture pour le donner à Flo ; qui ne tapota que deux fois dessus, avant de le re-pointer droit sous le nez de la demoiselle. Inactif.


«Il est out.» Déclara-t-elle sèchement.

«Quoi ?» Rendit-elle surprise en reprenant le pokématos des mains de la championne.


La demoiselle se mit à tapoter frénétiquement sur les touches de l'appareil, n'arrivant pas à comprendre comment cela pouvait être possible en essayant toutes les possibilités d'accès ou de mise en marche forcée qu'il lui était possible de lancer, sous le regard sévère et irrité de la dresseuse visiblement de très mauvaise humeur ; et dont toute la rancune qui en naissait était intégralement dirigée vers Luna.


«C'est pas possible : je l'ai programmé moi-même ! Et je connais son mode de fonctionnement !» Se défendit-elle en prenant littéralement le problème dans tous les sens. «C'est juste incompréhensible qu'il ne puisse pas…»


Elle s'arrêta dans sa phrase au même moment qu'un petit bruit de déclic s'entendit et que l'appareil se mit miraculeusement à se réactiver ; quand son écran se mit à nouveau à luire et afficher l'image de la console du menu par défaut du système opératoire informatique de son pokématos.

La demoiselle retourna alors lentement son regard vers la jeune femme, à l'attitude sévère inchangée, avant d'émettre un petit rire forcé voulant indiquer que ce qu'elle avait à déclarer serait des plus cocasses.


«Euh… Il semblerait qu'en fait, depuis la petite mésaventure dans le marais, je me suis rendue compte que mon pokématos n'aimait pas vraiment quand il subit un peu trop de choc… Parce qu'en fait, tu vois, les multiples chocs activent les touches et lancent une multitude d'opérations involontaires, et ça nuit un peu au tout…» Reprit-elle d'un rire mollement embarrassé. «Alors je l'ai modifié pour intégré une sorte de mode veille, via un petit interrupteur extérieur au système, dans lequel les touches ne sont plus sensibles en réagissant à la moindre pression, qui fait aussi économiser la batterie, et qui ne m'empêche pas de recevoir des appels venant des personnes souhaitant me contacter…»

«Continue.» L'incita-t-elle sèchement, ce qui fit amener la demoiselle à lever le bras pour se gratter l'arrière du crâne dans un geste de malaise prononcé.

«Ben… En fait… Je crois que j'ai oubliée de désactiver en même temps la fonction veille déjà présente dans le programme de base du pokématos…» Continuait-elle d'expliquer d'embarra en continuant d'afficher ce sourire forcé. «… Et il semblerait que les deux fonctions fonctionnant ensemble donnent pour résultat un arrêt complet du matos…»


Un certain moment de silence s'installa entre les deux jeunes femmes, la première continuant imbécilement de rire tandis que la seconde se contentait de la dévisager de son regard sévère ; dont l'agacement était ponctué par le rythme de son doigt tapant sur l'un de ses bras croisés.


«Et ça te fait marrer ?» Rendit-elle sans une pointe d'humour.

«Ben…»

«Dis-moi franchement, Luna : est-ce que j'ai l'air de rire.»

Elle s'arrêta de rire. Devant le regard austère et froid que lui jetait la jeune femme, à la limite furieux, la demoiselle ne fut même pas tenter de le faire remarquer d'une petite boutade en guise d'esquive.

«Non…» Admit-elle déconfite.

«Bien. Au moins j'ai l'assurance que tu es encore capable d'un discernement sensé ; bien qu'il semblerait qu'il te fasse de plus en plus défaut.» Renvoya-t-elle froidement.


La répartie de la championne fit l'effet d'une vraie douche froide pour la demoiselle, qui ne comprenait pas la raison d'une telle animosité de la part de Flo ; mais qui ne doutait pas d'en être à l'origine d'une quelconque manière.


«Je suis désolée…» Admit-t-elle honteusement. «Mais… Pourquoi tu m'en veux… Qu'est-ce que j'ai fais de mal… ?»

«Tu me prends pour une idiote ?» Renvoya de nouveau la dresseuse d'un ton à la limite de l'acerbe.

«Non…» Répliquait-elle faiblement. «C'est juste que… J'arrive pas à comprendre pourquoi tu peux m'en vouloir…»

«Tu t'es pourtant excusée.» Remarqua-t-elle platement.

«Parce que je sais que ça doit être ma faute. Mais ça veut pas dire que je sais pourquoi…» Répondit-elle indécise.

«Tu t'excuses avant même de savoir de quoi on t'accuse ?»

«Ben… Si c'est toi qui le dit, c'est que c'est justifié… Non… ?»

La dresseuse se saisit l'intersection du nez et de ses yeux en expirant un long soupir de dépit aigre, avant de reprendre une profonde inspiration pour calmer ses nerfs après l'écoute d'une telle ineptie.

«Je crois que j'ai eut mon compte de frayeur et d'idiotie pour la journée. Monte sur Gaia, je te ramène à la maison.»

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Plusieurs minutes s'écoulèrent, ponctuées par la lente et lourde marche de la tortue de terre, durant lesquelles aucune des deux passagères ne s'adressèrent la parole. Malgré les quelques tentatives sur-dociles de la demoiselle vis-à-vis de la championne pour gagner son attention, qui n'obtenait en retour qu'un mur de silence. Ce qui fit qu'elle abandonna rapidement l'idée de chercher à comprendre la raison pour laquelle elle lui en voulait, en se renfrognant d'avantage sur sa position à côté de l'arbre. Sans plus bouger d'elle-même autrement qu'en suivant le mouvement de celui du pokémon.

Au bout d'un moment celle-ci s'arrêta d'un coup, sans avertissement, pour ne plus faire un seul pas, ni n'émettre un seul bruit. Rejoignant le duo dans un trio silencieux aussi ridicule qu'inutile. Ce qu'elle soulignait sciemment en étant par définition celle qui faisait avancer le tout, au sens propre du terme.


«Il y'a un problème Gaia ?» Demanda poliment la demoiselle en se penchant légèrement en avant, pour s'adresser respectueusement à elle.

La tortue ne répondit pas, et se contenta juste de pencher la tête sur le côté de façon à ce que l'un des deux pics ornant les opposés latéraux de sa tête n'indique sa dresseuse sur sa carapace.

«Si tu as un problème avec moi, tu attendras que l'on soit rentré pour le régler.» Coupa-t-elle sèchement sans même prendre la peine de la regarder.

«Raaaaa…» Refusa cette dernière d'un grondement rauque.

«Tu sais très bien comment se finit toujours ce genre de situation entre nous.» Lui rappela-t-elle platement en ne changeant pas d'attitude.


Oh que oui la Torterra se souvenait que trop combien de fois elle batailla avec sa dresseuse dans ce genre de duel de volonté, se finissant presque toujours à sens unique pour cette dernière ; soulignant ainsi à quel point elle pouvait se montrer plus butée que n'importe qui à sa connaissance, même pokémons. Et elle lui concédait volontier ce point quand elles étaient deux… Mais pas trois.

La tortue fit sortir de sous sa carapace de multiples lianes qui allèrent doucement s'enrouler autour de la taille de la demoiselle, avant de la soulever aussi légère qu'un poids plume (elle émit une petite exclamation de surprise) pour aller la poser délicatement dans les branches du sommet de son arbre dorsal ; à la place honorifique qu'elle ne décernait qu'à ceux qu'elle trouvait méritants.

Sa dresseuse fut bien obligée de devoir accorder de l'attention à la demoiselle à l'entente de son petit cri, pour finir par observer avec un regard presque consterné où l'avait déposée sa tortue : à l'endroit qu'elle ne lui décernait normalement qu'à elle seule. Ce simple geste disait bien plus qu'un long discours, et le regard que lui lançait la pokémon (qu'elle regardait désormais) traduisait plus clairement ses pensées que si elle pouvait l'exprimer en parole.

La Torterra faisait déjà preuve de plus qu'une bonne volonté en ayant supportée son caractère de cochon jusque là, mais l'agacement né de l'irritation à devoir encaisser ses caprices commençait à lui peser et lui taper sérieusement sur le système. Aussi, sa réaction en tant que monture était sans appel : tu t'expliques, ou tu descends.

----

Ainsi contrainte par sa propre pokémon, qui la forçait à obtempérer sous la peine de devoir finir le chemin à pied, avec l'image que cela donnera aux personnes l'attendant, Flo pesta un coup, avant de céder au chantage de Gaia en se tournant à nouveau vers la demoiselle (qui pour le coup la regardait de haut, littéralement, sans qu'elle puisse se soustraire à son regard en baissant la tête de honte, vu sa position.)


«Vas-y, je t'écoute : explique-moi ce que tu fiches à te balader en pleine forêt sans avertir personne ; et ne commence pas à gronder, Gaia !» Coupa-t-elle directement la pokémon qui commençait à gronder. «Tu sais très bien que c'est d'abord à elle de s'expliquer pourquoi elle se décide à jouer les aventurières, sans mettre personne au courant, alors qu'elle sait qu'il y'a des types qui n'attendent qu'une occasion comme celle-là pour l'enlever !»


La pokémon cessa de gronder en concédant ce point à la championne, qui eut vite fait de se retourner à nouveau vers la demoiselle dans l'arbre en la dévisageant d'un regard furieux ; presque assassin. Auquel la demoiselle eut comme seule réaction de se recroqueviller d'avantage sur sa position surélevée, en s'accrochant comme elle pouvait dans les branches.


«J'attends.» Continuait-elle de ce ton froid.

«… Je faisais juste mon passage des plants de baie pour la cueillette…» Répondit-elle penaude.

«Et pourquoi tu n'as avertit personne ?» Reprit-elle plus furieuse sur ce point.

«Mais… J'ai laissée une note sur ma porte qui indiquait ce que je faisais…» Se défendit-elle plaintivement.

«Non, il n'y a rien.» Renvoya-t-elle froidement.

«Mais-»

«Luna : il-n'y-a-aucune-note-sur-ta-porte.»Coupa-elle de nouveau sèchement. «Aucune note sur ta porte, ton répondeur –aussi bien pokématos que pokémontre-, et aucun message ou appel passé à la famille de Vistelle pour dire ce que tu faisais. Rien du tout.»

La demoiselle n'ajouta rien, et se contenta juste de tenir la branche sur laquelle elle se tenait sans aucune force ; visiblement abattue en n'encaissant mal le blâme de la championne.

«… J'ai juste pris mes affaires pour partir dans la forêt récupérer une partie de la récolte, en m'absentant l'espace d'à peine un jour, pour revenir le lendemain dans l'après-midi…» Reprit-elle lamentablement, comme les larmes aux bords des yeux.

La championne regarda de nouveau la demoiselle intensément, mais cette fois-ci la rancune laissa place en partie à l'appréhension.

«C'à fait plus d'un jour que tu es en forêt ? Et ça t'as prit comme ça, d'un coup ?»

«Plus ou moins…» Admit-elle pathétiquement. «J'ai des plants de baies disséminés à divers endroits dans la zone noire, dont certains sont plutôt difficiles d'accès pour permettre leur développement dans leurs meilleures conditions. Mais il faut compter plusieurs heures pour les atteindre ; facilement plus d'une journée pour en faire le tour complet…»

«Et tu es partie quand ?» Reprit-elle moins en colère, plus circonspecte.

«Hier, tôt dans la matinée, pour pouvoir revenir aujourd'hui dans l'après-midi…» Répondit-elle toujours d'un air abattu.


Un grondement sourd de désapprobation fut émit par la tortue vis-à-vis de la dresseuse pour son comportement blessant ; mais surtout pour sa teneur injustifiée sur la demoiselle qui ne savait rien du tout pourquoi elle était réprimandée.


«Et comment je pouvais savoir ?!» Rendit-elle à la Torterra. «Vistelle est passée chez elle aussi vers la matinée, et y'avait personne : comment j'aurais pu deviner qu'elle n'avait aucune idée de ce qui se passe actuellement ?!»

Pourtant, ça ne restait toujours pas une raison pour sa dureté et son blâme rebutant avec elle ; ce qu'elle lui fit remarquer d'un nouveau grondement sourd.

«Mais… Qu'est-ce qui s'est passé… ?» Releva timidement cette dernière.

«Avant ça, il faut que tu me répondes.» L'interrompit Flo en insistant sérieusement. «Pourquoi tu t'es décidée à partir en camping hier ?»

«… Parce que c'était le bon moment pour récupérer ça…»


La demoiselle prit son sac de cueillette qu'elle posa sur la branche, puis en fit sortir une capsule baie aux couleurs virant dans le rouge et violet qu'elle tendit à la championne ; qui la prise en la regardant d'un air mitigé.


«Et je suis sensée savoir ce qu'il y'a dedans ?» Releva-t-elle simplement en rappelant qu'ici ce n'était pas elle la spécialiste.

«C'est une baie Sitrus Shiny…» Répondit platement la demoiselle.


La championne fit des yeux ronds en regardant la capsule qu'elle tenait, surtout en ayant connaissance de sa valeur sur le marché : plusieurs grosses liasses de billets. Là où la tortue tourna sa tête au maximum de sa contrainte physique pour voir la capsule qui venait d'attirer férocement son attention.


«Après que Cynthia soit partie, comme il m'avait été admit que je ne devais plus rien risquer de la part de mes potentiels kidnappeurs, je me suis rappelée qu'avec toute ces péripéties et son séjour chez moi que j'en avais presque totalement oubliée mes plants spéciaux...» Reprit-elle honteusement. «Et vu que j'étais à nouveau seule… Je me suis dit que ça pourrait m'occuper l'esprit un moment, en même temps que je reprenais mes commandes en retard ; tout en ayant l'idée de préparer une surprise sympa quand elle devait revenir dans les deux prochaines semaines…»


La dresseuse sentit lentement, mais assez désagréablement sa frustration s'évaporer pour laisser place à celle tout aussi désagréable de la honte, et de la fierté mal placée bien blessée. Suivit d'un bruit de tapotement dans la terre qui se faisait clairement entendre ; dont l'origine était la Torterra qui regardait avec insistance la championne sur son dos, tandis qu'elle se servait du bout d'une de ses lianes pour mimer son geste d'agacement prononcé.


«C'à va, ça va, j'ai compris !» Rendit-elle vexée à la tortue avant de se tourner vers la demoiselle d'un air penaud. «Je m'excuse pour t'avoir sermonnée alors que tu ne savais rien. Voilà, t'es contente ?» Reprit-elle vers la pokémon, qui rendit un sourire, puis de reprendre vers la demoiselle. «N'empêche que tu m'as foutue une sacrée frousse.»

«Pourquoi ?»

«Le mieux serait de tout t'expliquer en présence des autres personnes qui attendent ton retour à la maison ; à condition qu'une certaine tortue se décide à bien vouloir nous y ramener.» Rendit-elle du même regard insistant que la tortue lui avait lancé.

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Aussi tôt la marche reprit tranquillement, comme si la pokémon n'avait même pas portée attention à la boutade de sa dresseuse ; ce qui fit émettre un petit bruit de dédain de la part de cette dernière.

«… Comment tu m'as trouvée ?» Reprit la demoiselle qui s'accrochait à la reprise, toujours dans l'arbre.

«Tu te souviens des boucles d'oreilles que je t'ai offerte à ton dernier anniversaire ?» Rendit la championne d'une petite mimique de gêne.

«Oui, je les portes toujours sur moi.» Fit-elle en écartant légèrement sa chevelure pour montrer son oreille et les quelques boucles qui y pendaient ; notamment l'une de celles en un beau bois ouvragé offerte par la championne.

«Ces boucles sont taillées dans l'écorce d'un arbre dont la sève possède une fine odeur âcre unique en son genre. Imperceptible à l'odorat humain, même des animaux et des pokémons. Mais pas aux compétences de traçage de mes pokémons plante.»

«Tu veux dire que tu m'as trouvée à l'odeur ?»

«A défaut d'avoir l'œil sur toi, je m'assure d'y avoir mon flair.» Rendit-elle posément.

«Un vrai Zigzaton.» Releva innocemment Luna.

«Oh ça va ; je ne me mets pas à suivre frénétiquement l'odeur de n'importe quoi à n'importe quel moment comme eux sur un coup de tête non plus.»


La demoiselle émit un faible rire à la vue de la championne à l'orgueil faussement blessé, mais qui correspondait plus à ce qu'elle savait être son tempérament habituel. La championne tiqua d'ailleurs à ce sujet, de la voir se reprendre aussi rapidement de cette altercation avec elle aussi sereinement.


«C'à te surprend pas plus que ça d'apprendre que je t'ai offert ce qu'un avocat lors d'un procès pourrait appeler un dispositif de traçage, ou de ne pas relever le fait que j'ai abusée en t'engueulant dessus pour rien ?» Releva-t-elle légèrement peinée.

«Ben… Non…» Admit-elle doucement. «En fait, je suis même plutôt contente…»

La dresseuse lui rendit un regard purement étonné, auquel elle donna suite en continuant sa réponse.

«J'apprends que quoi qu'il se passe, au moindre signe qu'il puisse m'être arrivée quelque chose, tu accours sans la moindre hésitation, en t'assurant que tu puisses toujours me retrouver. Pas en m'affichant avec une laisse, mais avec un petit cadeau discret et joli…» Résuma-t-elle timidement. «Je passe pour être faible en disant ça… Mais moi ça me rend heureuse de savoir que tu tiens à moi, et surtout de voir tous les efforts que tu fais pour ne pas me donner l'impression d'être traitée comme un objet…»


La vue du petit sourire délicat que lui adressait la demoiselle fit détourner l'attention de la championne vers la route ; rougissante de gêne, mais à égale mesure de honte contre elle-même. Gueuler sur des gens quand ils font une connerie quand ils ne l'assument pas est une chose, parce qu'ils ont le mordant de se défendre à l'aide de la répartie de mauvaise foi. Mais faire de même sur une personne qui n'a même pas idée de la raison pour laquelle on l'engueule, qui encaisse sans chercher à se défendre –alors qu'elle devrait-, et qui trouve toujours le moyen de garder le sourire en n'en voulant pas un seul instant à son agresseur… C'est dur à avaler ; encore plus s'il s'agit d'une amie.


«Désolée de m'être emportée contre toi…» Se répéta-t-elle bien plus sincèrement. «Mais quand j'ai appris ta possible disparition de la bouche même de la matriarche, avec ce qui se passe actuellement, j'ai paniquée en me précipitant ici le plus vite possible, sans réfléchir…»

«Désolée de vous avoir inquiétée pour rien…» Rendit-elle morose.

«Pas vraiment pour rien. Si on était pas intervenues, ces Capumains n'auraient montrés aucun signe de tendresse avec toi.» Contra la championne toujours soucieuse envers elle.

«En fait, au moment où vous arriviez, j'étais sur le point de libérer un répulsif de ma confection à base d'essence de Durin concentré…»


La dresseuse et la pokémon se rigidifièrent à l'entente du nom de la seule baie au monde sur laquelle il fallait espérer ne jamais tomber, et dont elles avaient évitées, de part leur intervention opportune, la libération de son fumet méphitique dans l'air, qui aurait probablement décimé toute forme de vie –même type poison- à des kilomètres aux alentours ; où, de façon plus réaliste et certaine, les faire sombrer dans le coma après leur avoir fait vider l'intégralité de leurs estomacs.


«… Béni soit nôtre timing.» Déclara platement la championne, avec l'approbation de la Torterra ; et même de la demoiselle.

«D'ailleurs, j'aimerais vous préparer des poffins avec une partie de ma cueillette pour vous en remercier. Enfin, si ça ne vous ennui pas…»


Lentement, très lentement, caricaturalement, la Torterra tourna la tête en direction de la demoiselle, pour ensuite encore plus lentement retourner vers sa dresseuse ; et plus précisément vers ses mains… L'intention si perceptible qu'il n'était pas besoin de voir son regard pour comprendre ce qu'elle voulait.


«Luna…» Commença lentement la championne en réaction à celle de la tortue. «Quand tu veux parler de nourriture pokémon : essaye toujours d'éviter que ce soit en présence de pokémon plante ; surtout les miens. Et encore plus lorsque je tiens une baie convoitée en main…»

«Je ne vois pas pourquoi, vu que c'est pour elle.» Releva posément la demoiselle.

A nouveau la tortue retourna son regard vers sa passagère d'honneur, avec une telle rapidité qu'on aurait cru sa tête sur ressort. Mais devant le regard réprobateur de la championne.

«Ecoute, t'es gentille Luna, mais vouloir nous remercier avec la baie pour laquelle tu as fait tout ce chemin ça fait beaucoup trop.»


A la vue de sa dresseuse s'avancer vers la demoiselle, avec l'intention de lui rendre la capsule contenant le trésor, la Torterra sentit comme si une petite partie d'elle lui échappait contre sa volonté. La faisant lentement baisser la tête de déception en affichant un air tout triste. Ce qu'elle ne vit pas par contre, de part son champ de vision actuel, c'était que la demoiselle fit lentement signe de refus à la championne.


«Non mais c'est bon, ça ne me dérange pas de te l'offrir.»

«Mais je ne vais pas te priver des fruits de ton travail. Et puis j'aurais l'air de quoi moi à récupérer la seule baie shiny de ta récolte, alors que je ne la mérite clairement pas ?»

La demoiselle émit un petit rire en réponse à la réaction contrite de la championne, qui ne comprit pas tout de suite pourquoi.

«Je n'ai jamais dis que c'était la seule baie Sitrus Shiny de ma cueillette.» Rendit-elle timidement amusée.


Immédiatement la tortue sortit de son état morose en redressant la tête droite devant elle à toute vitesse, comme si on l'avait réveillée en sursaut. Sa réaction ne passa pas inaperçue par Florianne, qui passa de la pokémon à la demoiselle d'un air partagé.


«Et… T'en as cueillis combien, pour être précise ?» Demanda-t-elle très hésitante, en redoutant quelque part la réponse.


Luna ne répondit pas tout de suite. A la place elle se contenta de prendre son sac entre les branches. L'ouvrir. Fouiller quelques instants dedans... Puis faire sortir une rangée de capsules pleines et entières, composées de la même couleur que celle que tenait la championne ; devant leurs yeux ébahis.


«Douze.» Répondit-elle d'un petit sourire guilleret.


Aussitôt, juste après l'annonce, les deux passagères se sentirent parcourues d'un léger mouvement de va-et-vient, balançant de droite à gauche, alors que pourtant leur transport restait fixe sur sa position. Une autre sorte de bruit s'apparentant à de l'halètement était aussi perceptible à l'avant ; alors qu'un deuxième bruit tout aussi inhabituel d'air brassé semblait être provenir de l'arrière.

Quand la dresseuse remarqua (rapidement) le comportement tout sauf orthodoxe de la Torterra, elle se mit à se hisser lentement vers l'arrière de la pokémon en s'accrochant étape par étape aux trois pics de sa carapace, avant de s'exclamer de stupeur à la vue de ce qu'elle y découvrait.


«Nan je rêve : elle remue la queue !?» Fit-elle éberluée à la vue de l'appendice remuant frénétiquement de droite à gauche.

«C'à veut dire qu'elle est contente ?»

«Contente ? Elle est surtout en train de perdre la boule, oui !» Répliqua-t-elle en revenant au niveau de sa tête, complètement stupéfaite. «M'enfin Gaia t'es pas un chien ! Un peu de dignité, nom de dieu !»

«Par contre, l'appareil à poffin est aussi à la maison. Donc ça ne pourra pas être pour tout de suite.» Continua Luna en rangeant les baies dans le sac.


Pour Gaia, cela voulait dire qu'il suffisait juste de reprendre la route, et que le plus vite serait le mieux ? Ses conseils sont sa graille, pour détourner l'adage populaire. Mais y aller à la tranquille serait un peu trop frustrant ; et puis piquer un p'tit sprint en pleine nature, ça aide à ouvrir l'appétit.

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Aussi quand les mouvements de balance s'arrêtèrent, de même que les halètements, pour faire place à un silence inquiétant, et que la championne vit sur le côté du visage du pokémon s'esquisser un sourire un peu bête : le sien se mit à virer au pâle.


«Non... Alors là je t'arrête tout de suite Gaia : n'y pense même pas…» Fit-elle d'un ton aussi ferme qu'apeuré.


Mais cette dernière n'écoutait pas. Même plus en fait. La demoiselle se demandait bien ce pouvait bien se passer, alors que le mouvement reprenait lentement… Mais de noter avec une mine curieuse qu'elles n'avançaient pas.


«Qu'est-ce qui se passe ?» Releva-t-elle un peu anxieuse.

La championne ne lui répondit pas. Trop occupée à tenter de reprendre les rênes avec sa pokémon, mais virant de plus en plus inquiète en constatant qu'elle n'y arrivait pas.

«Gaia, non stop : arrêtes-toi tout de suite. C'est un ordre.» Tonnait-elle fermement

La pokémon se mit à reprendre lentement le mouvement, mais pas dans la bonne direction ; interpellant d'avantage la demoiselle. Mais plus sérieusement la dresseuse.

«Gaia, je t'ordonne d'obtempérer, ou je te préviens ça va barder…» Reprit-elle d'un ton aussi menaçant qu'anxieux.

La tortue s'arrêta un instant pour se pencher doucement en avant, en se mettant à remuer faiblement son corps massif de droite à gauche…

«Gaiaaaa… Je t'en supplie, ne fais pas ça…»


Le mouvement de balancier s'arrêta, tout comme son corps en entier : figé comme une statue. Avant qu'un bruit sourd ne résonne dans le sol, comme si des crochets de stabilisation venaient de s'y être plantés.

Au comble de l'incompréhension, bien qu'influencer par la dresseuse en virant lentement à l'inquiétude à son tour, la demoiselle ne put tenter de poser à nouveau sa question, lorsque plusieurs lianes sortirent de sous sa carapaces pour aller s'enrouler autour de la taille des passagères, et les accrocher fermement à l'arbre qui prônait fièrement en son sein ; faisant définitivement virer la championne du pâle apeuré au blanc frousse bleue…


«Nan, arrête ! Nan ! Nan ! NAN ! GAIA : NAAAN !»


Et la tortue s'élança dans les airs d'un bond prodigieux pour sa constitution. Avant d'atterrir dans un fracas à l'impression de tremblement de terre, qui continuait à résonner durement dans le sol alors qu'elle poursuivait joyeusement sur sa lancée ; au grand damne des passagères qui se faisaient secouer comme des maracas.


«Luna, pourquoi tu m'écoutes jamais ! POURQUOI !» S'écriait la championne complètement découragée par la tournure des évènements.

«Désoléeeeeee !» Rendit cette dernière en saccadé par las soubresauts de la course infernale.

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Au même moment, à quelques kilomètres de là. La matriarche attendait le retour de la championne et de Luna fébrilement, bien qu'assise sur l'une des marches de l'escalier extérieur ; comme lui avait incitée une autre demoiselle dresseuse, qui accompagnait ici présent en tant qu'assistante un autre homme. Dont la réputation et la célébrité dans le monde scientifique n'étaient plus à prouver.


«Ne vous en fait pas, Florianne va la ramener en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.» Commença ce dernier en s'asseyant sobrement à ses côtés. «Bien que ses manières parfois un peu rustres ne le laisse suggérer, c'est de loin la meilleure pisteuse sur l'île en milieu forestier. Il n'est que très peu de pokémon qui puissent arriver à la semer en forêt ; si bien que même les rangers reconnaissent son talent et s'accordent à dire qu'elle les surpasse dans ce domaine. Alors doutez-vous bien que ça n'est pas une humaine qu'elle ne saurait retrouver au milieu de ce vaste espace de verdure, qui n'apparait pour elle comme une petite plaine.»

Le vieil homme sentit que ses mots furent bien parvenus à la matriarche, lorsqu'il vit ses tremblements s'amoindrir conséquemment. Bien qu'elle reste toujours nerveuse.

«Merci, professeur Sorbier.» Rendit-elle d'une mine fatiguée nerveusement.

«Je vous en prie, c'est tout à fait naturel.» Rendit-il posément.

«Mais combien de temps pensez-vous qu'elle puisse mettre… ?»

«Vous savez, le temps est une notion toute relative ; ainsi je vous mentirais si je vous donnais un horaire précis.» Esquiva-t-il honorablement. «Mais je peux vous dire que tant que la trace reste récente, elle ne revient jamais les mains vides.»

«Et si elle ne revient pas ?» Releva-t-elle d'une mine inquiétée.

«Oh elle reviendra, ça je peux vous l'assurer. Même si cela prend un peu de temps qui, je vous l'accorde, peut parfois paraitre long.» Répondit-il d'une voix claire et rassurante.

«De toute manière, il est prévu que si elle nous appelle d'ici une demi-heure et qu'elle n'a toujours rien trouvé, nous contacterons la police de Féli-Cité pour se préparer à lancer des recherches plus poussées ; quand elle-même fera intervenir des rangers pour les assister dans la progression de ce terrain.» Continua plus platement son assistante.

«D'ailleurs, en parlant de cela. Aurore : pourrais-tu bien vouloir voir s'il y'a du changement depuis les cieux ?» Reprit posément le professeur.

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Sa jeune assistante voulu répondre que oui. Mais à peine eut-il finit sa phrase qu'un grondement sourd leur parvint, juste quelques infimes instants avant un tremblement dans la terre, qu'ils perçurent l'un l'autre aussi clairement à l'ouïe qu'au toucher de leurs pieds.


«Quel est ce bruit ?» Releva anxieusement la vieille dame.


Un second bruit leur parvint en même temps que le premier s'intensifiait de plus en plus. Un bruit plus clair semblant provenir de deux sources différentes, mais rassemblées au même endroit, venant de la même direction ; le premier ressemblant à une longue plainte monotone, tandis que le second semblait plus las… A intonation humaines…


«Je crois qu'il faudrait mieux s'écarter un peu…Et tout de suite» Fit sagement remarquer l'assistante.

«Je le crois au-»


Il ne put conclure sa phrase, quand le bruit atteint son écho critique et que même la maison tremblait sous le choc terrestre répétitif, puis qu'il disparut tout d'un coup comme si de rien n'était ; à l'image du calme avant la tempête... Jusqu'à ce que depuis les buissons entre les deux arbres les plus proches d'eux, par là où était partie la championne, un énorme mouvement de remous ne les parcours… Et qu'une énorme tortue, avec un arbre sur sa carapace, et deux femmes y étant accrochée -criant comme des damnées- n'en sorte…

En plein dans les airs.

Au paroxysme de son saut, la tortue émit un cri de gloire dans toute sa splendeur à la vue de la maison représentant la clé de ses désirs gourmand les plus inavouables. Avant qu'il ne s'amoindrisse et ne décrut au même rythme que de sa chute ; sous les yeux horrifiés du trio de visiteur à la perspective du choc imminent et du véritable séisme qui irait avec.


«Seigneur dieu tout puissant : à couvert !» S'exclama-t-il paniqué à la vue du reptile chélonien, dans une vaine tentative d'avertissement.


Trop tard : la tortue atterrit, et le choc tant redouté s'apparentant à un petit séisme se fit comme prévu ; Les feuillent tombèrent en quantité au sol là où les arbres qui les portaient furent violement secoués d'un coup comme des brindilles, leurs feuillages restant et ceux des buissons crièrent un frémissement universel s'apparentant de loin à de la pluie sans nuage, le verre des vitrages et le reste des composants les plus libres de la maison se déformaient dans une cacophonie de matériaux tordus aussi plaintive qu'éphémère. Puis de reprendre plus ou moins rapidement leur état de calme habituel alors que la tortue s'était finalement arrêtée, et que le silence se fit à nouveau.

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Comme il fallait s'y attendre de la part d'un tel choc (aussi bien par la sensation brute de décoffrage offerte par les plusieurs centaines de kilos de la tortue lancés à vitesse de pointe, que la surprise de la voir littéralement sortir de nulle part d'une manière qu'on ne l'attendait pas), le professeur et la matriarche –de part leur âge honorable- mirent un moment pour se remettre des suites de l'arrivée en fanfare de la Torterra de la championne. Quand ce n'était pas justement cette dernière qui, étant descendue par sa pokémon (toujours enjouée), marcha à peine deux pas avant de s'écrouler à quatre pattes ; tout comme la demoiselle, qui elle s'affala plutôt sur son derrière.

A leur réaction –et celle des trois autres humains qui attendaient à proximité de la maison- la tortue finit par se rendre compte de l'attitude bestiale avec laquelle elle s'était comportée et le manque total de retenue dont elle avait fait preuve avec ses passagères, qui avait clairement déjà voyagées en de meilleures dispositions. Elle voulu s'enquérir de l'état de la demoiselle –assez sonnée- en commençant par s'approcher précautionneusement d'elle, mais fut interrompue lorsqu'elle sentit quelque chose lui empoigner durement l'une des cornes sur les côtés de sa tête, et reconnaitre avec apeurement sa dresseuse qui s'en servait comme de point d'appui pour se redresser ; en lui affichant un regard particulièrement noir.


«N'espère même pas croire un seul instant que tu vas t'en tirer…»


La Torterra avala difficilement sa salive dans un bruit de déglutition prononcé, accusant les prémisses de ce qui serait sans doute un blâme mémorable avec difficulté. Tandis que du côté du trio attendant leur retour (qui s'était bien mieux remit qu'elles) la matriarche s'était presque précipitée à l'encontre de la demoiselle toujours à terre.


«Cynthia, est-ce que tu vas bien ?» S'enquit-elle, l'anxiété parfaitement perceptible dans sa voix.

«Je… Me sens patraque…» Rendit-elle tremblotante.

«Après une telle chevauchée sauvage, voilà qui n'est pas surprenant.»


Reconnaissant le professeur les rejoignant la demoiselle tenta de se relever pour être plus présentable, mais s'affala de nouveau lamentablement par terre alors que ses jambes fébriles se dérobaient sous son poids.


«Excusez-moi professeur… J'ai les jambes en compote…» Fit-elle d'une mine embarrassée

«C'à n'est rien.» Rendit-il en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

«Merci… Mais… Sauf vôtre respect : pourquoi êtes-vous ici ?» Répondit-elle timidement une fois remise sur pied.

«Il y'a quelques jours je vous aurais répondu pour affaire ; une commande de baie pour compléter avec l'étude des pokémons. Mais je ne crains que l'évolution de la situation actuelle ne nous laisse plus autant de latitude qu'avant.» Reconnut-il avec déception.

«On pourrait continuer la discussion à l'intérieur ?» Reprit la championne, qui se maintenait debout à l'aide d'Aurore. «Parce qu'il se trouve qu'elle ne sait strictement rien sur ce qui se passe.»

Les visiteurs acquiescèrent ; à leur grand étonnement d'apprendre l'ignorance totale de l'experte en baie, puis de comprendre pourquoi lorsque la championne balança en vrac son horaire de ballade en camping.

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Première chose juste avant d'entrer, la matriarche voulu savoir pourquoi aucune note n'avait été laissée de la part de la demoiselle, sans que la jeune femme ne réponde. Car la réponse leur vint en direct une fois passée la porte : la note en question (une feuille emballée dans un petit cadre s'emboitant dans la porte pour être lue de l'extérieur) se trouvait bêtement sur la petite commode d'entrée ; attendant sagement là où la jeune demoiselle l'avait posée en prévision de la mettre, puis de l'oublier lorsqu'elle pensa justement à ce moment à ses baies shiny et de passer la porte en fermant derrière elle à la va-vite en croyant l'avoir mise sans prendre le temps de vérifier (voilà ce qui arrive quand on décide de se lever tôt et qu'on se couche tard.) Une erreur si bête que son instigatrice ne trouva aucune autre façon d'exprimer son embarra qu'en riant aussi timidement que bêtement, sous le regard complètement neutre de la championne (dont le bassin avait prit tellement pour son grade sur le dos de la tortue qu'elle réclamait un siège moelleux et confortable avant tout.)

Puis, une fois installés dans la petite «bibliothèque» du rez-de-chaussée (avec Flo qui bénissait le rembourrage de ses canapés), les explications commencèrent concernant l'affaire dont tout le monde parlait en ce moment, et dont personne ne devait normalement en ignorer la nouvelle… Enfin, «presque» personne.

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A la fin de l'histoire résumée par ses visiteurs, la demoiselle était figée. Totalement interdite. Elle restait là, pantoise, donnant l'image d'être incapable de réagir. Sans que cela ne surprenne ses invités : elle revenait de sa première véritable soirée mondaine en tant que célébrité avec Cynthia, une soirée riche de rebondissements avec la venue surprise du gouverneur ; allant même jusqu'à danser avec lui selon la rumeur (rumeur qu'elle leur confirma, à leur plus grand étonnement ; plus grand que le précédent.) Ensuite l'ancienne maitresse la laisse pour des bas-reliefs –dont le professeur était au courant- et décide d'en profiter pour opérer ses modifications sur ses petits gadgets histoire de faire passer le temps. Puis d'enchainer sereinement sur sa cueillette traditionnelle en croyant que tout allait bien et que rien de notoire ne devrait se passer entre-temps

Et là elle apprend tout d'un coup, à la veille de son départ en récolte : que le gouverneur Matis était mort assassiné, que les îles sombraient lentement dans une anarchie dont les autorités et les gouvernements avaient toutes les peines du monde à maitriser, tandis qu'il était certain à 99% que les responsables soient les mêmes teams que celle ayant déjà complotées à travers les archipels ; ces mêmes teams déjà soupçonnées d'en avoir après elle.

En gros, on lui expliquait en dix minutes les évènements de l'un des tournants les plus marquants de l'histoire du monde pokémon qui se déroulèrent en moins d'un jour (ce même jour où elle était tranquillement en train de cultiver ses baies sans rien savoir) ; le tout en soulignant qu'elle pourrait faire partie des changements inévitables qui en découleront, de part sa simple rencontre avec le dit homme dont la mort cause ces même troubles… N'importe qui à sa place réagirait comme elle, à ne pas arriver à la croire tout en se sentant d'un coup comme propulsée de force dans un autre monde.

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La voyant littéralement déboussolée par ce qu'elle venait d'entendre (sans surprise), l'assistante du professeur reprit soigneusement où placer la raison de leur présence ; en essayant de continuer d'accaparer son attention sans la bousculer.


«Luna, je crois avoir compris que tu étais revenue avec une douzaine de baie shiny ; la principale raison de ton absence.»

La demoiselle ne répondit pas, et se contenta d'acquiescer d'un vague signe de tête.

«Alors il faut impérativement que tu arrêtes de les cultiver ; pour un temps tout du moins.»

Bien qu'encore sonnée par la cascade de nouvelle, la dernière qui venait d'entrer en date la fit sortir de son état passif.

«Arrêter de cultiver mes baies ?» Reprit la demoiselle encore plus abasourdie.

«Je vais être directe. C'est justement à cause de ces baies, et plus précisément du fait que tu es considérée comme la principale experte à leur sujet, que nous pensons que tu risques d'être la prochaine sur leur liste : je parle des teams.» Déclara-t-elle sérieusement. «Par le passé ils n'avaient déjà aucun scrupule à voler et kidnapper aussi bien les gens que les pokémons si cela pouvait servir leurs intérêts, même parfois contradictoires. Alors tu te doutes bien qu'avec des baies rares sous la seule surveillance d'une jeune experte de dix-sept ans, isolées dans un coin de forêt loin de toute arène et de tout poste de police à des kilomètres à la ronde, cela représente plus qu'une cible de choix pour eux.»

«Mais… Je croyais qu'il avait été admis qu'ils ne devraient plus s'en prendre à moi après la raclée que vous leur avez mise dans le marais ?»

La remarque anxieuse fit juste soupirer la jeune dresseuse d'un dépit, la prenant en pitié pour sa malheureuse naïveté.

«Techniquement pour l'instant oui, ils ont d'autres chats à fouetter avec la Ligue et la police qui les recherche frénétiquement depuis la mort du gouverneur. Mais c'est justement pour cela que tu risques d'être encore plus dans leur ligne de mire.» Reprit-elle calmement. «Même s'ils possèdent d'incroyables ressources et une variété de pokémons tout aussi extraordinaires à leur disposition, ils ne possèdent pas suffisamment de dresseurs de talent dans leurs rangs pour faire face aux nombreux top-dresseurs affiliés ou alliés à la Ligue et les champions ; surtout pas, pour prendre l'exemple le plus évident, un maitre comme Peter avec ses dragons qui sont capables de balayer leurs rangs d'un simple revers.»

«Mais qu'est-ce que ça a à voir avec moi ? Je ne suis pas dresseuse ; je n'ai même jamais fait de combat pokémon de ma vie…» Renvoyait-elle incompréhensiblement.

«C'est tout l'opposé. C'à n'est pas pour tes potentielles capacités de dressage qu'ils te voudraient, mais par justement tes capacités à pouvoir les soutenir et les renforcer.»

Devant son silence et sa réaction stoïque, elle sut qu'elle devrait se montrer plus explicative.

«On ne devient pas bon dresseur juste avec de la volonté et des pokémons considérés comme puissants, ni même en ayant le sac rempli à ras-bord de tous les objets de combat et de soin qu'il est humainement possible de transporter. Cela passe véritablement par un travail d'équipe et d'instaurer une relation de confiance avec ses pokémons, tout aussi important que le savoir à acquérir les concernant.» Reprit-elle à un rythme d'édiction plus lent. «Concernant ce dernier point, l'une des bases principale qu'on apprend en premier consiste à connaitre la table des types et la relation qu'ils entretiennent entre eux en terme de combat. Ainsi la corrélation entre les dix-sept types de nature pokémon se divise en six catégories d'efficacité par rapport les uns aux autres : immunité, double-résistance, résistance, neutre, efficacité et double efficacité.» Elle marqua un temps de pause en retournant lentement vers elle. «Mais avec toi, ce tableau analogique perd strictement tout son sens…»


Bien qu'elle devait savoir pertinemment pourquoi, la véritable déferlante d'information qui lui tombait dessus depuis le début la faisait inexorablement perdre pied. Pour finir par se retrouver larguée, à ne plus savoir ni suivre le fil d'une conversation tournant autour de sa spécialité. Jusqu'à ce que Flo vienne à combler cette lacune en reprenant là où Aurore s'était arrêtée.


«Luna, tu sais que ma spécialité du type plante est aussi la seule à posséder une faiblesse contre le poison, de la même manière que le double type feu et vol de mon Dracaufeu lui offre une sérieuse double faiblesse contre la roche. Pourtant, par deux fois –toute deux dans le marais-, tes baies nous ont permises de résister au poison d'un Grotadmorv Shiny, puis de permettre à Athos de littéralement réduire en poussière une défense de piège-de-roc en chargeant directement dedans et de s'en sortir sans la moindre égratignure… Et la deuxième fois grâce à une baie Shiny.» Rappela-t-elle d'un ton plus grave.

«En d'autres termes : les baies Shiny changent totalement la balance des types et le rapport de force entre eux.» Reprit platement le professeur. «Un pokémon disposant d'une double faiblesse pourrait, grâce à une simple baie, devenir tout d'un coup aussi résistant à cette dernière que s'il faisait à faire à un type neutre, sans parler de ceux ne disposant que de simples faiblesses qui pourraient, hypothétiquement, d'un coup acquérir une résistance à cette dernière ; et tout le monde se souvient du match de Koner face à Cynthia.»

«Pour l'anecdote, Louka nous avait dit que, lors de son combat avec elle, c'était justement sa Carchacrok qui lui avait donné la plus grande peine du monde à affronter, et qu'il ne put la mettre à terre que grâce à une attaque de type glace particulièrement bien portée ; dont il eut besoin de faire appel à toute sa ruse, son ingéniosité, et même de la chance pour pouvoir la placer efficacement.» Intervint à nouveau Aurore. «Si c'était face à Louka qu'elle aurait possédée cette baie au lieu de Koner, Cynthia serait probablement encore maitresse de Sinnoh.»

«Pour arriver aux faits : avec ces baies, leurs effets, et vous à leur côté, avec vos connaissances et vôtre expertise, cela reviendrait pour eux à combler d'un coup toutes leurs lacunes de combat ; tandis que pour la Ligue et la police cela reviendrait à affronter une armée de pokémon dénuée de toute faiblesse élémentaire, et même plus résistante qu'avant.» Termina le professeur.

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Quelques secondes de plus s'écoulèrent dans l'atmosphère tendue qui venait de s'instaurer dans la pièce, mais pourtant il semblait que cette révélation –pourtant dramatique- ne semblait pas interpeller plus que ça la principale concernée. Ils pensèrent peut-être qu'elle était arrivée au point de saturation critique où elle ne pouvait même plus réfléchir. Mais la raison était à l'exacte opposée, tandis qu'elle reposait calmement son verre sur la table parmi ceux des rafraichissements qu'elle leur avait servit.


«… Vous craignez que les baies puissent finir entre leurs mains, c'est ça ?» Finit-elle par conclure poliment.

«C'est exact.» Confirma le professeur.

«Alors, si je comprends bien, vous êtes ici pour me demander d'arrêter de cultiver les baies Shiny afin de vous assurer qu'il n'y ait aucune chance qu'ils puissent mettre la main dessus…»

«Nous ne sommes pas naïfs au point de croire que cela puisse les arrêter de vous pourchasser, mais cette garantie limitera au moins leur marge de manœuvre.» Confirmait-il simplement.

«C'à veut dire que je dois aussi comprendre que vous ne voulez pas que cette garantie s'arrête à ce seul critère…» Continuait-elle plus faiblement.

«C'est encore vrai : nous sommes là pour vous proposez un partenariat officiel avec la Ligue en vous intégrant dans le programme des arènes.» Lui lâcha-t-il directement. «Vôtre sécurité sera assurée par les dresseurs de la Ligue, pendant que vous pourrez continuer d'opérer en tant que maitresse des baies. De plus, avec vôtre réputation auprès de la Sylphe et des rangers, vous pouvez être sûre et certaine que ces derniers ne manqueront pas une occasion pour vous prêter assistance à n'importe quel moment.»

«Bien sûre, t'es libre de choisir laquelle.» Reprit Flo d'un petit air guilleret, auquel la demoiselle sourit timidement.


Il n'y avait pas qu'elle d'ailleurs. Bien qu'ils fussent plus discrets, Vistelle et Aurore partageait quelque part le même fin sourire qui se voulait rassurant ; là où le professeur fut le seul à rester d'une noble impassibilité en attendant sa réponse. Réponse que la demoiselle donna en perdant lentement son sourire.


«Je comprend vôtre point de vue et vos inquiétudes, croyez-moi… Mais je ne peux pas accepter.» Finit-elle par répondre d'un air désolé.

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Voyant le visage de la championne passant de guilleret à subitement surpris, là où celui des autres invités vira à une incompréhension notoire (sauf le professeur, toujours calme), elle les devança.

«Flo, tu sais bien que je t'adore ; et professeur Sorbier, Aurore, je vous assure que vôtre proposition est vraiment superbe, en plus d'avoir fait tout le déplacement pour me l'annoncer vous-même... Mais il m'est juste impossible d'accéder à cette requête…»

«Pourriez-vous nous expliquer pourquoi.» Reprit le professeur en faisant signe à la championne de bien vouloir attendre.

«Cela se résume pragmatiquement en une phrase : si j'accepte vôtre proposition, je ne pourrais plus être maitresse des baies.» Déclara-t-elle simplement.

«Quoi ?!» S'exclama la championne, bien que le professeur lui intima une fois de plus respectueusement à écouter calmement.

«C'à n'est pas un caprice ou de l'hypocrisie, mais une simple logique de constat.» Reprit-elle platement. «Même si techniquement les baies peuvent être cultivées en serre, comme dans la mienne, elles ne sont principalement normalement là que pour observation ; même si elles peuvent être consommées. Mais ne pouvant jamais rivaliser avec la même saveur ni les mêmes effets qu'une naturelle.»


Le professeur et son assistante restèrent interdits quelques instants : comment ça «sa serre» ? La championne leur fait mine de pardonner ce petit oubli de sa part en leur proposant un rattrapage ultérieur, tandis qu'elle renchainait avec Luna.


«Pourtant tu nous as fournit un stock de baie considérable dans les marais.» Releva-t-elle interpellée.

«Qui venaient toutes à la base de plants poussant naturellement aux quatre coins de l'île.» Corrigea-t-elle.

La surprise fut notable pour la championne, et moins évidente pour les autres ; Ce qu'elle s'afféra à corriger.

«Une baie pokémon est très différente d'un fruit normal, aussi bien dans sa consistance que dans son développement.» Reprit-elle en commençant ses explications. «Les fruits et légumes que l'on fait pousser en serre, tout comme le raisin pour le vin, ne rivalisent jamais avec ceux cultivés naturellement. Vous savez pourquoi ?»

«Parce que tout repose sur la terre où ils poussent.» Résuma grossièrement la championne.

«Exact. Et si on omet la terre, qui reste la base la plus essentielle, les autres paramètres à prendre en compte pour la culture optimale des fruits et légumes sont nombreux : notamment la juste quantité d'eau pour les irriguer ou la meilleure exposition possible au soleil, ou encore l'espace alloué sur leurs branches ou sous la terre pour les meilleures conditions de croissance ; c'est véritablement une science à part entière. Mais il est une condition à laquelle les baies pokémon diffèrent totalement des autres fruits. Une condition impossible, par définition, à outrepasser : ce sont les pokémons.» Déclara-t-elle platement. «Les pokémons sont aux baies ce que sont les abeilles aux fleurs ; il est possible d'y trouver un palliatif, mais jamais de le remplacer définitivement.»

Ce fut au tour des invités de finir par ne plus comprendre en écoutant les explications entrant pourtant en incohérence avec d'autres précitées ; notamment pour Flo.

«Attends là, je comprends pas : si tu dis que les pokémons sont essentiels à la culture des baies, alors pourquoi tu as une serre dans laquelle elle pousse ?»

«Parce qu'elles y poussent, mais ne se développent pas.» Mais voyant qu'elle ne comprenait pas la nuance (elle n'était pas la seule) elle développa. «Le processus de croissance des baies varient d'une espèce à une autre, comme la Yapap, et nécessitent donc des conditions environnementales pour le développement relativement différents –même s'ils paraissent parfois minimes. Parmi ces étapes de développement, il arrive à un moment où elles arrivent à ce qu'on peut considérer comme un point mort dans leur croissance, qui s'arrête tout d'un coup en attendant le petit coup de pouce nécessaire au «redémarrage», si je puis dire.»

«Là où les pokémons doivent intervenir.» Avança le professeur.

«Oui. Et ma serre agit en fait grossièrement comme un frigo : toutes les baies qui s'y trouvent poussent selon leurs critères jusqu'au point zéro, puis ensuite je les récolte pour les planter entièrement dans les coins de terre que je pense être idéaux aux alentours. Là il peut se passer seulement deux choses : soit elle donne un nouveau plant, soit un pokémon la déterre pour la manger ou la prendre pour l'abandonner à un autre endroit ; et ne me demandez pas pourquoi. Parce que, avec tout le respect que je vous dois, c'est vôtre domaine d'expertise à partir de là.»

Le professeur et l'assistante prirent respectueusement la remarque, l'incitant à continuer.

«Lorsque que la baie est sous terre, l'absence pure et simple de lumière –selon l'espèce- l'amène à un tout autre stade de développement où ce ne sont pas les graines, mais le fruit entier qui devient un plant à part entière. Et si on veut faire pousser un plant d'une baie pokémon à partir seulement de ses noyaux ou pépins, on ne peut le faire sans l'intervention d'un pokémon ; je le sais car j'ai déjà essayée.»

«Mais comment fais-tu alors sans pokémon ?» Releva avec étonnement Aurore.

«C'est tout simple.» Reprit-elle en lui souriant tout doucement. «Je prends les pépins, je les mets dans une baie que j'asperge d'un spray d'essence de Mangou pour attirer les pokémons, et je la plante à un endroit de passage qu'ils traversent régulièrement. Puis l'un d'eux vient, la déterre, la mange, et part avec le surplus de graines réagissant en symbiose avec l'énergie unique des pokémon durant le processus de digestion, avant qu'il ne se soulage dans un coin et que les plants ne se mettent à pousser lentement dans ses rejets.»


Ils en restèrent un moment silencieux. La solution était aussi élémentaire que géniale, de plus totalement naturelle (excepté le surplus de graines dans la baies ; une bien maigre intervention extérieure en comparaison.) Mais il restait un détail qui clochait dans cet idéal.


«Mais si le pokémon se barre avec la baie, ça veut dire que le plant peut pousser n'importe où sur l'île : comment tu fais pour les retrouver ?» Releva Flo.

«Encore plus simple, et la raison pour laquelle Floraville reste la meilleure place sur l'île pour leur développement.» Rendit-elle calmement. «Les vastes plaines et nombreuses forêts de Sinnoh sont certes remplies à ras-bord de pokémons, mais il n'y a que très peu d'espèces qui viennent à s'approcher à proximité d'activités humaine. Hors Floraville étant la ville au développement le plus naturel qui soit sur tout l'archipel, les pokémons s'y font beaucoup moins méfiants ; j'ai d'ailleurs des plants qui poussent à proximité de la maison exprès pour eux, et dont les baies contiennent aussi un surplus de graines.» Souligna-t-elle pour l'anecdote. «Ensuite, en fonction du pokémon ayant prit la baie, je consulte sa fiche et ses informations sur les données pokédex qui me furent alloués sur mon pokématos et je déduis la zone logique où je devrais retrouver ces baies ; vu le nombre de graine se trouvant dedans, tout ce qu'il me reste à faire est de relever une suractivité ou sur-présence de pokémon inhabituelle dans une zone particulière pour comprendre qu'il y'a de fortes chance que ce soit ici que ce sont développés les nombreux plants, et enfin de noter leurs emplacements pour pouvoir y revenir plus tard.»


A nouveau silence dans la pièce, mais un silence d'estime. Car si la méthode paraissait simple à l'écoute, c'était un véritable travail de titan derrière. Parce que ce qu'elle leur disait faire c'était littéralement trouver un arbre dans une forêt ; et vu la taille d'un plant par rapport à un arbre, c'était plutôt trouver un arbuste dans une forêt… Le tout, sans pokémon… Même les rangers en resteraient médusés.

Mais il y'avait surtout un détail. Le détail que la demoiselle des baie avait abordé depuis le début auquel ils ne comprenaient pas le sens, mais qui maintenant, après toutes ces explications, le voyaient parfaitement : la raison pour laquelle elle ne pouvait absolument pas accéder à leur requête d'intégrer la Ligue et les arènes. Ce qui, au vu de leur visage, le leur confirma.


«Si je suis mise à l'abri dans les arènes : je ne peux plus cultiver les baies. Parce que les pokémons sont leurs véritables jardiniers, et que l'île entière est leur potager.»

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Voilà la nouvelle qui compliquait absolument tout, et qui les fit soupirer par réflexe en accusant toutes ces informations et les conséquences qu'elles impliquaient : s'ils lui offraient la protection des arènes elle ne cultive plus de baie, ce qui revient à écarter un agriculteur de ses champs ; d'un côté il peut se considérer comme sauf, mais de l'autre –il faut être honnête- il ne servait plus à rien. Surtout que tout le principe de la protection repose sur l'idée de protéger la personne tout autant que ce qu'elle représente. Il faut être réaliste : on ne protège pas un homme politique comme on protège un épicier. Et si du jour au lendemain l'homme politique cessait d'en être un, il serait de même que sa protection ; car c'était ce qu'il représentait par rapport à sa fonction qui faisait de lui une cible nécessaire à défendre, plus que la vie d'un homme.

Avec Luna c'est foncièrement la même chose : d'un côté elle est à l'abri, et de l'autre elle devient inutile, pour ne pas dire grossièrement un poids mort accaparant les ressources de la Ligue alors qu'ils avaient déjà à faire avec les teams, et sans rien avoir en retour. Ce qui amenait au dilemme de möbius : protéger l'adolescente de dix-sept ans Cynthia Luna, ou laisser à sa merci la maitresse des baies de Sinnoh ; un dilemme d'autant plus déplorable qu'il ne leur laissait aucune réelle possibilité d'échappatoire. D'autant plus qu'en fait cela veut dire que les dits plants Shiny se trouvent partout dans la nature, et que strictement n'importe qui, avec l'aide du hasard, peut les trouver… Ce qui signifiait que tout leur dispositif devenait totalement inefficace.


«Mais la bonne nouvelle, si ça peut vous rassurer, c'est que c'est aussi la raison principale pour laquelle vous ne devriez pas vous en faire ni pour moi, ni pour les baies Shiny.» Reprit la demoiselle d'un air se voulant rassurant, bien qu'il fût perceptiblement hésitant.

«Comment ça ?» Reprit Aurore sur le principe, mais n'y éprouvant pourtant aucune emphase.

«Si les pokémons sont essentiels au développement des baies, qu'est-ce qui est essentiel pour le développement des baies Shiny ?»

Un instant les invités levèrent le regard en écarquillant les yeux, même la matriarche, en n'arrivant pas à croire où elle voulait en venir.

«Il faut un pokémon Shiny pour des cultiver des baies Shiny ?!» Releva avec stupéfaction Florianne. «Mais comment t'as fait pour la douzaine de baie Sitrus que t'as ramenée ?!»

«Ben j'en ai plantée une.» Rendit-elle simplement, d'une réponse si évidente que la championne se sentit assez sotte.

«Mais pourquoi à perpète les oies ?» Reprit-elle en passant outre ce sentiment gênant.

«Plus c'est loin et difficile d'accès, plus il y'a de chance que peu de pokémon sauvages communs ne viennent taper dedans -à part des Shiny- pour que j'en récupère.» Répondit-elle simplement. «De plus il faut savoir que ces baies je les ai toutes trouvées au hasard ; en tombant dessus alors que je ne les cherchais pas. Et à chaque fois dans un endroit auquel je ne me serais jamais attendue à y voir pousser un plant similaire normal.» Reconnut-elle sincèrement. «Les conditions de développement d'un plant Shiny sont tellement plus complexes que celles d'un plant normal qu'il m'est même plus facile de faire pousser une Jouca qu'une Maron Shiny. C'est pour vous dire à quel point le jour où vous craignez que les teams n'en possèdent à tour de bras n'arrivera pas avant des siècles, au bas mot.»


Bien que les invités comprenaient silencieusement parfaitement où elle voulait en venir (surtout au passage centenaire auquel elle n'avait pas l'air de plaisanter), pour Flo par contre cela lui faisait comme une boule vide dans l'estomac.


«Mais alors… La baie Nanone de Cynthia, la baie Charti d'Athos… C'était précieux à ce point là ?» Se rendit-elle compte complètement retournée par ce qu'elle venait d'apprendre.

La demoiselle se renfrogna timidement d'un coup sur son siège, visiblement gênée que la championne ait vu juste.

«Ben, pas tellement… Je veux dire si, c'est assez rare… Mais tant que j'ai les graines je peux en faire repousser, bien que ça ne sera pas pour tout de suite… M'enfin pas non plus pour trop longtemps…»


La matriarche nota avec étonnement la manière dont Luna s'emmêlait totalement les pinceaux avec Flo, comme avec personne à sa connaissance. Mais pour la championne, la manière dont la demoiselle cherchait à esquiver de lui répondre directement (pathétiquement, il faut tout de même l'admettre) la rendait intérieurement aussi honteuse que ravie. Ce qu'elle et l'ancienne maitresse avaient toutes deux reçues de sa part n'étaient pas qu'une simple petite faveur entre copines, mais un véritable don de la nature ; mais dont elle en avait cachée la réelle valeur pour ne pas les faire amener à se sentir comparées à des fruits, de là où elle les considérait réellement de son point de vue.

Et quand on sait que le point de vue vaut plus que deux baies rarissimes à l'opposée l'une de l'autre, nécessitant toutes deux la participation de pokémons tout aussi rarissimes, dans des endroits si reculés qu'ils puissent en être considérés comme uniques, ainsi que le fait de rassembler tous ces mêmes critères au même lieu au même moment, et le tout sans compter l'idée qu'ils ne puissent probablement plus se reproduire avant des décennies, ou peut-être même plus longtemps encore ; mais que cela ne l'ait pas fait hésiter un seul instant à les leur offrir en leur faisant croire qu'il s'agissait d'un petit présent entre amies… La barre était placée remarquablement haute.

Notant avec un certains sentiment de malaise qu'elle attirait de nouveau sur elle l'attention, avec une très désagréable impression d'embarra, l'experte en baie chercha un moyen quelconque pour s'en soustraire le plus vite et le plus crédible possible.


«Et si on allumait la télé, pour voir s'il n'y pas d'autres choses que j'aurais loupé entre-temps ?» Finit-elle par déclarer en allant chercher la télécommande.


Son esquive échoua dans presque tous les sens du terme, car pour la championne c'était trop tard : elle la regardait faire tranquillement en ne pouvant s'empêcher d'afficher un petit sourire joyeux. Pour les invités, l'esquive leur donnait une image comique qu'ils ne connaissaient pas de la maitresse des baies, mais aussi un côté naïf enfantin qui entrait en contradiction avec ses compétences de manière plutôt gênante. Bah, comme Cynthia et Flo leur avaient fait remarquer avant, elle conserve toujours ce petit côté immature ; et c'était justement ce petit côté peureux qui la rendait si appréciable.

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Cependant, une fois qu'elle alluma la télé, celle-ci afficha immédiatement un flash d'information spécial qui accapara toute leur attention. Principalement sur le fait qu'il s'agissait d'une déclaration spéciale lors d'une conférence en directe sur la mort du gouverneur Matis ; et que le nom de la personne qui s'apprêtait à faire ce discours n'était personne d'autre que sa fille.


«… Et maintenant je laisse la parole à Mademoiselle Tatiana Matis.»


L'homme céda la place à l'ancienne assistante du gouverneur, une splendide jeune femme d'une ample chevelure bouclée d'un marron foncé avec une mèche rebelle noire, et des yeux d'un vert d'eau puissant ne pouvant laisser de doute quand à son lien de parenté, dont la stature aussi fine que ferme se plaça droitement sur le pupitre pour faire face à la foule de caméra et de journaliste sans le moindre frémissement d'appréhension.


«Avant de commencer, j'aimerais déclarer ceci.» Commença-t-elle d'une voix si claire qu'il ne servait à rien pour elle de se forcer afin de se faire entendre. «Mon père était un homme de passion et de droiture pour qui les discours, quels qu'ils soient, devaient toujours être écrits et réciter par soi-même pour représenter et véhiculer avec sincérité la force de ses convictions ; même si cela voulait dire qu'ils ne puissent jamais entrer dans l'histoire. Car à ses yeux, l'identité individuelle comptait, et compte toujours autant que l'abnégation pour le bien commun. Que l'on soit du Consortium, de la Ligue, de la Sylphe, ou simple citoyen : nous sommes tous humains, à ce titre égaux ; aussi bien dans la vie que dans la mort.»


Bien que les caméras continuent de tourner, et que des flashs d'appareil continuels témoignaient toujours d'une activité de la part des journalistes, la salle de conférence était plongée dans un silence parfait tandis que la jeune femme captait strictement toute leur attention.


«Mais je n'ai pas non rédigée moi-même un discours comme lui l'aurait fait.» Reprit-elle platement. «Car je ne suis pas mon père, et je n'ai ni l'art et la manière dont il savait faire preuve pour exhorter et redonner la confiance et la force à ceux qui l'entendaient, et pour qui il faisait toujours passer ses intérêts après les leurs. Aussi serais-je brève.» Déclara-t-elle d'un ton clair aussi vif et impulsif qu'une détonation. «Aussi terrible que sa mort puisse m'avoir atteinte, avec, je me dois de vous l'avouer, un terrible sentiment de vengeance qui me ronge les entrailles, je ne m'abaisserais pas au même niveau que ces criminels en ne ternissant ni sa mémoire, ni celle de ma mère, et encore moins de celle de tous ceux qui lui l'ont crus et soutenus durant toute sa vie en mettant leurs propres vie aussi dans la balance, en cédant à la même haine et au mépris aveugle avec lequel il a été massacré.»


Un lourd silence s'installa dans la pièce, dont l'absence de flash représentait le degré de captivassions qu'engendrait son discours, dont la sincérité et la franchise qu'il contenait trouvait son public aussi efficacement que s'il était récité par le gouverneur en personne ; un trait qu'il était sûr qu'elle avait hérité de lui malgré son affirmation contraire.


«Soyez alors rassurés que sa volonté et son rêve de voir les îles à nouveaux unifiées ne s'éteindra pas avec lui, car je compte bien poursuivre son œuvre envers et contre tout.» Reprit-elle fermement. «Car ils n'ont pas uniquement commit l'horreur de l'exécuter comme un vulgaire déchet, mais se sont aussi par là-même attaqués à toutes les aspirations qu'il défendait. Toutes ces même valeurs qui représentent celles des archipels en entière : Kanto, Johto, Hoenn, Sinnoh, Orange, Finmhu, pour ne citer que quelques unes parmi les myriades auquel la mise en scène macabre de sa mort est une véritable déclaration de guerre envers tous ces pays qui composent le monde pokémon : nôtre monde.» Tonna-t-elle fermement. «Ce n'est pas alors en tant que sa fille que je fais cette déclaration, ni en tant que son assistante ou prétendante à sa succession : mais en tant que simple humaine comme toutes celles et ceux qui ont souffert de la dégradation continuelle de nôtre société, et sur qui ces terroristes crachent ouvertement comme si nos malheurs et nos morts n'étaient pour eux qu'une forme de sacrifice justifiable !»


Bien qu'ils se doivent de conserver une forme neutre d'impartialité, il était clairement possible d'entendre un grondement d'approbation perceptible passé parmi le public restrictif autour d'elle ; et qu'il devait surement être reprit dans la population regardant sa retransmission.


«Je répugne ces êtres indignes d'être appelés humains, et je comprends la rage que vous pouvez ressentir à savoir n'être que comme des vulgaire jouets entre leurs mains. Mais ne vous laissez pas aveugler par la haine et la rancune en vous en prenant à vos voisins, parce qu'eux aussi souffrent tout autant que vous, mais surtout parce que c'est exactement ce qu'ils cherchent par le biais de cette véritable insulte à tous nos pays ; afin de déclencher ce qui serait une véritable guerre civile fratricide entre nous, et qui ferait des millions de morts inexcusables au nom de leur inavouable but illusoire.»


Le grondement cessa alors que toute l'attention, même de ses collègues derrière elle, fut à nouveau intégralement captée par la fille du gouverneur. Ce que tout le monde savait, craignait qu'il arrive, et redoutait à dire, elle l'avait déclarée ouvertement et impérialement devant tout le monde comme étant à son tour une déclaration de guerre qu'elle se refuserait à ce qu'elle éclate.


«J'aime ce monde.» Reprit-elle plus calmement. «Tout autant que tous ceux qui le peuple et y vivent leur vie en profitant de chaque jour comme une nouvelle opportunité d'accomplir ses rêves, ses aspirations. Aussi bien seuls qu'ensemble, humains comme pokémons ; en désirant le mener chaque jour, à son échelle, vers un futur toujours plus radieux.»

Elle fixa d'un coup la caméra droit devant elle de son regard vert d'eau impérial reflétant une détermination sans pareille.

«Nous avons tous soufferts de leur dépravation. Aussi bien que les pokémons, et même les îles en elles-mêmes…» Reprit-elle platement. «Mais soyez assurés que ma détermination à les voir de nouveau resplendir de leur éclat radieux d'antan n'a jamais été aussi grande !» Déclara-t-elle d'un coup de tonnerre. «Cette paix que l'on veut retrouver, ce futur que nous voulons atteindre : aucun meurtre, aucun acte terroriste aussi horrible soit-il ne pourra jamais nous empêcher de l'atteindre et de réaliser nos rêves ! Parce qu'ils pourront toujours s'en prendre à nôtre chair ou à nôtre terre, ils ne pourront jamais nous retirer ce qui fait nôtre fierté : nos âmes ! Et la preuve que nôtre vie à plus de valeur que toutes leurs misérables ambitions réunies !»


Les journalistes commencèrent à délaisser leurs appareils pour commencer à applaudir. Applaudissement qui commençaient à être repris dans l'assistance derrière elle ; alors qu'elle n'avait pas finit.


«Aussi je vous promets qu'il ne sera accordé aucune forme de répit ou de rémission aux traitres à la race humaine qui voulurent mener nôtre monde à la ruine, et seront amenés impitoyablement à en répondre devant la justice !» Continuait-elle sous la houle d'applaudissement qui gagnait en ampleur. «Ils on voulu se vautrer dans nôtre sang, mais je vous jure qu'ils vont se noyer dans leurs larmes !»

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La houle d'applaudissement se mua en un déluge à l'image d'un tonnerre qui ne semblait connaitre aucune fin, tandis que l'héritière de Matis remercia sobrement l'assistance et la population pour avoir prit la peine d'écouter son message et ne reparte entourer de garde retourner à ses fonctions ; puis que l'image ne se rétrécisse dans un coin de l'écran alors que le journaliste de télé reprenait la parole. Mais avant cela ce fut la championne qui reprit.


«Ben dis donc, on peut dire qu'elle a du mordant.» Releva-t-elle sans une once d'humour tandis que la demoiselle baissait le son.

«Un trait dont il est certain qu'elle l'a hérité de sa mère. Mais je dois avouer, malgré le côté perceptiblement radical de ses propos, que son intervention est bienvenue en ce moment.» Reprit le professeur. «Son discours va stabiliser la situation avec la population en les rassemblant de nouveau sur la même bannière, peu importe leurs origines. En cela il faut reconnaitre que c'est un gros soulagement. De plus, avec une telle déclaration, on peut être certain qu'elle ne craint plus rien de la part des teams en ayant aussi rapidement gagnée les faveurs de la population, sans qu'eux ne prennent le risque de la voir intégralement se retourner contre eux.»

«Ce qui veut dire que la Ligue va pouvoir souffler. Voilà une super bonne nouvelle.» Reprit Aurore en se renfonçant dans son siège.

«Mais surtout qu'en plus de Matis, Luna non plus ne court plus aucun danger.» Releva à nouveau le professeur en se tournant vers elle. «N'étant ni affiliée à la Ligue ni au Consortium en étant considérée comme simple citoyenne, comme la fille de Matis s'est avancée être comme tout le monde, en plus de la soirée commentée par son père au passage vous concernant qui vous place indirectement en relation avec elle, on peut aussi considérer qu'ils vous éviteront comme la peste.»


La demoiselle acquiesça silencieusement envers le professeur ; visiblement étonnée par sa conclusion –confirmée aussi par les autres invités-, mais aussi rassurée de voir qu'ainsi elle n'avait plus à quitter Floraville.


«N'empêche, je plains la personne qui a appuyée sur la gâchette le jour où elle se retrouvera face à face avec sa fille.» Releva à nouveau Flo, mais cette fois-ci d'une fine note d'humour. «Il n'y a plus qu'à espérer que ce jour arrive rapidement.»

«Et le plus tôt sera le mieux…» Conclu la demoiselle...

Dont le plan s'était déroulé exactement comme prévu.



[A suivre.]