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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 06/02/2011 à 13:51
» Dernière mise à jour le 28/02/2011 à 21:11

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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043 - Chaises musicales
« Ne pas se faire d'illusions. Dans "amis" il y a l'idée d'âmes. Dans "relations" l'idée que tout est relatif.»
(Sacha Guitry)



Elle avait toujours voulu y aller. Alors ils y sont allés.

David observait ce coucher de soleil avec Samantha à ses côtés, sur un versant du Mont Couronné. Il en avait profité pour faire évoluer Magneton, parce que Samantha voulait voir ça de ses propres yeux. Et David qui se sentait de moins en moins humain, de plus en plus objet.

Mais un objet presque consentant. Ca le gênait de moins en moins. Il s'accommodait de tout. Il devenait terriblement coulant, lui qui avait toujours été têtu et exigeant dans sa vie.

Il aurait pu essayer de changer, mais au fond elle avait un effet bizarre sur lui, cette femme. Un peu comme si elle l'hypnotisait.

Face à ce coucher de soleil, elle ne dit rien et se contenta de lâcher un énorme pet bruyant. Et d'en rire ensuite.

- On n'a qu'une vie, hein, mon biquet ?

David acquiesça, robotisé.


***

- Madame, j'ai une question !

Rachel plissa les yeux et regarda l'élève.

- Est-ce que vous édulcorez volontairement vos cours pour avoir l'avantage sur nous pendant le grand tournoi ?

Rachel sembla avoir mal compris. Brouhaha dans la salle. Yann secoua la tête.

- Y'en a, j'te jure, ils ont honte de rien… soupira le rouquin.
- Oui comme moi par exemple ! Admit Dimitri.
- Je pense qu'à ton niveau, on est dans un cas d'insouciance manifeste… sourit Sheldon.
- Sheldon, on va manger au snack ce midi ?
- Non, j'ai entrainement.

Rose plissa les yeux.

- Mais… on avait prévu d'aller au snack ! Tu voulais me faire goûter ce sandwich…
- T'as qu'à y aller avec Yann…

Rose regarda Yann qui secoua la tête.

- J'ai pas fait mon rapport, je comptais le faire ce midi en salle info.
- Alors aucun de vous deux ne va manger ?!
- J'avais prévu de me prendre un grec ! Sourit Sheldon.
- J'ai ramené des carottes rapées et de toute façon, Gringolem me fera à manger, signala Yann.

Rose soupira.

- Et toi Dimitri ? Demanda Sheldon à tout hasard.
- J'avais prévu de manger normalement à la cantine, désolé Rose.
- Au lieu de manger à la cantine, tu ne veux pas y aller avec moi ? J'ai envie de sortir de l'établissement un peu !
- Mais ça va décaler complètement mes horaires et mon budget de cantine… et la dame de la cantine va s'inquiéter de ne pas me voir !
- La pauvre, tes remarques sur la nourriture vont lui manquer… ricana Sheldon.
- « Madame, est-ce que votre nourriture est comestible ? » ricana Yann à son tour.
- Ou mieux : « Si y'a du poison, je peux porter plainte ? »

Ils rirent ensemble. Dimitri sourit et regarda Rose, plutôt embêtée. Rachel virait le gamin insolent de son cours.

- Y'EN A UN AUTRE QUI VEUT SAVOIR SI JE BAISSE LE NIVEAU DE MON COURS ? QU'IL LE DISE !

Rose, Sheldon, Yann, Dimitri et les autres élèves s'étonnèrent.

- … Il s'est passé quoi pendant qu'on parlait ?! S'étonna Yann.

***

- Vous êtes bien aimable jeune homme !

Denis amenait les livres de la dame en caisse.

- Aucun problème. Ca va vous faire de la lecture, toute la série des Doggybag !
- Une amie m'a conseillé, elle était dithyrambique…
- J'ai essayé le premier volume mais c'était une période où j'avais beaucoup de livres à lire, il me semble cependant avoir trouvé ça très bien !

Denis faisait passer les livres au détecteur de code barre. Son téléphone sonna sur « Don't Stop me Now ». La sonnerie commençait en effet par un « Tonight » langoureux.

- Allô ?
« Salut Denis ! »
- … David mais pourquoi tu m'appelles, je travaille là !
« J'avais simplement envie d'entendre ta voix… »
- Ca fera trente Pokédollars… Ecoute David, je suis en plein dans mes heures, là, si on me voit au téléphone…
- Rassurez-vous je ne dirais rien ! Sourit la cliente.

Denis sourit.

« J'ai pas le droit de t'appeler au travail ? »
- Non, David. J'apprécie mais… c'est compliqué.
« Oh… Et si je viens te voir ? »
- Tu quitterais le cabinet en plein jour ?! Ricana Denis. Je vous fais un sac ?
- Oh s'il vous plait !
« Bah si c'est pour te voir… »
- David, ça me touche mais quand même…

Denis redoubla d'adresse et de ridicule pour tenir le téléphone avec son épaule tout en remplissant le sac.

- … je suis vraiment occupé, le travail de libraire est très prenant ! Voilà madame !
- Merci jeune homme ! Au revoir !
- Au revoir !
« Je voulais juste qu'on papote un peu… »
- C'est gentil mais là je suis occupé.
« On se voit ce soir ? »
- Je sais pas, je t'appellerais pour qu'on en discute.
« Ok. A ce soir alors ! »
- Hm.

Denis raccrocha. « Il m'appelle, c'est nouveau ça… On est devenu un couple qui s'appelle… Décidément… »

***

- Moi je trouve ça encore potable…
- Ca n'a plus l'humour des premières saisons, Yann, crois-moi. Ca reste marrant par moments, mais les Simpson…
- Léo, je serais toi, je m'inquièterais plus de savoir s'il ne regarde pas ça en classe !
- Bien sûr que non papa ! Répondit Yann d'un air angélique.
- Tu vois, le petit dit non ! Sourit Léopold.

Charlie leva les yeux au ciel et continua à manger son petit déjeuner. On frappa à la porte.

- Qui ça peut être ? S'étonna Léopold.
- Si c'est un voisin qui vient se plaindre du bruit qu'on a fait hier…
- Han non P'pa… soupira Yann.
- Je parle de Léo et de son marathon High School Musical !
- Hon…

Léopold fit la moue.

- C'est ça, reproche-moi encore d'apprécier Zac Efron !
- Chaque fois que tu dis son nom j'ai envie de divorcer ! Grommela Charlie.

Charlie ouvrit à… Dimitri, habillé à la va-vite.

- … Dimitri ?!

Yann s'étonna et regarda à la porte.

- Dimitri, il est à peine sept heures…
- J'suis venu à pied, j'ai pas osé appeler.

Charlie haussa les sourcils.

- Euh… J'peux vous parler ?
- Me… Oui bah oui bien sûr, entre…
- Nan à vous, pas aux autres.

Charlie hocha la tête et sortit avec Dimitri. Léopold et Yann se regardèrent genre "On pue ?"

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Mes parents sont partis en vacances ce matin.

Charlie haussa les sourcils.

- Quoi ?
- Bah oui…
- Mais… euh…
- Seulement c'est aujourd'hui qu'on est censés rendre les dossiers de validation pour le voyage itinérant…
- Tu avais un mois au moins pour les faire signer…
- Je l'avais laissé sur le bureau de mon père mais… il a rien signé.

Charlie leva les yeux au ciel.

- Oh seigneur…
- J'étais venu vous demander si vous pouviez…
- Signer, oui je pense que ça doit être possible, entre.
- M…
- Entre, Dimitri, tes parents ne sont pas chez toi, je refuse de te laisser repartir dans une maison vide. Allez.

Dimitri entra, la tête basse. Yann soupira.

- C'est pas vrai, tes parents t'ont encore abandonné ?
- …
- Yann ! Somma Charlie.
- Pardon, pardon…

***

- Excuse-moi de t'appeler si tôt…
« Je ne te le fais pas dire, Norbert vient à peine de me verser ma camomille… »

Charlie soupira, désolé d'appeler son père aussi tôt.

- Euh… c'était pour te demander si tu avais quelques renseignements au sujet des dossiers des élèves pour le voyage itinérant, si quelqu'un d'autre que la famille pouvait les remplir…
« Oula, attends, il est quand même sept heures trente… »
- Pardon, pardon… J'ai là un ami de Yann qui a un souci avec son dossier, ses parents sont un peu comment dire, laxistes et… du coup le gamin peut se retrouver sans diplôme.
« Il me semble - à moins que les lois aient changé - que tu peux t'engager sur l'honneur et en l'occurrence ici sur ton honneur de champion à te porter garant de cet enfant. »

Charlie haussa les sourcils.

- Concrètement…
« Concrètement si ce gamin ne va pas jusqu'au bout de son voyage itinérant où s'il foire son diplôme, tu pourrais y perdre ta place. »

Charlie regarda Dimitri qui observait ses tartines.

- Comment le beurre fait pour rester accroché à la tartine ? J'veux dire, on dirait de l'eau dure qui ne coule même pas !

Charlie serra les dents.

- … je pense que je peux lui faire confiance !
« Alors signe et joins une lettre signée de ta main comme quoi que tu t'engages, en tant que champion, à ce que le jeune homme aille au bout de son engagement. »
- Et pour le diplôme…
« Je crois que la note minimum est douze pour les tutorats... »

Charlie regarda à nouveau Dimitri qui ruminait nonchalamment sa tartine.

- … je prends le risque…
« Si tu penses que ça en vaut la peine… »
- … ouais, ouais…


***

- Les premiers temps ça allait.
- Oui, les premiers temps, ça allait, ça va toujours les premiers temps.
- Ca faisait un an qu'on en était aux premiers temps aussi ! Soupira Rachel.

Eden ne pensait pas que sa séance psychologique se transformerait en conseil conjugal.

- Ensuite tu as commencé à devenir chiante.
- Ah bah voilà, on en arrive enfin au centre du problème : Moi ! Soupira Rachel.
- … détaillez « Chiante »… demanda Eden.
- Elle a commencé à me bouffer mon espace vital après le voyage itinérant en fait.
- Oh l'AUTRE !
- C'était une situation compliquée, elle était restée seule avec David pour garder Ethan…
- Roland…
- Et je crois qu'elle en a profité pour se transformer en irrémédiable furie de l'ordre et de la bonne tenue des tables…
- Reste un tant soit peu RATIONNEL ! Grogna Rachel.
- J'AURAIS JAMAIS DU PARTIR ! TU COMPRENDS ?

Rachel plissa les yeux.

- Je sais pas… J'ai trouvé ça agréable, moi, d'être seule avec le petit et de tenir compagnie à ton frère - même si sur le moment il était un peu dépressif et désespéré mais une femme avec un bébé peut s'occuper de n'importe quel sociopathe de vingt ans…
- Tu as trouvé agréable d'être seule ?
- Ca ne m'a pas plus embêtée que ça du moins… et tu étais content de partir, et puis ça m'a permis de profiter de mon congé, de voir d'autres personnes…

Roland leva les mains en l'air.

- Voilà. Je ne lui suffis plus !

Eden plissa les yeux.

- Roland, vous avez l'air… très exclusif…
- C'est ma femme, je l'aime, je l'ai pas épousée pour les bouts de gras qui gravitent autour !
- Pour Roland, un moment romantique c'est enfermés tous les deux dans la cave pendant une semaine. On ne sort que pour aller à l'épicerie !
- Je pensais que tu étais comme moi ! Soupira Roland.
- Eh bah il faut croire qu'avec la brouille avec Malcolm j'avais besoin de me prouver que j'étais quelqu'un de respectable !

Eden acquiesça.

- Malcolm, votre frère jumeau…
- Oui.
- C'était une grosse brouille ? Ca s'est réglé ?
- Au nouvel an, oui… C'était au sujet de la mort de notre père, comme je l'avais envoyé en maison de retraite et qu'il s'y est suicidé, Malcolm m'a prise pour responsable.

Eden grimaça.

- Ah… oui, en effet… grosse brouille...
- Disons qu'il tolérait ma présence mais sans me parler… J'ai à peine pu voir mon neveu et je n'étais même pas au courant de la naissance de ma petite nièce qui a deux mois…
- Vous êtes plus famille qu'il n'y parait, Rachel…
- Oui…
- Roland, vous êtes moins familial que Rachel.
- J'aime les voir mais pas tous les jours sinon je suis pris de violentes crises de spasmophilie meurtrière.
- …
- Tu peux arrêter de déstabiliser les gens à qui tu parles ? Soupira Rachel.
- Au début de notre couple ça t'amusait !
- J'étais une gamine, un rien m'amusait !
- Notez, Eden, 24 ans c'est un âge d'enfant !
- Ne cherche pas à te mettre la psy dans la poche !
- C'est déjà fait je la vois depuis un an au moins !

Rachel regarda Roland, éberluée.

- Ca fait UN AN que tu la vois ?
- Et que t'as rien remarqué ! Sourit Roland.

Rachel soupira.

- Voilà, là, j'ai l'impression d'être la reine des connes !

Eden secoua la tête.

- Absolument pas, Rachel, Roland a sollicité cette aide en secret afin de préserver la paix de votre ménage, c'est une initiative que l'établissement prend en charge à titre d'heures de formation, vu que Roland… se forme tout seul.
- Avec ma main droite, comme un grand ! sourit Roland.

Rachel leva les yeux au ciel et tendit les bras.

- POURQUOI c'est toujours aux autres de justifier tes actes, de te trouver des excuses ?! Tu peux pas me formuler ça comme ça TOI avec TES mots plutôt qu'elle se sente obligée de le faire ? Pourquoi ?
- Parce que je le vaux bien… marmonna Roland.
- Ca devient énervant, je pensais que j'avais un effet positif sur toi mais finalement…
- Je suis négatif ?
- Bien sûr Roland ! Ose le nier !
- En quoi, je te prie ?
- Tu crois que vouloir rester seul, dans un cocon fermé, c'est une preuve d'optimisme, de positivité ?

Roland plissa les yeux.

- Je suis marié, on a un enfant…
- Oh, vous savez ce qu'il a dit à Ethan quand il l'a vu pour la première fois ?

Eden haussa les sourcils. Rachel regarda Roland, mécontente.

- Tu lui as dit « Je suis désolé » !

Roland leva les yeux au ciel.

- Je lui ai juste chuchoté !
- EH BAH JE L'AI ENTENDU ! CA VEUT DIRE QUOI, CA ?
- Ne crie pas…
- Franchement, c'est pas un truc à dire à un bébé ! Désolé pour quoi ?

Eden désigna Roland.

- Je veux une explication pour ça.

Roland soupira. Rachel regarda Roland, ferme.

- Je trouve que c'est pas… que c'est pas forcément un bien que de participer à la mise au monde d'un être humain dans un monde si horrible, si vous voulez je sens que si je m'excuse pas, je m'en voudrais plus tard de ne pas l'avoir fait dès le départ.
- C'est un foutu bébé, il a pas besoin que tu le désespères alors qu'il a à peine quelques heures !

Eden acquiesça.

- Roland, vous attachez un point d'honneur à exprimer des sentiments sincères sans jamais transiger sauf cas exceptionnels…

Il acquiesça.

- Rachel à l'inverse, vous aspirez à une vie normale et correcte sans remous ni dérangements inutiles…
- Voilà, sans se prendre la tête.

Eden acquiesça.

- L'idée du divorce vous a déjà traversé ?
- Non ! Geignit Roland.
- Certainement pas… marmonna tristement Rachel en regardant Roland.
- Et voilà exactement pourquoi régulièrement je me demande pourquoi je fais ce job… marmonna Eden. Hm, Roland, quelles qualités trouvez-vous à Rachel ?

Roland prit une petite seconde.

- Elle est douce, elle est aimante, elle s'occupe bien du petit…
- Là tu me ménages…
- Tu t'occupes bien du petit. Elle… elle me rassure, elle m'offre un point de repère, une sécurité… Grâce à elle j'ai une raison de me lever le matin.
- Ca c'est indigne de toi… marmonna Rachel.
- Et, comme illustré ici, grâce à elle je cherche sans cesse à me surpasser. Elle me complète et elle me transcende, c'est un peu comme si j'étais une télévision et qu'elle était mon lecteur DVD !

Rachel éclata de rire. Eden regarda Rachel.

- A vous, les qualités de Roland ?

Rachel le regarda.

- Il est drôle… Mignon, spirituel, gentil… Quand il me rassure, il sait y faire, c'est… la seule personne qui arrive à calmer mes ardeurs. Du coup quand il m'énerve c'est forcément astronomique… Mais… je sais qu'il n'a jamais été capable de m'insulter réellement alors qu'il insulte toujours les gens… et moi je n'arrivais jamais à être sérieusement en colère contre lui sans le regretter après.

Eden acquiesça.

- Roland, Rachel vous améliore en quelque sorte ?
- Ouais.
- Et Rachel, Roland est en quelque sorte un antidote à vos humeurs ?
- On peut dire ça.
- Je pense que l'essence de votre désaccord c'est que vous n'avez plus rien à redire l'un à l'autre, Roland vous avez atteint une sorte de ras-le-bol dans le polissage de votre personnalité…
- Hm…
- Rachel, vous avez trouvé en Roland de nouvelles sources de colère.
- Oui, clairement…
- Une relation c'est beaucoup de compromis… parfois avec le recul vous ne vous dites pas que vos disputes sont idiotes ?

Rachel et Roland se regardèrent. Eden perdit un peu son flegme.

- Enfin, Rachel, vous êtes encore en rogne contre lui pour trois mots balancés à une couveuse il y a quatre ans !

Rachel se sentit effectivement un peu honteuse.

- Et Roland vous persistez à lui courir sur les nerfs sans faire d'effort réel pour la comprendre !

Roland plissa les yeux.

- Excusez-moi… souffla Eden.
- Non, non…
- C'est rien…
- Parlons de cette question du deuxième enfant…

Rachel soupira.

- Dites-moi que ça ne vient pas de vous…
- Ca ne vient pas de moi ! Assura Eden.
- Si déjà tu t'excuses auprès d'Ethan pour l'avoir fait naître, ça va être quoi, le second ?
- … la publication d'un article dans la presse locale pour m'excuser ?

Rachel plissa les yeux. Roland soupira.

- J'arrive plus à te faire rire.
- Si, tu m'as fait rire tout à l'heure, parce que tu es tellement maladroit dans tes tentatives d'être romantique que c'en est comique. Je n'aime pas quand volontairement tu me pousses à bout, c'est tout.
- … là tu es conciliante, ça me rassure, je me dis « Bon, la Rachel que j'ai épousé est encore là ».

Sourire échangé. Eden mit trois sachets de thé extra-fort dans son eau chaude.

***

- Je n'y CROIS PAS !

Denis et David déjeunaient dans un restaurant japonais. Denis hésitait entre être charmé de l'attention de David ou être un peu consterné.

- T… Tu as fermé le cabinet en avance pour me rejoindre pour ma pause déjeuner ! Mon patron nous a regardés bizarrement en plus !
- Ca l'a amusé plutôt qu'autre chose… sourit David.
- J'te savais pas aussi… M'enfin David Smirnoff, depuis quand tu prends des initiatives ?

David s'envoya un maki.

- Depuis que… je suis fou amoureux d'un gentil libraire !
- Super, maintenant je sais plus où me mettre… sourit Denis. Qu'est-ce qui t'arrive au juste ?
- Rien… J'avais… envie d'initier quelque chose. Avec mon précédent copain j'étais un peu le second couteau, il imposait et je suivais, tu m'as dit de faire comme je le sentais et je sentais que je devais prendre des initiatives… Désolé si…
- Le truc qui me désole moi c'est que tu n'arrêtes pas de faire référence à ton ancien mec…

David baissa la tête.

- J'veux dire… on est tous les deux, tu me dis à moi que le passé c'est pas important mais toi tu agis en fonction de ton passé...
- Et ? s'étonna David.
- … et du coup je sais encore moins si je peux assumer le mien avec toi !

David plissa les yeux.

- C'est… des trucs difficiles, t'as été violé ?
- J'aurais presque préféré. Au moins ça ne serait pas ma faute.

David plissa les yeux et hocha la tête.

- Ok, ok, je demande pas plus… T'as tué quelqu'un ?
- Mais non ! Soupira Denis.
- Ouf !
- J'suis désolé. C'est juste que… comment tu veux que je m'ouvre à toi si tu me dis quelque chose d'un côté mais si tu agis différemment d'un autre !
- Oui, oui, pardon… C'est juste le coup de prendre une initiative. Je voulais t'inviter à faire quelque chose, c'est…un grand pas pour moi ! Là je décide au moins.

Denis plissa les yeux. David temporisa.

- Je décide jamais de rien avec personne, regarde, j'habite chez mon frère et j'évite d'habiter chez toi… C'est dans ma nature alors… pour toi j'essaie d'aller contre ma nature.
- Mais moi c'est le David naturel que j'aime !
- Un David qui t'inviterait pas à déjeuner !

Denis haussa les épaules.

- Y'a des couples qui ont besoin de ça pour être heureux ?
- Je suppose, ouais…
- Moi pas. Néanmoins…
- Néanmoins ?
- J'apprécie que tu prennes des libertés ! Ca montre que tu es à l'aide dans notre relation. Et ces makis sont délicieux. C'est quoi ce chewing-gum vert…
- Du Wasa…

Denis goba le truc vert à la surprise de David.

- Denis c'est du wasabi, c'est…
- … fooooort… la vaaaaache !! geignit Denis en se dirigeant vers les toilettes.

David plissa les yeux. « Bon, ça va il est presque prêt à devenir un Smirnoff en fait… »

***

- Ca devient vraiment insupportable !

Dimitri regardait Rose, nonchalant, en mode « Ecoute de problème de fille ». Une matière en option et ce depuis l'académie.

- Sheldon n'a aucune considération pour moi, les entrainements deviennent plus sérieux que moi ! J'ai l'impression d'être délaissée !
- En même temps tu t'entraines aussi…
- Oui mais moins, et avec toi, pas toute seule !

Dimitri plissa les yeux.

- Ca paraîtrait louche à beaucoup…
- Même Yann a l'air de s'en fiche de moi…
- Yann t'apprécie, c'est juste que…
- Juste que…

Dimitri chercha une bonne tournure. Il la trouva et elle s'appelait Sandwich à se fourrer dans la bouche pour éviter de parler.

- Hm, ch'est bon !
- … Dimitri !
- Pfardon… L'apfel du pfandwich !
- Je suis en train de parler sérieusement !

Dimitri avala rapidement.

- Tu t'es entrainée pour les combats en double ?
- Dimitri…
- Je cherche juste à parler avec toi de sujet… insignifiants pour que tu ne penses pas aux sujets… importants. Insignifiant : Le tournoi, Important, toi qui te sens seule.
- Je… ne me sens pas seule, je suis juste un peu déçue que Sheldon laisse de côté notre relation pour un simple tournoi… Pourquoi toi tu ne t'entraines pas au fait ?
- Heures précises, programme précis. La méthode Smirnoff.
- J'aurais aimé que monsieur Smirnoff enseigne à Sheldon, au moins j'aurais passé du temps avec lui…
- Désolé de pas être Sheldon.
- Oh ça va, Dimitri, c'est pas comme si c'était désagréable de passer du temps avec toi…

Dimitri acquiesça.

- Non, mais… je suis vraiment désolé de ne pas être Sheldon. Si j'étais lui je réagirais différemment.
- C'est bien que tu le remarques.
- N'empêche tu devrais en parler avec lui, pas avec moi.
- C'est difficile de lui dire de faire plus attention à moi, Dimitri, tu n'as jamais été en couple, tu ne sais pas ce que c'est.

Dimitri plissa les yeux.

- Mais à moi tu peux le dire…
- Parce que tu n'es pas concerné, c'est différent. C'est difficile pour moi de parler sincèrement avec Sheldon.

Dimitri pencha la tête.

- Comment ça ?!!
- Bah quand tu es en couple avec une personne, parler sincèrement c'est… briser un charme, tu vois. Un couple c'est une bulle un peu anormale. On ne se dit pas toujours ce qu'on veut.
- Ca devrait être l'inverse, normalement, non ? Le fait d'être ensemble, de s'aimer… on devrait pouvoir tout se dire au contraire…
- En fait on peut surtout se toucher là où on veut, par exemple toi je ne peux pas t'embrasser. Sheldon, je peux.

Dimitri plissa les yeux.

- Cette conversation devient très bizarre… Tu peux embrasser quelqu'un et ne pas lui dire la vérité mais tu peux dire la vérité à quelqu'un que tu ne peux pas embrasser…
- C'est - encore une fois - très compliqué.
- Bah non.
- Ah ?
- Sheldon ne doit pas seulement être quelqu'un que tu embrasses. Je veux dire : Tu aimes avoir ce genre de conversation avec moi.
- … oui !
- Et tu aimes embrasser Sheldon ?
- Bah oui…
- Si tu arrivais à embrasser et à parler sérieusement à Sheldon… bon pas les deux en même temps sinon il ne comprendra rien à ce que tu lui dis…
- Ca semble logique… acquiesça Rose en souriant.
- … mais je pense que ça irait mieux, tant pour lui que pour toi. Vous atteindriez une sorte de perfection en quelque sorte, tu aurais à la fois le pain et le contenu... du sandwich. Je vais chercher très loin mes métaphores !

Rose acquiesça.

- Tu sais quoi, Dimitri ?
- Hm ?
- Le jour où tu trouveras quelqu'un, ce sera la personne la plus heureuse du monde !
- J'ai déjà trouvé plein de quelqu'un… il suffit de sortir dans la rue, les gens pullulent, et…
- … je me suis comprise… marmonna Rose.

***

- Tu… es… FOU !
- Je fais ce qui me semble juste.

Léopold plissa les yeux.

- Tu mets ta carrière en jeu pour ce gamin !
- Bah oui ! Soupira Charlie qui remplissait les papiers.
- Mais enfin…
- Léopold, si on l'a fait pour Yann, on peut le faire pour Dimitri !
- T… C'est différent, Yann est notre fils, Dimitri… est… l'ami de notre fils !
- Ca reste un enfant laissé pour compte.
- …
- Tu devrais comprendre ça mieux que moi, Léopold, tu as été adopté !
- … ouais, pas faux… je comprends…
- Bah voilà…
- J'ai pas dit que je comprenais ce que tu viens d'exposer. J'ai surtout compris autre chose !

Charlie haussa les sourcils, intrigué.

***

Yann était sur son ordinateur alors que Dimitri lisait un manga.

- Ca va aller ?

Dimitri acquiesça.

- T'as le droit d'être énervé, Dimitri, tu sais, je le serais à ta place.
- Mais tu n'es pas à ma place. Si on pouvait échanger les places, ce serait forcément idyllique. Tu te révolterais et… je passerais mon temps dans ta chambre. Avec des chips.

Yann hocha la tête. Charlie toqua à la porte et entra dans la chambre.

- Dimitri, j'ai signé tes papiers pour le voyage itinérant !
- Merci, monsieur Winchester.
- Tu peux rester le temps que tes parents reviennent de vacances, tu dormiras dans la chambre de Yann en attendant qu'on prenne des dispositions.
- Merci.

Charlie ferma la porte. Yann haussa les épaules.

- On va pouvoir passer des soirées à regarder Dr House !
- Passé la saison 4, ça devient ennuyeux il paraît… marmonna Dimitri.
- On verra bien.

***

Un peu plus tard, Léopold et Charlie avaient invité les Heine à diner.

- Je t'en veux, Claire !

Charlie soupira et regarda Léo.

- Pour la millième fois : Elle n'allait pas l'appeler Léo lui aussi, de quoi ça aurait eu l'air dans les diners ! "Léo !" et toi et le gosse en même temps : "Ouiiiiiii ?"
- Et puis Alexander c'est tellement choupi ! Sourit Claire.
- Et c'est surtout le seul nom sur lequel on est tombés d'accord… marmonna Malcolm.
- Vous avez appelé Rachel au moins ? Demanda Charlie.

Claire soupira.

- Oui mais Malcolm a refusé de lui parler.
- Et c'est inutile de me forcer.
- C'est quand même une situation bizarre, tu parles à son mari mais pas à elle.
- Son mari est mon meilleur ami, c'est différent !

Charlie et Claire plissèrent les yeux. Malcolm soupira.

- C'est toujours difficile pour moi de… de me dire qu'elle n'a pas tué mon père…
- Malcolm, personne n'a tué ton père, ton père s'est suicidé ! Soupira Claire.
- C'est pas comme ça… du moins j'arrive pas à le voir comme ça.
- LEONARD !

Malcolm, Claire et Charlie regardèrent Léopold, tout content de sa trouvaille.

- Vous auriez pu l'appeler Léonard ! Où ai-je déjà vu ce nom déjà ?
- … sur la tombe de mon père, peut-être, c'était son second prénom… marmonna Malcolm.

Claire tapota le dos de Malcolm. Charlie regarda Léopold, atterré.

- Boulette… geignit le blond.


***

- Bon, alors…

Rachel regarda Roland alors qu'elle corrigeait des copies en salle des professeurs.

- Alors quoi ?
- Ca va mieux ?
- Ca fait du bien de parler mais en fait… ça saoule un peu aussi.
- Hm, oui…
- Disons que notre relation… est bien quand elle est simple, mais quand on essaie de la complexifier ou de la mettre en mots… J'ai l'impression qu'on fout tout par terre !

Roland haussa les épaules.

- Regarde. Après ce qui s'est passé chez les Horton, on s'était réconciliés, hm ?
- Oui…
- Et juste après tu as essayé de m'insinuer cette idée de second enfant !
- Hm…
- Du coup… moi j'étais déboussolée… D'un côté tu faisais quelque chose de totalement Roland donc de forcément appréciable pour moi, mais ensuite tu voulais tout changer dans notre couple !

Roland plissa les yeux.

- Tu ne veux pas de second enfant ?
- J'ai déjà du mal à m'occuper d'Ethan sans faire appel à une nounou, alors…
- Mais ça va aller…
- Peut-être que je devrais… démissionner si on veut vraiment un deuxième enfant.

Roland haussa les sourcils.

- Il a jamais été question de ça !
- C'est peut-être là tout le problème, Roland, on se voit toute la journée, j'ai peut-être besoin de passer plus de temps à la maison avec Ethan.
- T'es sûre ?!
- En plus ce matin je me suis énervée comme une idiote en cours alors qu'un élève avait été un peu insolent… Ca me ferait du bien je crois d'arrêter le travail. A la fin de cette année du moins.

Roland soupira.

- Ca m'embête…
- Pourquoi ?
- Bah… ça me fait plaisir de te voir toute la journée !
- Oui mais on va finir par imploser à force de se voir, ça va créer des tensions en plus… Pendant les vacances on est tellement bien, tellement unis, tellement relax…
- Parce que c'est les vacances, Rachel, c'est fait pour ça !
- Quelque part ça devrait être rassurant de voir que parfois on peut être bien tous les trois… Je sais plus trop où j'en suis en fait. On va se faire un truc avec le petit ce soir, genre un resto ?

Roland haussa les sourcils.

- Ouais… Ouais, on pourrait faire ça, ouais.
- Très bien. Ca nous changera un peu !

Roland regarda Rachel, étonné.

- … ne te… prends pas trop la tête, hein ?
- Je ne me prends pas la tête, je veux juste faire ce qu'il y a de mieux pour nous !

Roland plissa les yeux. « J'ai une idée… Un séjour tous frais payés… en hôpital psychiatrique ! »

***

- Haut les mains, coyote !

Sheldon, sur le terrain d'entrainement, se retourna vers Dimitri qui sembla embarrassé.

- Un truc que m'a appris Yann. Il faut qu'on parle.
- Qu'on parle ? La dernière fois que je t'ai vu aussi sérieux, tu nous expliquais quelles étaient tes pages préférées dans le programme télé…
- Oui et c'était très éprouvant à énumérer...

Dimitri inspira.

- Rose traverse une période très difficile.
- … quoi ?!
- Elle a l'impression que tu t'en fiches d'elle parce que tu préfères t'entrainer que passer du temps avec elle.
- Mais non. Rose sait très bien que je l'aime, c'est juste que je ne veux pas être ridicule au tournoi, et je suis sûr qu'elle non plus ! Karaclée, plus vite ! Chinchidou, ne traîne pas !

Les Pokémon de Sheldon réalisaient un parcours du combattant.

- Dis-lui que si elle veut qu'on passe du temps ensemble elle n'a qu'à venir s'entrainer elle aussi !
- … T'es sûr que t'es son petit ami ?!

Sheldon soupira et se retourna vers Dimitri.

- Dimitri, je t'aime bien, t'es un gars réglo. Mais question conseils de couple, excuse-moi, t'es la dernière personne à qui je m'adresserais ! Et je pense que Rose dirait la même chose !
- … mais…
- Du vent, Dimitri, s'il te plait.

Dimitri plissa les yeux. « Puisque c'est demandé si gentiment… »

***

- Tu comprends, elle en souffre…
- C'est cool…

Dimitri haussa les sourcils alors que Yann tapait son rapport.

- Mais, Yann, t'as écouté ce que je t'ai dit ?!
- Ouais, Rose, problèmes etc.
- Yann, Rose est ton amie…
- Et Sheldon est mon pote aussi.

Dimitri baissa la tête.

- Quand même, c'est pas cool pour Rose, elle se retrouve toute seule…
- Si elle est pas contente, elle s'entraine avec Sheldon, ça règlera tout.
- Sheldon m'a dit ça aussi !
- Tu vois, en plus d'être un pote cool, ce mec est intelligent !

Dimitri se mordilla les lèvres.

- Il m'a dit « Du vent » pour que je parte !
- Primo y'a rien d'étonnant à ce qu'il te dise ça, t'es plutôt lourd dans ton genre, Dimitri, et je dis ça tout en étant depuis deux ans aux yeux de la loi, en quelque sorte ton frère. Deuxio c'est minable de ta part d'essayer de me faire réagir en te faisant passer pour une victime.

Dimitri acquiesça et sortit de la salle info. Yann secoua la tête.

- Rhan j'te jure…

***

- Il faut vraiment que je retourne bosser, là !

David acquiesça.

- D'accord…
- A ce soir pour l'entrainement alors…
- Je peux pas ce soir, je finis à 22 heures...

Denis tomba des nues.

- Crotte…
- Bah oui… C'est pour ça que je voulais qu'on déjeune, on se verra pas ce soir.
- Sauf si tu veux venir dormir à la maison, auquel cas tu es le bienvenu…

David sembla embarrassé. Denis acquiesça.

- Ok, ok, je t'oblige pas.
- C'est pas que je veux pas que ça avance, c'est juste que… c'est un trop grand pas pour moi, encore.
- Non, c'est cool…

David acquiesça.

- Ca n'a rien à voir avec le nouvel an j'espère ? Je trouve ta famille un peu spéciale mais sans plus, tu sais, je m'y ferais… marmonna Denis.
- Ca n'a absolument rien à voir ! Je vais pas te juger en fonction de ce que tu penses de mon entourage… ce serait débile…
- Oui d'autant que… c'est pas comme si on les verrait tous les jours ! acquiesça maladroitement Denis.

David hocha la tête.

- Hm…
- Bon j'y vais, bah… à demain alors !
- Hm, à demain…
- Et n'oublie pas qu'on a bientôt le diner chez mes parents ! Sourit Denis.
- Oui, oui…

Denis retourna bosser. David soupira et baissa la tête.

« Il y a cru… Il a vraiment cru que tu finissais à 22 heures… Tu es un crétin, David Smirnoff. Il faut que tu luttes contre cette peur débile. Denis est peut-être le bon, tu pourrais peut-être aller vivre chez lui mais… tu as peur que ça ne marche pas et surtout… il te cache quelque chose, tu ne veux pas le forcer… Hmph… L'impasse ! »

***

- Tes affaires seront à la gauche de l'armoire et celles de Yann à la droite.

Dimitri acquiesça. Yann flânait sur un site de Lolcatz.

- … j'ai jamais vu aucun Skitty faire une gueule pareille, elle est retouchée cette photo…
- Pour ce qui est du lit, on t'a pris un futon pour que ce soit plus confortable et que ça prenne pas beaucoup de place !

Dimitri acquiesça de façon mécanique, il était un peu en mode automatique.

- Au lavabo, tu as ta brosse à dents, ton verre. Tu peux te servir des douches, du gel douche et du shampooing, mais pas des après-shampooings qui sont tous réservés à Léopold sans exception la moindre, et il mesure et contrôle le niveau de chaque bouteille après sa douche.
- Hm.
- Pour ce qui est de manger tu peux piocher dans les placards tant que tu veux sauf une heure avant et après les repas, c'est la règle. Pour boire, il y a les bouteilles mais tu bois dans un verre, sauf évidemment si tu prends une canette de soda.
- D'accord.
- Pour ce qui est de tes Pokémon, on a des heures pour les nourrir, généralement c'est après notre repas à nous. On les promène le week-end la plupart du temps…

Yann soupira. « Bientôt il va lui expliquer pour le trafic de drogue et les rites sataniques… »

***

- Ca sent bon… pour une fois !

Léopold regarda Yann et esquissa un sourire.

- Tu es vache, Yann, je sais très bien que tu adores ma cuisine !
- Nan, même pas ! Sourit Yann en prenant une canette de Soda.

Léopold regarda son fiston.

- Ca va, tout ce qui se passe en ce moment ?
- Mouais…
- … Tu sais, Charlie fait ça parce que c'est un homme attentionné, mais tu resteras toujours notre fils unique.
- Hm…
- Alors ne te sens pas délaissé ! Et si c'est le cas viens nous en parler !
- Mais ça va, c'est juste que… Dimitri c'est mon pote et là c'est limite ça devient mon frangin…
- Nan. Ca ira jamais jusque là, au pire on sera ses tuteurs si vraiment la situation s'aggrave, on en a discuté avec Charlie. T'en fais pas, tu restes privilégié !
- Ok… mais… merci de te tracasser pour moi.

Léopold haussa les épaules, gêné.

- Je suppose qu'en tant qu'enfant adopté j'essaie parfois de me mettre à ta place. On ne te laissera jamais tomber. D'aucune façon.

Yann acquiesça.

- Merci, P'pa.
- C'est naturel, fiston.


***

- Au restaurant ? S'étonna Ethan.
- Ouais. Tu goûtes et on va tranquillement diner dans un restaurant sympa.
- Où on accepte les enfants ! Sourit Roland.

Ils entrèrent et virent David qui regardait la télé. Rachel s'étonna.

- T'es pas chez Denis ?
- … Nan, il… avait un empêchement.

Roland regarda Rachel et acquiesça.

- Il ment, soit ils se sont disputés, soit…

David soupira.

- Je fais ce que je veux…
- En l'occurrence tu ne fous pas en l'air ta relation, compris jeune homme ? Grommela Rachel. Sinon je te tue !
- Ne sois pas si dure, Rachel, contente-toi de le torturer !

Rachel sourit. Roland alla s'asseoir à côté de son frère.

- C'est quoi le problème ?
- J'veux pas en parler.
- C'est quand même hallucinant que vous ayez toujours pas couché ensemble.
- Roland, cela ne te reg…
- Roland, pas devant le petit ! grommela Rachel.
- Ethan n'a rien compris, hein Ethan ?
- … des couches ? marmonna le gamin.
- Tu vois !
- Ethan, viens goûter !
- Oui maman !

Ethan alla voir sa mère en cuisine. Roland regarda David, visiblement embêté.

- C'est cette histoire d'installation, hein ?
- … Tu peux pas savoir ce que c'est…
- Pour avoir été forcé de m'installer chez Rachel, je sais que c'est difficile…
- C'est même pas question de ça… et si ça marche pas et qu'il me vire ?
- David, j'ai pas beaucoup vu ce Denis, mais je crois qu'il t'aime.
- Ca va faire quatre mois, dans deux semaines je vais diner chez ses parents… ça va trop vite !
- David, tu as vingt-trois ans, tu es à même de savoir si quelqu'un est bien pour toi.
- … Denis est bien, mais… il a toujours cette part d'ombre… Je sais pas tout sur lui et il a l'air d'avoir peur de quelque chose aussi, donc j'ai encore plus peur…

Roland soupira.

- Et on se prend la tête pour des broutilles avec Rachel, bah putain. Décompresse, David… Couchez ensemble, ça ira mieux !

David plissa les yeux.

- Je crois pas… je sais pas.
- David, je devrais pas faire ça mais tu sais ce que les autres ont dit à propos de toi et Denis le soir du nouvel an ?

David secoua la tête.

- Que vous aviez l'air d'avoir peur l'un de l'autre.

David plissa les yeux. Roland hocha la tête.

- Et je sens ça aussi. Et j'approuve.

David sembla attristé.

- Ca t'embête pas de rester ici tout seul comme un gland pendant qu'on va diner en famille ? sourit Roland.
- …
- C'est pour te punir d'avoir fait faux bond à Denis !
- … hm…

***

- Ca va pas ?

En cours, Rose regarda Sheldon qui venait de lui poser cette question.

- Non, ça va pas. Je commence à croire que ce tournoi nous éloigne l'un de l'autre !
- Tu exagères…
- On ne se voit presque plus !
- On s'entraine ensemble, c'est cool je trouve ! Madame Smirnoff a dit que c'était mieux généralement de s'entrainer à deux !
- Oui mais je ne veux pas que « m'entrainer » avec toi ! Sans insinuation graveleuse… Encore que. Ca me plairait qu'on devienne plus proches, plus intimes…

Sheldon eut un petit ricanement.

- Rose, je t'ai déjà dit que… c'était pas trop mon truc et je pensais que tu voulais aussi une relation calme, apaisante et profonde sur le plan spirituel.
- …
- Et ce que j'apprécie chez toi c'est que tu n'es pas comme les filles de ton âge, tu ne me sautes pas dessus, tu n'es pas là à faire « Sheldonounet » ou « Oh mon Sheldychou »…
- … mais ça me plairait aussi un peu parfois d'être comme ça, comme ces filles qui ont des petits copains attentionnés et gentils…
- Eh, je suis un mec gentil !
- … oui mais tu fais pas assez attention à moi.

Yann écoutait d'une oreille et n'esquissa même pas un sourire. « Ca t'apprendra à choisir un pauvre type. Bien fait ! »

Dimitri plissait les yeux, quelque peu agacé par la nature des chuchotis.

- Rose, tu me déçois, je ne te pensais pas aussi superficielle…
- … ça n'est pas…
- Je voudrais suivre le cours, Rose.

Elle se tut, pas vraiment enjouée par la situation.

***

Yann et Dimitri passaient leur première journée en tant que « quasi-frangins ».

- Ca va, t'as pas froid ? Demanda Yann à tout hasard.
- Non ça va.
- Bon. Parce que j'aime pas dormir avec le chauffage, ça me donne la gorge toute sèche le matin.
- Hm. C'est vrai.

Yann plissa les yeux.

- Tu vas bien ?
- …
- Je sais, t'as pas envie que je te demande ça, t'as pas envie d'être un souci pour qui que ce soit ni même de déranger les êtres humains vu que t'en es pas un…

Dimitri sourit.

- Juste que ça doit quand même te remuer tout ça.
- … Yann ?
- Oui Dimitri.
- Est-ce que tu me détestes ?
- Nan. Enfin, ponctuellement quand tu te poses une de tes questions philosophiques idiotes, oui je te déteste… mais genre dix secondes…
- J'veux dire… J'suis un peu en train de t'emprunter tes parents, là.

Yann soupira.

- T'as pas fait exprès d'avoir des parents adoptifs cons, Dim, et surtout… j'veux dire c'est pas comme si t'avais l'air heureux de squatter ici.

Petit silence.

- Merci Yann.
- De rien. C'est Charlie que tu devrais remercier.
- … Hm.
- Allez dors.

Yann se tourna pour dormir. Il entendit bien les sanglots de Dimitri mais se refusa à aller le consoler. Il fallait bien qu'il s'habitue.


***

- Rachel, viens, on s'en va !

Rachel regarda Ethan, amusé aussi mais ne sachant pas pourquoi. Roland plissa les yeux, embarrassé. Il y avait un pianiste dans le restaurant où ils se trouvaient.

- Allez Roland !
- J'ai déjà Mendelssohn à la maison, je vais pas le tromper comme ça ! Soupira Roland.
- Tu ne joues presque plus avec Mendelssohn, allez Roland !
- J'ai les doigts noués !
- Papa va jouer le piano ? Demanda Ethan.
- Ce serait marrant ! Hein Roland !

Roland secoua la tête.

- Absolument pas !

Rachel se leva, espiègle.

- Je vais en parler au gérant !

Rachel se leva et alla discuter avec le type au comptoir. Roland soupira. « Comme avec Marigold pour un de nos premiers rendez-vous, décidément j'ai un gabarit pour les femmes… et je commence à croire que l'histoire se répète… ce qui n'est pas bon signe pour Rachel ! »

- Papa, moi aussi je peux jouer ?

Roland haussa les épaules.

- Je t'apprendrais, mais plus tard, quand tu seras grand. C'est dur de jouer du piano !
- Nan quand tu joues ça a l'air facile !
- Je sais mon grand, mais papa a mis du temps à apprendre !

Rachel revint à table.

- Tu passes après cette chanson !
- Je sais même pas quoi jouer…
- Joue une jolie chanson ! Sourit Ethan.
- T'en connais toi des jolies chansons ?
- … bah Frère Jacques !

Rachel ricana.

- Non Ethan, papa connait des tas de belles chansons à jouer devant un public !
- Et papa déteste jouer en public ! grommela Roland.
- Tu l'as fait pour le nouvel an !
- C'était un public que je connaissais !
- Hm ! S'il te plait, pour Ethan !
- Allez papa !

Roland regarda Ethan.

- Tu peux pas réclamer des jouets comme tous les gamins de ton âge ?
- J'aime pas les jouets.

Roland plissa les yeux.

- Ca c'est pas bien mon grand.

Rachel regarda Roland, surprise.

- Faut aimer les jouets, bonhomme.

Roland se leva et alla jouer devant une Rachel étonnée. Etonnée parce qu'elle venait de percevoir quelque chose qu'elle n'avait jamais entrevu de Roland.

C'était un père attentionné. Et un mec très bien avec lequel elle avait la chance d'être. Et au fond elle n'avait jamais assez conscience de cette chance. Nathan n'aurait jamais été aussi bien avec Ethan ou même avec [Insérez le nom de l'enfant qu'elle et Nathan auraient pu avoir].

Roland s'installa au piano et parla dans le micro.

- Bonsoir. Je suis Roland Smirnoff, je suis ici avec ma merveilleuse femme et mon adorable petit garçon et je vais vous jouer un petit morceau.

Roland commença à jouer les premiers accords de « Les uns contre les autres » de Fabienne Thibaut.

On dort, les uns contre les autres
On vit, les uns avec les autres


Rachel se plaça à côté d'Ethan qu'elle prit contre elle tout en lui caressant la tête sous le son du piano de Roland.

On se caresse, on se cajole
On se comprend, on se console


Roland, lui, était seul face au piano, à jouer en autiste, malgré les présences alentours, il s'était installé tout seul dans sa bulle de créateur, émettant des sons sans communiquer. Sa façon de vivre préférée, finalement.

Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde


***

On danse, les uns contre les autres
On court, les uns après les autres


Gringolem faisait le repassage de Yann qui mangeait des pâtes avec Dimitri.

- A quoi tu penses ?!

Dimitri, il pensait à Rose. D'une manière bizarre. Comme s'il se préoccupait d'elle de façon exagérée, excessive. Malsaine, presque.

Et Yann qui semblait s'en moquer. Si encore Dimitri avait pu compter sur lui pour rassurer Rose, mais non même pas. "Comme si quelque part ça lui faisait plaisir qu'elle souffre". Dimitri s'en voulait de penser ça de son meilleur ami. Et de penser comme ça de manière générale.

On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire


- J'pensais au mur. Il est blanc, jaune ou jaune crème ?
- Hm. Ca m'étonne pas que tu te poses ce genre de questions idiotes.

Et sur ce coup, Dimitri se réjouit d'être socialement inexpérimenté et prompt à ne pas dire exactement ce qu'il pensait.

***

- Tu vois qu'on a passé un peu de temps ensemble, finalement !

Rose baissa la tête. Ils avaient fait le chemin entre la fac et les blocs étudiants ensemble.

- Allez, bonne nuit Rose, à demain !

La jeune fille resta quelques temps à regarder Sheldon partir.

Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde


***

On dort, les uns contre les autres
On vit, les uns avec les autres


Denis mangeait des nouilles instantanées. Non, il ne s'entrainerait pas ce soir. Il ne voulait s'entrainer qu'avec David. Il ne voulait même pas manger de plat structuré sans David. Il ne voulait même pas sortir une assiette ou des couverts en inox si ce n'était pas pour accueillir David. Ce soir c'était nouilles instantanées avec une fourchette en plastique.

« Putain, Denis, putain, putain, putain, putain… »

La télé débitait d'imbuvables conneries.

« Tu as ce mec dans la peau, Denis… »

On se caresse, on se cajole
On se comprend, on se console


Il sortit Grotadmorv, le regarda un instant. Son visage s'empourpra de tristesse. Il balança sa boîte de nouilles instantanées par terre.

« Salaud putain ! Je l'aime ce mec ! Je l'aime et il veut pas habiter avec moi ! Je l'aime, il m'aime, ça crève les yeux et j'arrive pas à être moi-même avec lui ou à le persuader de venir vivre ici ! »

Grotadmorv alla manger les nouilles par terre. Denis eut un sourire exagérément heureux en voyant cela.

« David aurait eu la même attention… en moins dégueulasse bien sûr… »

Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde


***

On danse, les uns contre les autres
On court, les uns après les autres


Pendant que son frère, sa belle sœur et son neveu étaient au restaurant, David s'entrainait, seul. Comme Denis l'avait préconisé.

« Je suis un crétin… Un crétin fini… »

- Flamajou, Rebondifeu !

Le singe rouge cracha des boules de feu sur les cibles soulevées par Méios. Le gros Pokémon de gelée verte se débrouillait de mieux en mieux avec ses pouvoirs psychiques. Flamajou atteignit toutes ses cibles. Il sautilla, se réjouissant de sa réussite.

- Bravo…

Le Pokémon monta sur David et lui fit un câlin. David sourit.

On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire


Le Pokémon retourna au sol et dansa, fier de son petit exploit. David soupira.

« C'est pas pareil sans Denis… »

Méios regarda son maître qui le regarda.

- J'ai besoin de lui. J'ai besoin de lui et j'agis comme si… comme si c'était pas le cas.

Méios se serra contre David.

- Uuuuh t'es tout collant ! Méios, quand même…

Le Pokémon commença à briller. David s'en étonna.

Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde…


Symbios se plaça face à David, tout content. Le bébé blanc dans la bulle semblait très heureux d'avoir évolué. David plissa les yeux, au bord des larmes.

« Et voilà, maintenant je pense encore plus à lui… et j'ai envie qu'il voie ça… »