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A Guy and his Thundering Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 15/01/2011 à 18:01
» Dernière mise à jour le 24/09/2017 à 19:56

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo

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I - 0,4 % de chances
- Chris !

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Noctunoir commence sérieusement à m'emmerder ! Il vient de foutre en l'air toutes les bouées et les accessoires de plongée ! Y en a partout ! Dans les bassins, entre les gradins... ! Si c'est comme ça que tu élèves tes Pokémon... !

- Je prépare à manger ! Ça peut pas attendre ?

- Tu viens ! Immédiatement !

Je posai le paquet de nourriture Pokémon sur la table et, en soupirant, jetai mon tablier sur le dossier de la première chaise à portée de main. Je me tournai vers Bastiodon et Gardevoir :

- Désolé les gars, vous devrez attendre un peu.

Ils se regardèrent, et Gardevoir, replissant sa longue robe blanche, me sourit gentiment :

- Ce n'est pas si grave. Va plutôt t'occuper de l'autre abruti.

- Gardevoir, s'te plaît. J'ai pas envie que vous redécoriez encore une fois la maison.

- Comme si c'était moi qui cherchait les autres, continua-t-elle de me sourire innocemment.

Bastiodon lui grogna quelque chose, articula lourdement sous son crâne, forteresse d'acier. Le Pokémon Étreinte parut énervée :

- Oh, c'est bon ! Moi, je dis ça, je dis rien. Mais c'est souvent lui qui crée les problèmes.

Je partis vers le bassin. Depuis que j'avais capturé Noctunoir, lui et Gardevoir se chamaillaient couramment. Et toutes les guerres qu'aurait pu connaître une Région n'étaient rien à côté de leurs disputes. Bastiodon, quant à lui, se voyait souvent comme « juge » de leurs problèmes - juge de tout en fait. Il détestait que quelqu'un s'énerve, et il voulait toujours régler le problème par solution pacifique. Un véritable sage, en somme. Bien que ramener son bouclier en pleine baston le faisait parfois s'en prendre de belles dans les dents ; mais bon, l'avantage avec un Pokémon comme lui, c'est qu'il est tenace.


Mon père n'avait pas exagéré. On trouvait des bouées partout, les masques et les palmes flottaient à la surface du gigantesque plan d'eau. Il était en plein milieu du bassin, à grogner en ramassant sur son passage tout ce qui n'avait rien à faire là. Il me vit arriver et recommença ses critiques.

- C'est pas trop tôt ! Fais revenir Noctunoir dans sa Ball, et que ça saute !

- Calme-toi ! répondis-je. Je vais ranger, si c'est ça qui t'embête. Il est où ?

- De ?

- Noctunoir ! Un Pokémon fantomatique noir, avec deux grandes mains, un œil unique, une grande gueule fermée au milieu du bide et un semblant d'antenne sur la tête !

- Ah, oui, oui ! Eh ben... Juste là ! sourit-il machiavéliquement en pointant du doigt les gradins, fier de divulguer la cachette du Pokémon.

Je m'approchai des gradins désignés, puis cherchais. Je me tournai vers mon père, qui marmonnait tout en continuant de ramasser les objets flottants:

- Je te jure, si je le tenais... Qu'est-ce qu'il a, ce Pokémon ? Et dire que j'ai un match dans une demi-heure !

- Excuse-moi de t'interrompre, le coupai-je, mais il n'y est pas.

Mon père se retourna brusquement, interloqué :

- Comment ça, « il n'y est pas » ? Je lui ai pourtant dis de rester là !

Je soupirai :

- Et tu croyais vraiment qu'il allait t'écouter...?

Je parcourais les gradins en l'appelant :

- Noctunoir ! Montre-toi ! Arrête de te cacher !

Aucune réponse.

- Viens m'aider à ranger ! On n'a pas toute l'heure, alors bouge-toi !

Aucune réponse. Apparemment, fallait ruser.

- Bon, eh bien... Gardevoir ! Tu pourras prendre la part de Noctunoir, monsieur ne viendra pas manger ce matin !

Ça n'a pas loupé. J'entendis Gardevoir avoir un sursaut de terreur et crier depuis la cuisine :

- Mais lâche-ça ! Chris ! Noctunoir recommence ! Il est en train de se servir dans le paquet !

Je me tournais vers mon père en souriant :

- Tout simplement.

- J'ai rien dit ! sourit-il, retournant à ramasser le reste en riant.


Après avoir rangé l'arène, rappelé et nourri tout le monde - mon père et moi compris -, on entendit sonner à la porte. Mon père se leva d'un coup et se précipita dans l'entrée en criant :

- Ce doit être le Dresseur que j'attends ! J'y vais !

J'entendis mon père s'arrêter devant la porte, reprendre son souffle pour vouloir montrer qu'il n'avait pas du tout couru pour venir ouvrir, puis ouvrir la porte en prenant un air fier.

- Bienvenue à l'arène de Verchamps, Dresseur !

Une voix féminine répondit en souriant :

- Merci ! Mais je ne viens pas vous battre, moi !

Le ton de voix de mon père changea du tout au tout, soudainement embarrassé :

- Que... Professeure Keteleeria ? Que faites-vous là ? Chris ! Viens dire bonjour !

Déjà là ?! Je me levai, posai ma serviette, et marchai jusque dans l'entrée, pour serrer la main à la Professeure.

- Bonjour ! Que nous vaut votre visite ?

La Professeur m'apparut toujours aussi charmante et pleine d'entrain.

- Chris ! Ça faisait longtemps ! Justement, j'aurais besoin de toi.

Je connaissais madame Keteleeria depuis quelque temps, ayant envoyé ma candidature de stage pour mes études de Professeur Pokémon à son laboratoire, voulant étudier à Unys. Elle m'avait répondu avec une lettre que je garderai sans doute toute ma vie, dans laquelle elle expliquait que ma candidature l'avait emballée, et que je pouvais venir quand je le souhaitais. J'avais évidemment sauté sur l'occasion, et les mois que je passai dans la lointaine Unys, à dépoussiérer de vieux mythes Pokémon ou à étudier avec des outils à la pointe de la technologie furent des plus enrichissants. Bref, nous invitâmes la femme de sciences à entrer, et lui proposâmes de boire quelque chose. Elle acquiesça, en indiquant qu'elle avait chaud et se rafraîchirait volontiers. Pour info, il pleuvait. Le climat Unyssien, je suppose.


Nous pénétrâmes dans la cuisine, nous nous assîmes autour d'un jus de Baie, et Keteleeria nous exposa son problème.

- Chris, tu te souviens des recherches que nous avions mené, à propos des orages négatifs ?

- Oui, bien sûr ! Ceux qui auraient pu être causés par Zekrom ?

Étant donné que j'avais voulu étudier les Pokémon Légendaires d'Unys, j'en avais touché un mot à la Professeure lors de mon stage. Elle m'avait annoncé qu'il n'y pas si longtemps, le Pikachu d'un dresseur avait attiré un nuage orageux dans lequel se cachait Zekrom. Ce dernier a ensuite attaqué Pikachu, en lui absorbant son énergie électrique. Un peu plus tard, ce dresseur étant au laboratoire de Keteleeria, Zekrom reparut et rendit de l'électricité à son Pikachu. Il s'agissait de la plus récente apparition de Zekrom à l'époque. Lors de mon stage, nous avions mis au point un programme qui, en recherchant les données qui avaient été enregistrées, localisait les nuages du Dragon légendaire. C'était en soi assez simple : le précédent nuage étant uniquement et anormalement chargé d'électricité négative, le dispositif repérait les lieux où se trouvait une énorme quantité d'électricité négative.

- Justement ! me sourit-elle, les yeux pétillants. Nous avons localisé un nuage, tout près d'ici !

- Sérieux ?!

Surexcité par la nouvelle, je sautai de joie (et fis renverser un verre sur la table, m'excusai, essuyai ma connerie, puis m'exprimai enfin, le torchon à la main) :

- A quand cela remonte ?

- Hier ! Et il est tout près d'ici ! annonça fièrement Keteleeria.

- Énorme ! Merci d'être venue me prévenir ! Je suppose que vous partez vous en approcher ?

- Oui ! Cela permettra de faire d'autres analyses.

Elle me sourit, connaissant mes passions et ce qui me faisait vibrer :

- Je suis passée par ici pour te demander si tu souhaitais venir !

Pour observer une formation météorologique légendaire ?! Et peut-être avoir une chance d'au moins discerner la silhouette d'un Pokémon aussi fabuleux que Zekrom ?! Il n'en fallait pas plus pour m'égayer ma semaine, voire, mon mois.

- Avec joie, Professeure !

Je me levai aussitôt, pris mes Poké Ball, du papier, un crayon, fourrai le tout dans mon sac, enfilai ma veste, puis filait vers la porte à la vitesse d'un Ninjask. Mon père m'attrapa au vol, par le sac :

- Une minute ! On peut savoir où tu vas ?

Je piétinai, impatient:

- Mais, papa... Il faut vraiment...

- Hmm... Je ne sais pas si tu le mérites... Après ce qui s'est passé ce matin... réfléchit-il en se grattant le menton (ce qu'on ne fait jamais naturellement, d'ailleurs).

- S'il te plaît ! Tu sais combien c'est important pour moi !

Il partit dans un grand éclat de rire, comme à ses habitudes :

- Mais bien sûr, gamin ! Tant que tu reviens en un seul morceau ! Noctunoir, je dis rien, mais...

Je souris, redressai ma veste, et remerciai, plein d'entrain :

- Merci beaucoup !

Keteleeria sourit, pour sortir à ma suite. La pluie continuait de plus belle ; j'utilisai ma veste pour me couvrir la tête, et Keteleeria avec une tablette tactile qu'elle avait apporté sous le bras. J'arrêtai ma course un instant pour me tourner vers mon père :

- Bonne chance pour ton match ! Bats-moi ce dresseur ! le remerciai-je en riant.

- Ne t'inquiète pas ! Ce n'est pas le premier dresseur venu qui me battra aussi facilement ! renchérit-il, toujours dans son éclat de rire. A tout à l'heure !


La Professeure et moi coururent jusqu'aux portes de Verchamps en évitant de se faire trop mouiller par les gouttes. Elle était arrivée en hélicoptère, et ce même engin, qui nous attendait à l'entrée de la Route 213, devait nous conduire jusqu'au nuage de Zekrom. Le pilote m'invita à entrer dans l'appareil ; je montai prudemment, impressionné par la taille d'un tel moyen de transport (que je n'avais jamais pris), et Keteleeria me suivit, bien habituée. Elle ferma l'imposante porte qui coulissa et se claqua derrière nous, puis me présenta ma place, sur un banc de fortune. Je m'attachai suivant les conseils du pilote, et la Professeure s'assit à côté de moi, allumant sa tablette.

- Le nuage est-il toujours en mouvement ? demanda-t-elle au pilote.

- Il a un mouvement uniforme depuis un bon moment, je pense pas qu'il s'en aille de sitôt ! répondit le pilote, sûr de lui.

- Tant mieux ! soupira Keteleeria.

- Où est-il en ce moment ? demandai-je à notre pilote.

- Il arrive au-dessus du Lac Courage, monsieur. Nous y serons en quelques minutes.

L'appareil commença à vibrer, puis le vrombissement se transforma en délicates secousses. Il s'éleva lentement dans les airs, tel, un, hm, un énorme Granivol gris...? C'était très impressionnant, toute cette masse métallique se soulever d'elle-même, et nous soulever sans sourciller... Mais mon excitation gâchait un peu ce moment, ou plutôt, me faisait passer outre - un putain de Zekrom, mince !
Nous étions maintenant à une certaine distance du sol, et l'appareil commençait à filer tout droit. Nous passâmes au-dessus de la plage de la Route 213, survolâmes le Restaurant du Lac et ses clients, puis la Route 214. C'était amusant et effrayant à la fois de voir toute ma région d'en haut. Je me rappelais des cartes que j'avais vu maintes fois, et essayait de me repérer selon. Enfin, nous survolâmes plusieurs cimes, et je me rendis compte : nous étions au-dessus des arbres bordant le Lac Courage. L'appareil ralentit, et sembla avancer aussi prudemment qu'un Luxray scannant les lieux. Le pilote casqué se tourna vers nous.

- Nous approchons du nuage, Professeure.

- Bien. Je vais lancer le programme d'analyse.

Keteleeria sortit un petit coffre qui était rangé en-dessous de nos sièges. Elle l'ouvrit ; il s'y trouvait un ordinateur relié à une machine avec une antenne pliée sur le côté. Elle le sortit, puis installa l'appareil sur ses genoux. Je distinguai au fond du coffre une Faiblo Ball.

- Qu'est-ce que ça fait là ? demandai-je à la Professeure.

- Tiens ? Je n'en sais rien, remarqua-t-elle en prenant la Ball.

Des secousses nous firent trembler dangereusement. Le pilote se tourna vers nous en maîtrisant l'appareil :

- Madame ! Nous y sommes ! Lancez le programme, vite !

- Oui ! Tout de suite ! réagit-elle en me reposant machinalement la Ball.

Elle déplia l'ordinateur, vérifia les branchements de la machine qui y était reliée, puis installa l'antenne. Un programme apparut sur l'écran de l'ordinateur, puis un écran radar s'afficha. Keteleeria fit balayer la zone, on nous signala le nuage rempli d'électricité négative. La Professeure lança une analyse sur ce nuage. Un « bip » se fit entendre entre les secousses de l'hélicoptère qui décrochait dangereusement parfois. Keteleeria s'écria :

- Il est là ! Il est là ! L'ordinateur a détecté un Pokémon dans le centre de la perturbation, et elle est de la même origine que celle qu'on avait en enregistré ! Zekrom est devant nous !

Un point vert clignotant apparut sur l'écran radar, entouré d'un nuage apparaissant par un brouillard vert. Je voulus me lever pour voir ça réellement : je me détachai puis courus au devant de l'hélicoptère. Derrière le pare-brise , on apercevait un nuage noir monumental, planant au-dessus de la caverne du Lac Courage. Il semblait tourner sur lui-même en spirale, véritable cyclone de ténèbres. De minces éclairs bleus apparaissaient puis disparaissaient tels des flashs aveuglants sur les flans de la masse nuageuse. Paradoxalement, il se déplaçait très lentement, dans le boucan d'un tonnerre incessant.

- Asseyez-vous, monsieur ! C'est dangereux ! se fâcha le pilote.

Je ne répondis rien, mais fit comprendre en restant debout que je me fichai de ce que le pilote pensait.

- Ça y est presque ! C'est incroyable la puissance électrique qui se dégage de ce nuage ! jubilait Keteleeria, les yeux rivés sur son écran, pendant que je savourai la vue que j'avais.


Nous étions depuis une bonne minute dans cette situation (moi à regarder la perturbation, le pilote à trifouiller sur le tableau de bord et Keteleeria sur son écran) lorsque le nuage se mit à tourner de plus en plus vite, et se mit à attirer l'hélicoptère, tel le siphon d'une baignoire. Une grosse secousse secoua subitement l'appareil, je titubai mais m'accrochai à la paroi de l'engin. Nous nous rapprochions à grande vitesse du cyclone électrique. Sous la secousse, la Professeure cria, et se couvrit la tête avec ses mains.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?!

- J'en sais rien ! J'essaie de résister, mais rien n'y fait ! alerta le pilote en tirant de toutes ses forces sur le manche pour essayer de contrer l'attirance qu'avait la machine pour le nuage électrique.

D'un coup, le tableau de bord se mit à faire des étincelles, puis de la fumée se mit à en sortir. Puis tout s'éteignit à l'intérieur de l'hélicoptère ; plus aucune commande ne répondit. Nous fonçâmes vers le centre de la masse grise grondante, attirés comme un aimant, dans les cris du pilote et de la Professeure. Les éclairs redoublaient d'intensité et de puissance ; nous étions maintenant pile au-dessus de l'œil du cyclone électrique. L'hélicoptère ne tombait pas, il semblait en lévitation au-dessus de ce monstre. Puis une énorme bourrasque arracha la porte de l'engin. Le vent investit l'habitacle, faisant voler le moindre papier et l'aspirant pour l'éjecter au dehors. Keteleeria s'accrocha à une étagère en métal, le pilote était cloué sur son siège, incapable de faire quoi que se soit, à part crier (qui ne le ferait pas ?) et, quant à moi... A vrai dire, je n'avais rien à quoi m'accrocher. J'essayais de tenir en équilibre sur mes jambes, de m'accrocher au mur (lisse, génial) et la Professeure vit que j'étais mal en point.

- Chris ! Viens par là !

Je titubai, et j'étais à quelques centimètres d'atteindre la main que Keteleeria me tendait. Le problème, ce n'était ni le vent ni la situation mortelle dans laquelle on se trouvait, mais ça a été ce putain de coffre qui était en plein milieu du passage, déplacé par l'attitude bancale du Granivol de fer en légère détresse. Je m'empêtrai dedans comme il faut, puis le choc fit passer le coffre par-dessus bord. Il tomba dans le vide, dans l'œil du cyclone. J'ai pu me rattraper de justesse dans ma chute, ou disons que la Professeure m'a rattrapé. D'un coup, un cri aigu de Pokémon retentit. Un grand flash - puis un énorme coup de tonnerre retentit. Je me sentis chuter, avec cette sensation désagréable des organes en apesanteur et de l'équilibre perdu. La peur n'eut pas le temps de me prendre aux tripes ; il y eut un silence total.


Je ne me souviens plus de ce qu'il s'est passé ensuite. J'ai dû m'évanouir. Nous nous étions assurément crashé après ça, et à la vue de ce qu'il m'entourait. Après avoir ouvert les yeux, je me trouvai allongé sur le sol de l'hélicoptère, la tête secouée. J'ai dû me prendre quelque chose sur le crâne. Devant moi se trouvait la sortie (avec la porte en moins) ; nous étions sur de l'herbe, entre deux arbres, avec l'eau du Lac Courage en arrière plan. Des morceaux de métal arrachés étaient par terre et avait défiguré ici et là les alentours. La Professeure, qui était assise sur le siège qu'elle n'avait pas quitté et qui se tenait la tête dans les mains, accourut vers moi et s'accroupit :

- Chris ! Tu vas bien ?

- Un peu dans le flou, mais ça va. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- On a dû atterrir en urgence, me répondit-elle avec inquiétude.

Le pilote, sortant de nulle part et avec une coupure sur le front et de la sueur sur le visage, s'approcha pour se la péter :

- En effet. Ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi à contrôler la situation.

- Qu'est-il arrivé ? demandai-je en tournant mon regard vers la Professeure.

- Je ne sais pas très bien. Je vais regarder ce qu'a enregistré l'ordinateur.

Elle m'aida à me relever, et alla ramasser l'ordinateur. Il ne semblait pas endommagé (le hasard, sans doute). Keteleeria le déplia puis l'alluma.

- Alors ? Vous avez des infos ? la questionnai-je en m'approchant.

Elle concentra son regard sur la machine, et fronça les sourcils, perplexe. C'est uniquement à ce moment que je remarquai les coupures sur sa temps et sa manche de blouse déchirée sur l'épaule. Avec son brushing défait, et son air encore ahuri par l'accident, je me rendis compte qu'on avait vraiment eu de la chance... Mais elle gardait un calme apparent, scannant les informations avec une véritable dextérité de Professeur Pokémon. Je l'admirais encore plus.

- Eh bien... A en croire l'ordinateur, le radar a détecté une montée d'intensité de l'orage de Zekrom, un Pokémon s'est ensuite échappé de cette turbulence en volant à grande vitesse – Zekrom, sans aucun doute – puis toute l'électricité s'est dissipée. Tout est soudainement revenu à la normale.

- Ensuite, reprit le pilote, l'hélico commença à chuter. J'ai réussi à atterrir avec les stabilisateurs, mais ce n'était pas de la tarte.

A croire qu'il y avait des stabilisateurs sur ces hélicoptères.

- Donc, Zekrom nous a échappé ? supposai-je.

- Non ! se réjouit Keteleeria. Nous avons pu analyser d'autres données, alors tout n'est pas perdu ! Nous allons rechercher un autre nuage, et puis nous y retournerons !

Le pilote parut embarrassé par la fougue de la femme :

- Vous plaisantez ? Après ce que je viens d'encourir, vous pouvez être certaine que...

Keteleeria se tourna vers lui, le regardant comme si c'était un abruti.

- Cela passera par une augmentation de salaire dû à la prise de risque, bien entendu.

Le pilote restait impassible :

- Vous ne m'attirerez pas avec de l'argent dans un autre face à face avec la mort ! Ma parole, vous me prenez vraiment pour un...

- Équivalent à six mois de salaire, finit la Professeure en souriant.

Un petit moment d'immobilité (le choc de l'annonce, sûrement), puis le pilote se mit au garde à vous.

- Je suis votre homme ! La mort ne me fait pas peur, non madame !

- Eh bien, dans ce cas, rentrons ! ordonna Keteleeria en se mettant debout et en refermant l'ordi.

Je me tint prêt à partir aussi, quand mon réflexe de Dresseur me fit tâter machinalement mes poches. J'eus un frisson. Je sortis mes Poké Ball : une, deux, trois... M'en manquait une!

- Professeure ! J'ai une Poké Ball qui me manque ! alertai-je.

Elle me regarda en soupirant :

- Bon. Chris et moi allons rechercher sa Ball perdue, et vous, déclara-t-elle en se tournant vers le pilote, retournez à Verchamps chercher du monde pour prévenir de l'accident, et débarrasser l'épave de l'hélicoptère. Si on le laisse ici, cela pourrait avoir des conséquences sur la vie des Pokémon environnants.

- Bien madame. J'y cours !

Il détala vers Verchamps et s'enfonça dans la forêt bordant le Lac. Keteleeria et moi sortîmes de la carcasse de métal de l'appareil, puis nous nous mîmes à serpenter la forêt.


- La voilà !

Cela faisait une bonne demi-heure que nous cherchions en vain la Poké Ball - une Scuba Ball, pour être précis. Après de passionnantes recherches à apprécier la faune et la flore locales (c'est ironique, hein) j'avais aperçu la sphère bleue scintiller entre deux feuilles. Je courus la ramasser.

- Ah, parfait ! Ce n'était pas de tout repos, cette sortie ! sourit la Professeure. Elle n'a rien ? demanda-t-elle en se penchant au dessus de mon épaule pour regarder l'état de la Ball.

- Non, je pense que c'est bon, dis-je en l'examinant. On peut enfin rentrer.

Keteleeria tourna les talons, se dirigeant vers la sortie de la forêt en replongeant dans ses pensées de Professeure. Prenant exemple, je décidai de faire de même, repensant à l'imposant orage qui nous avait fait nous écraser. Soudain, après quelques pas à fouler l'herbe, un éclat de lumière me fit tourner la tête vers la droite. J'aperçus, entre deux branches, le coffre qui avait voulu m'assassiner dans l'hélico, et, en dessous, au pied de l'arbre, toute de verte étincelante, la Faiblo Ball. Je courus vers le lieu de leur atterrissage forcé.

- Professeure ! Regardez !

Elle se tourna machinalement, puis remarqua elle aussi, au moment où je ramassai la Faiblo Ball :

- Quelle bonne surprise ! Elle était tombée ?

- Il faut croire. Qu'en fait-on ?

- Eh bien, garde-la, je pense que tu en auras plus besoin que moi, sourit-elle. Tu me diras quel Pokémon tu auras attrapé avec !

- C'est gentil de votre part ! remerciai-je cordialement en rangeant la Faiblo Ball dans mon sac, avec les quatre autres.

- Bon ! Sortons vite d'ici, maintenant ! se dépêcha Keteleeria d'un pas décidé, de peur qu'un autre évènement ne nous retienne plus longtemps ici.


Nous rejoignîmes enfin Verchamps dans une voiture qui était venue nous chercher, prévenue par le pilote du défunt Granivol d'acier. Personne n'avait voulu déranger mon père ; il était en plein match d'arène. Et toutes les personnes connaissant le Champion d'arène de Verchamps savait qu'il ne fallait pas le déranger en plein combat pour le badge. Nous descendîmes de la voiture lorsque des camions-bennes sortaient pour aller nettoyer le Lac Courage. Keteleeria me salua, en m'expliquant qu'elle devait prendre congé pour retourner à Unys afin d'étudier les informations que nous avions recueillies. Elle devait faire route vers Joliberges pour prendre un ferry qui l'emmènerait jusqu'à Volucité. Elle n'avait plus confiance dans les moyens de transports aériens, et puis elle rajouta que ça lui fera découvrir Sinnoh. Je la saluai également, puis elle se retourna une dernière fois en me recommandant d'aller faire un tour au Centre Pokémon, histoire de voir si mes Poké Ball n'avaient rien. Je suivis son conseil, et elle disparut derrière les portes de sortie de Verchamps

Je me dirigeai donc vers le Centre, et entrai, comme si de rien n'était. Je saluai Joëlle.

- Bonjour !

Elle me reconnut, puis devint folle d'inquiétude, en voyant mon état défraîchi et mes vêtements partiellement abîmés.

- Chris ! Vous allez bien ? On m'a signalé que votre voyage vers le Lac Courage s'était mal passé...

- Ne vous inquiétez pas, souris-je pour la rassurer. Tout va bien. Je passais vous voir pour que vous puissiez examiner mes Poké Ball, pour vérifier si elles fonctionnent correctement.

Elle laissa échapper un soupir de soulagement. Elle prit mes Poké Ball, et appela Leveinard, qui arriva avec un plateau avec six cavités arrondies, ceux utilisés pour transporter les Ball des Dresseurs. L'infirmière Joëlle se pencha gentiment vers son amie :

- Leveinard, va vérifier les circuits de ces Poké Ball et l'état des Pokémon, s'il te plaît.

- Vérifiez également la Faiblo Ball, elle n'en contient pas mais pour savoir si elle est toujours en bon état, rajoutai-je.

Leveinard acquiesça, toute heureuse de s'occuper de patients, comme à son habitude. Joëlle la suivit en me conseillant d'attendre dans le hall. J'approuvai son choix, puis retournai à l'entrée.


Le hall était vide, cela était assez rare pour un Centre Pokémon. Au moins, cela signifiait que personne n'avait de problème. Ou qu'aucun Dresseur ne passait dans le coin. Les voyages initiatiques se font souvent à la rentrée ou durant l'été, cela dit. Je m'assis sur une banquette prévue pour patienter, et, les coudes sur les genoux et les mains l'une dans l'autre, je regardai fixement le carrelage. Je repensai à l'accident du Lac Courage. Les conséquences de l'accident étaient pourtant claires, mais quelque chose m'échappait, je ne savais pas quoi. En tout cas, j'étais impatient d'avoir les résultats de la Professeure. Zekrom avait été si proche... Est-ce que ça pourrait m'aider pour mes études en Pokémonologie ? Genre, un bonus pour mes mémoires ? Et puis, si ça se trouve, j'avais été en contact avec une sorte d'électricité sttaique Légendaire, qui aurait des effets totalement-
Soudainement, un cri de surprise venant de la salle où s'étaient dirigés l'infirmière et Leveinard me fit sursauter. Je courus à la rescousse de Joëlle en envoyant valser ce qui se trouvait sur mon chemin. J'ouvris subitement la porte de l'infirmerie : Joëlle était étendue au sol, évanouie. Leveinard faisait une mine affolée et stressée à fixer l'écran accroché au mur, où s'affichait l'état des Pokémon contenus dans les Ball que j'avais apporté. Je m'approchai. Je n'avais pas encore le vocabulaire, à l'époque, pour décrire le mélange de surprise et d'hallucination qui m'avait frappé l'esprit. Dans la machine, se trouvait la Faiblo Ball, et, sur l'écran, section « Etat Pokémon », se dessinait l'image de Zekrom.