Hakai No Rakuen : Le Paradis de la Destruction. de Coorjet

Kanemochi, 11h.
Toute la ville était en pleine effervescence. La population était tour à tour partagée entre la panique, l'émoi, la colère, ou bien tout simplement fondait en larmes. L'annonce médiatisée de l'imminence d'un probable attentat
avait bouleversé radicalement le quotidien des habitants. Bien que Kanemochi soit le plus important centre financier du continent, les habitants ne faisaient paradoxalement du luxe une priorité dans leur vie; tous privilégiaient leur vie simple et sans soucis, non basée sur les richesses comme on aurait pu le penser au premier abord. Alors évidemment, lorsqu'on vous annonce du jour au lendemain que cette "micro-société" parfaite risque de s'écrouler d'un moment à l'autre, le changement d'atmosphère est très perceptible; gradation de la béatitude habituelle, vers l'oppression réelle. De plus, les renseignements qui avaient daignés être donné à la foule par les autorités étaient peu précis, ce qui accentuait l'air mortuaire et terrorisé qu'arboraient tous ces pauvres gens, avides de fuir leur lieu de résidence, pourtant adoré, qui était plus semblable en cet instant à une zone de danger mortel.

C'est donc en ligne par moments, en désordre total dans d'autres, que beaucoup de ce petit monde tentait de quitter leur paradis sur terre, en désertant la ville, pour sauver leur vie ainsi que celles de leurs proches.
Voitures, camionnettes et scooters s'agglutinaient aux quatre sorties de la ville-chacune étant dirigée vers un des points cardinaux, pour montrer cette puissance commerciale et les liens de Kanemochi avec le reste du continent.

C'était une véritable exode. Les gardes postés en faction aux sorties se démenaient tant bien que mal pour assurer leur contrôle, non pas des entrées mais des sorties ; tous les agents étaient réquisitionnés pour surveiller le mouvement massive du peuple, en pleurs et inconsolable.

Pour ajouter à la protection du centre, un corps militaire avait été déployé autour de la ville, afin de parer à tout type d'attaque. A ce moment, on aurait presque pu croire qu'une guerre massive se préparait. Mais personne n'avait pu imaginer un seul instant ce à quoi ils allaient être confrontés. L'aube d'un jour noir se levait au loin sur Kanemochi.

???, 11h30

Les discussions allaient de bon train autour de la longue et épaisse table d'ébène du manoir. Personne ne doutait de la future réussite du plan du maître. Une voix tonna et le flot de paroles s'acheva.
- Bienvenue à tous à cette petite réunion.. d'avant guerre, ai-je envie de dire ! dit l'homme perché sur une estrade au bout de la table. Je suppose que vous tous êtes fin prêts pour notre petite surprise de ce soir?

Un rire d'approbation de l'assemblée salua cette remarque. L'homme était figé, riant délicatement derrière le fichu noir qui cachait son visage des yeux scrutateurs du public. Akumu était le maître incontesté de cette nouvelle Jigoku, fier descendant de ceux qui nourrissaient eux aussi un pur désir de vengeance envers ce monde injuste. Après tant d'années, et tant de labeur, l'Organisation s'apprêtait enfin à atteindre une nouvelle fois un summum dans la démonstration de sa puissance. Il pose le regard sur chacun des commandants ainsi au plus près de lui. Il avait sélectionné chacun d'entre d'eux avec soin, et connaissait parfaitement leur préférences et leur compétences dans les domaines de destruction et de sadisme. Ils étaient ses pions, mais aussi ses engrenages et ses conseillers. Si la Jigoku était si redoutable, c'était grâce à la mainmise absolue d'Akumu sur chacun des sujets de son Empire caché.
Mujou, l'impitoyable, se leva :
- Chacun de vous a apporté la pierre à l'édifice qui nous permettra de ruiner définitivement cette société ratée et déshonorante.
- C'est bien vrai, Mujou, appuya Akumu en froissant l'étoffe de fichu d'un sourire presque imperceptible. La Jigoku va enfin pouvoir renaître de ses cendres passées ! Et ceci grâce au travail de chacun de vous ! C'est après tout ce temps que nous allons enfin montrer qui nous sommes ! Je n'ai qu'une chose à dire : Mes félicitations.

Une salve d'applaudissements et de sifflements accueillit la tirade, et tous se levèrent pour applaudir leur maître.
Akumu sourit. Cette puissance dont ils avaient tellement besoin pour mener à bien leur dessein était si proche que l'euphorie était palpable.

Mujou discutait radieusement avec son voisin, quand une femme en face se levant, exaspérée par le comportement de l'Impitoyable :
- Comment peux tu être si joyeux alors que tu t'es fait semer par quelqu'un au courant des grandes lignes de nos plans, et qui plus est, un gamin? s'écria t-elle.
Mujou arrêta net de rire; la tension venait de monter d'un cran et la joie était totalement retombée.
- Pour un soi disant professeur incapable de faire tenir une gamine en place, tu me parais bien présomptueuse, Zassou! répliqua-t-il
-Il SUFFIT! tonna Akumu en descendent de son estrade.
Il se place debout sur la place, entre les deux protagonistes, qui se fixaient, un air de défi mêlé de rage dans les yeux.
- Peu devrait nous importer si un tel ou un tel a eu un aperçu de nos plans. Nous sommes totalement invincibles à présent, et nul d'entre vous ne devrait en douter! Notre suprématie est sans tâches, et notre importance sera bientôt telle que tous nous craindront. Cette organisation est pour l'instant votre unique raison de vivre, ne l'oubliez pas, et suivez les règles, si vous tenez à ce que notre apogée arrive. Sur ce, je me dois de vous quitter.
Préparer notre surprise de tout à l'heure devrait prendre assez de temps..

La chef mystérieux s'en fut alors, escorté de ses gardes, d'une démarche souple et posée, telle celui qui a confiance en lui, et qui donne fierté à ses projets. Mujou et Zassou ne pipèrent mots, se serrèrent la main pour calmer le jeu, et chacun s'en fut, aussi vite que l'éclair, à préparer de son côté une partie de l'assaut.


Dans l'ombre au dessus la scène, un jeune homme avait observé et noté chacun des détails de cette réunion secrète.
Infiltré ici via une camionnette en provenance de Kanemochi, il ne savait pas exactement où il se trouvait et par conséquent, quel était le lieu de cette réunion, mais il avait obtenu les renseignements qu'il lui fallait, et c'était suffisant.
-C'est bon Motisma, tu peux revenir, dit-il à son Pokémon, occupé à baisser l'intensité des lumières pour ne pas qu'on le repère.
Yakei descendit de la poutre où il était perché, après s'être assuré que personne ne le suivait, ou ne le voyait et d'un pas silencieux, reprit le même chemin qu'à l'arrivée pour se cacher clandestinement dans une camionnette, afin retourner urgemment informer ses commanditaires de quoi il en retournait réellement.