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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 20/12/2010 à 20:12
» Dernière mise à jour le 20/12/2010 à 21:51

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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028 - Impossible
« -Parce que Roland Smirnoff ne pratique pas le traitement de faveur ni l'aveuglement. Si tu vois que le roi est nu, le roi est bel et bien nu, fous-toi de sa gueule. »
(Roland à Stuart dans le chapitre 249 - Clash de Rousses)

« Don't stop me now
Don't stop me
Cause we're havin'a good time, Havin'a good time ! »

(Ne m'arrête pas maintenant, car nous prenons du bon temps)
(Queen, Don't stop me now)



Quand Rachel se leva ce matin, Roland n'était pas à côté d'elle. Il était au piano, en train de jouer. Elle se leva et le regarda. Il était maussade et jouait quelque chose de triste.

- Je savais pas que tu composais aussi…
- Rarement. Je suis mauvais à ça.
- C'est plutôt morose ta composition…
- Je sais pas composer, et encore moins des airs joyeux…

Roland cessa de jouer.

- Si on déménage, on pourra l'emmener ?
- Je suppose. En se le faisant livrer par camion. Tu pourras même lui donner un nom.
- Il en a déjà un. Mendelssohn. Du nom du meilleur pianiste de tous les temps.

Rachel hocha la tête.

- Cet appartement va me manquer.
- Inutile de sombrer dans le misérabilisme.
- C'est pas toi qui y vit depuis ton arrivée à Kanto. J'ai tellement évolué dans cet appartement…
- On est obligés d'aller à l'académie aujourd'hui ?

Rachel acquiesça.

- On est obligés. On se battra jusqu'au bout.
- Hm. Mais pas à armes égales.
- Je suis sûr qu'un truc nous échappe… Que quelque chose pourrait régler ça très simplement… marmonna Rachel.
- Tu crois ?
- On s'y est peut-être pris un peu violemment avec elle… Moi la première.

***

Claire et Malcolm arrivèrent les premiers à l'académie, et ils eurent la surprise d'apercevoir quelqu'un qu'ils connaissaient dans le hall d'entrée.

- Tiens ! Bonjour !
- Mademoiselle Perry…

Claire s'approcha de Stuart Gibson, monté sur ses béquilles, et lui fit la bise.

- Tu vas bien ? Malcolm, tu te souviens de Stuart, l'élève de Roland ?
- Oui… même si c'est une période que je préfère effacer de ma mémoire, je me souviens de toi.

Malcolm serra la main de Stuart. Il regarda Claire.

- Vous avez su pour Marie-Hélène, au fait… marmonna le jeune handicapé.

Claire hocha vivement la tête.

- J'étais un peu en face d'elle… Mauvais souvenir !
- J'aurais utilisé une autre expression… marmonna Malcolm.
- Mac ! Tout de même ! Pourquoi es-tu ici ?
- Conférence organisée par le principal Hadley… Monsieur Lewis est donc parti…
- Oui… à notre grand regret, la nouvelle doyenne est une harpie ! Souffla Malcolm.
- Oh. Monsieur Smirnoff va venir ?
- Oui bien sûr ! Il va être content de te voir et… je pense que tu vas être bien surpris ! Sourit Claire, malicieuse.
- Ah… Si vous le dites !
- On doit y aller, ce fut un plaisir Stuart !
- De même, mademoiselle Perry !
- Salut Stu ! Sourit Malcolm.
- Bonne journée, Monsieur Heine.

Les professeurs s'éloignèrent. Une silhouette observait Stuart, mais au final elle décida de s'avancer.

- Jeune homme…
- Bonjour madame…
- Que faites-vous ici ?
- Je suis Stuart Gibson, je suis là pour la conférence sur la préparation aux voyages itinérants.
- Certes. Vous deviez arriver à…
- Neuf heures, il est neuf-heures quinze.
- … Donc vous êtes en retard !
- Non, je suis là depuis neuf heures.
- Vous êtes sûr de devoir rester là comme ça ?
- Il y a une salle où je dois me poser ? J'attends les autres conférenciers, là…
- Vraiment ? Avez-vous une preuve ?
- Bien sûr, j'ai ma convocation…
- Il n'est pas question de convocation, avez-vous signalé votre présence…
- Oui.
- … informé l'établissement qu'une conférence se tenait ici…
- C'est l'établissement qui m'a appelé…
- Oui mais moi je n'étais au courant de rien !
- C'est votre problème.
- Ne haussez pas le ton !
- Je ne haussais pas le ton.
- Vous êtes bien insolent jeune homme !
- Non.
- Je vous ai à l'œil !
- Soyez vigilante, des fois que je m'échapperais en courant…

Stuart montra ses béquilles. Meredith soupira d'un air suffisant et montra ses gros nichons couverts par un t-shirt blanc.

- Ne jouez pas au plus malin avec moi, vous allez perdre !
- Du temps, oui…
- Pardon ?
- Rien… Vous êtes qui au fait ?
- Je suis Meredith Tucson, la Doyenne des professeurs !
- … La doyenne des professeurs ?
- Oui jeune homme ! Pourquoi, ça vous pose un problème ? Vous avez quelque chose à redire ?
- … Evitez le café en intraveineuse, peut-être…
- Pardon ?
- Rien, vraiment !
- Je déteste ce genre de personne qui dit « Rien », c'est le genre « Je n'assume rien de ce que je dis », vous m'êtes particulièrement détestable !
- Vous êtes la Doyenne des professeurs, je suis un intervenant pour une conférence !
- Ca ne change rien !
- Y'a un léger problème de subordination, techniquement vous n'avez même pas à me parler, et encore moins sur ce ton autoritaire !

Meredith grommela, s'étouffa, tiqua.

- Jeune… Non mais… Petit…
- Eloignez-vous de lui, immonde Gorgone…

Roland regarda Meredith qui grimaça.

- Vous…
- Foutez le camp avant que j'appelle la sécurité, Gargamelle. Ce jeune homme…

Roland serra la main de Stuart.

- … a été mon élève en voyage itinérant, et je vous défends de l'agresser !

Rachel se tenait à l'écart. Meredith désigna Roland.

- Menteur ! Les handicapés ne peuvent pas…

Roland lâcha Absol qui aboya à la face de la doyenne qui s'éloigna, apeurée.

- ELLE EST SOURDE EN PLUS, BORDEL ! Ca va, Stuart !
- … Elle est épuisante !
- Tu n'es pas le seul à le penser…

Rachel arriva et fit la bise à Stuart.

- Tu vas bien jeune homme ?
- Ca va, Miss Rachel. Je suis là pour une conférence…
- Sur le voyage itinérant ? Super ! Comment ça se fait ?
- Bah depuis le diplôme j'ai été quelque peu obligé de militer…
- Oh… soupira Rachel.
- Eh oui… et me voilà ici pour un petit discours de quatre minutes afin de… dire aux élèves qu'il ne faut pas paniquer et que « même un handicapé peut le faire ».

Roland plissa les yeux et regarda Rachel qui se retenait de rire.

- Je sais, ça peut prêter à sourire…
- C'est même un peu ridicule ! Osa Rachel.
- Bah oui mais que voulez-vous…
- Tu pourrais… sortir un peu des sentiers battus, proposer quelque chose de plus personnel…

Stuart sourit.

- Vous savez, il y a des coups de folie très sains. Quand j'ai dit devant tout le monde à quel point ma… mise en avant était une fumisterie, j'étais dans une folie très saine. Et il y a des folies malsaines comme… la mise au monde de votre doyenne et tout ce qui s'en est suivi…

Roland et Rachel sourirent en se regardant. Stuart plissa les yeux.

- … vous sortez ensemble ?
- Bien deviné ! Sourit Roland.
- C'est nouveau, oui ! Admit Rachel.
- Cool. Vous allez bien ensemble. On s'en doutait avec Edgar que vous l'aimiez bien.

Roland agita la tête en rougissant. Rachel ricana.

- Ils ont bien su lire en toi !
- Ca va, hein ! On te laisse, Stuart…
- Les conférenciers arrivent, ils vont me protéger de… Gruntilda…
- Si Tucson pouvait finir comme elle ! Acquiesça Rachel.
- Elle est si terrible que ça ? Marmonna Stuart.
- On est au bord du licenciement pour incompatibilité d'humeur… souffla Roland.

Stuart acquiesça.

- Dur.
- Ouais… A plus, Stu.
- Hm. Bon courage…

***

- Vous pourriez dire quelque chose, je me sens super mal, là…

Dimitri regardait Yann et Rose qui se regardaient.

- Y'a rien !
- Nan, rien ! Ajouta Rose.

Dimitri plissa les yeux, suspicieux.

- Vous me cachez quelque chose.
- Non !
- Absolument pas !
- Je suis pas né de la dernière pluie, vous savez…
- T'es ridicule, Dimitri… soupira Yann.

Les élèves entraient dans la salle.

- Vous avez été à la confiserie sans moi ?
- Nan ! Soupira Rose.
- Yann, tu as une console de jeux ?
- Non plus… marmonna Yann.
- J'vois bien qu'il s'est passé un truc. Rose, tu as une console de jeux ?
- Mais non, Dim…
- Alors c'est quoi ? Dites, j'me sens exclu !

Yann et Rose semèrent Dimitri un instant.

- De quoi il parle ? S'étonna Yann.
- J'en sais rien à vrai dire ! Marmonna Rose.

Dimitri les rattrapa.

- Je sais, je sais ! Il y a un trou dans le parquet de Rose !
- … Où tu vas chercher tout ça ?! Marmonna Yann.

Ils s'assirent. Rose et Yann mirent leurs ordinateurs en place.

- J'avais jamais fait le rapprochement mais ton ordinateur est rose ! Sourit Yann.
- Bravo, tu as très bonne vue !
- Vous avez trouvé un trésor et vous voulez pas me dire où il est caché ?

Yann regarda Dimitri, intrigué.

- Dimitri, sérieux !
- Je suis tenace. Comme un Marcacrin !
- Tu m'étonnes, une vraie fouine ! Y'a rien, on te l'a dit ! On sait même pas de quoi tu parles !
- C'est vrai quoi Dimitri… marmonna Rose.

Dimitri tapota son nez avec son index.

- J'ai du flair, croyez-moi. Vous avez un truc en plus par rapport à hier. Je le sens !
- On a dû te voler un bout de cerveau alors… et on l'a mangé ! Supposa Yann.

Claire arriva sur l'estrade. Elle regarda l'heure et commença le cours.

- Très bien, asseyez-vous… Aujourd'hui on va aborder la très particulière physique des Dragons… Une partie très chiante du programme car basée sur énormément de suppositions, de théories et surtout - à mon grand dam - de spécificités religieuses que je suis obligée de vous citer. Chaque fois que je fais ce chapitre, je suis mais alors gavée. Je n'apprécie pas beaucoup les Pokémon Dragon à cause de ça d'ailleurs…

Dimitri se tourna vers Yann et Rose.

- Vous élevez un Pokémon Dragon blessé dans la forêt et vous voulez pas me le dire !
- ……….
- ……….

***

- On remercie Stuart pour son invitation… souffla Roland.
- En fait c'est notre tour ce matin et ce sera les autres classes l'après-midi… marmonna Rachel.
- C'est d'un débile… soupira Malcolm.

Les deux le regardèrent.

- Ca fait bizarre que tu tiennes la chandelle ! Sourit Rachel.
- Je tiens pas la chandelle ! Vous n'êtes pas qu'un couple, vous êtes aussi… ma sœur et mon meilleur ami !
- On est surtout un couple en fait ! Admit Roland.
- Tout à fait, j'ai vendu mon individualité au Diable ! Sourit Rachel.

Ils ricanèrent tous les deux. Malcolm haussa les sourcils.

- Cette conférence va être longue.
- Pourriez-vous vous taire ? Cela va commencer !

Les trois se retournèrent vers… Meredith.

- Bwooooh…
- Eh merde…
- Han la chieuse !

Ils se levèrent et changèrent carrément de place. Meredith fronça les sourcils.

- N'importe quoi, je vous jure !

Roland, Rachel et Malcolm se mirent au premier rang.

- Y'a une place libre à côté de toi, Mac ! Geignit Roland.
- Merde, merde, merde ! Passez-moi vos vestes !! Ou attrapez un élève à portée de main !
- Mac… soupira Rachel.

Meredith arriva et vint se placer à côté de Malcolm.

- C'est du harcèlement caractérisé ! Grogna Malcolm.
- Tout à fait, vous chercheriez la merde que ce ne serait pas plus réaliste ! Soupira Rachel.
- J'ai le droit de me placer où je veux !
- Quel dommage qu'aucun de mes Pokémon ne puisse vous dévorer… marmonna Roland.
- Scorvol pourrait ! Suggéra Rachel.
- Pas seul !
- Ah.
- Musteflott pourrait l'aider !
- Meredith ? Mais…

Vincent arriva, semblant avoir cherché la doyenne. Il soupira.

- Meredith, ça n'est pas correct !
- Il n'y avait que cette place là !
- Tout de même, vous êtes gonflée de vous mettre à côté d'eux, c'est de la provocation !

Roland regarda la doyenne.

- Le brame est terminé, vous n'avez plus à essayer de nous grimper dessus pour féconder nos ovules !

Rachel et Malcolm regardèrent Roland, éberlués, tout comme Vincent. Roland agita la main.

- Il faut Wikipedia pour la comprendre, celle-là.

Vincent regarda Meredith.

- Décale-toi d'une place !
- Hmph…

Rachel regarda Vincent qui se plaça à côté de Malcolm.

- Vous êtes bien familier avec elle…
- Plait-il ?
- … vous la tutoyez ! J'ai rarement vu ça dans l'administration, il y a un formalisme qui n'autorise pas de tels écarts de langage !
- … et qu'en savez-vous au juste ? Demanda Vincent.
- Simple, avant de vouloir être professeur j'ai commencé une école d'administration, mais devant mes résultats assez médiocres, j'ai suivi la voie de l'enseignement. Ca m'intéressait de motiver des jeunes. Mais du peu que j'ai appris en administration, c'est très rare qu'on tutoie ses collègues !

Vincent hocha la tête.

- Mademoiselle Heine, au risque de vous paraître indélicat, vous allez bientôt être licenciée pour baisse du niveau de l'établissement, alors à mon sens, vos appréciations ne sont pas dignes d'être entendues.
- Très bien, Adolf. Saluez Eva pour moi ! Sourit Rachel, laconique.

Roland ricana et tapota la cuisse de Rachel. Vincent plissa les yeux.

- Et puis, parler de familiarité quand on mène une relation amoureuse sur son lieu de travail, c'est malvenu ! Admit Vincent.
- … Ma fiancée travaille ici aussi ! Marmonna Malcolm.
- C'est votre fiancée, il y a quelque chose d'officiel entre vous.
- C'est pas vrai, c'est un putain de concours ? Grommela Roland.
- … pardon ?
- Fermez-là ! Ok ? Vos appréciations mesquines sur nos vies, on s'en bat les couilles ! Occupez-vous plutôt de votre vie à vous ! On se doute qu'elle est merdique mais inutile de le faire savoir comme ça ! Soupira Roland.
- Et voilà, on se fait un ennemi supplémentaire… soupira Malcolm, consterné.
- Si je puis me permettre, monsieur Smirnoff, Rachel est la seule concernée dans cette histoire, inutile que vous interveniez !
- Si elle part, je pars aussi, tête de con !

Vincent s'étonna.

- Ah ça c'est embêtant…
- N'est-ce pas.
- … et à salaire doublé, vous restez ?
- Et si elle fait cours seins nus, vous la gardez ?

Rachel donna un coup de coude à Roland. Malcolm se leva pour le frapper.

- C'est ma SŒUR, connard !!!
- Un peu de respect bordel, sinon je brûle Mendelssohn !! Grommela Rachel.
- Nan, pas Mendy ! Geignit Roland.

Meredith soupira.

- Quelle bande de gamins…

***

- … et c'est donc officiellement parce que « Dieu est en chaque Dragon »…

Claire bâilla sans se couvrir la bouche.

- … qu'ils sont quasiment au dessus de toute appréciation élémentaire. Des questions ?

Beaucoup d'élèves levèrent la main.

- Oh, rien à foutre, vous irez sur Internet, j'ai envie de passer à autre chose, parler d'un type débile, ça ne m'intéresse pas…
- T'as un livre pour ça aussi ? Demanda Yann.

Rose secoua la tête, gênée.

***

- Claire doit s'ennuyer à mort, elle donne un cours sur les Dragons… marmonna Malcolm.
- La pauvre… admit Rachel.
- Pas cool en effet… marmonna Roland.
- Hier elle voulait mettre un oreiller dans sa sacoche…

Vincent soupira.

- Pas un pour rattraper l'autre décidément…
- Dites, se mêler des affaires des autres fait-il partie de votre religion ?
- … Non !
- Alors abstenez-vous ! Grogna Roland.

Le conférencier arriva au pupitre. Stuart était derrière, sur une chaise.

- Chers élèves, bienvenus à cette réunion d'information à propos du DOCRD, votre Diplôme d'Observation en conditions réelles de dressage.
- Je suis ravi qu'ils aient enfin retiré cet horrible « Examination » qui ne voulait rien dire… souffla Roland.
- Shhht ! Grommela Rachel.
- Quoi ?
- On est au premier rang, crétin !
- Ce diplôme est une institution, un trait unique à la région Poképolite, il date d'il y a près de quatre-vingt ans. Le premier voyage itinérant a été effectué en 1963, une entreprise qui coûta près de six cent millions de Pokédollars, et qui aujourd'hui encore est un coût étatique nécessaire tant ce voyage a prouvé par maintes fois ses bons effets. Cette année, nous n'avons pu organiser de voyage itinérant pour cause de problèmes budgétaires - c'est une perte dommageable pour vous tous, mais soyez assurés que la prochaine édition sera hautement parfaite, sans les problèmes récurrents qu'on rencontre durant ces voyages. Un historique clair et précis va mettre en lumière les divers évènements qui ont émaillé les voyages itinérants.

Roland fit semblant d'applaudir en se mordillant les lèvres comme une jouvencelle. Rachel et Malcolm levèrent les yeux au ciel.

***

- Il a raison.

Rose s'étonna. D'autant plus que ce soit Yann qui l'exprime.

- Enfin, il a tort dans un sens, il ne s'est rien passé de significatif, mais… quelque chose a changé.
- … parce que tu m'as embrassée ?
- Nan ! J… J'pensais même pas à ça ! Et c'était sur la joue ! Léopold m'embrasse sur la joue avant de dormir !
- … Alors quoi ?
- Je sais pas… Y'a quelque chose qui est différent, j'te vois différemment !
- … alors ça c'est nouveau…
- Tu me vois pas différemment ?
- … Yann, pas… pas vraiment…
- Ah ouais ?
- Oui, Yann, tu es… la même personne à mes yeux !
- … Je sais pas, hier j'étais bizarre en rentrant. J'ai repensé à tout ce qui s'est passé chez toi…
- Ne sois pas idiot Yann, il ne s'est rien passé de précis !
- … T'es sûre ?
- Mais oui !
- Et quand j'ai lu ce poème, t'étais bizarre.
- Ca n'a rien à voir.
- J'ai eu l'impression de faire un truc horrible en lisant trois lignes !
- Mais non enfin, ne parle pas de ça !
- Pourquoi ?
- Mais parce que !
- Pourtant j'ai l'impression d'avoir touché quelque chose de sensible ! Et plus je repense à cette visite plus je me dis que tu avais l'air plus embarrassée que moi !

Rose se retourna vers Yann.

- MAIS POURQUOI NE PEUX-TU PAS JUSTE PRENDRE LES CHOSES COMME CE QU'ELLES SONT ! DES DETAILS, YANN, CE NE SONT QUE DES DETAILS !!

Elle partit dans les couloirs. Yann pencha la tête. Dimitri rejoignit Yann.

- Wow. Elle a crié !
- … Dimitri, pose pas de questions, ok ?
- D'accord. Il s'est passé quoi ? Vous avez parlé de quoi ? Pourquoi elle a crié ?
- Dimitri, t'es sourd ?
- Nan. Pourquoi tu demandes ça ?
- …

***

Pause dans la conférence. Roland va au buffet. Vincent arriva à côté de lui.

- Vous avez trouvé des acras de morue ?
- … Tenez.
- Oh merci… Mais c'étaient les derniers !
- Bof.

Vincent regarda Roland qui picorait dans les assiettes.

- Ecoutez monsieur Smirnoff je suis désolé de cette situation déplorable…
- Et moi donc. Je travaille ici depuis longtemps et là je me retrouve à avoir envie de partir…
- Je peux peut-être arranger votre mutation… ça vous aiderait ?
- Vous ne pourriez pas arranger notre salut ici ? Monsieur Hadley, vous êtes notre principal, et je vous respecte, mais Meredith Tucson est… une femme nuisible !
- Oh voyons, monsieur Smirnoff…
- Elle a failli se battre avec le jeune homme handicapé là, qui discute avec la jeune femme !

Vincent regarda Stuart.

- Ce petit ?
- C'est Stuart Gibson, il a été mon élève en voyage itinérant.
- … Oh oui c'est lui le premier handicapé à avoir mené un voyage itinérant de bout en bout !
- Voilà. Elle s'est presque engueulé avec lui ! Vous vous rendez compte ! Objectivement, monsieur Hadley ! Il faut soit la calmer soit la démettre de ses fonctions !

Vincent soupira.

- Je ne peux pas faire ça.
- Qu'est-ce qu'elle a d'indispensable, monsieur Hadley ? Bon sang ! Elle est coléreuse, provocatrice, dangereuse, c'est une furie !
- C'est… la meilleure doyenne qu'on puisse avoir !
- Vous voulez un bon doyen ? Malcolm Heine !
- Votre ami, mais…
- Malcolm est la personne la plus raisonnable que je connaisse. Il est un peu con parfois mais il fait les choix les plus raisonnables. Il a quitté sa famille pour s'occuper de ses parents blessés de guerre ! Quel homme fait ça sans avoir un sens de l'honneur disproportionné ?
- Vraiment ?
- Oui ! A l'inverse, Rachel les a envoyés en HP et en maison de retraite !
- C'est le jour et la nuit ces deux là… et effectivement les résultats de Malcolm sont excellents, contrairement à ceux de sa sœur…
- Rachel est trop praticienne pour convenir aux codes d'une académie, elle serait meilleure en fac. Monsieur Hadley… Nous ne sommes pas les meilleurs professeurs du monde, nous ne sommes pas parfaits mais… Nous ne méritons pas ça. Rachel ne mérite pas ça, Malcolm non plus et Claire encore moins.

Vincent cligna des yeux.

- Il… ne s'agit que de Rachel Heine, comment cela peut vous faire tous trembler à ce point ?
- Nous sommes une famille, monsieur Hadley. Un membre de notre groupe s'écroule, on le soutient. A la vie à la mort. Vous avez déjà aimé quelqu'un, monsieur Hadley ?

Le proviseur hocha la tête.

- Alors vous voyez ce que je veux dire.

Roland s'éloigna en soupirant, épuisé. « J'aurais essayé… »

Meredith approcha de Vincent.

- Y'a plus de beignets de calamar ! Ca fait chier, ils ont encore fait les cons avec la bouffe ! Oh, des acras !

Elle piocha et les mangea immédiatement.

- Trop bons !

Vincent la regarda, un maigre sourire sur le visage.

- Dépêche-toi de faire virer la grosse pute.
- … Meredith, voyons…
- Ca commence à bien faire. Elle me nargue, je déteste ça. Vire cette pute au plus vite. Ca presse !

Vincent baissa la tête en se mordillant les lèvres.

***

Claire semblait démotivée. Elle le sentait elle-même. Tant de pression. Les élèves faisaient des exercices, et Moustillon éventait sa maîtresse avec son coquillage alors qu'elle maugréait pour elle-même. Yann, Rose et Dimitri faisaient leurs exercices. De temps en temps, Yann regardait Rose. Quand elle regardait vers lui, il détournait les yeux.

***

- Ca va monsieur ?

Roland regarda Stuart.

- Oh oui… Sauf que… Tout va changer !
- C'est des choses qui arrivent…
- Rachel va se faire virer… et… je partirais avec elle parce que… je l'aime, il faut dire ce qui est… Et ça me fait peur. Parce qu'une fois qu'on quittera cette endroit… ce sera la grande aventure.
- Et c'est pas bien ?
- C'est nouveau ! Et effrayant !
- Et vous avez presque un quart de siècle, la vache !

Roland plissa les yeux. Stuart haussa les épaules.

- Moi j'ai 17 ans et je suis à la fac ! C'est terrible !
- Ca se passe au fait ?
- Avec cette guerre, tout le monde flippe un peu, mon père le premier… Il a une copine au fait, qu'il a rencontré pendant l'évacuation.
- Ah ?
- Oui. Comme quoi tout arrive.
- Hm, ouais. Ca t'arrivera un jour !
- Ca n'entre pas vraiment dans mes préoccupations du moment, monsieur Smirnoff…
- D'accord, d'accord.
- Les autres… Edgar est dans une fraternité…
- Ow. Tu gardes un œil sur lui ?
- On discute de temps en temps mais je passe la plupart de mon temps avec Gilles et Omar. On a pris un appartement tous les trois, c'est dantesque.
- J'imagine oui, Friends, en drôle…
- Lenny est toujours aussi fou de natation et aussi dingue…
- Les bonnes choses ne changent pas !
- Stacy et Lila sont toujours dans les parages, je les croise, on se salue…
- Bon, bon.
- La vie à la fac quoi.
- Oui, oui…
- On s'y est fait, vous vous y ferez. Vous êtes un prof, nous des élèves !

Roland acquiesça.

- C'est dur quand même.
- Faites pas l'enfant. Vous m'avez appris à me décoincer pendant mon voyage itinérant, maintenant c'est vous le pruneau flétri… Sortez-vous les doigts du derche. Vous m'avez dit ça au moins cent fois.

Roland soupira.

- T'as raison en plus !
- Eh oui. C'est ça les élèves, ils dépassent le maître…

Roland sourit. C'était vrai, quelque part. Maintenant restait à savoir s'il était prêt à franchir ce pas de géant.

- Nous reprenons la conférence…

Tout le monde alla s'asseoir.

- Je vais laisser la parole à Stuart Gibson. Stuart a une histoire très particulière. Il est le premier handicapé à avoir réalisé dans son intégralité un voyage itinérant. Je vous demande de l'applaudir chaudement : Stuart Gibson !

Le jeune homme se leva péniblement sur ses béquilles. Roland sourit.

- C'est mon élève, c'est mon élève !
- Ca va, on a compris… soupira Rachel.
- Bonjour à tous… Hm… Vous devez tous penser que faire un voyage itinérant c'est difficile ? Eh bien oui. Mais si même moi je peux le faire, vous qui marchez…

Stuart regarda le public qui était médusé. Il soupira et déchira son texte.

- Pourquoi on me fait toujours lire des âneries…

Roland sourit. « Les leçons de Papa ont payé. »

- Très bien, sachez que de toute façon, vous allez en CHIER. Sachez que de toute façon, vous allez tomber sur un connard qui ne vous enseignera rien correctement avant de vous en avoir fait baver. Ah certes à la fin vous aurez l'impression d'avoir grandi, vous serez déjà majeur que vous n'aurez même pas seize ans… Vous irez dans des bars à Lockpin en buvant de l'alcool…

Vincent regarda Roland, médusé. Lequel ne faisait plus le fier.

- … et évidemment le professeur tour à tour vous rabaisse, vous pouponne, vous crie dessus, vous oblige à dépasser vos limites, votre camarade est toujours lourdingue ou grossier… à force ça paie mais quel enfer. Donc à ceux qui n'en feront pas cette année… Réjouissez-vous ! A ceux qui en feront un, dites-vous que d'autres pays, par chance, ont aboli le service militaire…

Stupéfaction dans la salle, c'est un tabou à Poképolis de comparer les Voyages Itinérants à un Service Militaire. D'autant plus après une guerre.

- … et que ce n'est qu'un mauvais moment à passer avant d'être enfin une grande personne. Voilà, merci !

Les applaudissements fusèrent du côté des élèves. Le corps enseignant était nettement moins à l'aise, surtout Malcolm et Rachel. Meredith se leva et monta sur scène.

- JEUNE HOMME ! C'EST INADMISSIBLE DE TENIR DE TELS PROPOS !

Devant cinq classes de près de cent élèves chacune, dans l'auditorium de l'académie, la doyenne venait d'engueuler un élève handicapé.

- … C'est ce que je pense, nous sommes dans un pays libre !
- Ca n'autorise pas TOUT !
- Ca n'autorise pas non plus cette poussée d'autorité…
- Oh toi tu vas…
- MEREDITH !

Elle se tourna vers Vincent qui monta sur scène.

- Descends, je m'en charge.

Elle hocha la tête et alla se rasseoir. Vincent alla au pupitre.

- Mesdames et messieurs, l'opinion exprimée par Stuart Gibson n'est pas celle de l'établissement. Nous savons tous les problèmes posés par le voyage itinérant mais nous savons aussi toute la force et la portée de ce voyage pour les jeunes qui le vivent…
- J'ai pas dénié ça, vous pourriez m'écouter avant de me contredire…

Roland sourit, fier. Vincent se retourna vers Stuart, l'œil mauvais.

- Enfin je tenais à dire que l'établissement se désolidarise tout à fait de cette ignoble comparaison effectuée avec le service militaire ! D'autant plus après de tels évènements…
- J'ai pas dit ça pour ça… revoyez votre définition de la comparaison… marmonna Stuart.

Vincent recula et sortit une Pokéball.

- Venez donc vous battre, jeune homme !
- … pardon ?
- Vous battre ! Maintenant !

Roland, Malcolm et Rachel se regardèrent.

- On fait quoi ? Marmonna Roland.
- Que veux-tu qu'on fasse ! S'étonna Malcolm.
- On est au bord du licenciement, je n'ai pas envie d'aggraver les choses… soupira Rachel.

Stuart haussa les épaules et prit maladroitement une Pokéball. Il sortit Momartik. Le Pokémon regarda Vincent et agita ses bras. Le principal hocha la tête.

- Bien. A toi de jouer, Bidule !

Roland, Rachel et Malcolm plissèrent les yeux. La Pokéball atterrit au sol et libéra un terrible Metalosse. La salle entière haussa les sourcils, apeurée. Roland, Rachel et Malcolm sursautèrent. Stuart rappela Momartik et se leva pour marcher jusqu'au pupitre.

- Je pense qu'il est évident que je retire ce que j'ai dit. Remerciez cet homme d'avoir préservé vos chastes oreilles de quelque menace fantôme.

Stuart quitta le pupitre. Le chef conférencier allait reparler mais les jeunes quittèrent la salle. Vincent s'avança au micro.

- Pardon ?! Pardon ?!! Revenez à vos places immédiatement !!!

Trop tard, tout le monde partait. Roland, Rachel et Malcolm de même.

- Où allez-vous ? Grommela Meredith.
- Surveiller nos classes ! Souffla Roland.

Vincent rappela Metalosse et descendit de scène. Il tapota le dos de Rachel qui se retourna.

- Vous êtes virée !
- … motif ?
- Je vous donne deux autres avertissements suite à ce qui vient de se passer.
- … Vous avez une excellente vue, je ne me suis pas vue moi-même en train de…
- Silence ! Vous êtes licenciée et bénéficierez d'indemnités, je ne suis pas un salaud…
- Je n'aurais pas été aussi polie… marmonna Rachel.

Roland et Malcolm assistaient à la scène, impuissants.

- Vous finissez votre journée et demain vous ne serez plus admise en ces lieux.

Rachel sourit.

- J'espère que ça en vaut la peine.
- … pardon ?
- Rien, j'ai juste l'impression que vous n'agissez pas sous votre propre impulsion. Je n'ai que des doutes, aucune certitude alors je vais me taire.

Elle lui serra la main en souriant.

- Je vous remercie pour avoir aussi bien remplacé monsieur Lewis, vous êtes un homme bien, ça se voit. Ou alors c'est parce que vous êtes mignon. Je vais surveiller ma classe sinon les élèves vont faire n'importe quoi…

Elle avait la voix chevrottante, au bord du sanglot.

- Au revoir !

Elle monta les marches devant Roland et Malcolm, effondrés. Vincent baissa la tête.

- … je suis désolé… murmura-t-il à l'intention de Roland.

Meredith dépassa tout le monde et sortit derrière Rachel.

- Eh bien, ça n'aura pas trainé, hein ?

Rachel s'arrêta en plein milieu du hall et se tourna vers Meredith.

- On fait moins sa grande, là, hein ?

Rachel regarda Meredith, glaciale.

- Tu vas faire quoi, me frapper ?
- …
- M'insulter ? Mais vas-y ma vieille ! J'suis prête !

Rachel plissa les yeux.

- Vous savez, Madame Tucson…

Silence de mort dans le hall. Les élèves observaient les deux femmes. Vincent, Roland et Malcolm observaient aussi.

- … J'ai déjà éclaté le camion citerne d'un mec qui m'avait klaxonné au cul. Détruit. Son. Camion. Citerne. J'ai aussi injurié mes parents comme de la merde parce qu'ils avaient refusé un homme que j'aimais. Si vous pensez avoir affaire à une simple petite conasse comme les autres pouffes que vous avez boxé dans votre jeunesse de pisseuse d'une banlieue parmanite…

Rachel était juste devant Meredith.

- … vous vous fourrez le doigt dans l'œil et en plus, vous risquez d'être bien surprise. Vous avez couvert la voiture de mon frère de boue…

Meredith sourit fièrement.

- … et vous avez graissé mes serrures, mais vous savez quoi ? Je m'appelle Rachel Heine, et le peu de gens qui m'ont fait chier comme vous l'avez fait…

Roland était fou d'excitation et n'osait pas arrêter sa douce dans son irrépressible colère.

- … ne l'ont pas refait une seconde fois.
- Ouais mais j'ai gagné !
- Bah voyons. Et alors quoi maintenant ? Ta vie a enfin un sens ? Tu vas servir à autre chose que de vide-couilles pour les mecs ?

Rachel se prit une gifle. Roland retint Malcolm. Rachel regarda Meredith en souriant.

- Qui… qui a gagné, là ? Tu te sens victorieuse ? Tu es contente ? Non. Parce que je n'ai pas l'air d'avoir perdu.
- Tu ne pourras plus jamais enseigner, Heine, j'y veillerais !

Rachel recula et hocha la tête.

- Veilles-y bien ma grande.

Rachel lui tourna le dos et marcha d'un pas militaire vers le… couloir de l'administration.

(Planet Terror Soundtrack - Cherry's Dance of Death)

Tout le monde s'étonna. Vincent plissa les yeux. Meredith suivit Rachel.

- Tu crois aller où comme ça ? HEY !

Rachel leva une main et balança Ectoplasma qui lécha le visage de la doyenne.

- Hng… mais… M… MON VISAGE !!!

Meredith tomba sur les fesses. Roland l'examina.

- C'est une simple paralysie temporaire, ne vous en faites pas…
- Euh han hlu hon hihaaaahe… (Je sens plus mon visage…)
- Vincent, vous avez de l'anti-para ?
- Ca marche ?
- Par application cutanée sur un humain, oui !

Rachel allait toujours vers le couloir. Les élèves l'observait. Malcolm la suivit.

- Rachel ? R… Rachel ?!

Rachel arriva face au bureau de la doyenne. Elle sortit Donphan. Malcolm écarquilla les yeux.

- R… Rachel, NON !
- J'vais m'gêner putain !

Elle défonça la porte en une Roulade.

- Rachel, pense aux dossiers des profs !! T… Toute notre carrière est là-dedans !!
- C'est vrai… Les tiroirs ferment toujours à clé ?
- Bien sûr ! Sourit Malcolm. Et heureusement sinon une forcenée comme toi…
- Ectoplasma, Psyko !!!

Le Pokémon sortit les meubles contenant les dossiers en leur faisant traverser la cloison puis le mur en face pour finalement partir s'écraser dans le jardin, dans la cour de récréation.

- RACHEL !!!

Les élèves étaient éberluées. Vincent arriva, alerté par le bruit.

- MADEMOISELLE HEINE !
- VOUS, LA FERME !

Meredith arriva, le visage toujours figé.

- Han hoooon ! Han hoooon ! (Han non ! Han non !!)

Rachel sortit tous les meubles contenant les dossiers.

- MUSTEFLOTT !
- HON HEHEAIIHAHAHAAA !!! (NON NE FAITES PAS CA !)

Le Pokémon loutre regarda sa maîtresse qui l'emplit de sa fureur.

- Cascade. Nettoie-moi ce trou à merde !

Le Pokémon entra dans le bureau, défonça ce qui restait de meubles à savoir le bureau, l'ordinateur, les plantes vertes, les fenêtres, le papier peint… En tournant dans la pièce, entouré d'eau, le Pokémon causait des dégâts incroyables.

- HON HUROOOO !
- T'as eu ce que tu voulais, nan ? Je suis virée ! Réjouis-toi ! Oh, il reste encore une trace de ton existence…
- Mademoiselle Heine, je vais vous coller un procès si vous faites un mouvement de plus ! Somma Vincent.

Rachel regarda Vincent, toujours aussi furieuse.

- Ah, enfin une décision intelligente ! Quel dommage que vous vous adressiez à… l'héroïne qui a sauvé Kanto de la destruction pendant la guerre. A votre avis, combien de relations je me suis faite avec le gouvernement ? Combien d'agents gouvernementaux vont venir me défendre ? Hm ? Et qui osera mener un procès contre moi pour un acte aussi trivial ? Comparé à mes actes de bravoure ? Hm ?

Vincent balbutia.

- Evidemment, le petit pisseux la ramène moins ! Hm ?
- …
- DONPHAN !

Rachel rappela ses autres Pokémon.

- GIGA IMPACT !

Le bureau de la doyenne fut effacé de la surface de la terre dans un fracas terrifiant. Vincent, Roland, Malcolm et Meredith se couvrirent. Rachel regarda le… gros trou.

- C'est mignon. Voilà, ça c'est pour m'avoir fait chier. Et pour m'avoir viré…

Vincent craignit pour son bureau, mais Rachel s'assit sur Donphan qui revenait vers elle. Le Pokémon trotta dans le trou qu'il avait fait et approcha du parking. Meredith secoua la tête. Roland et Malcolm grimacèrent.

- C'est cette merde votre voiture ? Je vous ai déjà vue arriver là dedans !
- HOOOON ! HOOOOONHONHOOOON !
- Siiiiiii ! Charmina…

Le Pokémon apparut devant sa maîtresse, souleva la voiture et la retourna, tout simplement.

- Bon courage pour rentrer, salope ! Au revoir tout le monde !

Rachel partit en toute simplicité. Roland regarda Vincent et haussa les épaules.

- Je démissionne ! J'peux plus travailler dans une académie sans doyenneté !
- …

Stuart arriva seulement vers le couloir. Roland se dirigea vers lui et tapota son épaule.

- T'avais raison, une fois fait… ça va beaucoup mieux !
- … j'veux bien vous croire !

***

Claire était stupéfaite. Malcolm et elle étaient seuls dans la cafétéria.

- Eh oui… Ca devait arriver, pas de surprise, hein…
- C'est terrible…
- Rachel avait l'air si soulagée quand elle l'a fait…
- Elle n'est pas bien, Malcolm ! Elle ne doit pas être bien !
- Ca t'embête si on essaie d'aller la voir après les cours ?

Claire secoua la tête.

- Au contraire, ça me paraît indispensable. Et donc Roland…
- A démissionné. Ca se comprend, il n'aurait pas pu rester… mais il a fait un beau geste en soignant Meredith qui avait le visage paralysé.

Claire baissa la tête en acquiesçant.

- C'est triste quand même.
- Eh, au moins on va pouvoir diner avec d'autres collègues !
- … C'est cher payé…
- Oh ça fera du bien à Roland un peu de changement. Et à Rachel aussi.

Claire acquiesça.

- Tu as fini ?
- Oui. On débarrasse maintenant ?
- Oui, ça ne sert à rien de rester ici pour parler, on peut parler dehors.

Ils débarrassèrent et sortirent bras-dessus bras-dessous.

- Je vais aller voir le trou…
- Je t'attends en salle des profs ?
- Oui !

Claire se dirigea vers le couloir. Elle passa devant les meubles contenant les dossiers des professeurs qui avaient été ramenés par Metalosse. Yann, Dimitri et Rose observaient le trou avec d'autres élèves.

- Mademoiselle Heine devait vraiment être en colère… marmonna Rose.
- C'est une furie, mais à ce point là c'est titanesque… s'étonna Yann.
- Tu la pensais capable de ça ?
- Bah pas vraiment, elle a plutôt l'air calme d'habitude…

Dimitri regarda Yann et Rose alors que Claire traversait le couloir.

- Je sais ce qu'il y a de différent !
- Oh non…
- Dim… soupira Rose.
- Vous partagez quelque chose ! C'est tout bête.

Rose et Yann se regardèrent.

- Ouais. Quelque chose a changé et vous partagez quelque chose. Que je peux pas comprendre, que vous avez pas l'air de comprendre non plus mais quelque chose !

Rose et Yann regardèrent Dimitri, étonnés par le bon sens de cette déclaration. Claire arriva au bureau du principal. Elle toqua.

- En… Entrez…

Claire ouvrit la porte. Vincent avait le coude planté sur son bureau, se tenant la tête.

- Bonjour mademoiselle Perry…
- Monsieur Hadley… Désolée pour les dégâts.
- Vous n'y êtes pour rien…
- Oh vous savez, Rachel est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, ce qu'elle fait m'importe forcément…

Claire vint s'asseoir face au principal qui la regarda.

- J'ai fait une bêtise en virant mademoiselle Heine ?
- Permettez-moi de vous dire que oui… marmonna Claire.
- Vous comprendrez que je ne peux pas la réengager…
- Je comprends, oui.
- Ni même monsieur Smirnoff.
- Qué Sera, Sera… résuma Claire.

Vincent hocha la tête.

- Monsieur Hadley… J'aime Roland Smirnoff et Rachel Heine du plus profond de mon cœur. Et Malcolm Heine aussi. Et Charlie Winchester, et Léopold Finsbury. Je les ai connus tous les cinq ici. Ils ont fait de moi la femme la plus comblée qui puisse être.
- Ah oui ?
- Hm ! Ils m'ont donné ce qu'un être humain peut attendre de mieux de la vie. A leurs côtés j'ai réussi à me réconcilier avec mon frère. J'ai appris à être une femme forte. Pas autant que Rachel… Mais une femme forte !

Vincent hocha la tête en souriant.

- Je sais que… Meredith Tucson… n'a fait que son travail, mais… Elle a brisé quelque chose qui était fort ici. Tous les professeurs de cette académie font de leur mieux pour enseigner. Certains créent entre eux des liens, certains font connaissance… Etre professeur de dressage n'est pas de tout repos… Mais au fond c'est notre métier à tous, notre passion… Et je suis fière d'appartenir à cette académie, même si votre collègue a viré mes plus précieux amis. Parce que… Au fond, j'ai grandi moi aussi. Je ne suis plus une petite fille peureuse, je suis une grande ! Et j'aime mes amis, mais j'aime aussi mon travail. Et quelque soit la situation, je dois être au top pour le faire. Ne pas me laisser envahir par l'émotion.

Vincent acquiesça, compréhensif.

- Vous savez… j'ai… il y a longtemps j'étais… avec un homme…

Claire grimaça, s'étonnant de cette révélation.

- … C'était… le plus gentil des garçons… J'avais honte, j'avais peur mais… j'étais heureux… Et puis un jour mes parents… s'en sont aperçus. Au lieu de… m'excommunier, mes parents ont choisi la solution la plus simple…

Claire grimaça. Vincent regarda par la fenêtre.

- … je suis allé en camp de correction.
- … en…
- Pour corriger mon orientation sexuelle. Et ça a marché. Je pensais être heureux avec une femme. Et… Je pensais que c'était le cas. Mais… Avec ce qui s'est passé aujourd'hui…
- … je ne comprends pas…
- J'avais une relation d'ordre sexuel avec Meredith Tucson.

Claire s'étonna franchement. Vincent se mordilla les lèvres.

- Elle… voulait tromper son mari, je voulais me prouver que je n'étais pas un monstre aux yeux de mes parents mais… Tout à l'heure j'ai pris conscience que je trouvais Roland Smirnoff plus attirant qu'elle ! C'est un monde !

Claire nota bien ça dans sa mémoire « A ressortir ! »

- Et finalement… en voyant combien Rachel était furieuse, jusqu'où elle est allée pour se venger des horreurs que Meredith lui a infligées…

Claire hocha la tête.

- … j'ai décidé de rompre et… de la virer.
- … il était temps…
- Je sais, mauvais timing… C'était une femme immonde en fait. Elle est triste mais… comme je lui ai dit… Tu as un mari, ne fais pas comme si j'étais important…

Claire acquiesça. Vincent regarda Claire et soupira.

- Vous voulez bien être ma doyenne ?

Claire s'étonna.

- M… Moi ? Mais…
- Vous êtes la meilleure que je puisse avoir, vous savez tout sur moi maintenant et au moins je suis sûr que vous et moi…
- … vous n'êtes vraiment pas fait pour les femmes !
- C'est bien ce que je pensais, oui…
- Je… J'accepte mais je peux continuer les cours ?
- Oui, vous prendrez le bureau de l'ancienne secrétaire personnelle de monsieur Lewis, même s'il est plus petit…
- Ca ira parfaitement… En quoi ça consiste ?

***

Rachel faisait des gammes sur le piano. Roland était à côté d'elle.

- Je pensais que tu pleurerais, que tu serais maussade, frustrée, énervée…
- Non…
- … chargée de tension sexuelle…
- Encore moins. J'aspire au calme et… à être avec toi.
- Au moins tu n'es pas déprimée.
- L'impression d'avoir accompli quelque chose de naturel, tu vois. Qui allait de soi.
- Je comprends, oui… Reste à imaginer la suite.
- On s'en moque. Tu m'apprends le piano, là.
- Hm. Mais je ne vais pas pouvoir t'inviter au restaurant de sitôt…

Rachel plissa les yeux.

- En effet…
- Tu crois que ça va aller ?
- … Je sais pas. Grisée par mon acte, je suis incapable de raisonner.
- Malcolm et Claire vont probablement venir après les cours.

Rachel hocha la tête.

- Sois un amour, fais-moi du thé.
- D'accord.