La Faucheuse. de T-Tylon

(Première partie.)


Sinnoh. Verchamps. Centre pokémon, service d'aide et de repos, chambre 14.

Jeudi 22 Avril. 15 heures 14 minutes.



« Je vous remercie pour avoir répondu à nos question, malgré vôtre état. »

« Ce n'est rien. Je sors aujourd'hui de toute façon. »

« Voilà une excellente nouvelle qui, je suis sûr, va ravir nombre de vos fans. »

« Si vous pouviez juste éviter d'ébruiter cela pendant que je suis encore ici, ce serait gentil de vôtre part. »

« Nous n'y manquerons pas. Au revoir et bonne Journée, Mlle Céleste. »


Remballant leur matériel électronique et informatique, l'équipe d'interview de la chaine Champ-Tellite (la chaine dédiée de la ville) quitta la chambre de l'ancienne maitresse après quelques salutations sommaires, laissant cette dernière retomber dans un silence inversement proportionnel à la tension que la résidente des lieux eut subit tout le long de l'interview. Malgré son expérience dans le domaine, faire face aux caméras lui donnait toujours cette sensation désagréable d'être acculée dans un coin, sans possibilité de marche arrière. Heureusement qu'elle avait la chance d'avoir été initiée dans le domaine par le professeur une fois la ligue vaincue. Ce dernier s'était révélé d'une aide inestimable de ce côté, et le moindre des conseils qu'il lui prodigua lui servaient encore aujourd'hui ; étant aussi vieux que Chen dans le domaine Pokémon, ce dernier avais acquis une seconde nature pour faire face à la pression de la foule.

Il y'avait une autre personne dans la salle qui appréciait aussi cette retombée de pression. Assise sur une chaise en dehors des champs de vision des caméras, Lisa était restée silencieuse et prostrée dans son coin depuis le début, aussi silencieuse que le spectre qu'elle devait être. Faire face à d'autres gens n'est… Enfin, « n'était » pas un problème dans le sens où elle était toujours accompagnée par des personnes ayant de l'expérience dans le domaine, et quand elle faisait directement face à ses interlocuteurs (trame politique oblige.) Mais quand Cynthia lui expliqua le fonctionnement des caméras, et leur rôle entre les mains de ces « journalistes », une boule s'était férocement nouée dans son estomac, secondée par un sentiment acculé plus puissant encore que celui de l'ex maitresse.

Savoir que ces petits objets pouvaient retranscrire la moindre de ses paroles, de ses mots aux quatre coins de l'ile, SANS faire face à ses interlocuteurs, alors qu'eux la verrait et l'entendrait parfaitement… C'était comme si elle se sentait ouvertement épiée et vulgairement exposée telle une bête de foire, sans possibilité d'y réchapper ou de se défendre de ses détracteurs ; d'être aveugle et sourde lors d'un récital devant une salle comble… C'est une horrible et, elle devait l'admettre, révulsante sensation.


Cynthia nota sans peine le soulagement qu'elle ressentie à la vue de la porte se refermant derrière les journalistes, ayant elle-même ressentie cette agréable sensation de délivrance, et l'incita donc à venir la rejoindre sur son lit dans les secondes qui suivirent. Elle se leva de sa chaise, retrouvant un brin de « panache » en ne se sachant plus épiée à chaque instant, et s'assise sur le bout du lit, tout comme la partie supérieur du corps de la Milobellus –cette dernière l'ayant aidée à monter en lui desservant la partie inférieur de son long corps serpentin comme d'un marchepied-.

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Une fois correctement installée, Lovis s'assit à son tour sur une chaise (n'ayant quitté Cynthia tant qu'elle ne s'était pas remise pleinement sur pied, et pour l'aider à faire face à la télévision) et commença à faire son petit numéro pour détendre l'atmosphère, comme il en était l'un des rares capable à le faire avec Voltère ; son compagnon de combat au tempérament électrique (se connaissant depuis bien plus longtemps qu'avec Tanguy, et préférant son tempérament moins « réservé » que son jeune mais estimé collègue.)


« Es-tu sûre de ne pas vouloir que tes fans soient au courant de ta sortie de convalescence ? Il y'en a qui serait littéralement prêt à te servir de monture pour être sûrs que tu ne te fatigue pas en sortant du centre. » Argua-t-il moqueur.

« Je n'en doute pas, mais ce serait trop lent à mon goût. » Rétorqua-t-elle sur le même ton, se prêtant au jeu.

~ C'est surtout extrêmement dégradant pour celui qui ferait office de « monture ».~ Fit Lisa avec une moue de dégoût en associant l'idée du terme « monture » avec « humain ».

« Cela dépend des personnes, et surtout de leurs goûts… » Contra Lovis, une pointe de perfidie ironique dans la voix.
« Pour se retrouver dans la situation que j'énonce, sache, petite fille, qu'un nombre effarent de jeunes mâles seraient prêts à damner leurs âmes en échange d'une pareille occasion. »

« Lovis, je te sommerais poliment de bien vouloir ne pas continuer sur ta lancée. A moins que tu ne veuille sombrer à ton propre tour dans la damnation. »

« Je suis trop vieux et énergique pour être damné, ma chère. » Fit-il d'un fin sourire espiègle.

« C'est à voir… » Rétorqua-t-elle du même sourire glacial qu'elle fit à son Spiritomb, faisant hérisser l'épiderme du champion.

« Brrr !!! » Fit-il en se frictionnant les épaules comme si la température avait chutée de plusieurs degrés.
« Les demoiselles, ces temps-ci, sont d'une froideur incomparable ! Je ne sais pas ce qui en est à l'origine, mais grand dieu que je crains que le futur ne présage une ère glaciaire. »

Lisa répondit d'une petite moue d'appréhension.

~ Je suis un spectre qui absorbe la chaleur, mais j'étais considérée comme une demoiselle il y'a plusieurs centaines d'années : comment dois-je le prendre ?~


La réplique prit le champion par défaut (n'ayant toujours pas intégré l'idée d'avoir à faire à une Ectoplasma à la place d'une petite fille), et ce dernier se trouva en mal d'inspiration pour répondre d'une petite pirouette dont il en avait pourtant tous les secrets. Dans le doute, il esquiva.


« Alors c'est probablement l'époque actuelle qui est en cause… » Il esquissa un sourire malicieux. « Soit ça, ou le tempérament Céleste se transmet par effet de mode… »


Il baissa la tête lorsque vint un oreiller balancé à pleine vitesse dans sa direction, esquivant habilement ce dernier d'un franc sourire moqueur, alors que Cynthia lui jetait un regard faussé extrêmement froid. Il y répondit du sien plus moqueur qu'avant, avec un brin de misogynie.


« Hmmm. Vu ta précision lamentable, alors que tu te situes à moins de 3 mètres de moi, je doute que tu sois encore en état de quitter cette chambre, « demoiselle Céleste ». »

« Même cloitrée dans ce lit, j'aurais toujours la force de te coller une raclée en combat pokémon. »

Le champion sourit.

« J'aimerais bien voir cela, histoire de m'assurer que le chien mort aussi fort qu'il aboie… Mais je doute que Flo apprécie ce genre d'initiative dans ces circonstances. »


Malgré le sourire franc qu'il maintenait à leur attention, la bonne humeur dans la salle sembla soudain lentement s'évaporer au profit d'une atmosphère plus « plate », plus calme. Il savait qu'en abordant le sujet Flo, et donc Luna, il y allait forcément avoir d'ennuyantes retombées, et la petite déprime qui se lisait sur le visage de l'ancienne maitresse le lui prouvait –principalement à cause du faux sourire qu'elle maintenait-.


« … Oui, je me doute qu'elle nous fasse une scène… » Fit-elle de ce même sourire.

« Cynthia, je sais que tu aurais aimée les voir dès le moment où tu t'es réveillée… Mais tu vas les retrouver à Floraville d'ici peu. Il faut juste passer finir la paperasse avec le centre, et vous serez dans la ville Fleur dans la soirée. »


Un bref soupir de la part de l'intéressée et elle se laissa retomber dans son lit, la tête sur le second et dernier coussin restant. Lovis se leva pour prendre le projectile rembourré, et le rendre à la jeune femme sur un sourire sympathique, avant de s'adresser à elle sur le ton de la docile moquerie.


« Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour chasser cette vilaine petite déprime qui te rend si morose… Un shopping durant les soldes ? »

Mais elle ne réagissait pas. Alors il décida de l'aborder sous un autre angle.

« Ah oui, c'est vrai : tu as déjà dévalisée tous les magasins de l'ile dans la catégorie « textile noir », et nous sommes en rupture de stock national ! »

Nouvelle esquive de coussin.

« T'en rates pas une, c'est pas possible ! » Lui fit-elle d'un air faussement exaspéré.

« Pourquoi crois-tu qu'on me surnomme « le teigneux » ? » Lui répondit-il d'un air narquois.

« C'est plus qu'approprié, je te le concède ! Plus teigneux que toi j'en connais peu, pour ne pas dire aucun ! »

« Voilà ce que je voulais voir : ENFIN un tant soit peu de réaction et d'énergie de la part de la déesse de combat ! » Lui rendit-il d'un air exagérément satisfait.
« Crois-moi, sortir de convalescence avec une tête déprimée ne servira à rien. Mais maintenant que tu t'es vraiment réveillée, le voyage de retour ne sera qu'une formalité ! »

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Il lui tendit les deux oreillers pour les remettre à leurs places, et elle les prit tout deux en lui adressant un sourire « légèrement amical », avant de reposer son regard sur sa Milobellus (qui s'amusait doucement avec Lisa) et de reporter son attention sur la ball de sa Carchacrok, l'air pensif. Lovis nota ce dernier, mais il laissa la jeune femme s'exprimer –avec une demande à laquelle il n'aurait pas pensé-.


« Dis-moi, Lovis, aurais-tu une idée de cadeau de remerciement original ou typique de Verchamp ? »


Bien que pris au dépourvus, le champion esquissa un sourire retenu, mais pleinement ravi. Il prit un instant pour réfléchir, et souri de plus belle en pensant à l'ironie parfaite qu'il tenait en guise de réponse.


« Pourquoi pas une baie, tout simplement ? » La réponse fit hausser les sourcils de l'ex maitresse.
« Je n'avais jamais vu la chose sous cet angle, mais la jeune femme qui propose gratuitement des baies à l'accès ouest de la ville dit qu'elle fait ça dans « l'esprit de famille », que c'est une sorte de tradition pour elle. Avant je croyais que c'était un choix et un acte des plus louables, sans aller plus loin. Mais maintenant, à bien y réfléchir, sa famille est présente dans la ville depuis sa fondation. Les documents attestent même que son nom est le plus vieux de l'histoire de la ville… »
Il marqua une pause en voyant le regard interloqué mais très intéressé de Cynthia.
« J'ai donc fait le rapprochement avec vôtre apothicaire, et en suis parvenu à la conclusion qu'il pourrait bien s'agir de ses descendants. Je n'ai aucune preuve concrètes, mais tu admettras que la coïncidence est magnifique. »


L'intéressée reporta son regard dans le vide, réfléchissant en incorporant ces nouvelles informations, et alla dans la direction du champion.


« Tu peux me dire ce que tu as en tête ? »

« Simple : l'Apothicaire était le maitre des baies de l'époque et en même temps l'un, pour ne pas dire LE fondateur de Verchamp. Et si cette « tradition d'esprit de famille » est un legs de ce dernier, quoi de plus approprié que de passer cette tradition de l'ancienne maitrise des baies à la nouvelle ? »

Et devant l'ex maitresse et ses amis qui commençaient à sourire en appréciant l'idée, il finit sur un air faussement hypocrite.

« D'autant plus qu'en fait, à part cette « tradition » -si je puis dire-, Verchamp n'a pas vraiment de « spécialité » déterminante –du moins pas encore-. Je trouve donc cela approprié de donner une baie à une maitresse des baies en guise de remerciement. C'est bien à la p'tite miss Baie que tu réservais cette idée, n'est-ce pas ? Et puis les cadeaux les plus simples sont souvent les meilleurs. »

« C'est bon tu m'as convaincue, pas la peine d'aller plus loin. » Lui fit-elle amicalement en regardant sa ball, esquissant un fin sourire dépité.
« C'est juste que je trouve que ça fait léger en guise de remerciement pour ce qu'elle a fait. »

Lovis nota le sous-entendu sans problème, tout comme le reste de la salle, et y remédia aussitôt.

« Quand Flo a prit note de mes conseils et décida de ramener nôtre maitresse des baies nationale, tu aurais dû voir sa tête : c'était une forme de crève-cœur que de devoir te laisser sans attendre ton réveil. Crois-moi, te voir en pleine forme est bien le meilleur remerciement que tu pourrais leur offrir. La baie sera un bonus. »

« Et tu n'as toujours retiré Flo de ta liste des contact bloqués sur ta pokémontre ? »

Il éclata de rire.

« Pour plus de sécurité, afin d'éviter qu'elle ne me contacte par l'intérim d'un autre, j'ai carrément coupé cette dernière pour aujourd'hui. Elles se reposent en premier lieu. J'y tiens vu l'entrain avec lequel vous ne vous êtes pas faites priées pour l'emmener.»
Une légère honte passa sur le visage de Cynthia, et il reprit.
« Et ça fera une superbe surprise de te voir débarquée comme si de rien n'était dans sa maison. D'autant plus que Flo va tellement m'en vouloir qu'elle serait même prête à faire tout le chemin inverse pour se battre avec moi ; je compte quadruplement là-dessus ! »

« En somme : tu te sers de moi pour l'atteindre ? »

« Comme ça nous sommes quitte pour le séjour ! »


Il éclata d'un rire tonitruant comme la marée, mais fut stoppé au beau milieu par un oreiller parfaitement placé qui lui arriva en pleine poire.


« Personne ne se sert de la déesse de combat sans s'attendre à en payer le prix. » Lui reprit-elle d'un air hautainement outrée. Mais fut stoppée à son tour par l'oreiller qui lui revint en pleine figure, sous le couvert du rire revanchard du champion.

« Alors viens, petite déesse de combat, que je te montre de quel bois le teigneux est fait ! »


Avant même d'essayer de comprendre la finalité derrière cette « rivalité », Lisa vit ses yeux être voilés par les deux « mèches » vermillon d'Hana en guise de voile de chasteté, protégeant son esprit innocent et vulnérable des fastes des humains adultes de cette époque (si adulte est le bon terme à employer dans cette situation.)

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Arriver à la demie, les deux combattants s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle, avant de profiter simultanément de ce bref moment pour tenter une attaque en traitre, s'étant rejoints inconsciemment dans l'idée tactique. Ils s'atteignirent en même temps dans un bruit étouffé d'édredons explosés (ayant mit une force rare dans ces derniers).


« … Match Nul… » Déclara Lovis en constatant l'état des coussins. « Nos glorieuses armes ne sont plus que le reflet de leur gloire passée, et je sens que mon portefeuille va s'alléger pour compenser cette perte auprès du centre… »

« Maintenant nous sommes quittes… » Répondit-elle d'un air satisfait, bien que légèrement fatiguée.

~Est-ce que c'est fini ?~ Demandait-elle avec la vue toujours soustraite au spectacle grâce à la serpente.

Ils se regardèrent l'espace d'un instant, avant que leurs visages respectifs ne forment le même sourire : le sourire du dresseur voulant une revanche.

« On règlera ça la prochaine fois… » Fit-elle d'un air hautain.

« Quand tu veux… » Lui répondit-il. Puis La Milobellus libéra la vue de Lisa, lui laissant à nouveau « contempler le monde ».

~ Merci Hana.~ Elle lui rendit un sourire joyeux.
~ Avant de rentrer, serait-il possible que je puisse passer chez Mr. Monard pour le remercier pour son hospitalité ?~

« Bien sûr. Et je crois qu'il va être le prochain « patient » dont je vais m'occuper dans les jours qui viennent, car il va nous faire une bonne déprime après ton départ. » Répondit-il un brin moqueur.

~ Si cela peut le rassurer, il va aussi me manquer une fois rentrer. Il y'avait tellement de chose que je voulais lui demander, mais le temps est passé si vite que j'ai presque l'impression que Flo et Luna sont rentrée hier. Sans vouloir t'offenser.~ Fit-elle à l'attention de Cynthia.

« Y'a pas de mal. Je suis même contente d'avoir pu te servir de prétexte pour que tu puisses en profiter. Et puis j'aurais beaucoup de mal à t'en vouloir vu l'aide que tu m'as apportée, avec Néo bien sûr. »


A son nom, le spectre sortit de sous le lit tel l'esprit malin qu'il était ; son sourire narquois inénarrable lui barrant le visage jusqu'à la fin des temps, narguant le destin d'essayer de le changer par la force des choses.

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Sans arriver à comprendre comment elle ait pu faire le lien entre les deux (le spectre et le cadeau), Cynthia revint immédiatement sur la proposition du champion.


« Lovis, ton idée est très bonne mais… As-tu des bases en baie ? »

« Non, mais il suffira juste de passer voir nôtre petite spécialiste locale. Je suis sûr qu'elle nous dépannera sans problème. »
Il reporta d'un coup son regard sur la Ball de la Carchacrok.
« N'empêche, quelle incroyable puissance curative de la part d'une si « simple » plante… Je connais les membres de la death guard depuis un moment, les plus vieux tout du moins, et je t'assure qu'il en faut beaucoup pour les impressionner et passer outre cette attitude de marbre qui les caractérise… » Il marqua une pause.
« Tu sais qu'ils ont conservés cette attitude désespérément neutre lorsqu'ils ont rendus le verdict pour ta dragonne. Mais ce que tu ne sais pas, c'est la tête qu'ils firent AVANT de te rendre leur verdict : la même tête qu'une personne subjuguée par un tour de magie ; trimant de tous ses neurones pour trouver la raison et l'explication logique derrière le phénomène sans arriver à trouver de réponse. »
Il marqua une nouvelle pause.
« Surprendre un death guard est une chose, le laisser littéralement sur le cul en est une autre. Vôtre amie m'a offert un spectacle que je n'aurais jamais crû voir de mon vivant, et c'est principalement pour cette raison que j'ai décidé de leur laisser prendre du repos ; j'ai une dette à titre personnelle et égoïste envers elle… » Termina-t-il d'un sourire espiègle.

« On a tous une forme de dette envers elle… » Formula-t-elle sur le ton de l'aveu, rejointe en pensée par les autres occupants des lieux. Elle se tourna ensuite vers Lovis.
« Au fait… Tu n'as rien laissé entendre au sujet de ce « secret curatif », n'est-ce pas ? »


Le champion fronça les sourcils, l'air préoccupé. Il ne voulait pas lui cacher des choses, mais ne pouvait pas non plus lui mentir.


« Empêcher que la rumeur ne se propage est impossible. Mais heureusement que l'on peut compter sur l'extraordinaire de cet évènement pour qu'il soit perçut comme extravagant de la part du public, et qu'il n'y accorde aucun réel crédit… » Il fronça d'avantage les sourcils.
« Ce qui m'ennuie par contre, c'est ta Carchacrok : Les bases de données de la death guard l'ont enregistrée, elle et son état catastrophique, et elle est sortie « peu de temps » après y avoir été amenée. Tout le monde mettra cela sur le compte d'un des pokémon de la death guard et de ses capacités curatives formidables, mais personne n'arrivera directement à admettre que cela fut le fait de Luna et de sa spécialité. »

« Mais il y'aura toujours une part de doute, n'est-ce pas ? »

Ayant été percé à jour, il ne put esquiver la conclusion de l'ex maitresse.

« Toujours. Et avec les récents évènements, je dois t'admettre que je le sens moyen le retour de ces fichues Teams. » Il haussa les épaules d'un air se voulant aussi narquois que rassurant.
« Mais ils ont toujours été attirés par les pokémon, pas par les baies, et je doute que cela change du jour au lendemain sur des « racontars ». »

« Ce sont pourtant sur des racontars, comme tu dis, que la majorité d'entre eux ont approchés des légendaires. »

« Parce qu'il y'avait une trace écrite ou gravée de leur existence, même si la difficulté pour les trouver était formidable. C'à n'est pas le cas pour les baies. » La reprit-il.
« Le pouvoir des pokémon légendaires est tout ce qui comptait à leurs yeux, le reste n'était que futilités. Tu penses donc bien, avec une telle mentalité, qu'ils n'allaient pas d'un coup émettre un intérêt certain et inédit pour leur nourriture. »

« Espérons que tu ais vu juste… » Elle soupira silencieusement.

« De toute façon elle ne l'a plus, tu me dis qu'elle te l'a affirmée. »

« C'est vrai, elle l'a sacrifiée en entière pour Rhélys… » Avoua-t-elle l'air pensive.

« Alors il n'y a rien à craindre. » Statua-t-il.
« Et bien je vois qu'il n'y a plus grand-chose à dire, à part te laisser t'habiller en paix pendant qu'on t'attendra en dehors de la chambre. » Fit-il en souriant, incitant Lisa à le suivre pendant que la Milobellus resterait aux côté de sa maitresse.

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Un bref sourire d'appréciation de la part de Cynthia, et le champion se dirigea vers la sortie avec la petite fille en ouvrant la marche… Avant d'entendre la voix anonymement familière d'une infirmière aux prises avec une personne au timbre tout aussi familier, mais nettement moins anonyme.


« Laissez-moi passer, nom d'un Malosse ! »

« Vous ne pouvez pas entrer ici, c'est une chambre à accès réservé ! »

« Par le champion sous son statu de membre de la ligue ? »

« Parfaitement ! » répondit l'infirmière.

« Et ben on est deux ! » Répliqua la seconde voix en montrant quelque chose à l'infirmière qui la fit devenir muette.
« Maintenant que vous avez vu ma carte : PLACE ! »

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« Quand on parle du loup… » Fit-elle plus ravie et amusée qu'elle n'aurait voulu le laisser paraitre. Mais le champion monta au créneau.

« C'est pas vrai, il a fallu qu'elle vienne sans attendre ! Mais elle peut pas rester tranquille un seul instant ou quoi ?! »

~ Je suis étonnée qu'elle ne soit pas venue plus tôt. La nouvelle de ton état à pourtant fait le tour de l'ile, non ?~ Nota-t-elle.

« Et bien on va lui poser la question, je pe-«


Elle n'eut l'occasion de pouvoir finir sa phrase que la redoutée personne tant attendue entra dans la place, l'air aussi furibond (logique pour eux) mais tout aussi inquiété à égale mesure (ce qui là posait problème). Cette dernière posa directement son regard sur le champion, alors que la silhouette de l'infirmière faisait face à une autre personne qui s'excusait auprès d'elle pour les désagréments encourus… Avec une chevelure mate impossible à confondre pour eux.


« Luna ? » Reprit-elle surprise.

« LOVIS ! » Coupa Flo sans aucune retenue. « Tu voulais une revanche pour la dernière fois et je te promets que tu l'auras, après que tu m'auras expliqué pourquoi je ne pouvais pas te joindre sur ta ligne directe ! »

Ce dernier gloussa d'un petit rire aigri.

« Parce que je pensais que tu allais définitivement suivre mon conseil jusqu'au bout, et éviter de faire tout ce chemin à nouveau juste pour avoir le plaisir de me gueuler dessus ; SURTOUT avec la demoiselle qui se trouve derrière toi ! »

L'intéressée en question entra à son tour dans la chambre, se dirigeant immédiatement vers celle qui occupait le lit, et enchaina les questions comme une mitraillette.

« Cynthia, on est venue dès qu'on a apprit que tu étais réveillée ; comment tu te sens, tu as récupérée, tes pokémon aussi ? Lisa, comment elle va ? Bonjours au fait – désolée pour l'impolitesse-, mais est-ce que ça c'est bien passé pendant qu'on n'était pas là ? Et Rhélys, comment elle se sent ? Et- »

« STOP, STOP, STOP ! Reprend ton souffle pour l'amour de dieu, et laisse-nous le temps de répondre ! » La reprit-elle sous la vélocité des questions, avant de reprendre d'un air interloqué.
« Attends, comment ça « dès que vous avez apprit la nouvelle » ? C'est passé aux infos depuis des jours. »

Flo répondit d'une tête mitigée entre la honte, la gêne et la frustration.

« Depuis que je loge chez Luna, on n'a pas allumée la télévision une seule fois ; preuve que je suivais les recommandations de Lovis malgré le risque allant avec. »Fit-elle en insistant bien le regard sur le champion.
« Alors on n'a été informées par –ironie de l'histoire- une journaliste amateur passant dans le coin qui n'était au courant pour la zone noire de Luna. Mais ça n'est pas ça le plus important ! » Dit-elle en se tournant prestement vers Cynthia.
« C'à va te paraitre fou, surtout venant de moi, mais est-ce que tu es parfaitement remise et prête au combat ? »


Gros choc dans la salle, figeant de stupéfaction humains comme pokémon. Ils pensaient tous que Flo aurait été la première pour insister sur son repos, et elle vient de leur faire un pied-de-nez totalement inattendu.


« Flo, dis-moi que je ne viens pas d'entendre ce que je viens d'entendre ? » Fit Lovis d'un air stupéfait.

« J'aurais pu t'expliquer pourquoi si ta fichue pokémontre ne m'avais pas bloquée, tout comme Louka d'ailleurs –vous vous êtes ligués contre moi ou quoi ?! » Pesta-t-elle avant de commencer à leur expliquer.

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Quelques modestes minutes de plus s'écoulèrent pendant que la championne résumait grossièrement et rapidement les informations délivrées par « l'ex » journaliste et les déductions logiques de Luna allant avec (mais omettant la déduction concernant la possible infiltration à Floraville), et Lovis monta directement au créneau en rallumant sa montre pour contacter son arène le plus vite possible.


« Ici Lovis, Nate tu me reçois ? C'est très urgent ! » Mais un intérim lui répondit.

« Désolé Mr le champion, mais Nate n'est pas là pour le moment. Il est parti avec la chef ranger et une petite équipe dédiée pour référencer les ruines qui ont été découvertes à l'endroit où le Grotadmorv fut capturé. Mais pour l'instant ils se trouvent juste à côté de la maison du fana de tesson qui est en reconstruction. »

« Alors contactez-le immédiatement sur la ligne d'urgence, c'est vital ! »

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Obtempérant immédiatement aux ordres du champion, l'intérim tenta de faire la liaison avec le chef de la section scientifique… Avant de se retourner vers le champion d'un air pataud.


« Je ne comprends pas, je n'arrive pas à le joindre. Pourtant on voit toujours les signaux de leurs balises sur nos écrans. C'est quoi ce bins ? »

« Depuis combien de temps n'ont-ils pas fait leur rapport ? »

« Plus d'un quart d'heure environ. Ils devaient même actualiser il y'a quelques minutes… »

Lovis pesta de rage d'un coup en se tournant vers Flo.

« Avec vôtre petite journaliste qui sera aux prises avec Kiméra, l'appeler maintenant va juste foutre le dawa ! » Puis il reporta son attention vers le pauvre intérim.
« Contactez Rivamar à nouveau et fournissez-moi une liaison directe avec Tanguy, IMMEDIATEMENT ! »

« A… A vos ordres ! » Répondit-il intimidé.

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Quelques minutes plus tard, les trois champions se concertèrent (Tanguy lâchant même un sarcasme flegmatique en comprenant initialement qu'il devait ENCORE se déplacer, cette fois-ci en espérant que ce ne serait pas pour rien) et arrivèrent d'un accord en d'accord. Le plus fort des champions de Sinnoh se permit de terminer par un autre sarcasme.


« C'est à croire que vous vous êtes donnés le mot pour nous mettre sur speed ; faire l'aller-retour Verchamp-Rivamar est quand même fatiguant ! M'enfin je prépare mes gars et on vous rejoint au plus vite. Passe le mot aussi à Kiméra malgré tout, et je relais à Mélina et à Pierrick de mon côté… »
Il marqua une pause en soupirant un bon coup.
« Je trouve ces protocoles de réaction défensives vachement impulsifs et beaucoup trop exagérés à mon goût. On dirait presque qu'on se prépare à une guerre totale… »

« Parce que c'est le cas. » Trancha-t-il d'un ton cassant, contrastant furieusement avec son caractère habituel. Mais le champion électrique n'en tiens absolument pas compte et répondit de part ce même ton flegmatique.

« Ouais, ouais, je sais. Tanguy terminé. »Et la liaison se coupa pour repasser à l'arène.

« Combien de mes dresseurs sont restés à l'arène ? »

« Les effectifs composant l'équipe de référencement sont majoritairement composés de ranger et de scientifique, et la sécurité de l'arène est maintenue par le reste et les dresseurs. » il serra les dents.

« Ca veut dire que je ne peux pas me permettre d'en prendre ne serait-ce qu'un seul avec moi, merde ! » S'exclama-t-il.

« Mais moi je peux les remplacer sans problème. » Répondit Cynthia en se levant de son lit avec la tenue prêtée par le centre.
« Je suis d'attaque et disponible, tout comme mes pokémon qui ont plus qu'hâte de sortir d'ici comme moi. »

« Ravie de l'apprendre. » Reprit Flo. « Et Aurore ? Je croyais qu'elle serait présente elle aussi, comme elle l'avait dit ? »

« Malheureusement le congrès a été avancé et elle n'a pas pu y échapper avec le professeur, mais elle a envoyée une petite corbeille de fruit en signe d'excuse. » Répondit-elle. « Pour l'instant il n'y a que nous. »

« Et pour cela il faut partir maintenant. » Reprit Flo. « Lovis, les aéroglisseurs ont été réparés ? »

« Oui ils le sont, tous sans exceptions. J'en prends un en laissant les autres en réserve et je vous y emmène à la façon « torrent » ! Mais vous, mes petites demoiselles, vous restez là. » Fit-il en s'adressant à la petite fille et la maitresse des baies.

« Mais il n'y a que moi qui puisse récupérer ces baies ! » Contra cette dernière.

« Je n'en doute pas, mais vous ne les récupérerez qu'une fois la sécurité du site garantie sans aucun risque. Vous êtes désormais sous la protection de l'arène, car si vous nous accompagnez dans le marais vous allez être un poids à défendre. »


C'était dit sans une once de méchanceté gratuite ou non, mais la réplique du champion eut imposé un silence lourd d'étonnement de part sa franchise désarçonnante. Et le plus dur dans l'histoire était que les deux dresseuses ne dirent rien en retour lorsque Luna passa de l'une à l'autre pour trouver un semblant de soutien : Lovis avait dit tout cru et tout haut ce qu'elles pensaient tout bas.


« Mais… Mais j'ai pris toutes mes meilleures baies pour ça : antipoison, confusion, paralysie, brûlure, gel même- »

« Luna… » Commença Flo sur un air désolé. « Quand moi je me bats à fond c'est un carnage végétal, avec Cynthia c'est limite une hécatombe, et avec Lovis… J'ose même pas l'imaginer vu que je n'ai jamais eue l'occasion d'en arriver là. Mais si tu es dans le coin je ne vais pas pouvoir me lâcher, j'aurais trop peur de t'entrainer dans les inévitables dégâts collatéraux que l'on va produire. »
Et devant sa réaction interdite, ne pouvant contrer ces arguments, elle reprit.
« A la limite, tu nous donnes et nous expliques les effets des baies que tu as emportées avec toi et on se débrouillera avec. Mais je ne prendrais pas le risque de t'emmener avec nous. C'à ne servirait qu'à t'exposer inutilement, et c'est exactement ce qu'ils attendent. »

Mais si Luna se résigna à accepter sa condition –à contrecœur- ce ne fut pas le cas de Lisa.

~Et moi ?~ Demandait-elle simplement.

« C'à me parait évi… » Commença Lovis, avant de croiser le regard « neutre » de l'Ectoplasma.

~Même si cela ne se voit pas et que vous n'y croyez toujours pas, ce que je conçois, j'ai aisément l'âge de faire passer vôtre aïeul de 20é génération pour un nourrisson.~ Répliqua-t-elle d'un ton qui se voulait le plus poli et respectueux possible.

« Alors veille sur Luna pendant ce temps. » Reprit Flo. « Elle ne possède pas un seul pokémon avec elle, et les teams ne savent rien de ta véritable nature. Si jamais ils tentent quelque chose contre vous –même si vous êtes à l'arène- ils vont très mal prendre cette surprise… »
Elle s'agenouilla devant elle. « Est-ce que je peux te faire confiance pour cela ? »

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Malheureusement oui quand elle comprit ce qu'on attendait d'elle et qu'elle ne pouvait y trouver d'échappatoire. Elle inclina la tête et se résigna comme Luna, acceptant cette condition qui la désespérait malgré tout. Cynthia en profita pour se soustraire à leurs vues dans la salle de douche de la chambre pour s'habiller et en ressortir avec son inimitable ensemble noir habituel, et se diriger vers la petite fille pour la rassurer après avoir prit ses balls et rappelés ses pokémon.


« La dernière fois il pleuvait à grosse averse dans le marais et le Dracaufeu de Flo était limite inutile… »

Elle se tourna vers cette dernière pour souligner le respect qu'elle éprouvait malgré tout envers lui, et l'intéressée le lui rendit bien.

« Mais maintenant que le temps est dégagé ce n'est plus un problème pour lui, et les types plante de Flo vont jouer le rôle de soigneurs pour nous ; ce qui explique que nous n'aurons pas nécessairement besoin de la présence de Luna… »

Elle souligna la dernière remarque d'un air vraiment désolé à l'attention de cette dernière, qui ne répondit rien.

« Quand à toi, malgré ton statu Shiny, tu n'es pas habituée au combat, et encore moins entrainée pour te coordonner avec des pokémon dédiés et expérimentés de plusieurs années. Hors on va sans doute se battre face à des gens qui font bien peu preuve de scrupule, et envers qui on ne va pas faire preuve de pitié ou de retenue… Je ne tiens pas à te montrer à quoi on ressemble, moi et Flo, quand nous laissons tomber les masques d'image de dresseuses adorables… »

« Il n'y a pas à tourner autour du pot avec elle. » Contra Lovis en voyant l'ex maitresse mettre trop de gant avec La petite Ectoplasma. Il y alla direct, comme à son habitude.
« Tu reste là pour les même raison que miss baie : vous allez être des poids si on doit craindre de vous blesser à chaque instant. Je ne cherche pas à vous dévaloriser, mais une seule attaque puissante mal calculée de nôtre part qui vous fonce dessus et vous finirez à l'hosto dans un état proche que celui de la petite dragonne lorsqu'elle est arrivée. »


Une fois de plus Lovis fit dans la franchise désarçonnante, à l'image d'une énorme vague venant balayer un bateau, mais était d'une justesse tout aussi égale : ils seraient bien plus efficaces s'ils ne pensaient plus à eux lorsqu'ils lâcheront le plein potentiel de l'élite Sinniehnne sur le retour des Teams. Sans compter que l'idée de les blesser par mégarde les handicapait déjà rien que d'y penser.

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« … »


Sans dire un mot, la jeune femme ouvrit son sac contenant ses baies, la mine tout de même abattue, et sortit le maximum et les plus rentables d'entre elle dans un défilé de formes et de couleurs très variées (les dresseuses d'élites la remerciant silencieusement pour avoir compris leur problème.) Elle leur expliqua les effets de celles qu'ils ne reconnaissaient pas et l'utilisation qu'ils devaient en faire au moment opportun, puis ils quittèrent le centre après que les trois dresseurs aient choisis les pokémon qui composeraient leurs teams (les formalités administratives furent quand à elle éconduites prestement.)


Luna et Lisa les accompagnèrent pourtant jusqu'aux aéroglisseurs en leur prodiguant les conseils habituels dans ce genre de situation, avec quelques dernières mises au point concernant les baies, et Lovis leur fit signe de se rendre immédiatement à l'arène dès que l'aéroglisseur sortira du hangar –ayant avertit ses dresseurs de leur nouvelle mission de protection-.

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Alors que le moteur commença à vrombir, Luna sortit une toute dernière capsule baie de son sac à l'attention de Flo. Celle-ci la prit avec une certaine appréhension en ne reconnaissant pas le schéma de couleur pour le moins original de la capsule.


« C'est pour Athos. J'espère que tu n'en aura pas besoin, mais je préfère que tu ais toutes les chances de ton côté. Tu sauras l'utiliser quand tu la reconnaitras. »


Bien que ne comprenant pas vraiment le sous-entendu, la championne accepta le cadeau qu'elle lui fit d'un signe de tête quand le bruit de l'hélice de l'aéroglisseur devint trop bruyant pour parler.

Lentement ce dernier commença à sortir du hangar pour se diriger vers le marais, et commença à prendre une vitesse de plus en plus conséquente jusqu'à disparaitre rapidement de la vue des deux demoiselles restées en arrière… Les laissant seules avec l'amer sentiment d'inutilité en guise de compensation.


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[*1]

Une fois le bruit du véhicule autoporté s'étant définitivement trop éloigné pour que le bruit leur parvienne encore, les deux demoiselles prirent la direction de l'arène de Lovis avec une mine réservée. Puis Lisa se tourna vers Luna sur un ton légèrement suppliant.


~Est-ce que l'on pourrait d'abord passer par le magasin de musique, s'il te plait ? Ne serait-ce que pour remercier Mr. Monard pour son hospitalité…~

Luna eut un faible rire. « Je pense que c'est bon, les teams ne vont quand même pas s'en prendre à nous durant ce faible laps de temps… Du moins je l'espère. »

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Mais une fois arrivée vers ce dernier, elles virent justement l'intéressé sortir du magasin en fermant ce dernier à clé, avec le panneau « fermé indéterminée » retourné sur la porte d'entrée.


~Mr. Monard ?~

Ce dernier se retourna instinctivement en reconnaissant le timbre de voix de la petite fille.

« Ah Lisa, et mademoiselle Luna, je suis bien aise de vous voir. » Nota-t-il en reconnaissant aussi cette dernière.

« Pourquoi fermez-vous vôtre magasin ? »

Ce dernier fit une petite mine gênée.

« Un vieil ami à moi vivant à Hoenn m'a fait part d'une de ses dernières créations et souhaiterait que je vienne lui donner un avis d'expert sur la question. Sachant que Lisa rentrait aujourd'hui selon toute vraisemblance, je ne voyais aucune raison pour refuser son offre. »
Mais notant le regard légèrement attristé de la petite fille, il déduit à voix haute.
« Ne me dîtes pas que vous ne rentrez pas tout de suite, si ? »

« En fait… » Commença la jeune femme d'un ton gêné. « Cela ne change pas grand-chose au final. Même si nous restons à Verchamps, nous ne pourrions plus vous rendre de visite jusqu'à nouvel ordre de la part du champion… »

« Grande clé de Sol, mais pourquoi diable Lovis vous imposerait-il cela ? » S'exclama-t-il.

« Rien dont vous ne devriez vous en préoccuper, s'il vous plait… » Lui répondit-elle légèrement suppliante.
« Mais Lisa voulais passer pour vous remercier de lui avoir offert l'hospitalité durant ce laps de temps, tout comme moi et la championne de Vestigion qui n'est actuellement pas disponible pour vous le dire de vive voix. »Fit-elle en s'inclinant poliment. Et ce dernier fut prit d'un petit rire amical.

« Voilà qui est cocasse. » Dit-il sur un ton amusé. « Je comptais justement la remercier à mon tour pour l'animation et la joie qu'elle me rendit durant ces derniers jours. »
Il montra du doigt l'un des pianos électroniques qui trônait au fond de sa vitrine.
« Un exemplaire identique devrait arriver à l'adresse de la championne de Vestigion d'ici plusieurs jours. C'est de loin le meilleur rapport de performance que je possède dans le domaine et en magasin. »


Bien que sachant pertinemment qu'elle cédait à un sentiment honteux inavouable, les yeux de la petite fille s'illuminèrent d'eux-mêmes sans qu'elle ne puisse se contrôler, ayant même réussi à oublier la tension environnante pendant quelques instant, totalement subjuguée par l'idée de poser ses doigts sur ces accords. Sa réaction prit par défaut Luna et le vieil homme, mais les fit rire en même temps de bonne humeur.

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Leurs rires la fit sortir de sa transe (littéralement) et elle ne put s'empêcher de rougir de honte en se rendant compte que, contrairement à ce qu'elle avait fait remarquer au Champion, elle se comportait belle et bien toujours comme une enfant du même âge que son apparence laissait penser. Serrant même d'avantage sa serviette pour souligner ironiquement ce dernier point.


~ Désolée… je ne sais pas ce qui m'a prise…~

« J'aurais dû prendre une photo, je suis sure que Flo aurait adorée. » Fit-elle d'un petit rire. Puis le vieil homme vit son visage s'illuminer, prit d'une inspiration soudaine.

« Oh, ça me fait penser à une chose en particulier en parlant de mon ami d'Hoenn ! »


Il rouvrit son magasin rapidement et s'y engouffra tout aussi vite, laissant les demoiselles interloquées derrière. Il revint au bout de quelques minutes avec une petite mallette noire, referma la porte du magasin (pour de bon cette fois), et l'ouvrit devant les demoiselles pour leur dévoiler son contenu : une sorte de flûte en verre de couleur jaune.


« C'est superbe, qu'est-ce que c'est ? »

« Une des créations de mon ami d'Hoenn, un souffleur de cendre de talent ; le dernier légataire de cet art perdu… » Dit-il d'un petit air un peu triste concernant ce point.
« Il collecte la cendre qui tombe fréquemment dans les hautes herbes du côté d'Autéquia et la transforme en créations de verre absolument magnifiques, dont certains qui sont des instruments au timbre unique au monde. »
Il referma la mallette et la tendit doucement vers la petite fille.
« Voilà mon cadeau de départ en attendant que tu puisses jouer du piano. »

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Interdite en premier lieu, puis passant du choqué à la stupéfaction, la petite fille ne s'empara pourtant pas de la mallette contenant le magnifique don qu'il lui faisait –même si une partie d'elle était en train de partir insidieusement au septième ciel et se refusant catégoriquement à l'admettre-.

De son côté Luna ne dit pas un seul mot, attendant la réaction de Lisa d'un air amusé en la voyant en proie à une forme de choc amusant. Cette dernière sortit à nouveau de cette nouvelle transe en se souvenant des manières qui lui furent éduquées et se fit donc un devoir de tenter de décliner poliment la proposition.


~Je ne peux pas accepter un tel cadeau, c'est beaucoup trop précieux pour que je vous en prive.~ Mais il lui sourit en retour.

« Ce qui me brise plus le cœur que de voir la mentalité musicale actuelle, c'est de voir un instrument ne pas jouer de la musique en prenant la poussière. C'est un gâchis que je ne peux supporter au fond de mon âme de mélomane. » Puis il reporta son regard sur la mallette.
« Cela fait si longtemps que cette flûte m'a été offerte par mon ami que j'en étais même arriver à presque l'oublier. Vois-tu Lisa, cette flûte de verre ne possède pas uniquement un timbre particulier en tant qu'instrument à vent, c'est aussi une œuvre d'art qui ne peut être jouée que par des personnes possédant le don de la musique. Et bien que cette dernière soit une passion pour moi au point qu'elle soit une partie de mon âme, je n'ai jamais réussi à accorder plus de deux notes d'affilées pour ne serait-ce qu'une seule ligne… »Il poussa un soupir.
« J'ai même cru pendant un moment que j'avais perdu mon talent, pour vous dire à quel point cela m'a choqué. Mais en rejouant à d'autres instruments, je me suis rendu compte qu'il n'en était rien. J'en suis arrivé à la conclusion qu'il faut réellement une appréhension et une compréhension innée de la musique pour pouvoir en jouer... »


Il retendit la mallette vers Lisa, n'insistant pas plus que cela. Il se contentait juste de lui fournir un sourire amical à son attention : le sourire fier de l'ancienne garde passant le flambeau à la nouvelle génération, sachant pertinemment qu'il est entre de bonnes mains.


« Bien que tu me dis être pianiste, je t'ai écouté jouer de la flûte et passer d'une famille d'instrument à bois à une autre aussi naturellement que si c'était une seconde nature : flûte à bec, traversière, hautbois baroque, ocarina… A t'entendre jouer c'était si limpide, si clair, si facile ; maitrisant instantanément un instrument à partir du moment où tu en écoutais toutes les notes dont il était fait, peu importait la difficulté de l'instrument en question … Même moi j'ai ressentis l'impression que je pouvais jouer de tout et n'importe quoi, malgré mon expérience qui me criait le contraire… »


Lentement, par réflexe de respect, Lisa saisit la petite mallette de ses mains tremblant légèrement, ne cachant pas l'effet que cela lui faisait ; encore partagée entre la joie et la honte. Mais cela ne fit que faire sourire d'avantage le vieil homme.


« Le destin d'un instrument n'est pas de tomber dans l'oubli sans avoir fourni au moins son dernier requiem, d'avoir fait résonner et écouter sa musique au monde au moins une fois dans son existence. Lisa, moi je suis incapable de donner à cette flûte la chance qu'elle mérite, mais toi si. Alors donne-lui la voix qu'elle n'a jamais eue jusqu'à présent, une voix qui ne sera jamais prête à s'éteindre, et tu auras fourni le meilleur cadeau qu'un vieillard comme moi puisse rêver d'avoir. »


Les tremblements de ses mains s'arrêtèrent lorsqu'elle comprit qu'elle pouvait garder cette véritable petite merveille, mais pas sans céder la place à un sentiment encore plus pitoyable en la présence d'une curieuse euphorie partagée en une dizaine de sentiments contradictoires, la faisant sourire bêtement tout en versant quelques larmes de joie.


~ Merci… Merci beaucoup… Je promets que j'en prendrais soin tous les jours !~ Alors qu'elle serrait la mallette contre elle aussi fort que sa serviette.

« Je n'en doute pas un seul instant. » Lui répondit-il de ce doux air amusé. Puis il nota l'heure à sa montre (d'ancienne facture) en remarquant qu'il était temps pour lui de partir, avec sa valise déjà prête à côté de lui.
« Et bien mesdemoiselles, je vais devoir prendre congé de vous. J'espère sincèrement que la situation s'arrangera pour vous, et que j'aurais la chance de pouvoir écouter une de tes futures mélodies à l'avenir. »

~ Juré !~ Lui répondit-elle immédiatement. Et il s'en alla lentement en direction du port de la ville, faisant un dernier signe d'au revoir aux deux demoiselles

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Filick Monard ne le savait pas, mais pour un membre de la famille Aria : offrir ou recevoir un instrument de musique est un geste d'une énorme valeur qui ne s'oublie jamais.


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Sinnoh. Verchamps. Sous-sol de l'arène de Verchamps.

Jeudi 22 Avril. 16 heures 08 minutes.



Rapidement prises en charge par le personnel de l'arène une fois entrées dans cette dernière, elles restèrent « cloitrées » dans l'une des petites salles annexes du complexe pour leur « sécurité » selon la personne assurant l'intérim en l'absence des 3 chefs des lieux : un ranger du nom de Cody. Et le temps semblait s'écouler lentement alors qu'elles restaient là à attendre le retour de leurs amis.

En désespoir de cause, Luna proposa une idée qui « venait de lui traverser l'esprit » en voyant la petite fille se comporter comme une sorte de maman poule avec son nouveau trésor.


« Et si tu nous jouais un air ? »

~ Pardon ?~ Fit-elle comme si elle n'avait pas entendue sa phrase. Ce qui fit rire la jeune femme.

« Tu n'as pas arrêtée d'admirer cette mallette comme si tu voyais au travers. Alors soit effectivement tu vois au travers, ou tu brûles d'envie de vouloir l'essayer. »

Elle fit une petite moue triste.

~ Mais je risque d'embêter nos hôtes, surtout que je ne sais pas encore en jouer. Normalement on ne s'entraine qu'à l'abri des autres pour éviter de les gêner. Nous avions d'ailleurs des salles dédiées dans le manoir…~ Esquivait-elle, alors qu'elle « crevait » effectivement d'envie d'y jouer.

« Et si tu la sortais de son rangement, juste pour la regarder en attendant ? Personne ne te fera de reproche là-dessus. »


Problème : elle ouvrait déjà la mallette à l'entente de la première syllabe du huitième mot, arrivant à une déduction allant dans ce sens à la vitesse de l'éclair ; arrachant un sourire aussi dépité qu'amusé de la part de la jeune femme. Mais elle se rapprocha de la petite fille quand celle-ci n'esquissa plus le moindre geste, littéralement le regard collé sur l'instrument, et n'étant probablement même plus au fait qu'un univers l'entourait éventuellement.


« Lisa ? Hééé hooo… ? »


Elle claqua des doigts à son oreille pour la faire sortir de transe, ce qui réussit sans problème… Même si cette dernière faillit faire une rechute en reposant les yeux sur la flûte.


« Partis comme c'est, je pense que Flo et les autres vont revenir avant que j'ai pu réussir à te faire me montrer cette flûte… » Plaisanta-t-elle doucement.

~ Désolée… C'est juste… Que…~


Elle recommençait à se faire hypnotiser par l'instrument. Mais c'est là que Luna prit sa serviette fétiche pour la poser sur la flûte (Lisa l'ayant pliée et laissée de côté mécaniquement durant sa contemplation) se qui l'eut soustraite à sa vue.


~ Merci…~ Fit-elle honteuse. ~ Je te laisse l'ouvrir plutôt… J'ai l'impression de savoir ce que ressent Cynthia avec l'archéologie, mais je n'ai jamais ressenti cela avec une telle intensité avant…~ Avoua-t-elle.


Elle émit un petit rire en réponse à la franchise et aux sous-entendus liants son caractère à celui de l'ex maitresse. Elle sortit l'instrument en question en se servant de la serviette comme d'un protège-empreinte, à l'image des gants de majordome quand il manipule de la vaisselle ou de la porcelaine précieuse devant être vierge de toute salissure, « devinant » que cela ne pouvait pas être mieux adapté sachant qui était le précédant légataire de cet humble bout de tissu ; voyant même Lisa noter cet « hommage » avec une pointe de remerciement.

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La flûte était en effet une pure merveille d'art du verre né de la cendre : droite à la perfection, la lumière se reflétait à sa surface polie avec la même intensité qu'elle la traversait à la manière d'un prisme monochrome, ne renvoyant que la couleur du jaune passif dont elle semblait être animée d'une volonté propre à l'image d'un cœur de cristal ; des striures bombées d'un bleu ciel ornant la jonction du bec et de la bouche dans un contraste aussi frappant que magnifique à admirer.

Mais ce qui attirait invariablement le regard était la bouche en question : trois fois plus grosse qu'une version standard à l'image d'une sorte de cuvette sonore ; comme si l'artiste avait voulu retranscrire l'idée qu'il se faisait du son dans une exagération cristalline.


Même si « Luna » n'avait aucune connaissance en termes de musique ou d'acoustique, elle devinait que ce devait être ce dernier détail qui faisait de cette flûte un défi instrumental pour le vieil homme. Et la petite Lisa la lui confirma.


~Je ne saurais pas vraiment comment te l'expliquer clairement, mais une flûte à bec fonctionne grâce à la colonne d'air que contient la perse, et une différence de pression dans le sens longitudinale de la perse qui effectue un mouvement continu de va et viens tant que le flûtiste continu de souffler dedans, faisant vibrer la colonne qui produit le son. Une pression faible est appelée un ventre et une pression forte un nœud…~

Mais elle voyait l'experte en « baies » peiner fortement à suivre ses explications.

« Euh… Excuse-moi Lisa, mais je n'ai pas comprit un traitre mot de ce que tu viens de me dire… » Fit-elle gênée.

~Désolée, je n'ai aucune idée de comment t'expliquer « simplement » comment fonctionne une flûte pour te faire comprendre à quel point cela est ardu de jouer de cet instrument.~

« Ponctue ton exposé en me montrant les différentes parties. Nous avons tout nôtre temps. » Se prit-elle à sourire malgré le ressentiment perceptible derrière.

Lisa tenta de prendre la flûte pour lui montrer où représentait quoi, mais elle ne la laissa pas approcher de l'instrument.

« Ah non, il va falloir que tu me l'explique à distance. Parce que si je te la laisse, je suis sûr de ne plus pouvoir te faire revenir. » Plaisanta-t-elle.

~ D'accord.~ Plaisanterie qu'elle prit bien. ~ La perce est le tuyau qui compose la majorité de la flûte, le bec l'extrémité du haut où on souffle dedans et la bouche l'extrémité de sortie. Quand on souffle dans une flûte, la colonne d'air tout le long du tuyau est prit d'une vibration, et le fait de boucher ou ouvrir les trous le long du tuyau influence la colonne d'air à l'intérieur ; ce qui produit le son…~

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Les minutes passèrent de plus belle tandis que la musicienne expliquait et exposait toutes les nuances de l'instrument aux termes de ce qui semblait être d'interminables ponctuations, mais qui pourtant ne semblait pas ennuyer la jeune femme qui l'écoutait avec une attention quasi religieuse (ce qui lui faisait intérieurement plaisir, même si elle ne voulait pas le lui avouer.) Et, au bout d'un moment, lorsqu'elle eut finit les grandes lignes, Luna reporta à nouveau son attention sur l'objet.


« C'est donc une vibration symétrique continuelle qui caractérise les flûtes en général, grâce à leur forme caractéristique. Mais cette flûte possède une embouchure 3 fois plus large que les modèles standards, ce qui donne donc lieu à une vibration asymétrique et donc anarchique. »

~Oui. C'est pour cela que cet instrument doit être particulièrement dur à jouer : un instrument à fonctionnement asymétrique d'origine symétrique est à peu près basé sur le même principe que d'essayer de faire rouler un carrosse avec des roues de formes inégales. Cela demande une maitrise absolue dans le domaine… Et je doute de pouvoir un jour réussir cet exploit…~

« N'abandonne pas avant de n'avoir même pas essayée, ce serait dommage… » L'encouragea-t-elle.

~ Non, Luna, ce n'est pas un abandon, mais du réalisme. Même si nôtre famille était reconnue pour son talent musical, la maitrise de l'asymétrie sonore était un don extrêmement rare, même dans nôtre famille… Et la dernière héritière de ce don était ma grande sœur…~ Finit-elle sur une note triste.

« Je vois… » Commença-t-elle pourtant sur un ton qui laissait entendre qu'elle n'était pas d'accord, et pour une bonne raison.
« Dis-moi, au sujet des instruments asymétriques : en quoi sont-ils généralement fait ? »

~ Avec les mêmes matériaux que les traditionnels. Pourquoi cette question ?~

« Et bien… »

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Elle ne put finir sa phrase qu'une alarme retentie dans l'arène, avec Cody justement qui criait dedans.


« Attention à tout le personnel ! Un Cradopaud, sous observation après l'évènement du parc, est subitement devenu fou, à évolué en Coatox et s'est échappé de son enclot d'observation ! Tout le personnel non apte à livrer un combat pokémon doit immédiatement quitter le sous-sol de l'arène le temps que la bête soit maitrisée ! Je répète- »

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Il n'en fallu pas plus pour les faire réagir en même temps.

~Qu'est-ce qu'on fait Luna ?! Je devrais être logiquement apte à combattre, mais sans Flo pour me guider cela va être impossible pour moi !~

« Et un Coatox est un pokémon poison redoutable de part sa grande agilité, une simple piqûre provoquée par ses crochets peut être mortelle ! Je ne peux pas non plus partir, pas avec les baies antipoison qu'il me reste et si quelqu'un est blessé ! »

~ Je peux peut-être intervenir auprès de lui pour le calmer, comme avec Hana !~

« Mais Hana était une amie, pas ce Coatox, et s'il est aussi incontrôlable qu'il est fou, tu n'auras aucune chance de l'approcher ! »

~Si seulement j'avais un piano, ou un instrument que je sais jouer, j'aurais pu le calmer sans problème…~

La remarque fit tiquer Luna vu sa nature improbable par rapport à la situation. Une ball pouvant capturer en un coup cela pourrait se comprendre, mais un piano ?

« Comment ça ? » Lui demandait-elle intriguée par la remarque tellement énorme de la petite fille qu'elle ne pouvait prétendre à poser une autre question.

~ Certaines de nos musiques possèdent une forme de pouvoir plus ou moins puissante sur les pokémon, et nous pouvions les influencer avec.~ Elle marqua une pause malgré l'oppression constante de l'alarme.
~ Même si Hector ne me l'a jamais avoué, je n'étais pas naïve au point de ne pas me rendre compte que c'était à cause de ces mélodies que nous étions si proche de la noblesse impériale, car j'ai appris certaines de ces mélodies grâce à ma grande sœur –même si je n'étais pas censée les apprendre-, et l'une d'entre elle est à même de calmer même les plus déchainés d'entre eux.~

« Tu veux dire que ta musique pourrait réellement « détendre les mœurs » du Coatox ? » Fit-elle incrédule.

~Je ne sais pas… Je ne l'ai jamais essayée en vrai…~Avoua-t-elle. ~Mais ma grande sœur m'a affirmée de son pouvoir, et je la crois sans hésiter.~ Répondit-elle intransigeante.

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La réponse ne laissa d'autre choix à la jeune femme de la croire sur parole, « impressionnée » par le ton sans concession dont la petite fille venait de faire preuve, mais nota que cette dernière retomba dans une certaine moue de dépit en constatant qu'elle n'avait pas ce dont elle avait besoin sous la main… Alors Luna posa le regard sur la flûte…


« Tu as pourtant un instrument à ta disposition… »

~Que je ne sais pas maitriser…~ Lui rendit-elle d'un air dépité.

« Moi je crois que si. » Répliqua-t-elle à son tour en s'emparant de la flûte pour la lui tendre.
« Si ta sœur t'a fais confiance pour te transmettre cette mélodie, moi je te fais confiance pour la jouer avec cet instrument. »


Machinalement, la petite fille saisit la flûte jaune tendue par Luna, avec une pointe d'appréhension en constatant qu'elle ne voyait pas où elle pouvait poser ses doigts inférieurs où devaient logiquement se poser le majeur, l'annulaire et l'auriculaire de sa main gauche. A la place se trouvait la protubérante bouche de la flûte striée de 3 sortes de cercles bleu ciel en verre, agencés dans un ordre de taille croissant en partant du point le plus proche de la perse, comme les motifs d'une ventouse (sa forme la rappelant vaguement).


~ Je ne crois vraiment pas que je puisse en jouer.~ Réalisa-t-elle en analysant correctement pour la première fois l'objet.

« Lisa, est-ce que tu connais la musique de verre ? » La reprit-elle comme si elle n'avait pas notée sa remarque.


La petite fille écarquilla les yeux comme si la jeune femme venait de lui donner l'illumination. Elle regarda à nouveau l'instrument, nota l'endroit où ces striures étaient placées et la perfection circulaire avec laquelle elles furent agencées, et se rendit compte qu'elles étaient idéalement situées pour être « lissées » par ses doigts.

L'évidence même de l'objet lui criait au visage plus surement que l'objet le faisait déjà lui-même : il était en verre, intégralement en verre du bec à la bouche, et créer par un artisan du verre issu de la cendre…

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Mais leurs réflexions s'arrêtèrent quand elles entendirent toutes deux les bruits faisant état d'un combat enragé dans le sous-sol, les rangers et les dresseurs restants faisant face au Coatox déchainé comme ils pouvaient. Des cris demandant des soins antipoison leur parvinrent malgré le vacarme de l'alarme, et elles surent qu'elles ne pouvaient plus faire machine arrière ; de toute façon il fallait sortir de la pièce où elles se trouvaient pour sortir de l'arène.


Prenant leur courage à deux mains, les deux demoiselles ouvrirent la porte et « sortirent dans la mêlée ».

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« Godric : Faux-chage ! »


L'Insécateur du ranger Cody chargea le batracien de poison déchainé dans une charge ample de ses deux faux, aidé par ses ailes membraneuses qui lui fournir l'élan nécessaire à l'exécution de son attaque. Mais, malgré sa folie, le double type poison/combat évita l'attaque avec maestria d'un bond impressionnant, et mit à terre deux des collègues du ranger en éjectant deux dards-venin de ses pattes supérieures ; faisant pester de rage le ranger d'intérim en voyant ses amis s'effondrer à ses côtés comme des mouches. Mais bordel : comment un simple Cradopaud a-t-il pu se transformer en une telle machine de destruction ?!

Il n'eut pas le temps d'attendre la réponse que son Insécateur revint à toute vitesse vers lui pour le soustraire à la vendetta orchestrée par le pokémon fou allié, évitant à son tour avec maestria cette dernière. Un Mustebouee et un Carabaffe appartenant aux dresseurs de Lovis tentèrent de profiter de l'occasion dans un combo de laser-glace/pistolet à eau pour l'immobiliser, mais l'agilité et les talents d'anticipation de ce dernier le firent éviter ces derniers d'un salto arrière avant de tenter à nouveau de délivrer des dards-venin en même temps, mais ratant sa cible cette fois quand les pokémon eau évitèrent ces derniers avec agilité.


Quelle merde, se dit-il à nouveau, la majorité des pokémon de l'arène avaient été ramenés dans leurs balls (ou placés dans des balls provisoires concernant les rangers) lorsqu'il fut avérés que les pokémon enregistrés comme étant les plus sensibles à la folie montraient des signe d'affection par cette dernière ; réduisant ainsi drastiquement leurs effectifs et les privant d'une énorme part de leurs soutiens pour traiter avec ce pokémon poison.

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Il cria à nouveau dans son oreillette reliée à sa pokémontre en réclamant d'urgence des renforts antipoison, mais la seule réponse qu'il obtenait restait inchangée : « On fait ce qu'on peut ! »

De frustration, il rejeta sa pokémontre au loin en se préparant à se servir encore une fois de son capstick, en notant que la jauge d'énergie était presque à zéro d'un air doublement frustré. Si au moins le Xatu de son homologue scientifique était là, la situation serait bien plus gérable, mais il a été prit en grippe immédiatement par le Coatox grâce à sa foutue capacité instinctive à savoir détecter le danger, les privant d'un soutien irremplaçable dans cette situation qui ne faisait que s'aggraver de minute en minute.

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D'un regard envers son partenaire ailé et ils se jetèrent à nouveau dans la mêlée, éjectant la toupie de l'engin à pleine vitesse dans l'une des mini-arènes d'entrainement de la salle (ayant réussi à attirer et contenir le Coatox dedans), aidé en la présence des deux autres dresseurs qui tentaient tant bien que mal de contenir le batracien berserk, là où leurs homologues restaient en réserves en s'occupant des blessés.

La toupie commença à tourner autour du batracien dans une course elliptique large, profitant du fait que le Coatox s'éloignait de sa position pour mieux résister aux pokémon qui ne lui laissaient aucun instant de répit, mais d'un coup ce dernier disparut de leur champ de vision après avoir évité l'Aqua-Jet du Mustebouee, les laissant sur le carreau.


« Cody, Attention ! »


L'un des dresseurs lui hurla le danger qui se mouvait vers lui en la présence du Coatox ayant feinté ses alliés via un bon prodigieux, le propulsant haut dans l'espace alloué du sous-sol de l'arène… Mais vers la position sans défense du ranger.

Il vit le batracien faire rayonner ses poings d'une couleur mauve avec le regard fixe du tueur fondant sur lui, et il ferma les yeux quand il comprit qu'il ne pourrait pas encaisser le direct-toxic du pokémon.

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« Coriolis : Psyko ! »


Le batracien fut stoppé dans sa course aérienne pour finir projeté par une force invisible à l'opposé de la position du ranger, protégeant ce dernier qui ouvrit les yeux de stupeur en reconnaissant le nom du Xatu de son homologue scientifique. Il s'autorisa un sourire rassuré en comprenant que les renforts antipoison devaient être finalement arrivés.


« Enfin c'est pas trop tôt ! Jed, maintiens le Coatox avec ton Xatu pendant que je le calme- »

« SECAAAA ! »


Il ne put terminer sa phrase que son partenaire insecte finit à son tour projeté dans sa direction pour finir s'écraser à côté de lui. Le Coatox n'avait pas été affaiblit, mais était au contraire entré dans une rage folle.

Cody écarquilla les yeux de peur en voyant que son partenaire souffrait d'une blessure à l'épaule qui était infectée de poison, et voyant la toupie de son capstick brisée en plusieurs morceaux à côté de lui : Un Coatox est censé être ultra sensible à une attaque psychique, surtout d'un pokémon appartenant à cette catégorie, alors comme pouvait-il se relever avec une telle force sans être un Shiny ? Il chassa ces pensées de sa tête en comprenant qu'elles étaient contre-productives dans la situation, et cria en direction de Jed (son homologue scientifique) en espérant que les soigneurs étaient toujours à côté.


« Toubib, vite ! »


Le Coatox tenta d'achever l'Insécateur et le ranger avant qu'ils ne puissent se relever, comme il anticipait qu'il pourrait lui poser problème dans un futur proche, mais fut à nouveau stoppé par le volatile psychique secondé par les deux pokémon eau, ne lui concédant plus un pouce de terrain. Les « renforts » profitèrent de ce moment pour intervenir vers le ranger, ce dernier tentant de rassurer son partenaire en lui disant que ça allait bien se passer… Et perdre ce sourire qui se voulait rassurant en constatant que les « renforts » n'étaient autres que la maitresse des baies et la petite fille que le champion avait confié à ses soins.


« Mais qu'est-ce que vous faites encore là ?! J'ai donné un ordre clair d'évacuation à tout le personnel non apte au combat ! »

« On a entendu, mais j'ai de quoi soigner les problèmes de statu avec mes baies ; comme je l'ai fait avec le Xatu ! »


Comme pour confirmer ses dires, elle sortit une baie rose de son sac qu'elle donna au pokémon insecte, qui la dévora instantanément en la reconnaissant instinctivement, et se releva presque aussi rapidement. Soulagé de son problème et avide d'en découdre.

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Constatant de lui-même la nécessité que représentait la présence de l'experte des baies, il n'eut cependant pas le temps de le faire remarquer quand cette dernière s'exclama envers la petite fille qui l'accompagnait « A toi Lisa ! » Le faisant sursauter de consternation en voyant la petite fille s'avancer au milieu de l'arène avec une flûte, se préparant à en jouer comme si de rien n'était autour d'elle… Jusqu'à ce qu'ils entendent la première note.

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[ http://www.youtube.com/watch?v=-TC21KZUpHI&feature=related ]
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D'une manière surnaturelle, les acteurs de la mêlée devinrent d'un coup des spectateurs, et l'arène dans laquelle ils se battaient une salle de récital pour la musicienne trônant en son centre, jouant une mélodie oubliée depuis longtemps ; les captivant comme si la bataille n'avait jamais existée.


Le souffle de la colonne d'air entra en résonnance avec les vibrations de verre quand elle fit glisser ses doigts sur les striures bleues de la bouche de l'instrument, provoquant un son faisant penser au hurlement d'un loup avec la douceur du ton cristallin de la flûte. Les notes nées de ce son se répercutèrent dans la salle comme si une meute entière jouait à l'unisson dans une ode ancestrale née des temps plus anciens encore, provoquant un véritable effet acoustique de salle de concert qui ne laissa aucun être vivant indifférent. Réussissant même à subjuguer l'alarme de par sa beauté et sa simplicité ; les spectateurs n'arrivant plus à entendre autre chose.


Comme si la musique réussissait même à émouvoir l'essence pourtant insensible de la machine, l'alarme se tut en même temps que la dernière note fut jouée, faisant retomber l'arène dans un silence digne des plus grandes cathédrales.

Dresseurs, rangers, scientifiques, pokémon : plus un seul d'entre eux ne prononça le moindre mot, le moindre bruit ; pas même le Coatox qui s'arrêta dans sa folie meurtrière, laissant ses bras battant le long du corps, avant de tomber à genoux juste devant la musicienne.

Cette dernière prit sa flûte de ses deux mains devant elle, et s'inclina devant le « public » comme on le lui avait appris il y'a bien longtemps ; la tradition du musicien remerciant les spectateurs de l'avoir écouté.

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Un seul mot : néoson [@] ; la chimère théorique de la fréquence sonore auditivement inaudible de l'être humain.

Le son est une vibration dont on en détermine la nature en fonction de sa fréquence de vibration appelée « Hertz ». L'oreille humaine capte biologiquement les fréquences sonores entre 16 et 20kHZ, et ce qui est en dessous est appelé « infrasons » et au dessus « ultrasons », c'est-à-dire les deux parties du spectre sonore inaudible pour l'homme, mais qui les capte quand même à l'image d'une odeur « inodore » ; n'étant pas conscient de son existence, car ses sens ne lui relaient pas l'information, mais y étant tout de même soumis.

Le néoson est quand à lui une chimère dans le sens théorique du terme où il serait « théoriquement » possible de mélanger tout en switchant ces deux spectres de fréquence, à l'image du noir et du blanc pour en faire du gris tout en conservant les deux couleurs de base, ce qui donnerait pour effet de réussir « théoriquement » à faire « entendre » à l'être humain ces deux spectres sonores, malgré l'interdiction biologique de sa nature. La condition théorique nécessaire à cet exploit étant d'obtenir en même temps, d'une même source, des ultrasons, des infrasons et des sons auditivement normaux, allant d'une fréquence inférieure à 1 HZ vers plus de 30 kHz… Ce qui est logiquement impossible… Sauf pour cette flûte.


La Faucheuse établit comment cet « exploit » pouvait être possible : flûte aux son venteux de catégorie aigus + vibration de verre de catégorie basse + manipulation de la colonne d'air interne entrant en résonnance avec la « bouche » de l'instrument faisant office de chambre d'amplification/réduction + translation de fréquence sous forme de mélodie complexe = néoson… Et chance pour que toutes les conditions soient naturellement réunies pour permettre ce prodige ?

Inexistantes.

Et pourtant, les faits sont là : le Coatox fou allié est limite devenu amorphe et aussi énergique qu'un tétraplégique déprimé.


Elle-même aurait pu faillir sous l'inédit de l'expérience, son cerveau n'ayant jamais capté un tel son avant, mais la mort est insensible à la musique, aussi belle soit-elle, car même le son le plus beau finit invariablement par mourir dans le silence.

[ A suivre.]

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[NDLA : le « néoson » est une invention de mon crû, une petite fantaisie que je me suis permis pour expliquer les pouvoirs des flûtes dans le jeu en fonction de leurs caractéristiques ; la flûte jaune soignant la folie et la confusion. Et puis c'est surtout une excuse pour placer l'ost de Zelda que je trouve magnifique.

En même temps une fic faisant intervenir une musicienne sans son, ça parait totalement con XD ]