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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 14/12/2010 à 21:15
» Dernière mise à jour le 14/12/2010 à 22:07

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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023 - Foire d'empoigne
« Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas »
(Robert Burns)

« -On sent une affection débordante, un amour profond... Ils s'appellent Smirnoff tous les deux ou quoi ?! »
(Roland à propos des Pokémon de Stuart Gibson dans le chapitre 242 - Conflits Migratoires)

« De l'autre côté de la rue, mon paradis perdu… »
(Etienne Daho - Soudain)



- Pourquoi j'ai accepté ? Pourquoi, pourquoi j'ai accepté… marmonna Roland.
- Parce que tu es un bon fils, parce que ton père avait ces quatre invitations, parce que tu as besoin de cet éditeur…

Roland acquiesça. Yann avait défait sa ceinture et regardait autour.

- Ca me saoule ! Pourquoi on s'arrête pas dans un de ces super magasins ? On pourrait trainer !
- Malcolm, écoute ce gamin, son intelligence est supérieure !
- Non, Roland, ton père nous attend à la gare d'Azuria, on va le chercher et direction Argenta pour le salon de l'édition.
- Putain comment on va s'éclater, sérieux… soupira Yann.
- Rappelle-moi pourquoi on se coltine Poil de Carotte ?

Malcolm prit une inspiration :

- Charlie a un séminaire, Léopold et ta sœur se font inspecter, personne ne pouvait garder Yann. Excepté nous avec la quatrième invitation de ton père !
- Rachel me manque… geignit Roland.
- Je suis un peu une part de Rachel, c'est toujours ça de pris ! Sourit Malcolm.
- Non, Malcolm. Il y a des choses que je fais avec Rachel que je ne peux définitivement pas faire avec toi !
- Beuuuh… geignit Yann.
- Trop de détails ! Frissonna Malcolm.

Roland soupira.

- Je sais même pas pourquoi je stresse…
- Première fois que tu vois ton père hors du contexte familial global, il n'y a plus Lily ou David ou même Linda…
- Alors pourquoi je suis pas à l'aise ?

Malcolm haussa les épaules.

- Je suis pas dans ta tête, Roland. Je pense à mon futur mariage, moi !
- Quelle vie passionnante… soupira Yann.
- Regardez-moi qui se la joue alors qu'en cours, monsieur se fait tout petit ! Grommela Roland.
- C'est vrai, ça, on t'entend pas des masses en cours ! Admit Malcolm.
- Alors, Yann, on compte améliorer ses performances sous peu ? On a débuté l'entrainement avec Charlie au moins ?
- Il a pas le temps…

Roland et Malcolm ricanèrent.

- Le mec est à moitié chômeur et il a pas le temps, je rêve ! Souffla Roland.
- C'est l'hôpital qui se fout de la charité… commença Malcolm.
- …tire sur l'ambulance…
- …et tarabuste l'infirmière ! Bravo, Roland.
- Merci, c'est un réflexe et ça s'acquiert avec les années.

Yann soupira.

- Ils ont des blèmes, Léo passe ses samedi après-midi chez un psy… J'croyais que c'était juste un type de Pokémon…

Roland et Malcolm se regardèrent.

- Ah…
- Hon… Ouais.
- Charlie dit qu'il va chez le docteur mais bon…
- C'est un docteur, Yann. Un docteur particulier… marmonna Roland.
- Ah ouais ? Charlie veut rien me dire…

Malcolm haussa les épaules.

- Ca doit avoir un rapport avec la guerre.
- … ah, ouais.
- Bon. Nous y voilà. Plus qu'à attendre Etienne… souffla Malcolm.

Yann était agité.

- Ca me saoule. On peut pas aller ailleurs qu'à ce salon ?
- Crois-moi je préfèrerais aussi être ailleurs ! Soupira Roland.
- Roland… tu abuses… soupira Malcolm.
- Je voudrais être à l'appart, avec Rachel, devant mon piano ou autour d'un déjeuner avec elle…
- Wow. C'est sérieux. Vous partagez votre brosse à dents ?
- Crétin… Non, mais c'est arrivé qu'on l'échange sans faire exprès. Ma brosse est bleue marine, la sienne est bleue simple mais on les confond facilement.
- J'peux vomir ? Grogna Yann.

Roland soupira.

- J'aime pas la laisser.
- Ce serait adorable si tu ne parlais pas de ma sœur, là ! Et puis elle est grande, elle n'a pas besoin de toi collé à ses basques !

Roland reçut un SMS. Il regarda et sourit. Il montra le SMS à Malcolm.

- « Tu me manques, bon courage pour ton salon, bisous mon ange… RH <3 »…. Wow…. Appelez le médecin, j'ai le diabète ! Souffla Malcolm.
- J'la ressortirais, celle-là ! Ricana Yann.
- Toi, tu te tais ! Grommela Roland. Tout ça pour te dire que c'est sincère et solide. Il faut que je lui réponde.
- Ah oui ça apparait indispensable, là… ricana Malcolm.
- Et toi avec Claire, vous êtes pas cul-culs, peut-être…
- Elle fait sa vie, je fais la mienne, Claire est une femme indépendante…

***

Rachel - J'veux mon homme T_T dit :
Tu penses déjà à comment ça va être horrible au repas de midi, tout à l'heure ? é_è

Claire en manque de Mac… dit :
Arrête j'ai pas envie de pleurer devant mes élèves ! :,(((

***

- Voilà ton père, Roland…
- Yann, tu restes correct, compris ?
- Yes Sir.

Roland sortit de la voiture et accueillit son père.

- Tout va bien ? Demanda Etienne.
- Ca va, ça va… Encore merci pour les invitations…
- C'est tout naturel, qui as-tu amené ?
- … Malcolm et Yann.
- … Je m'attendais à Rachel et Malcolm éventuellement…
- Rachel a cours à cause des changements d'emploi du temps, Malcolm et moi étions les seuls disponibles et capables de garder Yann, Charlie avait un séminaire…

Etienne acquiesça, visiblement gavé.

- D'accord, d'accord. Que va faire un gamin dans un salon d'éditeurs ?
- … Le ménage et la vaisselle ? Il trouvera bien. Ca peut créer une vocation chez lui ! Suggéra Roland.

Etienne hocha la tête. Roland était clairement mal à l'aise.

- Je te laisse le siège de devant ou…

***

Yann était devant, Etienne et Roland à l'arrière. Malcolm toujours au volant.

- Tu dois choisir un éditeur selon les critères qui t'apparaissent les plus valables. De la même façon, tu ne choisis pas toujours ton éditeur, d'autres peuvent s'imposer à toi. Moi par exemple j'ai fait mon voyage itinérant avec le mien !
- Je sais, papa, ça fait des dizaines de fois que tu racontes cette histoire…
- Monsieur Smirnoff, il y a plusieurs stands là-bas ? Pour les non-initiés comme moi et Yann ?
- De quoi tu m'as traité ?! S'étonna Yann.
- Evidemment. Toute sorte d'éditeurs !

Malcolm acquiesça.

- Je vois…
- Même des éditeurs de calendriers, c'est dire… C'est vraiment l'Editorama quoi ! Signala Etienne.
- Votre éditeur y sera ? Demanda Malcolm.
- Il n'est plus à Poképolis malheureusement…
- Par qui est géré l'exploitation de tes livres ? S'étonna Roland.
- Il a tout laissé à celui qui le remplace actuellement et qui est… ma foi quelqu'un de correct.

Roland regarda son père, étonné.

- Tu ne l'as jamais rencontré, hein ?

Etienne eut un sourire malicieux.

- Tiens donc. Je retrouve le Roland d'avant…
- Il sort de temps en temps, on se fait une petite bouffe…
- Non, en effet je ne l'ai jamais rencontré, nous correspondons.
- Que c'est romantique.

Malcolm plissa les yeux. Ils arrivèrent au parc des expositions d'Argenta.

- Yann, tu restes bien avec nous, compris ? Si on te perd, Charlie et Léopold vont nous tuer !
- Ouais, ouais… qu'est-ce que je vais me faire chier…

Tout le monde sortit de la voiture.

- L'idéal, fiston, c'est qu'on aille immédiatement aux stands des éditeurs d'essais ou de livres d'éducation.
- Hm, oui, ça semble assez évident. Tu as des trucs à visiter ?
- Deux-trois stands reçoivent des auteurs que j'apprécie… Kapersky…
- L'auteur de « Réhabilitons Régénération »… Le seul truc que j'en ai aimé c'est le titre ! Souffla Roland.
- Minkovski…
- « Choc Mental et autres prises de pouvoir psychique »… Il est trop sectaire et véhément.
- Et aussi Yurras.

Roland leva les yeux au ciel.

- Ce type qui a passé quinze ans de sa vie avec les Ursaring ?
- En effet.
- Hm… A la limite c'est triste que son « œuvre » ne se résume qu'à un journal de bord, il y aurait eu mieux à tirer d'une telle expédition…
- Je suis d'accord.
- Y'a un problème, papa ?!

Etienne regarda son fils, étonné. Roland plissa les yeux.

- Tu… tu cites trois auteurs dont tu sais pertinemment que je critique le travail… Tu veux qu'on visite le salon séparément ?!

Malcolm regarda Yann.

- Bonne idée ! Avec Yann on va d'un côté, vous, bah, vous allez faire vos trucs, on se retrouve à… 15 heures devant l'entrée ! Si changement de programme, tu connais mon numéro, Roland, il est… dans ton répertoire… au dessus de celui de Rachel…
- Non, j'ai changé le nom dans mon répertoire, elle est à « Choupette ». Comme ça elle est au début…

Malcolm plissa les yeux.

- Allons-y, Yann !
- J'espère qu'il y a des trucs sympas… grommela le gamin.

Roland regarda à nouveau son père.

- Tu me caches quelque chose.
- Absolument pas !

Roland regarda son père, suspicieux.

***

Rachel regarda le pendentif que Roland lui avait offert à Noël. Claire posa son plateau face à elle.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- … J'me sens seule.
- Il est juste absent pour la journée, pas de quoi faire un drame…
- Oh Claire, c'est compliqué en ce moment… C… Comment tu as su que tu étais amoureuse de Malcolm ?

Claire plissa les yeux.

- Euh… On pourrait parler de ça sur MSN ? Je suis plus à l'aise pour jouer les psys sur MSN !
- Non, s'il te plait…
- Attends, tu n'étais pas amoureuse de Roland avant ça ?
- En fait… On était très… proches, au sens tendancieux du terme, mais là… Avec cette histoire de doyenne…

Claire pencha la tête.

- Je sais pas, j'ai ressenti comme une envie de l'avoir de mon côté, de le raisonner, de… l'améliorer en quelque sorte et… Maintenant qu'il n'est plus là…
- Il reviendra ce soir… marmonna Claire.
- Je sais, je ne suis pas idiote, mais… C'est dur de le savoir loin ! Et si je l'appelle toutes les cinq minutes il va me prendre pour une enragée ! J'ai besoin de lui !
- J'ai… su que j'étais amoureuse de Malcolm quand j'ai compris à quel point je… voulais le soutenir et l'accompagner dans sa vie, maintenant… notre relation est basée sur Nell et sur un lien de confiance, et aussi sur nos natures similaires, on est timides, on n'aime pas trop se faire remarquer, on a la même tendresse immense…

Rachel grimaça.

- … on n'a rien de tout ça avec Roland ! J'arrête pas de le rappeler à l'ordre, je sais très bien qu'il m'embobine pour éviter qu'on parle de certaines choses, il me protège de tout et de rien, et surtout… Le seul truc romantique qu'on ait eu l'un envers l'autre c'étaient nos cadeaux de Noël !
- Oh, Malcolm est très romantique, on va régulièrement diner dans différents endroits, on essaie des restaurants, on fait des rencontres bizarres…
- On ne sort pas avec Roland ! Par exemple ! Tu vois !
- … Vous… ne faites pas de sorties ? Bizarre, il sortait beaucoup avec Marigold d'après ce que Lily et David m'ont raconté…

Rachel grimaça, de plus en plus incertaine.

- On va droit dans le mur…
- M… Mais non, Rachel, enfin !
- Claire, on n'a pas une relation élaborée du tout et ça va bientôt faire trois mois !
- Rachel, voyons, ça va venir ! Vous… Vous profitez de la vie pour le moment…
- Et puis même, entre Roland et Marigold il y avait cette collusion intellectuelle qu'on n'a pas, je suis moins théorique que lui, je n'aime pas me plonger dans des bouquins, je ne peux pas citer d'auteurs ou de livres…

Claire était éberluée par la capacité de Rachel à se monter le bourrichon.

- Et c'est horrible parce que j'adore sa compagnie, il est tendre, il est gentil, il est présent, et…
- Rachel, arrête tout de suite avant que je ne te gifle !
- …
- Rachel, tu l'aimes, tu es amoureuse, tu n'as qu'à lui dire ces choses et il les comprendra parce qu'il t'aime aussi ! C'est simple !
- … Je sais pas, Claire ! Je suis trop différente de Marigold et même de lui, je commence à me demander ce qu'on fait ensemble et ce qu'on pourrait devenir dans le futur !
- Ah ça, Rachel, on ne sait pas ce qu'il nous réserve, le futur.
- Qu'est-ce qu'on a de bien, moi et Roland ? En tant que couple ?

Claire réfléchit.

- Vous vous rendez heureux mutuellement, ça se voit…
- Hm…
- Vous intellectualisez peut-être un peu tout.
- Quoi ?
- Enfin Rachel vous êtes deux esprits brillants, Roland est très intelligent et toi tu es vivace et ouverte d'esprit mais… Des fois avec Malcolm on vous regarde discuter de « On s'amuse, on est sérieux » et on se dit… « Merde, c'est un couple ou un colloque de philosophie itinérant ? »

Claire se couvrit la bouche.

- Désolée d'avoir été grossière !
- Non, non… marmonna Rachel, sonnée.
- Est-ce que… au moins une fois… Vous exprimez vos sentiments l'un envers l'autre ? Vous… vous lâchez et vous arrêtez de faire comme si la vie était un contrôle de maths ?!

Rachel se posait encore plus de questions.

- Gifle-moi, Claire !
- Quoi ? Non, enfin je disais ça pour rigoler !
- Les garçons ne sont même pas là et je me pose des tas de questions idiotes toute seule !
- … Je ne sais pas si je peux…
- Vas-y ! Fort ! N'hésitAH !

Rachel venait de se prendre une grosse claque en pleine poire. Elle regarda Claire, stupéfaite.

- MAIS TU L'AS FAIT EN PLUS !
- TU M'AS DEMANDE !!! Geignit Claire.
- METAPHORIQUEMENT PARLANT !! Grogna Rachel.
- FALLAIT PRECISER !! OH PARDON RACHEL J'VOULAIS PAS !!

***

Malcolm et Yann étaient en plein dans une sorte de mini Comic-Con au cœur du salon.

- Mec, t'es trop fort. Y'a plein d'auteurs de Bds sympas !
- Si tu veux, pour me rattraper de mon cadeau de Noël calamiteux, je peux t'offrir une BD…
- Oh… quelque part c'était sympa cette histoire, jusqu'à ce que le gros ne tue les lapins. C'est un pervers, Lennie, nan ? Fin il a un souci avec ses mains, y'a une métaphore bizarre ou quoi ?

Malcolm s'étonna.

- Tu as lu le livre ?!
- J'ai pas de console de jeux et Internet avec le contrôle parental…
- Ca me touche beaucoup ! Merci !
- J'l'ai pas fait pour te faire plaisir !
- Oui, j'en conviens mais ça me fait plaisir quand même !
- Hmph…

Yann et Malcolm passèrent devant un stand. Le gamin fit tomber des livres par terre.

- Ah zut ! Grommela Yann.
- Ca ira, je vais ramasser… marmonna le type du stand en se levant.

Mais Yann s'affairait déjà à remettre les livres en place.

- … merci ! Prends-en un si tu veux ! C'est la maison qui offre !

Yann plissa les yeux et prit un des mangas.

- … « Dream Team » ? Connait pas !
- J'en ai entendu parler… Ca a l'air amusant… marmonna Malcolm.
- Tu connais des trucs de gamins ?
- Yann, les mangas c'est pas pour les gamins ! Crois-moi !
- T'en lis ?
- J'ai frôlé la saga Dragon Ball mais je me suis lassé après l'arc Freezer.
- Dragon quoi ?! C'est quoi ces trucs de vieux !
- Yann, Dragon Ball ne vieillira jamais ! Si j'étais ton père je te laverais la bouche au savon noir.

Yann tiqua et cessa d'argumenter avec Malcolm qui le regarda.

- … Y'a un problème ?
- Nan.
- Avec Charlie et Léopold ?
- Mais nan j'te dis.

Malcolm plissa les yeux, intrigué.

***

- Nous éditons votre livre et en assurons la promotion !

Etienne plissa les yeux alors que Roland demandait plein de précisions.

- Oui mais… J'ai un contrôle, j'ai toujours la mainmise sur mon œuvre, je peux la modifier ?
- Ah non une fois sous notre garde elle est intouchable ! Aucun risque qu'on ne vous vole votre travail !
- Ils peuvent voler mon travail ?
- Oui, ça existe !
- T'entends ça, papa, ils vont voler mon travail !
- Ne cabotine pas, fiston, viens-en au fait.
- … Je peux vous déposer mon manuscrit ?
- Bien sûr !

Roland sortit une clé USB.

- Par ici, je vous prie.

***

- J'me sens inutile…

Etienne plissa les yeux.

- Enfin, Roland, tu leur donnes ton travail et eux le publient ! Tu ne voudrais pas publier à compte d'auteur quand même ? Ce serait terrible.
- C'est pas ça… J'ai bossé sur ces notes depuis le début de ma carrière ! Et là ils prennent ça comme si c'était… un petit truc. Et surtout je n'ai plus le contrôle sur rien !
- C'est le risque. Avec un article de revue, tu peux retoucher éventuellement mais le travail pratique et publié, lui, reste intact, c'est d'ailleurs là tout son intérêt. Essaie cette maison d'édition également.

Roland soupira et regarda son père.

- Tu penses que ça en vaut la peine ? J'veux dire… Publier ce bouquin c'est un moyen pour moi de me prouver que je peux le faire, c'est tout…
- Allons fiston, ne baisse pas les bras si vite. Est-ce que tu crois que moi au cours de ma carrière j'ai baissé les bras quand j'ai su que je ferais dix ans de théorie avec des élèves ?

Roland plissa les yeux.

- M… Qu'est-ce qui se passe au juste ?!
- Rien. Pourquoi tu demandes ?
- J… Je sais pas, t'es bizarre, t'es sec, tu me pousses…
- Fiston, si tu ne voulais pas venir…
- Là n'est pas la question, mais… Je pensais que tu voulais simplement m'encourager ! Pas forcément me forcer à donner mon manuscrit à tous les éditeurs qu'on croise !

Etienne soupira.

- Il n'y a rien, Roland. Rien qui ne soit pas légitime. Va donner ton manuscrit à Fortin éditions, ils sont très bien.
- … Seulement s'ils me donnent la garantie de faire des retouches !
- Aucun éditeur ne te donnera cette garantie, Roland.
- Alors je publie rien ! Voilà ! Pas mes travaux du moins, pas encore ! Plus tard peut-être !

Etienne soupira.

- Désolé papa, je sais que tu t'es donné du mal pour moi, mais…
- C'est insupportable, Roland, tu sais.

Roland s'étonna. Etienne semblait épuisé.

- Insupportable de gérer ta présence ! Je pensais pouvoir faire avec, tout seul, mais non, impossible. Linda a eu beau me rassurer, me dire que tout irait bien, NON, TOUT NE VA PAS BIEN !

Etienne partit, laissant Roland au milieu du salon, éberlué.

- … J'ai sauté un épisode là… ?!

***

- C'est bien ton truc ?

Malcolm et Yann étaient assis sur un banc au milieu du salon. Malcolm s'était acheté un comic book.

- J'ai toujours aimé les histoires de super-héros… Mais là, Super Insolourdo, ça dépasse mon quota de tolérance…
- Ca raconte quoi ?
- C'est… un homme qui a été mordu par un Insolourdo. Et la nuit il devient un homme Insolourdo. Son pouvoir c'est de ramper très vite et de creuser dans le sol. Ce qui ne lui est pas très utile en pleine ville. Mais il peut aussi planer en battant des ailes ! D'après la brochure, ça s'étendrait déjà sur 50 épisodes… Et toi, ton manga ?
- Bof un gamin avec un Lucario monté sur un Doduo qui fait une espèce de grand voyage initiatique pour devenir maître de la ligue, un truc comme ça. A la fin du premier volume, il récupère une nouvelle alliée, une infirmière avec des gros lolos.

Malcolm plissa les yeux.

- Tes parents vont me tuer…
- Nan, ils tueront le mec qui me l'a refilé…

Petit silence.

- Dis, Malcolm…
- Hm ?
- Ca t'est déjà… arrivé de devoir assumer quelque chose sans que tu n'aies rien demandé ?

Malcolm plissa les yeux et hocha la tête.

- Oui. Ma fille, Nell. Au début j'ai eu beaucoup de mal à… l'accepter dans ma vie, à lui faire une place. Et puis je me suis aperçu qu'elle me manquait vraiment et que je l'aimais vraiment. Donc… Je l'ai assumée comme ma fille. Quelque part, les choses peuvent te paraître lourdes et gênantes mais au fond c'est une question d'habitude. Si tu me parlais en fait de tes parents, tu sais, ils font ce qu'ils veulent, c'est un pays libre !

Yann plissa les yeux.

- T'as pas d'autres conneries à me sortir ?!
- … non… Mais… tu as un problème qui t'a amené à me poser cette question ?
- … J'ose pas dire à mes copains que mes parents c'est deux hommes…

Malcolm plissa les yeux. Yann soupira, attristé.

- Ca me fait chier parce que… Ils sont super cools avec moi mais… J'assume pas, j'ai peur des réactions de Rose et Dimitri. Même s'ils sont cools avec moi, même si je les aime bien, au fond j'ai l'impression que je pourrais jamais être moi-même avec eux… et maintenant moi-même, que je le veuille ou pas… C'est Charlie et Léo aussi !

Malcolm grimaça.

- J… C'est comme si j'étais gay moi aussi et que Rose et Dimitri étaient mes parents et que tout d'un coup, paf, je leur révèle que j'ai un mec ! Sauf que mon mec c'est mes parents… et que mes parents c'est mes amis… C'est une situation ridicule… soupira le gamin, paumé.
- … et tu préfères qui, Rose ou Dimitri ?

Yann regarda Malcolm, atterré.

- Tu veux un bon conseil pour l'éducation de ta fille, plus tard ?
- Hein ?
- Embauche un psy d'avance, parce que t'es pas doué !
- … quoi ?!
- Rien. Lis ta BD… soupira Yann, déçu.

***

Roland repéra son père, assis sur un banc. Il hésita et saisit son portable. Rachel lui avait envoyé des SMS.

« La pauvre… elle me manque aussi mais je dois parler à mon père, là… »

Roland s'avança.

- Papa, je me demandais où tu étais passé !
- Excuse-moi, fiston, j'ai eu des mots qui ont dépassé ma pensée…

Roland s'assit aux côtés de son père, pas rassuré.

- S'il y a… quelque chose que tu veux me dire… N'hésite pas !

Etienne regardait dans le vide. Roland se demandait ce qui se passait.

- Je ne… Je ne t'ai pas pardonné.

Roland grimaça.

- P… Pardonné quoi ?!

Etienne ricana et montra Roland du doigt.

- J'étais… certain que tu allais dire ça.
- …
- Roland, tu es incroyable, quand même. Tu… Tu fais la paix avec ta mère. Grand bien t'en fasse. Elle n'attendait que ça ! Seulement… Seulement, et c'est là qu'est l'ironie… Te souviens-tu de ce diner où tu as balancé à ta mère ses quatre vérités, et où je t'ai administré une volée - bien méritée soit dit en passant…

Roland hocha la tête, pas certain de vouloir que son père continue.

- Tu as reproché à ta mère de s'être évertuée à obtenir mon pardon sans rien vous dire à toi, Lily et David ! Et… Toi, tu t'excuses auprès de ta mère. Sans rien nous dire à moi, Lily ou David ! N'est-ce pas… ironique, vraiment ?!

Etienne ricanait au nez de Roland qui était stupéfait.

- Euh mais je…
- Quand tu t'es réconcilié avec ta mère, t'ai-je félicité ? Non ! Lily t'a sauté au cou ? Non ! DAVID ! David qui est pourtant le seul de la famille à t'avoir toujours un peu défendu malgré toutes les situations embarrassantes dans lesquelles tu as pu le mettre… N'a rien dit ! Même le fait que tu lui aies fait don de quelques organes ne l'a pas poussé à te remercier ! Pourquoi ? Parce que pendant dix ans, tu as passé chaque moment que tu étais forcé de passer avec nous à insulter ta mère et à nous rabaisser tous autant que nous étions pour la simple et bonne raison que nous souhaitions vivre une vie normale, tranquille et calme sans nous prendre le chou avec de vieilles histoires qui n'avaient plus aucune valeur. Mais non, tu traitais Lily comme une gamine, David avec jalousie et condescendance, moi avec mépris… et… un manque de respect total envers la décision que j'avais eu tant de mal à prendre, enfin Roland tu sais ce que ça m'a demandé pour pardonner ça à Linda ? Je sortais d'un putain de coma où j'avais été plongé par un type qui avait essayé de me tuer sans ménagement aucun, et on m'annonçait de but en blanc : Au fait Etienne, Kenneth et Linda ont couché ensemble dans un placard de l'hôpital ! Et moi de prendre ça avec légèreté et entrain, bon, c'est pas grave ! J'étais FURIEUX évidemment ! Je me suis senti… Mais as-tu au moins la moindre idée d'à quel point je me suis senti trahi ?

Roland regarda son père en secouant la tête.

- Ca fait mal, hein ? Ca fait mal tout d'un coup de voir que NON, la vie ne devient pas plus belle quand on a demandé pardon ! Tu peux me traiter d'aigri, de vieux con, d'homme amer mais… je n'arrive pas à te voir comme mon fils ! Je prends sur moi à cause de Linda parce que je ne veux pas la décevoir mais…
- P… papa je suis d…
- Non, non ! Je… je sais que tu es désolé, mais… ça ne changera rien. Il va… il va me falloir beaucoup de temps.
- Papa, ce que tu dis pour Lily et David, c'est faux hein ? Ils…
- Tu leur as demandé, Roland ? C'était quand la dernière fois que tu les as eus au téléphone ?
- …
- La dernière fois que tu les as vus c'était au nouvel an, chez Estelle, hm ?

Roland hocha la tête. Etienne hocha la sienne, l'air satisfait.

- Je suis sûr que tu ne sais même pas que Lily est enceinte !
- … q… QUOI ?
- Je le savais. Elle ne t'a rien dit ! Je le sais avant toi, c'est grandiose quand même !
- M… M…
- Eh oui, Roland. Maintenant que plus personne ne dépend de toi ou de ton jugement… Tout se passe étrangement de façon plus naturelle !

Roland plissa les yeux, stupéfait. Etienne soupira.

- Enfin bref, il fallait bien que… tu paies un prix, je suppose. Crois-moi, ça me déplait d'avoir toute cette rancœur mais… Là, seul avec toi, c'était trop difficile à contenir.

Roland acquiesça. Etienne regarda son fils.

- Pour ce qui est de ton livre… Tu peux bien essayer de le faire publier, ce serait mentir que dire que tu n'as rien à apporter au monde de l'éducation, mais je doute franchement qu'il soit publiable, tu n'as pas assez de talent dans la présentation de tes idées, c'est trop fouillis.

Roland plissa les yeux.

- … tant pis, j'vais aller le proposer à d'autres éditeurs… Et je verrais bien ce qu'il en est ! J… Je vais pas me laisser abattre. Quoi que tu puisses me dire !
- Grand bien t'en fasse.

Roland partit vers les stands. Une fois qu'il fut assez loin de son père, il s'essuya les yeux d'un revers de la manche.

***

- Franchement ça a l'air trop bien !

Malcolm regarda ce que Yann lisait.

- C'est une BD pour filles. Tu vois ? Le garçon est forcément parfait, les filles pleines de réflexions développées à l'extrême et qui composent la majeure partie des préoccupations…

Yann la reposa, dégoûté. Malcolm sourit.

- On a déjà peur d'être contaminé ?
- Par quoi ?!
- … par rien. Ca… ça ne te fait pas plus bizarre que ça d'être chez deux hommes ?
- J't'ai dit que ça me faisait bizarre par rapport à mes copains, tu m'écoutes où tu fais semblant ?!
- Non c'est juste que… Enfin, la première chose à laquelle les gens pensent quand on dit « Enfant chez des parents homos », c'est… est-ce que ça va le pervertir, est-ce qu'ils vont le regarder à mal…
- Toi t'as une petite fille, c'est ça ?
- Oui…
- T'as des vues sur elle ?
- Quoi ?! N… Nan ! Ca va pas de dire ça !
- Bah alors pourquoi tu crois que mes parents veulent me faire des trucs ?
- C… C'est juste la croyance populaire !
- Bah elle est con ta croyance.
- Et… d'avoir des parents homos, ça ne te fait pas regarder les garçons autrement ?!
- Nan… Fin, pas pour le moment. Mais Charlie avait des parents normaux, et il est homo lui aussi. Pareil les parents de David et de Kyle c'est des couples normaux !
- … ah bah oui…
- T'es con quand même…
- N… Non mais dis donc un peu de respect !
- Charlie il dit souvent « La bêtise ça mérite pas d'être respecté mais d'être combattu ».

Malcolm acquiesça.

- Hm… T'as de la chance de les avoir comme parents. C'est des gens bien.
- Il a dit ça à propos de mon entrée à l'académie, au cas où on me ferait des réflexions…

Malcolm regarda le gamin qui semblait déçu.

- … et au lieu de combattre je détale comme George et Lennie qui passent leur temps à vagabonder de maison en maison, poursuivant leur rêve de devenir propriétaires…
- Jusqu'à ce que George tue Lennie…

Yann regarda Malcolm et lui colla un coup de pied dans les mollets.

- Ca, c'est pour m'avoir niqué la fin du bouquin, CONNARD !
- AÏE ! T… Tu l'avais pas fini ?!
- MAIS NAN ! GROS NUL VA !
- … Désolé, j'voulais pas !

Un type approcha du duo.

- Excusez-moi, vous avez spoilé cet enfant ?!
- Hein ? Mais…
- C'est affreux, vous devriez avoir honte !
- De quoi tu t'mêles, toi ! Grogna Yann.

Le type s'éloigna, portant ses sacs et ses goodies. Yann soupira.

- Gros nul…
- J'ai pas fait exprès !!
- Ouais bah fais gaffe. J'suis un enfant, j'suis plein de désillusions envers la vie !
- Pardon, pardon !

***

Rachel ne recevait pas de réponses à ses SMS. Elle soupira.

« Il est trop occupé par son boulot… ou alors il s'en moque de mes messages… Ou alors il grogne et il me trouve chiante parce que je le harcèle… »

- Madame ?!

Rachel regarda ses élèves qui venaient de finir leur combat.

- Oh ! Oh pardon !
- On a quelle note ?
- Euuuuh… Vingt sur vingt ! Tous les deux ! Bravo !
- … J'ai sorti Feuforêve face à Fouinar !
- Ouais et il m'a lancé Ball'Ombre… moi j'ai riposté avec Souplesse !

Rachel regarda ses élèves.

- … Vingt quand même, j'ai pas fait attention, autant pour moi…
- … bon, merci…
- Merci madame…
- … Je suspends le cours, faites ce que vous voulez, utilisez cette salle comme salle de permanence…

Rachel sortit, elle devait essayer d'appeler Roland.

***

- Voilà ! Nous avons votre manuscrit !
- Cool. Cool !

Roland soupira et se traina vers un autre éditeur. « Ca craint, ça craint, ça craint… J'suis pas motivé… J'ai envie de voir Rachel… Ca me gonfle ! »

Le téléphone sonna. Roland regarda son appareil. C'était bien « Choupette ». Roland leva les yeux au ciel. « Tu es au fond du gouffre, tu prostitues ton œuvre à des salopards qui vont se l'approprier et tu veux vraiment lui répondre ? »

Roland appuya sur le bouton vert. « Evidemment que tu veux ! »

- Rachel ?
« Roland ! Ca va ?! »
- Oui, oui bien sûr que ça va ! Marmonna Roland avec un rire jaune.
« Pourquoi tu ne réponds pas à mes messages ? »
- Oh, le… le salon est passionnant, c'est un bon vieux… moment père-fils qu'on passe. Je vais d'éditeur en éditeur c'est intéressant…
« Tu me manques ! »
- Tu me manques beaucoup aussi, Rachel.
« Il faudra qu'on discute en rentrant, tu penses que tu seras d'attaque ? »

Roland ferma les yeux, au faîte de la souffrance. « C'est moi qui aurait besoin de parler, mon Dieu si tu savais Rachel à quel point actuellement j'aurais besoin ne serait-ce que de ton épaule… »

Il leva la tête et dit, en prenant sur lui-même :

- Bien sûr chérie, on… on discutera, pas de souci.
« C'est juste à propos de nous deux, de la direction que ça prend, ce genre de conneries ! »
- Bien sûr, bien sûr…
« Désolée de te saouler avec ça… »
- Nan, t'as raison c'est le genre de choses dont il faut discuter.
« A ce soir alors, bisous… »
- R… Rachel, attends…
« Quoi ? »
- Je… euh… Disons que…

Elle raccrocha. Roland haussa les sourcils.

- Rachel ?! Rachel ?!!

***

Rachel regarda… Meredith qui lui avait pris son téléphone.

- Téléphone hors des heures de cours ? Elèves dehors pendant les heures de cours ? Téléphone DANS l'établissement ? Vous êtes bonne pour un avertissement !
- V… Vous ne pouvez pas sans l'accord du principal ! Rappela Rachel.
- DANS CE CAS SUIVEZ-MOI CHEZ LE PRINCIPAL ! Grommela Meredith en partant la première.

Rachel regarda l'insupportable femme face à elle. Qui tenait toujours le portable.

- Rendez-moi ça !
- Non !
- Rendez-moi mon portable !
- Hors de question que je cautionne votre comportement infantile en vous rendant ce que je vous ai confisqué !
- Qui est infantile, là ? Rendez-moi mon téléphone, en plus vous avez raccroché au nez de mon petit ami !
- Je m'en tape !

C'en fut trop pour Rachel qui attrapa les cheveux de la doyenne.

- RENDEZ-MOI CA !
- AAAAAAH NON MAIS DITES…

Rachel et la doyenne commencèrent à se battre par terre sous les yeux médusés des élèves.

- JE VOUS FERAIS VIRER !
- RENDEZ-MOI CE TELEPHONE !
- OU VOUS CROYEZ-VOUS BON SANG !!! LACHEZ MES CHEVEUX !

Claire tira Rachel vers l'arrière.

- Arrête enfin Rachel !
- DIS A CETTE TRAINEE DE ME RENDRE MON TELEPHONE !

Meredith se releva et partit en vrille.

- NON MAIS C'EST SCANDALEUX !!! VOUS ETES D'UNE VULGARITE, OSER VOUS EN PRENDRE PHYSIQUEMENT A MOI MAIS BON SANG POUR QUI VOUS VOUS PRENEZ !
- C'EST VOUS QUI AVEZ COMMENCE EN VENANT ME FAIRE CHIER !
- Du calme !! Geignit Claire, effarée.
- ON VA CHEZ LE PRINCIPAL ET CA VA CHAUFFER POUR VOTRE MATRICULE !
- LE MEME MATRICULE QUE VOUS N'ARRIVEZ MEME PAS A RETROUVER TOUTE SEULE COMME UNE GRANDE AU POINT DE DEVOIR CONVOQUER LES PROFS POUR VOUS LE PROCURER ? GOURDASSE !
- NON MAIS…

Meredith se jeta sur Rachel. Claire s'interposa.

- Arrêtez voyons !!

Des élèves vinrent ceinturer la doyenne qui était dans un état de rage avancé. Rachel était retenue par Claire.

- Ca va pas, Rachel, tu es folle !
- J'étais sûre que ça arriverait ! Tu vois, du jour où j'ai vu sa gueule, j'ai su que j'allais lui coller une beigne !
- ME PROVOQUE PAS ! ME PROVOQUE PAS, TU SAIS RIEN DE MOI !
- ARRETE DE CRIER ALORS, SALE POUFFE !
- QUOI ? QUOI MOI SALE POUFFE ? TU T'ES VUE ?
- Oh lala… soupira Claire.

***

Etienne regardait Roland qui se démenait pour poser son manuscrit chez les éditeurs.

- Le spectacle vous plait ?

Etienne se tourna vers… Marigold.

- Oh ! Bonjour, c'est… c'est une surprise…
- Ne vous embêtez pas, je me souviens encore de ce chaleureux Noël, moi aussi je n'avais pas trop envie de vous voir ici mais le hasard faisant et la politesse me saisissant, je n'ai pas pu faire autrement.

Etienne hocha la tête.

- Hm… Oui… Hm-mm…
- Un de mes amis est éditeur, je l'accompagne et je regarde les autres stands, c'est amusant… Vous l'accompagnez ?
- Disons que je me force à l'accompagner…
- Il veut se faire éditer dans le monde de l'éducation ? C'est bien, il a le potentiel pour.
- C'est ce que je devrais lui dire, oui…
- Et alors ?
- Je ne peux pas l'encourager comme un père parce que je lui en veux…
- Il serait temps…
- … que voulez-vous dire ?
- Que d'après le peu que je sais de lui, vous auriez dû lui en vouloir bien avant. Quand il agissait. Vous vous êtes contenté de maintenir une hypocrite cordialité…
- Grand jugement de la part d'une femme qui ne nous connait ni d'Eve ni d'Adam…
- J'adore les potins et les faits divers. Après que Roland m'ait quitté, j'ai scruté la Page 4 en attendant votre photo collective et le gros titre « Le père avait tout refoulé pendant dix ans »…

Etienne soupira.

- Vous devriez aller le voir, là… Je pense l'avoir un peu déprimé en lui disant ses quatre vérités. D'ailleurs pourquoi vous n'êtes pas allée le voir tout court ?

Marigold haussa les épaules.

- Roland est un esprit fort. Il est plus humain que vous avez l'air de le penser.
- Là vous allez un peu trop loin en lui cherchant des excuses.
- Quelles excuses ?

Etienne soupira.

- Disparaissez…
- Volontiers. Ca sent tellement la guimauve filiale, j'ai peur de faire une hypoglycémie…

Marigold s'éloigna. Etienne soupira. « Quelle femme imbuvable… »

***

Vincent Hadley n'avait JAMAIS vu ça. Rachel, Meredith et Claire dans son bureau. Rachel et Meredith étaient décoiffées et essoufflées.

- M… Mesdames, voyons…
- Monsieur le principal c'est un scandale ! Elle téléphonait pendant ses heures de classe et ses élèves étaient dehors, elle a banalisé ses heures toute seule…
- J'avais un appel urgent à passer… Ecoutez, je ne cherche pas à minimiser ma faute mais…

Vincent agita les mains.

- Mademoiselle Perry, vous…
- Euh… En fait Rachel traverse une période difficile en ce moment, elle a peut-être commis une erreur en téléphonant dehors mais elle n'aurait jamais frappé madame la doyenne sans qu'elle ne la provoque.
- Qu'est-ce qu'elle raconte, celle-là ? Non mais…
- Du calme, Meredith. Rachel, êtes-vous d'accord pour dire que quoi qu'il en soit, vous avez fauté ?
- C'est évident, j'étais dans un moment un peu compliqué, je n'ai pas réfléchi…
- Meredith, reconnaissez-vous avoir été un peu… excessive ?
- C'est elle qui m'a tiré les cheveux alors que je venais de confisquer son téléphone en le lui arrachant !

Vincent s'étonna.

- Vous auriez pu lui montrer que vous étiez là, elle aurait arrêté bien plus vite sa communication et vous auriez pu parlementer avec elle, au lieu de lui arracher le téléphone de l'oreille !

Meredith se mordilla les lèvres. Elle regarda Rachel et Claire qui hochèrent la tête, quelque peu d'accord.

- Je… J'ai… réagi de façon juste.
- Tu as peut-être abusé, Meredith. Elle a ses torts mais tu as mal agi. Rachel, excusez-vous, Meredith, excusez-vous et on n'en reparle plus.
- …
- …
- … quoi ? Marmonna Vincent.
- … j'veux pas m'excuser la première ! Marmonna Meredith.
- Moi non plus ! Acquiesça Rachel.

Claire soupira, prit les mains des deux femmes et les joignit.

- Serrez-vous la main !

Rachel et Meredith se serrèrent la main sans se regarder. Vincent sourit.

- Eh bah voilà. Néanmoins Rachel ce que vous avez fait mérite bel et bien un avertissement, je suis désolé…
- Aucun problème.
- Et Meredith, faites attention à votre approche la prochaine fois ! Ca vous évitera des incartades aussi violentes.
- Oh ça va, elle ne m'a pas fait trop mal…

Rachel lança un regard noir à la doyenne. « Tu parles, je t'ai déchiré la race ! »

- Bien, eh bien vous pouvez disposer. Evitez de vous écharper à la prochaine rencontre.

Vincent se leva, serra la main des trois femmes qui sortirent de son bureau.

- Au revoir mesdames ! Lança le principal en souriant.
- Au revoir ! Sourit Claire.

Le principal ferma la porte.

- Toi, la prochaine fois, t'es morte !

Claire se retourna vers la doyenne, surprise.

- Essayez un peu pour voir, morue.

Claire poussa Rachel vers la sortie alors que les deux femmes se lancèrent des regards mauvais.

- Rachel mais qu'est-ce qui te prend ?! Geignit Claire. Ca ne te ress… enfin ça te ressemble mais je n'aurais jamais cru que tu en viendrais aux mains !
- Eh bien si, Claire ! La nouvelle Rachel est une violente !
- … L'effet Roland ?
- Nan, l'effet connasse dans ma ligne de mire !

Claire tressaillit. Rachel agita les mains.

- Elle, pas toi !
- Hm… Hm ! Acquiesça Claire.

***

- Rachel doit s'amuser en ce moment…
- Ca doit faire bizarre d'avoir une sœur jumelle… marmonna Yann.

Malcolm agita la tête sur les côtés.

- Oui c'est vrai qu'en tant que "faux jumeau", tu te sens forcément différent des autres jumeaux...
- T'arrêtes de me ressortir le truc de la différence genre j'suis forcément une bête curieuse à cause de mes parents !
- … Pas facile de te faire la morale, hein ?
- Nan.
- Même le fait que je t'achète les quatre autres volumes de ton manga ne me rend pas plus intéressant ?
- L'argent ça achète pas la confiance !

Malcolm acquiesça.

- Bon raisonnement.

Yann baissa la tête.

- Tu penses que je devrais parler de mon problème à Charlie et Léopold ?

Malcolm plissa les yeux.

- Charlie est mature et responsable. Léopold a déjà été dans ta situation. Je pense qu'ils seraient de bon conseil et qu'ils t'écouteraient bien mieux que moi. Tu devrais leur en parler.
- Ca va les inquiéter…
- Ou au contraire les rassurer. Que tu te confies à eux, c'est un grand pas !

Yann hocha la tête.

- Hm, mine de rien des fois t'assures.
- Combien de fois Roland a pu me dire ça. Tiens, bah en parlant du loup !

Roland et Etienne revinrent, bien silencieux.

- On est repartis ! Sourit Malcolm.
- Hm.
- Hm, oui… marmonna Etienne.

Yann et Malcolm se regardèrent.

- D'accord. Le voyage de retour va être très jouasse… Tu aimes les Beach Boys, Yann ?
- Connais pas.
- Bah tu vas apprendre à connaître, à fond la caisse dans la voiture ! Sourit Malcolm.

***

Rachel regardait la télévision. Une clé tourna dans la serrure.

- Aaaah !

Rachel se leva et vint à la porte. Roland rentra.

- Oh Roland ! Tu m'as tellement manquéééé ! C'était dur aujourd'hui sans toi !
- Bonsoir Rachel…
- On peut parler ? Désolé de t'avoir raccroché au nez, cette salope de doyenne m'est tombée dessus, mais je lui ai bien rabattu son caquet à cette pute…

Roland acquiesça tout en posant son manteau.

- Bref, écoute… J'ai fait le constat - avec l'aide de Claire, que toi et moi on sortait pas beaucoup, tu sais, les restos, les trucs comme ça, et qu'on était peut-être trop plan-plan, trop Metro - Boulot - Pageot, et si tu veux toujours que ça devienne sérieux, je pense qu'on devrait faire plus de sorties, tu vois, je dis pas ça pour te forcer, juste que… Roland ?

Il n'était clairement pas bien. Il regarda Rachel, quelque peu exténué.

- D'accord, écoute, on en rediscute demain, visiblement ça ne va pas bien…
- Je vais dormir chez Malcolm.

Rachel pencha la tête sur le côté alors que Roland prit son manteau.

- Q… Quoi ? M… Mais non Roland !!
- Désolé…
- Roland enfin !

Il sortit. Rachel ouvrit la porte derrière lui, uniquement pour le voir se dépêcher de descendre. Rachel était estomaquée, la bouche ouverte, ne comprenant rien. Elle retourna dans son appartement, ne sachant que faire. Elle était seule avec le bruit de la télévision.

- Oh non, nooooon…

Elle commença à sangloter sans raisons. Enfin, si, il y avait une raison. Sauf qu'elle était invisible. Revoir cet appartement vide après autant de temps, c'était trop difficile à supporter.