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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 30/11/2010 à 19:35
» Dernière mise à jour le 28/02/2011 à 15:48

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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010 - Travail
« -Charlie, tu avoueras que tu n'as pas un caractère facile au travail ! J'ai l'impression qu'en rentrant à la maison tu deviens tout sucre tout miel par rapport au taf ! »
(Léopold dans le chapitre 233 « Poing Final »)

« Je déconne
Vos idées sur le bien m'assomment
Je ne crains plus le regard de personne
A cette fièvre je m'abonne
Pour découvrir où l'amour se love »

(Etienne Daho, Comme un Igloo)



Le réveil sonna. La main masculine s'écroula dessus.

- Putaiiiiiin…
- Eh oui, boulot…

Roland regarda Rachel, allongée à ses côtés.

- C'est vrai… On reprend…
- Ca va être amusant je suppose… marmonna Rachel.
- On aurait dû se coucher plus tôt
- On a un peu déconné avec les Margarita. Paré pour la reprise ?
- Je pense surtout que tout le monde va être étonné du changement de casting à la table… marmonna Roland.

Ils se relevèrent et commencèrent à mettre leurs peignoirs.

- Ah oui…
- D'abord Charlie qui redevient prof pour arrondir ses fins de mois- vu que champion du huitième badge de la région, ça bouffe pas beaucoup de temps, et surtout l'incroyable venue de Kyle au département médecine…
- Richard a eu du mal avec les effectifs, il a eu un département médecine sur les bras…
- Il a même pas fini ses études ! Ricana Roland.
- Tu aurais fait comment, toi ?
- J'aurais au moins cherché quelqu'un de compétent !
- C'est le copain de ton frère, quand même !
- J'suis pas obligé de l'aimer moi aussi !
- Il est pas désagréable, il est même plutôt marrant je trouve… résuma Rachel
- Oh. J'ai toujours eu un peu de mal à le cerner.

***

Préparation du petit dej.

- Tu vois ce qui m'embête ici, chez toi c'est que tu ne reçois pas le journal !
- C'est un immeuble privé, si tu veux le journal, tu dois descendre.
- Hors de question, je suis en peignoir et ton immeuble est mal chauffé !
- Il est mal chauffé depuis la guerre, on a toujours eu du chauffage dans les couloirs. C'en était même honteux…

Roland soupira et mangea sa cracotte.

- Comment ta sœur s'en sort avec la pension à Azuria ? Demanda Rachel.
- Ca l'air d'aller. Bon, elle a David et Léopold sur le dos, mais apparemment ça va.
- On dirait que la vie reprend peu à peu ses droits, ça fait plaisir.
- Hm…

Roland soupira, quelque peu évasif.

- Roland, tu peux nourrir les Pokémon ?
- Je m'y attèle. De toute façon sans journal…
- Pleure autant que tu veux, ça ne fera pas monter le journal.
- Je sais bien !

***

Salle de bain. Brossage de dents en commun. Roland cracha le premier.

- On est obligés de faire ça ensemble ?
- On fait la douche ensemble, on peut bien faire ça ! marmonna Rachel entre deux brossages.
- La douche c'est pour gagner du temps et économiser de l'eau !

Rachel cracha à son tour.

- Ecoutez qui parle. Tu pensais pas à gagner du temps tout à l'heure.
- Non, mais je cherchais à économiser de l'eau ! C'était ma préoccupation !
- Tu es répugnant… soupira Rachel en souriant.

***

En sortant de l'immeuble, Roland reçut un appel.

- Han putain non !
- Quoi ?
- Faut aller chercher Kyle !
- Pas de problème, ça nous fait juste un petit détour.
- Bah ça fait chier.

Rachel leva les yeux au ciel.

- C'est même pas toi qui conduis…
- Normal c'est pas ma caisse !

***

Kyle était à l'arrière avec un petit sourire malicieux.

- Je vais enfin découvrir le lieu de travail de mon presque-éventuel-probable beau-frère !
- Tu es déjà allé à la fac ! Pourquoi tu ne peux pas y aller à pied !
- C'est loin.
- Le bus, tu connais ?
- Roland… soupira Rachel au volant.
- Le bus de cette ville est plein de mendiants ! Geignit Kyle.
- Lopette…
- Roland !
- Quoi ?!
- Pense un peu à ton frère quand même ! Soupira Rachel.
- On partage des organes maintenant, je suis obligé de penser à lui. Si j'ai un truc aux reins, il va m'entendre ce petit con…

Kyle se mordilla les lèvres et se contenta de regarder dans le vide en restant silencieux le reste du trajet.

***

- Au moins y'a de la place sur le parking… souffla Rachel, soulagée.
- Merci la guerre… souffla Roland.
- Oh voyons, Roland.

Kyle les suivait, pas très enjoué.

- T'as préparé ton cours, monsieur le bellâtre de Ai Shite Night ?

Kyle grimaça, cherchant d'où venait cette référence. Rachel regarda Roland, intriguée.

- C'est des trucs de fille, Rachel, tu peux pas connaître, certifia Roland.

Ils entrèrent dans l'académie. Quelques élèves trainaient.

- C'est d'une tristesse… soupira Roland.
- Au moins tu auras du calme dans ta salle. Merci la guerre ! Lança Kyle.
- J'te déteste.
- Ca fait combien de fois que tu me le dis depuis qu'on se connait ?
- Bon, les garçons, chamaillez-vous tant que vous voulez, moi je vais en salle des profs. Kyle, tu ferais bien d'y aller, Richard t'a probablement réservé un casier… souligna Rachel.
- Ok, merci. Roland…
- Hm, à plus, peut-être, qui sait.

Kyle suivit Rachel. Roland alla à la réception vérifier les nouvelles parutions de revues techniques.

- « Dangers et avantages de l'attaque Gicledo »… « Lance Soleil : Manger bio ça aide »… « Tenir un objet, oui, mais à quel prix »… on dirait des prospectus de prévention contre des maladies sexuellement transmissibles…
- Smirnoff ! Heureux de vous voir à l'heure !

Roland se tourna vers Richard.

- J'ai jamais été en retard en trois ans et vous vous préoccupez de savoir si je le suis aujourd'hui ? C'est du foutage de gueule !
- Vous auriez pu trouver un meilleur poste.
- Ah oui ? Où ça ? J'ai pas cherché.
- Hum, dites-voir, j'ose espérer que votre relation avec mademoiselle Heine ne perturbera en rien les cours.

Roland leva les yeux au ciel.

- Bah merde alors. J'vous croyais intelligent comme mec !
- Je vous connais, le moindre évènement se transforme en catastrophe avec vous. Je vous connais et je connais votre père.
- Vous commencez à avoir des cheveux blancs !
- Je suis très occupé en ce moment…

Roland regarda Richard, intrigué.

- Il n'y a que ça ?
- Depuis quand ma vie vous intéresse ? Soupira Richard.
- J'sais pas. Ca ira, vous en faites pas. On a tout purgé au tournoi.
- J'espère bien.
- Ca m'étonne que vous ayez ces préoccupations… marmonna Roland.
- Je me pose une question normale de doyen des professeurs.
- Qui est le principal ?
- C'est moi aussi. L'ancien s'est suicidé.
- Mazeltov. J'vous laisse, j'ai des cerveaux à aspirer avec ma trompe immonde.

Roland s'éloigna.

***

- Bon…jour je suis Roland Smirnoff, votre professeur d'apprentissage technique.

Roland était face à un amphithéâtre assez clairsemé mais bien rempli quand même. Du moins, Roland s'attendait à pire.

- J'ai reçu mes listes, vous êtes… 67 ce qui est pas mal. Bon. Vous êtes les quatrième années… Je ne vous demande pas si c'était bien la guerre, c'était très moche pour moi aussi…

Silence de mort dans la salle. Roland acquiesça, pas très à l'aise.

- Le public est chaud ce soir. Premier cours donc… On dit souvent que mes cours sont horribles mais je pense qu'en comparaison des évènements précédents, ce sera une sinécure…

Un élève quitta la salle, les larmes aux yeux. Roland leva les yeux au ciel.

- On commence, Introduction à l'apprentissage technique des attaques…

Nouvelle sortie, féminine cette fois.

- … j'comprends, c'est terrible. Apprendre une attaque à son Pokémon est un acte difficile qui demande du talent, du travail et de la maîtrise. Le cours d'apprentissage technique des attaques est là pour vous permettre de faire les bons choix en matière d'apprentissage. Il ne suffit pas de connaître le nom de l'attaque, il faut aussi savoir comment l'insinuer en un Pokémon. On observe trois phases : Induction qui consiste à la mise en condition par des symboliques…

Autre sortie de salle. Roland secoua ostensiblement la tête, agacé.

- Y'a une baraque à churros devant les toilettes ou quoi ? Bref, l'induction, la coercition qui est le fait de guider le Pokémon vers l'apprentissage par le biais de pratiques d'éleveur comme les massages ou les soins particuliers à certaines parties du corps, et enfin la phase pavlovienne qui consiste à donner l'ordre au Pokémon tout en mettant en pratique une des deux premières phases. De sorte on apporte un lien entre la symbolique, le corporel et l'auditif. Vous savez tout ça, je ne vous apprends rien.

Trois élèves sortirent d'un seul coup. Roland regarda ses élèves restants.

- S'il y a une affiche dans l'entrée qui dit « Roland Smirnoff est un Nazi », je veux le savoir ! Maintenant !

***

- Toi aussi ?
- Et ça te surprend ?

Roland soupira alors que Rachel semblait zen.

- Je n'avais plus qu'une quarantaine d'élèves à la fin des deux heures ! C'était horrible ! J'avais envie de partir aussi !
- Roland, ils sortent d'une guerre, ils ont vécu de sales trucs, leurs parents sont peut-être morts. Aller en cours ? Ca doit leur paraître complètement secondaire.
- Alors pourquoi nous faire reprendre ?
- Parce que la vie doit bien reprendre ! Et… Nous sommes la vie ! Tenta Rachel, peu convaincue.

Roland grommela.

- Je suis blasé.
- Ca ira mieux ce midi. Et au pire ce soir on commandera japonais.
- … Hm.
- Ca va pas ?
- Franchement, non. Ca me tue cette histoire d'élèves pas intéressés du tout.
- Tu n'y peux rien. Arrête de stresser.

Roland regarda Rachel.

- Malcolm aurait argumenté.

Rachel s'arrêta et se retourna vers Roland.

- … tu as un truc à me dire ?
- Il me manque, ce con…
- Il me manque aussi, c'est un peu mon frère jumeau.
- Tu dis ça d'un air tellement simple !
- Dans le même temps ça se passe tellement bien entre nous que j'ai peur que son retour foute la merde.

Roland grimaça.

- Juste pour ça ?!
- Aussi, s'il a laissé Claire aussi facilement pour aller aider nos parents… C'est que quelque part il voulait partir. Donc je ne me fais mais alors aucun souci pour lui. Il ne mérite pas que je m'en fasse.
- D'accord, Rachel. Va dire ça à Claire.

Rachel se retourna vers Roland.

- D'accord et qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Il filtre mes appels, il prend à peine ceux de Claire à ce que j'ai compris, et je ne me vois pas aller là-bas toute seule comme une conne !
- J'aurais qu'à y aller avec toi ! Proposa Roland.
- Pour qu'on se fasse griller tout de suite, eh bé… On en rediscutera.
- Non ! On en parle maintenant !

Rachel fronça les sourcils. Roland avait parlé fermement.

- Tu as besoin d'un copain ? Y'a Kyle ou Charlie, n'hésite pas ! Y'a plein d'autres profs aussi !
- Rachel, on a besoin de lui…
- TU as besoin de lui ! Nuance ! Moi il fait ce qu'il veut je m'en fous ! Il est con ? Il est con ! J'ai autre chose à faire qu'à l'éduquer ! Ca devient rasant !

Elle partit. Roland soupira.

« Deuxième dispute, ça va aller loin… »

***

- Nell ! Arrête de pleurer, c'est moi, tonton Léopold ! Ooooh…

Sorbébé faisait des grimaces à côté d'elle pour la distraire mais rien n'y faisait. David vint voir Lily.

- J'ai fini de soigner les Pokémon qu'on nous a laissés la semaine dernière.
- Bien…
- Ca va ?
- Oh oui. Les Pokémon sauvages commencent aussi à affluer, si je commence à faire de la vente ça devrait aller. Léo, les accouplements ?
- C'est en cours ! Soupira Léopold. Pour le moment j'aimerais calmer Nell.
- Dépêche-toi, nos clients demandent des œufs ! Où est Perrine ?
- Elle joue avec des Pokémon. Ca a l'air de la détendre.
- Fais attention qu'elle n'en étrangle pas un.
- Lily ! Geignit David.
- On sait jamais !

***

- Et voici la nouvelle tablée de profs réunie pour la première fois depuis la guerre ! Sourit Claire. Ca fait plaisir !
- Quatre profs et un stagiaire ! Notifia Kyle.
- Oui, bon ! Tu es assistant, c'est pareil que prof.
- Pas sur la fiche de paie ! Assura Kyle.

Ricanements autour des plateaux.

- Ca fait bizarre de me retrouver ici à nouveau… marmonna Charlie. Et d'officier à la Logistique encore plus.
- Lewis n'a pas rappelé Bonelly ? S'étonna faussement Roland.
- Tu te doutes bien que non. Tu as des nouvelles au fait ?
- Non, je crois lui avoir bien fait comprendre que je m'en foutais de lui et de son « lien familial » avec moi. Quelqu'un d'autre à remarqué les cheveux blancs du doyen ?

Tout le monde regarda Roland. Claire regarda Kyle.

- Je t'explique le principe, on l'écoute parler et on fait semblant d'être intéressés.
- Chouette. Finalement c'est pas si différent que le côté élèves… résuma Kyle.
- A propos d'élèves, ceux de mon cours se barraient ce matin ! Soupira Roland.
- Ah ? Pas du mien ! S'étonna Claire.
- Moi ils étaient trente et ils sont restés ! Sourit Charlie.
- Moi j'étais derrière ma formatrice, j'ai rien vu à cause de l'éclipse.

Rachel regarda Kyle.

- Oh mon Dieu tu es formé par madame Traumlich ? La spécialiste de la médecine par les rêves ?
- Ouaip. Celle qui est suivie par cinq Soporifik et qui est grosse comme une citerne.
- Cette femme n'est pas morte pendant la guerre ? M'enfin elle est tellement grosse ! Comment elle a pu fuir ou même survivre avec les rations ?! S'étonna Rachel.
- Dites, on abordait un sujet sérieux ! Mes élèves se barrent de mon cours !
- Ils se barrent de tous les cours, marmonna Claire, seulement maintenant on le remarque plus parce qu'ils sont moins.

Roland soupira, blasé.

- C'est ennuyeux.
- C'est toujours ennuyeux quand tu parles, Roland ! Soupira Charlie.
- Malcolm, au moins, il répondait positivement à mes sorties !
- Il était encore plus saoulé que nous tous ! Soupira Rachel.
- Tu as des nouvelles au fait ? Demanda Claire, inquiète.

Rachel regarda Claire. Roland regarda les deux.

- Non. Et il filtre mes appels maintenant aussi.
- Roland… ?
- Dernier appel il y a trois semaines. Il allait bien.
- Oh… C'est vrai qu'on n'en parle pas souvent…

Roland regarda Rachel, prise en flag, gênée.

- Non, non, c'est vrai…
- Je lui en veux d'être parti mais quand même, qu'au moins il me donne des nouvelles… Si ça continue il ne verra pas les premiers pas de Nell !

Roland regarda Rachel et hocha la tête. Elle lui lança un regard noir.

***

- C'était TROP FORT !
- Oh ça va…
- Tu n'as pas de nouvelles et tu n'en avais même pas discuté avec elle ! Tu joues les autruches, Rachel, tu te voiles la face !
- Pourquoi tu es chiant aujourd'hui ?
- Je VEUX qu'on aille chercher Malcolm !
- D'accord, appelle Indiana et Demi-Lune et on y va !
- … Faisons l'amour ! Une référence à Indiana Jones c'est trop cool, tu es la femme parfaite, je t'aime !
- Ta gueule.
- Oui madame ! Acquiesça Roland avec un garde-à-vous du plus bel effet.
- Malcolm reviendra seul ou ne reviendra pas ! J'en ai marre qu'on soit toujours obligés de le pousser à coups de pied au cul.
- Et si il n'attendait que nous ? Et si il n'osait pas partir ?

Rachel regarda Roland, intriguée.

- Comment ça ?
- Il… prendrait conscience que tout ça est un enfer mais trop orgueilleux… il n'oserait pas rentrer de peur qu'on lui en veuille.
- Claire va lui en vouloir c'est sûr, elle ne lui pardonnera pas ça.
- Raison de plus ! Plus tôt on le ramène, plus vite c'en sera fini de cette séparation idiote.
- Et on se fait ça quand ?
- On n'a pas cours ce mercredi il me semble.
- Roland, il va nous éventrer !
- T'as peur de lui ? S'étonna Roland.
- Non, mais il va tout fiche en l'air entre nous.
- On n'arrête pas de se disputer, je vois pas ce qu'il pourrait y avoir de pire.

Rachel soupira.

- Je me dispute avec tous mes mecs. Même Nathan avait trouvé le moyen de me tancer sur Max ou sur le fait que je ne voulais pas qu'il travaille…
- C'est peut-être juste ma faute aussi, on se disputait souvent avant par ma faute !
- Mais moins violemment. Là on s'insulte…

Roland haussa les épaules.

- La force de l'amour !
- On est amoureux ?
- On couche ensemble, on s'embrasse, on vit quasiment ensemble, on prend la douche ensemble, soit on est mormons, soit on est amoureux.

Rachel regarda Roland avec tendresse.

- Tu m'énerves avec tes petites piques cyniques, elles sont trop mignonnes.
- Je sais. Moi j'aime ces petits moments où tu baisses ta garde.
- Je baisse jamais ma garde.

Ils s'embrassèrent.

- On rediscute du cas Malcolm plus tard, Roland. S'il te plait.
- Il me manque, Rachel.
- Je sais, j'en suis consciente, il me manque aussi un peu, et ça me fait chier pour Claire mais… Là maintenant je voudrais juste…
- Vivre le rêve ?

Rachel regarda Roland, étonnée.

- Oui, tu voudrais juste que toi et moi ça roule comme sur des roulettes paradisiaques. Mais tôt ou tard il reviendra. En repoussant l'échéance, on vit peut-être dans une bulle satisfaisante mais il faudra bien la percer un jour, cette bulle, si…

Roland hésita. Rachel hocha la tête.

- Si ça devient plus sérieux.
- Voilà, résuma Roland.
- Tu en as envie ?
- Que ?
- Que ça devienne plus sérieux.
- Bah… moi… oui… marmonna Roland.
- Oh…
- Pas toi ?
- Je… sais pas trop. On peut rester comme on est là et aviser plus tard ?
- Bien chef.

Ils se séparèrent là-dessus. Roland soupira. « Plus tard, plus tard… C'est une phrase de mec, ça, plus tard ! Voleuse… »

- Smirnoff !

Il se retourna vers Richard qui lui fit signe de venir. Gros frisson.

***

- Si c'est parce qu'avec Rachel on s'est embrassés, je…
- Ce n'est pas ça.

Richard s'assied au bureau du principal. Roland le regarda.

- … ça va, on se la pète pas trop ? J'ai cours dans moins d'une minute…
- Excusez-moi mais il faut que j'en parle à quelqu'un.
- Et forcément je suis votre seul ami au monde.
- C'est très discutable. Mes parents sont sortis de prison.

Roland plissa les yeux.

- Vos parents, les psychopathes ?
- Non, mes parents les boulangers-pâtissiers. Bien sûr, mes parents les psychopathes.
- C'est pour ça, vos cheveux blancs !
- Pour quoi d'autre. Bien qu'ils approchent la soixantaine bien tassée, et bien qu'ils n'en viendraient probablement pas à me faire du mal - malgré le fait que j'ai prolongé leur séjour en prison… Je suis très inquiet quant à ce qu'ils pourraient commettre. Je ne vous cache pas également que j'ai peur pour Darlène.

Roland haussa les épaules.

- S'ils ne vous veulent aucun mal, vous n'avez pas à avoir peur.
- Vous ne savez pas ce que c'est que de se sentir responsable de ses parents, n'est-ce pas ?
- … non, en effet. Et je ne pense pas vraiment que vous le deviez.
- Ils ont mis fin à quinze vies depuis le début de leur carrière. J'ai peur qu'ils ne recommencent.
- Et s'ils voulaient simplement une retraite sympa aux Bahamas ?
- J'en doute fort. Le souci c'est que je ne peux pas contrôler leurs actes et que le seul fait de ne plus savoir ce qu'ils font m'est insupportable. Depuis tout minot je les suivais à la trace, j'avais établi avec eux un lien bizarre. Mon père a toujours voulu que je devienne comme lui et mère, mais je n'en ai jamais ressenti le besoin… sans pour autant vouloir être un de ces abrutis chevaleresques du bien.

Roland plissa les yeux.

- Vous m'avez demandé ici juste pour vider votre sac parce que vous n'avez aucun ami ?
- Oui !
- … Je peux faire pareil ?
- … comment ça ?
- Je… suis actuellement dans une relation avec la sœur de mon meilleur ami. Et… elle a l'air de prendre ça pour un flirt qui durerait indéfiniment. Alors que moi j'aimerais que ça devienne sérieux, que ça prenne forme, que ce soit beau entre nous. C'est déjà… génial. Vraiment. J'aime comment ça se passe. On est ensemble, on se sent bien ensemble, on partage des choses, on fonctionne en symbiose, on se calme mutuellement, elle… elle était tout ce que j'attendais !

Richard haussa les sourcils.

- Et…
- Et j'ai la trouille parce que… Parce qu'elle, elle veut vivre une connerie de romance adolescente à deux balles et je me retrouve à attendre qu'elle fasse des pas vers l'engagement que moi j'attends.
- Vous êtes ensemble depuis…
- Un mois et demi.
- …………… et vous voulez déjà vous engager avec elle ?
- Doucement, mais qu'au moins…
- Vous allez un peu vite en besogne quand même… Vous avez passé huit mois avec votre précédente amie sans jamais vouloir vous engager et là un mois et demi, et…

Roland acquiesça.

- C'est vrai, ça… Vous avez raison ! C'est ce que Malcolm aurait dit ! Merci !
- Si j'avais un Malcolm, aussi.
- Vous en faites pas, pour vos darons. Vous l'avez dit vous-même, ils vous feront pas de mal !
- Certes… Mais Roland, on ne peut PAS ne pas s'en faire pour ses parents. Sinon, on devient un monstre.

Roland regarda Richard et hocha la tête.

- C'est vrai. Vous avez raison…
- … vous ne m'auriez pas dit ça avant.
- Non, en effet. C'est les soldes, profitez-en.

***

Deuxièmes années, cette fois. Un peu plus d'élèves mais toujours les mêmes têtes d'enterrement. Roland finissait à 15h30, il commençait à envisager un passage à l'église après le cours histoire de se fendre la poire un bon coup.

- L'usage d'une CT est donc déconseillé si c'est juste pour essayer une attaque. Enfin, c'est en train de changer puisque la région Unys a légalisé des CT jusque là illégales sur notre territoire, des CT réutilisables à l'infini. D'ici à ce que ça arrive chez nous, rien n'est moins sûr. Ca augmenterait les prix, ça c'est sûr…

Un élève sortit. Roland leva les yeux au ciel.

- … les CT se raréfieraient aussi, ce qui est quelque peu problématique, l'avantage des CT c'est qu'elles sont nombreuses sur le marché, vous savez comme moi qu'il y a des CT permises à la vente. Sans la CT Reflet, de nombreux dresseurs seraient dans la panade stratégique. La création et la démocratisation de cette CT ont vraiment donné à des dresseurs débutants l'occasion d'affiner leur jeu…

Nouvelle sortie. Roland poussa cette fois un soupir exaspéré.

- … bref… Hm ! Euh… On a réfléchi un temps à une démocratisation des CT climatiques, Zénith, Danse Pluie et Grêle, mais la haute autorité qui régente la distribution des CT a jugé que ces attaques provoqueraient des dégâts si elles étaient mal utilisées par des enfants par exemple. C'est pour ça qu'on n'a ni le droit ni la possibilité de vous apprendre cette attaque dans les locaux d'une académie…

Une élève allait sortir. Roland tapa du pied sur son estrade.

- MAIS BON SANG DE MERDE, IL SE PASSE QUOI ! RESTE A TA PLACE !
- Monsieur…
- NAN JE M'EN FOUS TU RESTES ! CA ME GAVE !
- Ma mère est toute seule à la maison, je peux pas rester…
- EH BAH ELLE SE DEMERDE ! MOI AUSSI J'AI DES PROBLEMES !
- C'est pas gentil, monsieur ! Rétorqua un autre élève.
- Je suis pas là pour être gentil mais pour donner un cours ! Vous avez des malheurs à épancher, des problèmes dans la vie, des soucis à la con ? Je m'en bats les steaks, c'est pas le courrier du cœur ici !

Roland regarda ses élèves, furieux. Un autre soupira :

- A quoi ça sert d'aller en cours après tout ça ?!
- J'y étais aussi, figurez-vous, et je reprends mes cours de façon tout à fait normale ! Pourtant j'étais général et des soldats à moi sont morts ! Le père d'un ami a quasiment été tué ! Voilà ! Voyez ! Je suis en cours, je travaille !
- Ca nous dit pas à quoi ça sert.
- A penser à autre chose, petit merdeux ! A faire autre chose que chialer ta race pendant des heures ! Voilà à quoi ça sert ! S'il y en a qui doivent aller aider leur grand-mère à gagner un concours de trampoline ou tenir compagnie à leur cousin germain attardé mental, je les retiens pas.

Une dizaine d'élèves sortit. Roland les y encouragea par grandes volées de bras.

- Allez-y, allez pleurer comme des madeleines ! Putain, j'vous jure !

***

Rachel, dans les couloirs, s'étonna de voir des élèves sortir d'une salle.

« Celle de Roland, forcément. Il a dû ouvrir sa bouche… »

Rachel traversa le couloir, pas plus surprise que ça. Elle arriva vers la salle de Claire qui était ouverte. Elle jeta une oreille.

- Ensuite les médecins sont venus me dire que mes parents étaient gravement blessés… Je suis allé tenir la main à ma maman, mais j'ai… J'ai oublié mon papa, je me suis endormi et à mon réveil, papa était mort et maman était vivante.

Claire acquiesça, empathique. Rachel plissa les yeux, surprise.

- Ca n'est pas ta faute, Vivien, tu n'as rien à te reprocher.
- J'aurais quand même pu aller voir mon papa, il est mort seul !

Les autres élèves pleuraient aussi dans la salle. Rachel s'éloigna rapidement. « Glauuuuuque ! »

Elle se heurta à Charlie.

- Huh…
- Charlie !
- Je sais que je suis mieux bâti que Roland mais quand même !
- Oh ça va hein. Claire nous la joue 3615 écoute enfants de la guerre !
- Hm. La fibre maternelle je suppose.
- C'est terrible quand même !
- Tu sais, le soir en rentrant elle n'est pas seule ! On fonctionne comme une petite famille, c'est sympa.
- … Elle a besoin de Malcolm.
- Totalement. Elle pleure souvent la nuit.

Rachel se mordilla les lèvres.

- Je suis horrible si je n'ai pas envie que Malcolm revienne ?
- Je ne vous avais pas reconnue, Madame Hitler !
- Entre moi et Roland ça va vraiment bien !
- Oh oui, et c'est tellement parfait quand on ignore certaines choses, qu'on ne les a pas en pleine face.

Rachel regarda Charlie qui soupira en secouant la tête.

- Ce que tu peux être gamine parfois, Rachel…

Elle le regarda partir. Elle leva la tête, songeuse. « J'ai pas le droit de penser un peu à moi ? Non ? Bon, eh bah… »

***

- Tu n'as pas été trop vache quand même ?

Roland soupira.

- Nan, nan, juste assez pour en faire partir dix. Mais le reste a bien suivi mon cours !

Rachel sembla dubitative.

- Tout de même… Bon, euh, il faut qu'on parle.

Roland et Rachel s'arrêtèrent dans le couloir.

- On va chercher Malcolm mercredi.
- … sérieux ?
- Eh !

Ils se tournèrent vers Kyle.

- M'oubliez pas, faut que vous me rameniez !
- Quel emmerdeur… grommela Roland.
- On a à parler, Kyle, va attendre devant la voiture.
- Il fait froid !

Rachel grommela et chercha dans son sac les clés. Roland sembla clairement saoulé.

- Quoi ?
- Quoi, quoi ? Tu saoules un peu, là, on dirait mon cousin !
- Oui eh bah désolé de ruiner ton monde parfait !

Rachel lui tendit les clés.

- Merci madame !

Kyle sortit. Rachel se retourna.

- Tu étais sérieuse alors ? S'étonna Roland.
- Oui. Claire est en dessous de zéro, elle a transformé son cours en bureau des plaintes, et… si tu veux vraiment que ça devienne sérieux, il va bien falloir qu'on… fasse avec lui.

Roland acquiesça.

- D'accord. Quelle sera l'équipe de survie ?
- On y va avec Claire et Nell, c'est certain… Après on verra.
- Bon. Merci, je sais que c'est difficile pour toi…
- On est des adultes, il faut agir en adultes.

Roland hocha la tête. Il vit que Rachel semblait résignée. Il lui caressa le visage.

- Et puis si on ne peut pas l'obliger, on ne le forcera pas, on fera sans.
- … Désolée de ne pas y mettre de la conviction.
- Je serais là, tu n'auras rien à craindre.
- Je sais pas vraiment si tu pourras faire quoi que ce soit s'il doit se passer quelque chose.
- J'essaierais.

Elle le regarda, souriante. Il sourit aussi.

- On rentre ?
- Il faut passer déposer Kyle aussi.
- Ah oui… soupira Roland.
- Tu es toujours bon pour un japonais ?
- Oui mais chaud alors, j'ai envie de manger chaud. Cette journée m'a refroidi.

On entendit un klaxon. Rachel soupira.

- Je vais arracher les yeux de ce petit con…

Roland ricana, prit Rachel par l'épaule et se dirigea vers la sortie avec elle.