Smirnoff : Renaissance de Domino

« -T'as bu quoi avant de venir ? Roland, Charlie ! ROLAND ! Le mec qui dit aux bonnes sœurs de, je cite « Enlever leur Burka, ça n'aide pas pour faire le trottoir » ! L'autre jour il a appelé une radio pour qu'ils arrêtent de diffuser 36 fois la même merde et qu'ils passent un peu plus les Beatles ! »
(Echange entre Malcolm et Charlie dans le chapitre 200 « Chacun son fardeau »)

« They tried to make me go to rehab, I said no, no, no ! »
(Amy Winehouse, Rehab)


- Salut…

Roland s'étonna. Rachel n'était pas dans le salon. La porte n'était pas fermée, donc bon… Il se permit de fouiller.

- Raaaachel ? Où es-tu ? J'ai rangé le pied de biche, tu peux approcher sans crainte !

Il la trouva dans sa chambre, allongée sur le lit.

- Oups…

Roland plissa les yeux et alla en cuisine pour préparer un thé à Rachel. Quand elle se leva, elle le vit en pleine décoction.

- Roland ?!
- La porte était ouverte.
- J… Quelle heure est-il ?!
- Tu t'es évanouie ?
- Non, j'avais sommeil, je me suis endormie, j'ai… j'ai suivi ton conseil et j'ai accepté une interview. J'ai besoin que tu viennes avec moi, c'est pour ça que je t'ai appelé.
- C'est bien, Rachel.

Elle le regarda. Il haussa les épaules.

- Au moins tu réagis, tu n'es pas inactive.
- C'est vrai ce que tu as dit l'autre jour au diner ? Tu as… perdu des hommes ?
- Hm. J'ai été sur leurs tombes pas plus tard qu'hier. C'était moche… J'aime pas les tombes. Si un jour je dois mourir, vous m'enterrez sous un arbre, dans une clairière, ok ?

Rachel hocha la tête.

- Sympa, tu nous évites les frais funéraires !
- Pratique et glauque à la fois, hmm !

Rachel sourit puis tressaillit.

- Ouh…
- Ca va ?
- Ce petit salopard frappe comme un bourrin !
- Au moins il donne signe de vie, il est mignon.
- Je déteste être enceinte, Roland ! J… Je suis pas faite pour ça ! Moi, Rachel, je… N'importe quoi !
- Je regardais un peu ton appartement… C'est étonnant comme Nathan avait peu d'affaires.
- Il ne s'est jamais réellement installé ici… Je me demande où il peut être et ce qu'il peut faire en ce moment…
- Mystère et boule de gomme. Il a changé de numéro de portable, le sien n'est plus attribué.

Rachel soupira.

- Pourquoi il fait ça, je veux dire… C'est pas comme si je lui avais fait quelque chose !
- Ta célébrité soudaine l'aura effrayé !
- … Tu crois ?
- Je suppute, c'est tout !
- Ca parait plausible. Je ne veux pas faire ce Talk-show…
- Je serais avec toi. Ne t'en fais pas !
- N'en profite pas pour balancer des conneries !
- C'est quel show ?
- « Tout pour vous », avec Maude Patel.

Roland plissa les yeux.

- Ce nom me rappelle quelque chose…
- Ca fait longtemps que cette femme officie à la télévision.
- Non, c'est pour autre chose… Une blague familiale… J'y prêtais pas beaucoup attention parce qu'à l'époque je détestais vraiment ma famille…
- Au fait je trouve ça vraiment très bien que tu te sois réconcilié avec tes parents. C'est très noble de ta part.
- Merci, le rein et le morceau de foie que j'ai donné à ce titre te remercient.

Rachel ricana.

- Tu as encore des cicatrices ?
- Han nan…
- Fais voir !
- Ca va pas, non ?
- Si, mais si allez !

Roland releva sa chemise. Rachel plissa les yeux.

- Wow…
- N'est-ce pas ? Pourtant je ne fais pas de sport !
- On la voit pas beaucoup en fait…
- Il fait froid en même temps…

Rachel frappa Roland qui ricana.

- Tu veux voir celle du rein aussi ?
- Non, ça ira. Cette situation était bien assez embarrassante !
- C'est toi qui l'a voulu !
- Je reconnais, je reconnais. On y va, j'ai rendez-vous à 14 heures.
- Hm.

Elle prit son sac et ils sortirent.

- Tu prends mon courrier, s'il te plait ?
- Je suis ta bonniche ma parole…
- Oh s'il te plaiiiit !
- T'es mariée, ça marche pas ! Et enceinte de surcroit, tu es séduisante comme une vache !

Roland prit le courrier alors que Rachel alla à la voiture. Il tomba sur une lettre qui le fit grimacer. Il la rangea dans la poche de sa veste et alla rejoindre Rachel.

- Alors ?
- Prospectus et factures. Rien d'important.
- Oh. M'en fiche. Je suis pratiquement rentière grâce à mon deal avec le gouvernement.
- Tu as dealé avec le gouvernement ?
- J'ai négocié. Je ne suis pas agent du gouvernement, et en échange ils ont réglé les soucis d'argent de ma famille.
- Cool… Nous on a à peine été indemnisés et toi…
- Moi je suis la Reine !

Elle démarra. Roland s'efforça de rester le plus neutre possible.

- En route, mauvaise troupe.

***

- Vous êtes un brave gars, général !

Ah ça, oui. Il ne faisait que leur faire éviter des batailles. Quand ils croisaient un groupe, ils négociaient, soignaient les blessés. Roland essayait de faire de son mieux pour éviter un maximum de conneries. Mais surtout tenter de retrouver les autres, Malcolm en particulier. Quand ils étaient partis, Roland avait difficilement supporté d'être trimballé en camion et emmené comme ça pour servir des buts qui n'étaient pas les siens.

Il avait un groupe de dix soldats à son service. La vie de chacun d'entre eux lui était précieuse. Oh bien sûr tous ne l'appréciaient pas pareillement, mais ils savaient que leur général n'était pas un salaud comme certains autres.

Il y eut un souci, c'est que Roland, dans sa béatitude générale, n'avait pas réfléchi à bien se protéger face à de vrais adversaires agressifs.

***

- Madame Vinner !!! Oh mon DIEU ! Je suis tellement heureuse d'avoir cette exclu… de vous avoir en plateau !!
- Et moi donc… d'y être… sourit faussement Rachel.

Roland leva les yeux au ciel.

- Vous avez préparé quelque chose ? Vous souhaitez éviter certains sujets ?
- Euh… Faites comme vous faites d'habitude !
- Tu vas regretter ces paroles… marmonna Roland.
- Toi, contente-toi de ne pas texter tout le monde pour leur dire « regardez Rachel se ridiculiser ! »
- Moi ? Noooooon ! Jamais je ne leur enverrais de texto, ce serait tellement bas !
- Venez Rachel, je vais vous montrer le plateau !

***

- Pourquoi ton frère veut qu'on regarde la télé à 15 heures ?

David haussa les épaules alors qu'il habillait Perrine.

- Il a dit… qu'il y aurait quelque chose de marrant pendant « Tout pour vous ».
- Je déteste cette émission, Maude Patel est plus putassière qu'un boîtier de DVD de film d'action !
- Kyle, pas devant la petite !
- Putassier c'est pas un gros mot ! Hein Perrine ?

La gamine sortit sa main de sa bouche.

- Type Acier ?
- … bon ! Souffla David.
- … au moins elle ne sort pas un épisode tragique de sa vie passée, c'est un progrès.

David ne put qu'acquiescer. Kyle sourit, il n'avait plus qu'un pansement sur son œil blessé. Bientôt il aurait le regard qui tue d'avant l'incident.

***

- C'est méchant pour Rachel !
- Roland est avec elle… marmonna Charlie.

Claire plissa les yeux. Charlie haussa les épaules.

- Amis, amoureux, amants, j'ai jamais bien su. Y'a un truc louche entre eux. Avec Léopold on a toujours parié qu'un jour ils se mettraient ensemble, mais entre Marigold et le mariage avec Nathan…

Claire grimaça.

- M… mais… enfin moi ils ne me semblent tellement pas…
- Tu ne lis pas entre les lignes. Roland n'est JAMAIS ignoble avec Rachel. Repasse-toi le film de ton temps avec nous, et compte le nombre de fois qu'il lui a balancé un truc vache !
- … rarement !
- Presque jamais, ou alors il s'excuse après. Il a même été jusqu'à être sympa avec son mari !
- … Tu ne penses pas…
- Elle n'a jamais dit non, non plus !

Léopold rapporta le pop-corn, la bouteille de Sprite et les verres.

- Allez, allez, on se prépare !

Il sortit un biberon de sa sacoche pour le donner à Claire qui sourit.

- Merci !
- Par grand bonheur, tu n'allaites pas ! Sourit Léopold.
- … merci… sourit Claire, gênée.

***

- Et en quoi c'est censé être un « truc de ouf » ?
- Disons que Rachel est du genre coincée et que la voir à la télévision sera un moment d'anthologie…

Finn vint se remettre au lit avec un pot de glace.

- Tu en veux ?
- Je préfère éviter de sentir la glace en rentrant. Mon frère a un très bon odorat.
- T'as qu'à pas rentrer.

Lily souffla en l'air.

- Si c'était si simple…
- Ca avait l'air de l'être quand tu m'as sauté dessus en entrant.
- Ca va, Finn. N'en rajoute pas, ok ?
- Très bien, très bien…

***

Rachel passait au maquillage, tout comme Roland.

- Tu fais quoi, là ?
- Je serais sur le plateau avec toi.
- Pourquoi ?!
- Pour te soutenir ! C'est bien pour ça que tu voulais que je vienne ?
- Pour que tu me soutiennes depuis les coulisses, je peux gérer ça toute seule !
- Entre le bébé, tes parents, ton frère, ton mari, t'es un peu chargée en ce moment.
- Combien de personnes savent que je passe à la télé cet après-midi ?
- Mon frère, ma sœur et Charlie.
- Sale fumier de merde !
- Pléonasme.
- Comment t'as pu me faire ça ?
- Comme ça tu sentiras les autres gens derrière la caméra.
- Je te hais mais d'une force…
- Mais non, tu m'aimes bien. Roland et Rachel, c'est un duo qui marche, non ?

Rachel soupira.

- Pourquoi, au fait ?
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi tu ne m'as jamais vraiment détesté ?

Rachel regarda Roland, étonnée.

- Je… n'ai aucune raison de te détester, Roland !
- Oh allez, les gens ont tous un fond de haine envers moi ! Kyle a failli me frapper l'autre jour, Lily est énervé par chacune de mes sorties, Claire commence à se lasser…
- Hey ! Personne ne te déteste, Roland ! Tu es un peu rude mais on t'aime bien ! Et Claire est très inquiète depuis ce que tu as dit à propos de… ces soldats que tu as perdu. C'était triste !
- J'aime pas être sincère, chaque fois que je sors de mes blagues idiotes je suis mal à l'aise.
- A une époque, tu étais à l'aise.

Roland regarda Rachel qui hocha la tête.

- Tu sortais alors avec Marigold.
- Oh non…
- Tu étais ouvert, prêt à vivre à fond la gomme, heureux… Tu souriais tout le temps…
- Je ne voyais pas la suite avec Marigold…
- Et avec moi, tu l'aurais vue ?

Roland regarda Rachel qui haussa les épaules.

- Si tu n'avais pas été contraint à rompre… ou si tu avais réussi à me remettre le grappin dessus… Tu penses qu'avec moi tu aurais pu…
- Ca n'a jamais été très sérieux entre toi et moi, on n'a jamais été plus loin que… le bisou presque-avec-la-langue !
- Mais alors qu'est-ce qui te convient, Roland ? Marigold était la femme idéale pour toi ! Et…
- Et j'arrivais pas à voir le bout ! J… Enfin Rachel ! Moi, marié ? Avec des enfants ?
- Roland, je t'arrête tout de suite : Tu ferais un super papa.
- Mais non.
- Tu as réussi à maîtriser une gamine traumatisée en deux phrases. Même Kyle était impressionné. Et… tu es gentil, tu n'es pas intolérant, tu es altruiste…
- Pas toujours.

Rachel regarda Roland, intriguée.

- Antenne dans dix minutes.
- Je dois aller sur le plateau ! Ne me suis pas !
- Je suis maquillé comme Marilyn Manson ! Hors de question que je n'aille pas sur ce plateau !

***

- HIIIIIIIII ! MONSIEUR SMIRNOFF !!! HIIIIIIIIIII !!!

Roland se réveilla en sursaut. L'agitation était totale. Il regarda au loin. Des motos trainaient trois corps, ses soldats.

- Monsieur !!
- Merde, merde ! Vlad, Flore !! Suivez-les !
- A L'AIIIIIIIDE !!!

Roland passa le reste de la nuit à essayer de les poursuivre. Sans succès.

***

Entouré par le reste de ses soldats, Roland tentait de contacter les ravisseurs avec une radio.

- Bordel, je vous donne ce que vous voulez mais relâchez-les !
« Vous pensez que c'est ça ? Qu'on veut négocier ? »
- Sinon pourquoi kidnapper des innocents ?
« … pour s'amuser ! »

Roland haussa les sourcils. Les autres soldats étaient apeurés.

- On fait quoi ?!
- Mais je sais pas ! Si le chef ne sait pas non plus…
- Le chef n'est pas Dieu, non plus, ça va hein !

Roland reprit la radio.

- Vous pouvez m'avoir moi, relâchez-les en échange de ma personne !
« Hors de question. Votre peur et votre souffrance sont trop jouissives ! »
- BORDEL DE MERDE !
« Plus vous criez, plus c'est amusant. La peau de Charlène marque bien quand on lui donne des coups »
- RELACHEZ-LES TOUS LES TROIS !
« Non, non, non, non… »

Un des soldats, un gamin d'à peine dix-huit ans que Roland surnommait « David 2 » approcha de son général.

- Monsieur, éteignez cette radio…
- Nan !! Nan, je dois garder le contact, il me faut des nouvelles…
- Mais monsieur…

***

[BIENVENUE A…
TOUT POUR VOUS !
PRESENTE PAR…

MAUDE PATEL

Avec la participation de Betty Charleston.]

- C'est qui, ça Betty Charleston ?
- La grosse dame qui donne des conseils pratiques de la vie quotidienne !
- Je vais me faire chier… soupira Roland.
- Je déteste cette femme, elle est là genre « Vivre bien c'est facile », bon sang grosse conne, on ressort de six mois de guerre !
- Elle essaie de donner de l'espoir aux gens…

Rachel regarda Roland, stupéfaite.

- C'est TOI qui a dit ça ?!
- Oui… on dirait bien…

Maude commença à animer l'émission sur un grand canapé bleu, aux côtés de l'énorme Betty Charleston.

- Bonjour ! Et bienvenue à Tout pour Vous ! Aujourd'hui, une exclusivité mondiale puisque Rachel Heine, l'héroïne de la guerre, va nous donner une interview exclusive aux côtés d'un très sympathique général qui a gentiment accepté de l'accompagner…

***

- Qui ça ? S'étonnèrent Claire, Charlie, Léopold, David, Kyle, Lily et Finn, étonnés simultanément.

***

- … Roland Smirnoff !

***

Eclats de rire généraux.

- Je savais que j'avais bien fait d'amener du pop-corn ! Sourit Léopold.

***

- Betty, vous êtes d'accord, nous avons vécu des moments très difficiles pendant cette guerre…
- Oh mon Dieu oui ! J'ai dû me cantonner à des émissions de radio, c'était horrible !

Rires dans le public. Rachel leva les yeux au ciel. Roland sourit.

- Quelle femme adorable. On en mangerait…
- Combien de tonnes avant indigestion ? Souffla Rachel.
- Accueillons Rachel et Roland !

Les deux entrèrent sur le plateau, applaudis par le public.

- Rachel, Oh mon DIEU ! Vous êtes l'héroïne que tout le monde acclame dans tout Kanto, sans vous, nous serions tous morts ! Qu'avez-vous pensé au moment où vous avez fait les gestes qui ont sauvé notre pays ?

Rachel regarda ses interlocutrices.

- Euh… avant tout, bonjour… euh… J'ai… avant tout pensé à ma collaboratrice, Karima Hacem, qui a été… égorgée sous mes yeux et… je… tenais à dire à leur famille que j'étais sincèrement désolée et que je leur transmettais toutes mes condoléances. J'espère qu'ils ont reçu le cadeau que je leur ai fait.

Maude acquiesça.

- Une guerre terrible cela a été. Je parlais plutôt de votre sentiment intérieur, de ce qui vous est passé par la tête !
- … Je… voulais que personne ne meure, que tout le monde s'en sorte… que…
- Vous aviez conscience de commettre des actes héroïques ?
- Je ne pensais pas à ça sur le coup…
- Vous avez agi de façon totalement altruiste !
- En quelque sorte…
- Extraordinaire, mesdames et messieurs ! Rachel Heine est tout simplement une personne extraordinaire !

***

- Rachel écrase la présentatrice contre le sol dans un, deux…

Léopold et Claire ricanèrent.

***

- Betty, un commentaire ?
- Elle est adorable, adorable. Vous savez qu'elle est de Sinnoh à la base et qu'elle a déménagé uniquement pour devenir professeur de combat direct ! Une fille aussi simple a réalisé un véritable prodige, c'est une héroïne !
- On est d'accord là-dessus ! Rachel Heine est une héroïne ! Qu'en pensez-vous, Roland ?
- … j'en pense que… vous avez totalement raison !
- Comment s'est passée votre expérience de général ?
- Bien, bien, c'était cool, on a mangé du poulet, on a joué aux cartes et trois de mes soldats sont morts !

Maude acquiesça, inémotive.

- Une guerre horrible, en effet. Rachel Heine, vous…
- Excusez-moi, je suis mariée ! C'est Rachel Vinner maintenant !
- … ça n'est pas ce que signale le registre d'état-civil tenu par le gouvernement !

Rachel plissa les yeux. Roland baissa la tête.

- Bref, Rachel Heine, vous êtes devenue un symbole…

***

- Oh mon Dieu ! S'étonna Kyle.
- Comment ils lui ont annoncé ça ! Geignit David.

***

- Tata…

Claire prit Nell, affligée.

- Quelle horrible femme !
- On n'en a rien su ! Pourquoi Nathan n'a prévenu personne ? S'étonna Charlie.
- Parce que c'est Nathan ! Résuma Léopold.
- Pauvre Rachel… soupira Claire.

***

- Quelle garce !
- La copine à ton frère va sûrement la tarter…
- L'ennui avec Rachel c'est qu'elle a de la retenue… nota Lily.

***

- Quel effet ça fait d'être un modèle pour des milliers de gens ?
- … euh…
- Vous devez avoir une meilleure estime de vous-même, non ?

Roland regarda Rachel qui était complètement bouleversée.

- Euh, on pourrait avoir une page de pub ?
- On va plutôt diffuser un incroyable reportage qui fait une reconstitution de votre acte de bravoure !
- On n'est plus en direct !

Rachel se leva, paniquée.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Rachel, Rachel…
- Pourquoi vous dites ça ?

Roland poussa Rachel jusqu'aux coulisses.

- Rachel, ça va aller.
- Tu étais au courant ?!
- … Dans ton courrier, il y avait une lettre… J'ai pas voulu te la donner…
- Quoi ?!

Roland sortit l'enveloppe et la donna à Rachel.

- Tu étais… dans un tel état… j'voulais pas t'en remettre une couche…
- …

Elle ouvrit l'enveloppe devant un Roland très concerné, pas du tout méchant ou sadique. Rachel le regarda, tout aussi peinée.

- … « Chère Rachel. Pardon pour ne pas avoir donné de nouvelles. J'ai récupéré l'argent de ta famille, tout en ayant fait payer aux salauds qui ont fait ça. Cependant entretemps tu as récupéré l'argent toute seule, avec l'aide du gouvernement, tu n'as plus besoin de moi. En voyant que tu étais devenue un héros, j'ai compris que tu n'avais pas besoin d'un type comme moi. Je ne veux pas être le petit protégé d'une femme, et je ne veux pas t'encombrer avec mes soucis. J'en ai déjà trop fait, pardon. Le divorce a été prononcé par le secrétariat général de Kanto, je suis désolé… »

Rachel regarda Roland.

- J… Il…
- Reste forte.
- C… Comment veux-tu, entre Malcolm, lui, mes parents, ce foutu bébé qui me brûle le bide…
- Du calme, Rachel…
- J'en ai marre, Roland !
- Chhhht… Allez, reste forte.
- Mais ça veut dire quoi, ça, Reste forte ? Tout ce qui me tombe dessus ! Gnnn…

Roland regarda Rachel qui se tenait le ventre.

- Rachel ?

Il la fit s'asseoir. Rachel regarda Roland.

- Ca fait chier…
- Qu… Qu'est-ce qui t'arrive ?!
- Roland, je suis une belle idiote…
- Mais quoi ? Rachel !
- …

Roland regarda Rachel qui pleurait aussi.

- Tu penses vraiment qu'on peut garder un bébé après qu'une onde de choc vous soit passé dessus ?!

Roland plissa les yeux. Rachel se tordit de douleur.

- Bon sang, mais t'es CONNE ! Faut que t'ailles à l'hôpital tout de suite !
- Ils me laisseront pas sortir… J'croyais pouvoir gérer, tout à l'heure j'étais allée m'allonger parce que j'avais mal…
- Rachel bon sang !!
- J'te demande pardon… T'as été tellement gentil… Je sais que je peux te faire confiance…

Roland écarquilla les yeux.

***

« Monsieur, vous en faites pas… »

Roland pleurait, tenant la radio.

« Vous en faites pas pour nous…….. T'es prêt ? J'vais l'exécuter ! »
« NON ! PUTAIN NON !!!

Les autres soldats étaient anéantis.

« Monsieur vous en faites pas, on sait qu'on peut vous faire confiance… »
- Putain nooooon… sanglota Roland.

Le coup de feu retentit. Roland s'effondra.

Les jours suivants, il fit tous les tours de garde pour surveiller ses soldats. Il dormait deux heures par nuit. Il finit par mettre des lunettes noires tellement il avait de cernes.

***

Roland regarda l'ambulance partir. Il soupira.

- Eh bien Roland !

Il se retourna vers Maude, mécontente.

- Où est mademoiselle Heine ?
- … J'arrive. Je vais finir votre émission. Elle a eu un souci.

***

- Ca reprend, Claire !
- AH ! Y'A PLUS DE PAPIER !!!

Charlie roula des yeux.

- Léopold, tu n'as pas changé le rouleau de papier toilette ?!
- J'ai oublié !!

***

- J'crois que ça reprend… marmonna Finn.
- M'en fiche, embrasse-moi !

***

- Fin de la pub !

David et Kyle revinrent sur le canapé.

- C'est bien, Perrine !
- Tu deviens très forte à ce jeu ! Sourit David.

***

- Nous voici de retour avec Roland Smirnoff. Roland, pourquoi Rachel est partie ?

Roland, le visage enfoncé dans la main, avait envie de tout démolir.

« Pourquoi elle ne m'a rien dit ? Je suis si con qu'on puisse rien me dire ? J'ai pas l'étoffe d'un mec à qui on se livre ? Merde quoi ! Je pensais que j'avais changé, et à cause de cette guerre, j'en reste au même point ! J'ai pardonné à mes parents mais je reste un gros con ! »

- Roland ?
- Elle a peut-être été faire du shopping ! Ricana Betty, suivie par le public.

Roland releva la tête, noir comme le charbon.

***

Claire revint à temps.

- Oh mon dieu ! Il va péter un câble !! Ouiiiiiiii !

***

- Vous, la baleine bleue, vous n'avez pas des parachutes à enfiler comme CALBUTE ???

Betty regarda Roland, estomaquée, alors que le public, forcément… riait.

- Bordel, vous ne savez rien faire d'autre que balancer des vannes, REGARDE-TOI ! Tu fais au moins le poids des caméras du studio ! Et après tu joues les joyeuses ? Mais va te trouver un mec ! Un aveugle de préférence, ça te permettra d'avoir des rapports sexuels CONSENTANTS ! Quant à savoir s'il pourra viser juste, trouves-en un juste assez bien équipé !

Le public était mort de rire ce qui empêcha la pauvre Betty de répliquer, elle partit en pleurant dans les coulisses. Maude regarda Roland, ébahie.

- Roland, ça n'était pas très classe de votre part ! Je condamne fermement !
- Oh vous, la ferme ! Vous portez Rachel en héroïne alors qu'elle a morflé pendant cette guerre, et vous présentez ça comme un peep-show, mais allez vous faire soigner vieille folle ! C'était la GUERRE, PUTAIN ! J'ai perdu des hommes, je suis resté collé à un écouteur de radio pour entendre une fille se faire EXECUTER !

Le public resta silencieux. On entendait tout juste la clim du plateau. Maude était béate.

- Alors ne venez pas me faire croire que vous pouvez consacrer un talk-show à une guerre comme si c'était un amusement ! Dans ce public, il y a des gens qui ont perdu beaucoup plus que tout ce sur quoi vous pourrez faire de l'émotion inutile ! Ce n'était PAS drôle ! C'était la guerre ! On aurait pu y mourir et… on a survécu. Eh bah on peut s'estimer chanceux. Et juste continuer à vivre. Excusez-moi, j'ai… une amie qui fait une fausse couche et je dois me rendre au Grand Central de Parmanie.

***

- Putain on bouge ! Cria Charlie.
- Oh mon Dieu !! Geignit Claire.
- Rachel !! Sanglota Léopold.

***

- QUOI ? S'étonna Lily.
- Il a dit Fausse quoi ?!

***

- Perrine, je t'assure que tu auras des gâteaux alors reste calme ! Grommela David.
- Promets-lui plutôt des glaces à mon avis !

***

Dans l'hôpital, isolée dans une cafétéria vide, Rachel regarda Teddiursa.

- … Nathan est… mon mari, forcément, je l'aime, mais… Pourquoi ce geste de Roland envers son frère me touche autant ?

Elle serra le Pokémon contre elle.

- Peut-être… qu'au fond… C'était… lui le bon… Ou pas. Voilà, je suis perdue… soupira Rachel.

Elle regarda Teddiursa.

- Et toi, t'as rien à dire ? Bébé de rupture… Tsss… C'est stupide, dès que je te regarde, je pense à lui !

Teddiursa se mit à luire devant une Rachel surprise.

- M…

Ursaring la prit contre elle, ce qui surprit la jeune femme.

- Uh ? Ca veut dire quoi, ça ?!

***

Rachel se réveilla. Roland était à ses côtés en lui tenant la main, endormi, lui aussi.

- Roland ? Roland…

Il se réveilla.

- Hey… Tu vas bien ?

Rachel hocha la tête.

- Tu seras sur pieds pour l'anniversaire de Nell. Tout le monde est là, je les appelle ?
- Pas tout de suite.

Roland regarda Rachel.

- Merci d'avoir voulu me ménager, Roland.
- Je fais toujours ça avec toi en même temps… Vile femelle !
- Très drôle… Merci.
- C'est naturel. Ton frère est pas là… Ton mari s'est barré, même ton bébé a quitté le navire…

Rachel ferma douloureusement les yeux.

- Il n'aura jamais su, alors…
- Il a eu peur, c'est… humain.

Rachel hocha la tête.

- Il n'aurait pas été prêt de toute façon… J'ai été idiote de croire que le fait d'être père ça le changerait… J'ai été idiote.

Roland baissa la tête.

- Ecoute, j'appelle les autres, ça va te faire du bien. Tout le monde est prêt à te soutenir.

Rachel sourit.

- Merci pour ça.
- C'est pas moi c'est toi ! A chaque fois on est obligés de s'occuper de toi ! T'es chiante, hein !

Sourire échangé. Roland, craignant le pire, ouvrit la porte.

- C'est bon, elle est réveillée.