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Informations

» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 10/10/2010 à 18:26
» Dernière mise à jour le 22/10/2010 à 23:07

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Bonus : Le prince d'irisia.(Shagi/Arisa)
Yep, vous avez été gentils, donc je vous mets un autre Bonus ce week-end, il est un petit peu plus long que le précédent…J'espère qu'il vous plaira. Merci encore pour vos encouragements, j'espère vite retrouver l'envie d'écrire la suite de l'intrigue principale !

Petite anecdote sur ce bonus, au début, je l'ai écrit, pour faire un flash back sur le personnage de Shagi et bien l'introduire, mais j'ai trouvé que cela cassait le mystère qui auréolait le personnage, et finalement, je l'ai retiré de la trame principale. Normalement, Sam aurait du le voir en rêve, lors du passage d'Arisa au Qg. Cela ne s'est pas produit. Tant pis ! Il y a plein de bonus sur les personnages, qui sont en fait des flash-back que j'ai retiré de la trame pour des raisons de tailles du chapitre, de complexité, ou simplement parce qu'ils ne me plaisaient pas dans la situation.

Donc, ce chapitre se déroule, quand Arisa a 10 ans, elle vient de recevoir son premier Pokémon, Salamèche. Je vous souhaite une bonne Lecture ! Si vous souhaitez un autre bonus mercredi, demandez, j'en ai encore un peu en stock.

Bonne lecture.


-Le prince d'Irisia-

Elle détestait cette île perdue. Irisia, quelle mouche avait bien pu la piquer pour qu'elle accepte de passer ses vacances dans ce monticule de sable abandonné au milieu d'une mer agitée par les siphons ? Vraiment, parfois elle se le demandait.

Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir de la maison de vacances, une belle bâtisse sur la côte, sur pilotis. La bouille tendre de Makanie apparut dans son champ de vision ? Minuscule, elle l'aurait bien prise pour une poupée, malheureusement, vu le sort qu'elle avait réservé à tous ces jouets dans ce genre, cela aurait été de bien mauvaise augure pour la rouquine.

-Harry et moi, on fait des crêpes, tu veux nous aider ou juste les manger ?

Maintenant, elle se souvenait de sa raison, de une, en revenant de son voyage à Kanto pour chercher le starter qu'elle voulait chez le prof Chen, elle avait rencontré cette gamine, qui débutait bientôt son voyage initiatique. Elle l'avait rarement vue auparavant, bien qu'elles habitent le même village, Eternara à Hoenn, mais ça, elle se réservait la faute, elle n'était ni vraiment sociale, ni ne s'était autorisé à s'écarter de son « programme de la mort pour vaincre un jour Peter-abruti ».

Bref, la petite rousse lui avait plu, étonnement, avec sa frimousse angélique et sa face obscure particulièrement diabolique, un étrange contraste, un mélange détonant, tout ce qui l'attirait quoi. Alors évidemment, quand elle l'avait invitée à passer l'été chez une de ses tantes, en lui avouant en plus qu'elle était la filleule de Charline la championne extrème…Et bien le choix avait été vite fait.

Mais pour le moment, après trois jours à la plage, pas d'entraînement, pas de Charline, et pire que tout, Makanie conservait cette facette mondaine, superficielle, dès qu'elle se trouvait en présence de son petit frère Harry.

Evidemment, cela l'étonnait qu'une fille soit capable de comportement diamétralement opposé en si peu de temps, qu'elle puisse sourire comme une enfant modèle tout en rêvant d'enfoncer un poignard dans le cœur de son interlocuteur…Mais que pouvait-elle y faire ?

-Je vais faire un tour, déclara froidement Arisa.

La jeune fille bondit sur ses jambes et se dirigea vers la porte d'entrée, mais Makanie bloqua avec une puissance incroyable la plaque de bois, et avec un regard noir, elle se contenta de dire :

-Harry et moi, nous faisons de gros efforts pour rendre ces crêpes délicieuses, c'est clair ?

Loin d'être impressionnée, Arisa haussa les épaules et laissa couler, jetant juste un « ouais » détaché pour pouvoir passer. Makanie, ravie de cette semi approbation, lui fit un immense sourire et la salua avec bienveillance tandis qu'elle se retirait.

Harry déboula dans la pièce, la spatule pleine de pâte encore dans la main, il fit une moue déçue en voyant son aînée l'ignorer.

La deuxième raison de son départ d'Eternara, c'était lui. Enfin, en parti, il n'en était que le résultat indésirable. Huit ans, cela faisait huit ans que sa mère s'était remariée avec un autre homme, et qu'elle avait engendré ce petit bout. En soit, elle l'aimait bien, avec sa bouille innocente, ses cheveux bleus clairs pleins d'épis, camouflés sous un béret dans l'urgence. Le problème, c'était ses prunelles mordorées, qu'il avait hérité de son nouveau « papa ». Les mêmes que celles de Peter, son soi-disant frère, d'après une stupide loi. Sincèrement, elle adorait Harry, mais elle haïssait Peter plus que tout, arrogant, sûr de lui, persuadé de faire le bien autour de lui. En plus il avait battu sa sœur Sandra. Sa sœur, son modèle, son idole !

Encore aujourd'hui, quand elle repensait à son sourire de petit saint quand Sandra lui montrait timidement qu'elle était dans l'impasse en plein combat….Arisa avait toujours autant envie de lui foutre une mandale. Qu'elle haïssait ce petit rictus satisfait, de monsieur parfait qu'il osait faire dès qu'elles consentaient, l'une ou l'autre, a enfin à reconnaitre son infériorité et à lui demander conseil ! Mince alors, cela aurait du lui suffire amplement déjà, de l'entendre dire « je ne sais pas » mais non, bien évidemment le grand dadet se devait de jouer les héros, les chevaliers servants, pour voler à son secours ! Il se sentait obligé de répondre « mais bien sûr, comment je peux t'aider ? » ou encore un « ça va ? » à chaque étape de l'apprentissage. Elles n'étaient pas non plus des attardées, elle pouvait suivre une explication de A à Z sans se perdre !

En plus, Harry s'en sortait très mal, autant dans les études, que socialement. Il ne parvenait pas à se faire des amis, et à chaque fois qu'il sortait avec des copains, il revenait en ravalant ses larmes, mentant à tout va sur les raisons de sa tristesse. Arisa savait bien ce qui clochait, les enfants du village vénéraient chaque dresseur, alors savoir qu'il y avait parmi eux, le frère de Sandra et de Peter, cela attirait plus de curieux et envieux que de vrais amis. Pour couronner le tout, Harry détestait combattre, il ne possédait pas encore de Pokémon, et n'en demandait pas, il ne regardait ni les matchs, ni ne s'y intéressait. La seule chose qui semblait l'emballer, c'était le sport, le pokéathlon. Avec la mère d'Arisa et Sandra, une conservatrice d'Ebénelle, dont l'illustre famille n'avait engendré que de brillants dracologues, une tension silencieuse, une déception sourde s'installait progressivement entre eux. Et le père de Peter faisait semblant de ne rien voir.

Avec tout ça, l'ambiance générale dans la demeure familiale se dégradait…Fuir ce lieu empli de frustration, quel rêve ! Peut être, finalement, était-ce pour cela qu'elle s'entendait si bien avec Makanie, toutes deux, Elles attendaient le début de leur voyage initiatique avec une hâte sans borne. Même si elle s'inquiétait un peu pour Harry, il pouvait survivre seul un peu. Elle n'était pas sa nounou non plus !

Elle marchait sur la plage depuis un bon moment déjà, perdue dans ses songes, et elle croyait pouvoir faire le tour de l'île sans être dérangée, mais elle se trompait amèrement. Un gamin la bouscula sans ménagement, et elle atterrit sur le sable avec stupéfaction. Furieuse, elle saisit une poignée de poussière, prête à la balancer à la figure de son interlocuteur, et lança :

-Tu pourrais au moins t'excuser !

Le concerné pila net, ses cheveux méchés, sales et gras pendaient jusqu'à son cou pour finir attachés en queue de cheval. La peau mâte et le regard sombre, vêtus des habits traditionnels de l'île, bien qu'un peu rapiécés, il ne devait même pas avoir dix ans, et pourtant un Tilton dormait sur son épaule. Le gamin la contempla une seconde, puis brusquement, il inspira un grand coup et lui tira la langue avec vanité avant de repartir aussi sec.

La minute suivante, un autre groupe de pestes passa à quelques centimètres de la jeune fille, manquant de lui écrabouiller les pieds, bien trop préoccupés à l'idée de rattraper le vaurien. Arisa resta stoïque, décoiffée, perdue, un bon moment, avant de reprendre ses esprits et une pensée fusa en elle :

« Mais j'suis tombée où ? »

Franchement, elle n'avait pas signé pour vivre sur une île bourrée de morveux insolents ! Elle allait leur apprendre un peu, à lui manquer de respect. Surtout l'autre là, le plus petit de la bande. Sans plus attendre, Arisa se mit à courir en direction de la falaise, surplombant le paysage, là où elle pouvait voir presque tout le village dans sa globalité. Le résultat fut immédiat, elle retrouva aussitôt le petit délinquant, dont les poursuivants l'avait rattrapé, au niveau du chantier où l'on préparait la construction d'un parc safari. Le piégé se battait à présent farouchement à l'aide de ses pieds et de ses poings contre ses oppresseurs.

Arisa s'approcha du lieu du combat, sans même se soucier d'être discrète, de toute manière, les gosses hurlaient si forts, que même en annonçant son arrivée avec des trompettes, ils ne l'auraient pas remarquée. Ce fut d'autant plus aisé pour se faufiler dans le cercle que formait les petits.

Ni plus ni moins, elle chopa les bagarreurs par le col de leurs chemises en lin et leur envoya un estoc en pleine tête. Un concert de gémissements et de soupirs déçus s'élevèrent. La fille aux dragons plaqua ses mains sur ses hanches avec une mine de défi, et les plaintes s'atténuèrent, son assemblée, apeurée. Arisa ne put que remarquer leurs jeunes âges, aucun ne devait dépasser les onze ans, et elle les dépassait d'au moins une tête, tous autant qu'ils étaient.

-On peut savoir ce qui vous prend ? Grogna-t-elle. –C'est élégant, ça ! De se battre en pleine rue !
-De quoi tu te mêles, grognasse ? Répliqua celui qui l'avait percuté en premier, sur le même ton hargneux que la jeune fille.

Elle lui infligea une seconde bosse aussi sec et le coup sonna étrangement creux. Les mains plaquées sur son cuir chevelu, retenant une exclamation de douleur, les lèvres pincées, le petit la foudroya du regard et enchaîna :

-Espèce de brute !

Et Vlan ! Jamais deux sans trois comme disait le refrain ; décidément, cette sale bête ne comprenait pas la leçon, c'était pire qu'un caninos mal élevé.

-Madame, on faisait que jouer ! Bafouilla un des plus grands de l'assistance.

Arisa tiqua. Hé ho, comment ça, madame ? Elle avait juste un an de plus qu'eux, ils avaient vraiment décidé de l'énerver aujourd'hui !

-Comment ça jouer ?
-Bah ouais, on faisait un tournoi, pour savoir qui était le plus fort de l'île ! Autant à la course qu'à la bagarre ! S'exclama le petit renfrogné.

Arisa contempla le gamin de haut, sentant entre eux une tension électrique s'instaurer, puis elle siffla :

-Quel jeu crétin.
-Quoi ? S'offusqua l'enfant. –vas-y redis ça ! C'est moi qui ait gagné jusque là, chuis plus fort et j'te prends quand je veux !
-Ouais c'est ça. J'te signale que je suis plus grande que toi, tu n'as aucune chance. Répliqua Arisa.
-J'en ai déjà battu des plus grands ! Et en plus, c'est encore mieux ! Si je te bats, je récolte toute la gloire et si je perds, on dira juste que c'est normal à mon âge !

La plus grande des deux frissonna, l'assemblée de bambins eut une exclamation face à son regard noir, très pris dans la discussion.

-Tu iras pas loin avec ce genre de façon de penser ! Fait viser haut ! Avoir honte de chacune de ses défaites, pour se dépasser ! Allez viens gamin, j'vais t'apprendre ce que c'est que se battre !

Le petit à la peau basané s'insurgea, puis il brandit son poing et lâcha :

-Tu vas voir un peu ! J'vais te pulvériser !

Bien évidemment, il ne fit pas long feu, après deux offensives dans le vide, Arisa pris avantage de sa grande taille pour le choper par les vêtements et par l'envoyer faire un beau vol plané.

Ses camarades se ruèrent vers lui, réellement soucieux, et Arisa fut surprise de les voir si prévenants à l'égard d'un tel vantard. Peut-être que les personnalités fortes attiraient plus la sympathie et l'admiration, elle, ça l'exaspérait plutôt. Néanmoins dans la cohue, elle distingua le nom du gamin : Shagi.

Ce dernier, blessé dans son orgueil, se redressa aussitôt, tangua un peu, et se remit en position, prêt à en découdre.

-Vas-y j't'attends ! Beugla-t-il en ravalant un cri de bête blessée.

Aux vues des bleus qui parsemaient son corps, il avait l'habitude de ce genre d'exercices. Le bougre risquait de ne jamais s'avouer vaincu, et avoir à le frapper jusqu'à ce qu'il perde connaissance n'attrayait guère Arisa.

-C'est gamin de régler ça avec les poings, réglons ça plutôt avec un combat Pokémon ! Lança-t-elle, batailleuse.
-Un combat, Pokémon ? Répéta Hagard le petit.
-Oui, ton tilton, contre mon Salamèche, ou un de mes minidracos. Un match un contre un quoi !
-Comme Chuck le champion ! Compléta une petite fille du lot à son camarade.

Shagi observa avec perplexité l'oiseau bleu qui nettoyait ses ailes cotonneuses sur son épaule, une grimace incertaine étira ses traits. Arisa écarquilla des yeux, ce gamin ne connaissait pas les compétitions Pokémon ou quoi ? Mais le petit secoua la tête et relança aussitôt, aussi fièrement que possible :

-D'accord c'est quand tu veux ! Je vais te dégommer avec Tilton !

Arisa ne put retenir un sourire enjoué. Elle avait enfin trouvé une occupation !

-Très bien, on se retrouve demain devant la plage alors ! A midi tapante !

Le brun sursauta, et s'étonna :

-Pourquoi pas tout de suite ?

Et la plus grande répliqua, amusé :

-Pour que tu apprennes quelques tours à ton piaf, sinon ce ne sera pas drôle de te battre !

Ravie, ignorant les remarques courroucées du gamin, elle se retira, néanmoins, avant, elle perçut tout de même, au loin, le début d'une conversation animée entre les petits qui se disputaient la présence de Shagi sous leurs toits cette nuit.

« Shagi il dormira chez ma maman d'abord ! –C'est pas juste il était avec toi la semaine dernière ! –C'est normal le mardi, on fait d'la soupe à la tomate et Shagi il aime la soupe de ma maman ! –Nous on fait steack frites ! Alors il vient chez moi ! –Non !! Mon papa il voulait qu'on regarde le match tous ensemble ce soir ! – C'est bon les gars, je vais rester tout seul cette nuit ! »

Ces échos de la dispute la laissèrent perplexe, mais elle ne s'en soucia guère plus, et retourna auprès de Makanie et Harry. Ceux-ci lui firent d'ailleurs une gigantesque surprise, parce son petit frère lui avait gardé une énorme plâtrée de crêpes couvertes de sirop d'Irisia. Elle s'en régala goulûment en écoutant les aventures culinaires de son cadet, visiblement enchanté.

-Et toi, qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? L'interrogea Harry timidement, après avoir renversé son verre de jus d'orange, ce qui avait eut pour effet de calmer son enthousiasme directement.
-Moi ? J'ai rencontré un gamin arrogant, que je vais latter demain en combat Pokémon ! Annonça simplement la jeune fille, la bouche pleine.

L'enfant écarquilla des yeux et poussa une exclamation admiratrice tandis que Makanie riait sous cape :

-Oulala ! J'en connais un qui va s'en prendre plein la figure demain !
-Je vais l'écraser ! Ricana Arisa, certaine – Je crois même qu'il n'a même jamais songé à faire combattre son Tilton avant ça !
-C'est pas très fair-play ça ! Lança la voix de la tante de Makanie, au loin, qui nettoyait la cuisine après la tempête qui venait de la secouer.
-Peut-être ! Mais en même temps, il n'avait qu'à pas me chercher !
-Et puis même sans ça, ma grande sœur elle peut battre tout le monde ! S'offusqua Harry, les sourcils froncés. –Dis, dis, 'Risa, tu crois que le garçon, il voudra jouer avec moi, au foot, ou à la natation après que tu l'aies écrabouillé ?
-C'est vrai tata, dans cette famille ce sont des monstres de puissances ! Tu verrais ! Harry n'a pas encore de Pokémon, mais lui aussi, il va faire des ravages, c'est dans ses gênes !

Elle obliqua vers Harry et lui frotta le cuir chevelu avec vigueur, mais le gamin ne rigola pas, son sourire s'effaça, remplacé par un rictus stressé, une boule lui écrabouillant brusquement l'estomac. Son anxiété l'empêcha d'entendre la réponse neutre à sa question. Arisa remarqua son mal à l'aise, et lui frictionna le dos pour le revigorer, mais même cela, ne lui remonta guère le moral.

Les enfants passèrent le reste de la soirée à regarder des retransmissions de matchs à la télévision, -ce qui ne manquait pas d'exaspérer la tante de Makanie, avec un temps si beau, rester enfermé à l'intérieur !- L'heure du couvre feu arriva bien trop vite. Après des heures de délibérations et de débats enragés, ils obtinrent tout de même le privilège de dormir à la belle étoile, sur la terrasse. Ensemble, ils installèrent la moustiquaire, les matelas près de la piscine, et s'installèrent avec délice sous les couvertures.

Si Arisa devait concéder un avantage à cette île, c'était bien les cieux magnifiques qui couvraient l'entière archipel marine. Elle n'appréciait pas le vent provenant de la mer, gluant, salé, puant. En revanche, la vue de l'horizon à peine éclairée au loin, était époustouflante. Elle avait l'impression d'être tombé en plein ciel, avec les étoiles se reflétant sur la surface lisse et éternelle sous ses pieds.

Les ronflements de Makanie s'élevaient déjà à ses côtés, et la respiration sereine de son frère lui faisait croire qu'il dormait profondément lui aussi. Dire qu'ils avaient scruté partout, jurant de ne pas sombrer dans les bras de morphée avant d'avoir vu une étoile filante… ! Quelles girouettes ! Alors qu'elle se faisait cette réflexion, un mouvement sur la berge attira son attention, curieuse, elle rampa jusqu'au bord de la terrasse, et se pencha par-dessus la rambarde.

Une silhouette vague donnait des coups de pieds dans l'écume mousseuse se mourant dans son étreinte passionnelle avec le sable. Une mélodie enfantine pépiait auprès de l'ombre, comme le chant céleste des sirènes.

L'attirance gagna Arisa, qui sauta du haut de son perchoir pour atterrir dans la baie. Elle crachota un peu l'eau qu'elle avait avalé, et regretta de ne pas avoir pris un bain dans la matinée, quand sa teinte azure, parsemée des reflets violacés de la barrière de corail qu'elle camouflait, donnait envie. Là, il lui sembla s'enfoncer dans un bain d'encre et elle ne voulut même pas savoir ce que ses orteils effleuraient dans la noirceur du liquide. Elle fit quelques brasses et se dépêcha de retrouver la chaleur du sable, puis d'un pas hésitant, elle se dirigea, vers ce qui l'avait poussé à faire un tel plongeon.

Les mèches ruisselantes, des gouttes embrouillant sa vision, elle plissa les yeux, en découvrant le garçon de la matinée même, allongé dans une sorte de lit improvisé, fredonnant la mélodie que lui guidait son tilton. Eclairé uniquement par l'onde d'argent, elle lui trouva un côté poétique étrange, presque dérangeant. Son expression n'était en rien comparable à la dernière fois, complexe et profonde, elle dégageait une mélancolie attendrissante, lui conférant presque une aura tourmentée.

Arisa se surprit à se sentir toute chamboulée par cette vision.

Pourtant, cela ne dura pas longtemps, l'enfant la remarqua, ses grands yeux sombres se posèrent sur elle avec ébahissement, puis se teintèrent à nouveau de cette lueur de défi.

-Tu ne dors pas ? Tu ferais bien, demain je compte bien te passer un savon !

La fillette aux dragons sursauta, mais son esprit combattif ne s'éveillait plus à une heure si tardive, aussi soupira-t-elle, presque avec tendresse :

-Et toi alors, tu ne rentres pas chez toi dormir ?

Le gamin tressaillit, puis il s'affaissa contre son matelas chaud naturel, tout en murmurant :

-Je suis bien ici.

Arisa sentit une bouffée de sympathie pour l'enfant l'envahir, et sans lui demander la permission, elle s'installa à ses côtés, celui-ci ne montra aucune gêne, quand elle s'allongea avec lui.

-Tu as raison, c'est un bel endroit ici. Constata-t-elle.

Shagi se contenta d'opiner, avec un sourire sincère, les yeux rivés sur la voie lactée. Un moment de silence passa, telle la bise, caressant leurs êtres sereins, Arisa ferma les yeux et inspira profondément, en paix.

-C'était une jolie mélodie, que chantait ton Tilton.

L'enfant tourna la tête vers elle, et elle contempla à nouveau son regard dépourvu d'innocence et pourtant aussi pur et complexe. Il lui sembla que ce gamin avait conscience déjà des tourments de l'existence, des pires bassesses humaines, et pour autant n'osait y croire.

-C'est la berceuse de ma Maman. Expliqua-t-il simplement.
-Elle chante bien ta Maman alors ?
-Je ne sais pas. Je ne l'ai jamais vue.

Arisa se redressa, et dévisagea le bambin, qui jouait avec une de ses mèches empaquetées, comme de rien. Il dut être embarrassé par l'air atterré, désolé d'Arisa, car il lança doucement :

-Elle habite loin. Dans son pays, y-a une grande guerre, alors elle m'a confié à un Marin, qui m'a emmené ici, avec Tilton.

La jeune dresseuse frissonna d'horreur. Peu habituée, elle qui avait grandi dans un foyer plus ou moins chaleureux, au malheur des autres. Cependant le petit ne s'en souciait guère, il racontait cela comme on avoue une anecdote ancienne, qui est devenu fade et floue, harassée par le fil du temps.

-Et, tu vis où à présent ? Bredouilla Arisa.
-Dans la maison du marin qui m'a ramené. Il est sympa, et il m'a promis qu'un jour il ramènerait ma maman ici aussi. Mais apparemment il a pas le droit, donc ça prend du temps.
-Et…Tu ne te sens pas seul ?

Cette fois, Shagi la fixa avec ébahissement, comme si elle posait une question relativement stupide, et il sourit :

-Bah non, ici, je suis un peu le fils de tout le monde. Je mange chez qui je veux, et je vais chez qui je veux. J'ai une gigantesque famille comme ça.

Il se gratta le crâne, et passa une main dans sa chevelure en grommelant contre les paquets de nœuds et le sable qui s'y infiltrait. Il allait abandonner quand la main d'Arisa le retint, lentement, elle défit les attaches précaires qui maintenait sa coiffure, et y passa ses doigts fins pour les peigner. Shagi rougit.

-Pourquoi tu fais ça ? Grommela-t-il.

Mais la jeune fille ne lui répondit pas, elle continua son œuvre, ramassa quelques coquillages, dont elle se servi pour agrémenté la chevelure. Au milieu de ses pensées, elle songea à ce gamin, qui n'atteignait même pas son âge, et qui pourtant, portait un tel secret. Elle qui se plaignait juste que sa mère soit de nouveau heureuse auprès d'un autre homme. C'était vrai que son demi-frère Peter l'insupportait, mais, elle ne pouvait nier que d'autres vivaient bien pire. Sa prise se contracta, se crispa sur une des mèches de Shagi et elle sourit, émue.

-C'est pour ça que tu regardes la mer ? Parce que tu rêves de rejoindre ta maman ? Demanda-t-elle.

Shagi lui lança une œillade simple, presque surprise et il répliqua doucement :

-Non, pour voir le pays de ma Maman, je dois regarder dans l'autre sens.
-Hein ? Tomba de haut Arisa.
-A vrai dire, je m'en fiche si je rencontre jamais ma Maman, je ne la connais pas du tout. Mais j'aime regarder la mer ici, parce que, je sais pas, ça me rassure, quand je vois la mer, je me dis, que je suis bien ici avec tout le monde. Que jamais rien de grave n'arrivera jusqu'ici. Et que je veux jamais partir.
-Même pas pour voyager ?
-Jamais ! Jamais ! Confirma Shagi. –C'est ici, ma maison ! Ajouta-t-il en se plaquant contre le sable chaud.

Arisa ne put s'empêcher de rigoler, et elle contempla le jeune garçon. Lui qui lui était apparu si sale et mal élevé ce matin, se parait d'une nouvelle prestance, d'une pureté attendrissante sous le rayon de lune.
Un peu comme un prince, le prince d'Irisia, de l'écume. Il était aussi indomptable que la mer qui le passionnait tant, et aussi profond que l'abysse, renfermant beauté éphémère de coraux, comme danger effrayants.

-Oh fait ! Dit rien à personne, hein ! Sur ça, je leur fais croire que ma maman est un agent secret ! Siffla soudainement Shagi, sérieux.

Arisa, tressaillit, vacilla, ramenée à la réalité, et elle ne put contenir un rire sincère.

-C'est pas terrible comme mensonge ça…Il va aussi falloir que je t'apprenne à mentir !

Sans même qu'elle ne s'en rende compte, l'aurore se leva sur Irisia, le premier lendemain de leur rencontre.

Ce jour là, elle le battit à plat de couture lors d'un match Pokémon. Bien évidemment, le gamin furieux, demanda une revanche, tandis que Harry, effrayé par une telle énergumène, tâchait de protéger Makanie, plutôt curieuse envers le nouveau venu. Sa tante, amusée par la scène, saisit l'instant fugace de la naissance de leur amitié en prenant un cliché.

Ils ignoraient tous autant qu'ils étaient, que ce serait l'unique moment, l'unique souvenir de l'époque bénie où ils riaient encore tous ensemble.