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Je voudrais pas... de dragibus57



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» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 25/09/2010 à 08:57
» Dernière mise à jour le 25/09/2010 à 08:57

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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De grenouille bancroche

Nathalie fit d'abord un crochet par Mauville.

Il était midi passé et son estomac grondait.
C'était en plus l'heure de ses médicaments et elle avait intérêt à ne pas les prendre le ventre vide si elle ne voulait pas se choper un ulcère. Les anti-inflammatoires en général - et les corticoïdes en particulier - étant connus pour leur action irritante sur l'estomac et les intestins.
Elle en avait fait l'amère expérience et devait à présent prendre un traitement pour pouvoir supporter son traitement. Un véritable cercle infernal.

Dans une petite baraque à frites proche du Centre Pokémon, elle s'acheta un pan bagnat sans mayonnaise qu'elle alla grignoter sur les bords du lac, au pied de la Tour Chetiflor.
Le pan bagnat avait l'avantage d'être l'un des seuls sandwiches à la fois complet, pas trop calorique et surtout sans sel ajouté. Car le sel et la cortisone ne faisaient pas bon ménage, provoquant rétention d'eau, gonflement et prise de poids.

C'est aussi pour cette raison qu'elle avait toujours dans son grand sac une bouteille d'eau pauvre en sels minéraux. D'une marque qu'on ne trouvait pas forcément partout et qu'elle préférait donc trimballer constamment avec elle.
Elle avait eu de la chance aujourd'hui de pouvoir se trouver un repas-sur-le-pouce presque sans sel. C'était loin d'être le cas habituellement !
Elle se promit de rédiger une chronique coup-de-gueule à ce sujet dès qu'elle reprendrait le boulot.

Quand elle eut terminé son pique-nique improvisé, elle fit à pied le chemin qui séparait Mauville des Ruines d'Alpha, en guise de promenade digestive.
Elle y accéda donc par l'entrée nord et commença par en faire le tour, comme une simple touriste. Sa cheville ne la faisait plus souffrir - l'effet des anti-inflammatoires certainement - mais lorsqu'elle vit le sol inégal et jonché de cailloux, elle décida de garder sa béquille. Principe de précaution.

Pas moins d'une quinzaine de bâtiments, cavernes et autres entrées souterraines étaient dispersés sur l'ensemble du site. L'accès à certains d'entre eux ne pouvait se faire qu'en traversant une étendue d'eau. D'autres étaient cernés de rochers impraticables.
Elle se dirigea finalement vers un bâtiment visiblement plus récent, indiqué comme étant le Centre de Recherche Archéologique.

Elle s'avança vers le premier scientifique qui lui dit tout de go que si c'était pour mettre à jour son carnet Zarbi, elle devait s'adresser à son collègue. Elle le détrompa et demanda à parler à Ernest.
Oh, il devait être dans l'une des ruines, mais il ne savait pas laquelle. Fallait chercher.
Nathalie ressortit, légèrement refroidie par l'accueil peu sympathique qu'elle venait d'essuyer. Décidément, ce n'était pas son jour de chance…

Elle entra dans la construction de vieilles pierres la plus proche et se retrouva nez-à-nez avec un petit homme chauve :
- Bien le bonjour en cet étrange endroit ! Je suis F. Otto, le vieux photographe ! Tu me sembles fort photogénique ; ça te dirait, une photo souvenir ?
Elle déclina l'offre, un peu gênée par la familiarité de l'inconnu, mais malgré tout flattée du compliment :
- Euh, non merci… Je cherche Ernest. Vous ne l'auriez pas vu par hasard ?
- Allons ! Allons ! Tu n'as aucune raison d'être timide !
Nathalie ouvrit des yeux offusqués et lui balança son gros sac en pleine tronche avant de sortir dignement.

Sale pervers !! Encore l'un de ces pseudo-frustrés de l'enfance qui n'a pas surmonté son complexe œdipien et l'angoisse de la castration… Non mais ! J'ose pas imaginer s'il était tombé sur une gamine sans défense au fond de ce bâtiment isolé ! J'aurais dû lui donner un bon coup de béquille dans les roubignolles, tiens. Ça l'aurait calmé ! Faudra que je le signale aux flics.

Après avoir exploré méthodiquement la plupart des édifices, elle finit par tomber sur celui qu'elle cherchait, un jeune homme brun chaussé de petites lunettes rondes, et d'allure juvénile. Prudente, elle sortit sa carte de presse et se présenta en tant que journaliste désirant effectuer un reportage sur les fossiles en général :
- Je suis d'abord passée voir le Professeur Chen et il vous a chaudement recommandé. A ses yeux, vous êtes le spécialiste incontesté en la matière…
- Ah, ce vieux Chen ! Comment va-t-il ? C'était mon tuteur de mémoire quand je préparais ma thèse en paléontologie.
- Il vous passe le bonjour… Il m'a déjà fourni pas mal de renseignements sur les différents fossiles, mais il me manque des détails sur le Dôme, mentit-elle.

Ernest lui répéta, à peu de choses près, mais en des termes plus scientifiques, ce que Chen leur avait expliqué le matin même.
- A l'heure actuelle, où a-t-on le plus de chances de trouver des fossiles Dôme ?
- Ici. Aux Ruines d'Alpha. Tenez… Dans des rochers comme ceux-là, répondit-il en pointant son doigt vers l'un d'eux.

Nathalie n'eut pas besoin de feindre l'étonnement :
- Je ne comprends pas… Le professeur a dit qu'ils étaient localisés dans les grottes profondes, autrefois envahies par la mer, ou sur le littoral. Les Ruines n'entrent dans aucun de ces cas de figure…
- Je sais… C'est bien pour ça que je suis là… Les Ruines d'Alpha ne nous ont pas encore livré tous leurs secrets, ajouta-t-il avec un petit sourire.
- C'est le but de vos recherches ?
- En partie. Mon premier objectif est effectivement de comprendre pourquoi il y a une si forte concentration de fossiles, et en surface qui plus est ! Le deuxième, c'est d'utiliser cet atout pour créer un parc zoologique consacré aux Pokémon préhistoriques, méconnus du grand public.

La journaliste tiqua légèrement à cette dernière révélation. Se pourrait-il qu'Ernest soit le fameux commanditaire ? Pour ouvrir son parc, il aurait besoin d'une grande quantité de fossiles et d'une machine pour les faire revivre…
Non, ça ne collait pas. L'instigateur de toute cette affaire ne s'intéressait qu'aux Kabuto.
Et puis ce type ne lui aurait pas si facilement dévoilé ses projets s'il avait eu quelque chose à cacher.

Mais il fallait qu'elle en ait le cœur net. Elle essaya de recentrer la discussion sur Kabuto. D'une manière détournée :
- Une dernière question, plus… personnelle, si vous le permettez…
- Je vous écoute…
- En tant que chercheur, quel est selon vous le Pokémon préhistorique le plus précieux ?
- Mmm… Aucun. Ou plus exactement, tous possèdent en eux le même trésor inestimable… Notre patrimoine !
Ce n'est pas tout à fait le genre de réponse qu'elle attendait, mais elle dut s'en contenter et n'osa pas insister de peur d'éveiller les soupçons du jeune homme…

Elle était sur le point de quitter les Ruines Alpha quand son Smartphone sonna.
C'était Borg, son patron, qui voulait de ses nouvelles.
Enfin, soi-disant… Parce qu'elle se doutait bien qu'il ne l'appelait pas uniquement pour ses beaux yeux ! Il tâtait certainement le terrain pour savoir si elle était capable de reprendre le boulot…

Mais elle avait encore besoin de quelques jours de liberté pour essayer de boucler sa petite enquête.
- … Non, monsieur Borg, ça ne va pas vraiment mieux. Ma cheville est encore très enflée et me fait atrocement souffrir. Je ne peux quasiment pas me déplacer…
- Ah ma pauvre… Vos collègues se joignent à moi pour vous souhaiter un prompt rétablissement !
- Merci beaucoup ! Votre sollicitude me touche …
- Il est vrai que vous nous manquez beaucoup… professionnellement parlant. On arrive au bout de vos chroniques pré-enregistrées. Dans deux jours, il faudra malheureusement trouver quelqu'un d'autre pour meubler votre créneau de diffusion…

Nathalie constata un subtil changement de ton dans cette dernière remarque…
Le salopard ! Il est en train de me coincer ! Il me la joue au chantage ! Fais turbiner tes méninges, ma vieille… Trouve quelque chose… Viiiite !
- Rassurez-vous, monsieur Borg ! J'ai profité de mon immobilisation forcée pour écrire quelques chroniques d'avance… Je n'avais pas grand-chose d'autre à faire. Je peux même vous avouer que je m'ennuyais…
Là, Nathalie dut se retenir de pouffer. Elle y allait un peu fort quand même !

- Dans ce cas, nous sommes sauvés… Je reconnais bien là votre conscience professionnelle, mademoiselle Letellier…
Il se foutrait de moi que ça m'étonnerait pas… Un partout…
… Et quel est le sujet de ces chroniques ?
Et merde ! Je vais être obligée de lui dévoiler une partie de mes découvertes...
- …L'affaire du Musée d'Argenta… vue sous un angle tout à fait nouveau…
- Et… ?
- …Celle des Souterrains de Sinnoh… avec des …déductions personnelles…
- Quelle genre de déductions … ?
- … Et bien… Le saccage avait pour but de récupérer… des fossiles Dôme…
- Intéressant… Et pour quelle raison, selon vous… ?
Merde. Merde !! Il me pousse dans mes derniers retranchements… J'ai plus grand chose à lui dire ! Je vais me retrouver coincée !
- …Pour faire revivre un grand nombre de Kabuto…
Voilà… C'était ma dernière cartouche… Fin du round…

- Un remake de l'affaire des Iles Orange ?
Mais qu'est-ce qu'il me raconte, là ? Rebondis, ma vieille, rebondis !!
- Oui, tout à fait… Mais je dois vous avouer que je n'ai pas encore eu le temps de peaufiner cette partie… Il me manque des éléments et je dois encore faire quelques recherches…
- Mmm… Si vous avez besoin de renseignements, contactez Féli-Télé. C'est eux qui ont couvert l'affaire à l'époque. Je vais les appeler pour qu'ils vous ouvrent leurs archives informatiques. Ils me doivent quelques petits services… Soignez-vous bien, mademoiselle Letellier. A bientôt !

Nathalie se confondit en remerciements avant de raccrocher.
Elle n'en revenait pas… Non seulement elle venait d'échapper au licenciement, mais son patron venait en plus de lui offrir une nouvelle piste sur un plateau d'argent.
La journée avait peut-être mal commencé, mais elle se terminait en beauté. Si elle avait pu, elle en aurait sauté de joie sur place !