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Je voudrais pas... de dragibus57



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Informations

» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 22/09/2010 à 11:08
» Dernière mise à jour le 22/09/2010 à 11:08

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Avec sa gueule moche

Nathalie ne décolérait pas.
Cet abruti de lieutenant s'était bien foutu d'elle ! Comment avait-elle pu se laisser avoir aussi facilement ?!
Si elle avait pu, elle aurait tourné dans sa chambre comme un Entei en cage.

Il n'était que 13 heures. Avant que Mahdid n'arrive de Kanto, elle avait du temps à tuer.
Faute de mieux, elle décida de s'occuper intelligemment en attendant de ses nouvelles. Bien qu'elle pensât au fond d'elle-même qu'elle n'en aurait pas.
Elle se commanda une salade composée au restaurant de l'hôtel et se la fit servir au bord de la piscine.

C'est donc revêtue de son maillot de bain et de sa serviette nouée, son grand sac en bandoulière et ses béquilles à la main, qu'elle grimpa vers la piscine qui surplombait le complexe.
Par chance, aucun gosse braillard ne venait polluer le bassin ni la tranquillité du site. Juste un couple sous un parasol. Elle posa ses petites affaires à côté d'un transat et s'allongea. Pour se redresser aussitôt : elle avait oublié de se tartiner de crème solaire. Elle l'appliqua en rasades généreuses - c'est qu'il y avait de la surface à couvrir ! – et se recoucha.

Nathalie n'était pas particulièrement complexée par son corps. Elle avait conscience qu'elle ne correspondait pas aux canons actuels de la beauté et qu'elle ne serait jamais élue Miss Kanto, mais ce n'est pas pour autant qu'elle refusait de se montrer en maillot de bain.
Pas comme ces midinettes qui s'examinaient chaque jour devant leur glace en criant d'effroi chaque fois qu'elles découvraient qu'un bourrelet imaginaire leur était poussé pendant la nuit.
Et qui allaient se consoler devant une portion de frites au fastfood du coin.
Elle s'acceptait telle qu'elle était. Et tant pis pour celui à qui ça ne plaisait pas. Il ne savait pas ce qu'il perdait…

Le soleil réchauffait ses membres engourdis. Le bien-être l'envahissait. Elle laissait son esprit vagabonder. Complètement détendue… Relax…
Le serveur lui apportant sa salade la sortit de sa somnolence.
Elle tenta de se recoucher une fois son repas achevé, mais le charme était rompu. L'esprit n'y était plus. Car constamment, elle revenait sur l'affaire.
Qu'est-ce qui était en train de se passer au Musée de Charbourg ? Celui de Poivressel n'était-il pas en danger ? Et Mahdid, qu'est-ce qu'il fichait, bon sang ?! Quelle heure était-il ? Si ça se trouve, il était déjà sur place…

N'y tenant plus, elle se leva, remballa ses affaires et quitta la piscine.
De retour dans sa chambre, elle constata que la petite heure passée au soleil lui avait quand même donné quelques couleurs. Ce qui la réjouit. Elle ne serait plus obligée de forcer sur le fond de teint pour camoufler ses traits tirés et sa pâleur.

Elle choisit une tenue estivale - elle avait suffisamment rempli sa valise pour avoir le choix, justement - et testa prudemment quelques pas sans son attelle. Sa cheville tirait encore un peu, mais c'était tout à fait supportable.
Des sandales plates et une seule béquille - histoire de ne pas trop fatiguer la jambe encore fragile - et voilà, elle était prête pour une petite visite touristique au Musée Minier de Charbourg.

C'est là que Dracolosse la déposa quelques minutes plus tard.

Dans le hall, de rares visiteurs admiraient les objets exposés en vitrine. Elle fit mine de s'y intéresser aussi. Puis elle se dirigea nonchalamment vers le comptoir où se tenait le scientifique du Musée.
- Bonjour bonjour ! lui di-il. Vous n'auriez pas un fossile pour moi ? Je le transforme en Pokémon…
- Euh, non, pas exactement. Je voulais juste vous poser quelques…

Elle sentit soudain qu'on l'attrapait par le bras et qu'on la tirait doucement mais fermement en arrière.
- Nathalie ! Quelle bonne surprise !
Le regard de Mahdid démentait l'apparente jovialité de ses paroles.
- Qu'est-ce que vous fichez ici ? siffla-t-il entre ses dents. Venez, on sort.
Passant son bras sous le sien, il l'entraîna à l'extérieur, comme s'ils étaient des amis de longue date.

Une fois à l'abri des oreilles et des regards indiscrets, il se tourna vers elle et la rabroua :
- Mais vous êtes complètement inconsciente ?! Qu'est-ce qui vous a pris de venir ici ?! Vous croyez que vous pouvez débarquer comme ça, en plein milieu d'une opération policière, pour poser des tas de questions à tout le monde ?
- Comment ça, une opération policière ? demanda Nathalie, à la fois interloquée et vexée par le ton cassant du lieutenant.
- Au téléphone, c'est quand même bien vous qui m'avez suggéré de faire surveiller ce musée, non ?

La moutarde monta subitement au nez de la journaliste :
- Ah, et bien parlons-en de notre conversation, justement !! Je vous ai fait part de mes découvertes. Et vous ? Au lieu de me donner les explications promises, vous m'avez pratiquement raccroché au nez !! Alors c'est pas difficile, je suis tout simplement venue voir par moi-même… C'est bon, vous pouvez me lâcher maintenant ! ajouta-t-elle en dégageant son bras d'un coup sec.

Ce n'est qu'à cet instant qu'il prit conscience de la béquille.
- Que vous est-il arrivé ? demanda-t-il d'un ton radouci, en la pointant du menton.
- Qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?! cracha-t-elle.
- Venez, je vous ramène à votre hôtel. On va s'expliquer tranquillement.
C'est fou l'effet que pouvait produire une béquille sur un homme. L'effet pitié, probablement.
Elle n'osait pas imaginer ce que ça pouvait donner avec un fauteuil roulant…

Il l'aida à se hisser sur son Dracolosse et la suivit sur son propre Noarfang.

Ils se retrouvèrent devant un café, au restaurant du complexe hôtelier.
Nathalie s'était calmée. Elle restait encore un peu sur la défensive, mais affichait une attitude plus conciliante. C'est Mahdid qui parla le premier, en signe de bonne volonté.
- Il est vrai que je vous dois quelques explications. D'abord, vous aviez raison. Ce sont bien les fossiles Dôme que visent les malfaiteurs. J'irai même plus loin. Ils veulent des Kabuto.
- Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?
- La machine du Musée minier qui sert à ranimer les Pokémon préhistoriques a disparu la semaine dernière. Volée, probablement. Le scientifique a porté plainte, une enquête a été ouverte, mais elle n'a donné aucun résultat.
- Et vous n'étiez pas au courant ? demanda-t-elle de façon un peu plus ironique qu'elle n'aurait voulu.

Nathalie se mordit les lèvres. Il fallait qu'elle mesure ses paroles si elle voulait que l'entretien ne tourne pas court.
Mais le lieutenant continua, visiblement imperméable au sous-entendu que contenait la question :
- Non, la police de Sinnoh n'avait aucune raison de signaler un incident aussi mineur aux autres régions. C'est peut-être un tort… Après le vol au Musée d'Argenta, nous aurions certainement fait le recoupement. Il a fallu le saccage des Souterrains pour qu'on fasse le rapprochement. Grâce à vous…

Cette fois-ci, la journaliste se garda bien de manifester un quelconque sentiment de victoire et fit remarquer du ton le plus neutre qu'elle put :
- J'ai pu voir tout à l'heure que le Musée minier n'exposait aucun fossile. Pourquoi, dans ce cas, continuez-vous à le faire surveiller ?
- Le scientifique a fait installer une machine neuve et les gens lui apportent à nouveau leurs fossiles personnels. Ça pourrait inciter les voleurs à revenir… On a mis en place un dispositif identique au Musée d'Argenta et dans les Souterrains de Sinnoh. Mon patron a même averti le Musée Océanique de Poivressel, bien qu'il ne travaille pas du tout dans ce domaine-là.

Nathalie posa enfin la question qui la démangeait depuis un bout de temps et à laquelle elle avait beaucoup réfléchi :
- Donc les malfaiteurs possèdent maintenant une machine et des fossiles. Beaucoup de fossiles… De quoi ramener pas mal de Kabuto à la vie… Dans quel but à votre avis ?
- Je n'en ai aucune idée pour l'instant. Mais ils n'ont pas hésité à tuer pour arriver à leurs fins.
- Comment ça ???

Le lieutenant lui raconta l'épisode du receleur, le meurtre de la Forêt de Jade et l'hypothèse de son chef selon laquelle tout aurait été orchestré par un mystérieux commanditaire.
- Voilà, maintenant vous en savez autant que moi, conclut-il.
Nath resta silencieuse un petit moment, digérant la masse d'informations qui venait de lui tomber dessus d'un seul coup.
- Et si on demandait au professeur Chen de nous parler des Kabuto ? C'est quand même un expert en matière de Pokémon. Il pourra peut-être nous mettre sur une piste…

Mahdid nota mentalement le passage au « nous » et s'en agaça un peu. Mais il dut reconnaître que l'idée était loin d'être mauvaise. Il se maudit même de ne pas y avoir pensé tout seul et promit de faire le nécessaire dès le lendemain.

- Ça vous dirait qu'on dîne ici ? demanda-t-elle tout à coup.
Bob, surpris par le changement de sujet, eut un petit temps d'hésitation, mais finit par accepter en souriant.
L'est pas si vilain quand il sourit, finalement…

Durant la soirée, ils parlèrent encore un peu de l'affaire, surtout Nathalie, qui voulait se faire préciser certains détails. Puis la conversation dévia de façon toute naturelle sur des sujets plus personnels. Leur métier respectif. Leurs Pokémon. Leurs goûts en matière de nourriture… Le genre de discussion anodine que peuvent avoir deux personnes qui font connaissance.
Bien entendu, Nath ne parla pas de la sclérose en plaques. Personne, y compris dans son entourage le plus proche, n'était au courant.