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» Auteur : Silver_lugia - Voir le profil
» Créé le 03/08/2010 à 17:19
» Dernière mise à jour le 20/02/2011 à 21:25

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Présence de poké-humains   Présence de transformations ou de change

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5 - Les rebelles
« Je t'avais bien dit qu'il y avait des hybrides là-dedans ! » s'exclama une voix féminine.

Instinctivement, Nalya et les deux autres hybrides se tournèrent vers la porte ouverte du fourgon. Mais leurs yeux n'étaient pas encore habitués à la lumière, et tout ce qu'ils distinguèrent entre deux battements de paupière fut deux silhouettes d'un noir d'encre.
Qui étaient-ils ? Ils semblaient avoir fait renverser le camion pour y chercher les esclaves. Étaient-ils des trafiquants d'hybrides ? Nalya avait déjà entendu parler de ces individus qui profitaient des transports d'hybrides pour voler les plus forts d'entre eux et les revendre au marché noir pour un prix exorbitant. Ils recherchaient généralement des hybrides de combat, possédant les gènes de pokémons à la fois forts et résistants.
Le lucario correspondait certainement à leurs critères. Mais Nalya et le rondoudou étaient loin d'être forgés pour le combat.
Bien sûr, tout pokémon possédait des pouvoirs et était capable de se défendre, mais sans entraînement, ils étaient très faibles. Il en était de même pour les hybrides. Nalya n'avait jamais participé, ni même assisté, à un combat. Elle possédait certainement des pouvoirs, mais ignorait comment s'en servir.
Que faisaient les trafiquants des hybrides dont ils ne voulaient pas ? Il était peu probable qu'ils les laissent simplement repartir. Ils devaient certainement les tuer.
Ainsi donc, c'était la mort qui l'attendait ? La mort... Les humains la redoutaient plus que tout. Pour les hybrides, ce n'était que l'aboutissement d'une vie d'esclave. Certains la considéraient comme une récompense ; pour eux, rien ne pouvait être pire que leur vie sans libertés, passée au service des humains. Mais la mort était mystérieuse. Personne ne savait exactement à quoi elle ressemblait. Peut-être était-ce le néant. Peut-être était-ce le repos et la tranquillité. Mais peut-être aussi était-ce une vie de souffrances, pire encore que celle que l'on quittait.
C'est pourquoi Nalya faisait partie des hybrides qui avaient peur de la mort. Pas pour les mêmes raisons que les humains, qui chérissaient leurs vies, mais à cause de l'inconnu. Nalya ne voulait pas être tuée par les trafiquants.
Elle se rendit compte que sa queue s'était gonflée et que ses oreilles étaient dressées sur sa tête. Le lucario avait fermé les yeux, comme s'il dormait encore. Mais les excroissances du dos de son crâne étaient dressées, montrant que, malgré les apparences, il était éveillé. Il semblait concentré mais parfaitement calme.
Juste à côté, le rondoudou regardait d'un air intrigué les deux inconnus, battant sans arrêt des paupières. Il ne semblait pas particulièrement rassuré, mais n'avait pas l'air inquiet pour autant.
Nalya fit un effort pour paraître détendue ; mais sa queue et ses oreilles trahissaient sa nervosité.
L'une des silhouettes monta dans le fourgon renversé, et tendit sa main à Nalya - la plus proche des portes - dans un geste qui semblait amical. Méfiante, la fouinette attrapa la main et se releva. Elle s'aperçut alors qu'elle était plus grande que l'inconnu. Cette supériorité la rassura. L'individu aida l'hybride rondoudou à se relever mais, lorsqu'il se pencha vers le lucario, celui-ci se releva d'un bond.
Quelque peu désemparé, l'individu amorça un pas en arrière, sembla retrouver son équilibre, puis sauta hors du fourgon. Les trois hybrides, eux, restèrent à l'intérieur, s'interrogeant mutuellement du regard pour savoir s'il valait mieux se montrer docile ou hostile.

« Vous venez ? » les pressa l'inconnu - ou plutôt l'inconnue, à en juger par sa voix.

Les trois hybrides s'interrogèrent encore une fois du regard, acquiescèrent brièvement, puis la suivirent en dehors du fourgon.
Dans la lumière du soir, ils purent enfin distinguer les deux individus. Au grand soulagement de Nalya, c'était des hybrides. Ils étaient un garçon et une fille, mesuraient la même taille et affichaient les mêmes traits sur leurs visages. Visiblement des jumeaux. Mais leurs attributs de pokémons étaient différents : alors que la jeune fille avait des cheveux, une petite corne et des oreilles presque rondes d'un bleu pâle, son frère possédait des oreilles et une corne plus longue qui étaient, avec ses cheveux, mauves. Des nidorans.

« Qui êtes-vous et que nous voulez-vous ? » interrogea l'hybride lucario.

Tout son corps semblait tendu et préparé au combat. Encore une fois, Nalya se sentit rassurée.

« Oh, tu as raison, on ne s'est même pas présentés ! s'écria la jeune fille. Je suis Zana, et voici Zack. »

En prononçant ces derniers mots, elle avait désigné son frère, qui acquiesça brièvement. Alors que sa soeur paraissait énergique et enthousiaste, son regard était dur et il semblait peu enclin à la conversation.

« Nous appartenons au Mouvement de Libération des Hybrides, ajouta Zana avec une pointe de fierté dans la voix. Nous sommes venus vous libérer.
- Des rebelles ?! »

Nalya ne put réprimer ce cri. Aussitôt, Zack dirigea ses prunelles sombres vers elle, et la fouinette ne put que se sentir terriblement gênée. Le lucario fit un pas en avant, comme pour prendre sa défense. Le rondoudou, au contraire, recula de quelques pas.

« Pourquoi prenez-vous de telles initiatives ? » interrogea le lucario sur un ton de reproche.

Il ne s'adressait pas à Zana, comme on aurait pu le penser, mais à Zack. Les deux hybrides s'échangeaient des regards foudroyants. À l'instar du rondoudou, Nalya et Zana reculèrent de quelques pas. Les deux hybrides se regardèrent droit dans les yeux pendant encore quelques instants, puis Zack, sans amorcer le moindre mouvement, lança d'une voix forte :

« Qui apprécie d'être un esclave ? »

Après un nouveau moment de tension pendant lequel tout le monde se tenait immobile, il poursuivit :

« Certains hybrides trouvent normal d'être réduits en esclavage. Mais qui en est vraiment heureux ? »

Et le silence se fit à nouveau. Les deux hybrides semblaient tendus au possible. Chacun soutenait le regard de l'autre. Nul ne cillait. Les autres hybrides, spectateurs malgré eux de cet étrange spectacle, retenaient leurs souffles.
L'hybride lucario fit un pas en avant, puis deux, puis trois. Arrivé devant Zack, il tendit sa main.

« Je suis Sylvain.
- Zack. » répondit l'autre en serrant la main tendue.

Aucun des hybrides spectateurs ne semblait avoir compris ce qu'il s'était passé. Pas même Zana, qui devait pourtant connaître son frère. Mais les deux hybrides semblaient à présent être devenus amis, alors qu'ils se foudroyaient du regard quelques secondes plus tôt. Déterminée à ne pas laisser sombrer cette bonne ambiance qui venait de s'installer, Nalya se présenta à son tour.

« Je suis Nalya. »

Zana se tourna vers elle en souriant, manifestement ravie de voir les hybrides confiants.

« Et toi ? demanda-t-elle à l'hybride rondoudou.
- 24576, récita celui-ci.
- Mais ce n'est pas un nom ! s'écria Zana, indignée.
- Je... Ils devaient m'en trouver un à l'hybriderie... » expliqua-t-il, confus, en désignant le fourgon du menton.

Ainsi donc, il n'avait que deux mois... Cependant, il avait déjà atteint un premier stade d'évolution. Comment était-ce possible ?

« Mais, si tu sors juste du laboratoire, tu devrais être un toudoudou... fit remarquer Nalya, perplexe.
- Mon ancien maître était venu m'acheter directement au laboratoire sans prendre la peine de me donner un nom. Mais il est mort il y a quelques jours. Ce camion devait m'emmener à l'hybriderie. »

L'hybride parlait en baissant la tête, confus et gêné. Il ne semblait pas très à l'aise, même avec des individus de son espèce.

« T'en fais pas, on te trouvera un plus joli nom au campement ! s'exclama Zana.
- Le campement ? reprit son frère. Tu ne comptes quand même pas les emmener là-bas ?
- Bien sûr que si ! Où voudrais-tu qu'ils aillent ?
- Nulle part ! On ne libère pas les hybrides ! Ce sont eux qui nous rejoignent s'ils en ont l'envie. C'est toujours comme ça que ça a fonctionné. Tu n'as pas vu la réaction de cette fille quand tu as dit qu'on était des rebelles ? »

En disant cela, il avait de nouveau foudroyé Nalya de ses prunelles sombres. Celle-ci, gênée, baissa la tête et fixa ses pieds nus et sales.

« C'est Elle qui nous a dit d'intercepter les fourgons ! rappela Zana. Tu as déjà oublié ?
- On ne peut pas emmener des gens comme ça au campement ! s'écria Zack. Ils vont retourner servir leurs maî-maîtres et trahir notre position, pour se faire bien voir !
- Mais, maintenant qu'on les a libéré... tenta Zana.
- Ils n'ont qu'à retourner dans leur camion. Quand le chauffeur se réveillera, il les emmènera là où il le devait.
- Excusez-moi... interrompit Sylvain. Mais je ne veux pas retourner là d'où je viens. Ne faites pas du cas de Nalya une généralité. »

Zack parut gêné de s'être emporté. Il croisa les bras sur sa poitrine et se dirigea à pas vifs vers les arbres qui bordaient la route.

« Que ceux qui veulent nous suivre le fassent. » lâcha-t-il sans se retourner.

Zana et Sylvain lui emboîtèrent aussitôt le pas. 24576 sembla hésiter. Il jeta un regard au fourgon renversé avant de courir pour rattraper Zack. Nalya resta seule en arrière, le regardant s'en aller. Une brise fraîche s'était mise à souffler et écartait agréablement ses cheveux de sa nuque. Lorsque le chauffeur du fourgon reprendrait ses esprits, il l'emmènerait chez Sophie. Ensuite, elle pourrait vivre convenablement, presque comme une humaine. Mais une terrible pensée s'immisça soudain ans son esprit. Et si Sophie mourait ? Peut-être serait-elle reconduite chez l'odieuse Margareth Hill. Ou peut-être l'emmènerait-on dans une hybriderie où elle attendrait des jours durant dans une cage minuscule qu'un nouvel humain sans scrupule l'emmène chez lui et lui fasse accomplir les tâches les plus rebutantes. Mais c'était absurde. Sophie ne mourrait pas avant Nalya. Les humains avaient une durée de vie bien plus importante que celle des hybrides. Il fallait que Sophie ait un accident grave pour mourir, mais ces cas étaient devenus très rares depuis la disparition des véhicules à moteurs. Non. Sophie pouvait également mourir dune maladie grave. Un souvenir ressurgit dans l'esprit de Nalya.
Comment va ton cancer ?
C'était la question que Margareth Hill avait un jour posée à sa nièce.
Sophie souffrait d'un cancer. Peut-être n'était-ce qu'un cancer dont on guérissait facilement, et que Sophie n'avait plus rien depuis longtemps. Mais peut-être aussi était-ce un de ces cancers dont on ne guérissait pas. Dont on mourrait.
Les jambes de Nalya se mirent à courir. Il fallait attendre devant le fourgon, attendre que le chauffeur se réveille. Voilà ce que disait le cerveau de Nalya. Mais ses jambes s'en moquaient. Ses jambes ne voulaient plus souffrir, ne voulaient plus marcher sur les pavés brûlants, ne voulaient plus finir écrasées contre les barreaux d'une cage.
Nalya avait peur du futur que lui offrait Sophie.
Alors Nalya courut, courut, en direction de l'orée de la forêt et des rebelles.
Plus elle s'éloignait du camion, plus elle s'éloignait de Sophie. Mais elle s'éloignait également de Margareth Hill et de sa vie d'esclave. Et en rejoignant les rebelles, elle rejoignait la liberté.