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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 06/03/2010 à 02:13
» Dernière mise à jour le 09/03/2010 à 18:00

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 44 : Love Teacher !
Yeah me revoilà avec un chapitre gigantesque pour fêter la fin des vacances ? Désolée s'il y a de grosses fautes, il est un peu 2h du mat' je viens de le finir, et j'ai la flemme de relire. Je le ferai une autre fois.

Bref voilà un chapitre riche en gag, riche en rebondissement, révélation sur les persos, et surtout, comme l'indique son titre…En romance ! *sort le bouclier* Sur ce je vous souhaite une excellent lecture, et j'attends vos impressions avec plaisir, ça m'encourage à faire davantage encore ! Après, je crois que le chapitre de 32 pages c'est la limite, la prochaine fois je couperai en deux.

Bisooous et désolée pour la longueur…Surtout aux évaluateurs qui lisent/liront cette fic.
*rire machiavélique*
*tombe de sommeil en plein son guttural*


-chapitre 42 (oui je sais pas pourquoi, ça fait 3 chapitres que je marque en entête, chapitre 42....)- Love Teacher !

Les lendemains de fête avaient toujours un petit côté apocalyptique, avec les couvertures éparpillées, les personnes endormies un peu partout dans la pièce, et les déchets qui gisaient encore sur le parquet. Ca, c'était logique, comme la gueule de bois, le mal aux oreilles à cause de la musique et la bouche pâteuse, conséquence de nombreux cris. Quand on avait de la chance, on s'épargnait la peine des courbatures et les ampoules aux pieds.

En préparant la soirée, Eléanore avait cru appréhendé à peu près tous les désastres possibles, surtout avec Chris, Angèle, Silver et Gold comme invités. Pourtant, là elle devait bien avoué qu'elle n'avait pas du tout envisagé cette scène, et qu'elle savait encore moins comment cela avait pu se produire.

Comment Christopher et Angèle avaient-ils pu s'endormir perchés sur les poutres de soutiens des combles ?

Elle n'eut guère le temps de se poser davantage la question, ni même de les aider à redescendre –ils finiraient bien par retomber de toute façon- la sonnette de l'entrée retentit.

Trottinant, sautillant entre les corps endormis un peu partout sur le parquet, elle se rua vers le hall. La plupart des personnes assoupies grognèrent, entendant déjà les échos de la réalité dans leurs songes. Silver plus particulièrement, qui avait atterri sur le canapé, balança par réflexe sa couverture- celle que lui avait jetée Gold la veille avant d'aller se coucher dans sa chambre, elle s'échoua sur le sol non loin de Régis.

Eléa se surprit à manquer de souffle une fois arrivée, et la tête tournant, elle dut s'accouder contre le mur. Elle grimaça et porta la main à son cœur, battant douloureusement la cadence. Amère, elle comprit que les entraînements matinaux, principalement le jogging, allait passer à la trappe à présent, si elle n'était plus capable de parcourir 5 mètres en courant sans être épuisée. Elle tâcha d'oublier rapidement cette idée déprimante, et ouvrit la porte avant que l'invité ne réveille tout le monde en s'acharnant sur la sonnette.

Qui était l'idiot aussi, qui pouvait bien venir un lendemain de fête à 7 :00 tapante ?

Nathaniel apparut sur le seuil, en train de contempler les nuages l'air absent, le même que celui de son fils préféré.

Miyu ricana en lançant, amusé : « C'est peut-être pas une bonne tactique de traiter le futur beau papa d'idiot, tu crois pas ? ». Cette remarque eut un effet désastreux et Eléanore piqua un fard monstrueux.
Elle jeta un regard furieux au spectre –donc dans le vide- celui-ci haussa les épaules et répliqua, moqueur :

« Pas la peine de nier, je lis dans tes pensées tu le sais. »

Bon sang que des fois Miyu l'exaspérait !

Heureusement pour Eléa, beau-papa, je veux dire Nathaniel, pardon, sortit de ses rêveries et s'invita sans plus attendre à entrer. Avec un sourire digne de son fils, il lança gentiment :

-Je prendrai bien un peu de thé.

Il se croyait où, dans un restaurant ?

C'est à peu près à ce moment là, qu'Eléa perdit le contrôle des évènements, Nathaniel s'installa de lui-même sur ce qui restait de la table, se servit de ce qui restait de boisson, et lui fit signe de s'asseoir. Elle s'avança vers lui, bien décidé à lui sortir ses 4 vérités, surtout concernant son impolitesse, quand celui-ci siffla, comme admiratif, la fixant avec hébétude il lâcha innocemment :

-Tu n'es pas très jolie.

Miyu explosa de rire derrière elle, ébahi devant le culot de ce quasi inconnu, Eléa quant à elle, essayait vainement de retenir quelques éclats de son orgueil brisé. Nathaniel sirota dans son verre sans comprendre qu'il venait d'être particulièrement méchant, et il continua mine de rien, jetant des coups d'œil autour de lui, comme pour évaluer la demeure.

-La dernière fois qu'on s'est vu, tu n'étais déjà le symbole de la féminité, mais avec ces tâches noires…tu prends des douches des fois ? Tu sais c'est dangereux d'avoir une mauvaise hygiène.

Eléa se contint difficilement, se répétant que cacher un corps dans la cambrousse c'était difficile et dangereux également. Elle s'obligea à faire un sourire d'hôtesse –échec cuisant de ce côté-là, ce n'était définitivement pas son truc- et maugréa :

-Que faites-vous ici au juste ?

Devant le sourire d'aligatueur que lui servit l'adolescente, Nathaniel dut saisir enfin son impolitesse et il balbutia :

-Ah oui, je suis venu chercher mes enfants, Peter m'a dit que Daniel me ressemblait un peu trop, et que je devais rectifier le tir. On part pour Jotho dès qu'ils sont prêts.

Eléa écarquilla des yeux, et un pincement au cœur la traversa.

-Comment ça, il vous ressemble un peu trop ? Balbutia-t-elle.

Nathaniel coula un regard absent vers elle, la tête appuyée contre sa paume, et il eut un rictus entendu qui lui fit froid dans le dos. Là, face à lui, elle ne pouvait nier que son ami avait les traits de son géniteur, pourtant, elle ne retrouvait aucune expression familière. Bien au contraire, ce type, bien qu'elle l'appréciait légèrement, pour le peu de temps qu'elle l'avait côtoyé, il émanait de lui une aura instable, palpable de complexité. Le charme de l'aventurier mystérieux, l'aurait-elle nommé, alors que son camarade lui, elle l'aurait plutôt défini comme l'artiste dégommé.

-Tiens ? Tu l'ignores peut-être, mais je suis un sociopathe. Cela signifie que j'ai très peu, voire pas du tout d'empathie. Dans mon cas, j'ai de la chance, j'ai finalement quelques émotions, et j'ai enfin ressenti un semblant d'amour. Mais si j'ai refourgé ça à mon fils…Je ne sais pas comment il va gérer ça.

Un frisson remonta l'échine d'Eléa, et Ash se réveilla en sursaut dans un coin de la pièce, saisit lui aussi par cette sensation glacée. Mais cela ne dura qu'une seconde, la dresseuse fronça aussitôt les sourcils, et répliqua instantanément :

-Vous vous trompez, Daniel n'est pas comme ça, il est plein de compassion.

Il mentait, ce gars ne connaissait pas son propre fils, elle, elle savait bien que Daniel ne se révélait pas comme ça. Il était timide, un peu perdu et soupe-au-lait, mais pas plus. S'il ne ressentait pas la compassion, alors elle pouvait rayer chacun de ses gestes envers elle pour la réconforter, et principalement sa promesse chez lui à Azuria.

Nathaniel leva les yeux et s'étira, peu ébranlé par la remarque, et il lança simplement :

-Et bien, je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que dernièrement il a agit bizarrement. Peter m'a rapporté quelques faits inquiétants, qu'on ne peut tout simplement pas ignorer. De plus, il m'a parlé de façon très inhabituelle la dernière fois.

Son visage s'assombrit d'amertume à ce souvenir, le vieil homme gratta sa barbe mal rasée, et marmonna quelques mots de rancunes.

-On a tous passé un mauvais moment. Il a aussi droit de céder face à la pression, non ?

Les poings d'Eléa se crispèrent sur son pyjama. Miyu cessa de rigoler et fronça les sourcils, inquiet, il murmura : « Hey, le prend pas tant à cœur, Qu'est-ce qu'il y a de mal à ne pas ressentir quelques sentiments ? C'est pas comme si… Tu sais, pour les Pokémons, les notions de bien et de mal, ou d'empathie sont pas toujours présents enfin…Moi par exemple j'ai un peu de mal avec votre morali…». Elle lui intima d'un sifflement agacé de se taire.

Nathaniel face à elle croisa les bras et finit par céder, il haussa les épaules et expliqua enfin :

-Oh tu sais, ça m'est un peu égal, que ce soit vrai ou pas.

Comment pouvait-il se ficher de ce genre de chose ? Elle venait de lui avouer que son propre enfant avait beaucoup souffert probablement ! C'était une des raisons pour laquelle elle avait organisé cette fête, détendre tout le monde, mettre un point à ce paragraphe douloureux de leur histoire commune.

-Moi, je vais faire ce que je peux pour lui. Je vais peut-être lui apprendre un peu d'escrime pour canaliser une probable frustration, lui donner quelques conseils pour les combats Pokémons…Lui apprendre ce que je peux pour entrer dans la norme.

Elle doutait que cela soit les vœux véritables de Daniel, rien que passer du temps avec son géniteur devait le rebuter, alors en plus se voir être traiter comme une bête curieuse, anormale, qu'on doit éduquer…Qui plus est, elle, elle ne désirait pas que son camarade devienne un fade « monsieur tout le monde » par peur des regards étrangers. Elle aimait le gamin à l'ouest, avec ses défauts, comme ses qualités.

La sympathie qu'elle avait toujours éprouvée pour Nathaniel, ainsi que sa reconnaissance pour l'avoir sauvée, se dissipaient petit à petit. Pourtant, le concerné lui-même, fit une grimace mélancolique et cette rancœur naissante s'évapora aussitôt qu'il souffla :

-Et puis, ce sera peut-être ma seule opportunité d'agir comme un vrai père, d'établir avec lui, une vraie relation. Cette fois je pourrais vraiment l'aider, l'instruire. Avec un peu de chance, j'arriverai à les convaincre de quitter tous les deux Twilight. C'est bien trop dangereux pour eux ici. Ce n'est pas la place d'enfants ici, non c'est une organisation pour les vieux comme moi qui n'ont plus rien à perdre.

Eléa se détendit, légèrement déstabilisée elle-même, par cette révélation. Sa poitrine se contracta.

Le visage de Nathaniel changea alors du tout au tout, il prit une expression taquine.

-Si ça te déplait tant que ça que j'emmène mon fils pour une durée indéterminée, tu n'as qu'à me prouver qu'il ressent bien quelques sentiments, comme ça il restera ici ! Par exemple…En l'embrassant !

Elle dut pousser une exclamation plus que bruyante, parce que Silver en tomba du sofa, droit sur Régis, ces deux-là, encore un peu secoué par ce réveil, n'entendirent que quelques bribes de la conversation. Eléanore rouge comme une tomate, ne trouvait plus ses mots, et Miyu repartait dans un fou rire, répétant « j'adore le père du gamin aussi ! ». Celui-ci très sérieux, mima le fait dans le vide, argumentant davantage :

-Bah oui, que crois-tu ? Je suis sociopathe, mais je sais quand même observer, et franchement, j'ai jamais vu mon fils s'accrocher à quelque chose comme ça !

Elle se faisait traiter de chose en prime, là, non ?

-Allez, rien n'échappe aux vieux sages comme moi ! Plaisanta-t-il. –Peut-être qu'il est amoureux de toi ! Si c'est vrai, je n'aurais aucune raison de le prendre avec moi, tu sais ?

Eléanore se tendit comme un arc.

Et ce fut évidemment à ce moment précis que le sujet de la conversation décida d'entrer en scène. La tête encore dans le brouillard. Gabriel s'agrippait à un pan de la tenue de son aîné, tenant debout par on ne savait quelle magie, encore perdu dans son songe de la nuit.

Nathaniel pour couronner le tout, émit un ricanement entendu, et il lança :

-Mais après tout je me trompe peut-être, franchement, j'espère que mon fils a meilleur goût que ça quand même, tu n'es vraiment, vraiment pas mignonne.

Miyu se plaqua la main sur son front. Ce type était trop fort, il titillait l'orgueil d'Eléa en plus. Qu'est-ce qu'il avait derrière la tête au juste ? Miyu se concentra une seconde, et une évidence lui vint, tirée du savoir –limité mais présent- d'Eléa. Généralement les sociopathes sont aussi manipulateurs non ?

Daniel dans le couloir se frotta les yeux, il vit Silver et Régis à terre, marmonnant des insultes, et reconnut enfin une des personnes attablées. Ses épaules s'affaissèrent d'un coup, et pour une fois, une expression exaspérée, déprimée, fut clairement lisible sur sa frimousse quand il murmura :

-Ah, bonjour…papa…

Il n'eut pas le loisir d'enchaîner davantage, Eléanore se précipita d'un pas décidé vers lui et se planta sur ses orteils. La douleur n'avait même pas atteint son cerveau que la gamine prit ses joues entre ses paumes et posa ses lèvres sur les siennes.

Régis étrangement se redressa d'un bond et Silver arqua un sourcil, avant qu'une image particulièrement dérangeante n'envahisse son esprit et ne le confronte à 'autres questions plus inquiétantes. Nathaniel siffla d'admiration, fier de son œuvre. La mâchoire d'Ash manqua de cogner contre le parquet, et sa flamme tripla de volume sous la jalousie. Gabriel en plein milieu de l'échange leva la tête et ses pupilles s'agrandirent de stupéfaction. Miyu se plaqua de nouveau la main sur le front.

Eléanore fit enfin un pas en arrière, écarlate, et elle baissa les yeux intimidée, avant de cracher brutalement :

-C'est pour le gui hier. J'veux pas de dette !

Miyu constata, atterré, que définitivement cette fille n'avait pas le moindre sens de romantisme, même-lui, alors qu'il s'avérait être un Pokémon, en avait conscience, c'était dire !

Néanmoins la réaction de Daniel l'inquiéta, celui-ci, bien loin maintenant du problème « tu me marches sur les pieds Eléa » restait statique, fauché sur place. Doucement, il caressa ses lèvres, encore choqué, et captant les regards tous obliqués dans sa direction il bafouilla :

-Heu..Heu oui d'accord…oui faut jouer le jeu…j-je suppose.

Pas de rougissement ou de réponse, Eléa vacilla, blessée.

N'avait-il pas ressenti le moindre chatouillis au creux de son ventre, ou une impression de décoller de terre comme elle ? L'espace d'une seconde, elle se sentit mal. Etait-ce parce qu'elle avait fait ça devant des gens ? Immédiatement elle eut honte. Oh non, ils avaient vus ça, et lui qui était affreusement gêné dès qu'il avait à affronter l'attention des personnes à ses côtés…

Daniel, à l'ouest, quant à lui détourna la tête et fixa le mur avec un intérêt plus que louche.

Il voulait embrasser le mur ou quoi ! Le pincement au cœur gonfla rapidement, évoluant en une petite colère, et vexée, la gamine tourna des talons et partit s'asseoir sur le sofa bruyamment, les bras croisés. Contrairement à Régis qui ne trouvait plus ses mots –pointant tour à tour son amie d'enfance et l'artiste- Silver à ses côtés, siffla :

-Tu es une fille plutôt entreprenante toi, non ?

Pour toute réponse il se prit un oreiller dans la figure.

Nathaniel quant à lui, explosa de rire, et enjoué, lâcha :

-Je le savais, après tout, Lucas a très bon goût, ce n'était pas possible que mon fils, en tant que son ami, ait une cible pareille !

Eléa s'enfonça un peu plus dans les coussins, la tête emplie d'envie de meurtre sur la personne de Nathaniel et de Miyu.

Tout ce bruit éveilla lentement le reste de la maisonnée, et Samantha sortit une tête curieuse dans le couloir, de la chambre qu'elle partageait avec Eléa.

-C'est Chris et Angie qui dorment sur la poutre là ? Demanda-t-elle étonnée en pointant le toit du salon.

Sa question n'obtint qu'un « TCH ! » irrité d'Eléa. En revanche, cela réveilla Gabriel, lui aussi légèrement pantelant après la scène de baiser, et comme pour la plupart des gens, il trouva une proie capable d'emmagasiner toute sa colère. Il secoua son frère et montra son géniteur du doigt, accusateur :

-Qu'est-ce qu'il fait encore là, lui ?

Lucas, Cristal, et Gold sortirent tour à tour de leurs dortoirs respectifs, et le plus grand des trois appuya sans le vouloir ce fait en murmurant un « Bonjour monsieur. » embarrassé.

Daniel sursauta, arraché de sa contemplation passive, et il plissa les yeux.

-Heu, c'est-à-dire que…

Il chercha ses mots.

-Il va enfin faire son boulot de shiney Hunter !

La voix de sunny, dure, contrastait durement avec son pyjama ayant pour motif des teddiursa. La jeune femme s'avança dans le salon, et avec autorité, elle expliqua :

-Il ne sert strictement à rien ici. C'est un shiney hunter, donc, il doit capturer des spécimens rares, j'ai donc demandé à ce qu'on l'envoie à Jotho, pour qu'il se concentre sur sa tâche. Et comme je sais que sans surveillant il ne bossera pas, -elle lança une expression sévère à son élève qui ne la remarqua même pas- j'ai demandé à son père de jouer les tuteurs.

Gabriel blanchit, Yoann et Blake sortaient à leurs tours de leurs chambres dans le fond.

-Et pourquoi c'est pas toi qui l'accompagne ! S'offusqua le cadet, comprenant bien que si son frère partait, il devait le suivre lui aussi. Et il n'avait pas du tout envie de passer des vacances forcées avec son père.

Sunny posa une main sur son cœur, faussement blessée, et elle lança :

-Tu oserais envoyer une mutilée sur le front ?

Elle fit un pas en avant et fronça les sourcils, laissant passer un silence accusateur. Puis elle soupira et lança :

-Là tu vois, j'ai ordonné à mon bras manquant de te frapper, mais étrangement ça n'a pas marché.

Les spectateurs ne parvinrent pas à rire. Yoann esquissa une grimace, toujours amusé par la froideur de la jeune femme.

Nathaniel tout sourire, décida d'intervenir et il enlaça ses deux enfants en répliquant :

-Allez, on va bien s'amuser tous les trois ! Je vais vous apprendre plein de chose ! Tiens, je pourrais même t'apprendre à coudre ma petite Gabrielle !
-JE SUIS UN GARCON !
-Peu importe ! Regardez, Peter m'a même offert de la nourriture Pokémon, à distribuer à tous les membres de Twilight sur notre chemin ! C'est sympa non !

Il montra les objets cités, bien empaquetés, comme si ça prouvait la valeur de ses propos.

Bien évidemment il ignorait que ce si beau « cadeau » contenait le prototype de puces de surveillance qu'avait commandé Peter à Angie et Chris.

Et dans tout ça, Daniel au milieu de l'affrontement, reprit une mine déprimée, ils pouvaient presque entendre un « au secours » émaner de lui, bien qu'il gardait la bouche close. Au lieu de ça, il se contenta d'échapper à l'étreinte et d'aller chercher les affaires qu'il avait préparé la veille. En passant devant Lucas, il haussa les épaules, malheureux, tentant un faux sourire. Le brun dut pourtant vite détourner la tête, parce qu'en écoutant le programme qu'avait préparé leur géniteur pour eux, Gabriel avait hurlé : « Je vais péter les plombs ! » ce qui venant de sa part ne présageait rien de bon.

En quelques minutes, les deux sacs de voyages se retrouvaient sur la table basse, le Gallame de Nathaniel, sortit, se tenait prêt à tout téléporter dès le premier ordre. Daniel et son firent le tour de la salle pour dire au revoir, visiblement le moral dans les chaussettes. Akira victime d'une gueule de bois abominable, promit tout de même au gamin de veiller sur les autres en son absence, et Lucas lui fit l'accolade pour l'encourager.

Daniel se contenta de serrer la main à Sam, il ne la regarda pas dans les yeux, et de toute façon, être le centre de l'attention l'intimidait déjà assez. Il voulut tendre la main à Eléa, mais Régis, et Ash se placèrent entre eux, mine de rien. Il renonça donc.

A côté, Gabriel se faisait assommer par l'enthousiasme matinal de son père, répliquant de manière ironique dès qu'il le pouvait : le voyage s'annonçait déjà mal.

-Dès qu'on arrive, vous sortez vos Pokémons, que je vois un peu votre travail d'éleveur jusqu'à présent ! Et on les nourrira ensemble ! Préconisait Nathaniel –qui disait cela avec entrain, tout en affichant une mine particulièrement neutre, le contraste était dérangeant-.
-Ah, oui, ça fait longtemps que je n'ai pas nourri mes Pokémons, tiens…Ricana Gabriel.
-Tu as fait quoi ?
-Il plaisante Papa, rassura Daniel, penaud en revenant vers lui. – je l'ai vu pas plus tard qu'hier s'endormir avec tous ses Pokémons.
-Mais pourquoi tu lui dis ça ! Bafouilla le cadet, rouge de honte.

Silver se massa les tempes, heureux de ne pas avoir à supporter une telle ambiance quotidiennement, déjà, il sentait le mal de crâne poindre au bout de dix minutes. Il admirait le flegme de l'aîné, pour rester calme comme cela. –le concerné buta contre la table basse, peu alerte-. Finalement, peut-être était-il juste long à la détente. Il coula un regard vers sa voisine. Tout le contraire de lui, une vraie pile électrique, bruyante, bien qu'assez motivante, comment pouvait-elle aimer une personne aussi diamétralement opposée à elle ?

Pourtant il devait bien se rendre à l'évidence.

Eléanore dont la colère avait eut le temps de retomber, desserra la mâchoire et la tristesse de la séparation reprit le dessus. Silver, acerbe à ses côtés, murmura moqueur : « Tu vas retenter ta chance une deuxième fois ? ». Elle se rassit instantanément, jetant une œillade pleine de rancune à Nathaniel. Le cœur gros.

Il avait donc raison, Daniel ne ressentait pas ce genre de chose.
Ses doigts serrèrent le tissu de ses vêtements.
Elle avait du mal à y croire.

Néanmoins alors que Daniel rejoignait son père, perdu dans ses pensées, Gabriel lui maugréa : « j'espère au moins qu'il y aura pas Barbara ». Instinctivement, l'aîné lui fila une tape sur la tête, pas méchante, juste pour l'empêcher de dire ça. Mais au lieu de remettre à sa place le petit, ce fut le plus grand des deux qui sembla tiré de sa léthargie à la suite de ce geste.

Ses joues s'empourprèrent brutalement.
Eléanore tourna la tête vers lui.
Nathaniel leva le bras, gallame l'imita.
Daniel fit volte-face et il lança :

« Eléa ! »

Mais les plaines de Jotho avaient déjà remplacées le salon chaleureux du chalet. Nathaniel contempla son fils, étonné de sa réaction, de même Gabriel –bien qu'il mette une bonne partie de son énergie à bouder. Mais Daniel porta la main à sa poitrine, n'en revenant pas lui-même.
Son cœur battait la chamade.

A des kilomètres de là, au chalet, Christopher et Angèle tombaient de leur perchoir assez brutalement, devant une assemblée catastrophée. Heureusement que la famille kazamatsuri s'était évaporée, sinon, ils auraient pu se faire mal. Les pauvres ex-bandits, grelottaient, apeurés par un tel réveil, vérifiant chaque os de leurs corps, et enlevant des feuilles piquantes qui s'incrustaient dans leurs peaux.

Une exclamation échappa alors à Silver, froide, presque macabre :

-Ils ont encore du gui.

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La brume semblait endormir toute la ville d'Azuria et ses habitants, l'ambiance paisible de cette bourgade aurait pu laisser demeurer ainsi, l'heure matinale et la rosée claire aidant les sages à se relaxer, cependant, deux intrus semblaient déterminés à briser cet idéal de quiétude.

-Surtout, rappelle-moi, la prochaine fois que tu veux entrer dans une organisation stupide, de te boxer jusqu'à-ce que tu sois considérer comme inapte à prendre des décisions !

La douce voix de la championne d'arène retentissait en écho dans les rues, réveillant au passage ses voisins, amusés, mélancoliques, heureux de la revoir en sommes. Bien que l'avis soit partagé pour certains.

-C'est pas bientôt finit ce vacarme ! Beugla une ménagère en jetant un seau d'eau du premier étage pour calmer les nouveaux.

Pas de chance, la dresseuse d'eau esquiva facilement, contrairement à son camarade, celui-ci but avidement la tasse, et recracha le liquide maintes fois avant de recouvrer l'usage de ses poumons.

-Et toi rappelle-moi de ne plus t'inviter à y entrer également ! Siffla-t-il, amère.

Le Pokémon sur son épaule, gémit, n'appréciant pas le moins du monde une douche froide lui aussi. Son dresseur lui flatta le dos, et soupira bruyamment.

-Tu parles d'une perte de temps. Je le retiens Alexandre, à me dire qu'il y a une organisation suspecte à Jotho... En oubliant de dire qu'elle est soutenue par le gouvernement en place !

Sacha grogna, son sourcil droit tiquant nerveusement, signe que ses nerfs menaçaient de lâcher. Ondine espérait juste qu'ils ne croiseraient pas de dresseur débutant sur leur chemin jusqu'à chez elle, sinon, elle n'était pas sûre de pouvoir stopper son petit ami et sa fougue combattive.

-Tu ne trouves pas ça étrange, toi ? Marmonna-t-elle. –Après tout, deux champions demandent une enquête sur la société S.C.O.D et toutes les requêtes sont rejetées par je ne sais quel grand manitou !
-Bof, j'ai cessé d'essayer de comprendre toutes ces histoires en politiques. On sait que Giovanni fait parti du challenge de Kanto après tout, et Peter m'a dit que Mefisto siégeait même au comité des ligues. Même s'il fait profil bas depuis Carmin-sur-Mer.

Ondine s'affaissa, comme surprise elle-même par l'énorme partie gangrénée du gouvernement. Puis un sourire moqueur, hautain lui échappa, et elle ricana malicieusement :

-Enfin, dans l'histoire, on a pas tout perdu, j'ai pu participer à un tournoi de Pokémon eau, et te battre ! Maître de la ligue, tu parles !

Pikachu s'enjoignit au fou rire, et son dresseur rougit de honte.

-Roh, c'est bon, je suis pas spécialiste en Pokémon eau, moi !

Malgré tout, il rigola un peu, cette conversation plus légère lui rappelant une multitude de souvenirs semblables. Si ce n'est qu'à l'époque, il ne tenait pas la main de la jolie rousse dans la sienne. A vrai dire, il n'avait même pas conscience de la nature des sentiments qu'il éprouvait pour elle, gamin.

L'arène fut enfin en vue, et le visage d'Ondine s'assombrit. Bien qu'elle ait demandé à sa sœur Daisy de s'occuper de l'arène en son absence, reprendre le contrôle d'une telle entreprise ne l'enchantait guère, loin du mal du pays, c'était la vie sédentaire à laquelle elle développait une allergie.

Elle tourna la clef de la porte de derrière avec lassitude.

Maintenant, Sacha risquait de repartir sans elle, encore une fois.

Comme pour lui confirmer ses dires, elle remarqua un petit mot sur l'atelier. Un mot de sa sœur lui disant qu'elle avait profité de soin absence pour aller voir Jackie finalement, et que quelques jours de fermeture de l'arène ne gêneraient personne.

Elle allait lui faire bouffer ses excuses un jour à celle-là.

-Tu vas bien ? Demanda Sacha après s'être emparé d'une serviette.

Elle fit une grimace crispée qui ne trompa personne, mais le brun n'insista pas plus, quand elle lui fit un rapide baiser sur les lèvres.

-Je vais remettre la maison en état, tu m'aideras à préparer le repas ?

Le maître afficha une mine désabusée, signe qu'il détestait cuisiner autant qu'il aimait manger, mais voilà, ça faisait près de deux semaines et demi qu'ils préparaient des sandwich sur les sentiers de Jotho pour le compte de Twilight, alors là, elle en avait soupé, elle voulait un vrai repas. En arrivant devant le comptoir, elle remarqua un cadeau tout enrubanné dans le téléporteur, elle souleva la carte curieuse et lut rapidement le mot :

« Pour fêter la nouvelle année, Twilight offre à tous ces membres ces croquettes Pokémon. Elles permettent à l'organisation de vous repérer constamment, et d'empêcher le vol ou l'utilisation à de mauvaises fins de vos Pokémons. Soyez prudent encore un an ! »

Elle constatait ensuite une grosse liste de signatures, où trônaient les noms de tous les détenteurs de la ligue. Toute la bonne volonté qui émanait de ce présent ne suffit pas à rassurer la rousse, toujours méfiante, cependant, à court de nourriture, -elle devait aussi faire des courses, Daisy allait regretter sa venue au monde- elle se résigna à en donner plusieurs bols à leurs camarades créatures.

La conversation dériva brusquement, pikachu monta sur la table, le pokématos de sacha fourré dans la bouche. Il essayait de montrer sa trouvaille à son maître, victime d'une de ses crises d'hypoglycémie factice –car tous savaient que la perspective d'un combat pouvait lui ôter toute fatigue en moins de deux-.

Elle camoufla son rire amusé. Toujours tête en l'air, il avait oublié l'appareil chez elle au moment de partir. Elle pouvait lui concéder qu'il avait effectivement bien fait de prêter son bien aux gamins réfugiés, mais que non, cela ne le blanchissait pas pour autant. Finalement le brun vit enfin son précieux ami jaune et il s'exclama :

-Oh, Pikachu a retrouvé mon pokématos !
-Que ferais-tu sans pikachu ! Ironisa-t-elle.
-Tu l'as dit !
-Pikapi.

Ah, l'ironie n'était toujours pas la tasse de thé de Sacha, elle avait tendance à l'oublier. Un cri étouffé lui parvint dans la seconde, et cette fois, elle ne put contenir son ricanement.

-J'ai 302 messages !

Sa tête heurta la table de la cuisine, le bois atténua ses lamentations, plaintes et insultes en tout genre, le résultat ressemblant plus à un gargouillement incompréhensible. La mort dans l'âme, le maître commença à écouter sa messagerie remplies à ras-bord. Pourtant, alors qu'Ondine allait lui rappeler d'une tape sur le crâne qu'il devait l'aider à préparer à manger, elle le vit blêmir.

Une peur acide s'insinua en-elle.

-Quoi, tu as été destitué de ton poste pour avoir déserté ? Plaisanta-t-elle.

Mais elle-même ne reconnut pas sa propre voix.

Sacha posa son engin sur la table en silence, ce qui augmenta les craintes de la championne d'Azuria, et pikachu, conscient de la tension, vint se lover contre l'épaule de son dresseur.

-Sacha ? S'inquiéta Ondine.

Elle détestait le voir comme ça, ce n'était pas l'homme qu'elle aimait, plein de vie, plein de fougue, dans ces moments là, l'envie la prenait de le secouer comme un prunier jusqu'à ce qu'il se mette à se vanter stupidement, et en même temps, son cœur lui faisait tellement mal qu'elle désirait le prendre dans ses bras pour le consoler.

-C'était ma mère. Murmura le brun au bout d'un moment, grave.

Elle sentit ses entrailles se tordre.

-Il lui est arrivée quelque chose ?

Sacha hocha négativement de la tête, et ses lèvres se tordirent douloureusement, comme pour retenir la bile.

-Non. E..

Il déglutit difficilement et lâcha dans un souffle d'épouvante :

-Eléanore est morte, je suis invité à son enterrement la semaine prochaine.

La sensation glacée la pétrifia toute entière, et à mesure qu'elle se remémorait les traits de la fillette, son cœur se serrait douloureusement. L'étau autour d'eux menaçant de les broyer eux aussi. Doucement ; elle enferma Sacha dans ses bras.

Alors comme une évidence outrement plus douloureuse, Sacha balbutia :

-Régis et les parents d'Eléa doivent être anéantis…

Pikachu les oreilles basses, ne prononça plus aucun son.
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Anéanti, non plutôt consterné. Voilà ce qu'il était.

Régis croisa les bras, refoulant difficilement sa mauvaise humeur. Dire qu'il n'avait pas remarqué le coup de cœur de son amie d'enfance, serait un mensonge, et pire encore de la mauvaise foi, en ajoutant qu'il n'avait pas prévu cette réaction de sa part…Mais quand même !

Ah elle s'éloignait de lui, l'époque où elle lui répétait qu'elle l'aimait et qu'elle lui faisait des bisous timides sur la bouche pour fêter son retour. Le grand Régis Chen, jaloux ? Apparemment. Il enrageait, et ne se révélait pas être le seul, Ash furieux, cramait volontiers tous les restes de gui qui se trouvait sur son chemin, et à vrai dire, le savant les aurait bien émiettés lui aussi.

Une autre personne dans la pièce fulminait silencieusement, elle aussi pour des raisons de cœur, mais, beaucoup, beaucoup moins personnelles. Samantha hésitait.

Elle voyait bien que sa camarade boudait dans un coin. Mais elle remarquait aussi Cristal qui, embarrassée, mettait un point d'honneur à avoir dix mètres de distances de sécurité avec Lucas, tout en empêchant son frangin brun d'approcher Silver pendant le ménage. Pas simple. Yoann et Sunny discutaient dans un coin tout en balayant les confettis, sous l'œil de surveillant d'école de Blake –le frère de la shiney hunter-. De plus en plus compliqué.Tout ça avec Makanie et Aaron dans un coin pépiant comme des nirondelles au printemps, en pleine saison des amours. Insupportable.

C'était tentant quand même. Très tentant.
Les histoires d'amour n'avançaient-elles donc jamais sans son aide ?

Elle jeta un regard en coin à Akira qui avait réussi à s'endormir la joue contre le manche à balais, un filet de bave partant de sa bouche et coulant contre le bois.

Elle secoua la tête et se força à se ressaisir. Non, non, elle devait faire profil bas, veiller discrètement sur Eléanore, pour qu'elle se repose, et qu'elle ne risque rien. Déjà, Régis lui avait interdit de reprendre l'entraînement, et de se reposer au chalet encore une petite semaine, où Silver, convalescent pouvait la protéger mine de rien, cela la rassurait un peu.

Mais…

Les échos d'un cri de Cristal l'obligea à tourner la tête.

- Pourquoi tu me files ton balai au juste ? N'espère pas couper à la corvée de ménage comme quand comme quand j'étais gamine, j'aime toujours les sucreries, mais pas au point de faire ton boulot pour un bonbon moisi !
-C'est ton prix, c'est assez représentatif de ta manière de gérer tes nouvelles relations : tu t'y prends comme un MANCHE !

La brune vira au rouge vif, et avant qu'il n'ait eut le temps de voir le coup venir, son aîné se prit la brosse dans les dents, alors que la cadette hurlait :

-Tu peux parler ! Toi tu vises comme un aveugle franchement, t'as aucun gout !
-Dois-je te rappeler que tu l'as aimé toi aussi ?
-Mais moi j'avais dix ans ET j'me suis rendue compte que c'était impossible ! Alors toi, n'en parlons même pas !
-Mais t'as vraiment un esprit étriqué !
-Quoi ? Moi ? Un esprit étriqué ? Cela ne me dérange pas le moins du monde que des gens préfèrent…préfèrent ça ! Mais toi ! Toi t'es mon frère ! Et en plus jusqu'à l'année dernière t'hésitais pas à placer tout le malheur du monde sur cette partie de la population ! Je te vois encore en train de rire aux éclats dans ce bar spécialisé !
-Les gens changent !
-Pas a ce point !
-MAiS j'y peux RIEN !
-JE SAIS ET C'EST CA QUI M'ENERVE !
-ALORS GARDE CA POUR TOI !
-ET TOI CHOISIS MIEUX LA PROCHAINE FOIS !
-C'EST PAS MADAME « T'as l'air d'un homo dans cette tenue » QUI VA ME FAIRE LA LECON !

Et cela continua comme ça un bon moment. Petite, elle avait souvent rêvé d'avoir un grand frère ou une grande sœur, et aujourd'hui encore, l'envie la prenait, mais elle devait bien avouer que si cela ressemblait à ça, la relation fraternelle, elle se désistait tout de suite. Cette fois, elle contempla Silver tendrement, assis sur le sofa, il lançait des œillades meurtrières aux responsables de tant de vacarmes. Il se tenait à côté d'Eléanore, et Samantha se surprit à penser, qu'avoir un frère et une sœur comme eux la comblerait de joie. Les échos de la veille remontèrent en elle, et gonflèrent son cœur.

Elle interrogea Lucas du regard, qui ignorait probablement qu'elle attendait de lui un accord télépathique de sa part, mais il sourit tout de même, en lui envoyant un coucou.

Elle pouvait prendre ça pour un accord implicite. Un feu vert.
Même si le brun en réalité, plus déprimé qu'il ne le montrait par le départ de son ami d'enfance, avait surtout essayé d'obtenir un sourire d'elle pour se remotiver.

Samantha haussa les épaules, heureuse, et se dirigea vers Silver et Eléanore. Elle s'assit entre eux, toute fière, elle attrapa les bras de chacun d'eux –Silver parut étonné par ce geste et il plaqua une main apeurée sur son coude- puis elle murmura :

-Dites, ça vous dit de m'aider à jouer les entremetteuses ?

Les interlocuteurs arquèrent un sourcil. Samantha, amusée, pointa alors du doigt, tour à tour, Cristal et Lucas, suivi de Sunny et Yoann.

-Cette fois, je ne t'enferme pas dans le placard, promis…Susurra-t-elle à sa camarade.

Malheureusement, Eléanore afficha une mine désabusée, tout comme Silver. Le roux contempla un instant Aaron et Makanie qui flirtaient à deux, envoyant des myriades de petits cœurs et de rayons de soleil, bref, tous deux affreusement heureux. Ce nétait pas le nouvel an, c'était halloween. C'était…juste ridicule.

-Sans moi. Répliqua Silver.
-Idem, répéta Eléa sans grande conviction.

Samantha tiqua, et elle resserra sa prise sur eux, sa voix devint plus froide que suppliante :

-Allez ! De toute façon, c'est pas comme si vous aviez autre chose à faire ! Et ce sera amusant.

Là elle marquait un point.

Silver devait bien l'admettre, son emploi du temps était loin d'être chargé, il pouvait toujours prendre un bain aujourd'hui, mais avec ses blessures, il était obligé de le faire avec quelqu'un devant la porte de la salle de bain, prêt à intervenir au moindre bruit suspect. La dernière fois, il avait glissé sur le carrelage mouillé et Gold avait déboulé dans la pièce paniqué, avec toutes les conséquences qui allaient de paire. Pas que ça le gênait qu'il le voie nu, mais quand même un peu.

Quant à Eléanore, et bien, entre l'idée de rester seule en tête à tête avec Régis –visiblement choqué- et aller s'amuser avec Sam pour oublier sa déception de ce matin, le choix était vite fait.

Le d'accord –bien qu'à moitié dépressif- fusa, et aux oreilles de Sam, il apparut comme plein d'entrain.

-Mais à une condition ! Lança Eléa.

Les deux comploteurs se tournèrent vers elle.

-Il faut caser Gold aussi ! Lâcha la gamine.

Silver arqua un sourcil et une grimace déforma son visage, il fut surpris de percevoir de la colère, de la suspicion dans sa question :

-Gold est amoureux de quelqu'un ?

Samantha elle-même sembla décontenancée, et la frimousse d'Eléa se décomposa, alors qu'elle fixait Silver puis elle soupira, dépitée :

-Bon, finalement, laissez tomber, j'dois me faire des idées.

Après un silence tendu, empli de questions sourdes, Samantha se redressa, tel un chef de guerre, ses Pokémons sortirent immédiatement de leurs pokéballs et se mirent au garde-à-vous devant un Eléa et un Silver, attérés, mais amusés. Eléa effectua même un simili de salut, -et elle pinça Silver pour qu'il en fasse autant.

-Quels sont les plans mon général ? Plaisanta Eléa, qui finalement, se sentait prise au jeu.

Gold un peu plus loin, entendit sa sœur lui demander « Ouah ! Tu as vu comme Silver obéit bien là-bas aux instructions pour le ménage ? Il faut que Sam me file son truc ! » ce à quoi il répondit, exaspéré, désespéré : »Oui j'aimerais bien le connaitre, le truc moi aussi… »

Plus loin, les lèvres de Sam s'étirèrent dans un rictus manipulateur. La dernière fois, elle avait lamentablement échoué, elle le concédait, mais à présent, elle avait l'élément perturbateur alias Silver, dans son camp, et Yuki si jamais il se réveillait, aurait bien trop mal à ma mâchoire pour s'immiscer dans ses plans. En plus, elle avait la ferme intention d'utiliser sans vergogne Lucas pour parvenir à ses fins, comme ça, il ne risquait pas de tout gâcher –et de compter ses plans ratés (C'est vrai quoi c'est déprimant ce genre d'attitude !).

Le concerné éternua bruyamment en nettoyant la cheminée pleines de serpentins, il se retrouva donc couvert de suie.

Alors que Sam explosait d'un rire machiavélique, Eléanore se pencha vers Silver et souffla :

-Quelque fois, elle me fait un peu peur quand même.

Le rouquin hocha la tête gravement.

Oui, par moment elle se montrait terrifiante.

L'opération fut donc lancée aussi sec. Samantha réussit à convaincre Silver de sortir quelques uns de ses Pokémons, et notamment son Farfuret. La vision de son propre Pokémon semblable à celui du rouquin sembla lui conférer des ailes et en quelques secondes elle se retourna, pointa Lucas du doigt, et souffla :

-Bien PLAN A !

Silver critique ne put retenir un : « Oh non pitié, pas des plans titrés comme l'alphabet ! » Ce à quoi ajouta Eléa : « Si ça se trouve on va réussir à faire les 26 lettres ! ».

Elle ne croyait pas si bien dire.

En une seconde, les Farfuret furent mis en position, si Silver avait pu utiliser ses mains librement ; il leur aurait fait signe mais à défaut, Samantha se contenta d'un regard appuyé terrifiant en guise d'ordre, et Eléa d'expliquer plus ou moins les instructions.

Alors que Cristal essayait tant bien que mal de faire le tour de monsieur Yuki pour récupérer le peu de poussière qu'il avait ramené, sans pour autant le réveiller. Elle ne savait pas ce qui la retenait de ne pas donner un grand coup de pied à l'appui qui maintenant toute la personne brune debout.

Soudain, elle vit le farfuret de Sam se ruer vers elle, manquant de la renverser au passage, elle pensait le pire passé, quand la créature de Silver se cambra, et cracha un blizzard épouvantable sur le fuyard, donc sur la cadette Heart aussi. Ce fut donc elle, et non le prof qui dérapa, bien au contraire, le support du brun semblait plutôt devenu invincible à la suite de la bise froide. Contrairement à elle, qui glissa sur un bon mètre avant de s'écraser de tout son long contre Lucas.

Samantha se redressa en criant un « YES ! ».

Mais elle n'avait pas prévu le rebond.

Il faut toujours prévoir le rebond, parce qu'à jouer comme ça, on risque de tomber dans la théorie des dominos.

Il faut toujours prévoir le rebond.

Cristal percuta effectivement Lucas, mais celui-ci loin de la « sauver » dans ses bras puissants, se retrouva éjecté lui aussi. La dresseuse s'étala au sol, courbaturés et avec quelques bleus, ses yeux perçants se posèrent sur Silver, qui au vu des circonstances, se sentit obligé de lancer :

« Comme si tu contrôlais tout le temps tes Pokémons toi aussi. »

C'était sa faute ! Elle allait le tuer.

Pendant ce temps, Lucas ricochait en toupis, et il commençait sincèrement à avoir mal au cœur. Il culbuta contre la célèbre table basse et heurta de plein fouet Sunny, qui elle atterrit largement sur Yoann. Sam se plaqua la main sur le front. Eléa, elle croisa les bras.

Bon, on était loin du beau prince sur son cheval blanc qui porte l'héroïne dans son château pour lui faire une ribambelle de gosses, -parce qu'elle ne se leurrait pas, c'est ce que cachait la phrase finale de tout conte de fée- Mais au moins…Au moins Yoann avait amoindri la chute de Sunny. Même si ça avait du faire mal.

Malheureusement, Blake inquiet pour sa sœur ne permit pas au petit médium, ni de se remettre du choc, ni même d'avoir les lauriers du sauvetage, d'un coup de bras il envoya valser et Lucas et Yoann dans un coin pour s'assurer que sa sœur se portait bien.

Eléa sortit un calepin, et Silver dicta, objectif :

-Plan A, échec total. Cristal risque de commettre un meurtre, je crois bien que Yoann a été assommé dans l'histoire, et Lucas…-il marqua une pause et suivit le brun du regard, celui-ci se rua jusqu'aux toilettes- Lucas est parti dégobiller.

Eléa releva la tête, et synchrone avec le roux, ils lancèrent :

-T'es nulle pour les plans.

Samantha tiqua.

-Oh c'est bon, le redémarrage est un peu long c'est tout !!

Elle croisa les bras, et fronça les sourcils, à la recherche d'une idée. Pendant ce temps, Gold essayait de patiner jusqu'à sa sœur pour la remettre debout, et Sunny se dépêtrait de l'étreinte de son frère pour vérifier que Yoann n'avait pas perdu connaissance.

Etrangement On jeta les farfuret dehors, et ceux-ci ne se firent pas prier pour faire une balade tous seuls dans la montagne. Autant le dire tout de suite, l'enthousiasme d'Eléa était vite retombé.

-C'est nul comme jeu. Maugréa-t-elle.
-Roh c'est bon ! Répliqua Sam, en proie à un mal de crâne monstrueux, se creusant la cervelle pour trouver des stratégies offensives.
-Silver, des fois, Sam est aussi aimable que toi, franchement. Sans vouloir te vexer. Répliqua Eléanore.

Le rouquin rougit, embarrassé par le poids de son secret, mais il répondit quand même :

-Raté, je suis vexé.
-M'en fout. Relança aussitôt Eléa, insensible.
-J'vois ça.

La conversation commençait sérieusement à tourner en rond, heureusement, les autres essayaient tant bien que mal d'enlever le givre du parquet. Lucas hésitait à employer un Pokémon feu, mais en même temps, ils risquaient de cramer le chalet, et eux avec dans la manœuvre. Régis proposait bien de sortir un Pokémon ayant un fort feu interne, mais apparemment aucun membre présent n'avait un tel Pokémon.

-ON va quand même pas laisser une telle patinoire en plein milieu du salon, c'est dangereux. Constata Simplement Shagi, allongé sur le comptoir.

La plupart des membres sursautèrent, et se rétamèrent lamentablement sur le sol.

Depuis quand il était là, lui ?

L'irisien sourit, s'assit et contempla le désastre en direct. Il fut le seul à remarquer Sam dans son coi, frapper le poing, comme illuminée. La brune se retourna vers Silver toute rayonnante, ce qui était fichtrement inquiétant.

-Plan B. Silver tu vas me faire le plaisir d'aller voir soit Cristal, soit Sunny, et de l'embrasser en direct.

Le principal concerné manqua de s'étrangler et Eléa explosa de rire.

-T'es malade ! J'embrasserai personne ! S'empressa de siffler le roux.
-Pourquoi moi tu m'as embrassée au mont Sélénite. Puis t'es chanceux, j'te laisse le choix ! L'important c'est que Lucas ou Yoann se montre jaloux et avoue leur amour directement.
-Et qu'ils te cassent la figure au passage ! Pouffa Eléa,

A l'évocation du souvenir du mont Sélénite, Silver se figea, une boule lui remontant dans l'estomac. C'est vrai qu'il l'avait embrassé, et…il avait plutôt apprécié mais…C'était pas de l'inceste ça ? Du coup ? Dire qu'il voulait démarrer une nouvelle vie loin du crime, on ne pouvait pas nommer cela comme un bon départ.
Alors que Silver subissait le contre coup d'un lointain péché, Samantja battait la mesure du pied, impatiente.

-Allez, c'est pas compliqué ! L'empressa-t-elle. –Si tu ne veux pas, c'est Eléa qui s'y colle !

Cette dernière ravala son hoquet.

-Hein, comment ça ? Pourquoi moi ?

Ash derrière eux, envoya une œillade meurtrière en direction de la fille des Joëlle. Samantha sembla se tâter, vraiment réfléchir à cette remarque, et ses lèvres se pincèrent. Silver eut le temps d'improviser pour sa défense :

-Oui elle est parfaite Eléa, pour ça, elle est très entreprenante la preuve ce matin elle… -mais Eléa lui renvoya un coussin dans la figure pour le faire taire.

Au bout d'une seconde qui parut interminable, l'heure du jugement fut venue.

-Non Silver tu n' as pas le choix, allez !

Le roux blêmit, et il vociféra :

-Tu ne m'obligeras JAMAIS à faire ça !

Samantha claqua des doigts, Brasergali se dressa derrière Silver et une minute, Eléa crut voir un vrai chef de la mafia impitoyable en elle. Le starter feu de Hoenn chopa le roux de ses pattes griffus et sans ménagement –signe qu'il en rêvait depuis au moins le mont Sélénite peut-être – il balança le rouquin vers le groupe.

Silver essaya tant bien que mal de rester sur ses jambes, d'atterrir dignement, mais bon, sur du parquet verglacé, avec une jambe tout juste sortie du platre…Cela se révéla au-dessus de ses capacités, aussi surhumaines soient-elles.

Il finit par lâcher prise en passant devant Yuki –amorphe sur son pilier de bois et de glace-

Il dérapa royalement, et parti en vrille, l'attention de tous avait beau être tournée vers Shagi –apparut comme un fantôme- Gold capta tout de même le rictus malveillant de l'irisien et se tourna d'un bloc. Ses pieds se firent fauchés par un corps non identifié. Les autres eurent le bon réflexe de reculer d'un bon pas pour éviter de vérifier une nouvelle fois la théorie des dominos.

Eléa écarquilla des yeux, Samantha porta une main à sa bouche.

Brasergali ricana, fier de son œuvre.
Bon cela ne se déroulait pas vraiment de manière escomptée.

Le front de Gold heurta violemment une masse sous lui, et il sentit son visage s'écraser contre quelque chose, qui définitivement, ne pouvait pas être le carrelage de la cuisine. Il lui sembla entre la douleur de son nez en feu, que ses lèvres effleurèrent une surface assez douce et chaude. Il se redressa tant bien que mal en gémissant.

Si jamais il s'était un jour demandé ce que pouvait ressentir une quille de bowling, bah maintenant, il savait.

Il reprit un appuie stable, et admira ce qui lui avait servi de coussin. Il se figea, et s'empourpra. Sous lui se trouvait Silver.

Sous lui !

Son cerveau s'embourbera dans une mare boueuse de mots et d'images plus ou moins honnêtes. Il comprit la situation sans pour autant que son esprit n'accepte de la graver en lui. Il retint un tremblement. Oh non, lui qui avait choisi de se faire passer pour un ami ! Mais…Mais qui avait mis ça là ! On voulait sa mort. Une sensation chaude commençait déjà à courir le long de son corps, et pour avoir déjà expérimenté ça avec une fille, il connaissait la suite. Si ça se produisait il pouvait dire adieu à sa couverture d' « ami » voire même de coéquipier.

Comme pour l'aider davantage tout ruiner, une constatation le frappa : ce qu'il avait ressenti dans la chute, il, il avait…Il avait effleuré les lèvres du roux !

L'afflux de sang lui brouilla l'esprit.

Ça, Silver, lui, pâlissait à vue d'œil, les doigts crispés sur son coude, il ne parvenait plus à bouger un muscle. Les évènements s'enchaînaient sans qu'il ne parvienne à en saisir l'ampleur. Une foule de sensations et d'échos de son emprisonnement remontèrent.

-GOLD POUSSE-TOI DE LA !

Cristal se jeta sur son frère et sans ménagement elle le força à s'éloigner, Sans même demander son avis au roux, elle l'aida à remonter le torse et ne le lâcha plus. Il remarquait à peine à quel point il tremblait. Jamais il n'avait autant béni Cristal pour son intervention. Celle-ci, incroyablement avenante, soucieuse, balbutia au rouquin :

-Ca…ca va Silver ?

Gold lui-même, maintenant écarté de la source de tous ses désirs, réalisa l'expression d'horreur qui marquait le visage de son coéquipier. Calmé, il s'avança vers son camarade, inquiet. Sa sœur lui lança une expression féroce et elle s'égosilla :

-Idiot ! Tu crois sincèrement que c'est conseillé ? Tu pourrais faire attention, c'est pas parce que ses blessures guérissent qu'il va mieux ! Tu sais pourtant mieux que personne ce qu'il a subit à Opale !

L'allusion de son enfermement sembla lancer un vent glacé sur le groupe, Samantha sentit son cœur se serrer de culpabilité. Un silence morbide s'insinua entre eux, seulement brisé par les ronflements gluants, baveux d'Akira.

Soudain, le roux reprit comme ses esprits, il cessa de frissonner, et se rendant compte qu'il était sujet à la pitié, il bondit sur ses jambes.

-Tu…Tu exagères ça va ! Lança-t-il, plus faiblement qu'il ne l'aurait voulu.

Cristal fronça les sourcils quand il échappa à sa prise et Lucas sembla étonné qu'elle fasse preuve d'autant douceur, de prévenance, envers un garçon. Gold s'approcha de son camarade et demanda, au comble de l'embarras :

-Tu veux…Que je t'emmène te débarbouiller dans la salle de bain ?

Mais en retour le roux lui envoya un regard glacial et s'écria :

-Je vais bien !

Qui sonnait beaucoup trop faux pour qu'un seul d'entre eux puisse le croire.

Samantha, quand Silver revint vers eux, voulut s'excuser mais il enchaîna simplement :

-On devait pas nettoyer l'appartement ?

Plus personne n'osa répliquer. Mais l'ambiance était bel et bien foutue, Chris et Angie n'osaient même pas se réjouir de ce « baiser » échangé pour Gold, et Makanie avait cessé de roucouler. Pendant une seconde, juste une seconde.

Samantha hésita à reprendre les plans, les voyants tous reprendre le boulot. Mais alors qu'elle se résignait à abandonner la dure tâche de cupidon, Eléa croisa les bras et lança :

-Bon, Plan B totalement foireux, apprend à viser.

Elle envoya un coup de coude gentil au rouquin de nouveau à ses côtés, et lança, plus dans une interrogation que dans une injonction :

-Plan C ?

Le roux resta silencieux, comme pesant le pour et le contre, puis après avoir vaguement soupirer et grelotter, il répéta :

-Plan C.

Les regards obliquèrent vers Samantha qui sentit la moutarde lui monter au nez.

Qu'ils ne lancent pas d'opération sans avoir une idée avant ! Elle devait vraiment tout faire elle-même !
Elle croisa les bras en position de méditation, patientant pour que les instructions coulent d'elle-même jusqu'à elle, comme à l'habitude, mais là rien. Comme un bruit de moteur mal huilé, et le blanc total.

De leurs côtés, les travailleurs honnêtes gardaient la tête baissées, bien moins enclin à rire que le groupe d'Eléanore, encore tourmenté par l'accident.

Gold déprimait profondément, se confortant dans son idée de base. L'expression d'horreur qu'affichait Silver, montrait bien que jamais, jamais il n'avait songé à une relation de ce genre. C'était étrange, de se rendre compte que ce contact lui avait procuré tant de plaisir, alors que son camarade lui, en avait été bouleversé. La honte et la culpabilité le malmenait. Finalement, Cristal avait peut-être raison, il choisissait le mauvais chemin.

Il serra les poings, le chiffon avec lequel il récurait la cuisinière se froissa.

Mince.

Le moral le quittait. Il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui, même s'il le voulait, il ne parvenait pas à arrêter ce qu'il ressentait. Il aurait aimé avoir un bouton, une prise « off » pour tout stopper, vider sa tête, reprendre de l'aplomb. Mais…Rien que le fait de penser se séparer de lui, de s'éloigner, et il cafardait.

Comment pouvait-il être si accro alors qu'il n'en avait pris conscience qu'il y avait si peu de temps ? Ca en devenait désespérant.

Cristal, sentant probablement le tourment de son aîné, s'approcha de lui discrètement, et lui fit une petite tape amicale sur le dos.

Cela l'embarrassait affreusement, depuis hier après midi, durant une de leur énième dispute, il le lui avait avoué, il lui avait sorti de but en blanc « Tu veux que je te dise quoi ? Que je suis dingue de ce type ? Ca m'échappe totalement aussi ! Comment j'ai pu tomber amoureux d'un glaçon pareil ! D'un mec en plus mais…mais j'y peux rien ! ». La franchise, la sincérité de ce discours l'avait touchée, mais, elle n'arrivait pas vraiment à reprendre de bonne habitude.

Elle savait que c'était stupide, que c'était exactement le même frère qu'elle avait toujours côtoyé, mais il n'empêchait, que tout s'ouvrait sous un angle différent. Jamais elle n'avait songé à cela. Elle avait eu sa période « Yaoi », elle avait elle aussi été amoureuse de Silver, à dix ans, pendant dix secondes de demi –en vérité dix mois mais ça jamais elle ne le dirait à haute voix-…

Cependant…Comment aurait-elle pu imaginer ce genre de tournant ?
Elle se massa la nuque, et se dit qu'au moins, son frère avait l'avantage d'être « bi » puisqu'elle l'avait vue sortir avec des filles, donc, il avait deux fois plus le choix que les autres. Maigre consolation. Elle espérait que ce n'était qu'un coup de cœur sans signification et que bientôt il allait rencontrer une fille et lui donner des neveux, mais elle comprenait bien qu'elle se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au coude.

-Bah allez ! C'est rien, le rassura-t-elle sans grandes convictions.

Lucas observait le manège sans comprendre, mais intrigué. Contrairement à Shagi qui visiblement se délectait d'un tel spectacle, il avait espéré bien moins, juste une bataille de savonnette, en venant ici.

Sunny, de son côté, paraissait touchée également, elle n'étant pas au courant, elle ne pouvait qu'imaginer ce qu'avait pu subir Silver, et si elle avait hérité une chose de sa mère, ce devait être son imagination dès que ça relevait du cadre des punitions. Blake sembla voir ce qui clochait, et lui demanda si elle souhaitait sortir une minute, mais elle refusa net, fière.

Yoann pourtant, paraissait bien soucieux pour elle, et après un moment de réflexion, il chercha un moyen de changer de sujet, d'orienter tout le monde dans une autre direction. Christopher et Angèle furent d'une aide inespérée.

-Heu, sinon, il y a plein de nouveaux visages ici…Que diriez-vous de bavarder un peu tout en rangeant, ça peut être amusant ! S'enthousiasma Christopher dans sa candeur exagérée habituelle. Angèle sembla ravie.
-D'accord, mais sur quoi ? Répliquèrent, sarcastiques, Sunny et Blake, aussi froids l'un que l'autre.

Yoann frappa dans ses mains, et il s'exclama, content de lui :

-Des premiers amours ! C'est bien comme sujet, c'est toujours rigolo, et c'est du passé, donc normalement tout va bien !

Bien que plusieurs écarquillèrent des yeux, ils laissèrent échapper quelques rires et approuvèrent gentiment :

-Vas-y commence moucheron ! S'enchanta Blake.

Yoann pencha la tête sur le côté, pas gêné le moins du monde à peine surpris de devoir débuter, et lança :

-Mon premier amour, c'était une de mes ancêtres.
-Pardon ? S'exclama Sunny, moqueuse.
-Ah je comprends, tu es tombé amoureux d'un portrait d'un de tes ancêtres, c'est ça ? Essaya d'expliquer Lucas. –Ca m'est déjà arrivé, de trouver une fille jolie sur le portrait, mais en vrai j'ai vite déchanté !

Mais Yoann secoua la tête vivement.

-Non, non ! j'aimais vraiment une ancêtre, pour être exacte, son fantôme.

Sunny se raidit et un frisson lui remonta l'échine, sa frimousse bleuit.

-Ah…Balbutia-t-elle.
-Bah oui, c'est une coutume dans la famille. Quand une personne de chez nous voit sa mort venir, comme une crise cardiaque, il a quelque fois le temps de demander à un de ses Pokémons spectre de lancer l'attaque dévorêve, et ainsi l'âme peut rester dans le monde des vivants quelques secondes plus. Il peut communiquer avec quelques personnes proches de temps en temps, même si c'est pour un court laps de temps. Ma famille a un cimetière personnel et je me souviens que, quand je m'y rendais pour m'entraîner avec mon fantominus, je la voyais cette femme. C'était un record, elle « vivait » depuis deux siècles vous vous rendez compte ? Enfin je crois que j'ai confondu admiration avec amour petit…
-Ad…admiration…Pour un fantôme…c'est ça…Un…Bredouilla Sunny de plus en plus pâle.
-Je crois que ma sœur ne viendra jamais chez toi minus, rigola Blake, - elle a une peur bleue des spectres.
-Bah heu non…c'est…c'est spécial…un…Et toi…

Laissant Sunny à ses divagations confuses, Cristal enchaîna immédiatement :

-Mon premier amour c'était un gamin roux qui traînait derrière le labo du prof Chen et embêtait mon frère.

Personne ne fut dupe quant à l'identité de cette personne. Les regards se tournèrent vers l'aîné Heart qui lança fièrement :

-Mon premier amour c'était ma rivale, elle avait eut droit à Germignon avant ma sœur. Une fille gentille avec des tresses, mais elle est partie pour Hoenn au milieu de l'année, probablement trouvait-elle la ligue Jotho trop dure.
-Il oublie de préciser que la « gentille fille » avait quinze ans et se fichait éperdument de lui. Cassa sans sourciller Cristal.
-C'est méchant ça ! Se plaignit Gold.
-Et Silver ? Ignora Angèle. –Silver quel a été son premier amour ?

Le groupe se tourna vers le concerné, qui sur le canapé fixait Sam qui se pressait le crâne comme un fruit dans un pressoir. Eléanore rigolant à ses côtés. Gold haussa les épaules et lança peu sûr de lui :

-Je crois qu'il a aimé une fille à Eternara, mais on y a passé peu de temps, c'était la sœur de la championne ou un truc comme ça, en tout cas, ça n'a pas duré longtemps, je crois pas qu'il a fait la moindre avance même.
-Pas de bol, commenta Cristal.

Mais seuls ceux dans le secret purent saisir le sous-entendu. Gold baissa la tête, abattu.

-Cette fille, elle ne s'appelait pas Arisa ? Demanda Shagi.
-Heu, si je crois que c'est ça.

L'irisien camoufla un rire. Heureusement Makanie vint le remettre à sa place, bien qu'elle soit aux côtés d'Aaron et conserve son côté de petite fille qu'il faut protéger, elle lança innocemment :

-Je crois que ton premier amour à toi, Shagi, s'appelait aussi Arisa non ? Ou alors c'était cette espère de marine aux bras aussi larges que les cuisses ?

Il avait raté une occasion de se taire, il parvint à feindre l'indifférence, mais pas à empêcher quelques uns de rire dans leurs barbes.

-Mon premier amour, c'est Christopher !
-Et moi Angèle ! Enchaînèrent les adultes aussitôt.

Oui, ça, c'était comme dire que métamorph était rose : évident. La pluparts des invités présents pensaient même que c'était toujours le cas, mais enfin, quant à savoir ce qui se passait réellement dans la tête des deux énergumènes…

-Moi j'aimais une petite fille de mon école, elle était studieuse et bien élevée, et toujours bien habillée. Commenta Blake. –Je me souviens plus de son visage mais je crois que je peux refaire sa garde-robe sans problème, que des marques en plus.

Sunny pouffa légèrement avant d'enchaîner :

-Moi je suis sortie avec mon premier amour, et ça c'est très, très mal passé. J'ai déménagé, et j'ai oublié de de lui donner des nouvelles donc il est allé voir ailleurs.

Elle croisa les bras et constata :

-Je devais me ficher un peu de lui quand même, pour ne pas lui dire que j'habitais à trois maisons de chez lui quand même…

On osa se tourner vers Makanie et Aaron, mais pas leur poser la question, au stade de leurs relations, ils auraient répondu en mentant qu'ils étaient la première expérience de l'un comme de l'autre. Pas besoin de gaspiller de la salive. Régis soupira, passa une main dans ses cheveux et expliqua :

-Mon premier amour ? Je crois que c'était Eléanore. Mais elle, elle aimait Sacha.

Quelques regards en coin lui firent comprendre que c'était vraiment bizarre de l'imaginer amoureuse d'une fille aussi instable, simplette, et surtout, aussi jeune. Sunny avoua même qu'elle l'aurait vu dans les bras d'une femme mûre plutôt. Le savant se contenta d'hausser les épaules tristement.

-Et Samantha ?

On observa la gamine qui en était venu à se donner des petits coups sur le crâne pour trouver de nouveaux plans. Irrémédiablement les regards dérivèrent sur la loque qui dormait debout, et maintenant mordait le bois du manche à balais en grommelant.

Ca se passait de commentaire.

-Et toi Lulu ? Interrogea d'une toute petite voix Cristal, se tortillant comme une gamine.
-Ne m'appelle pas Lulu s'il-te-plaît…Marmonna Lucas.
-Alors, Louka ? c'est joli Louka, c'est juste une prononciation différente ?
-Si tu veux…Se résigna le brun. –Moi, je crois pas avoir été vraiment amoureux avant, mais je crois que la première personne qui m'a réellement touchée, c'est Frédérique, une des sœurs aînées de Daniel. La plus maladroite, mais je crois que mon amour pour elle est mort quand elle s'est retrouvée pendue par les pieds avec nous en voulant nous dépêtrer d'un piège d'Alice.

L'évocation de ce souvenir le fit ricaner. Il se remémorait la chute surtout, Gabriel encore en couche à cette époque était venu, les avait vus suspendus la tête en bas dans la grange, et avait pris les cisailles. Daniel avait ordonné immédiatement « Pose-ça tout de suite » à son frère. Et le petit, en obéissant, s'était assit droit sur le nœud du problème, le défaisant de ce fait.

Le ménage avançait donc bien au rythme des conversations, et bientôt l'incident ne tourmenta plus personne, enfin presque. Finalement, ils en virent le bout assez rapidement, et Samantha se torturait toujours mentalement pour trouver la stratégie D…

Dubitative, perplexe, et surtout, morte d'ennuie, Eléanore vit les invités se disperser, et même plusieurs sortir du chalet. Dans une grimace elle jeta le carnet sur la table basse, croisa les bras en soufflant :

-Je joue plus, c'est trop chiant. T'es rouillée en plus.
-J'adhère, enfonça Silver, distant depuis l'histoire.

Samantha paniqua.

-Oh, mais heu, non ! Rah ! Mais où ils sont passés ? Sunny et Yoann ?
-Partis faire un match Pokémon depuis dix minutes, Makanie et Aaron sont aussi allé sous les serres pour nourrir les Pokémons insectes. L'informa le roux impassible.
-Oh non ! Ca fait tout foirer ! Zut…S'attrista Sam.

Voyant l'air peiné de sa camarade, Eléanore ne put s'empêcher d'hésiter. Mais elle en avait vraiment assez aussi, elle voulait jouer avec ses Pokémons maintenant, et parler avec régis peut être, attendre qu'une idée pointe le bout de son nez, ne faisait que lui rappeler les doutes de la matinée sur Daniel. Et si elle était sûre d'une chose, c'est qu'elle ne voulait plus y penser. Miyu soupira et lança acerbe :

« Toujours à chasser ce que te déplait toi. Ca va tant qu'il n'est pas là, mais quand il reviendra tu risques d'avoir du mal. »

Daniel, une fois revenu, expliquerait les évènements, tout simplement. Oui voilà, l'affaire était close, quoi qu'en dise son myocarde, souffrant.

-Bon, je démissionne, mais je te trouve un remplaçant ! S'exclama-t-elle brutalement. –Hey Lucas vient par là !

Cependant elle n'avait pas prévu que tout le reste de la troupe rapplique avec lui. C'était assez embêtant ça. Samantha, honteuse, plaqua ses mains dans son dos et lorgna ses pieds. Un déclic se produisit alors en Lucas, et un cri fusa :

-T'as RECOMMENCE ?

Quelques explications et crises de nerfs plus tard, ils comprirent pourquoi Silver avait joué les patineurs artistiques médiocres. Cristal parut particulièrement enthousiasmée, même si Lucas se montrait plutôt réservé. Gold lui se sentait plutôt l'âme d'un spectateur, tout comme Shagi et Régis.

Celui-ci maugréa d'ailleurs à Eléa :

-Je ne savais pas que tu t'intéressais à ce genre de choses maintenant.

Ce à quoi répondit Eléanore dans ces termes exacts :

-Hey, c'est sa faute à elle !

Ce qui lui permit de faire porter le chapeau à Samantha, non seulement pour les évènements du nettoyage, mais aussi ceux de la matinée. Cela parut calmer, rassurer, profondément régis et Ash en tout cas.

-Donc si je comprends bien…

La voix de Blake vibrait d'une étrange émotion.

-Vous voulez mettre ma sœur et le nabot ensemble, c'est ça ?

Etrangement, l'idée de tout dévoiler leur sembla terriblement stupide, qui avait été…Eléanore frissonna, et ne put s'empêcher de ricaner nerveusement. Oups, c'était elle… !

Pourtant, alors que le visage de Blake était rouge de fureur, qu'une veine nerveuse battait la mesure sur sa tempe, sa mâchoire se crispa et il ne put contenir un éclat de rire. Il plaqua une main sur sa bouche et tenta de calmer son hoquet en vain, devant ses coéquipiers ahuris.

-Non…mais vous les voyez…Vous…Rigolait-il et expliquait-il avec des grandes difficultés. – S'em…S'embrasser ? Il…Il faudrait un tabouret au minus pour atteindre le vsiage de ma sœur !

Malgré eux, un ricanement collectif les secoua. Le dessin illustrant la scène s'imposant à leur esprit très clairement ? Oui…Maintenant qu'il en parlait c'était en effet une situation assez cocasse.

Eléanore, la seule à ne pas se moquer de la situation avec Régis, soupira, croisant les bras. Alors, elle lança simplement, le cœur gros :

-Ce serait bien quand même, qu'il existe un prof enseignant comment marche « les histoires d'amour ».

Un silence solennel suivit cette réplique bourrée de vérité, et doucement, tous les regards coulèrent vers la chose debout, ronflante er baveuse qu'était en cet instant Akira Yuki. Celui-ci comme pressentant le danger, glissa enfin de son support et se réveilla en sursaut.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Azuria, encore et toujours magnifique, du lever au coucher du soleil, éternellement sublime telle la sirène.
Oui parfait, il tenait une belle rime. Il ne savait pas vraiment à quoi cela allait mener, mais rien ne coûtait de l'écrire, non ?

Shinobu était heureux aujourd'hui, cela ne lui arrivait pas souvent, avoir refait sa vie ici avait de nombreux inconvénients, mais pourtant, il appréciait chaque soir de rentrer chez lui. Beaucoup oubliait ce simple plaisir de l'existence, mais lui, adolescent avait haït l'heure de rentrer chez lui, le cartable déjà lourd l'écrasait plus encore…La plupart des enfants, y compris son propre frère, détestaient se rendre à l'école, pourtant lui, c'était son paradis. Il avait de mauvaises notes, mais au moins il s'y amusait librement.

Il traîna jusqu'à son salon, et chercha de quoi noter les quelques mots d'illuminations. Kain Lag, depuis qu'Akira avait balancé la vérité à Lily et lui, s'invitait régulièrement, aussi il trouva plusieurs CD de soupes qui lui appartenaient. Il esquissa un sourire. Ce vieux loup de mer avait des goûts musicaux particuliers, tout comme ses méthodes éducatives…Qu'est-ce qu'ils avaient rit, pendant les trois ans où il avait enseigné !

Il fit tourner un des rares disques sans chansons de disney, et découvrit avec plaisir la voix d'une chanteuse, Carla Bruni. Elle faisait scandale en ce moment, pour il ne savait quelle raison, et il lui reconnaissait des défauts, mais les paroles de ses chansons le touchait profondément.

En sautillant, en chantonnant « On dit que le temps qui glisse est un salaud, que de nos chagrins il s'en fait des manteaux… » il se dirigea vers le vaisselier pour continuer ses recherches.

Pas moyen d'avoir un stylo en état de marche ? Mais pourquoi gardait-il les stylos usagés ? Mystère, avec lassitude il reposa l'inutilisable à sa place et repartit.

« On me dit que le destin se moque bien de nous
Qu'il ne nous donne rien et qu'il nous promet tout
Parais qu'le bonheur est à portée de main,
Alors on tend la main et on se retrouve fou. »

Ah décidément, il aimait bien ce refrain. Il dénicha enfin un feutre capable de fonctionner, mais avec tout ça, il avait oublié la raison qui le poussait à en prendre un. Il se résigna, jugeant que cela ne devait pas avoir énormément d'importance s'il l'avait « zappé » si facilement.

Il traîna les pieds, et son œil se posa sur le calendrier : entouré en rouge, il avait marqué les jours où Lily avait décidé de l'appeler pour donner des nouvelles. Et même si au début, il avait été furieux qu'Akira lui dise la vérité, à présent, une bulle d'allégresse gonflait son cœur. Il ricana comme un gamin transi d'amour, qu'il avait sûrement été.

Pour le nouvel an, elle lui avait un peu parlé. Apparemment son voyage avançait bien, et elle avait confiance en les capacités de son élève, elle était persuadée qu'ils pouvaient rattraper son retard et avoir les 8 badges avant Avril. Si tel était le cas, un grand tournoi était organisé par l'école pour présenter ses meilleurs recrues, tout était filmé, retransmis, bref, la fête la plus importante de la bourgade à part noël.

Il ne doutait pas qu'Akira y parviendrait lui aussi avec sa petite « Samantha », ce bougre pouvait paresser pendant ses heures de boulot et récolter tout de même les félicitations. Il regrettait de ne pas pouvoir assister à ce tournoi, pour les soutenir, mais en même temps, revenir dans son village natal demeurait bien trop risqué.

Brusquement la sonnerie du téléphone le sortit de sa torpeur paresseuse, il se précipita pour décrocher et manqua de faire tomber toute la table de chevet.

La voix de son frère, Akira, résonna à l'autre bout du fil.
Il aurait du s'en douter, personne à part lui, ne pouvait chambouler à ce point son univers.

« Oui, que me vaut ton appelle, mon frangin préféré ? »

Peut-être que son timbre joyeux effraya son cadet, car il resta silencieux une seconde. Puis soudain, tout fier comme un feunard, il s'exclama :

« Des enfants me demandent conseil pour les aider dans une histoire d'amour tu le crois ça ! Je suis devenu le seul et unique prof en 'histoires d'amour' ».

Sans crier de gare, Shinobu éclata de rire, ce n'était ni poli, ni gentil, mais ce fut plus fort que lui.
Le premier couple qui se risquait à suivre ses conseils allait non pas vers le mariage, mais vers le divorce à coup sûr.

« Lily a eu la même réaction ! Vous êtes lourds à la fin ! Je suis déjà sorti avec des filles je peux conseiller des gamins ! » S'insurgea Akira, outré.

Là non plus Shinobu ne se contrôla pas, et cette fois la crise de rire fut si forte qui préféra s'allonger dos contre terre. Lily, la même réaction ? Probablement, et y-avait de quoi ! Se souvenant de son rôle d'aîné, et donc de médiateur, d'éducateur, il essaya de calmer ses hoquets et déclara le plus calmement possible –le résultat fut plus ou moins voyant- :

« Akira, peux-tu me dire le nombre de relations que tu as eu dans ta vie… ?
- Je sais pas y-en a trop…Balbutia Akira.
-Non Akira, embrasser une fille pour obtenir les devoirs du jour, ça ne compte pas ?
-Ca ne compte pas ?
-Non.
-Oh… »Souffla le brun peiné, heureusement il savait son frère dépourvu de tout orgueil, alors pour la remise en question de sa virilité…Shinobu n'était même pas sûre qu'il en soit pourvu, de cette valeur, question genre, pas de doute là-dessus.

« Alors ?
-Tu triches quand même.
-Akira, combien de filles t'ont dit je t'aime ou toi t'es-tu confessé ?
- Même pas les histoires d'un soir ça ne compte pas ?
-Non.
-Deux fois alors.
-Akira, m'avouer à moi que tu aimes Lily, ça ne compte pas non plus.
-Une fois alors…Ronchonna le concerné. »

Shinobu inspira profondément, essayant désespérément de ne pas craquer de nouveau, et il expliqua lentement, détachant chacune de ses syllabes :

« Akira, je vais t'avouer une chose très difficile crois-moi…Mais Quand tu m'as dit que tu étais amoureux de Lily, j'en ai parlé à Kain Lag…
-Tu as fait QUOI ?
-Et toi tu as dit que j'étais vivant à Lily, fin de la dispute. Bref, j'en ai parlé à Kain lag, et j'ai tout organisé pour votre rencontre sur le pont, lui il s'occupait de l'ambiance.
-Et alors, on s'est embrassé quand même…
-Kain vous a poussé l'un contre l'autre, souviens toi, tu t'es pété le nez parce que la deuxième fois il vous a poussé trop fort.
-Han.
-Tu vois ce que je veux dire ? »

Oui, oui très certainement, il voyait, et digérait. Shinobu ne se doutait pas qu'Akira se rendait compte qu'il avait imité une fois encore son mentor dans la précédente mission cupidon.

« Alors maintenant Akira, tu vas me faire le plaisir de dire à ces gosses que tu es pas capable de les aider.
-Mais…
-Akira…Gronda Shinobu.
-J'ai déjà eu une relation longue et elle a duré !!
-Akira tu venais me voir tout le temps pour des conseils, tu as claqué la porte au nez de Lily lors de votre premier bal parce que tu ne l'avais pas reconnue…
-hé tu dois avouer qu'on dirait pas elle en robe !
-Et dois-je te rappeler comment ta relation s'est terminée ? Oui Lily m'a racontée.
-Oh.
-Au revoir Akira à bientôt alors. »

Sur ce Shinobu raccrocha et aussitôt fait, il s'esclaffa sans se gêner.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Yoann grimaça, embêté. Il avait proposé un match à Sunny, mais juste dans le but de la détendre, de lui faire retrouver confiance en elle –si jamais elle en avait manqué un jour-. Il avait d'ailleurs eut l'intention de la laisser gagner.

Cependant le match avait été tellement entraînant, tellement difficile, qu'il s'était battu de toutes ses forces sans s'en rendre compte, et il avait triomphé.

Son Noadkoko, entouré d'une rune protect pour éviter de tomber K.O dans la minute, assomma l'Otaria de Sunny d'un bon lance-soleil.

L'éleveuse, les yeux écarquillés, n'en revenait pas. Il sentait bien qu'elle était furieuse, après tout, elle avait plus d'expérience, elle était plus grande sur tous les points de vues, alors elle ne pouvait qu'être furieuse. Il regretta d'avoir accepter ce défi et baissa la tête, penaud.

Pourtant, la jeune femme devant lui soupira, et déclara calmement :

-Je suppose que je suis une meilleure éleveuse ou shiney Hunter que dresseuse. Chacun ses points forts.

Et elle rappela l'otarie, épuisée, lui-même, l'imita, avant que le palmier de s'effondre de fatigue, la rune protect ayant cessé d'agir. La jeune femme trottina gentiment vers lui, et le félicita sans arrière pensée.

-Ce dernier mouvement, là que tu as fait ! Impressionnant, tu as pris exemple sur mes enchaînements tout du long…Et même sur celui involontaire qui m'a sauvée la vie lors de cette explosion.

Elle rumina pour elle-même, et répéta le mot « Impressionnant », plusieurs fois de suite, ce qui le fit rougir.

-Oui…j'ai été engagé par Twilight à la base, pour mon physique monsieur tout le monde et ma personnalité, aussi beaucoup pour mes capacités de médium…Mais Peter m'a dit aussi que je faisais parti des gens qui « copient » assez bien les techniques adverses.

Sunny le dévisagea, et il se crispa en détournant les yeux.

-Je suppose que c'est pas très glorieux de « copier ».
-Non, non pas du tout. Peu importe d'où viennent les techniques, du moment qu'elles marchent après tout ! C'est déjà hallucinant que tu parviennes à comprendre le fonctionnement d'un enchaînement et à le reproduire du premier coup.

Le petit médium ricana, touché, il n'avait guère l'habitude de recevoir des éloges, surtout d'une fille. Il nota tout de même avec amertume qu'elle n'avait pas nié la « banalité » de son physique, mais en même qu'espérait-il ? Elle lui avait bien montré hier, qu'elle ne ressentait pas d'attirance pour lui.

D'un autre côté, c'était peut être bien comme ça, il n'était même pas sûr lui-même de ce qu'il ressentait.

-Je te remercie de ne pas avoir fait appel à ton fantominus pendant le combat aussi. Murmura la jeune fille.
-De rien, j'ai bien compris que tu en avais peur. Je suppose que c'est pour la même raison inconnue que tu n'aimes pas Lavanville… ?
-Oui c'est plein de spectres là-bas, et je déteste ça. Maugréa la brune méchées.
-Ils ne sont pas tous méchants tu sais. D'ailleurs la plupart des Pokémons ne sont pas méchants, ils ne font qu'obéir aux ordres ou à leurs instincts. Ils n'ont pas conscience du bien et du mal pour certains.
-Oui, je suppose. Eluda Sunny. –Je suppose que c'est pour ça qu'il est si simple d'en faire des armes, ou de les haïr…

Yoann haussa des épaules.

-Effectivement, mais je trouve aussi que c'est une des raisons qui fait qu'on les aime. Ils sont totalement innocents et purs. Blâmer un Pokémon pour ses actes ; c'est comme gronder un nouveau-né qui aurait pleuré pour manger.

La comparaison amena un goût aigre dans la bouche de Sunny, mais elle ignora. Elle admira le gamin qui marchait à ses côtés. Elle ne pouvait pas le qualifier de drôle ou d'absent, bien au contraire, il se montrait sérieux. Il avait juste un côté naïf, du à son âge, et il se montrait profondément gentil. Il y avait quelques mois, elle l'aurait qualifié de nain, de bonne poire également. Elle l'aurait traité comme son frère l'avait traitée la veille.

Pourtant, elle pensait différemment aujourd'hui. Pourquoi ? Parce qu'elle avait appris à le connaître, tout simplement. Elle aimait bien leurs conversations engagées, elle aimait aussi sa manière de survoler les sujets douloureux, et elle aimait voir son regard la caresser, comme pour lui assurer qu'il se trouvait derrière, qu'il la protégeait de loin, de son mieux.

Elle regrettait un peu de ne pas l'avoir embrassé hier, mais elle ne pouvait nier que sur le coup, ça l'avait choquée. Avec l'insistance de son frère, elle n'avait pas osée s'imposer. Après tout, son aîné l'avait toujours protégée, elle pouvait se fier à son jugement. Elle le faisait d'ailleurs. Et puis, Yoann, était un excellent « ami ».

Elle leva la tête, et vit un dracaufeu noir survoler le terrain. Elle plaisanta doucement :

-Il ne faut pas avoir le vertige là-dessus.
-Tu sais, les phobies passent. Quand j'étais petit, j'avais peur du noir par exemple.

Elle sourit.

-Ennuyeux pour un médium ça.
-Très. Mais un jour…heu…En fait je me suis fait piégé par un spectre et j'ai été obligée de vivre quelques jours comme un fantôme dans les ténèbres.
-Et tu essayes de me faire croire que les spectres sont gentils là ?
-C'est très efficace, hein ?
-Non pas vraiment.

Et elle rigola légèrement. Quoi qu'elle fasse, c'était toujours de manière subtile, gracieuse. Cela l'étonnait davantage, plus il la côtoyait, plus il se surprenait.

-Allez, je veux bien…Essayer, je dis bien…Essayer…de vaincre ma peur des spectres. Mais tu restes près de moi. Lança simplement Sunny, appréhendant, regrettant déjà sa promesse.

Pourtant Yoann afficha un large sourire.

-Super ! Et si tu n'as plus peur, je t'emmènerai voir ma ville aussi !
-Hey doucement, ne mets pas les tauros avant la charrue…

Ils ricanèrent en concert de nouveau, et elle le contempla, content, enjoué, grâce à elle, grâce à une simple phrase de sa part. C'était étrange, elle, elle avait surtout fait du mal avec des mots. Elle avait toujours cru que les actes plus que les paroles blessaient. Elle avait été élevée ainsi. Si sa mère avait passé son temps à les critiquer, au lieu de les frapper, peut être aurait-ce été mieux. Peut être pire. Nul ne pouvait savoir cela.

Brusquement, une mélodie résonna sur le terrain. Yoann chercha la provenance du son, en vain. Il se concentra une seconde, et il demanda :

-Je suis pas fou, toi aussi tu entends « ce rêve bleu » de Disney ?

Sunny hocha de la tête.
Une illusion collective ? Il y avait pire comme trip.

Un peu plus loin, Akira se battait pour garder le moniteur allumé, celui-ci répétait en boucle la chanson, et le ramboum qu'il avait demandé à Kain Lag il y avait une heure, se chargeait de faire parvenir la musique jusqu'aux tourterreaux.

Samantha elle se battait pour l'arrêter.

-Enfin c'est ridicule ! Ca ne marchera jamais ! S'insurgeait-elle.
-Mais Siii enfin ! Mon professeur misait toujours tout sur l'ambiance, à tous ses cours on avait de la musique, et ça marchait vachement bien !
-Pour les couples ! Mais il enseignait quelle matière ?
-Heu….

Samantha profita de la colle qu'elle venait de lancer à Akira, pour lui reprendre et faire cesser le Plan K. Dépitée, elle posa la radio à terre et croisa les bras, mais à nouveau, le bruit de moteur congelé se fit entendre. Rien que dalle, nada.

-Je remets la musique alors ?
-Ca ne marche pas !
-Mais si ! Allez, tu ne fais pas attention, on change et on met le roi Luxray, tu vas voir ! Tout est dans l'ambiance ! Se borna Akira.

Lucas et Cristal rirent dans leurs coins, et Shagi inspecta le souk, atterré, mais diverti. Cependant le plus amusant restait Gold, qui les écouteurs sur les oreilles, était en plein dans la mélodie « Embrasse-la ».

Silver s'immisça dans la conversation, et expliqua objectivement :

-Quand bien même ça marcherait d'un côté, rien ne dit que cela se produira de l'autre. Au mieux, il y en a un qui va se prendre un gros râteau, c'est tout. Gold tu écoutes ta musiques trop fort je l'entends d'ici.
-Hun ? oui oui, je suis d'accord avec toi Silver. Murmura le brun qui visiblement était perdu dans ses pensées, les yeux rivés sur les lèvres du rouquin.
-Hein ? De quoi ?
Le brun hocha la tête.

Exaspéré Silver lui retira son casque. Gold vira au carmin, se rendant compte qu'il s'était égaré au milieu de la conversation. Il devait reconnaitre, que la technique D'Akira marchait excessivement bien, on pouvait se faire de ces films avec des musiques de comédies musicales…Mais ça hors de question de le reconnaitre.

Blake se tordait de rire dans son coin, il était venu pour « admirer le spectacle » pour le citer, et jusqu'à présent, il fallait croire qu'ils jouaient une comédie plutôt qu'une romance.

A bout, Samantha explosa à la suite d'un énième commentaire d'Akira à savoir « Mais j'ai déjà donné à Eléa des paillettes à balancer sur eux d'en haut… ». Cette remarque fut suivi d'un son strident. Une bombe s'écrasa au sol à quelques centimètres d'eux, et Samantha sut qu'elle aurait besoin d'un shampoing sans même se regarder. La voix d'Eléa leur parvint du pokématos oméga :

« Désolée, mal visé, Régis me gênait il trouvait que c'était trop lourd pour moi toute seule…
-La preuve tu as mal visé.
-Non j'ai mal visé parce que tu essayais de me prendre la bombe des mains »

Et voilà la coupe était pleine ! Entre ses cheveux qui rougeoyaient carrément et, elle en était certaine, pouvaient maintenant briller dans la nuit, et ceux là qui se disputaient sur le dos d'Ash…

-VOUS ETES VIRE !

Akira parut réellement choqué à la suite de cette révélation, et il alla bouder dans un coin. Blake en pleurait de rire plus loin, elle pria pour qu'il s'étrangle sur le champ. Voilà, maintenant il lui fallait un autre « prof en histoire d'amour ». En désespoir de cause elle chercher elle-même un plan, mais encore une fois ce fut la panne sèche.

Elle observa Lucas et cristal, qui parlaient depuis une bonne heure. Au moins tout n'était pas perdu, pourvu qu'ils parlent d'amour, c'était tout ce qu'elle demandait.

-Alors, tes parents sont juristes ? C'est pour ça qu'ils ne veulent pas divorcer ? l'interrogea La cadette Heart, réellement intéressée.
- Oui, je crois bien, en fait ils sont beaucoup trop coincé, et vieux jeu pour ça. Le bien le mal, c'est leur gagne pain, c'est pire qu'une secte, vivre avec eux !
-Bah dis-donc. C'est pour ça donc que tu connais si bien Daniel.
-Oui j'ai grandi et été élevé chez lui on va dire.
-Mais tu n'es pas en couple avec lui. Récapitula Cristal, grave.
-Noon ! S'offusqua Lucas.

Mais son regard se perdit un instant, et il observa le ciel où voletaient hasardeusement Ash, transportant Régis et Eléanore. Cristal attrapa un pan de sa veste, comme pour l'empêcher de s'envoler vers d'autres univers.

-Bah tu sais, je me suis jamais senti à ma place, chez moi, j'ai même cherché à savoir si j'étais adopté. Mais pas de bol, j'ai bien leurs gênes. La famille de Daniel me semblait si parfaite, heureuse…j'en rêvais moi, d'avoir une famille pareille. D'ailleurs j'en rêve toujours…J'ai abandonné l'idée gamine d'être un jour le héros du monde, mais je veux avoir une place dans la société, importante, qu'on me respecte. Que je sois fier de moi un jour, tu comprends ?

Cristal sourit, émue.

-Bien sûr. Mais tu sais, tu peux déjà être fier de toi, si j'ai bien compris, tes parents le sont, non ?

Lucas sembla pensif, et il sourit en retour.

-Moi, j'espère être médecin Pokémon. Pas une infirmière Joëlle sédentaire, non, j'veux parcourir les terres de Jotho et guérir tous les Pokémons sur mon chemin. J'aimerai aussi pouvoir empêcher la maltraitance, et donc les Team, pour qu'il n'y ait plus de victime. Avec un peu de chance en étudiant les Pokémons, je parviendrais à aider un peu la médecine humaine. Je sais que je suis pas assez maligne pour inventer un remède miracle, mais je suis persuadée que c'est d'abord en aidant les Pokémons, qu'on parviendra un jour à aider les humains.
-C'est logique, les Pokémons étaient là avant nous, et ils sont les créatures de la natures, ils sont plus proches de la terre que nous ne le serons jamais. Argumenta Lucas.
-Oui, c'est pour ça que les phénomènes météorologiques m'inquiètent, c'est sûrement l'œuvre des Pokémons, pour une raison que l'on ignore, tout ce dérègle.
-Bah, nous sommes membre de twilight, donc on peut faire quelque chose maintenant, pour régler ça !
-Oui, exactement. S'enthousiasma Cristal, ravie.

Lucas se gratta la nuque, puis après une hésitation, il tendit la main à la jeune fille et déclara :

-Finalement, tu es assez sympa comme amie. Ensemble, on réalisera nos rêves alors ?

Cristal ne se fit pas prier elle répondit à l'appel et enchaîna :

-Bien entendu ! Tu seras un grand stratège, moi un grand médecin, et ensemble avec Twiligth on empêchera cette catastrophe. Louka.

Le brun cilla, puis il rigola de bon cœur.

Samantha à quelques mètres menaçaient de les tuer.

Eléanore elle aussi, sur le dos d'Ash, menaçait d'étriper Régis. Déjà il avait à peine voulue qu'elle sorte, et maintenant il l'accompagnait sur sa balade volante avec Ash. Allez savoir pourquoi en plus, son starter voulait bien de lui alors qu'il cramait Daniel dès qu'il s'approchait ! Vraiment…

-Eléanore…

La gamine plissa les yeux. Elle préférait qu'on la nomme Eléa, comme le faisait sans cesse Daniel.

-Oui ? Lança-t-elle.

Régis allait dire quelque chose, puis croisant le regard innocent, candide de la dresseuse, il se rétracta. Il passa ses bras autour de sa taille, et murmura :

-Ne grandit pas trop vite.

La gamine sursauta, puis sourit, touchée. Elle le laissa savourer cette étreinte encore quelques secondes, puis elle s'exclama :

-Bon je balance le gui !

Un carton entier de plante passa par-dessus bord. Malheureusement Ash vit rouge et brûla la moindre branche dans son cillage, résultat, il plut des cendres sur Sunny et Yoann qui commencèrent vraiment à paniquer. Enfin, le médium en tout cas, il tourna en rond quelques secondes en hurlant à l'apocalypse avant de se prendre une tarte en pleine poire, de la part de la jeune femme.

Eléanore croisa les bras, sentant les bras de Régis sans pour autant être entièrement groguie, réconfortée. Ah que l'amour c'était compliqué, tellement plus que des maths, vraiment pourquoi leur apprenaient-ils des matières si inutiles et passaient à côté de ça ?

Un peu plus loin, leur sauveur se révéla enfin.

Makanie dans toute sa splendeur, ou plutôt, dans toute sa fureur. Oui, car elle était furieuse.
Elle et Aaron avaient trouvé un jardin luxuriant, digne de rêves sous les tropiques, avec le champ de fleurs, les roses, les papillusions. L'ambiance romantique idéale en sommes.

Elle s'était alors posée sur le parterre de fleurs, et prenant sur elle pour oser dire un truc aussi cucul, elle avait murmuré :

« C'est magnifique tu ne trouves pas Aaron, tout est magnifique quand tu es auprès de moi. »

Et elle s'était retournée pour le voir cajoler un Aspicot. Pas elle, un ASPICOT !

De rage elle avait écrabouillé ces fleurs qui ne lui servaient à rien. Ca puait, ca refilait des allergies, ca grouillait d'insectes et en plus, ça ne servait à rien. Foutues fleurs !

Elle était partie aussitôt, Aaron risquait d'être bien surpris une fois redescendu sur terre. Mais tant pis, si elle restait avec lui dans cet état, sa couverture de petite fille faible et fragile volait en éclat, et Arcéus savait comme les hommes aimaient ce genre de nana fades et insupportables. Elle refusait de perdre Aaron, si adorable, pour une histoire de caractère, ça non !

Ses pas la guidèrent vers le groupe d'entremetteurs ratés, en pleine élection pour le nouveau prof/chef de l'unité. Elle écouta distraitement les nouvelles pour se mettre d'actualité, et comprit vaguement le sujet, sans plus attendre, elle se tourna vers Shagi et déclara :

-Pourquoi tu les aides pas, Don Juan d'Irisia ?

La rousse se cura gracieusement l'oreille et siffla, avec l'élégance d'un rattata face aux regards interrogateurs des gamins. Bientôt ils firent volte-face vers Shagi, impassible.

-Mais…mais tu as eu combien de copines, de vraies, balbutia Akira.

Shagi haussa des épaules et indifférent il lança :

-Chais pas, une vingtaine ? Toutes les filles de mon âge d'irisia me connaissent en tout cas, ainsi que tous les touristes réguliers.

Samantha le contempla avec des étoiles dans les yeux, et murmura :

-Je me fiche de ton secret, de ta technique, Je te pardonne de ne pas t'être proposé plus tôt si tu vas l'aider là, tout de suite, maintenant ! S'exclama-t-elle en pointant du doigt Yoann.

Shagi occulta la parti ' je te donne l'absolution' et leva le bras, amusé.

Il se dirigea d'un pas ferme vers Yoann et planta devant lui. Le petit médium, méfiant, recula, prêt à se défendre s'il le fallait. Mais au lieu de ça, Shagi se pencha vers lui et lui souffla au creux de l'oreille :

-Avec les filles, il suffit de dire ce qu'elles veulent entendre. Quand elles croisent les bras, c'est que tu es sur la mauvaise piste, quand elles se grattent l'oreille soit qu'elles mentent, quand elles ne te regardent pas c'est qu'elles sont ailleurs. Maintenant démerde-toi avec tes mensonges.

Et sur ce il se retira, tel le prinde d'Arabie, ou plutôt d'Irisia. Il avait accompli sa B.A du jour, ça lui suffisait.
Yoann mit quelques minutes à intégrer le conseil, et à comprendre son but, puis brusquement, il se retourna et hurla désemparé :

-Mais comment je sais qu'elle croise des bras ? Elle en a qu'un !!

Cette fois Blake ne put pas se retenir, il se plia en deux. Décidément, cela valait le coup. Jamais ce petit ne serait capable d'être avec sa sœur, c'était certain. Mais bon sang, il avait bien rigolé, pour ça, il méritait son respect, en tant que nabot, mais son respect quand même.

Au final, exaspérés, vidés, épuisés, au bord de la crise nerfs, les entremetteurs retournèrent dans leurs chalets respectifs, contrôlant mal leurs rires nerveux. Samantha au début, si elle vécut cela comme un échec cuisant, en voyant la bonne humeur –un peu tendue certes mais présente- qu'elle avait engendrée dans sa mission, ne put que s'en réjouir.

Ils finirent l'après midi à jouer dans le chalet avec les Pokémons, loisir, beaucoup, beaucoup plus reposant.

Eléanore, assise sur le fauteuil, avec Régis, caressant ses Pokémons d'une main, soupira. Et elle comprit.

Il n'y avait pas de professeur en histoire d'amour, parce que chaque être devant elle était différent.

D'ailleurs Lucas, dans un de ses sketches, attrapa les mains de Sam et lança à tout va –à la suite de elle ne savait quel compliment sur ses Pokémon- :

-Marions-nous et ayons des enfants Sam chérie !

Le tout agrémenté de pétales de roses.

Pourtant quand Sam tout sourire lui répliqua immédiatement :

-D'accord !

Il fit un bond impressionnant, et bientôt Silver, Gold été Akira le chopèrent pour un interrogatoire dans les règles, sous les rires de Cristal, plus du tout jalouse.

Eléa pencha la tête, analysant davantage encore.

Oui, Christopher et Angèle partageaient une relation étrange, qu'eux seuls pouvaient avoir. Lucas oscillait entre l'amour feint et véritable continuellement, Samantha s'occupait plus des autres pour ne pas voir ses propres sentiments…

Il n'y avait pas de prof, parce que chaque histoire était unique.

Elle soupira d'aise, rassurée, et flatta le cou d'Ash.

Il suffisait juste de s'accrocher, après tout.

Peut-être qu'un jour Lucas finirait avec Sam ? Ou plutôt avec Cristal ?
Elle avec Régis ou Daniel, s'il surmontait son problème.
Gold aimait peut être Silver, ou en fait penchait plutôt pour Sam…
Elle pouvait se tromper, ils pouvaient tous se tromper.

Personne ne savait vraiment ce que donnait une relation naissante. Et c'était peut être cette incertitude qu'on appréciait, qui nous tentait au début, le jeu du quitte ou double. Elle posa la tête contre le dossier du
Canapé et inspira difficilement, avant de se décider.

Pas besoin d'enseignant, elle allait apprendre elle-même, chaque expérience, elle la mènerait à sa manière, elle avait trop peu de temps pour le perdre ainsi en écoutant les conseils d'un inconnu. C'était bien plus amusant de le vivre soit-même, même si parfois cela menaçait de faire mal.

Elle avait connu pire.

On toqua timidement à la porte. Peter et Marion entrèrent dans le chalet en s'excusant et ne s'attardèrent pas sur les formules de politesses :

-Régis, Sacha veut te parler, Marion va t'accompagner jusqu'à la salle de communication, ça a l'air grave. J'espère qu'il a bien eut tous nos messages et est à jour sur l'activité de l'organisation, tu lui demanderas ?

Le savant se leva, il abandonna la main d'Eléanore et s'engouffra à l'extérieur, suivit de la cousine de Lucas, l'air inquiet. Peter se tourna ensuite vers Eléa, et il souffla :

-Si tu as le temps, maintenant, je peux t'emmener voir quelqu'un qui t'aidera à contrôler tes pouvoirs.

Eléa se redressa difficilement, fit un signe d'au revoir pour rassurer ses camarades et suivit sans un mot Peter. Celui-ci lui intima de rentrer ses Pokémons dans ses pokéballs et la guida, un bras protecteur dans son dos, vers la grotte derrière la cascade.

Une fine pluie commençait à tomber.

Eléa, avant de s'engouffrer dans un passage sombre, remarqua deux silhouettes cachées sous un parapet, espionnées par une autre, un peu plus loin.

Sunny et Yoann, avec comme surveillant, Blake, qui en continuant ainsi, allait attraper la mort.

Le jeune médium sourit, à l'abri de l'averse, à la lueur d'une lumière tamisée, grésillante, il se tenait sur un banc public, avec la jeune femme infirme à ses côtés. Ils peuplaient le silence de quelques mots depuis déjà plusieurs minutes quand il se décida enfin à demander ce qui lui trottait dans la tête depuis le matin :

-Pourquoi as-tu réellement envoyé le garçon là…Daniel, loin ?
-Comment ça ? S'étonna Sunny.
-Je commence à te connaitre un peu, ce n'est pas Jotho qui t'impressionne, et tu n'es pas du genre à abandonner l'apprentissage d'un élève sans bonne raison, non ?

La jeune femme s'étonna, de sa franchise, comme de sa perspicacité, et elle lança :

-Tu as raison. En fait, j'ai pensé que ce gamin avait besoin de soins particuliers. Il semblait effrayé par l'idée même de côtoyer son père, et c'est pour ça que je l'ai envoyé là-bas.
-C'est méchant et sadique ça. Riposta Yoann.
-Non pas vraiment répliqua Sunny ; j'ai lu clair en lui. Quand on m'a expliqué la vraie nature de son problème, tout est devenu clair. Et bizarrement je me suis sentie proche de lui.
-Comment ça ?
-Et bien…Quand mes parents sont morts, tout le monde pleurait dans la rues, ils priaient pour qu'ils s'en sortent vivants…Mais moi, je me répétais, intérieurement « Crevez là-dedans ! Crevez là-dedans ! ». J'avais un grand sourire, et je crois que tous les voisins ont compris la vérité derrière l'incendie qui a coûté la vie à mes parents.

Yoann ne bougea pas, elle lui avait déjà raconté brièvement ce qui s'était passé, ce jour là, et même si au début il avait été choqué, il savait qu'elle le paierait un jour ou l'autre, dans cette vie ou dans la suivante. Rien, ni même l'envie, ne le poussait à la blâmer pour cela.

-Quand j'ai été placée dans une famille d'accueil, j'ai appris plusieurs choses, dont la morale. Et là j'ai compris, j'ai compris que c'était mal. Mes pensées ce jour-là, mes actes. Et j'ai eu peur de moi, de moi-même, j'ai cru que j'allais devenir un monstre comme ma mère.

Elle caressa son moignon et acheva dans un souffle :

-J'ai bien que Daniel craignait cette part de lui. Même s'il ne s'en rend peut être pas compte, et pour surmonter cette épreuve, il se doit de faire face à ce qui l'inspire, et il avait besoin de l'aide de sa famille, ou tout du moins de quelqu'un qui connaissait cette épreuve. Pour moi, ça a été mon frère, pour lui, ce sera son père. Et je suis certaine que ça s'arrangera comme ça, naturellement.

Yoann resta silencieux, grave, ingérant cette théorie, et l'approuvant tant bien que mal. Puis, sévèrement, il pris Sunny par le poignet et lança :

-Puisque tu as fait subir ça à ton élève, toi aussi, tu dois montrer l'exemple et surmonter ta peur des spectres !

La brune écarquilla des yeux et retint un frisson, blême.

-Quoi maintenant ? Bredouilla-t-elle.

Yoann opina du chef et Fantominus sortit de sa capsule. Sunny retint un cri, et Blake manqua de sortir de sa cachette et de se ruer à son secours. Pourtant, alors que la jeune dresseuse, recroquevillée, pliée en deux, grelottait refusait d'avoir ne serait-ce qu'un contact visuel avec l'ectoplasme, Yoann lui saisit la main.
Doucement, presque tendrement, il guida le membre vers le spectre.

Sunny, entre les échos de sa propre terreur, perçut alors un rire clair, et elle leva les yeux, pour croiser le regard bienveillant du petit médium, celui-ci lui sourit innocemment et déclara :

-Voilà, tu touches un fantominus là !

L'éleveuse fit un bond et tourna les talons, pour contempler ses doigts osciller vaguement dans l'air gazeux qui entourait le fantôme, et celui-ci ricaner, comme victime de chatouillis. Elle recula, apeuré, mais Yoann la bloqua, et dans un murmure, il balbutia :
-Tu vois, c'était pas si terrible.

Elle bougea légèrement le poignet et fantominus lui lécha le dos de la paume, elle poussa une exclamation, sentant ses cheveux se raidir et un frisson la raidir. Mais Yoann passa son bras autour de taille au moment où ses jambes se dérobaient sous elle. Elle se retrouva à peu près à la même taille que lui, confuse.

Et alors, comme un abcès qu'on crève, un rire clair, léger, s'éleva. Yoann la dévisagea, une seconde, puis l'imita, balbutiant :

-Mais y-a rien de drôle enfin !
-je sais, hoquetait Sunny, je suis même terrifiée là…Mais je sais pas…J'arrive pas à arrêter de rigoler.
-C'est malin moi non plus. Bredouilla le garçon.
-Tu verrais ta tête… !
-Et toi la tienne !

Blake au loin, sentit son cœur se serrer. Lui malgré tous ses efforts, il n'avait pas guéri Sunny de sa phobie, il n'avait même pas essayé, il avait laissé son ectoplasma dans une pension pour leur éviter de se croiser, simplement. Et lui, ce petit nain, il parvenait à la faire rire, à lui faire plaisir…

L'aîné se redressa, et tourna le dos au couple, et non sans jeter un dernier coup d'œil à sa sœur, il se retira, lui souhaitant tout le bonheur du monde. C'était tout ce à quoi ils aspiraient, elle comme lui, enfin un peu de tendresse dans ce monde. Sa sœur avait déniché son soleil, à lui de traquer le sien.

Alors que la silhouette diffuse se noyait sous un rideau de pluie, Sunny, encore secouées par les spasmes du rire, avoua, un peu rouge :

-Je suis désolée de ne pas t'avoir embrassé Hier.
-C'est pas grave, c'est vrai ça aurait été comique, avec notre différence de taille ! Ajouta Yoann sans rancœur.

Et ils rirent encore davantage. Même si en cet instant, la différence de taille, la différence d'âge, de profession de classe sociale, tout cela ils s'en fichaient pas mal, ils ne pensaient qu'à une chose. Mais ils n'osèrent pas l'un comme l'autre et préférèrent savourer ce fou rire, cette accalmie, ce rayon de soleil en pleine tempête.

C'était mieux comme ça.

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Eléanore commençait sérieusement à douter, le chemin sous ses pieds glissait de plus en plus, et depuis qu'ils avaient dépassé la cascade, elle ne voyait presque plus rien. Peter avait beau la tenir en équilibre, la rattraper dès qu'elle faiblissait, lui proposant de ralentir si elle le désirait, cela ne calmait pas son anxiété.

Miyu avec elle, montrait les mêmes signes. La roche de la grotte, les parois se couvrirent peu à peu d'une sorte de coque translucide et réfléchissante, une chanson, au début un faible écho, parvint de plus distinctement à elle. Une mélopée envoûtante, magnifique, semblant venir de la nature elle-même, et de ce fait aussi terrifiante qu'elle.

Elle se demanda une brève seconde ce que voulait Sacha à Régis –elle ne pouvait pas deviner que celui-ci ignorait les décisions prises à son égard par Twilight et voulait juste transmettre le deuil. Elle s'inquiéta aussi pour Daniel, ne sachant pas s'il tenait le coup avec son père et son petit frère, de plus en plus protecteur à son égard. Elle ignorait même pourquoi ces préoccupations lui revenaient à cet instant.

-Cet endroit est le vestige d'un très ancien temple. Expliqua simplement Peter.

Elle fit un pas de plus, et en même temps que la mélodie assaillit ses oreilles, elle sentit chaque parcelle de son être se figer l'espace d'une émotion. Elle lança une œillade à Miyu, qui confirma cette drôle de sensation.

« Nous sommes dans un endroit étrange. » Condéda-t-il, méfiant. « Comme si…Comme si le temps n'avait plus d'emprise sur nous. » Analysa-t-il après un effort pénible.

Cependant Peter ne paraissait pas s'en rendre compte, et comme à l'abri des oreilles indiscrètes, il expliqua calmement :

-Tu vas rencontrer la véritable personne qui est à l'origine de Twilight. Je l'ai rencontrée quand je voyageais à la recherche de mon demi-frère, il y a presque six ans maintenant, elle flottait dans la mer. Morte.

Eléanore arqua un sourcil, ne saisissant pas ses propos, comment une personne décédée pouvait gérer une organisation aujourd'hui ? La réponse ne tarda pas, et son souffle se coupa de stupéfaction :

-J'ai voulu ramasser le corps, et je me suis rendue compte alors que quelque chose d'anormal se produisait. Cette femme devenait une Ginjinka sous mes yeux. Elle m'a alors raconté son histoire tragique, m'a montré ce lieu secret et sacré pour la cacher.

Il tendit la main vers le nuage de ténèbres devant lui, et théâtralement, il déclara :

-Je te présente Salomée Guardian, la créatrice de Twilight.

Une ombre se mut dans les ténèbres. Bien qu'il fasse sombre, Eléa plissa les yeux pour la discerner, et peu à peu, sa silhouette brisée, autrefois svelte se dessina devant elle. D'un pas faible, témoignant pourtant d'une ancienne grâce, prestance royale, l'inconnue s'approcha. Son visage juvénile, voire un peu trop, était à moitié caché par une mèche de cheveux violacée, luisante, douce. Vêtue d'une simple robe d'hiver, avec un collier doré très serré autour de son cou, elle apparut comme une créature frêle et fragile, capable d'être balayée par le moindre coup de vent.

Et pourtant, ses yeux, ses yeux brillaient d'un éclat, d'une rage de vaincre terrifiante. Toute son anatomie s'en trouvait transformée, en un simple regard, Eléanore sut. Cette femme avait vu, vécu les pires horreurs, elle avait perdu la lutte, et aujourd'hui elle ne se relevait sur ses jambes brisées, elle ne faisait mouvoir son corps que par la seule force de sa volonté.

Ses prunelles bleues, aux reflets argentés, luisaient d'une détermination sans borne.