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» Auteur : Silver_lugia - Voir le profil
» Créé le 07/02/2010 à 11:53
» Dernière mise à jour le 20/02/2011 à 21:25

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Présence de poké-humains   Présence de transformations ou de change

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3 - Inquiétudes
Le soleil levant chatouillait les paupières de l'hybride depuis un bon moment lorsque Nalya consentit enfin à les ouvrir. Il devait être très tôt. Nalya se redressa sans faire de bruit et observa autour d'elle. Une main sur le cou, l'autre dépassant du matelas, Laetitia dormait encore. La douce lueur du soleil levant baignait la pièce de jaune pâle. Il devait être très tôt. Margareth Hill ne se réveillerait sûrement pas avant au moins une heure ou deux. Nalya resta assise un moment sur son matelas, calculant son coup. Oui : elle pourrait utiliser la salle de bain. La salle de bain de Margareth Hill était accessible à Nalya, mais l'hybride devait veiller à ne pas gêner sa propriétaire lorsqu'elle l'utilisait. Aussi préférait-elle y aller au petit matin, lorsque sa maîtresse dormait encore. Le moment semblait idéal. Aussi discrète que possible, Nalya se redressa et se mit en quête de sa robe rose, avant de se souvenir qu'elle avait maintenant une armoire, et qu'elle y avait rangé ses affaires la veille. Les matelas au sol gênaient l'ouverture des placards, mais Nalya parvint à entrouvrir la porte du sien suffisamment pour y glisser le bras. À tâtons, elle chercha quelque chose dont le relief s'apparentait à celui de sa robe. Lorsqu'elle pensa l'avoir trouvée, elle l'empoigna, sortit le bras du placard et observa sa prise : c'était sa robe bleue. Tant pis pour la rose, l'hybride n'avait pas envie de recommencer juste pour la couleur d'une robe. Elle réitéra cependant l'opération pour trouver sa brosse, tâche beaucoup plus aisée. Elle referma l'armoire et sortit de la chambre.

Les murs de la salle de bain étaient recouverts de carrelage couleur chair, agrémenté de motifs représentant des coquillages. Un carrelage différent, neutre, tapissait le sol de la pièce. Nalya se déshabilla et prit une douche. Lorsqu'elle eut fini, elle s'essuya, mais sa queue et ses oreilles restaient trempées. Son instinct lui commandait de s'ébrouer, comme le faisaient les pokémons à fourrure. Mais cela aurait projeté des gouttelettes sur les murs et meubles de la salle de bain, et Margareth Hill n'aurait pas apprécié. Aussi les sécha-t-elle du mieux qu'elle put, laissant à la chaleur de la saison le soin de s'occuper du reste. Elle enfila sa robe bleue et brossa ses fins cheveux, dont elle fit une natte ; il valait mieux avoir les cheveux attachés quand on travaillait, surtout par cette chaleur. Sa queue et ses oreilles étaient toujours humides. Nalya sortit de la pièce et colla son oreille à la porte de la chambre de Margareth Hill. Celle-ci ronflait bruyamment, et ne se réveillerait sans doute pas avant un moment.

Nalya sortit de la maison et alla s'asseoir sur une pierre, dans le jardin. Là, sa fourrure sécherait plus vite. En effet, le soleil eut bientôt raison de l'eau qui stagnait entre ses poils, et sa fourrure fut bientôt complètement sèche. Il était encore tôt et, même s'il faisait déjà chaud, la température était supportable. Une brise délicate vint apporter un peu de fraîcheur au visage de l'hybride. Pendant un instant, Nalya oublia presque qu'elle était une esclave. Le matin était son moment préféré, dans la journée. L'odieuse Margareth Hill avait pour habitude de se lever tard. Et, tant qu'elle dormait, elle ne pouvait rien ordonner à Nalya. L'hybride était presque libre.
La chaleur commença à se faire pesante, et un début de mal de crâne vint germer chez Nalya. L'hybride préféra rentrer. La fraîcheur de la maison lui fit aussitôt le plus grand bien. Elle observa la pendule dans le salon : huit heures et demie. Margareth Hill se réveillait en général vers neuf heures. Personne n'avait jamais jugé utile d'apprendre à lire l'heure à Nalya. Après tout, ce n'était qu'une hybride. Une esclave parmi tant d'autres. L'hybride avait donc appris seule à lire l'heure. Elle tirait des conclusions de la position des aiguilles lorsque, pour une raison ou pour une autre, sa maîtresse énonçait l'heure à voix haute. Il lui avait fallu du temps, mais les aiguilles de la pendule n'avaient désormais plus aucun secret pour Nalya. L'hybride fouinette alla réveiller sa congénère. Il valait mieux que Margareth Hill ne la trouve pas en train de dormir. Nalya ne la trouva pas non plus ainsi. Laetitia était à genoux sur son matelas, le visage dans les mains. Son corps était parcouru de soubresauts, et des petits cris s'échappaient de sa bouche. Elle retira ses mains de son visage, et Nalya put voir que ses yeux étaient pleins de larmes. En apercevant l'hybride fouinette, elle essuya du doigt une larme qui roulait sur sa joue.

« Ah, c'est toi ! lança-t-elle comme si de rien n'était.
- Ça ne va pas ? s'inquiéta Nalya ?
- Si, si. Tout va bien... » murmura Laetitia.

Nalya n'insista pas.

« J'étais venue te réveiller, expliqua-t-elle. Madame Hill ne va pas tarder à réclamer son petit-déjeuner, et elle a horreur d'attendre.
- D'accord. J'arrive ! »


« Nalya ! Va me faire des courses ! » ordonna Margareth Hill.

Il était dix heures du matin, et la vieille femme sirotait du thé préparé par Laetitia dans l'un des grands fauteuils verts qui remplissaient le salon.

« Laetitia peut venir ? demanda timidement l'hybride fouinette.
- Laetitia ? C'est son nom ? questionna Margareth Hill d'un air désintéressé, désignant Laetitia d'un vague geste de la main.
- Ou... Oui Madame, répondit celle-ci.
- Eh bien, soit, qu'elle vienne ! soupira la maîtresse. Vous en profiterez pour lui trouver des vêtements, elle n'est vraiment pas présentable. »

Nalya sortit de la demeure de Margareth Hill, suivie de Laetitia, après avoir pris le porte-monnaie tendu par la vieille femme. Dehors, il faisait déjà très chaud. Les hybrides durent plisser les yeux à leur entrée dans la lumière. Sans un mot, elles arpentèrent les rues de la ville, trouvant refuge dans la moindre parcelle d'ombre qui se trouvait sur leur chemin. Enfin, le supermarché fut à portée de vue. C'était un grand bâtiment blanc et vert, dont l'ombre s'étendait sur le parking. Quelques calèches, pousse-pousses, chaises à porteurs et autres moyens de transport y étaient stationnés, mais l'endroit semblait néanmoins assez peu fréquenté. Les deux hybrides hâtèrent le pas, impatientes de mettre enfin les pieds dans le grand bâtiment climatisé.

« Tu es déjà allée dans un supermarché ? demanda Nalya.
- Non, jamais, répondit sa congénère.
- Tu vas voir, c'est un bel endroit, rempli d'objets de toutes sortes ! J'aime beaucoup quand Madame Hill m'envoie faire les courses, c'est l'une des rares occasions où je peux me libérer d'elle. C'est pour ça que je voulais que tu viennes.
- Ah... Merci. »

Les deux hybrides passèrent sur le parking ombragé avant de s'introduire, enfin, dans le supermarché. L'air conditionné leur fit aussitôt un bien fou. Nalya, liste de courses en main, s'aventura dans les rayons alimentation, suivie par Laetitia, qui semblait tout dévorer du regard. Il était vrai que, pour quelqu'un qui n'avait pas mangé depuis la veille au soir, marcher au milieu de brioches fourrées et de petits biscuits secs devait être assez alléchant. Nalya, qui s'aventurait dans ces rayons depuis six ans, avait appris à ne plus saliver devant des délices qui n'atterriraient jamais sur ses papilles.

« N'oublie pas que nous sommes des hybrides, Laetitia, rappela-t-elle à l'hybride posipi. Des esclaves. Les esclaves ne mangent pas toutes ces choses. »

Laetitia acquiesça, mais son regard continuait de traduire une irrépressible envie de sucre, de chocolat et de brioches.

« Bah ! songea Nalya. Elle finira par s'en lasser. »

L'hybride remplissait son panier - qu'elle avait pris à l'accueil - des divers aliments dont le nom figurait sur la liste de Margareth Hill. Puis elle conduisit Laetitia au rayon des vêtements. Celle-ci portait toujours la robe trop courte et crasseuse dont on l'avait vêtue à l'hybriderie, et n'avait toujours pas de chaussures. Les deux hybrides passèrent devant des robes splendides, aux couleurs chatoyantes et faites de tissus soyeux. Mais ces robes étaient réservées aux humaines. Un peu plus loin, un tas de vêtements sales, usés, qui semblaient avoir déjà été portés, se trouvait sous l'inscription "Vêtements pour hybrides".

« Choisis-toi quelques robes, mais pas trop. Madame Hill ne m'a pas donné beaucoup d'argent, expliqua Nalya.
- Je ne peux pas plutôt porter un pantalon avec un T-shirt ?
- Non. Madame Hill exige que nous portions des robes. »

Déçue, Laetitia entreprit de fouiller le tas de vêtements. Elle finit par trouver deux robes à sa taille et à son goût, en assez bon état. L'une était rouge à carreaux noirs, l'autre jaune pâle et unie. À côté du tas de vêtements étaient éparpillées quelques chaussures. Laetitia réussit à trouver une paire. Elle était un peu trop grande pour elle et le faisait marcher un peu gauchement.

« Les miennes sont trop petites pour moi, mais elles semblaient t'aller hier. Si tu veux, on échange ! » proposa Nalya.

Ce qu'elles firent. Les chaussures de Laetitia lui seyaient parfaitement, tout comme ses propres chaussures allaient à Laetitia. Enfin ! Enfin, Nalya n'aurait plus à souffrir au moindre de ses pas ! D'abord la grande chambre, puis les chaussures... Nalya commençait à bénir la présence de Laetitia dans la demeure de Margareth Hill.
Les hybrides se dirigèrent vers la caisse, où elles payèrent leurs achats. La caissière était une hybride, elle aussi. Ses cheveux rouges formaient deux mèches qui lui retombaient sur les épaules, encadrant d'abord son visage et ses yeux en amande. Des sortes d'antennes de la même couleur se dressaient au sommet de sa tête. Sa queue était longue et recouverte d'écailles bleues. Son extrémité avait la forme d'un éventail. L'hybride milobellus était vraiment très jolie. Quel dommage qu'elle soit forcée de travailler dans un magasin ! Si elle avait été une humaine, elle aurait sans doute été mannequin ou top-modèle.

« Bonjour, Nalya ! lança-t-elle à l'hybride fouinette.
- Bonjour Turquoise ! » répondit amicalement celle-ci.

Les deux adolescentes se connaissaient bien. Turquoise était de quatre ans l'aînée de Nalya, mais tous les hybrides semblaient avoir le même âge. Quand Nalya faisait ses courses, elle allait toujours à la caisse de Turquoise, même s'il y avait du monde. Lorsqu'elles s'étaient rencontrées, Turquoise était une hybride Barpau et était un véritable laideron. À présent, c'était une magnifique jeune femme.

« Qui est cette fille avec toi ? questionna Turquoise en désignant Laetitia.
- C'est Laetitia. Madame Hill l'a achetée hier.
- Ah oui ? Tu as quel âge ?
- Trois mois. » bredouilla l'intéressée.

Turquoise ouvrit la bouche pour répondre quand un homme, derrière elle, hurla :

« Turquoise ! Cesse de jacasser et mets-toi au travail !
- Oui ! Oui ! Pardon ! » s'écria celle-ci, paniquée, avant de passer les articles de Nalya à toute vitesse sur le tapis roulant.

Son propriétaire avait un fouet, et Nalya savait qu'il n'hésiterait pas à s'en servir. Turquoise redoutait ce fouet plus que tout. Elle emballa les articles dans des sacs plastiques qu'elle tendit aux hybrides. Celles-ci repartirent dans la chaleur étouffante du dehors, non sans un regard amical à Turquoise.
Le soleil était encore un peu plus haut dans le ciel, et sa chaleur était à peine supportable. Les rues de la ville étaient désertes. Sans doute les humains préféraient-ils se cloîtrer chez eux. Nalya et Laetitia se dépêchèrent, pressées de regagner la douce fraîcheur qui régnait chez Margareth Hill.
Un hybride grahyena les attendait non loin de la maison. Ses oreilles étaient grises et noires, sa queue longue et touffue. Son visage était dur et sévère, et portait des traces de coups.

« Will ! s'écria Nalya en allant à sa rencontre. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- Brown m'a encore battu, grommela l'hybride d'une voix rauque. Qui est-elle ? demanda-t-il en désignant du menton Laetitia qui se hâtait vers eux.
- Laetitia. Margareth Hill l'a achetée hier, expliqua Nalya.
- Pourquoi a-t-elle besoin d'une nouvelle hybride ? s'étonna Will
- Je n'en sais rien... À vrai dire, je ne me suis pas posé la question. »

Will sembla réfléchir. Nalya s'inquiéta de voir son visage encore plus sombre que d'habitude.

« Eh bien, tu devrais y penser, lui conseilla-t-il. Bon, Brown va encore me battre si je m'attarde. À plus ! »

Nalya regarda son ami partir vers la maison de son maître. Il avait raison. Pourquoi Margareth Hill avait-elle acheté Laetitia ? Peut-être voulait-elle la renvoyer ? Ou, pire l'euthanasier ? C'est ce que certains maîtres particulièrement cruels faisaient à leurs hybrides lorsqu'ils n'avaient plus besoin d'eux. Nalya frissonna. Elle ne devait pas y penser pour le moment. Le futur serait ce qu'il serait, et elle ne pourrait rien y changer.
Suivie de Laetitia, elle regagna en silence la maison de Margareth Hill.