La prophétie de la Lune de elerinna

Adwilalle était couchée sur un somptueux tapis de fleurs jaunes éclatantes. La brise venait lui caresser son visage pâle et légèrement arrondi. Ses cheveux, d'une clarté dorée se confondaient dans les fleurs. Elle adorait se prélasser dans la nature des heures durant et contempler l'immensité du ciel de ses yeux mauves clairs. Adwillalle était quelqu'un de généreux et doté d'une grande intelligence. Elle restait la plupart du temps calme mais il lui était possible d'entrer dans des accès de rage fulgurante ou d'oublier certaines petites choses de la vie quotidienne.

Mais cependant, quelque chose vint troubler sa quiétude. Elle sentait que l'atmosphère s'était alourdie d'un coup. L'adolescente se releva et scruta les environs. Le champ était bien trop calme. Les oiseaux s'étaient envolés et les animaux s'en étaient allés s'abriter dans le couvert des arbres. Elle leva la tête vers le ciel qui était d'un magnifique bleu azur. Elle plissa les yeux et se rendit compte que la voûte céleste se déchirait petit à petit. Elle entendit des bruits de tonnerre, le vent s'intensifia, les nuages vinrent se répandre autour de la « plaie ». Elle retint un cri de terreur lorsqu'elle vit que quelque chose était en train de sortir de la blessure noire et béante et que le bleu azur du ciel était englouti par une teinte rouge sang comme s'il saignait. Tandis qu'elle regardait sans bouger cette vision, elle entendit une voix dans sa tête. C'était celle de sa mère qui lui demandait de revenir à la maison. Mais elle était teintée d'angoisse. La jeune fille se téléporta immédiatement et se retrouva devant son foyer. A présent, le bleu du ciel était azuré de sombres bandes rouges. Elle était horrifiée devant ce paysage inquiétant. Elle était au bord de la crise de panique, elle tremblait, regardait de toute part quand soudain, une fulgurante secousse la fit tomber. « MAMAN, cria-t-elle, PAPA ! OU ETES – VOUS ?!
- Par ici, ma chérie, lui répondit son père par télépathie. »


Elle se retourna vers la source de la voix et vit ses parents se précipiter vers elle en lévitant. « Dieu merci, tu es vivante, dit sa mère en serrant sa fille dans ses bras.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle, en larmes, Pourquoi est-ce que tout autour de nous est en train de se désagréger? Notre monde est-il sur le point de… disparaître ?
- Je le crains, répondit son père en baissant la tête.
- Non ! Ce n'est… c'est impossible ! Pourquoi ? Serait-ce des créatures jalouses de nous ?
- Nous n'avons plus le temps de parler, mon ange, murmura-t-il, tu dois fuir, fuir notre monde. Tu es, j'en ai peur, la Vélane de la fameuse prophétie.
- Hein ?! Quelle prophétie ? Et pourquoi devons-nous fuir ?
- Tu le sauras bien plus tard. Mais tu dois partir … sans nous.
- QUOI ?! MAIS…
- Ne proteste pas, l'interrompit son père, c'est pour ta vie que nous le faisons. »

Il tourna le dos à sa fille et se concentra. Le sol trembla de plus belle, faisant vaciller le père. Il tint bon et accomplit un exploit que seules les plus puissantes Vélanes étaient capables de faire ; ouvrir un passage vers une autre dimension ! Il cria à sa femme de venir avec sa fille. Elle se dirigea vivement vers le trou qui ressemblait étrangement à la fissure qu'elle avait vue quelques minutes auparavant. Sa mère la lâcha et la fit léviter au-dessus du trou. Adwilalle tenta de résister, elle se débattit, utilisa ses pouvoirs mais rien n'y fit. Sa force mentale n'était pas encore de taille à lutter contre celle de sa mère. Ses yeux se perlèrent de petites larmes qui vinrent couler le long de son visage d'enfant. Sa mère vint lui caresser la joue.

« Nous sommes vraiment désolés de te faire ça, lui chuchota celle-ci doucement, mais il le faut. Nous allons mourir, notre espèce va s'éteindre, notre monde va disparaître. Tu es très puissante, ma chérie. Je le sais, tu vas accomplir de très grandes choses. Surtout, mon cœur, n'oublie pas que nous t'aimons de tout notre cœur. »

Elle embrassa sa fille sur la joue mais un cri à vous glacer le sang surgit d'un coup des ténèbres qui s'étaient incrustées autour de la petite famille. Elle se retourna et se prépara à l'attaque, son père également. Le trou se refermait lentement, la pauvre adolescente flottait dans le vide et regardait ses parents préparant déjà leurs attaques. La dernière chose qu'elle vit fut une silhouette noire d'ébène accompagnée d'une horde de créatures à ses côtés fonçant vers ses parents. Elle se retrouva ainsi, flottant dans la noirceur et le froid. Déjà, l'étau de la peur se referma sur elle. Elle eût envie de crier mais il ne sortit de sa gorge aucun son. Elle sentit que sa flottaison n'allait plus durer. Au bout de quelques secondes, elle tomba, avalée par le gouffre sans fin. Elle ne savait où allait-elle déboucher. Elle ferma les yeux et se laissa emporter dans le tourbillon de froideur et d'humidité, semblable au gosier d'une créature qui l'aurait avalée entière.