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Tout ça pour mourir de Asako



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Informations

» Auteur : Asako - Voir le profil
» Créé le 18/12/2009 à 17:56
» Dernière mise à jour le 18/12/2009 à 17:59

» Mots-clés :   Romance   Science fiction   Suspense

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0-3 : Pas si seul
Une fois hors de sa chambre, David sentit une puissante exaltation l'inonder tout entier, bien qu'il se forçat à rester calme. Il avait eu du mal à faire abdiquer cette maudite serrure, et il avait cru que la barrette méticuleusement tordue allait se briser net entre ses mains, mais il avait réussi, avec beaucoup de détermination et de patience. Il estimait qu'il devait être très tard, aux alentours d'une ou de deux heure du matin, mais toute fatigue s'était envolée et il se sentait parfaitement revigoré. D'un pas assuré, il commença à errer un peu au hasard dans ce centre mystérieux, sur la pointe des pieds, tous les sens en éveil. Il passait devant une multitude de portes closes, et seuls la lueur vacillante de la lune éclairait son chemin, filtrant à travers d'épaisses fenêtres, projetant au sol des taches brillantes semblables à des flaques de lumière.

Soudain, des éclats de voix vinrent déchirer le silence oppressant qui s'étirait autour de David. Il bondit aussitôt dans un coin du couloir plongé dans une pénombre totale et se recroquevilla, frissonnant d'appréhension et rongé de curiosité.

-… sait pas se battre, dit la voix de Johanna Warren. Mais il a un certain sens tactique.

-J'ai étudié vos résultats ; cet enfant est parfait. Aucun problème de santé, d'excellents réflexes, et de plus, selon Matt Keyes, il semble docile, lança la voix grave de Stieg Jackson.

-A ce propos, Mr Jackson, je voulais vous rappeler que je ne suis pas ici pour lui faire passer tous ces tests. Je ne veux pas de contact avec lui. Je suis ici pour effectuer des recherches en profitant du matériel mis à ma disposition, pas pour m'occuper d'un gamin insolent.

-Je l'ai bien compris, Mme Warren. Ne vous inquiétez, hier, c'était exceptionnel. A mon avis, vous étiez la plus apte à faire les premiers tests. Keyes et Valéry n'aurait peut-être pas pu maîtriser un gamin bavard. Maintenant, David Hunter a compris qu'il ne sert à rien de poser des questions…

-Oh, les enfants peuvent se montrer extrêmement têtus. Je serais vous, je n'estimerais pas ce combat gagné d'avance. Peut-être Keyes l'a-t-il trouvé docile ; moi, je l'ai trouvé bien curieux et bien impertinent. Pourquoi avoir fait appel à Keyes et Valéry si vous n'avez pas confiance en eux ?

David se rétracta un peu plus en voyant deux silhouettes en blouse blanche passer devant lui, mais ils ne firent pas attention à lui, s'entretenant à voix basse avec intérêt.

-Keyes est un excellent scientifique, répondit Stieg. C'est lui qui se chargera des tests auprès du petit, à partir de demain.

-Tant mieux. Mais Valéry ? Cet homme ne m'inspire aucune confiance.

-Valéry nous finance. Sans lui, nous n'aurions pas pu avoir autant de matériel. De plus, il est là pour vous remplacer, vous ou Keyes, si l'un de vous a un problème.

-Keyes avec le gamin, vous et moi pour les recherches, Valéry en remplacement… c'est une équipe franchement réduite.

-Je sais, mais…

David n'en entendit pas plus, bien qu'il tendit l'oreille et tenta de déchiffrer leurs murmures. Un peu déçu, il patienta quelques minutes, jusqu'à ce que les deux scientifiques soient définitivement partis, puis se releva et quitta sa cachette improvisée. Il n'avait pas appris grand-chose, mais néanmoins une informations capitale ne lui avait pas échappée : il n'était pas malade, au contraire : « Aucun problème de santé. »

Galvanisé par cette révélation, il reprit sa route et ne tarda pas à s'arrêter devant une porte. Plus petite que les autres, elle était entrebâillée. On avait dû oublier de la fermer. Remerciant intérieurement sa chance, David s'y faufila sans bruit, non sans avoir vérifié qu'elle était déserte, puis il referma la porte derrière lui et alluma l'interrupteur.
Une petite ampoule scintilla faiblement, éclairant une pièce microscopique, où trônait un petit bureau recouvert de paperasse. David s'empara des papiers et les lut en diagonale. La plupart concernaient des factures ou des formules chimiques incompréhensibles, mais son cœur explosa dans sa poitrine lorsqu'il vit une feuille dont l'en-tête proclamait fièrement : « D. HUNTER, Sujet d'étude n°7 ».

Fébrile, persuadé que la vérité était là, sous ses yeux, il commença à lire cette feuille, nullement découragé par la quantité de documents qui y étaient agrafés.
D'abord, quelques informations qu'il connaissait déjà, concernant son âge, sa date de naissance, son poids, sa famille… puis toutes les maladies que les membres de sa famille avaient attrapées, les vaccins qu'il avait reçu, ses propres maladies, et d'autres choses… d'autres choses qui le laissèrent chargé d'incompréhension et frustré : quels étaient tous ces gènes, toutes ces séquences de nucléotides, tous ces agents mutagènes répertoriés, et pourquoi, accroché à son dossier, se trouvait quelques documents à propos… d'un Zigzaton ?

« Que vont-ils me faire ? » s'étonna-t-il, reposant le dossier, perplexe.

Il ne comprenait pas la moitié des mots, mais ils voulaient faire des expériences sur lui par rapport au Zigzaton. Lentement, les rouages de son cerveau se mirent en place et, en quête de réponses plus claires, il continua de fouiner dans les dossiers. Une nouvelle fois, son regard fut attiré par un en-tête volumineux : « L. MORIARTY, Sujet d'étude n°8 »
Bien qu'en apparence calme et inexpressif, il bouillonnait intérieurement et devait lutter pour rester paisible.
L. Moriarty.
Il n'était pas seul.
Malheureusement, il n'eut pas le temps d'en savoir plus sur cette personne, ce cobaye probablement victime comme lui. Une voix résonna derrière lui :

-Mais… David Hunter ?

Il se retourna lentement, s'efforçant de maîtriser chaque parcelle de son visage, et se retrouva nez à nez avec un Matt Keyes blême, les cheveux ébouriffés, l'air plus surpris qu'en colère, ses yeux gris semblables à deux points d'interrogation derrière leurs lunettes, un gobelet de café à la main et exhalant un léger parfum de tabac.

-Je… j'étais juste sorti chercher un café et fumer une cigarette… j'ai oublié de fermer la porte… bégaya le scientifique, comme si c'était à lui de se justifier.

David se rasséréna. Le trouble du scientifique pouvait l'aider à reprendre le dessus sur la situation.

-Je suis désolé, mentit-il avec aplomb. Je n'arrivais pas à dormir, alors j'ai voulu me promener un peu et chercher l'un des vôtres pour discuter un peu. J'ai vu la porte ouverte mais il n'y avait personne… alors en attendant, j'ai un peu regardé ces papiers mais je n'ai rien compris avec toutes ces formules…

-J'étais en train de classer un peu tout ça, l'interrompit Matt. Mais sans café, j'allais m'écrouler de sommeil. J'aurais dû fermer derrière moi. Mais… ta chambre n'était pas…

-Mme Warren a oublié de fermer derrière elle, dit-il nonchalamment.

-Je… je vois… marmonna-t-il, se grattant la tête d'un air embarrassé. Heu… David, il vaudrait mieux que tu retournes te coucher. Pose ce que tu as dans tes mains, tous ces papiers ne sont pas importants pour toi. Je ne dirais rien à personne, d'accord ? En contrepartie, tu éviteras de raconter que je pars à la machine à café en laissant la porte grande ouverte. Tu as eu de la chance que ce soit moi qui te trouve. Viens, on y retourne. De toute façon, on va bientôt remplacer ces vieilles serrures par des portes qui se ferment automatiquement et qui ne s'ouvrent qu'avec des passes électriques. Ni le Dr. Warren ni moi ne risquerons d'oublier de fermer derrière. Allez, on y va.

-Très bien, répondit David, reposant le dossier de L. Moriarty à contrecœur.

Assis dans son lit, le visage baissé, David ferma lourdement les paupières et laissa une larme glisser le long de sa joue. Elle fut presque immédiatement suivie par des dizaines, des centaines d'autres, qui ne tardèrent pas à parsemer toute sa figure. Jusque là, il avait eu la vague impression que sa situation n'était pas réelle, mais ce soir-là, la réalité, l'impitoyable vérité, l'écrasait de tout son poids, et malgré sa volonté de se battre, le désespoir l'enserrait sournoisement dans ses bras. Il ne savait pas ce qu'on allait faire de lui, mais certainement pas le soigner. Ted et Rebecca ne lui seraient d'aucun secours ; qu'est-ce que deux enfants, surtout eux, un garçon négligé et une fillette timide, allaient pouvoir faire ? Ils n'avaient même pas de Pokémon.
Qu'allait-on faire avec ce Zigzaton ?
Et qui était L. Moriarty, où se trouvait-il ? Peut-être juste derrière ces murs, blotti dans son lit, partageant ses sombres pensées, le visage réduit à un masque grimaçant de larmes et empli d'un sourd accablement ?
Y en avait-il beaucoup d'autres dans leur cas ? Ils étaient les sujets d'études 7 et 8… où étaient passés les autres ?


FIN DU PROLOGUE