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Tout ça pour mourir de Asako



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Informations

» Auteur : Asako - Voir le profil
» Créé le 07/12/2009 à 20:10
» Dernière mise à jour le 28/11/2012 à 18:01

» Mots-clés :   Romance   Science fiction   Suspense

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0-1 : Captif
PROLOGUE
Le visage de David était inexpressif, mais une lueur de sauvagerie étincelait dans ses yeux clairs. Il restait figé, ses petits poings serrés, attendant de voir ce qu'on allait faire de lui. Sa mère venait de le quitter, après lui avoir tendrement ébouriffé sa tignasse de cheveux châtains et déposé ses lèvres sur son front, le laissant seul, abandonné à son propre sort. La pièce était quasiment déserte ; seule une cage, dans un coin, la meublait. A l'intérieur se trouvait un Zigzaton trapu, qui ne cessait de jeter des coups d'œil terrifiés autour de lui.
Autour de David, les murs étaient infinis et blancs. Une inquiétante froideur se déployait dans cette pièce, glaçant son petit corps d'enfant. Il gardait les yeux levés là où s'était tenue sa mère quelques instants auparavant, lorsqu'elle lui serrait la main en lui adressant un petit sourire attristé.
Des pas retentirent derrière lui. Il fit vivement volte-face et se retrouva face à une blouse blanche, dans laquelle se trouvait un homme aux cheveux noirs et aux yeux gris empreints d'un léger voile de chagrin derrière des lunettes rectangulaires.

-Bonjour, David, dit-il d'une voix douce. Je m'appelle Matt Keyes, je suis très heureux de faire enfin ta connaissance.

David ne répondit pas, nerveux.

-Ta mère t'a expliqué pourquoi nous t'avons emmené ici ?

L'enfant resta plongé dans un mutisme obstiné, soutenant le regard de brume de cet homme engoncé dans une blouse blanche qui semblait trop grande pour lui.

-Je suppose que oui, mais je vais tout de même t'expliquer un peu se qu'il va se passer, d'accord David ?

-Mmmh, marmonna David, méfiant.

-Tu es malade, on a dû te le dire, mais on peut te soigner ou, du moins, améliorer considérablement ta santé. Tu vas rester ici quelque temps. Une équipe de scientifiques va s'occuper de toi et tenter de te soigner. Ne t'inquiète pas, tu disposeras de ta propre chambre, d'une salle de bain personnelle et de nombreuses activités te permettrons de passer le temps. De plus, un professeur va venir te donner des cours pour que tu n'aies pas de retard et nous avons quelques Pokémons parfaitement dressés pour t'apprendre à combattre. Tes parents viendront régulièrement te rendre visite. Nous serons à ta dispositions vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au cas où... Tu as des questions ?

David secoua la tête, faisant tressauter ses mèches de cheveux autour de son visage.
En vérité, une myriade d'interrogations se bousculait dans son esprit, mais il ne voulait pas les formuler, pas à cet homme dont il ne savait rien, hormis qu'il s'appelait Matt Keyes et qu'il lui mentait probablement. De plus, il ne voulait pas éveiller ses soupçons. Le mieux était d'obtempérer, lui donner l'impression qu'il n'était pas un danger et qu'il n'y avait aucune raison de se méfier de lui. Plus tard, il pourrait chercher un moyen de s'échapper de cette prison aseptisée où régnait une déprimante odeur de médicaments, et que sa mère avait religieusement nommé « hôpital ».

-Parfait. Suis-moi, David.

-... En fait, si, j'aimerais vous demander quelque chose, marmonna l'enfant, s'engageant à sa suite dans un long couloir clair. Combien de temps je vais rester ici ?

-... Je ne sais pas, David. Jusqu'à ta guérison complète.

-Je suis votre seul patient ?

-Oui. Ce centre nous a été prêté pour nous aider à faire des recherches sur ta maladie.

David se renfrogna. Il n'était qu'un cobaye, Matt Keyes venait de le formuler involontairement. Mais un cobaye pour quoi ? Quel genre de maladie avait-il ? Il ne se sentait pas particulièrement faible. Certes, il était plus petit et plus chétif que la plupart de ses camarades, mais sa mère lui disait régulièrement que plus tard, il deviendrait un homme bien bâti, comme son père.

-Voici ta chambre, annonça Matt Keyes après quelques minutes d'un silence seulement troublé par l'écho sinistre de leurs pas.

David jeta un coup d'œil autour de lui et son regard s'assombrit davantage. Cette pièce était propre, rangée, ventilée, mais aussi froide que le reste du bâtiment.

-On t'apportera quelque chose à manger tout à l'heure. Ta valise est sur le lit. Profites-en pour t'installer.

Le garçon s'assit sur le lit aux draps d'un blanc éthéré, sous le regard étrangement triste de cet homme en blouse blanche.

-A plus tard, David.

-Au revoir, marmonna l'enfant.

La porte se referma derrière Matt Keyes et la serrure gémit lorsque la clef tourna dedans. Mal à l'aise, David se laissa choir sur un oreiller dur comme du carton. Le plafond était aspergé de petits points noirs. Il commença à les compter, cherchant à refouler les larmes d'incompréhension et de ressentiment qui lui brûlaient les yeux.
Il était sain de corps et d'esprit, il en était persuadé.
Comment ses parents avaient-ils pu l'abandonner ainsi, dans ce centre expérimental où ils l'avaient emmené pendant la nuit ? Il ne savait pas où il était, ce qu'il y faisait, ce qu'on allait lui faire subir. Il repensa au Zigzaton en cage et une boule d'angoisse lui obstrua la gorge, son cœur se comprimant sous une vague d'effroi, mais il chassa aussitôt sa terreur. Il n'avait pas le droit de se laisser abandonner à la peur. Il se redressa et essuya violemment ses joues humides. Il allait s'enfuir de là. Il trouverait un moyen.
Mais avant, il devait trouver des réponses.

David avait grandi à Bourg-en-Vol, entouré d'une mère vivant dans une bulle hors du temps et du monde, d'un père porté sur la boisson qui travaillait à mi-temps au service du professeur Orme, de deux frères perpétuellement absents et d'un Linéon au poil rêche qui attaquait n'importe qui à longueur de journée.
Il avait vite compris que sa famille était loin d'être la famille idéale, mais au fond, il y tenait. C'était un enfant plutôt mystérieux et renfermé, une énigme pour son entourage qui s'étonnait de voir quelqu'un d'aussi jeune posséder un visage aussi grave et un regard si glacial, comme s'il avait déjà vu, à onze ans, des horreurs inimaginables. Sa nature introvertie et sa méfiance perpétuelle à l'égard des autres lui conféraient une certaine maturité. Il passait le plus clair de son temps cloîtré dans sa chambre, à lire, réfléchir ou travailler, mais parfois il lui arrivait tout de même de sortir et de retrouver quelques amis. Alors, l'ébauche d'un petit sourire tordait ses lèvres et, l'espace d'une heure ou deux, il retrouvait toute l'insouciance de sa jeunesse.

Sa mère souffrait mentalement, son père était tout le temps à moitié ivre et ses frères auraient tout aussi bien être de parfaits inconnus, mais il n'aurait jamais imaginé qu'ils puissent l'abandonner ainsi.

Ce fut une jeune femme qui lui apporta son repas, une scientifique en blouse blanche, comme Matt Keyes. Grande et brune, elle possédait un visage glacial et sa blouse ouverte laissait apercevoir un corps androgyne, que des habits larges ne faisaient que masculiniser un peu plus.

-Mange, ordonna-t-elle d'un ton sec en lui lançant un bol. Dépêche-toi.

David mangea une sorte de purée sans saveur à contrecœur, dardant sur la scientifique un regard chargé de reproches qu'elle ignora, puis la suivit jusque dans une sorte de laboratoire remplie de machines complexes. Il avait soigneusement étudié le chemin qu'ils avaient emprunté, et il était presque certain de pouvoir s'en rappeler tout seul, mais tous les couloirs se ressemblaient tellement...
La jeune femme lui désigna un siège.

-Assieds-toi.

David hésita.

-Dépêche-toi, on n'a pas toute la journée !

L'enfant obéit, gardant la bouche étroitement close, refusant de laisser deviner à cette femme son trouble, mais ses yeux ne cessaient de jeter des coups d'œil vifs autour de lui.
La scientifique ne s'occupa plus de lui, occupée à remplir un formulaire, et David commençait à s'ennuyer et à s'agiter nerveusement lorsqu'une porte grinça et que trois autres scientifiques jaillirent dans la pièce. Il reconnut aussitôt Matt Keyes, qui lui adressa un léger sourire, ainsi que deux inconnus. L'un était un vieil homme austère, aux yeux noirs perçants qui semblaient dégager une onde de puissance et qui impressionna David malgré lui. L'autre avait un visage commun et un large sourire qui découpait sa figure en deux.

-Voici l'équipe de scientifique qui va s'occuper de toi, annonça la femme. J'en fais également partie.

-Re-bonjour, David ! lança Matt d'une voix claironnante.

-Hey, petit, dit l'homme qui souriait.

L'autre ne dit rien, bouche pincée.

-Bonjour, répondit poliment David.

-Nous n'avons pas besoin de vous pour le moment, fit remarquer la femme, levant vers eux un regard sévère.

-Nous voulions juste nous présenter ! protesta l'homme souriant. Nous ne sommes pas tous des asociaux frustrés comme toi, Jo.

-Je vous prierais de garder vos distances avec moi, Mr Valery.

-Allons-y, proposa timidement Matt, tirant son collègue par le bras. Laissons-la s'occuper de notre patient.

-Non, je veux voir madame Parfaite à l'œuvre !

Matt haussa les épaules et s'éloigna, laissant David avec ses trois collègues. L'enfant se tassa sur son siège, priant en secret pour pouvoir se fondre dans le décor, mais ils ne l'avaient pas oublié.

-Je vais te faire une prise de sang, annonça la femme brune, tirant sa poche une seringue d'une taille phénoménale.

-Ouch ! gémit Mr Valery.

-Taisez-vous, si vous ne voulez pas voir cette aiguille se ficher entre vos deux yeux. Donne ça, toi, aboya-t-elle en prenant fermement le bras de David, qui se raidit.

L'idée d'une piqûre ne l'effrayait pas, mais il n'aimait pas le contact de cette main froide et vigoureuse.

-Parfait. Suis-moi, maintenant.

Elle l'emmena faire plusieurs tests assez peu éprouvants, au final, consistant à prendre sa température, vérifier sa vue, ses réflexes... Finalement, après quelques heures plus lassantes pour David qu'autre chose, la scientifique –Johanna Warren, d'après ses collègues- le ramena dans sa chambre. En chemin, ils croisèrent Matt qui se dirigeait vers le laboratoire, un Zigzaton dans les bras.

De nouveau seul dans sa chambre et vêtu d'un pyjama trop grand, David ne parvint pas à trouver le sommeil. Les yeux grands ouverts dans la pénombre, il ressassait en vain les mêmes interrogations. Qui étaient ces quatre scientifiques ? Pourquoi tous ces tests ? Que venait faire ce Zigzaton dans cette histoire ? Il se tourna et se retourna inlassablement, s'entortillant dans ses draps, détestant ses parents de plus belle et réfléchissant à un plan d'évasion, mais il ne connaissait pas assez bien les lieux pour envisager une fuite. Il réfléchit tant et si bien que, peu à peu, des idées germèrent dans son esprit. Il ne se laisserait pas faire, il se battrait, il ne se ferait pas démolir par ces quatre scientifiques, plutôt mourir que de leur servir de cobaye...
Il ne s'endormit qu'aux alentours de trois heures du matin, le cerveau en ébullition.