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La non aventure de Maurice. de illapa



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» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 12/09/2009 à 01:29
» Dernière mise à jour le 17/08/2010 à 19:32

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La non aventure de Maurice
- Hé non ! Racaillou ! Vous n'aviez pas le droit de précipiter mon Pokémon dans l'eau ! hurlait un petit garçon.
- Tu as voulu combattre sur la plage, l'océan comme le sable, c'est toujours la plage !
Le petit garçon rappela son Pokémon en brandissant une Sombre Ball. Le rayon sauva un Racaillou étouffant dans les flots.
- On se retrouvera Maurice ! Et tu auras moins de chance en combat ! Le petit garçon rangea sa Ball dans une poche de son large bermuda.
- Aquali, reviens ! Le rayon bleu de la Scuba Ball aspira un Aquali fier et souriant d'avoir vaincu un Racaillou très robuste.
- Tu t'es bien battu mon ami ! murmura Maurice à la Scuba Ball, avant de la raccrocher à sa ceinture.
- Mes amis, que la fête reprenne !
Les badauds qui regardaient le combat se dissipèrent, Maurice et ses amis retournèrent en direction du bungalow, l'incident était clos. La fête reprit de plus belle. C'est alors, à l'instant où Maurice ouvrait la porte du bungalow, qu'une lueur terriblement brillante se mit à envahir le ciel, et à éblouir les fêtards.


Puis elle disparut aussi soudainement qu'elle était apparue. Maurice se frotta les yeux le temps que sa vision revienne. Etrangement, les sons avaient également disparu.
Et lorsqu'il put voir de nouveau...
-Ah.
Les gens avaient disparu. De même que le bungalow, les tentes, les stands.... Pour dire les choses simplement, tout le festival avait disparu. Il n'y avait plus rien. Rien d'autre que lui et le bruit des vagues. Et sa glace qui lui coulait sur les tongs. Ce qui était profondément ennuyeux. Parce que a/ il n'avait pas encore goûté a cette délicieuse barbe à papa qui lui tapait dans l'œil et les narines depuis un quart d'heure;
b/ c'était dur et passablement désagréable de faire la fête tout seul;
c/ il ne pourrait pas voir le feu d'artifice prévu ce soir;
d/ il n'avait pas de serviette pour essuyer sa crème glacée dégoulinante;
e/ s'il avait attendu tout un combat pour pouvoir la manger ce n'était pas pour la laisser fondre;
f/ le sucre allait rendre ses tongs toutes collantes, et avec ce sable c'était pénible;
g/ elle lui faisait un froid sur le pied qui lui certifiait que tout ceci était réel et le confrontait durement à la réalité des points précédemment cités.

Le problème étant de savoir où avait disparu le festival. Il tâta sa ceinture. Au moins, ses Pokémons étaient toujours là. Maintenant, il fallait réfléchir, et de façon efficace.
-Aquali, go !
L'Aquali jaillit de sa Scuba Ball. Il parut surpris, scruta les alentours, puis son dresseur, l'air d'attendre.
-Aquali, je veux que tu utilises ton odorat pour essayer de retrouver le festival !
Ca ne marcherait sans doute pas, mais qui ne tente rien n'a rien, non ? Son Aquali lui répondit d'un ton déterminé, ce à quoi Maurice répliqua :
-Merci, mon am... hé ! Une minute ! Qu'est-ce que tu as dit ?
-Je ne veux pas sniffer du sable !
Maurice scruta son Pokémon, les yeux ronds. Le reste de sa glace subit la même ruée vers les tongs que les premières gouttes pionnières.
-Tu...tu parles ?
-Je crois en effet que c'est à ça que servent les cordes vocales. Bien sûr, je ne suis pas spécialiste dans ce domaine, c'est juste ce qu'ils ont dit à la télé.
-C'est... Je... C'est génial ! Je comprends ce que tu dis ! Comment ça se fait ?
-Comment veux tu que je le sache ?
-Tu crois que c'est moi qui comprends ce que tu dis, ou toi qui parle ma langue ?
-Mais comment veux tu que je sache ça ?
-Quand je vais dire ça à tout le monde ! Ah oui... à ce propos...Il faut que tu m'aides à retrouver tout le monde ! Ils ont disparu !
-Merci, j'avais remarqué qu'ils ont disparu ! Mais il est hors de question que je renifle du sable ! Je vais en avoir plein le nez, tu sais à quel point c'est horrible ?
-Oh je, heu... excuse-moi de t'avoir demandé ça, alors. On va partir à leur recherche !
Maurice prit une pose qu'il voulait héroïque, et un ton plein d'entrain.
-Partons à la recherche du festival disparu !
Aquali regarda son dresseur d'un air admiratif. D'autres auraient plutôt dit « d'un air chagriné».
-Ou alors, on pourrait se chercher nous-même.
Maurice fut cassé dans son élan. Il regarda le pokémon eau d'un air béat d'incompréhension.
-Quoi ?
-Qu'est-ce qui te fait croire que c'est le festival qui a disparu ? Qu'est-ce qui te prouve que ce n'est pas nous qui avons disparu du festival, hein ?
-Et bien.... Parce qu'on est toujours ici et que la fête n'y est plus ? On n'a pas bougé d'endroit, la preuve, il y a toujours le phare ! Et puis, on sait qu'on est forcément ici, puisqu'on y est !
L'Aquali soupira. Depuis le temps qu'il voyageait avec son dresseur, il avait appris à le connaître. Maurice était quelqu'un de fondamentalement borné. Et un peu trop enthousiaste, parfois.
-Courage Aquali ! C'est une aventure formidable qui nous tend les bras ! C'est notre chance de vivre des choses extraordinaires et merveilleuses ! Ca ne te donne pas envie de découvrir les secrets du monde ? Qu'est-ce que tu en dis ?
-Hmm... Que tu regardes trop la télé ?
Maurice parut encore une fois tout penaud et déçu.
-Encore une chose, mon dresseur, je suis UN Aquali, je ne suis pas le seul. Mon nom c'est Alrisha.
-Oh. Bien. Drôle de nom.
-Tu crois que Maurice, c'est mieux ?
Le dresseur ne trouva rien de mieux que répondre, avec son indécrottable entrain :
-Allons y, Alrisha ! C'est le début d'une grande aventure !
Il avait à peine fait trois pas, que son Aquali l'arrêta net.
-On va où exactement ?
-Au village ! Comme ça on verra bien si c'est le festival qui a disparu ou nous qui avons voyagé dans le temps ou si on est dans une autre dimension où....
-Ou si on a juste fusionné avec une télévision ?
Maurice exaspéré, ne trouva rien à redire. Il fit signe à son Aquali qui décida de le suivre sans faire plus d'histoires.

Ils arrivèrent très vite au village. Où plutôt, ils arrivèrent très vite à une plaine vide près d'une rivière où aurait dû se trouver le village.
Mais à la place des maisons, il y avait rien.
A la place des réverbères, il n'y avait encore rien.
A la place des trottoirs et des routes, il n'y avait toujours rien.
Le tout avec des décorations du festival en forme de rien.
Et il y avait autant de rien à la place des gens.
-Tu as vu ça Aqu... Alrisha ? Le village a disparu !
-Non.
-Comment ça : non ?
L'Aquali s'assit d'un air las.
-Non je ne l'ai pas vu, puisqu'il n'est pas là.
Maurice parut réfléchir.
-Ah oui, c'est vrai. Bon, puisque tu ne le vois pas, je te le dis : il n'y a plus de village. Ce qui signifie....
Alrisha regarda son dresseur d'un air inquiet. Surtout que Maurice reprit sa pose de vainqueur du dimanche.
-Ce qui signifie que nous devons retrouver le festival et le village ! On va devenir de vrais héros ! C'est parti mon ami !
-On va où ?
-Je viens de le dire ! On va chercher...
-Je voulais dire, dans quelle direction ?
-Ah, et bien, heu... c'est... une très bonne question ça....
Une fois de plus Maurice se sentit un peu pitoyable. Les héros savaient toujours où aller. Lui n'en avait aucune idée. Sa carrière héroïque commençait mal.
-Dis...Tu... tu ne voudrais pas essayer d'utiliser ton odorat pour trouver une piste ?
-Demande à Erraï, il a un meilleur odorat que moi.
Puis voyant la tête de son dresseur il ajouta :
-Erraï, c'est le nom de ton Dynavolt.
Maurice fit donc sortir son Pokémon électrique de sa pokéball.
-Erraï ?
-Hé mon Dresseur ! Depuis quand tu connais mon nom ?
-Il faut que tu nous aide, mon ami. Tout le monde a disparu, il faut trouver une piste ! On a besoin de ton odorat !
-Une piste ? D'accord !
Le Dynavolt surexcité tourna sur lui-même, la truffe collée au ras du sol en marmonnant :
-Une piste, une piste, trouver une piste, une piste, une piste... Par là-bas !
Il tendit la truffe pour désigner une direction. Maurice se souvint qu'il y avait un verger plus loin.
-Tu es sûr ?
-Sûr ! Il y a une délicieuse odeur de baie marron ! Je la reconnaîtrais entre mille !
-Mais...On ne cherche pas de baie marron !
-Oh ? Alors par là-bas !
Maurice se méfia des dires du petit Pokémon vert. « Là-bas » indiquait l'endroit d'où ils venaient.
-Tu es certain cette fois ci ?
-Oui, d'après l'odeur, il y a au moins une vingtaine de Chenipan !
-Mais, ce n'est pas ce qu'on cherche !
-Oh je vois, vous êtes difficiles sur la qualité du repas. Dans ce cas, par là-bas, il y a des Magicarpes !
Le Pokémon électrique montra la rivière.
-Mais ce n'est pas une piste !
-Si, c'en est une. C'est bien ce que tu m'as demandé !
-Dyn... Erraï, on ne cherche pas à manger! On cherche des gens !
Le Dynavolt regarda son dresseur d'un air d'incompréhension. Ce fut l'Aquali qui répondit :
- Oh, les Magicarpes sont des gens très bien, quoiqu'un peu simplets, il parait.
Maurice regarda ses deux Pokémons d'un air révulsé.
-Et vous... vous les mangez ? C'est...
-Les humains mangent aussi des Magicarpes.
-Mais on ne sait pas que ce sont... qu'ils sont... ben... des gens...
Alrisha soupira et demanda d'un ton patient :
-Et tu aurais voulu qu'ils soient quoi ?
-Je... n'y ai jamais vraiment réfléchi...
-Oh. Hé bien, dans ce cas, tu me vois ravi d'avoir pu t'apprendre un des petits secrets du monde que tu voulais tant découvrir. Maintenant qu'est ce que tu as de prévu, Superchef?
-Dyna...heu... Erraï, je veux que tu utilises ton odorat pour chercher des humains !
Le Dynavolt ne se donna même pas la peine de chercher.
-Y en a pas. J'ai rien senti qui y ressemble, même de loin. A part toi, mon dresseur !
-Ah ? Vraiment ? Dans ce cas... on va chercher ailleurs je suppose...
-Vous avez essayé de les appeler ?
-Pardon ?
Erraï se mit alors à courir partout en hurlant :
-HEEEEEEEEEEE ! LES GEEEEEEEEENS ! OÙ VOUS AVEZ DISPARUUUUU ? YOUHOUUUU LES GEEEEEENS ! PETITS PETITS PETITS GEEEEENS !
Maurice et Alrisha échangèrent un regard éloquent.
-Il ne vient pas de dire qu'il n'y avait pas de gens ?
-T'inquiète pas, mon dresseur, il est toujours comme ça.

Maurice, beaucoup moins enthousiaste, rappela son Dynavolt dans sa Pokéball. Les héros n'étaient jamais confrontés à ce genre de situation, il en était sûr. Pour commencer, les héros n'avaient pas d'Aquali rabat-joie, ni de Dynavolt à l'intelligence douteuse. En fait, ils ne comprenaient juste pas ce que disaient leurs Pokémons, ce qui finalement était peut-être mieux. Et surtout, ils avaient des idées. A la réfléxion, c'était peut-être justement pour ça qu'ils étaient des héros.
Le dresseur décida donc de fouiller les alentours accompagné de son Aquali, mais ses recherches furent vaines. Il découvrit juste qu'il tournait en rond sans même sans rendre compte, et plus important, un nid d'une vingtaine de Piafabec qui les poursuivirent un moment.
Jusqu'à ce qu'à l'horizon, le soleil se mette à disparaître. Maurice se rendit compte qu'ils étaient revenus à leur point de départ, au non-village.
-Pfiouuuu, on les a vraiment semé ?
Alrisha haleta :
-Tu aurais pu me rappeler dans ma ball !
-Pourquoi ne pas les avoir affronté ?
L'Aquali lança un regard mauvais à son dresseur.
-Tu plaisantes ! Ils sont bien trop nombreux ! Ils m'auraient réduit en charpie, et ceux que je n'aurais pas pu arrêter t'auraient picoré !
-Heu... Tu es sûr ?
Alrisha baissa la voix pour prendre un ton menaçant.
-Parfaitement ! Ils t'auraient picoré tout cru !
-Beeeeeh ! C'est pas vrai ! Ca se saurait !
-Tu savais pour les Magicarpes ?
Maurice lança un regard pitoyable à son Pokémon.
Celui-ci triomphait. Il prit un ton beaucoup plus doux, plus...mielleux.
-Alors, mon dresseur, c'est quoi la suite du programme de nos aventure ? On cherche un nid de Seviper ? A moins que tu préfères nous jeter sur un essaim de Dardargnan... On peut aussi essayer de se noyer dans la cascade plus haut...
-Ben...
-Et en plus, j'ai faim.
Maurice regarda son Aquali. Un ton aussi autoritaire ne laissait aucun choix. Et puis...il ne pouvait pas dire qu'il l'aie vraiment ménagé ses dernières heures. Il lui vint une idée qui lui rendit son enthousiasme.
-Ben... on peut essayer de pêcher ? C'est ce que les aventuriers font !

Une heure, une rivière, et beaucoup de protestations stomacales plus tard...
-Ca ne mord pas !
Alrisha soupira. Roulé en boule, il ne leva même pas la tête. Il avait faim, et ça le rendait de mauvaise humeur.
-T'as vu la tronche de ton bâton ?
Maurice regarda sa canne à pêche de fortune. Un bâton, un bout de lierre et un bouchon fait de son bâton de glace.
-C'est une canne à pêche ! Ils faisaient comme ça, les héros des films à la télé !
-Ah oui, bien sûr. Dans ce cas, je vois vraiment, mais alors vraiment pas pourquoi ça ne marche pas. Peut-être que tu lances le « bouchon » un peu trop loin, Maurice.
-Tu crois ?
Le Pokémon répondit d'un grognement.
-On aurait dû aller chercher des baies au verger.
-Y a plein de Piafabecs ! C'est trop dangereux !
-Je reconnais bien là la bravoure de l'héroïque aventurier...
Le ton ironique passa complètement au dessus de la tête de Maurice.
-A ce propos, je réfléchissais...comme on tourne en rond sans même s'en rendre compte... C'est que cet endroit est louche !
-T'as trouvé ça tout seul ?
-Et donc, il y a forcément un trésor !
L'Aquali regarda son dresseur d'un air incrédule.
-Heu...
Le dresseur reprit son habituel et exaspérant entrain :
-Mais si ! Réfléchis ! C'est typiquement le genre d'endroit ! Et quand on aura trouvé le trésor, on pourra rentrer chez nous !
-Ah. Parce que maintenant tu es un spécialiste en trésorerie ?
Maurice demanda avec une honnêteté déconcertante :
-Tu as une meilleure idée ?
-J'AI FAIM !
-Très bien, puisque c'est comme ça.... Erraï, go !
Le Pokémon électrique jaillit de sa ball, tout excité.
-Mon dresseur ! J'ai faim, mon dresseur !
-Ca tombe bien, on va pêcher ! Attaque Eclair sur la rivière !
Alrisha bondit sur ses pattes.
- Arrêtes ! Tu ne vas pas...
L'attaque éclair frappa la rivière et fut immédiatement amplifiée. Lorsque le Dynavolt eu fini, quelques Magicarpes remontèrent à la surface, assommés.
-Tu disais quoi A...
L'Aquali gisait les quatre pattes en l'air et la langue pendante, aussi assommé que les Magicarpes. Maurice se précipita vers lui.
-Oh mon ami ! Je suis désolé... Je ne pensais pas que la rivière amplifierait autant l'attaque, je...
-Hé mon dresseur ! Hé mon dresseur ! Comment on mange les poissons ? Hé mon dresseur, le courant les emporte, comment tu les récupères, les gros poissons ?
Erraï sautait dans tous les sens, excité par la faim et la perspective d'un bon repas.
-Hé mon dresseur... Oh, tu préfères manger Alrisha ?
-Ne dis pas de bêtises ! Il faut vite l'emmener au centre.... Ah zut... Il n'y a plus de centre... Accroche-toi Alrisha, je vais trouver à te soigner....
Alrisha ferma les yeux. Il craignait le pire avec un dresseur pareil. Il trouva la force de couiner :
-Le... pha...re...
-Le phare ? Qu'est ce qu'il a le ph... Oh mais oui ! Il est toujours là le phare ! Il parait qu'il y a un vieux scientifique bizarre qui y vit, il n'aura peut-être pas disparu ! T'es un génie mon ami !
Pour toute réponse, le Pokémon eau émit un « Ooooh » en forme de gémissement, qu'un narrateur omniscient aurait traduit par : « Il en faut bien un dans l'équipe... »

Maurice rappela donc ses Pokémons dans leurs pokéballs, courut jusqu'au phare... et ne trouva pas l'entrée. Il était déjà venu plusieurs fois au phare, il connaissait bien l'endroit. Seulement, là où aurait dû se trouver la grosse porte de bois massif, il n'y avait que le mur en pierre de taille. Le pire auquel s'attendait Maurice, c'était que la porte soit fermée a clé, comme toujours, mais de là à ce qu'elle disparaisse elle aussi...
Pour la première fois depuis qu'il se trouvait dans cet étrange endroit, le dresseur fut complètement paniqué. Dans cette situation comment pourrait il soigner son ami ? Et trouver à manger ? Et trouver un trésor ? Et être rentré pour le feu d'artifice ?
En désespoir de cause, il se mit à cogner contre le mur. C'était absolument stupide, mais au moins, ça le soulagerait.
-Héhooo ! Il y a quelqu'un ? S'il vous plait ? Mon Aquali est tout blessé ! Faites quelque chose ! Ohéééé !
-Ca va ça va, on est pas sourd !
Lorsqu'il entendit cette voix, Maurice fit un bond qui aurait certainement été spectaculaire si quelqu'un l'avait vu. Une voix grave, mais douce, qu'on imaginait aussi bien rassurante que menaçante.
Puis un Mangriff apparut de derrière le phare. C'était un étrange Mangriff, avec une blouse blanche et une paire de lunette verte sur la truffe. Maurice avait vu plusieurs images de Mangriff, mais celui-ci avait l'air plus... souriant et amical. Et très étrange aussi. Il avait l'air d'un vrai zombi.
-Un Aquali tout blessé ? Fais moi voir ça ?
-Qui... qui êtes vous?
-Oh pardon, je suis Pollux, l'assistant du professeur Véga.
-Vous pouvez faire quelque chose pour Alrisha ?
-Oh oui, tout à fait.
Le dresseur sortit donc son ami de sa pokéball et le prit dans ses bras. Pollux se pencha vers le blessé, et déclara en lui tapotant doucement la tête :
- Alors mon vieux, ce n'est pas la grande forme, hein ? Surtout gardes courage !
Puis à Maurice :
-Voilà ! Maintenant tu veux bien arrêter d'hurler et de taper sur le mur ?
Maurice interloqué, tenta de balbutier une phrase, avant de s'écrier :
-Vous...Vous plaisantez ! Vous avez dit que vous pouviez faire quelque chose !
-Tout à fait, tout à fait, d'ailleurs, j'ai fait quelque chose.
-Vous avez dit que vous feriez quelque chose pour lui !
Le Mangriff regarda successivement le dresseur et son Pokémon d'un air confus avant de demander :
-C'était bien sa tête à lui que j'ai tapoté ?
Et devant le regard assassin du dresseur :
-Tu t'attendais à quoi ? Quelque chose, ce n'est pas rien, et je n'ai pas rien fait, donc j'ai fait quelque chose. Allez, du balai. Oust !
Maurice bouillonnait.
-Vous vous moquez de moi ? Soignez-le !
-Ah non, ça, ce n'est pas possible.
-QUOI !?
Le Pokémon blanc haussa les épaules.
-Je ne suis pas une Leveinard, moi ! Et encore moins une Ecrémeuh, désolé.
Trop c'est trop. Le dresseur craqua.
-MAIS C'EST QUOI CET ENDROIT ? VOUS ETES TOUS MALADE ?! ET DEPUIS QUAND LES POKEMONS PARLENT, HEIN ? ET IL EST OU LE FESTIVAL ? ET LE VILLAGE ? C'EST VOUS QUI LES AVEZ KIDNAPPE, C'EST CA ?
Maurice reprit son souffle, devant un Mangriff nullement impressionné. Après réflexion, le jeune humain ajouta :
-ET PI, IL EST OU LE TRESOR AUSSI ?
D'un geste ample, le Mangriff désigna l'ensemble de la forêt et de la plage et répondit tout simplement :
-Bienvenue au laboratoire du professeur Véga.
-« Ca », un laboratoire ?
L'assistant remonta ses lunettes du bout d'une griffe, leva une autre d'un air très sérieux et déclara :
-Oui, c'est une bulle qu'on a un peu sorti de la réalité afin de mieux y faire nos recherches. Donc le festival et le village sont toujours là, mais dans ... disons... un « là » un peu décalé. Voyons à la seconde question je répondrais... non ici, il n'y a que ton ami aquatique qui ne soit pas très en forme.
Maurice était complètement perdu. Il ne comprenait rien à ce que racontait Pollux...
-Un là décalé ?
...mais l'autre était plongé dans son truc.
-Pour la question de la parole, hé bien, d'après nos recherches, depuis toujours. En fait, c'est plutôt une question d'éducation et de langage, plus qu'un problème... disons... technique. Il suffit juste que l'un apprenne le langage de l'autre, après tout, on a bien relevé le cas d'un Miaouss ayant appris le langage humain, mais les humains n'ont pas l'oreille assez fine pour apprendre le nôtre, ce qui est problématique, on s'est donc dit qu'en rephasant un peu la réalité on mettrait humain et Pokémon sur une même longueur d'onde, hahaha, une même longueur d'onde, tu as compris ?
Maurice éberlué, les yeux rond comme des ballons, secoua la tête en signe de négation. Le Mangriff parut déçu que sa... blague, (puisqu'il faut bien nommer ça d'une façon ou d'une autre) soit tombée à plat, mais pris d'un grand élan de passion, il ne s'arrêta pas pour autant.
-Et donc, c'est à ça que sert notre laboratoire, c'est une bulle de réalité rephasée que nous a créé le professeur Véga, un vrai génie, et.... Bon il reste quelques tests et mise au point, évidement, mais ça pourrait révolutionner... Tu te sens bien ?
-J'ai... je commence à avoir mal à la tête. Vous parlez vraiment vite.
-Oh je m'en excuse, mais... Quand j'y pense, tu ne devrais pas être là... Viens entre, entre !
-Il n'y a pas d'entrée.
-Ah oui, c'est la porte du laboratoire, pas la porte d'entrée, logique, vu qu'on est dans le laboratoire, donc...
Il croisa le regard suppliant de l'humain et décida d'abréger.
-Elle est de l'autre côté.

Ils contournèrent donc le phare où une grosse porte en acier était grande ouverte. L'intérieur du phare était... étrange, et se résumait à une unique pièce ronde, qui était remplie par une gigantesque machinerie, en fer, en bois et en d'autres métaux plus ou moins identifiables. Il y avait des ressorts, des rouages, des pistons, des choses, des trucs et des machins de toutes formes et d'usage inconnu. Le tout semblait monter jusqu'au sommet du phare et donnait au pauvre visiteur l'impression d'être entré dans une horloge géante prête à s'écraser sur la tête du malheureux qui se trouverait là au mauvais moment.
Et le plus incroyable, c'est que toute cette machinerie semblait rester en suspension à deux mètres au dessus du sol, ce qui laissait suffisamment d'espace pour deux bureaux croulant sous la paperasse, une étagère pleine de livres et d'autres avec des outils de mécanicien et de physicien, d'appareils bippants et lumineux bizarres, et un portemanteau où pendait un vieil imper bleu et un chapeau tellement usé qu'il ne semblait pas avoir de forme précise.
Un Alakazam avec une blouse blanche se tenait devant l'étagère d'appareils bizarroïdes et prenait des notes sur un petit cahier orange. Mais le plus intéressant, c'est que sur le mur en face de Maurice, il y avait la grosse porte en bois qu'il connaissait si bien, celle qui devait logiquement donner sur sa réalité et qui se trouvait exactement la ou elle devait être : là où il l'avait cherchée.
-Professeur Véga! On a un humain qui a été zappé dans le labo !
L'Alakazam se retourna, et jaugea un Maurice complètement dépassé, perdu, impressionné et intimidé, tenant un Aquali qu'on pourrait qualifier de la même façon, quoiqu'un peu plus mal en point.
-Alors mon gars, t'as réussi à trouver le trésor ?
D'un coup, Maurice se sentit en terrain plus connu.
-Il y avait un trésor ?
-Non, mais généralement, c'est ce que pensent les humains qui se retrouvent par hasard dans le labo. Et le pire, c'est que certains en trouvent.
-Alors il y a vraiment des trésors ?
On entendit un fracas venant de la machinerie, et un Simiabraz en blouse bleue et tenant une boîte à outils atterrit tout près de Maurice.
-Et voila ! L'ampoule est changée, j'ai tout huilé, et tout remarche comme sur des chenilles !
-Ah parfait, parfait.
Le Simiabraz alla poser sa boîte sur l'étagère, et sortit deux baies Oran d'un tiroir. Il en donna une à Alrisha, puis sortit par la porte d'acier « côté labo » en grignotant la deuxième.
Maurice ne put cacher son étonnement. Ces gens étaient vraiment étranges.
-Des chenilles ? Vous voulez dire, des roulettes ?
Le professeur répondit d'un ton parfaitement détaché.
-Non, non, les roulettes ça se coince au moindre gravillon, c'est pas pratique, il vaut mieux une bonne grosse paire de chenille et on va partout !
-Ah. C'est quoi le trésor ?
-Oh ça varie selon les humains ; tu veux aller le chercher ? Maintenant que tout est réparé... si tu veux rentrer, il suffit de passer par la porte en bois, la clé est accrochée juste à côté.
-C'est vrai, je pe...
Maurice croisa le regard implorant de son Aquali. Il avait testé l'aventure et vu ce que ça donnait : des disputes, des déceptions... pour être un vrai aventurier, il fallait avoir des idées, et en plus, il fallait en avoir des bonnes. Et ne pas avoir de compagnons rabat-joie ou idiots. Ni d'Aquali caractériel. Encore que, Maurice n'était pas très sûr que le problème tenait au fait de posséder un Aquali, mais plutôt à l'Aquali lui-même.
-Je crois que je vais plutôt rentrer chez moi.
-Comme tu veux, mon gars, tu sais où est la sortie.
-C'était quoi le trésor que trouvaient les humains ?
-Oh, des niaiseries du genre, amitié, espoir, des trucs abstraits qu'ils avaient déjà quoi.
-Ah.
Un peu déçu mais sans regrets, Maurice prit la clé, déverrouilla la porte en bois et sortit. Il y eut un grand flash et...

Il se retrouva sur la plage, au milieu du festival, devant le bungalow. Son Aquali se tenait assis à côté de lui et le regarda d'un air soulagé. Puis il fit attention aux cris.
-Et toi Maurice, tu crois que c'est quoi ?
Tiré brutalement de ses pensées, Maurice regarda ses amis sans comprendre.
-Hein ?
-Ce flash ! Tiens, ton Aquali n'a pas envie de rester enfermé, c'est mignon !
Alrisha regarda l'amie de son dresseur d'un air fier et indépendant. Un narrateur plus informé aurait pu ajouter : hautain et méprisant.
-Moi je crois que c'est les artificiers qui font des essais pour ce soir.
-C'était un Pokémon légendaire !
Ils se retournèrent ; le petit garçon au Racaillou que Maurice avait affronté quelques heures....secondes plus tôt était là, tout fier.
- Et quand je l'aurais attrapé, Maurice, tu feras moins le malin ! A l'aventure, go !
S'il savait, se dit Maurice... Puis il se tourna vers ses amis.
-Je crois plutôt que c'est l'ampoule du phare qui a claqué.
-Le phare où il y a le scientifique bizarre qui a une tête de Kadabra ?
-Pourquoi pas ?
Maurice haussa les épaules. Ca n'était plus son problème et il espérait que ça ne le serait plus jamais. Il restait une dernière chose à faire. S'acheter une énorme barbe à papa bien méritée et en offrir une à son cher Alrisha.