Smirnoff R. de Domino

« Grandir c'est apprendre le mal. Le mal est inévitable »
(Claire France)

« J'aime dépasser les limites
Aisément, facilement
Ouais je dépasse les limites
Sans un problème d'éthique… »
(Julien Doré, Les Limites)



Colin, 10 ans

-…
-COLIN BON SANG !!!
-Oh mais c'est pas vrai !
-Désolé, j'avais pas vu qu'il était si léger...

Linda se couvrait la bouche, surprise. A peine Estelle et Jonathan étaient venus déposer Colin chez Linda et Etienne que le gamin venait de casser un vase.

-Euh, Linda, c'était pas le vase de ta mère ?! S'enquit Etienne.
-Ne le dis surtout pas à ta sœur, elle va tuer le petit… Ce n'est rien, Estelle !
-Linda, je suis désolée !!
-On va le mettre devant la télé, tranquillement…
-… Je crois qu'il sera mieux chez Linus ! Soupira Estelle.

Jonathan frappa Colin derrière la tête.

-Tu vois comme tu es insupportable !
-Aïe !
-Tu mériterais une bonne volée de claques ! Crois-moi ! Excuse-toi auprès de ta tante !

Colin s'avança avec son petit air honteux sans en avoir l'air.

-Pardon, tante Linda…
-Ce n'est rien, tant que tu n'es pas blessé…
-Tu vois, c'est pas grave le vase, maman !

Linda plissa les yeux alors qu'Estelle semblait sur le point d'exécuter son fils. David, du haut de ses six ans et demi, descendit les marches.

-Oh le vase de mamie est cassé…

Linda ferma les yeux, découverte. Estelle grimaça, embarrassée. Colin lança un regard méchant à David qui se hâta de remonter.

-Oh seigneur… Linda, promis je te…
-Inutile, c'était un vieux bibelot de famille, je n'y tenais même pas…
-Vraiment pardon, il est intenable !
-Ca va, Estelle ! Il est juste un peu turbulent !

***

Voiture. Estelle geignit.

-Je n'ai JAMAIS été aussi HUMILIEE DE TOUTE MA VIE !
-Ca va, Linda n'avait pas l'air en colère… marmonna Jonathan.
-Oh oui ! Je suis sûr que là elle parle sur mon compte… Ca doit y aller les « Oh la mauvaise mère » et tout ça !
-C'est pas le genre de la maison… soupira Jonathan.

Estelle se tourna vers Colin.

-Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?!
-Mais rien !
-Colin, ça suffit, tout ça ! Ca va finir à l'internat cette histoire !
-Oui maman…
-Pffff… Le pire c'est que j'arrive même pas à t'en vouloir. Sale gosse !

***

Colin buvait son café sans vraiment se soucier de ce qui se passait autour. Kate buvait son thé aux côtés de David qui semblait appréhender - comme chaque fois depuis le début de la semaine - le voyage en bus.

-Aujourd'hui je travaille dans ton hôpital.
-Tu m'en vois ravi… sourit faussement David.

Roland observa son frère puis son cousin.

-Kate, tu comptes faire quelque chose aujourd'hui ?
-Euh… Je sais pas trop…
-Ca m'embête que tu restes ici seule.
-Je ne compte amener personne ici, rassure-toi, ton logement restera vierge de tout acte sexuel comme il fut édicté dans le Deutéronome et le Lévithique aux versets consacrés à ton appartement !
-Trop tard… marmonna Roland.

Kate regarda Lily qui plissa les yeux en secouant la tête. Elle regarda David qui soupira.

-Coupable…
-Eh bah…

David regarda Colin.

-Je peux savoir quel est le problème ?
-Aucun, tu es gay, ma sœur est gay aussi, tout va bien.
-En fait Colin, on dit…
-Lesbienne pour les filles, je sais ! Tu m'as rabâché ça des tas de fois ! Excuse-moi juste de m'amuser du fait que…

Colin désigna David comme un goret de concours.

-Le monsieur parfait de la famille, le chouchou éternel, soit en réalité un petit dépravé notoire qui fait des trucs avec d'autres mecs ! Rien qu'à m'imaginer la tête que fera ta mère...
-…

Silence. David regarda Lily.

-… Défends-moi, au moins !
-Bah…
-… Oh mon Dieu ! T'en penses pas moins en fait !
-Mais non David…
-J… Je suis pas un dépravé !
-J'ai jamais dit ça ! Argua Lily.
-Alors pourquoi tu me défends pas ?! J'suis ton frère quand même !!

Colin ricana. David le regarda, éberlué.

-C'est dur, hein ! Quand les autres arrêtent de répondre pour toi !

David regarda son cousin avec un regard meurtrier. Roland soupira.

-Attention David va lâcher une caisse…

Rires gênés à table. David se leva. Colin le regarda.

-Tu vas pas partir en avance, tu verras pas ton mec sinon !

Lily s'étonna.

-Tu t'es remis avec Kyle ?!

Roland fit la même tête surprise. David explosa.

-G… GnnnnnnnnnnNNNNNNNNNNNNNN !!!!!

Il prit ses affaires et sortit, fou de rage. Colin secoua la tête, moqueur.

***

Colin éclata de rire. David était toujours à l'arrêt de bus, à attendre le bon bus à la bonne heure.

-Pauvre de toi ! Tu crains grave !
-Ca vaaaaa….
-T'as aucune détermination, tu te tiens à rien. En plus si t'étais vraiment sérieux, t'aurais pris le bus et tu serais resté à l'arrêt de ton mec pour l'attendre lui !
-… « Oui c'est vrai, putain il a raison ce con !! »
-Hahaha !
-Grmbl !
-Haaaa… En tout cas t'as pas changé, toujours aussi naïf. Tu te rappelles quand je t'ai fait manger du fumier en te faisant croire que c'était du chocolat ?

David soupira.

***

-J'en PEUX PLUS !!!

Kyle plissa les yeux. Il était face à David dans le bus, debout. Colin était assis au fond.

-S'il t'énerve autant, ignore-le…
-C'est pas possible, Kyle. Ce type est trop… Insupportable, c'est le genre typique de mec qui est insupportable mais qui ne s'en rend pas compte.

Kyle hocha la tête.

-Le pire c'est que Lily est en plein dans sa politesse familiale de circonstance et elle ne veut rien voir ! Roland est en mode « attend que ça se passe » et moi comme d'hab, j'ose rien dire !

Kyle hocha la tête.

-Je… Je sais pas quoi te dire… J'peux pas faire grand-chose pour t'aider.

David soupira.

-Comme tout le monde.
-Pourquoi tu lui gueules pas dessus un bon coup ?
-Kyle, c'est moi, David Smirnoff !
-Tu m'as bien crié dessus quand on a rompu !

David soupira.

-C'est pas pareil, t'es pas de la famille. Lui ça reste mon cousin.
-Un cousin c'est pas vraiment un membre de la famille.
-…
-Quoi ? Moi j'ai un cousin, on est comme des étrangers !
-Oui mais dans ta famille c'est... normal vous vous revoyez plus, moi c'est… limite on a été élevés tous ensemble !
-Et ta cousine ?
-On s'entend très bien, on s'est toujours très bien entendus et d'autant plus depuis qu'elle sait que je suis gay.
-Ouah… D'habitude, gays et lesbiennes s'entretuent, mais toi tu arrives à concilier les deux… Tu unifies les peuples !
-Je n'ai rien d'exceptionnel pourtant… soupira David.

Kyle regarda David, souriant. David soupira.

-Ce qui veut dire ?
-Je te flatte de façon subtile.
-Avec ton sourire ?
-Oui !
-… On n'est plus ensemble !
-Je suis comme j'ai toujours été avant avec toi !
-Ah oui ?
-Ouais.

David regarda tristement Kyle.

-J'ai pas trop envie qu'on se remette ensemble. Qu'on reste amis, ok, mais…
-David, c'est ce que je suis en train de te dire ! Je suis là comme j'ai toujours été ! Je sais ce que tu en penses et notre amitié est importante à mes yeux aussi ! On reste amis !

David hocha la tête. « C'est pas toi qui agis mal, c'est moi qui pense à mal… Bordel de merde ! »

***

-A ce soir, David ! S'enjoua Colin.
-Mmmmgrmbl…

David laissa Colin sur l'échafaudage qui ravalait la façade de l'hôpital. Kyle regarda David en souriant.

-Vois le bon côté des choses. Certains ouvriers sont pas mal foutus !
-Comment tu peux me dire ça, j'ai Colin en plein dans la pupille ! Il m'énerve tellement qu'il m'obsède ! Il va me rendre fou !
-Je suis sûr que certains états américains accepteraient de vous marier !

David plissa les yeux. Kyle pouffa de rire. David secoua la tête en souriant.

***

Repas de midi dans le réfectoire. L'instant classique prenait des airs de veillée funèbre. Léopold déprimé, place de Charlie désespérément vide, Roland en proie à la démence, Malcolm pas à l'aise, Claire déprimée par la déprime des autres et Rachel pouponnant Teddiursa.

-Bon, qui se lance ?… marmonna Roland.

Tout le monde sembla quelque peu d'accord avec le jugement insidieux.

-Tout va bien, Roland ? Signifia Claire.
-Pourquoi cette question ?
-Pour que tu mettes l'ambiance…
-Sortez les parapluies… soupira Rachel.
-Eh bien si on excepte le fait que mon cerveau ressemble à une sécheuse et que chaque matin avec le bruit je déteste chaque jour un peu plus le genre humain…
-Ca ne doit pas être si terrible…
-Très bien, Claire, imagine un peu que quatre des membres de ta famille squattent dans ta maison. Ta sœur avec qui tu te disputes trois fois par jour, ton frère complètement lunatique, ton cousin qui est un abruti sans-gêne et ta cousine qui est une insupportable lesbienne. Ils sont là en permanence, le cousin rentre chaque soir en sueur, la cousine fait je-ne-sais-quoi de ses journées, le frère ne parle jamais, il se contente de manger, chier, dormir, la sœur se contente de se rendre assez indispensable pour ne pas avoir à partir. Pendant ce temps, Roland, titulaire du logement de fonction, regarde chaque soir avant de dormir un révolver en se demandant ce qu'il pourrait en faire.

Regards étonnés.

-Mais je te remercie, Claire, de te soucier de ma santé mentale. Si je commence à avoir des hallucinations de Megan en jouant du piano, je compte sur Malcolm pour m'emmener à l'hôpital psychiatrique le plus proche pendant le mariage de Charlie et Léo alors que les Rolling Stones feront un bœuf !
-Non, le plus éloigné, de préférence… marmonna Léopold.
-Ca va aller, Roland, ce sont juste… des membres de ta famille ! sourit Claire.
-Oui, la famille c'est tellement agréable. Tu en sais quelque chose.
-Roland, ferme ta gueule.

Roland regarda Malcolm et le montra du doigt.

-Il réagit enfin ! Applaudissements !

Rachel et Léopold applaudirent légèrement. Roland sourit avec Claire qui leva les yeux en secouant la tête.

***

Colin, 12 ans

Colin arriva, honteux, devant sa mère et sa sœur qui étaient assises à la table, au milieu des autres tables avec les autres familles des autres pensionnaires.

-Où est papa ?! S'étonna le gamin.
-Ton… père n'a pas souhaité venir.

Colin soupira.

-Super… J'peux savoir pourquoi ?!
-Il n'avait pas envie de te voir dans cette ambiance là, admit Kate.
-Pffff… Super. Vous voulez savoir comment je vais, peut-être ?

Estelle ferma lourdement les yeux. Kate se mordilla les lèvres.

-Au poil ! Ce matin on m'a fait une brûlure indienne au bras, tu veux la voir ? Ah et j'ai été obligé de castagner une fille parce qu'elle me traitait de tête d'œuf !

Estelle soupira.

-A part ça tout va bien ?
-Super. Quand on m'aura arraché le service trois pièces avec les dents… Vous viendrez me chercher ?

Estelle pinça le bras de son fils qui sursauta.

-Aouch… Aïe !!!
-Tu n'as pas de brûlure indienne sinon tu aurais reculé directement, tu n'as pas tabassé de fille sinon tu aurais des griffures partout ET utiliser des mots vulgaires que tu apprends ici ne sert à rien contre moi jeune homme !

Colin soupira en faisant la moue. Kate avait du mal à cacher son fou-rire.

-Ouais, rigole, toi, t'es la prochaine ! Grommela Colin.
-La plus grosse bêtise que j'ai faite c'est de brûler une chemise de papa en apprenant à repasser ! Toi a 11 ans tu as déjà un casier judiciaire.. Ne compare pas l'incomparable s'il te plait !

Colin soupira. Estelle lui prit les mains.

-Ca va aller, mon grand. C'est pour ton bien.

Colin hocha légèrement la tête.

-Crois-moi, ça me fait mal au cœur à moi aussi, et à ton père, mais tu n'en sortiras que mieux.

Colin acquiesça à contrecœur.

***

Une jeune femme entra dans l'hôpital universitaire d'Argenta, portant un Tiplouf.

Au même moment sur l'échafaudage, Colin portait un sac de plâtre.

« Bon sang j'aurais dû capturer au moins un Pokémon avec des bras ! Je suis le seul ici a ne pas avoir un ou deux Machoc ! Mais moi au moins j'suis pas une feign… »

Le sac qu'il portait tomba. Colin balança une Pokéball rapidement, par réflexe.

La jeune femme leva la tête et hurla lorsqu'un Grodrive rattrapa à temps le sac qui allait tomber à côté d'elle. Le Pokémon tomba doucement avec le sac. Colin descendit à toute vitesse.

-Oh mon Dieu ! Oh… P… J'suis désolé madame ! Pardon, vraiment !
-… Mademoiselle…
-Mademoiselle, excusez-moi… J… J'ai été déséquilibré, je suis vraiment sincèrement absolument désolé…
-Ca va, ça va, merci d'avoir appelé votre Grodrive, ça m'a évité un bon pressing…
-Oui… euh… enfin vous auriez pu être blessée aussi…
-C'est gentil d'avoir pensé à ça aussi…
-Par… chance on est dans un hôpital…

Colin regarda autour de lui et se rattrapa.

-Qui soigne des Pokémon ! Ouais ! Oups… Ouais…
-… Vous me rappelez quelqu'un mais vous êtes encore pire que lui alors je me garderais de vous faire quelque reproche. Je me présente, Aude Henderson !
-… C… Colin Ludges.
-Colin ? C'est mignon. Parents fans de poisson pané ?
-… Euh… Parents comiques ?

Aude éclata de rire. Colin sourit, embarrassé.

-Vous êtes un marrant, vous… Il faut que j'aille faire soigner mon Tiplouf, heureuse de vous avoir rencontré.
-Euh…
-Quoi ?
-… Je… vous reverrais ?
-Eh bien je ne compte pas vivre ici, je suppose que je repasserais par la porte. Si vous êtes encore là, vous aurez peut-être mon numéro de téléphone !

Colin rougit. « Waouh… C'est une rapide !! »

***

Ted observa les filles. Lily souriait, contente à la seule idée. Maya et Chloé étaient quelque peu intriguées.

-Une soirée films chez toi ?! S'étonna Maya.
-Ouais ! On se fait deux films à la suite, sur projecteur super 8 avec le son dolby ! La double sensation quoi ! Ancien et moderne !
-Tentant… geignit Chloé pas convaincue.
-J'espère que vous serez toutes là, ce serait cool !
-On y sera ! Sourit Lily.
-Super !

Ted quitta les filles. Maya et Chloé regardèrent Lily.

-Tu comptes y aller Lily ?
-Oui bien sûr ! Pourquoi, pas vous ?
-Si ! Si évidemment ! Hein, Maya !
-Oui bien sûr !
-J'espère parce que ce serait vache de le laisser tout seul à sa porte !

Lily s'éloigna. Chloé regarda Maya.

-Tu…
-On lui dit qu'on y va mais en fait on n'y va pas. Lily s'y pointe toute seule et ça fait le premier rencard ! Dix ans plus tard, Ted et Lily se marient et c'est grâce à nous !

Maya regarda sa copine, atterrée.

-Chloé, t'es une GROSSE FOLLE !!!
-Mais non, j'adore les romans à l'eau de rose !
-Une giga grosse folle alors !

***

Roland était suivi. Il se tourna vers l'ennemi.

-Malcolm ?! Non, j'ignore où est Reese, et Dewey doit préparer une autre bêtise !
-… As-tu toujours des sentiments pour Claire ?

Roland regarda Malcolm.

-Eh bien voyons, d'après l'alignement actuel des planètes, non.
-Vous… avez l'air de bien vous entendre…
-Oui, c'est-à-dire qu'on est amis, alors forcément on a un bon contact elle et moi. Normal. T'as remarqué que Rachel aussi est de plus en plus proche de Claire.
-Non ça c'est normal, c'est moi qui le lui ai demandé.
-Génial, un mariage arrangé lesbien…
-Tais-toi… Tu ne devrais pas autant te rapprocher de Claire !
-Elle a la peste ?
-Non, c'est ma petite amie !
-Donc vous avez la peste tous les deux ?!
-Roland…
-Malcolm, c'est débile, évidemment que j'ai des sentiments pour elle.

Malcolm regarda Roland.

-Seulement c'est juste une forte amitié, rien de plus. Parler avec elle m'évade un peu de mon appartement surpeuplé et bruyant.
-Bah voyons.
-Auparavant je serais venu me réfugier chez toi.
-Auparavant rien ne t'en aurait empêc… Sauf Claire… Tu l'aimes !
-Bien. Je l'aime bien.
-Ca m'inquiète, ça.
-Oh, j'attendrais ton coma pour coucher avec elle.

Malcolm frappa Roland à l'épaule.

-Tête de con !
-Nan, Smirnoff Attitude !

***

-C'est gentil de vous occuper de lui…

Samuel soupira.

-Mouais… Hm…
-On se battait comme ça et il s'est évanoui sans prendre un coup !
-Je vois.

Aude regardait le médecin, intriguée. Colin arriva dans la pièce.

-J'vous ai cherchée partout !
-Ah ?!
-Vous avez fait tomber votre écharpe. Je l'ai remarquée quand vous êtes tombée dans les escaliers…

Samuel sortit sur le balcon.

-C'est adorable de votre part !
-J'fais juste ce qui me semble juste… On peut dire ça comme ça !
-Oui, attendez… EH !!!

Aude ouvrit la porte donnant sur le balcon. Samuel fumait une clope.

-Ca ira, j'peux vous aider ?! Grogna Aude.
-Quoi ?
-Quoi, QUOI ? Sombre minable ! Vous êtes censé soigner mon Tiplouf !
-J'l'ai mis sous chloroforme, à son réveil ça ira !
-ParDON ?? Il a quoi, vous savez au moins ?
-J'sais pas, une petite fièvre à la con !

Aude grimaça. Colin avança vers le type et l'empoigna.

-EH !! M'ça va pas ??? Geignit Samuel.
-Ecoute, petit con ! La dame là elle veut juste que tu lui soignes son Tiplouf, ok ? Alors tu fais ton taf, sinon j'fais le nettoyage du chantier tout de suite en commençant par les sacs à merde !
-C'est bon ! C'est bon ! C'est l'heure de ma pause !!

Colin soupira et lâcha Samuel.

-Z'êtes taré !

Colin colla un coup de poing à Samuel qui s'écroula au fond du balcon.

-OUCH !

Aude sursauta.

-… C'était pas nécessaire.
-J'vais vous mener à un vrai médecin.
-… Inutile de me vouvoyer, maintenant… Tu viens de casser la gueule à un parfait connard !
-D'accord, Aude. Je n'ai fait que mon devoir !
-D'accord, Colin !

Ils se regardèrent, complices.

***

Colin, 15 ans.

Il revenait de l'Internat qu'il venait de quitter définitivement. Sa sœur, sa mère et son père le regardaient au cours de son repas de retour.

-Content de te revoir papa… En 4 ans on s'est vus… 4 fois, aux quatre Noëls…
-…
-J'peux avoir un semblant d'explication ou…
-… Non.
-Cool.

Estelle soupira. Kate regardait tout le monde, étonnée.

-Colin, on s'est reinseignés, ta seule option pour avoir le diplôme c'est de passer dans les voyages initiatiques avec les enfants éduqués en foyer.
-Cool ! On mange de la pâtée pour chats à midi ?!

Estelle s'étonna.

-Dheu... Non !
-OUF ! ENFIN UNE BONNE NOUVELLE !!!

Jonathan regarda son fils, quelque peu désespéré.

***

Jonathan vint trouver son fils, seul dans le jardin.

-Ca va, fiston ?
-… J'viens de passer quatre ans à fiche ma vie en l'air… Je sais toujours pas si j'aurais la possibilité de faire un voyage itinérant… Cool quoi ! Et toi ?
-Je suis vieux…
-Chacun ses merdes…

Jonathan soupira.

-Si je suis pas allé te voir c'est parce que…

Colin regarda son père qui se mordilla les lèvres.

-… J'ai fait de la prison...

Colin écarquilla les yeux.

-Wow… Kate est au courant ?!
-Oui elle… l'a appris par inadvertance. De venir te voir ça m'aurait rappelé de trop mauvais souvenirs… Le seul fait de t'avoir envoyé là bas, ça… me faisait trop mal au cœur. Mais on pouvait pas faire autrement, pour ton bien. Crois bien que j'en suis désolé… Et je pouvais pas supporter de te savoir dans une situation pareille à celle dans laquelle j'ai été mais on n'avait que ça comme solution. Désolé…

Colin hocha la tête et serra son père dans ses bras.

-J'suis désolé…
-Nan, ça va papa. J'en avais peut-être besoin après tout…

***

-Voilà ! Sourit David.
-Merci bien… Je savais pas que les Tiplouf pouvaient attraper des maladies à cause de la pollution de l'eau…
-Faites vérifier le filtre de votre bassin d'intérieur… Ou installez-en un.
-Merci infiniment !

Aude repartit devant un David satisfait. « Cool de se faire remercier… »

Elle arriva devant l'échafaudage à l'entrée et remarqua Colin qui gelait une vitre avec son Oniglali tout en préparant son marteau piqueur. Elle observa un peu avant de noter son numéro sur un bout de papier et de le coller avec un chewing-gum sur le Grodrive qui passait par là. Elle s'en alla ensuite.

***

Léopold et Claire allaient chez le doyen.

-Tu es sûr, Léo ?
-Oui… Ca m'embête de profiter à ce point du fait qu'il connaisse la mère de Roland…
-C'est juste temporaire, Charlie ira bientôt mieux et il reprendra les cours…
-Ca voudra pas dire qu'il va mieux s'il reprend les cours…

Léopold et Claire allaient entrer dans le bureau mais il n'y avait personne. Claire s'étonna.

-… Louche…
-SORTEZ DE MON BUREAU !

Léopold et Claire reculèrent brusquement, mais le bruit émanait du bureau du proviseur. Regard entendu entre les deux profs. Richard sortit du bureau du proviseur.

-Vous pouvez faire ce que vous voulez je n'accepterais pas ça !
-Au choix !
-Par ailleurs je vous repose la question, POURQUOI avez-vous viré les trois surveillants du cabinet Bowyer que j'avais fait placer ?
-PARCE QUE JE NE SUIS PAS VOTRE CHIEN, LEWIS ! C'EST MOI LE PATRON !
-Les vrais patrons sont plus matures que des abrutis dans votre genre !
-SOUHAITEZ-VOUS QU'ON EN DISCUTE AUTOUR D'UN CONSEIL D'ADMINISTRATION ?
-Certainement !

Richard s'éloigna, furieux. Claire et Léopold s'étonnèrent de cette joute. Richard regarda les deux professeurs.

-Monsieur-dame ?
-… C'est pour vous informer que Charlie…
-Il revient quand il veut, ne vous en faites pas.

Le proviseur sortit de son bureau.

-ET QUE JE NE VOUS SURPRENNE PAS A FAINEANTER !

Claire écarquilla les yeux.

« Le blason des membres l'Ennéagramme ! »
Le blason comportait le symbole de l'Ennéagramme (ennea = neuf, gramma = figure en grec ndla)

-Je ne fainéante pas, nous discutons d'un professeur !! Grommela Richard. J'avais rendez-vous avec ce jeune homme alors taisez-vous !
-Monsieur le proviseur, je suis désolé… marmonna Léopold.
-Va pour lui, elle ?!
-Claire m'accompagnait, c'est tout…
-En classe, tout de suite !!

Claire partit en courant sans sourciller à l'étonnement de Léopold.

Dehors, elle sembla inquiète. Elle ouvrit un petit carnet qu'elle n'avait plus ressorti depuis bien longtemps et vérifia ce qu'elle avait cru voir.

« Numéro… 7, le généraliste ! C'est le numéro 7 !! »

***

David et Colin sortirent de l'hôpital, suivis par Kyle.

-Samuel avait le nez en sang, je me demande ce qui lui est arrivé… s'étonna David.
-Un patient aura eu une réaction purement normale face à sa connerie profonde… supposa Kyle.

David regarda Colin.

-Tu es bien calme…
-Hm… Un peu fatigué je suppose.
-… Mouais. Je suis fatigué aussi, pour autant je papote…
-Fatigué, fatigué… T'as pas eu à porter des briques et des sacs de ciment toute la journée hein !
-Oh bah voyons…
-Tu crois que soigner deux-trois bestioles ça suffit à t'épuiser ?
-Je suis fatigué, désolé de ne pas faire un métier plus épuisant que celui de monsieur !
-Viens pas me dire que t'es fatigué, t'es même pas en nage !
-Moi au moins je pue pas la sueur !

Kyle plissa les yeux. « Je comprends que David préfère Roland à Colin… »

***

Claire furetait dans les couloirs à la recherche de quelqu'un. Elle aperçut Malcolm qui plaisantait avec Roland.

« Non, je peux pas… Je ne peux pas les déranger avec ça… Ce sont deux garçons qui comptent trop pour moi, je ne peux pas les impliquer là dedans, et… Ils ne sont pas aussi forts qu'ils le laissent paraître… »

Elle soupira. En bifurquant, elle manqua de se cogner à Rachel.

-WOUPS !
-Claire nom d'un…

Les deux femmes se regardèrent.

-Rachel, je peux te parler de quelque chose d'important ?!
-… Si c'est à propos de toi et mon frère, je préfère pas…
-Non, non non non !

***

Colin, 11 ans

-Les enfants, bonjour.

Colin soupira d'être ainsi dans cet internat d'où il était impossible de s'enfuir. Il soupira de son impuissance face à sa vie. Son institutrice était une femme grande, maigre, avec une robe d'une pièce et aux longs cheveux noirs de jais. Elle ressemblait presque à sa mère mais elle était plus pâle. Ses yeux, son nez et sa bouche semblaient dépareillés entre eux.

-Je suis Ethel Wilde, votre nouvelle institutrice. Dans cet Internat, nous visons l'excellence. Je vous prierais de bien vous tenir et de respecter les bonnes manières. Je vous apprendrais à vous battre et à vous perfectionner. Je suis ce genre de femme que vous pensez apprivoiser mais qui saura vous surprendre quand vous vous y attendrez le moins.

Assis à son modeste pupitre, le jeune Colin vit passer son professeur. Déjà très regardant sur les poitrines féminines, il ne put s'empêcher de remarquer l'écusson doré avec cet étrange symbole… Il ne le savait pas bien sûr mais c'était un Ennéagramme, marquant particulièrement le chiffre 3...

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Side note : Voici un ennéagramme.