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Smirnoff R. de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 01/09/2009 à 11:58
» Dernière mise à jour le 01/09/2009 à 12:45

» Mots-clés :   Drame   Humour   Kanto   Romance   Suspense

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051 - L'absente
« Qui a dit que les absents avaient toujours tort ? Chez nous, on ne dit du bien des gens, on n'en écrit sur eux que lorsqu'ils ont disparu. »
(Philippe Bouvard)

« Je n'ai jamais su devenir l'homme qui devait tant te plaire
Qui aurait dû assouvir toutes tes prières
J'ai même appris à te mentir, à te voir sous une autre lumière »

(Miossec, Maman)



-Et donc voilà… D'après les examens…

Charlie, Christine et Marine regardaient leur mère. Linus avait la tête plongée entre ses mains.

-… j'aurais un cancer du foie avec métastases plus que probables… Si je ne me soigne pas j'ai deux ans, si je me soigne six minimum avec risque de rechute…

Les enfants étaient désarmés. Linus regarda sa femme, ému. Lucy semblait stressée derrière ses éternelles lunettes à monture grise.

-Bien évidemment je vais me soigner, ce sera long et difficile mais je me soignerais.
-Et je t'aiderais comme je pourrais.
-Les enfants, je vous dis juste ça pour que vous le sachiez. Je veux que vous continuiez vos vies d'avant sans vous préoccuper de moi.
-Bah voyons ! Soupira Christine.
-Ca va aller. Je suis forte, je vais y arriver.
-Mais non, maman ! Non !! Geignit Charlie.
-Si je vous dis que ça ira, ça ira. Vous n'allez pas rester ici jusqu'à ce que je meure quand même ! Parce que croyez-moi ça n'arrivera pas !

Les trois enfants hochèrent la tête, confiants. Linus regarda sa femme, plein d'espoir. Charlie semblait renfermer une petite pointe d'inquiétude.


***

Charlie, assis, les yeux vides dans la salle annexe du funérarium. Il vient d'aller à la présentation du corps de sa mère à la famille et aux proches. Il frissonnait, incapable de trouver des mots, des phrases, des expressions qui résumeraient ça.

Son père vint s'asseoir à ses côtés. Même silence, même expression.

-Pourquoi ? Demanda finalement Charlie.

Linus secoua la tête, abattu.

-C'est la sœur de ta mère qui s'est emparé de l'organisation des funérailles. Cette femme est un démon.
-Que voulait vraiment maman ?
-Être enterrée dans un nouveau caveau familial, cérémonie stricte sans présentation ni… foutue cérémonie religieuse.
-Pourquoi elle fait ça ?!
-La sœur de ta mère est une pute monomaniaque incapable de se contrôler.
-Fais quelque chose !
-Je n'ai plus l'âge ni la volonté de faire quoi que ce soit…
-… Ca va aller pour toi, papa ?
-Oh, oui… Même si ta mère était un peu le soleil de chacun de mes jours… Je vais tenter de continuer…

Etienne, Linda, Jonathan, Estelle, Kenneth, Judith, Norbert et Lionel vinrent voir Linus qui sourit de les voir.

-Vous voilà…
-On a hésité… soupira Etienne. C'est horrible ce que Dolorès a fait.
-Elle le voulait trop fort, la harpie.
-On boycotte à 100% la présentation ! Grommela Jonathan. Je refuse de voir Lucy embaumée comme ça !
-Tout va bien, Lindbergh ?! S'enquit Norbert.
-Oh, oui, oui… Tu devrais être content Norbert, ricana Linus, tu as le champ libre maintenant !
-… Oui, là je suis très, très gêné… marmonna le vieux blond.
-Pardon, je dis n'importe quoi… La colère, le… Mais comment elle a pu mourir comme ça !! Elle était en rémission, bon sang !!
-Papa…

Linda regarda Charlie.

-Tu n'as toujours rien dit à Léopold ?

Charlie secoua la tête, honteux.

-J… J'ai préféré ne pas l'embarrasser avec ça, il n'était même pas au courant pour son cancer et… vu l'animosité qu'il y a toujours eu entre eux…
-Et Roland ? Demanda Etienne.

Charlie se mordilla les lèvres.

-Il… Euh…
-Quand même, il a toujours été proche d'elle, c'est la seule qui a toujours voulu le garder avec Estelle… marmonna Etienne.

Charlie s'effondra.

-J… J'ai pas osé, il… est un peu dépressif depuis… Votre diner de famille.

Etienne poussa un soupir inachevé et se mordilla les lèvres.

-Oh.
-De toute façon je suis parti en ne prévenant que le doyen, alors…
-On ne va pas épiloguer là-dessus, Linus, tu dois recevoir les amis et la famille, quand même ! Grommela Estelle.
-Je n'en aurais pas la force…
-De toute façon, tante Dolorès a l'air bien décidé de le faire.

***

-Tu veux quoi ?

Charlie avait réuni tout le monde.

-N'en parlez pas à Malcolm, Rachel, Léopold ou Roland. Je ne veux pas qu'il sachent, d'autant qu'ils sont mes collègues…

Etienne hocha la tête.

-Ok, on comprend…
-C'est dur pour toi mon grand… de t'infliger ça ! Marmonna Jonathan.
-J… Je sais mais…
-A chaque fois que tu nous parles d'un truc à tous, c'est un truc qu'on doit pas dire… s'étonna Estelle.
-Sauf que cette fois, nous, on sait aussi ! Sourit Norbert.

Charlie soupira.

-Je pourrais pas supporter qu'ils me demandent sans cesse comment elle va, si je vais bien… qu'ils me regardent comme un dépressif.

Tous hochèrent la tête.

-J'suis désolé de vous imposer ça…
-Non, c'est bon Charlie, on comprend… marmonna Linda.
-C'est… dur quand même… souffla Kenneth.


***

-Alicia !!! Oh tu ne sais pas ce que ça a étééééé !!! Marie-Claudine ! Oh ! Bonjour, amis ? Oh oui quelle horreur ça a été !

Charlie secoua la tête en voyant la grande dinde en chapeau, lunettes noires et robe haute-couture accueillir les invités à grand renfort de bras.

-Pour une presque cinquantenaire, elle a la pêche… marmonna Lionel.
-Quelle pute…
-Du calme, Charlie… soupira Linus. Inutile de se disputer ici et maintenant, ça fait trois jours qu'elle contrôle tout.

Charlie baissa la tête. Jonathan lui passa une main amicale sur l'épaule.

-T'en fais pas petit. Ce sera juste un moment difficile à passer.

Charlie hocha la tête. Norbert soupira.

-En tout cas tu es bien courageux d'être venu seul. Moi j'avais emmené tout le monde a l'enterrement de ma propre mère.
-La situation était différente, Norbert… marmonna Etienne.
-Quand même, j'admire son cran.

Charlie baissa la tête et fondit en larmes.

-Vous avez tort, monsieur Finsbury… J… Je n'suis qu'un lâche ! J'ai été incapable de tout dire à mes amis, j'ai été incapable de réaliser mes foutus rêves et maintenant ma mère est morte…
-Charlie… soupira Linus, contrit.
-C'est la vie. Il faut toujours qu'un des deux parents meure avant qu'on se soit accompli… soupira Etienne.
-C'est nul, et c'est horrible ! Geignit Charlie.
-Lindbergh, où sont vos filles ?! S'étonna soudain Linda.

Charlie regarda la blonde.

-Elles sont… en train de pleurer à la présentation du corps. Elles sont dans un état assez lamentable.

Tout le monde soupira en relief.

***

On frappa à la porte. David ouvrit. Léopold.

-Hey… Dave !
-Salut Léo… Entre…
-Désolé, je… Les autres ont cours le jeudi après-midi, moi pas, alors…
-Et moi mon nouveau superviseur n'enseigne pas le jeudi. Entre, je te fais un thé.

Léopold entra et regarda David. Il soupira.

-Euh… R… Roland m'a dit pour Kyle. Je suis désolé.
-C'est rien… Enfin à côté de ce qui t'arrive c'est rien.
-J'espère que Charlie va vite revenir… soupira Léopold.
-T'en fais pas, il reviendra, j'en suis sûr…
-Si ça se trouve il est allé voir ses parents pour un truc débile… Ce serait bien le genre…
-Assieds-toi…

Léopold s'assied. Il regarda l'appartement.

-Ton frère a vraiment des goûts de chiotte en matière de déco…
-Oui… Mais j'y peux pas grand-chose…

David ramena deux thés.

-Et voilà !
-Cool, merci Dave.

Ils s'assirent. David alluma la télé.

-Mets la chaîne 24, y'a « Questions à la suite ». On va rire.
-Je déteste cette émission.
-Moi aussi mais les candidats sont pitoyables, on va se foutre de leur gueule.

David ricana et mit la chaîne.

« Eric, pour 20 000 Pokédollars… Quelle est le niveau d'évolution de Roucoups ?
-Niveau 18 !!
-MAUVAISE REPONSE, 34 !! Roucoups évolue au niveau 34 !
-Ah flûte ! »

David et Léopold ricanèrent.

-Tu vois !
-Ah oui, oui…

David s'assied contre Léopold sans vraiment faire attention.

***

-Allez, Lucy !
-J'veux pas y aller.

Jonathan soupira.

-Vous êtes un peu obligée...
-J'veux pas y aller avec vous !
-J'vais pas vous tuer sur le chemin !
-Le seul fait de vous en savoir capable me terrifie.
-De toute façon si vous restez ici vous augmentez aussi vos chances de crever…

Lucy regarda Jonathan, étonnée.

-Vous n'en avez rien à foutre que j'aie un cancer ?
-Je sais bien que vous êtes fatiguée mais je sais aussi que vous êtes une grande gueule…
-… Salopard, va…

Elle se leva.

-On y va, emmenez-moi, bourreau !
-Vous préférez la guillotine où la machette ? J'ai les deux dans le coffre !

***

-Allez, Lucy, entre filles !
-On fait déjà des soirées Poker et Martini, alors bon si vous m'emmenez à ma chimio ça va rompre le charme ! Soupira la britannique.

Estelle grommela et la tira par le bras.

-Ah !!
-Mais allez, une virée entre filles vous fera du bien, Lucy !
-Mais oui ! Assura Linda.
-Et puis la chimio, que vous y alliez à deux, à trois… souffla Judith.

***

-Au moins vous êtes sûr que je n'essaierais pas de vous tripoter ! Héhé…

Lionel regarda Norbert, abasourdi; Lucy haussa les sourcils.

-Il faudra que je la note celle-là quand même… En route, sauvages…

***

-Si vous n'allez pas plus vite à la chimio, Charlie va mourir aussi ! Viiiite !

Lucy prenait son manteau et regarda Etienne, courroucée.

-Espèce de sombre crétin ! Grommela Lucy. Je suis morte de fatigue !
-C'est un cancer, pas une grippe à la con ! Vous espériez quoi, des vacances ?

Lucy grogna mais se rendit à sa chimio.

***

Lucy et Linus, en voiture.

-C'est quand même avec toi que je préfère y aller ! Sourit Lucy.

Linus hocha la tête.

-Mais c'est moi qui mets le moins de cœur à l'ouvrage…

Lucy se mordilla les lèvres en regardant son mari.

-Ca va aller, Lindbergh.
-Moi désolé je n'arrive pas à en rire… ou à t'encourager joyeusement…
-Je comprends ça. Mais toi au moins tu n'as rien besoin de dire.

Linus sourit.


***

-Charlie !
-Les filles…

Christine et Marine serrèrent leur petit frère dans leurs bras. Christine était devenue une grande et belle évaluatrice d'objets d'arts dans une salle d'enchères tandis que Marine, mère de famille, était décoratrice d'intérieur spécialisée dans les fresques pseudo-religieuses.

-Cette salope de Dolorès n'a pas laissé entrer nos maris…
-Rhan…
-Norbert et Lionel ont été obligés de dire qu'ils étaient cousins pour entrer !
-J'ai bien fait de pas amener Léopold…

Christine s'étonna.

-Tu ne lui as rien dit alors ?
-C'était au dessus de mes forces… Et je ne pense pas qu'il y serait allé de bon cœur… Il aurait été embarrassé... Nous aussi...
-Charlie… murmura Marine.
-Et vous deux, ça va ?
-A part… la mort de notre pauvre maman, oui, tout va bien…
-C'est horrible d'ailleurs à quel point tout va bien comparé à ça… geignit Marine.
-Et toi, Charlie ?

Il baissa la tête.

-Bof… J… J'continue à faire un boulot qui me plait pas… Mon couple c'est des hauts, des bas… Niveau personnel je me sens de plus en plus comme une merde…
-Charlie, ne te laisse pas abattre !
-Maman n'aurait pas voulu ça !

Christine regarda sa sœur, abasourdie.

-C'est vachement le genre de trucs à lui dire !
-Elle a raison…

Christine soupira en regardant son petit frère.

-Maman a toujours voulu que je mène une vie passionnante, que je sois heureux…
-Charlie…
-Et j'ai l'impression de la décevoir encore plus maintenant qu'elle est morte !

Charlie s'effondra sur Marine qui le serra dans ses bras. Christine regarda vers Linus qui pleurait, forcément, vu que Charlie pleurait.

-Euh… Désolée de parler de ça maintenant mais… Qu'est-ce qu'on va faire de papa ?!

Charlie et Marine regardèrent Christine, surpris.

-Je pense qu'on ne veut pas le laisser seul tous les trois… Mais je pense aussi qu'on a nos vies… Connaissant papa, il va refuser d'être un poids pour nous…

Charlie se mordilla les lèvres.

-Au pire il viendra chez moi…
-Il ne supportera pas le voyage jusqu'à Kanto, Charlie… Moi l'ennui c'est qu'avec mes quatre enfants… Oh c'est honteux ce que je dis… geignit Christine.
-C'est le même problème pour tout le monde… marmonna Marine. Je viens d'avoir une fille, je commence tout juste à me faire au fait d'être mariée et indépendante…
-Alors je reste ici…
-Et tu dis quand à Léopold que tu es parti ? Enfin Charlie !
-Et puis t'es le plus jeune, papa en aurait un ulcère de te plomber la vie comme ça ! Assura Christine.
-Je le fais déjà très bien tout seul…

Etienne arriva vers la fratrie.

-Euh… Le cortège va bouger, Dolorès s'est remise en marche elle et son cul à pile atomique !

Rictus des trois. Etienne soupira.

-Votre père a vraiment besoin de vous pour le moment…
-On sait…
-On se demande juste… jusqu'à quand… marmonna Marine.
-T'es la reine des gaffes, toi… grommela Christine.
-Ne pensez pas à ça, assura Etienne. Votre père est assez intelligent pour avoir tout préparé lui-même.
-Et assez dépressif pour que ladite préparation soit un fusil de chasse et une douille pleine ! Marmonna Charlie.
-LES ENFANTS !!!

Dolorès arriva vers les deux sœurs et le frère. Elle les embrassa.

-Mes pauvres enfants !! Oh si vous saviez à quel point je suis désolée !! Ecoutez, vous pourrez venir chez moi quand tout ça sera terminé !
-… Chouette on va enfin... voir ta maison… marmonna Charlie.

Les deux autres se contentèrent d'un méprisant silence.

-Ooooh Charlie tu as toujours été mon préféré ! Je me rappelle encore quand tu étais tout bébé !!
-Oui, et ma première tétine, annonciatrice de tant de choses…

Etienne ne put retenir un pouffement. Il s'abstient, en enterrement c'est impoli tout de même. Dolorès étendit les bras.

-Je sais que j'ai été un peu absente…

Toussotements significatifs des sœurs sur le « Un peu ».

-… mais Lucy aurait voulu que je sois là pour tout organiser. C'était une femme ordonnée et avisée.
-Maman ne voulait pas de présentation du cercueil.
-Pardon ?
-Dans ses dernières volontés, elle voulait juste être enterrée sans cérémonie religieuse.

Dolorès éclata de rire.

-Mais non mon poussin, elle le voulait mais vu les finances à la ramasse de ton père elle ne pouvait pas se le permettre ! Alors j'ai décidé de tout arranger pour elle ! Tu sais que ta mère était une fervente catholique.
-Mais qu'elle ne priait plus.
-Pardon ? Ne raconte pas de salades, chéri. Ta mère priait plus que moi et elle a sûrement continué !
-Et moi je dis…
-N'élève pas le ton, jeune homme ! C'est un enterrement tout de même !! Partez avec le reste du cortège !

Charlie baissa la tête. Marine regarda Charlie.

-C'est bien, Charlie, tu lui as tenu tête.
-J'aurais voulu lui rabattre son caquet ! Quelle pourriture ! J'ai pas le droit de hausser le ton mais madame a le droit de sortir les mallettes remplies de biftons ?!
-Allons, Charlie…
-Sois courageux, gamin, soupira Etienne. C'est juste un mauvais moment à passer.
-Hm…

***

-Oh je sais…
-Moi aussi je l'ai sur le bout de la langue…

Les deux répondirent en même temps.

-LA CROISIERE S'AMUSE !

« Euuuuh… Titanic ?!
-Faux ! La réponse à la question « Quelle fiction se déroule entièrement sur un bateau » est « La croisière s'amuse » !

-Yeah !!!
-Houhou ! Ricana David.
-C'est trop facile… soupira Léopold.

Il s'assied dans le fond du canapé. David le regarda. Léopold le regarda.

-Quoi ?
-… Tu l'as acheté où, ce pull ?
-Paul Bauman, Rue Kranidos.
-Ahon… C'est de la marque...
-Ouais, et j'en ai pas à ta taille, désolé bonhomme. Mais t'es très bien comme ça ! Tu t'habilles comme un chef.
-Merci…
-Je pense pas que Kyle voulait vraiment te faire du mal.
-… J'suis pas sûr… J'sais pas trop ce qui va pas avec moi…

Léopold frictionna l'épaule de David qui semblait triste.

-Viens contre moi, va.

David vint se serrer contre Léopold ce qui le rassura un peu.

***

Christine conduisait Linus, Charlie, Marine et… Dolorès jusqu'au lieu où la cérémonie allait avoir lieu.

Christine osa parler.

-Papa, je peux te demander un truc un peu embarrassant ?!
-… Vas-y…
-Tu as pensé à après ?
-…
-… On y a pensé et… La meilleure solution - d'un point de vue clinique - serait que tu ailles chez Charlie.
-Je suis d'accord pour te prendre chez moi !
-Ca ira, je n'ai pas envie de… te déranger.
-Mais non, papa…
-De te déranger toi et…

Charlie secoua la tête.

-Il comprendra.
-Non mon chéri… Ca va ruiner ta vie, tu dois réaliser tes rêves.
-J'ai plus de rêves, papa. Là je… Je pense juste à ma pauvre mère qui est morte et à mon pauvre père qui va être tout seul.
-Mais non, il y a mes amis…
-Ils ne seront pas toujours là ! Papa…

Marine se tourna vers Dolorès.

-C'est marrant, là on ne vous entend plus !

Dolorès regarda la jeune femme, courroucée.

-De quel droit me parles-tu sur un tel ton ?
-Vous êtes moins bavarde tout d'un coup c'est tout !
-Mais ce bon vieux Lindbergh pourra se débrouiller seul ! Vu comme il a laissé ma sœur s'encroûter chez lui…
-Faites attention Dolorès, je tiens le volant mais je pourrais le lâcher brusquement… marmonna Christine.

Dolorès tressaillit. Linus soupira.

-Christine, ne plaisante pas avec ça, je te l'ai déjà répété…

Christine se reprit, honteuse.

-Pardon papa !! J… J'avais oublié !
-Pas grave… Et toi Marine, c'est l'enterrement de ta mère, s'il te plait…
-Oui papa…
-Je comprends mais…

Il aplatit la main en signe d'apaisement. Charlie regarda son père, puis Dolorès, haineux.

***

David et Léopold étaient allongés sur le canapé.

-Tu veux parler ?

David plissa les yeux.

-De quoi ?
-De ta rupture.
-C'est pas vraiment une rupture, on se voit tous les jours, on prend le même bus…
-Oui mais c'est dur quand même de rompre avec quelqu'un qu'on aime…
-… Je sais pas si on ressentait vraiment de l'amour l'un pour l'autre. Il m'a juste laissé pour se taper notre superviseur.
-Oh…
-En plus ce con me dit « Mais non avec toi c'est une vraie relation et lui c'est juste une quéquette satisfaisante ! »
-Bah… C'est un peu ça les homos… Enfin moi avant d'être avec Charlie j'étais une vraie rame de métro...
-Quoi ?
-J'me tapais tout le monde !
-Ah… Ah ouais ?
-Hm. J'ai profité de la vie, à l'académie, j'te l'dis, moi…
-Alors ce qu'a fait Kyle est… Normal ?!
-Bah… En fait pour lui tu es uniquement le terrain de l'amour, et ton superviseur c'est le terrain de jeu.
-Oh…
-Il a été maladroit et il a cru que tu comprendrais que cet homme et toi étiez deux choses différentes à ses yeux, mais apparemment pour toi c'est un tout.
-Bah oui.
-C'est une bonne vision des choses aussi, et tu dois la faire valoir. C'est à lui de s'excuser !

David sourit.

-Je le pense aussi.

Léopold regarda David, souriant. Il lui caressa la joue.

-T'es… vraiment devenu très mignon avec les années. C'est nul que ce type t'ait dupé comme ça.
-C'est la vie…
-Vous étiez allés loin ?
-… Il m'avait juste invité chez lui pour qu'on… Se… Qu'on s'ébatte un peu quoi.
-Ah ! J'aimais bien ces après-midi là avec Charlie aussi. Ce sont les meilleurs moments de la vie d'un jeune homosexuel, ces années d'insouciance…
-Désolé de pas être venu te demander conseil…
-Je comprends, c'est forcément un peu embarrassant, Dave ! Je t'avais dit ça pour que tu te sentes à l'aise, pas pour que tu le fasses forcément sérieusement.
-En fait… Je partage pas trop cette vision « Communauté gay »…
-Tout à fait normal, Dave. Je crois que peu la ressentent vraiment… Je veux dire… C'est pas une secte merde !

David ricana. Léopold sourit et l'embrassa chastement sur la bouche.

-T'as des lèvres très douces… marmonna Léopold.
-… Tu es… très bien aussi…
-Ca te gêne ?
-… Un peu… mais en bien…

Nouveau baiser. Léopold a un instant de lucidité.

-C'est vache envers Charlie…
-Oui… Je le pense aussi…
-Il est pas obligé de le savoir.
-…
-Je dirais rien si tu dis rien non plus. Et on n'ira pas au-delà de ce que la morale chrétienne gay impose !

David ricana.

-T'es sympa.
-Et toi t'es adorable.

Ils s'embrassèrent pleinement et passionnément. Les choses se compliquèrent quand David commença à enlever le pull de Léopold. Loin de Kyle, ses barrières étaient levées. Et loin de Charlie, allez savoir ce qui était levé chez Léopold...

***

Cérémonie à l'église. Famille proche reléguée au sixième rang. Dolorès au premier pour bien se faire voir.

-Quelle gaaaaarce… marmonna Charlie.

Linus regarda son fils, tout aussi consterné. Christine et Marine s'étonnèrent.

-Alors nous il nous engueule…
-Et pas Charlie ?!

Les deux filles regardèrent Charlie et le mirent dans la confidence.

-On pense que papa veut que tu rabattes son caquet à la dinde !
-Quoi ?
-Il nous crie dessus mais pas sur toi !
-On est dans une église les filles !
-Quand même, il pourrait au moins te sermonner ou te taper !
-Fais un essai !

Charlie reprit sa contenance.

-Papa, je suis désolé que cette femme gâche l'enterrement de maman !
-Moi aussi mon chéri…
-C'est rien qu'une… sale… vieille… garce... mal baisée !

Linus ricana mais regarda son fils.

-Pas d'injures, s'il te plaît. Ta mère détestait ça. Ca offense l'église en plus.

Charlie regarda ses sœurs et leva le pouce. Elles trépignèrent de voir ce que Charlie pouvait faire.

En attendant, redevenons sérieux.

Etienne se leva, péniblement désigné pour lire une lettre de Lucy. Dolorès regarda, méprisante, l'homme pauvre qui montait vers l'estrade.

-Hm… Mesdames et messieurs… Un grand homme de lettres a dit un jour : « Si la vie ne nous rapproche pas, les mots, eux, ont le don de le faire par delà les distances et les cultes » . Je ne suis pas un intime de Lucy Winchester…
-MEYER !

Etienne regarda Dolorès, outré, comme une partie du reste de la salle.

-… Lucy Meyer épouse Winchester ascendant Xéna…

Légers rires dans la salle. Linus sourit, amusé par la répartie d'Etienne.

-Je ne suis pas un intime mais mon fils l'était. Il n'est pas là alors je me suis dévoué pour lire cette lettre. C'est un gros travail mais je lui dois bien ça… Je leur dois bien ça, à mon fils et à Lucy. C'était une femme courageuse. Un peu bigote mais courageuse. Et elle aimait beaucoup mon fils. Tout comme moi.

Linda regarda son mari en se mordillant les lèvres.

-Bon. Je commence.

« Chère assemblée d'amis ici réunis à mon enterrement…

Si vous lisez ceci c'est que je suis une ignoble perdante. J'ai perdu contre ma maladie. Je suis une perdante et vous venez tous me voir, misérable malheureuse au grand jeu de la vie. Avec ma chance en plus, pas un seul de vous n'aura eu la politesse de clamser avant moi… »


Rires indisposés dans la salle. Linus écrasa une larme d'émotion.

« Je vous remercie tous de vous être déplacés. Je tiens à dire à tout le monde de ne pas s'en faire pour moi. J'ai fait ce que j'ai pu, mais je n'ai pas su me battre avec assez de force, avec assez de rage. Mon tour devait être venu et je suis bien contente d'être là haut. Je vous regarde, bienveillante, je sais tout de vos petits secrets et ça me donne une pèche d'enfer… ou de paradis. »

Linus sourit et fondit en larmes.

« J'en ai des choses à dire. Etienne, Kenneth, Jonathan, Norbert, Lionel… »

Etienne vit son visage se tordre d'émotion. Kenneth s'étonna. Linus se demanda ce qui se passait.

« J… Je ne vous serais jamais assez reconnaissante d'avoir été de si bons amis pour mon mari et pour l'avoir si bien accompagné durant ces quelques années… »

Etienne essuya ses yeux d'un revers de l'avant bras et continua. Linus regarda tout le monde, ému.

« Estelle, Linda, Judith, je vous remercie d'avoir été de si bonnes amies et des confidentes hors-pair. Nos soirées Poker et Martini me manqueront et je me rappellerais toujours, Judith, de cette attaque de Sinnoh durant laquelle jamais mon sang n'a bouilli aussi fort.  »

Les trois femmes envoyèrent en même temps un baiser soufflé qu'elles s'étaient promises d'envoyer si elles étaient à la tribune. Elles le font maintenant, c'est mieux.

« A mon mari… Je tiens à te remercier pour ces années de bonheur. Tu fus un mari merveilleux. Bien sûr ce ne fut pas sans peines, mais toutes les joies recouvrent ces quelques moments comme de la chantilly sur une répugnante forêt noire durcie par l'air libre. Tu es et restera le seul homme que je n'aurais jamais aimé, le meilleur père qui puisse être et un vieux retraité tout ce qu'il y a de plus convenable. Toutes mes pensées t'accompagnent ainsi que mon amour inconditionnel. »

Linus s'effondra en larmes avec force sanglots. (Et l'auteur fait une pause, il n'est pas loin de le faire aussi, ndla). Charlie était submergé par l'émotion, les filles pleuraient à chaudes larmes.

« Mes enfants, ah mes enfants, j'aurais milles choses à vous dire. Christine je suis tellement fière de toi, tu es devenue une grande dame qui fait honneur à ta mère chaque jour qui passe. »

La principale intéressée éclata en sanglots.

« Marine, tu as toujours été un peu plus originale mais tu as toujours fait ce qui te plaisait et en cela je ne peux que te porter admiration et fierté. »

Marine continua à pleurer, bercée par le ton d'Etienne qui faisait toujours un merveilleux orateur.

« Charlie… Mon unique fils, je souhaite que tu te réalises et que tu accomplisses enfin cette vie que tu as toujours rêvé. Il y a aussi… »

Etienne regarda Charlie, pas capable de poursuivre la lettre, ému.

-Accroche-toi, bonhomme… Je continue…

« Il y a aussi des excuses que je souhaiterais formuler à ton égard. Parce que j'ai été injuste, ignoble, inhumaine à ton propos. »

-Nan ! Cria Charlie au milieu de la salle, résonnance de l'église à l'appui.

Linus lui tint la main.

« J'aurais dû être plus tolérante, plus chrétienne envers mon fils, même si son style de vie différait totalement de ce que j'espérais pour lui. Je suis désolée d'avoir été aussi méchante avec toi… »

-Et moi je te pardonne ! Cria Charlie en pleine église devant ses sœurs surprises et sous le regard courroucé de Dolorès.

« ….. Bref, Charlie je suis désolée d'avoir critiqué tes statues en pâte à sel de l'école préparatoire. »

Rires dans la salle. Charlie éclata aussi franchement de rire, surpris, et Linus lui-même partit dans un bon rire. Dolorès grommela.

« Plus sérieusement, je t'aime, quelque soit le Charlie que tu es ou que tu décideras d'être. Mes enfants, je vous aimerais toujours et ma volonté de vous voir grandir et devenir heureux ne me quittera et ne vous quittera jamais. »

Les trois enfants finirent en larmes.

« On passe à ceux que je ne pensais pas voir venir. Si ma cousine Gwladys est là… »

Une vieille britannique se leva et leva la main. Etienne la montra du doigt comme un D.J.

« Je suis désolée d'être partie avant toi, on avait prévu de le faire ensemble étant petites… Si ma tante Eleanor est ici… »

Personne ne se montra.

« Si ma tante Eleanor est ici, je suis fière de l'avoir aidée à nettoyer sa mare même si c'était une vraie fange. C'était elle, la vraie folle de Glasgow. Si ma sœur Dolorès est là… »

Elle se leva et salua. Etienne commença à lire mais eut un horrible fou-rire.

« … D… Hou ! Désolée mais tu t'es encore trompé de porte, le défilé de mode c'est à côté »

Etienne éclata de rire comme toute la salle. Pas Dolorès qui monta sur scène.

-N'IMPORTE QUOI ! ELLE N'A PAS PU ECRIRE CA ! CETTE LETTRE EST UN TISSU DE BÊTISES !!!

Charlie vit sa tante monter sur scène pour arracher la lettre à Etienne qui, de peur, la leva en l'air. Il prit une Pokéball, hésita un peu. Linus regarda son fils.

« Vas-y, vas-y ! Si tu savais ce que ça me démange !! »

Charlie vit Dolorès crier et s'avancer vers Etienne. Il balança Heledelle qui s'interposa à toute vitesse et à la surprise générale.

-Reculez, Dolorès !!
-On se croirait dans Harry Potter ! Marmonna Marine
-Chuuuut, geignit Christine, je veux voir comment ça va finir !!

Elle regarda Charlie puis Heledelle.

-Vous ne perturberez pas cette cérémonie !! Grommela la sœur de la morte.
-Vous non plus ! Cria le fils de Lucy.

Linus sourit, fier de son fils. Etienne regarda Dolorès, inquiet. Elle redescendit de scène, furieuse.

« A ma mère, même si elle n'est probablement ni en vie ni capable de faire le voyage, je tiens à dire que tu auras été une belle emmerdeuse. »

Nouveau cri outré de Dolorès.

 « A Roland Smirnoff qui ne sera probablement pas là si mon fils persiste à ne pas dire à ses amis que je suis malade… »

Charlie sortit précipitamment un bloc-notes de son sac.

« Je suis contente d'avoir été un si bon professeur de piano pour toi et pour avoir réussi parfois à te distraire. Longue et heureuse vie à toi malgré tes évidents défauts dans la société que nous savons tous les deux, de toute façon pourrie. »

Linda sourit. Charlie acheva de tout noter.

« Je veux aussi dire au compagnon de mon fils, Léopold… »

Brouhaha dans la salle. La seule énonciation remplit Charlie d'émotion. Linus soupira en secouant la tête. Charlie continua à noter.

-Lucy, éternelle surprise que tu es chaque jour de ta vie et même après…

« Je voulais juste te dire que j'étais heureuse que tu rendes mon fils aussi heureux et qu'une mère devrait avoir un respect infini pour celle ou celui qui réussit ce prodige. Surtout dans le cas de Charlie ! »

Charlie nota et releva la tête, larmoyant et souriant.

« Pour finir il y a quelqu'un à qui je dois accorder un dernier et non des moindres pardon… C'est Jonathan Ludges. »

Lequel s'étonna.

« Monsieur, pendant une période j'ai cru que vous étiez un monstre. Pourtant, quand j'ai eu mon cancer, vous avez été le premier, le plus dévoué et l'un des moins désagréables pour m'emmener à mes diverses chimiothérapies et examens. Vous avez été un soutien indéfectible et un modèle pour moi dans ma bataille. J'ai été la reine des garces de vous traiter ainsi toutes ces années. Vous méritez ce qu'il y a de mieux et de finir votre vie en mourant de vieillesse, entouré par les vôtres. Merci, merci infiniment d'avoir été un être si bon et si proche de mon mari.

Je vous remercie tous et je paraphe à regret cette ultime missive

Lucy Winchester, éternellement. »


Etienne lut cette dernière phrase en regardant bien Dolorès ce qui acheva de la mettre hors d'elle. Jonathan sortit les mouchoirs qu'il s'était abstenu de prendre jusque là.

-Personnellement je tenais à dire une chose.

Linus regarda Etienne, surpris.

-Je… ne connaissais pas bien madame Winchester. Mais je me souviendrais toujours de la première fois ou je l'ai rencontré. Son mari venait de sauver un de nos collègues d'un blâme terrible, et…

Norbert regarda Linus qui le regarda aussi.

-Elle est venue à la base pour venir voir son mari au travail, et… je me rappelle lui avoir dit que son mari était un héros. Elle avait l'air tellement fière… Bref… Ca m'avait juste marqué. Repose en paix, Lucy.

Le prêtre arriva et remercia Etienne qui s'excusa pour l'esclandre.

-Bien, mes enfants, je vais laisser la parole au fils de Lucy, Charlie Winchester qui est le seul à avoir formulé la volonté de s'exprimer pour sa mère.

Charlie se tourna vers ses sœurs.

-On refusait de laisser cet honneur à Dolorès pendant une cérémonie religieuse ! Assura Christine
-… Bon…
-T'es pas obligé, hein ! Assura Marine.
-Religieuse ou pas, c'est la cérémonie de maman.

Charlie se leva et alla vers la scène. Ses sœurs se levèrent et le suivirent.

-Tu parles, nous on se montre !
-C'est vous les femmes mariées en plus ! Grommela Charlie.

Charlie arriva face au pupitre, le cercueil sous le nez. Il releva la tête. Brouhaha à nouveau.

-Bonjour à tous. Je suis d'abord très content que vous soyez tous là ici pour honorer la mémoire de ma mère. Elle aurait été très contente de voir tout ce monde ici… Je… J'ai toujours été très attaché à ma mère, même si on s'est souvent disputés sur divers points… Je voulais simplement dire que… cette cérémonie est une mascarade et que ma mère ne priait plus depuis bien la moitié de sa vie.

Stupéfaction. Linus sourit en regardant son fils à la tribune. Dolorès poussa des cris outragés.

-Elle… m'avait raconté qu'elle avait cessé de prier quand ils m'ont conçu avec papa. Quand elle a appris qu'elle était enceinte d'un garçon, elle m'a dit avoir songé à ces mots que je n'oublierais jamais : « Tu étais là, je n'avais plus besoin de demander quoi que ce soit ».

Charlie garda un silence de circonstance. La salle entière était très émue, le champion de Verchamps avait fait le déplacement, il était régulièrement invité à diner chez les Winchester depuis sa victoire sur Linus.

-C'était une grande dame… marmonna Charlie, ému. Je voulais juste dire ça, et dire aussi que… De toute manière c'est une cérémonie pour ma mère, religieuse ou pas. Elle aurait été contente qu'on se réunisse ainsi pour elle, et… de tous vous voir ici me réchauffe le cœur. Merci.

Applaudissements. Charlie descendit avec ses sœurs. Dolorès lui porta un regard haineux.

-Et maintenant, madame Meyer souhaiterait parler devant l'assemblée.

Brouhaha. On entend des « Avant le mari ?! »

Linus pensait même que ça allait être à lui.

-Quelle honte… soupira Linda.
-Cette femme a toujours adoré se montrer… soupira Linus.

Charlie se contenta de regarder.

-Mes chers amis ! Je suis très contente que vous soyez venu à ma cérémonie. Je tiens à vous dire à tous que ma sœur était une femme extraordinaire, même si…

Linus leva les yeux au ciel.

-Même si elle aurait préféré être là avec nous.

Un éclat de rire retentit dans la salle silencieuse. Tout le monde regarda Charlie, gêné. Charlie se leva et passa tout le monde jusqu'à se retrouver dans l'allée centrale de l'église.

-JE PEUX SAVOIR CE QU'IL Y A DE DRÔLE, JEUNE HOMME ???

Charlie riait, riait… Tout le monde le regardait.

-CE N'EST PAS POSSIBLE UNE TELLE IMPOLITESSE !! OH !!!

Toujours ce ricanement lancinant. Linus haussa les sourcils, étonné par ce fou-rire.

-TON TOUR EST PASSE JE TE SIGNALE !

Charlie cessa de rire.

-Mon tour est passé, mais par malheur le tien n'est pas encore venu !

La salle commença à rire. Charlie sourit et retourna à sa place, mais il fut poussé. Etienne, Linus et compagnie sortait.

-M… Mais papa !
-Je parlerais dans l'intimité de la sépulture.

La salle les suivait en nombre. Il ne resta plus qu'une trentaine de pèlerins pour écouter la supplique de Dolorès.

***

Roland cherchait les clés de son appartement. Il était juste devant la porte, introduit la clé dans la serrure et ouvrit. Il tomba sur Léopold et David. Il sembla soupçonneux.

-Yo…
-Salut Roland ! Sourit David.
-Excuse-moi d'être venu, j'me sentais juste un peu seul à la maison…

Lily sortit de la cuisine.

-Pains au fromage, Roland !
-… Volontiers…

Elle les posa sur la table basse. Roland entraina sa sœur dans la cuisine.

-Quoi ?
-Ils n'ont rien fait j'espère ?!
-Comment ça ?!
-Tu es arrivée…
-Ils ricanaient tranquillement devant un thé et la télé ! Roland voyons ! Léopold est en couple et avec Charlie ils ont changé les couches de David, tu crois vraiment que Léopold serait pervers au point de faire des choses à David ?!
-… Non, t'as raison… J'me fais des idées.
-Tout va bien, Roland ?!
-Non, j'ai plus de repères, je suis à la ramasse et je ne sais plus à quoi me fier. Heureuse ?
-Encore sous le choc de la claque ?
-Non…
-Roland…
-C'était juste une taloche bien paternaliste…
-Si ça te pose un tel problème, on peut appeler papa !
-J'ai déjà essayé…

Lily s'étonna.

-… Pour savoir où était Charlie. Mais il répond pas.
-C'est marrant, « Où est Charlie » c'est un jeu où justement il faut retrouver Charlie dans la foule ! Ricana Lily.

Mais Roland ne riait pas. Lily plissa les yeux.

-Je rêve ou tu te fais du mouron pour Charlie ?!
-Nan… Un mauvais pressentiment. Il serait pas parti comme ça si c'était pas aussi grave.
-Tu crois…
-Je crois que ce que je vois ou qu'on m'apprend…

Roland partit au salon. Lily le suivit, inquiète.

-Ne mangez pas tous les pains au fromage, goinfres tafioles ! Grommela Roland.
-ROLAND !! grommela Lily en le frappant.

***

Charlie, Christine, Lindbergh et Marine quittèrent les derniers la sépulture. Dolorès étendit les bras vers les invités.

-Et maintenant je vous invite à un Brunch !

Charlie soupira.

-Elle s'entend parler ?!
-Elle est beaucoup plus atteinte qu'elle ne le laisse paraître.

Charlie, Marine et Christine regardèrent leur père, surpris.

-Ce que Lucy a dit dans sa lettre à son endroit, c'était une vieille blague entre elles. Votre tante Dolorès est en train de subir le contrecoup du choc de la mort de votre mère, elle est dans le déni total.

Dolorès menait les troupes. Elle s'arrêta devant la tombe, retint quelques larmes et tomba à genoux.

-T'avais pas le droit ! T'avais pas le droit de mourir, grande sœur !!

Charlie regarda sa tante qui craquait en public.

-Ca a toujours été toi la plus forte ! Toujours toi la plus féroce et voilà que tu crèves comme une IDIOTE d'un stupide cancer !!! Bon d'accord tu as failli me tuer quand on était gamines mais merde !

Dolorès appuya les mains contre le sol.

-T'es la seule qui a eu le courage de partir !! T'es la seule qui te sois cassée d'Angleterre, merde !! Aaaaaaaaaaah aaaaaaahahahaha…

Linus soupira.

-Laissons-là seule… Elle est finie.
-Oh au fait papa ! Et les Pokémon de maman ?

Linus ricana.

-Tous relâchés.

Dépit général des enfants.

-Barbicha sera mieux dans le marais boueux où ils l'ont laissé. Manzai doit grandir maintenant, fini d'être un bébé. Héliatronc finira dans un champ, tranquille.

Charlie s'étonna.

-Et…
-J'ai repris Mentali. Elizabeth était un cadeau de Norbert à la base, je ne pouvais pas l'abandonner… Et… votre mère l'aimait tellement…

Charlie sourit.

-Cool.
-Ouais… Ca valait peut-être mieux quoi… sourit Marine.

***

Moment du départ. Les trois enfants Winchester regardèrent leur père.

-Eh bien, les enfants, dites au revoir à votre vieux papa !
-…
-…
-… Papa, tu vas faire quoi ?

Tout le monde regardait la famille.

-Quoi, eh bien… Je vais continuer à vivre, les enfants.
-Mais… Tout seul ? S'inquiéta Christine.
-Oh, c'est la vie je suppose, on est toujours seul. Comme ils disent dans Lost : Vivre ensemble, mourir seul !
-Papa… geignit Marine.
-Ne vous en faites pas pour moi…
-Mais bien sûr que si !! Grogna Charlie.

Linus regarda son fils.

-Toi, tu es devenu fort. Arrête de faire chier ton monde et réalise tes rêves.
-Quoi ?!
-Marine, continue à faire profiter les riches familles de ton art, tu es très douée, travaille et réalise-toi pleinement !
-Euh… Papa ?!
-Christine, tu as un boulot dont je rêverais tellement il est enrichissant et passionnant.
-Papa tu me fais peur à moi aussi !
-Moi pendant ce temps… Eh bien j'ai revendu la maison familiale et je vais passer le reste de mes jours avec Norbert et Lionel.

Regards abasourdis des trois enfants Winchester. Linus éclata de rire.

-Oh voyons les enfants ! Vous saviez comme votre mère et comme tout le monde que c'est comme ça que ça allait finir ! J'en avais parlé à Lucy a l'époque ou ça allait vraiment mal, et elle a donné son accord. Je suis serein, sachant que ma vie continue et sur le bon pied. D'ailleurs j'espère que vous avez fait réaménager la chambre de Léopold !
-Oui-oui ! Sourit Norbert.
-Ca s'est fait plutôt vite après que les décorateurs ont vu qu'on les matait sans arrêt et qu'on leur demandait parfois s'ils ne voulaient pas travailler nus par cette chaleur !
-MONSIEUR MALONEY !!! S'offusqua Charlie. Ce sera répété à Léopold !!

Linus regarda Charlie.

-Tu dois leur dire que ta mère est morte.

Charlie soupira.

-Je suis bien obligé, là.
-Oui… Et tu dois révéler au monde quel grand garçon tu es devenu.

Charlie hocha la tête. Il serra son père dans ses bras.

-Bonne retraite papa…
-Bon courage, mon fils. N'oublie pas ce que tu as appris ici.

***

21 heures 30. Roland semblait lassé par la présence de Léopold encore à la maison. Lily semblait s'en foutre et valait mieux ne pas décrire David qui, à son bureau sur son PC, matait constamment le jeune homme blond qui lui portait quelques regards par moments. Regards de braise.

On sonna. Roland alla ouvrir.

-AAAAH MON DIEU ENFIN QUELLE DELIVRANCE ! geignit Roland.
-CHARLIE !!! Se réjouit Léopold.

David se leva lentement et salua. Lily sourit de le revoir.

-Alors ? T'étais où ?! demanda Lily.
-Euh, bah…
-Ils étaient super inquiets !

Léopold serra Charlie dans ses bras.

-Mon amour ! Tu m'as tellement manqué !!

Embarras de David. Roland plissa les yeux. Lily sourit de ces retrouvailles. Léopold s'éloigna de Charlie qui n'était pas très chaleureux.

-Euh… J'ai été…
-On n'a qu'à aller au restaurant… Ou on passera une soirée télé tranquille… Non, c'que tu veux, on fera ce que tu veux !
-J'étais à l'enterrement de ma mère.

Léopold resta scié. Roland tomba des nues, frappé d'un coup sec. Lily porta ses mains à sa bouche, choquée.

-Je suis désolé, Roland, j'aurais dû… te dire. Cancer, ça faisait longtemps, j'ai rien osé dire… Ca fait bien trois ans… qu'elle… se battait… J'ai rien dit…
-Ch… Charlie… geignit Léopold en le serrant dans ses bras.
-Pardon ! J… T… Tu n'aurais pas été à l'aise, ça t'aurait miné le moral aussi Léo je pouvais rien te dire, tu aurais pas su comment réagir…

Roland alla dans sa chambre, peiné. Lily le regarda.

-Roland ?

David prit Lily par le bras.

-Laisse… marmonna l'adolescent qui était mort de honte d'avoir fait ce qu'il avait fait avec Léopold et maintenant d'apprendre une telle nouvelle.

Charlie et Léopold se pleuraient l'un dans les bras de l'autre.

-Désolé Charlie…
-Ca va, ça va… C'était dur !

On entendit soudain les notes de la fin de « Hey Jude » jouées au synthétiseur, lentement, comme un requiem émanant de la chambre de Roland. Lily et David observaient Léopold et Charlie qui se serraient dans leurs bras. David était au comble de l'embarras.