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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 03/07/2009 à 18:33
» Dernière mise à jour le 19/12/2012 à 22:03

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 26 : Premiers éclairs.
-chapitre 26-

Le bâtiment de l'arène d'Azuria, silencieux, voyait tous ceux qu'il abritait repartir pour leurs chambres respectives dans la plus grande discrétion, juste éclairés par un rayon de lune pâle. La tendre quiétude qui s'installa sous les cieux brumeux, uniquement percés par endroit par l'éclat des étoiles et des astres, ne laissait croire à personne la tempête qui venait de balloter ses occupants. Inconsciemment, on espérait qu'enfin le beau temps remplacerait cette pluie diluvienne d'ennuis- malheureusement non.

Un écran luisit dans l'ombre de la charpente de la bâtisse.

-Vous dites ? Fit une voix glaciale, grésillant sous le coup de la surprise.
Une ombre aux longs cheveux magenta sourit pour répondre à la silhouette carrée, à l'autre bout du fil.
-Nous avons de bonnes raisons de penser que plusieurs personnes présentes ici vous intéressent, boss.
Un corps se mouvait dans l'obscurité derrière l'autre. Il sortit un autre ordinateur de poche, où sur un site internet récent, on voyait plusieurs photos. Site d'un grand journal, la source des photos semblait inconnue, mais on pouvait voir Ondine et Sacha s'embrassant sur un pont, l'air surpris, sous l'initiative d'un grand brun.

L'homme de l'écran arqua un sourcil et grimaça, furieux.

-Et en quoi cela m'intéresse ?
-Nous avons entendu en suivant ce morveux qu'il avait créé une organisation du nom de Twilight, qui a pour but de détruire la Team Rocket... Expliqua un étrange Pokémon, un Miaouss qui connaissait le langage humain.

Leur correspondant fronça les sourcils.

-Apprenez moi des choses que je ne sais pas déjà.

Les concernés vacillèrent, réfléchirent quelques secondes puis tentèrent à nouveau l'assaut. Ils pointèrent des silhouettes se situant sous le pont, aux têtes ahuries, quasiment dégoûtés par la scène qui se déroulait devant leurs yeux écarquillés.
Le boss de l'autre côté se rapprocha, son expression se figea.

-Ce gamin roux, là, à côté de la fille aux cheveux noirs/bleus... Il s'appelle Silver, il a dit dans l'entrevue qu'il voulait se faire passer pour votre fils, infiltrer la Team Opale et l'annihiler. Il a aussi dit qu'il avait toutes les preuves pour détruire la Rocket, tout dans une disquette.

L'homme tressaillit, fouilla dans ses tiroirs et jeta un œil à un écran style GPS, indiquant un point sur la carte d'Hoenn - au dessus de la mer en cet instant. Il porta la main à sa bouche, furieux et grommela quelques mots : « Le sale petit... Comment a-t-il pu faire ça ? Il ne devrait même pas être en état de désobéir à qui que ce soit... La drogue ne doit pas bien faire effet... Ou alors... ou alors les voleurs sont plus malins que prévu...»
Les brigands à l'autre bout du fil arquèrent les sourcils. Leur boss se rapprocha à nouveau d'eux et plissa les paupières pour mieux discerner les traits des enfants. Sa lèvre frémit. Il se redressa, un rictus haineux sur la face, et souffla : « Holly aussi est là... Tout s'explique ». Il bomba le torse et lança d'une voix froide plusieurs ordres :

-Jessie, James, Miaouss. Bon travail. Voici vos ordres. Récupérez-moi cette disquette, n'hésitez pas à blesser ce gamin roux. Sinon, laissez-le partir. Méfistos saura l'accueillir chez les Opales, et au pire, si Méfistos échoue, Opale ne se mettra plus sur mon chemin grâce à lui. Cela me fera un incapable et un rival en moins.

Les concernés hochèrent la tête. Ils avaient une autre information, ayant cru comprendre que la fille unique des Sarl, se trouvait parmi les enfants, mais cela, ils préféraient le garder pour eux, tout comme la récompense qui irait de paire.

-Sinon... La petite, aux cheveux noirs/bleus, comme vous dites...

Les scélérats penchèrent la tête sur le côté, intrigués.

-Ramenez-la moi.

La transmission s'interrompit net après cet ordre intransigeant.

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Le soleil se leva à nouveau sur la belle et sereine Azuria. Au Centre Pokémon, pourtant, ce ne fut que la continuité d'une longue nuit sans interruption. L'infirmière carburait au café, tremblait comme une feuille et si cela continuait sur ce chemin, elle risquait de briser l'image de sa famille en pétant littéralement un plomb. Après la tempête d'il y avait deux jours, les urgences avaient afflué, les Pokémons blessés de même à cause de dresseurs imprudents voulant profiter du temps pour un entraînement spécial. Malgré l'aide d'Ondine le soir critique, et ses efforts jusqu'à la presque aube pour que la digue ne cède pas... Eh bien, elle avait fini par céder à cause de crétins qui trouvaient amusant de piquer les sacs de sable pour s'en servir de punching ball. Des fois, l'infirmière Joëlle sentait venir des envies de meurtres pour ses clients.

Le visage d'une de ses sœurs par intercommunicateur lui apparut, souriant, calme, et d'une voix naturellement douce, elle lança :

-Je crois que tu as bu assez de café comme ça, tu ne vas pas pouvoir dormir pendant deux jours au moins.
La femme eut un rire jaune. Elle l'espérait bien, parce que deux jours, c'était le temps minimum qui lui faudrait pour arranger ce bazar.
-Sinon, tu as vu Sam ? Elle ne devait pas être loin, avant hier elle m'a téléphoné pour me dire qu'elle se trouvait chez des amis, et qu'ensuite elle partait à la conquête de l'arène.
-Ta fille, chez des amis ? C'est nouveau, ça ! S'exclama la rose. Je ne l'ai pas encore vue, elle a dû partir immédiatement. L'arène est fermée cette semaine, de toute façon. J'ai toute une tripotée de gamins des académies de Jadielle dans mes dortoirs pour me le rappeler. Je voudrais être aussi une championne d'arène, comme Ondine, et pouvoir fermer le centre pour dormir !

Comme pour affirmer ses dires, un gamin au bandana - violet, cette fois -, aux yeux noirs et le visage couvert de taches de rousseur, marmonna à une grande tige brune qui lui servait d'enseignante :

-Vous êtes certaine que l'arène est fermée ?
-Non, je dis ça pour te faire chier... Armand, bon sang, sers-toi de ta tête de temps en temps... Répliqua la femme avec exaspération.

L'infirmière revint auprès de sa sœur et soupira longuement.
Une blonde arriva brusquement dans le hall et scruta la foule avec des yeux perçants, ses cheveux parsemés de nattes folles voletèrent légèrement tandis qu'une Momartik et un Obali, à ses pieds, l'imitaient.

Les yeux de la Joëlle luisirent, elle éteignit l'ordinateur et s'approcha de la femme avec délectation.

-Marion ! Tu es revenue, quelle joie ! S'écria-t-elle. Stalgamin a vraiment grandi... Et évolué !
La blondinette remarqua l'infirmière après un moment d'arrêt et la remercia de son accueil avant de demander si elle n'avait pas vu son cousin traîner dans les parages.
-Il... Tu te souviens, il tire toujours la tronche... C'est lui qui a fait une fugue à six ans... Heu, il est toujours accompagné du minus brun des Kazamatsuri... Il est petit, enfin non maintenant il est super grand, et les cheveux tenant encore sur sa tête grâce au gel.... Tu... tu l'as vu ? Balbutia-t-elle, le souffle court.
-Oh, il ne doit pas être bien loin... Probablement en train d'aider les habitants autour de la digue... Tu devrais y aller prêter main forte : avec tes pokémons glace, ce sera plus rapide... Et tu le retrouveras plus vite !

Le visage de Marion s'illumina de ce conseil, elle la remercia et s'en alla en courant. Joëlle eut un rictus, sortit un bloc-note, et raya avec délice une tâche de son emploi du temps. « Aider à la digue ». Maintenant, elle avait peut-être une chance de dormir cette nuit.
Quoique... Après tout ce café ingurgité...

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Devant le communicateur, Eléanore faisait une moue de six pieds de long. Pilou sur sa tête, Reptincel à ses pieds, Evoli et Héricendre dans ses bras, elle essayait de trouver une excuse stupide pour éviter ce coup de fil dérangeant. Malheureusement pour elle, elle ne parviendrait pas à fuir ses responsabilités : tous les adultes derrière elle pouvaient très facilement la maîtriser au moindre mouvement suspect. Eléanore sentit son ventre gargouiller d'appréhension sous la pression des regards de Yuki, Ondine, Sacha, Régis, Flora, Drew, Kenny, et Aurore. Seul Daniel, laissé à l'écart avec les autres dans la salle à manger, paraissait de son côté. Mais quelque chose lui disait qu'il ne défoncerait pas la paroi pour lui créer une ouverture.

Zut, piégée jusqu'au cou, songea-t-elle.

Elle composa le numéro du professeur Chen avec les doigts tremblants. Régis s'avança et salua son grand-père, donna de bonnes nouvelles pour la mère de Sacha, et demanda à ce qu'on lui passe Marina.
Le visage éreinté de la mère d'Eléanore arriva, les yeux cernés, les paupières rouges et tombantes, les cheveux tellement en bataille qu'elle ressemblait vraiment à sa fille, pour le coup. La concernée grimaça derrière le dos de Régis, se mordant la lèvre inférieure, incapable de trouver quelque chose à lui dire tant son cœur et sa gorge gonflaient, absorbant ses phrases telles des éponges.

Brusquement, Régis bougea. Elle tenta bien de se rattraper à ses vêtements, pour rester cachée indéfiniment derrière lui, mais ses doigts se refermèrent sur du vide. Miyu, au-dessus d'elle, souffla :

« Allez du courage, elle peut pas te tuer de là où elle est ! »

Elle retint un gémissement : il ne connaissait pas ses parents. Ce n'était pas vraiment leurs colères qu'elle craignait - un peu plus leurs larmes -, mais surtout, surtout, elle détestait leurs expressions quand elle les décevait. Elle avait l'impression qu'elle était la honte de leur vie, que rien, rien ne pourrait racheter son erreur et amoindrir leur peine. Nul doute que cette fois, elle allait y avoir droit - à raison, en plus.

Elle releva les yeux, et croisa ceux ahuris de sa mère. Celle-ci paraissait ne pas en revenir elle-même. Figée, pétrifiée... elle semblait comme statufiée, se demandant encore si elle cauchemardait à nouveau. Eléanore grimaça, cherchant toujours ses mots, puis au bout d'un moment, après plusieurs recherches infructueuses, après des impasses, après être restée muette, elle balbutia :

-Y-Yosh maman...

Les yeux de sa correspondante s'étrécirent puis s'emplirent de larmes. Sa frimousse blanche se colora sous le bonheur. Un sourire se forma sous cette averse. Elle porta les mains à sa bouche et bafouilla :

-E-Eléanore...

La gamine tenta un vain sourire de circonstance mais n'émit qu'un faible rictus désolé, et débordant d'émotions trop fortes pour elle. Maintenant qu'elle l'avait devant elle, elle se rendait compte combien elle lui avait manqué, sa mère. Tous les soirs, ses caresses, ses histoires, ses bisous, mais surtout, ses « à demain », cette petite promesse qu'elle tenait quoi qu'il se passe. Cette promesse muette qu'elles se transmettaient au coucher du soleil, devant la fenêtre de la maison, observant le crépuscule ou l'aube, c'était une sorte de rituel, que jamais elles n'avaient rompu, pour se promettre que ce n'était pas le dernier, tous les soirs elles se le répétaient. Sauf, sauf le jour de sa fuite. Sauf ce jour-là, après leur dispute.

-J-Je suis désolée, Maman...
-Mon Dieu, tu vas bien, oh merci Arceus... Si tu savais comme j'ai... Oh mon dieu... Pleura Marina, ébranlée. Il f-faut que j'appelle ton père, pour... pour lui dire que tu es vivante, pour le rassurer... Oh mon dieu, merci... Tu es vivante... C-Ch-Charles... Il... Il n'en dormait plus... Oh mon dieu, merci, tu... Tu es vivante...

Eléanore blêmit, elle ne pensait pas avoir fait tant de mal. Elle tendit la main et caressa l'écran doucement. Marina l'imita, tout en continuant d'hoqueter. Les spectateurs derrière elles reculèrent, émus.

-Eléanore... Dis-moi où tu es, maintenant. On vient te chercher tout de suite ! Tu rentres à la maison.

Eléa retira instinctivement sa main et la ramena auprès d'elle, les membres tremblants. Miyu réagit lui aussi : « Je l'aime toujours pas, ta mère... ». Marina, indifférente, continua :

-Tu... tu te rends comptes des risques que tu encourais ? Tu aurais pu mourir à tout instant dehors ! Toute seule ! Il pouvait t'arriver n'importe quoi, tu aurais pu être enlevée, tu aurais pu faire une crise, tu... Tu es idiote ou quoi ? Tu voulais quoi, hein ? NOUS RENDRE MALADES ?

Eléanore s'enfonça sur sa chaise, Régis fit un pas en avant, puis s'arrêta.

-Mais enfin, qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? Tu... tu te rends compte de tout ce que ta fuite a entraîné ? Je... Tu voulais nous faire du mal, Eléanore ? C'est ça que tu voulais ? Tu voulais nous faire souffrir, c'était ça ton idée ? Tu voulais nous faire payer quoi ? Dis-le tout de suite, je suis toute ouïe ! Parce que ce n'est pas comme ça que j'ai élevé ma fille !

Les larmes avaient vite cédé leur place à la colère : sa mère pointait du doigt la poitrine de sa fille. Même à travers l'écran, ses yeux déçus lançaient des éclairs furieux.
Eléanore se rembrunit, collant son menton contre sa poitrine. Elle marmonna, le cœur gros :

-Tu lis trop de bouquins sur la psychologie...
-Pardon, je n'ai pas bien entendu, jeune fille ? Tu vas répéter ça à haute voix, et on réglera ça une fois de retour à la maison, quand les médecins t'emmèneront à l'hôpital ! C'est fini ta petite escapade, tu as bien compris ?

Eléanore se redressa, le cœur au bord du gouffre.

-Tu comprends rien ! Cria-t-elle.
-Quoi je ne comprends rien ? Bien sûr que si, je comprends ! Tu crois pouvoir fuir ta maladie comme ça ? En partant loin de nous ? Eh bien tu as tort, jeune fille, tu fais même tout le contraire ! Ce n'est pas parce que tu pars loin des soins que tu vas guérir ! C'est dangereux Pilou, tu... Tu pourrais en mourir !
-ARRÊTE DE ME PRENDRE POUR UN DE CES EXEMPLES DE TON BOUQUIN ! Hurla Eléanore en se levant brusquement. Je savais ce que j'encourais en partant, et si c'était à refaire, je le referais ! Parce que... Parce que je veux pas crever comme un chien, je veux pas crever enfermée, attachée à un lit dans un hôpital !

Marina vacilla, ne s'attendant sûrement pas à ce que sa fille sache la vérité, et la lui renvoie si durement.

-Mais vous comprenez rien... Toi et Papa, vous comprenez jamais rien... C'était pas en relâchant vos pokémons que ça allait s'arranger, pas en m'interdisant de partir en voyage initiatique que ça allait passer...
-Eléanore... Pilou, dis-moi où tu es ? Cha-Charles ! Viens ici ! Vite ! Pilou, réponds-moi ! Paniqua Marina, sentant venir le geste inconsidéré.
Ces paroles braquèrent sa fille. Elle serra la mâchoire, inspira profondément, retenant les pleurs et les sanglots, pour lancer :
-Je vais bien, c'est tout ce que tu as à savoir.

Et sur ce, elle raccrocha, tourna vivement les talons et fixa Régis, abasourdi, avec défi. Elle s'avança, essuya prestement son visage et lâcha :

-Voilà, j'ai appelé ma mère, je lui ai dit que je me portais bien, j'ai fait ma part du marché. Maintenant je peux continuer ?

Elle ne prit pas la peine d'entendre sa réponse et sortit de la pièce en claquant la porte derrière elle. Yuki soupira, gêné. Eh bien, il était servi avec autant de cas familiaux pour élèves.

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Silver, les sourcils froncés, les bras croisés, une expression de consternation profonde ancrée sur le visage, se tenait là, droit comme un « i » dans cette chambre commune, perplexe.

Devant lui, Gold, la tête à l'envers, affalé sur l'unique canapé, les cheveux faisant serpillère, et les jambes en l'air, les chaussures imprimant de profondes traces sur le papier peint, le fixait lui aussi avec une frimousse dubitative. Angèle et Christopher l'imitaient à ses côtés, comme s'il y avait un sens caché à s'allonger le crâne en bas sur un sofa.

Le rouquin soupira, et se massa l'arête du nez. Dire qu'il avait cru revoir le Gold déprimé de la veille, il ne pensait pas que ça pouvait être pire.

-Je sens que je vais regretter ma question, mais, juste pour savoir... Pourquoi êtes-vous comme ça ? Maugréa-t-il.
Son intuition lui soufflait qu'ils étaient loin d'être partis à l'heure convenue...

-Ça aide à se détendre quand tu es déprimé. Je fais ça souvent avec ma soeur... Tu devrais essayer de temps en temps, Silver... Expliqua le brun avec un faible sourire.
-On peut faire le point, c'est incroyable toutes les idées qui nous viennent comme ça ! S'enthousiasma Angie, manquant de tomber.
-Je me demande pourquoi on a jamais écrit de livre sur les femmes de ménages... Il y en aurait, pourtant, des choses à dire... Souffla Chris, ailleurs. Euh... Ouais...

Plusieurs têtes se tournèrent vers lui, interloquées.

-Je me demandais... Si Arceus a créé l'univers, qui a créé Arcéus ? Et les pokémons ?
-Mon dieu, mais remettez-le à l'endroit, vous ne voyez pas que son cerveau se noie dans son sang ?! Il délire !

Silver recula, effrayé par l'effet de cette sorte de thérapie.

-Hum... Grogna Gold. Et à votre avis, les âmes des pokémons et des humains morts, elles vont où ? Auprès d'Arceus, ou Giratina ?
- Il me semble que Mew est l'ancêtre de tous les pokémons, donc peut être qu'Arceus l'a créé lui, puis ensuite il en a découlé les autres... A ce moment là, les âmes iraient auprès des Mew, non ? Tenta Angie.
-Pourquoi on appelle un mille-feuilles, un mille-feuilles ? C'est vrai, si ça se trouve, les pokémons désignent ça autrement, ils nomment une table ce que nous on montre comme une chaise... Compléta Christopher, sérieux.
-Vous commencez vraiment à me faire peur là... Souffla Silver.
-Qu'est-ce que la peur ? S'exclama brusquement le grand dadet.
-RAAAHH ! JE M'EN VAIS, VOUS ÊTES IRRECUPERABLES !

Le rouquin partit en claquant la porte et en espérant que ces idiots fassent une hémorragie cérébrale pour se calmer.
Il passa brusquement devant un fauteuil sur le chemin qui le menait à la pièce principale.
Il y eut un moment de flottement.

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Samantha sourit en voyant Eléanore les rejoindre à nouveau. Elle se précipita vers elle et vint l'enlacer. La gamine lui répondit par un rire faux. Daniel et Lucas s'approchèrent d'elle avec un salut matinal, plutôt à l'ouest pour le plus petit, pas encore tout à fait réveillé. Le Wattouat derrière eux fit crépiter sa boule au bout de sa queue.

-Encore là, lui ? S'étonna Eléa.
-Ouais, il veut plus quitter Sam, expliqua Lucas. Mais il est vachement pratique, regarde j'ai pas mis de gel ce matin, et mes cheveux tiennent quand même grâce à lui !

La grande tige passa une main vigoureuse dans ses cheveux, dont plusieurs mèches folles agitées par le courant suivirent le mouvement, tels des parasites avides. Samantha et Eléa retinrent un pouffement. La jeune fille jeta un coup d'œil autour d'elle, heureuse qu'ils ne lui demandent pas d'explications et même essaient de la faire rire. Brusquement, elle demanda :

-Où est Gabriel ?
-Il a dit qu'il devait lire les journaux, donc il a attendu le livreur ce matin, puis il est parti lire dans son coin... Expliqua Sam.
Daniel tiqua.
-Euh... Il a dit ça ?
-Oui, il a même ajouté qu'il devait absolument les lire avant tout le monde. C'est mignon, à cet âge, de s'intéresser autant à l'actualité... Moi, j'ai jamais pu finir un seul journal de ma vie... Cela ne m'intéresse pas du tout...

Lucas et Daniel s'entre regardèrent, anxieux, sentant la magouille. Y avait-il quelque chose, dans le journal, les concernant, sur quoi ils ne devaient pas tomber ?

Effectivement, un peu plus loin, Gabriel essayait de convaincre Galifeu, discrètement, de brûler ces foutus papiers qui pouvaient être problématiques tant qu'ils se tenaient dans les parages. Une fois le poulet ayant obéi, Gabriel put respirer sereinement. Cette nuit, il avait envoyé les photos, qui avaient aussitôt été publiées sur le site internet, et les journaux sortaient leurs gros titres ce matin... Mais enfin, quelle importance ? Les paparazzis ignoraient où ils se trouvaient. Du moment qu'aucun des protagonistes ne tombaient sur les preuves, il était hors de danger.
Par pure précaution, il brûla aussi les originaux. La seule copie restante maintenant était à l'abri sur son PC. Personne ne pouvait apprendre la vérité.

L'aîné des Kazamatsuri eut un haut-le-cœur rien qu'en imaginant les bêtises de son cadet, mais il préféra ne plus y songer. Il devait parler avec Eléanore à propos de sa décision de la veille. Lucas le savait déjà, il l'avait attendu dans leur chambre pour lui parler. Encore une fois, comme toujours, il avait fini par lire en lui clairement. Daniel commençait à se demander si son frère et lui ne possédaient pas le don d'empathie.

Daniel songea à nouveau aux mots de son ami. Enervé, il l'avait plaqué au mur et eu un geste violent à son égard pour la première fois de sa vie. Il revoyait encore son expression furieuse, presque désespérée.

« Dis-moi la vérité, Danny ! Tu crois peut-être que je ne vois pas que tu mens ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne me juges pas assez bien pour garder tes secrets, c'est ça ? »

Il... Il n'avait tout simplement pas pu supporter cette idée. Comment pouvait-il simplement imaginer ça ? Si cela n'avait tenu qu'à lui, il lui aurait tout dit, tout avoué, mais c'était également le secret d'Eléanore, il n'avait pas le droit de le divulguer sans son accord. Alors il n'avait rien dit et baissé la tête.

« Elle est malade... C'est grave, c'est ça... ? »

Danny n'en avait pas cru ses oreilles. Devant la face ébahie, estomaquée, de son camarade, Lucas avait tiré ses conclusions lui-même. Il l'avait lâché, il avait reculé, puis s'était effondré sur le lit, la tête entre les mains, sifflant un juron, la gorge sèche.

« Je... je vais partir... Je vais accompagner ce Régis, il est d'accord. Ensemble, on va trouver un moyen de la sauver. G-Gabriel vient avec moi, il va m'aider... Je... Je vais chasser ce qu'on appelle des shiney, les capturer, et trouver celui qui pourra contrer le poison qui ronge Eléanore. » Avait expliqué Daniel faiblement. « Je pense que c'est une possibilité, qu'un shiney puisse contenir une sorte de contre poison, comme Balignon pour les toxines des Tentacruels... Je veux tenter le coup.»

Lucas restait impassible devant lui, fixant le sol. Son cœur semblait battre au ralenti dans sa poitrine.

« La quête des badges ne sera pas notre priorité... Alors... Je comprendrais si tu ne nous suivais pas... Si tu préférais rester avec Sam... » Avait exposé Daniel, lentement.

Enfin, Lucas avait réagi, il s'était levé et l'avait dévisagé, la bouche mi ouverte, semblant ne pas le comprendre. Puis brusquement, il s'était levé, et d'un bond, il l'avait rejoint, posant ses mains sur les épaules du petit, le regard déterminé, rempli de colère :

« Comment peux-tu dire ça ? Tu... Tu crois sincèrement que je vais te laisser ? Qu'est-ce que je t'ai dit, il y a quatre ans ? Que je t'attendrais, quoi qu'il arrive, qu'on ferait notre voyage initiatique ensemble ! »

Il avait marqué une pause pour laisser à Daniel le temps de se remémorer cette nuit d'orage.

« Tu es bien plus important pour moi que Sam ou Eléanore... Je... je préfère même qu'on s'en aille, parce que... ma relation avec Sam et la tienne avec Eléanore commençaient à détruire notre amitié... Et ça... ça, je refuse d'y assister. Tu es mon meilleur ami, Daniel, tu es bien plus important que les filles à mes yeux, même si je les apprécie beaucoup. »

Puis soudainement, il lui avait souri, comme si rien ne s'était passé, exactement comme après chaque dispute, et il avait rit en annonçant :

« Ouah, chasseur de shiney, un vrai shiney hunter... C'est génial, Danny, c'est un métier super... On va voir lequel de nous deux parviendra à ses fins avant l'autre ! »

Daniel, un peu à la masse après ce discours, avait mis quelques minutes avant de répliquer :

« Hé, mais c'est de la triche ! Toi, tu as juste à battre Marion en combat officiel du Conseil des 4, plein de gens y parviennent, alors que certains passent toute une vie sans capturer un seul shiney !
-Et bien tu avais qu'à mieux choisir ta carrière ! Tant pis pour toi !
-Lucaaas ! »

Au moins, il ne serait pas seul dans son périple, son meilleur ami serait avec lui, et il savait qu'Evoli et Sam veilleraient sur Eléanore en son absence, même si ce n'était pas la même chose.

La gamine releva la tête quand les adultes arrivèrent à leur tour. Elle se demanda un instant s'ils allaient l'engueuler pour son comportement, puis décida que finalement elle n'en avait rien à faire puisqu'elle ne changerait pas d'avis. Aussi, Eléa se redressa d'un bond et s'écria avec joie :

-Et si on s'entraînait ? Pour se préparer au combat en arène ? Des combats en duo comme lors du concours !

Alors que les enfants s'emportaient déjà à cette idée (enfin... à leur niveau), Ondine les calma instantanément :

-Euh... je suis désolée, mais je ne vais pas rouvrir l'arène avant quelques semaines, je dois faire des changements importants, au vu des nouvelles d'hier...

Eléanore se rembrunit, mais ses camarades lui sourirent pour lui remonter le moral. Samantha lança même :

-Tu sais, c'est pas bien grave, on va se diriger vers Carmin-sur-Mer pour avoir le badge de l'arène, puis on reviendra sur nos pas pour défier Ondine. D'ici là, l'arène sera de nouveau ouverte, non ?
-Euh, oui je pense que ce sera bon... Bafouilla la championne. Ce ne sont pas de gros changements, mais ils sont indispensables.
-Bon, alors la question est réglée. En plus comme ça, vous pourrez passer par la Centrale et la grotte pour vous rendre à Lavanville. Ce parcours vous permettra de vous entraîner beaucoup ! Confirma Lucas.
-Vous ? S'étonnèrent les deux filles.
-Allez, on va s'entraîner, je me mets avec Daniel, on fait un combat à quatre pokémons !! Coupa court Lucas en emportant son camarade.

Ils sautèrent, à pieds joints ou sur une jambe, jusqu'aux plateformes flottantes de la piscine olympique. Juste en dessous du plongeoir, ils firent signe à leurs amies de les rejoindre en face. Les adolescentes oublièrent vite la faute de grammaire et répondirent au défi naturellement.

-On vous prévient tout de suite, on vous ménagera pas ! S'exclamèrent-elles.
-Vous ne nous avez pas encore battu, et avec vos pokémons feu, c'est mal parti ! Répliquèrent leurs camarades.

Gabriel, revenu dans les tribunes, soupira un « c'est pathétique » avant de s'installer pour observer, aux côtés des adultes intéressés par ce match. Il perçut vaguement quelques commentaires ou questions, surtout à Akira. « Eléa est-elle forte en combat ? Elle peut se défendre seule ? -Est-ce que ça va aller, ils n'ont pas de pokémon dangereux pour elle ? -Peut être qu'elle est plus intelligente que toi, Sacha, et qu'elle choisira le bon type, elle ! -Vous allez voir, ces gamins sont impressionnants, enfin aux concours ils l'étaient en tous cas ! » Entre autres.

-En avant, Arcko ! S'écria Lucas.

Le pokémon plante sortit de sa pokéball, sa queue se gorgea d'humidité instantanément, et se pattes se collèrent au dos de la planche du plongeoir dans un bruit de succion, sous le sourire calculateur du brun. Il avait tout prévu, évidemment. Un pokémon feu était déstabilisé sur ce terrain, contrairement au sien, et c'était le seul type que les filles avaient d'efficace contre les plantes. Samantha observa sa coéquipière de la journée, leurs regards se croisèrent un instant, et elle décida de son pokémon immédiatement.

-Wattouat, si tu veux bien, j'aimerais que tu combattes pour moi ! S'exclama-t-elle en se retournant vers le mouton.

La créature ne se fit pas prier, et elle rejoignit le terrain en sautillant de joie, sous les regards ahuris de ses camarades. C'était stupide, ce choix-là. Cependant, Eléanore étonna tout le monde en enchaînant :

-Torch, vas-y !

Le petit hérisson de feu arriva en fanfare dans une pirouette. Bien entendu, la gamine voulait voir ce dont son nouveau Héricendre était capable, voilà pourquoi Samantha l'avait laissée faire et pris Wattouat. Lucas interrogea Daniel du regard, qui haussa les épaules avant de lancer sa propre pokéball, prévisible : Ramoloss. Quand allait-il enfin se décider à faire faire les premiers pas à son Gobou ? se demanda son ami exaspéré.

-Les filles d'abord... Grimaça-t-il sans oublier la galanterie.
-Ça, tu vas le regretter, Lucas, lancèrent les filles.

Samantha entama la danse en première :

-Wattouat, attaque Spore Coton !

Les nuages cotonneux émergèrent de sa toison impressionnante et s'envolèrent pour voleter au dessus de l'arène, rendant le paysage méconnaissable. Plusieurs graines tombèrent dans la piscine, et Ondine se lamenta en comprenant qu'elle devrait la nettoyer entièrement.

-Bien, et maintenant à toi, Eléa !
-Torch, attaque Roulade !

Le pokémon s'élança dans la mêlée, tournoyant comme une fusée, mais son élan ne suffisait vraiment pas pour franchir toute cette eau qui le séparait de l'ennemi. Il allait faire un plat quand sa dresseuse s'exclama :

-Attaque Flammèche !

Tout en continuant son offensive, le pokémon cracha une gerbe de flammes. Les deux éléments opposés se rencontrèrent et une implosion se produisit, la buée, les gaz évaporés propulsèrent la petite créature dans les airs au dessus des spores.

Daniel réagit le premier.

-Ramoloss, Vibraqua.

Malheureusement pour lui, Samantha avait prévu cette contre attaque et elle s'exclama :

-Wattouat Cage-Eclair...
Lucas ordonna à son pokémon de contrer toute attaque sur Ramoloss, mais la brunette compléta sa phrase :

– Sur les spores !

Un murmure traversa la salle, tandis que les filles se tapaient dans les mains en signe de leurs alliances réussies. L'onde de choc fit vibrer les graines en lévitation, telles une seule unité, telle une vague. Les crépitements stoppèrent l'offensive aquatique du Ramoloss. Eléanore serra les poings et s'écria à son tour :

-Torch, réfugie-toi sur le plongeoir !

La balle vaillante et brûlante qu'était devenue le hérisson heurta violemment l'accessoire aquatique. Arcko, de l'autre côté, sentit le coup violemment et la planche oscilla avec lui collé à l'envers pendant quelques secondes, jusqu'à ce que Lucas lui ordonne de partir de là. Le pokémon plante tenta de s'enfuir et de rejoindre l'adversaire pour pouvoir entamer un corps à corps mais il se heurta au mur de spores, qui commençaient à se regrouper et à se durcir sous l'influence de la capacité électrique. Daniel arqua un sourcil avant de les froncer.

Samantha et Eléanore sourirent au même instant, Lucas leva instinctivement la tête, avant qu'un immense brouillard ne vienne engluer leurs deux pokémons. Un frisson leur monta le long de la colonne.

-Ramoloss, Abri !
-Arcko, rejoins-le !

Le dôme vert forma une coque protectrice autour d'eux, pour les protéger de la prochaine offensive.

-Attaque Roulade, mélangée avec Roue de Feu ! S'exclama Eléanore, imprévisible.

Pourtant, les évènements ne furent pas ceux attendus. Samantha enchaîna pratiquement à la suite :

-Wattouat, Cage-Eclair à nouveau, sur l'Abri !

Les éclairs zébrèrent dans la pénombre, les spores se regroupèrent sur le dôme protecteur, attirés par cette ambiance électrique, et là, comme une fleur, Héricendre fondit sur eux en tournoyant, son corps embrasé. L'attaque Roulade amplifia la vitesse, le petit pokémon rebondit sur la protection de Ramoloss, qui s'évapora instantanément après coup, puis il s'élança en arrière, laissant ses flammes dorsales enflammer les spores et le brouillard comme on allume la mèche d'une bombe.

-Ramoloss, Choc Mental, réfugie-toi dans l'eau ! Réagit trop tard Daniel.
-Arcko, poursuite ! Lança Lucas, paniqué.

Le pokémon plante disparut, traversant à la vitesse de l'éclair le nuage embrasé et crépitant pour aller frapper violemment Héricendre. Son coéquipier, lui, eut moins de chance : le Choc Mental affaiblit quelques secondes l'explosion, mais le pokémon lent fut tout de même touché avant d'avoir pu atteindre le liquide. Il s'en sortit tout de même, avec juste quelques égratignures. Le pokémon plante, plus blessé par son voyage rapide à travers les spores paralysantes enflammées, avait eu moins de chance. Il se posa sur le dos de son comparse, affaibli.

Héricendre, quant à lui, atterrit mollement dans la douce toison de Wattouat. Bien qu'il fut touché, les dégâts semblaient moindres.

Les garçons comprirent cependant leurs erreurs trop vite. Les filles les avaient acculés vers le liquide délibérément. Samantha avait prévu cette réaction, du moins de la part de Ramoloss pour éviter l'explosion, puisque c'était la seule possible. Les cris fusèrent, s'entrecroisèrent et se mêlèrent dans une cacophonie explosive.

-Wattouat, Eclair !
-Ramoloss, Choc Mental à nouveau !
-Arcko, Vive-Attaque, tire-toi de là !
-Torch, Roulade !

La créature végétale bondit en arrière. Le pokémon mollusque tenta de s'élever hors de l'eau en se visant lui-même avec le Choc Mental, mais Héricendre en mode Roulade heurta violemment son dos en visant Arcko, avant de repartir à la chasse au pokémon plante. Ramoloss retomba dans le liquide et cette fois l'électricité conduite par la matière fut plus rapide. Dans un gémissement, la créature rose coula à pic, puis remonta, K.O.

Arcko, toujours en fuite, jouant avec l'adhésif de ses pattes, mettait en déroute le pokémon feu, trop rapide pour lui. Seulement il n'avait pas prévu que les restes des spores soufflés par l'explosion imbibaient les poutres. Le pokémon glissa malencontreusement, ses membres recouverts de restes sporeux. Son adversaire prit avantage de ce déséquilibre et le frappa de toutes ses forces. Eléanore ordonna même une Boul'Armure avant la collision pour renforcer l'offensive.

Les spectateurs assistèrent à un double K.O... Régis, Sacha, Kenny et Aurore n'en revenaient pas, les bouches grandes ouvertes, les yeux écarquillés tandis qu'Ondine pleurait toutes les larmes de son corps en pensant aux réparations qu'elle devrait faire dans son arène après cet entraînement.
Les filles enthousiastes tapèrent des mains en signe de victoire et rappelèrent leurs pokémons pour les cajoler.

Lucas et Daniel, quant à eux, rappelèrent les leurs, gênés. Dire qu'elles avaient toutes deux commencé leurs voyages après eux... Elles avaient vraiment progressé en peu de temps. Leurs façons de combattre semblaient s'assembler aussi facilement qu'elles s'annihilaient l'une contre l'autre. Mais hors de question d'abandonner comme ça, après tout les garçons aussi savaient jouer. S'ils n'avaient pas fait preuve d'un très bon travail d'équipe par rapport à elles, cela n'allait pas se passer comme ça.

-En avant, Yin !

Le Mentali envoyé par Lucas fit la révérence en arrivant sur le terrain, mais il fut surpris de ne pas avoir son jumeau à ses côtés. A la place, Daniel lança Riolu.

Les filles s'interrogèrent du regard quelques secondes puis choisirent à leurs tours. Eléanore porta son choix sur Pilou, sa Pikachu, et Samantha décida d'inaugurer le premier combat de Kraknoix. La bataille commença immédiatement sur les chapeaux de roues, et cette fois les deux garçons ne laissèrent pas filer l'avantage par galanterie.

Régis semblait captivé par le match, les yeux rivés vers Eléa, toujours ébahi. Yuki, à ses côtés, riait discrètement : oui, Samantha avait vraiment fini par montrer son potentiel. Tout comme Eléa, elle était faite pour devenir dresseuse. Plus il côtoyait ces enfants, plus cela devenait évident : Daniel était intelligent, bon éleveur patient, mais il manquait de combativité. En revanche, sur le terrain, son sang-froid était incroyable, il était plus destiné pour un travail long mais requérant des facilités, telles que les recherches ou les captures.
Lucas montrait de grandes capacités pour exploiter le potentiel de son équipe, leurs aptitudes naturelles, et même s'il restait encore trop englué dans ses principes stratégiques pour avoir une vision d'ensemble pour l'instant, cette étape allait se franchir toute seule, et ainsi il pouvait devenir un excellent stratège, même avec des pokémons moyens. Tout comme il pouvait se lancer dans une carrière de coordinateur.
Eléanore, comme toujours, débordait de volonté, elle ne laissait pas une seule chance à son adversaire de s'imposer avec ses combinaisons absurdes, imprévisibles et pire que tout efficaces. Elle possédait cette fibre du dresseur et paraissait en totale symbiose avec ses pokémons, qui le lui rendaient bien. La seule crainte de Yuki sur son compte était de la voir stagner trop longtemps à ce niveau, et de perdre courage en ses capacités en voyant les autres la rattraper, mais il savait que la petite pouvait la surmonter.
Samantha, elle, restait tout de même la surprise la plus étonnante pour le jeune professeur, lui qui l'avait vue grandir et évoluer petit à petit, il ne parvenait pas à empêcher cette fierté de gagner son cœur. Elle manquait certes d'agressivité, et parfois donnait des ordres incohérents, mais sa capacité à anticiper, à s'adapter au jeu de l'autre, coupait l'herbe sous le pied à plus d'un, y compris ceux qui la connaissaient. Elle n'était décemment pas faite pour briller comme Eléa, mais en revanche elle était cet appui, ce « faire-valoir » qui bien que dans l'ombre de la gloire, pouvait se montrer bien plus vaillant et efficace que le héros. Plus il la regardait, plus il se disait qu'elle ferait un excellent champion d'arène.

Brusquement, il entendit un « pop » derrière lui. Il se retourna, et vit l'ombre d'une bulle exploser devant le nez de Sacha, qui quelques secondes plus tard s'affala sur l'épaule d'une Ondine attendrie, profondément assoupi avec son Pikachu. Akira fronça les sourcils, sa main se porta instinctivement à sa ceinture.

Il eut à peine le temps de se retourner, Daniel poussa une exclamation ébahie et lança :

« Les filles attention, à vos pieds ! »

Une chose noire sortit hors de l'eau et fondit sur Eléanore, pétrifiée d'horreur. Samantha la plaqua à terre juste à temps. Un Sévipère, serpent géant aux couleurs sombres, se dressa devant les enfants. La gamine aux couettes hurla de terreur, les yeux révulsés. Akira se redressa d'un bond avec les autres adultes, mais les planches sous leurs pieds craquèrent sinistrement, et ils eurent à peine le temps de réaliser ce qui leur arrivait, qu'ils contemplaient déjà le plafond, ensevelis à moitié sous les restes des tribunes.

« Gabriel ! » Cria Daniel en voyant les fondements sur lequel son frère assistait au match s'effondrer.

Un couple étrange émergea des débris, une grande femme élancée aux cheveux magenta et son comparse à la tignasse bleutée. Ils tenaient dans leurs mains une disquette noire, et le Pikachu assoupi du maître pokémon sous un bras, un sourire triomphant sur les lèvres. Un pokémon mollusque, bleu, informe, un Maraiste, bâilla fièrement.

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L'onde de choc qui résulta de l'effondrement des tribunes secoua tout le bâtiment, à tel point que Gold, Angie et Christopher manquèrent de se briser leurs petits cous en tombant du canapé. Ils se redressèrent vivement, secoués mais indemnes, se demandant ce qui se passait. Ils se ruèrent dans le couloir pour croiser un Silver à plat ventre au sol, non loin d'un fauteuil renversé.

-Qu'est-ce qui se passe ? Demanda brusquement Gold, le souffle court.
-J'en sais rien, ça provenait de la salle principale je crois... Répondit le rouquin un peu perdu, encore à terre.

Le brun ne lui laissa pas le temps de se relever, lui et Christopher coururent dans le couloir. Angèle, elle, resta quelques secondes pour aider son chef à se remettre sur ses jambes puis elle l'observa avec suspicion :

-Vous étiez la tête à l'envers sur ce fauteuil ?
-Non. Mentit le jeune homme prenant une teinte carmin. Je ne suis pas timbré comme vous ! Au lieu de poser des questions idiotes, allons voir ce qui se passe ! La coupa-t-il, furieux.

L'ex voleuse obéit docilement, toujours méfiante néanmoins. Le roux la suivit avec des mouvements secs et brusques, furieux d'avoir cédé à ses interrogations, d'avoir essayé le truc de Gold, d'avoir compris que cela ne servait à rien, et en plus de s'être fait prendre par Angèle.

Malheureusement pour lui, son humeur ne s'améliora pas d'un pouce, quand arrivés devant la piscine olympique ils virent le trio bien connu de la Team Rocket tenir dans leurs mains la disquette de Silver contenant tout le disque dur de la Team.
Il mit plusieurs secondes à réagir, saisissant avec trop de difficulté que tout son travail puisse être volé si facilement. En revanche, Gold lui ne se fit pas prier, son regard devint flamboyant de colère et d'une voix grondante, il maugréa :
« Encore cette foutue Team Rocket » avec tant de haine que Silver en frissonna. Il osait à peine imaginer sa réaction s'il apprenait la vérité sur son compte. Eh bien, cela risquait de ressembler à ça.

D'un geste vif, Gold sortit ses pokéballs et en lança deux :

-Layla ! Timothy ! En avant !

Une Lippoutou majestueuse et un Tartard musclé arrivèrent en duo. Ils se mirent en position défensive, Gold sortit deux autres pokéballs pour compléter le tout :

-Capumain, à toi ! Gillian, c'est parti.

Le pokémon singe sans surnom arriva et se plaça au centre de la scène, déterminé. Un Grolem impressionnant atterrit au sol en faisant vibrer toute la pièce sous son poids. Gold donna ses ordres sans une once d'hésitation :

-Capumain, Gillian, Tomberoche, bloquez toutes les issues ! Layla, Timothy, vite sur l'estrade, déblayez le passage, sortez les blessés de là !
Silver revint sur terre. Comment, il ne les arrêtait pas ? C'était pourtant la priorité ! Le rouquin sortit ses balls lui aussi mais la femme, Jessie, lui fit signe d'arrêter, avec une mine victorieuse. Un cri effrayé le fit se retourner.

Samantha et Eléanore étaient prises dans l'étreinte du Sévipère de la dresseuse, les crocs menaçant la gamine aux couettes dont le teint virait au vert. Daniel et Lucas, les genoux flageolants, n'osaient déjà plus faire un geste de peur de les voir exécutés sur place. Silver se ravisa instantanément face à cette vision. La voleuse lui fit un rictus vaniteux :

-Toi, tu ne nous intéresses pas, mais hors de question que tu te mettes sur notre chemin...
-Maître Silver, attention ! Hurla Christopher.

La Maraiste au pied de l'homme aux cheveux bleus ouvrit la bouche, et une immense bulle en sortit, avant d'éclater devant le nez de Silver. Ses prunelles bleues aux reflets argentés se voilèrent. Brusquement, son cri lui parut lointain, le roux tomba à terre, ses pokéballs lui échappant des mains. Gold fit volte face, revint auprès de son compagnon et le secoua, paniqué, mais le roux ne réagit pas.

-C'est l'attaque Bâillement ! Lui expliqua Angèle. Calmez-vous monsieur Gold, il ne risque rien !
-Faites attention au Maraiste, monsieur Gold, ils ont dû piéger les autres avec cette attaque ! Compléta Christopher.

Le couple de voleurs victorieux partit d'un pas de conquérant, traversant la salle avec un calme olympien - pour une fois que leurs plans fonctionnaient... Bon, techniquement, ce n'était pas leur plan, mais celui du Boss : prendre un otage innocent pour être tranquille. Mais c'était le résultat qui comptait. Plusieurs têtes émergèrent de l'amas de décombres, dont une Ondine qui hurla :

« BON ARCEUS MAIS QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ TOUS A DETRUIRE MON ARENE ?! »

Régis arriva en portant le petit Gabriel qui crachotait, et se retenait de sangloter après une belle trouille, Kenny et Aurore, Drew et Flora, puis enfin Akira, qui soutenait un Sacha toujours endormi.

La réaction ne se fit pas attendre :

-Depuis quand vous avez un Maraiste, vous ? S'exclama Aurore.
-Depuis que le morveux a eu sa troisième ligue ! Et maintenant... Mime Junior, Danse Folle ! S'exclama l'homme aux cheveux bleus, James.

Le clown minuscule, rose et bleu, fit une pirouette et commença ses pas ridicules, tandis que l'emprise psychique saisissait les spectateurs qui se mirent à l'imiter contre leur gré, honteux... Tous furent réduits à jeter des regards noirs à leurs agresseurs, impuissants. Régis frémit en remarquant la position difficile d'Eléanore, tremblante auprès d'une Sam qui lui murmurait de se calmer bien qu'elle n'en menât pas large elle non plus.

Jessie émit un rire hautain et appuya sur une télécommande. Le plafond s'écroula pour laisser apparaître une montgolfière en forme de Miaouss, avec ledit pokémon à son bord. Un immense filet se jeta sur Samantha et Eléanore et les embarqua avec le Sévipère. Le plafond détruit par l'arrivée fracassante du ballon tomba par pans entier dans la piscine.

-MON ARENE ! hurla Ondine, blême. Cette exclamation fut suivie d'un juron qu'il est préférable de censurer.
-Samantha ! Enchaîna Yuki.
-Eléanore ! Fit Régis.

Les trois comparses montèrent à bord du ballon géant, trépidants d'enthousiasme, sur le point d'exécuter la danse de la victoire. Pour fêter ça, ils comptaient s'offrir un banquet géant !

-Au secours, Daniel, Lucas, Mr Yuki ! S'écrièrent Samantha et Eléa, au bord des larmes. La prise autour d'elles les empêchait de plus en plus de respirer.
-La vache, mais depuis quand sont-ils devenus si forts ? S'étonna Flora, abasourdie.
-Depuis quand ils enlèvent des enfants ? Compléta Aurore encore plus étourdie.
-Oh taisez-vous, on fait ce qu'on veut ! Et puis on a subi assez d'échecs en tant que voleurs pour décider de se reconvertir en kidnappeurs, hein ! S'emporta Jessie, exaspérée.
-D'ailleurs, on va mettre un terme à notre carrière de voleur en attrapant tous vos pokémons, ce sera notre chef-d'œuvre ! S'exclama Miaouss avec une grimace féline.
-Ouais, bien dit ! Allez, sortons l'aspirateur ! Fit James en appuyant sur un nouveau bouton de la télécommande.

Yuki sourit malgré lui. Une fort souffle s'abattit sur les dresseurs, les sangles à leurs ceintures cédèrent dans un clac retentissant tandis qu'eux se retrouvaient cloués au sol par la danse psychique. Gold rugit de fureur, incapable de se défaire de l'emprise. Avec Silver au sol et Sacha inconscient, ils se faisaient laminer. Christopher et Angèle retinrent un sanglot en voyant leurs pokéballs s'envoler sous leurs nez. Pikachu, Reptincel, Galifeu, Tartard, Grolem, Lipoutou, Capumain... Tous furent aspirés inexorablement, sauf un. Un seul sortit des débris de l'estrade, résistant vaillamment à la bourrasque. Un immense pokémon à la carapace d'un bleu acier luisant, avec quatre membres prédominants. Un gigantesque Métalosse, camouflant derrière lui un Girafarig se retenant à une de ses pattes énormes. Ils firent face aux membres de la Team Rocket qui regrettèrent instantanément d'avoir été un peu trop gourmands.
Yuki se félicita d'avoir jeté ses pokéballs à terre en tombant : deux avaient heurté un obstacle et s'étaient ouvertes. Cela risquait d'être coton de toutes les retrouver dans ce foutoir, mais au moins ils n'étaient plus démunis.

-Girafarig, Reflet Magik, maintenant !

Les poils de la girafe se hérissèrent et la tête au bout de sa queue fit un tour complet sur elle-même dans un craquement sinistre. Une aura blanche s'éleva autour d'elle et frappa tous les dresseurs pris dans la danse folle. Plusieurs tombèrent à genoux, la respiration saccadée, surpris d'être libres de leurs mouvements à nouveau. Les membres de la Team Rocket, quant à eux, subirent en retour les effets de la danse folle de leur pokémon, à leur grande joie. Le regard d'Akira se glaça, devenant aussi noir et impitoyable qu'une mer déchaînée :

-Métalosse, attaque Psyko ! Libère Samantha et Eléanore tout de suite !

Le pokémon acier se figea, sa surface rude sembla se contracter tandis que l'aura bleue se compressait autour de lui. Les filles aux prises avec le Sévipère se firent brusquement happer vers le bas par une force titanesque, elles glissèrent de l'étreinte et passèrent au travers du filet comme s'il n'avait jamais été là. Elles lévitèrent lentement jusqu'au sol, où Lucas et Daniel les prirent dans leurs bras. Eléanore s'accrocha désespérément au cou de Danny en tremblant comme une feuille. Samantha jeta un coup d'œil impressionné vers son professeur, abasourdie. Celui-ci, froid comme le marbre, continua sa démarche :

-Métalosse, Pisto-Poing !

James gémit en voyant l'imposant pokémon élever un de ses puissants membres, mais Jessie fut plus rapide : un Yanmega émergea du plafond, imposant et puissant.

-Attaque Bourdon, Yanmega ! Sévipère, va me reprendre ces pestes !

Le rayon étrange vrombissait comme des milliers d'abeilles. Il stoppa le pokémon métal-psy dans son élan, qui fut propulsé un peu plus loin. Les adolescents sursautèrent en comprenant ce qui se passait. Lucas attrapa Samantha, Daniel saisit Eléanore et ils se mirent à courir pour rejoindre le groupe d'adultes le plus vite possible. Mais le serpent s'interposa. Le cri étranglé d'Eléanore à la vision de cette chose ne fit que renforcer leurs propres peurs.

Les champions ou coordinateurs, dépouillés de leurs pokémons, reculèrent malgré eux. Régis voulut partir tout de même à la rescousse de sa protégée, mais Akira s'interposa entre lui et elle.

-Si tu bouges, tu risques d'aggraver les choses... Ces enfants ont assez de ressources pour se débrouiller seuls. Je me charge du reste !

Il fit volte face et s'écria :
-Girafarig, en avant !

Le pokémon girafe bondit, allongeant son cou orné d'une sorte de collier étrange, prêt à l'offensive pour protéger son camarade touché.

Jessie sourit et ordonna à Yanmega d'utiliser à nouveau l'attaque Bourdon, si efficace contre les pokémons psy. La créature frêle ploya sous l'offensive dans un gémissement, comme attaqué par des abeilles informes. Ce fut à ce moment précis que son collier se mit à luire. Le pokémon se releva et son dresseur Akira s'exclama :

-Voile Miroir !

Un immense mur lumineux s'éleva entre le pokémon et la capacité. Celle-ci s'y heurta, puis, brusquement, elle devint blanche et chargea la libellule dans un vrombissement similaire. La créature se le prit de plein fouet et s'effondra, terrassée. La troupe de brigands vociféra contre ce coup injuste.

De leur côté, les enfants venaient d'éviter avec maladresse un Direct Toxique du serpent. Celui-ci bondit, les crocs en avant, prêt à mordre, mais Samantha tira Eléanore pétrifiée juste à temps pour lui éviter la morsure d'un des pokémons les plus toxiques du monde. Même Miyu ne parvenait pas à la faire revenir sur terre, elle était incapable du moindre mouvement. Daniel chercha des yeux un moyen de fuir, de rejoindre au moins Métalosse qui se relevait à grand peine. C'est alors qu'il vit le plongeoir. Une idée fusa.

-Lucas, protège Eléanore et Sam ! Cria-t-il.
-Hein ? S'écria le jeune garçon.

Trop tard, le gamin sautait déjà de plateforme en plateforme en direction de l'accessoire nautique. Son ami suivit l'axe du regard, ses pupilles longèrent l'échelle près du Métalosse amoché, montèrent jusqu'à son sommet, accompagnèrent la planche tendue, pour finalement arriver non loin de la nacelle du ballon. Il comprit vite ce que comptait faire Daniel, qui déjà s'engageait en boitillant sur le monument.

Ce moment d'inattention lui valut un brusque coup dans l'estomac. La queue le faucha et l'envoya barboter, tandis que le pokémon serpent s'approchait en rampant des filles, leur assénant un violent coup de Queue Poison. Deux profondes griffures entaillèrent leurs bras, avant qu'elles ne basculent en arrière et ne partent rejoindre Lucas elles aussi.

-ELEANORE ! Hurla Régis.
-Girafarig, Protection ! Lança Yuki, paniqué.

La girafe s'interposa entre le serpent et les enfants mais un coup d'estoc suffit à l'achever, ayant résisté à l'attaque Bourdon seulement grâce à l'objet Ceinture Force.

-Bien, maintenant reviens et ramène nous les filles ! Ordonna Jessie à son Sévipère, peu déstabilisée par la danse folle qu'elle subissait depuis tout à l'heure.

C'est alors que Daniel, du haut du plongeoir, prit une inspiration profonde, serra la mâchoire pour oublier juste le temps d'un mouvement sa cheville et s'élança. Il sauta et arriva pile sur les assaillants, attrapant la manette au vol. Immédiatement, il la brisa.

L'aspirateur en dessous de la nacelle se désagrégea par petites implosions internes pour laisser pendre lamentablement un filet qui contenait pokéballs et pokémons se débattant férocement. Il eut encore le temps de saisir le Pikachu endormi et de le jeter par-dessus bord. Celui atterrit sur une plateforme et se réveilla sous le choc, complètement déstabilisé. Mais l'effet de la danse folle était terminé et James empêcha Daniel de continuer et de prendre la disquette qu'il tenait si fermement. A vrai dire, le gamin aux yeux vairons ignorait ce qu'elle contenait, mais vu à quel point cet homme la serrait fortement, aucun doute sur sa valeur, il ne fallait surtout pas la laisser derrière lui. Cette action le perdit : Jessie et Miaouss se jetèrent sur lui pour l'empêcher de la voler.

-Daniel ! S'écria Lucas, inquiet en le voyant disparaître dans la nacelle.
-Métalosse, va l'aider ! Rugit Yuki en se tournant vers son pokémon.
Mais celui-ci pouvait à peine se lever : un coup pareil dans sa faiblesse ne lui réussissait pas.

Brusquement, Samantha sortit une pokéball de sa ceinture. Tout à l'heure, dans l'étreinte de Sévipère, elle et Eléa avaient échappé à l'aspiration. Même si tous ses pokémons étaient hors de leurs pokéballs et avaient été entraînés dans l'engin, il lui restait les précieuses balls, et elles devaient tenter quelque chose. Soutenant son amie d'un bras, tentant de son mieux de ne pas boire la tasse, elle s'écria :

-GALIFEU, REVIENS !

Le rayon rouge sortit de la ball et frappa le pokémon poulet, piégé au fond du filet. Celui-ci se dématérialisa et revint auprès d'elle à l'abri dans la pièce de métal.
Un blanc suivit cette intervention.

-Pourquoi nous on a jamais fait ça quand ils capturaient nos pokémons ? Remarqua brusquement Aurore, dégoûtée.
-Bonne question... Maugréèrent Flora et Ondine en retour.

Samantha donna deux violents coups de pieds pour émerger à nouveau la tête et lança à nouveau la ball, d'où Galifeu ressortit.

-Galifeu, attaque Flammèche ! Brise ce filet, puis attaque ce serpent !

Le pokémon poulet bondit. Sa capacité brûla les fils aussi sec, libérant leurs prisonniers, puis il reprit appui et fonça sur le pokémon serpent pour lui asséner un Double Pied - qui venait de sa part, pour avoir menacé sa dresseuse adorée. Les pokéballs se mirent à pleuvoir sur l'arène. Lucas vit son Mentali tomber dans la mêlée, et son sang ne fit qu'un tour. Il s'écria :

-Yin, attaque Choc Mental ! Secoue-moi cette nacelle ! Il faut sortir Daniel de là !
La vague psychique secoua comme un prunier le panier en osier de la Team Rocket. Déséquilibrés, les sbires relâchèrent leurs prises, et Daniel en profita pour chiper la disquette et sauter par-dessus la barrière. Une belle bombe éclaboussa ses spectateurs.
Gold réagit d'instinct.
-Timothy, sors-moi tout ce monde de l'eau ! Layla, Psyko ! Renvoie ces pokémons à leurs maîtres, et ne lésine pas sur la force !

Le Tartard plongea pour récupérer les gamins, tandis que Lipoutou, les cheveux ondulant sous l'onde, levait les bras. Sévipère et Yanmega, K.O, partirent rejoindre leurs maîtres avec pertes et fracas.

Cette fois, ce fut à Aurore de prendre le contrôle des choses : d'un geste brusque, elle se redressa et s'écria :

-J'ai toujours rêvé de faire ça ! Pikachu, Electacle !

La souris électrique s'ébroua. Remise du choc et de son sommeil artificiel, elle eut d'abord des doutes, puis obéit à l'amie de son maître sans tergiverser. Pikachu se mit à courir à toute vitesse, ses joues crépitèrent puis une carapace foudroyante l'entoura. Avec une force incommensurable, il se jeta sur la montgolfière sous les cris apeurés des voleurs. Une explosion familière se produisit, et les voleurs disparurent à la vitesse d'une étoile filante en pleurant leurs phrases habituelles.

Les autres pokéballs et les pokémons libres se ruèrent vers leurs dresseurs pour les retrouver sous le Psyko du Lipoutou. Chacun se précipita vers les autres, rassuré. Les cœurs battaient encore la chamade à la suite de cette attaque. Régis enlaça une Eléanore encore toute frémissante qui répétait en boucle : « Un serpent, un énooorme serpent ! Pourquoi c'est toujours un serpent ?! », tel un disque rayé. Akira étreignit Sam et vérifia qu'elle n'avait rien mainte fois avant de s'autoriser un soupir. Décidément, cette gamine attirait les ennuis comme lui était attiré par un lit.

Après plusieurs baffes pour Silver et Sacha afin de les réveiller. et une bonne crise d'angoisse passée, l'adrénaline retomba, les évènements furent expliqués et on put enfin souffler. Même si les évènements étaient encore confus dans leurs têtes, cela semblait déjà loin. Brusquement, Eléanore plaqua sa main sur son bras, là où le Sévipère l'avait griffé violemment.

-Eléanore, ça va ? C'est la blessure du Sévipère ? S'inquiéta Régis.
-Je... je crois... ça va passer... balbutia-t-elle, elle-même rassurée par Miyu qui lui promettait de la soigner rapidement.
-Comment ça ? La blessure du Sévipère ? S'exclama Sacha, paniqué.
-Oui... ça va aller, t'en fais pas... Murmura la gamine.
-Mais enfin tu es idiote ou quoi ? Tu devais juste faire attention à toi... Mais... les sévipères, c'est vachement venimeux ! Plus que les abos ! Alors ça te suffit pas d'avoir une maladie mortelle et incurable, c'est ça ? Tu veux mourir tout de suite ? Gaffa Sacha.

Les personnes présentes se figèrent.

Sacha plaqua sa main sur sa bouche. L'information était tellement neuve pour lui qu'il n'avait pas encore pensé à la cacher aux autres.

Un vent glacial souffla sur l'arène.

Plusieurs regards obliquèrent dans une direction, les yeux écarquillés de crainte.
Mais le mal était fait. Samantha, encore trempée, flageolante, balbutia, priant pour avoir mal entendu :

« Que.. Quoi ? »