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Les Chroniques des Univers: [Tome 3] Le Cristal du destin de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 06/04/2009 à 03:54
» Dernière mise à jour le 06/04/2009 à 03:54

» Mots-clés :   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 8: Passé (dé)composé
Quand Jess se réveilla, il ne eut beaucoup de mal à comprendre ce qui se passait autour de lui. Un peu comme si son esprit refusait de le laisser accéder à son propre corps. En ouvrant les yeux, il remarqua qu'autour de lui, un brouillard dense s'était installé, masquant la vision à plus de quelques mètres. La terre battue avait une étrange texture, moite, comme si elle avait été arrosée. Mais pas d'eau, quelque chose de plus visqueux, de plus malsain, de plus... rouge constata t'il en trempant la main dans cette substance et en la portant devant ses yeux.

"Du... sang ? articula t'il lentement."

Le sien ne fit qu'un tour, il se releva dans un sursaut plutôt notable pour selon qu'il n'était pas du genre impressionnable. Son pied craqua sur le sol recouvert de...

"Qu'est ce que c'est que tout ça ? Qu'est ce qu... qu'est ce qui se passe ?"

Recouvert de crânes humains, de morceaux de chairs incendiés, et tout autour de lui cette odeur de cochon grillé qui le prenait désormais à la gorge... Une soudaine angoisse lui serra le coeur.

"Morph ? Morph, tu es où ? "

Pas de réponse, même par impulsion mentale. La conclusion qui s'imposa dans l'esprit de Jess était simple. Il n'avait pas pu garder un ami vivant pendant une journée. Désormais complètement perdu, il erra au milieu des corps, certains tressaillant encore. Il déambulait, et puis, de plus en plus inquiet, commença, sans s'en rendre compte, à courir au milieu des rochers, ou peut-être était-ce des crânes, sans regarder devant lui. Les larmes lui coulaient aux yeux alors qu'il refusait d'admettre que le petit Evoli fut mort.

"Il n'a rien fait, pourquoi lui ? " hurla t'il à l'attention d'un éventuel Dieu (ou diable) qui aurait regardé la scène.

Evidemment, le lieu resta vide de réponse. Cette angoisse malsaine se transforma en peur panique quand au fil de ses déambulations, Jess se retrouva nez à nez avec le vide.

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Une falaise à pic qui plongeait dans le brouillard qui recouvrait toute la zone. Seul le bruit du ressac laissait supposer qu'il y'avait de l'eau en dessous.

"Depuis quand la mer borde t'elle la forêt de Vestigion ? "

Ca aurait pu être le plus surprenant, si en rebroussant chemin, il n'était pas tombé sur le responsable de tout ça, les yeux remplis d'une fureur meurtrière. Ce qui se passait ici n'avait rien de rationnel, encore moins de raisonnable. Cet homme allait tous les tuer, jusqu'au dernier. Ca se lisait dans son regard.

La scène était insoutenable, d'autant plus que tous ces corps ne semblaient être que les premiers, amuse-gueule d'un dîner avec la mort. Un casque glissa à ses pieds alors qu'un homme se faisait décapiter par l'assassin. Il put y lire une inscription furtive avant que la protection ne se fasse elle aussi happer par le brouillard.

Cette brume était si épaisse, pourquoi ne voyait-il rien ? Même les sons lui parvenaient étouffés, déformés, comme si les âmes meurtries lui parlaient, plus que les vivants agonisant eux-mêmes. Autour de lui des ombres floues l'entouraient, et tentaient de lutter contre le fléau qui avait tué tout le monde. Il s'entourait d'un halo enflammé et commença à amorcer un piqué dévastateur sur la zone. Et il fonçait droit sur Jess.

"Je crois que je ferais bien de courir" suggéra t'il pour lui-même alors que ses instincts reprenaient le dessus.

Sans même essayer de regarder devant lui, il commença à courir, les yeux fixés sur la menace qui fondait sur lui. Un de ces moments où la stupide intuition vous court de foncer tout droit au lieu d'esquisser un pas de côté pour éviter la charge. Qui était donc cet ennemi surpuissant pour que son corps refuse d'agir comme il l'avait toujours fait jusqu'à présent, comme un chasseur et pas comme une proie ?

"Je n'ai rien fait, épargnez-moi..."

En disant tout cela, il avait peut-être tort. Peut-être parce que la menace était la seule personne qu'il craignait de ne pas vaincre un jour... A mesure qu'il se rapprochait, le regard lui semblait familier... Trop familier. Il l'avait vu dans une mare dans la forêt... Son propre reflet... Ces yeux, ce visage, cette créature avide de sang...

C'était Jess.

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Dans le bus, en sueur, le jeune homme se réveilla en sursaut. Un rêve, un simple cauchemar... Dehors, les dernières lueurs de Floraville s'éteignaient. Tout cela n'avait donc été qu'une illusion. Et en plus il avait raté l'endroit où il aurait pu vraiment dormir.

"Ca va, Jess ? envoya Morph inquiet.
-Ca va, rendors-toi... Un problème avec moi-même."

Morph était toujours là, il ne l'avait jamais quitté. A nouveau, il était le Jess froid et calculateur qu'il connaissait. Il n'avait pas prononcé un mot même en se réveillant en sursaut, alors que dans ce rêve, il ne faisait que monologuer, poser des questions sans réponses... Avoir une telle frayeur pour une illusion après avoir fait face à "ça" sans dommages, c'en était presque drôle... Si seulement cette panique n'avait pas semblé si vraie, cette menace si proche, ce visage si ressemblant, ça aurait presque pu être drôle, en effet.
Mais quelque chose clochait dans ce raisonnement. La créature qui l'avait attaqué ne pouvait pas être lui. Il ne s'attaquerait jamais. Le chasseur ne se tirait pas dessus.
A moins qu'il n'ait jamais été la cible. Qu'il n'ait été que le spectateur d'une scène imaginaire. Mais même dans un rêve, pourquoi s'imaginerait-il aussi destructeur et violent ? Laissant donc cette piste de côté, il ne lui restait plus que ce après quoi il courrait depuis qu'il avait repris conscience... Et qu'il redoutait désormais comme la peste si c'en était un...

Si jamais ce rêve n'en était pas un, c'était la réalité, la réalité d'avant son réveil... Jess venait, de manière certes très floue, mais néanmoins incontestable, de se souvenir.
Tout prenait sens. Les sons déformés, le brouillard qui entourait l'endroit où il se trouvait, autant de signes symbolisant les zones d'ombre de sa mémoire. Oh, oui, il venait de briser la glace du souvenir. Mais si c'était pour se rappeler qu'il était un psychopathe, autant que sa mémoire reste engloutie sous le lac gelé de son inconscient. Il n'était même pas plus avancé, tout avait été si flou, si incomplet. Tout ce dont il se rappelait, c'était de la falaise, et du casque qui roulait... Qu'y avait-il marqué dessus déjà ?

"Allons, un petit effort, accroches-toi à ce que tu sais..."

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Une poigne de fer pressa son épaule. Le chauffeur du bus.

"Petit, c'est le terminus. La grotte nous empêche d'avancer. Le chemin est balisé et éclairé jusqu'à Feli-Cité, à deux petits kilomètres d'ici. En marchant bien, tu devrais y être pour le lever du soleil."

Non, pas maintenant, pas au moment où il allait se rappeler. Il ne devait surtout pas relâcher son attention du souvenir fugace qui recommençait à s'évaporer. D'un geste brutal, il repoussa la main du conducteur de son épaule et essaya sans succès de replonger dans les méandres de sa mémoire. Mais trop tard. Cette réminiscence s'était envolée. Il faudrait attendre l'illumination qui pouvait se produire dans cinq minutes comme dans deux ans.

"Du calme petit, fit le conducteur d'une voix qui se voulait apaisante, visiblement peu frustré par la réaction pourtant violente de Jess. Je ne te veux pas de mal, je suis le gars qui conduit le bus... Ca y'est, tu me remets ? Il faut que tu descendes, c'est mon terminus, j'ai fini mon service, tu piges ? "

Jess acquiesça d'un hochement de tête, mais la moue sur son visage montrait sa déception. A une seconde près, il avait raté le détail sans doute le plus important de son souvenir.

"Dépêche-toi, le petit groupe qui continue jusqu'à Féli-Cité doit déjà être parti. C'est glauque de se traîner seul dans cette grotte à des heures pareilles."

Dans un claquement sec de langue, le jeune homme quitta le bus, ordonnant de la sorte à Morph de le suivre et laissant le conducteur à son impression étrange. Alors que Jess passait la porte, ce dernier reprit le volant d'un air étonné.

"Bizarre ce gosse, vraiment bizarre !"

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Dans la fraîcheur de la nuit de juin, Jess se sentait un peu plus à l'aise. Morph avait froid, avait envie de dormir, il avait même les pieds mouillés à cause du récent orage qui était tombé pendant le sommeil du garçon, bref, il en avait plein les pattes et il le faisait savoir, mais Jess, lui, commençait tout juste à reprendre pied après cette confrontation avec le passé, après cette altercation avec lui-même.

"On arrive bientôt ? se plaignit le Pokémon.
-Bientôt, oui. Plus que quelques kilomètres selon le chauffeur.
-Pourquoi tu veux aller là-bas ? La dernière ville n'était pas bien pour dormir ?
-Je veux aller là où cet homme est mort, si quelqu'un sait quelque chose, c'est lui.
-Mais s'il est mort, il ne te dira rien, répondit du tac au tac l'Evoli sur les dents.
-Si mes justifications ne te plaisent pas, ne m'en demande pas. Je n'ai rien d'autre à t'offrir. Je cours après le passé et voilà que quand j'ai une infime chance d'en savoir un peu plus, le détail vital m'échappe. Alors cet homme, aussi mort soit-il, est mon seul lien avec le passé.
-Très bien, d'accord, abdiqua finalement Evoli."

Devant, les autres passagers du car étaient loin, déjà dans la grotte, ils l'avaient peut-être même traversée. Tant mieux, moins il y'avait de personnes pour dévisager Jess, mieux c'était. Seul Morph semblait le comprendre, et voilà que lui aussi commençait à douter de son ami.

"Pardonne-moi, mais je n'ai que ça pour m'accrocher, concéda Jess. Sans ça, je n'ai plus de raison d'être. Je veux bien défendre l'esprit de la forêt, mais je ne sais même pas qui je suis, alors comment savoir si je peux faire face à cet ennemi ?
-C'est moi qui m'excuse, je suis de mauvais poil parce que j'aimerai bien pouvoir dormir. J'ai quand même combattu pour toi, visité une ville, traversé deux fois la forêt, dont une avec "ça" aux trousses...
-Je dois t'avouer que ça m'a un peu claqué aussi, et je te remercie d'être encore là. Mais ce n'est pas en faisant demi-tour qu'on gagnera du temps. Floraville est derrière nous, l'objectif, c'est Féli-Cité."

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La traversée de la grotte fut un moment assez peu notable, pour selon que le chauffeur présentait ça comme un film d'horreur... Jess restait concentré sur ce mot, ce petit mot qu'il avait lu sur le casque, mais que les méandres de Morphée avaient gardé près d'eux. Tant qu'il rêverait, il apprendrait des choses, mais tant qu'il ne se souviendrait de rien à son réveil, ça ne ferait que le déstabiliser encore plus. Son rêve, brut de décoffrage, n'avait aucun sens. Que voulait dire cette aura de feu, et cette capacité à voler, à fondre en piqué sur ses ennemis ? Fallait-il chercher dans la psychanalyse pour trouver une signification ?

"Bon sang, le crâne et le sang, c'était du basique comme symbolique... Ca voulait dire "crâne et sang", point barre... Pourquoi donc le reste est aussi compliqué ?"

Son esprit cogitait, tournait à deux cents à l'heure, mais rien n'y faisait. Le nom qui lui manquait était la clé de voûte de ce souvenir, sans lui, sans cette caractérisation précise, rien ne pouvait situer ce carnage et, par conséquent, ce souvenir.

Mais déjà se profilaient les premières lueurs de Féli-Cité. Inutile de chercher à capturer des Pokémon, entre "ça" qui traînait à quelques dizaines de kilomètres d'ici, la nuit, et la présence proche d'humains, aucun Pokémon ne se risquerait à sortir... L'état de fatigue de Jess, et surtout de Morph ajoutait à ce constat que même si un Leviator s'était trouvé gisant sur le sol, il n'aurait peut-être même pas été vu par les deux compères, à la limite de dormir debout.

Avec son "look" très clochard et l'impression d'insécurité qui régnait dans toutes les villes la nuit, il ne rentrerait jamais dans une maison, encore moins dans un hôtel. Il allait devoir dormir par terre, dans un coin. Autant se rapprocher le plus possible du centre pour gagner les quelques degrés que la ville gardait en son coeur.

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Les passagers du bus précédent semblaient avoir trouvé un moyen de transport. En tout cas, ils avaient eu la délicatesse de demander à leur nouveau chauffeur d'attendre Jess. Il n'aurait pas à traverser la ville la plus importante de tout Sinnoh à pied, même si les éventuels maraudeurs auraient eu plus de souci à se faire que Jess si jamais il venait à se faire agresser.

"Le p'tit est là... On décolle, il est quatre heures vingt, indiqua le chauffeur à son central via une radio.
-Bien reçu, tu seras rentré pour le lever du jour, George, répondit une voix de femme par le haut-parleur."
Jess s'installa sur une
banquette et commença à analyser la nouvelle situation. Quatre heures passés, il serait dans le centre d'ici dix minutes. Le temps de dormir deux ou trois heures dans une ruelle calme et il serait reparti. A pied jusqu'à Littorella, il y serait vraisemblablement pour midi. Si tout se passait comme prévu, il saurait quoi faire d'ici ce soir.

Si tout se passait comme prévu, manifestement, ça n'était pas le cas.

Jess descendit du bus en plein centre-ville. L'arrêt était situé devant un immeuble qui avait l'air plutôt cossu, séparé de la route par une petite place, sur laquelle trônait une fontaine dont le bruit apaisant calmait d'habitude les esprits stressés de la ville.
"D'habitude", encore un cas de figure qui ne semblait pas être applicable ici. Le clapotis de l'eau était en effet troublé par un son plus strident, des bruits de moteur, de porte qui s'ouvre brutalement, du verre qui se brise. Jess n'allait certainement pas se mettre en danger pour un petit casse. Vu le bruit, le moteur était celui d'une camionnette, les voleurs devaient donc être organisés. Encore une raison pour ne rien voir et rien entendre.

Et puis le cri, un seul cri, qui déchira le silence, un cri de femme, jeune... Les voleurs étaient en fait des kidnappeurs. Et ça changeait tout pour Jess.

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A nouveau un cri, plus âgé, plus masculin, mais surtout plus discret. Un père, et vu l'état de sa voix, pas en état d'opposer une résistance digne de ce nom. Les voisins commençaient à s'agiter, des lumières s'allumaient. Mais jamais personne n'allait aider la jeune fille. Il n'y avait que Jess qui pouvait tenter quelque chose.

"Morph, trouve une bonne planque pas trop loin, et ne sors que si je t'appelle. Reçu ?
-Et notre nuit ?
-Tu peux dormir si tu veux, moi, je dois faire quelque chose."

Laissant Morph s'occuper de lui, Jess traversa la place d'un seul trait. Son instinct protecteur naissant n'avait pas encore éprouvé ses limites. Il devait l'aider. Les cris de la fille devenaient de moins en moins forts. Les portes de la camionnette s'ouvraient à nouveau. Ils allaient lui filer sous le nez.

"Ca, il n'en est pas question, pensa Jess avec un air de défi."

Il enjamba un corps près de l'entrée de l'immeuble. Le père, sans doute, toujours en vie et hors de danger pour le moment. Il apercevait le van désormais. Trois hommes, tous cagoulés. Et la fille qui se débattait. Le sang de Jess se mit à battre différemment, au ralenti... Toute la scène défilait au ralenti devant ses yeux, alors qu'une décharge d'adrénaline avait envahi tout son corps. Il ne contrôlait plus ses mouvement, il agissait, simplement. Jess n'était plus aux commandes...

Mais le chasseur qui sommeillait en lui tenait le manche on ne peut plus fermement.

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Celui des trois qui ne portait pas la fille remarqua Jess le premier. Il dégaina un revolver qu'il pointa sur le jeune homme. Le temps qu'il vise sa cible, elle avait terminé sa course en glissant sur le sol, dans une balayette qui percuta la jambe du tireur. Le coup de feu partit, mais en l'air.

"Bon sang, c'est qui lui ? constata l'un des deux porteurs."

Laissant son acolyte maîtriser la fille, il rejoignit l'homme armé et dégaina lui aussi son pistolet. Jess, sans laisser de répit au premier, se releva derrière lui et poussa d'un formidable coup de pied la porte de la camionnette, qui claqua violemment, aidant au passage la fille à lutter. Pendant qu'elle prenait appui sur la porte et opposait d'autant plus de résistance à son kidnappeur, Jess, lui, atterrit contre le premier homme armé et lui coupa la respiration sur le coup. Arrivé en renfort, le deuxième sauta sur Jess qui esquiva d'une facilité déconcertante en prenant appui sur ses bras et en se mettant en poirier, alors que l'homme finissait sa chute sur son collègue. Le garçon se déséquilibra volontairement et retourna à sa position d'origine, frappant le deuxième homme d'un coup de pied violent, entraîné par l'élan, droit au bas de sa colonne. Peu efficace certes, mais on faisait avec ce qu'on avait... Et pour un mouvement de défense, il frappait assez fort.

Il avait fort à faire avec ces deux hommes plus corpulents que lui, et surtout très entraînés. Mais il semblait que le chasseur avait de la bouteille lui aussi. Il savait quoi faire, il savait quand le faire, et comment le faire bien. Si la fille se débrouillait toujours aussi bien avec le troisième larron, alors il avait gagné.

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Cette pensée le rendit encore plus dangereux. Il ne relâchait pas son attention, loin de là, son esprit était même plus acéré qu'une lame. Tranchant vite et bien, il choisissait toujours la bonne action, la bonne parade, et arrivait à bloquer deux hommes armés en dessous de lui, sans qu'ils ne puissent à aucun moment le menacer.

Une balayette le surprit à son tour, et le força à abandonner sa position dominante. Les trois adversaires se relevèrent en même temps, et Jess n'attendit pas d'autorisation pour exécuter une prise martiale plutôt osée, dans le sens où ses pieds se trouvaient bien plus près de la tête de ses adversaires que du sol, et dans le sens où la tête de l'homme après le choc était bien plus proche du sol que du reste du monde.

"C'est quoi ce bordel ? Il sort d'où le ninja ? " commença à dire un des hommes, vraiment paniqué à la vue de son comparse mis hors jeu sur le coup par cette prise très impressionnante au demeurant.

Jess restait aussi silencieux qu'il l'avait toujours été, haletant à peine dans un sifflement qui n'était pas sans rappeler celui du serpent. Un des trois avait été mis au tapis. Il jouait donc à un contre un alors que la fille se débattait toujours aussi bien. A moins d'un impondérable vraiment très malvenu, il allait réussir à s'en sortir.

L'homme armé se reprit très vite, et tira deux coups vers le garçon. Jess, alerté par cette mise en joue, n'avait même pas bronché et s'était contenté de sauter sur le côté, laissant les balles se ficher dans un mur derrière lui. Au passage, il en profita pour attraper la jambe du troisième homme, mais ne réussit pas à lui faire lâcher prise. Il était partout, et il n'avait qu'une envie, se battre jusqu'au bout.

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Jess hésita une demi-seconde à ce moment là. Il pouvait, s'il le souhaitait, libérer la fille dès maintenant en concentrant ses efforts sur le troisième homme, mais c'était s'exposer aux balles de l'autre. Il reprit donc la lutte contre l'homme qui ne le tenait plus en joue, car la fille et son agresseur se trouvaient entre lui et Jess. Le temps de contourner cet obstacle, et le garçon avait... disparu.

La jardinière devant laquelle il s'était trouvé était la seule chose qui restait dans le champ de vision du malfrat. Pas dupe pour un sou, il déchargea son barillet sur la jardinière, espérant ainsi atteindre ce mystérieux inconnu de manière mortelle. Désormais, autour de la petite place, c'était la panique. Des cris retentissaient à tous les étages, noyant celui de la fille dans un concert cacophonique. Le malfaiteur, croyant son affaire réglée se retourna pour aider l'autre, et tomba face à face avec un Jess qui le gratifia d'un coup de poing qui, au jugé, avait du casser une ou deux dents au "pauvre" homme. Pendant tout ce temps où on le croyait à l'abri de la jardinière, il s'était caché derrière la porte. La cible la plus évidente n'était pas la bonne, et l'autre en paya les conséquences.

Plus que la vivre, Jess savourait cette bataille, il se délectait de chaque goutte de sueur versée par son adversaire, de chaque souffrance, de tous les cris, les regards désespérés, de tout le sang qui tâchait la cagoule du kidnappeur. Il était en extase, dans un état second qu'aucune drogue n'aurait pu causer. C'était peut-être pour ça qu'au fond de lui, il avait voulu se battre. Et là, il jubilait, son adversaire larmoyait en tenant son nez en sang. Il avait perdu... Jess avait joué la partie comme un...

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"Ecartez-vous."

comme un véritable débutant. Une quatrième voix provenant de l'arrière de la camionnette brisa le moment de victoire. Un clic se fit entendre, et des électrodes d'acier vinrent se planter sous la peau de Jess. Le courant intense le paralysa sur le coup, et il tomba à la renverse, les muscles tétanisés. Il avait oublié une règle de base. Toujours surveiller ses arrières.

Impuissant, il regarda son agresseur jeter l'arme à terre avant de prendre le volant. Il avait mal estimé la puissance de l'adversaire. Nez cassé ramassait son acolyte inconscient et le troisième finissait de gagner le duel contre la fille qui venait de voir ses espoirs s'envoler. Le moteur vrombit, et dans la nuit, la camionnette disparut alors que Jess, toujours paralysé, perdait connaissance.