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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 30/12/2008 à 14:49
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 07:25

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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116 - Au bon endroit, au bon moment
« La colère, ça fait vivre. Quand t'es plus en colère, t'es foutu. »
(Richard Bohringer)

Maman cuisinait.
Papa fumait en lisant le journal.
Dans le phonographe résonnait une chanson tranquille.
-Tu n'en as pas marre d'écouter des vinyles sur ce vieux machin ?
-Non c'est tellement plus sympathique ! Ca, c'est le vrai son !
-Hm. Si tu le dis.
La lampe commença à donner des signes de faiblesse.
-Au fait, on devrait manger chinois ce soir !
-Oh oui bonne idée. J'ai une envie de nouilles chinoises !
-Il faudra demander à M…
Les appareils de la maison s'éteignirent alors.
-Han merde !
-C'est encore ton installation électrique de merde !
-Mais c'est pas ma faute !!
-Oh ça va hein ! Tu fais chier !!
En haut des escaliers, une adolescente arriva.
-Papa, maman…
-On a vu, chérie, on est loin d'être stupides !
-Oh ne t'en prends pas à la petite, compris !
-Toi au lieu de m'engueuler va chez les voisins et appelle un électricien !!

Etienne était assis sur son canapé, regardant la télévision. Ian arriva pour s'asseoir. Etienne se leva du canapé et monta dans sa chambre.
-Tu pouvais rester !
-Dans la même pièce que toi ? s'étonna Etienne. Ne sois pas si amusant, Ian. Je pourrais me mettre à rire avec toi. Ce serait terrible.
Ian soupira. Coralie arriva, étonnée de voir Etienne partir du salon.
-Il est trop sarcastique ton gamin…
-C'est le fils de son père… soupira Coralie. Oh, on a un diner chez les Heine la semaine prochaine !
-Ces insupportables richards ?
-Hilda me salue souvent au marché et Hermann est très gentil.
-Oh je t'en prie Coralie, à quoi ça sert de se coltiner tout le voisinage ?
-Oh voyons, ce diner avec les Cumberdale c'était agréable, non ?
-Si diner dans un taudis décoré avec les pieds est agréable, alors peut-être…
-Oh, Ian… Ce n'est pas la peine d'être aussi… désagréable !
-C'est quoi ce besoin idiot de voir du monde ?
-C'est juste comme ça pour éviter de s'encroûter…
On passa un appel. Ian répondit au téléphone.
-Oui ?
« Euh, bonjour, je suis bien chez Ian Grandier ? »
-Lui-même, c'est pour quoi ?
« Je suis Eugénie Phileas, je vous appelle parce que nous avons un problème d'installation électrique… »
-Ou vous situez-vous ?
« Vergazon, Rue de la Militante »
-D'accord, j'arrive.
Le beau-père d'Etienne raccrocha.
-J'ai du boulot.
-D'accord, soupira Coralie.


-Bien. Cette commission est réunie spécialement pour parler du cas de Mr Smirnoff. Sont réunis ici : Moi-même, le recteur de l'académie centrale de Johto…
-Quelle politesse de se présenter en premier… soupira Smirnoff.
Tout le monde le regarda, surpris. Le principal intéressé détourna la tête.
-Ahem… Ne parlez que si on vous y autorise, Mr Smirnoff.
-Oui maman !
Le recteur fusilla Smirnoff du regard.
-C'était pas autorisé, ça compte pas ! se défendit Smirnoff.
Aux côtés de Smirnoff, Mr Harrison semblait confus.
-Etienne, si vous voulez être viré sans indemnités, continuez comme ça ! soupira le chargé de dossier.
-Merci de m'encourager !
-…mais également du directeur du foyer de Bourg Geon, responsable de Travis Phileas, élève de Mr Smirnoff, de la chef du département formation de Johto…
-C'est looooong… soupira Etienne.

Linda et Lionel attendaient avec Travis qui allait lui aussi passer en commission.
-Quelle merde… soupira le gamin.
-Tu savais à quoi t'attendre, Travis ! soupira Linda.
-Hm… Putain ça me fout les jetons…
-Ca va bien se passer, personne ne va te torturer, rassura Linda.
-Ouais bah ça va être tout comme.
-TRAVIS PHILEAS !
Les trois se tournèrent vers un type qui appelait Travis.
-C'est à toi… soupira Lionel.
-Han merde… Putain, aidez-moi, j'veux pas y aller tout seul ! Linda, s'teuplé…
-C'est à toi d'assumer ça tout seul, poussin !
-Mais ils vont me lyncher !
-Il y a un moment ou chacun doit faire face à ses responsabilités… marmonna Lionel.
-Tu parles… J'ai rien fait de si grave ! soupira l'adolescent.
Travis se dirigea vers la salle d'interrogatoires. Lionel regarda Linda, intrigué.
-Pourvu que ça l'aide à réaliser… soupira Linda.
-Je crois qu'il aura du mal quoi qu'il en soit. Ce gamin, il m'a l'air comme maudit depuis toujours…
Linda soupira. Elle regardait les enfants de tous âges, sales, malheureux, mal élevés, sans parents…
-Tu vois ça tous les jours, toi, hein ?
Lionel hocha la tête.
-Des enfants dans des situations ou ils ne devraient pas être, oui.
-Un jour, quand j'étais adolescente, mes parents nous ont dit qu'ils avaient envisagé de nous placer en foyer. On était très pauvres quand j'étais petite, et rien que de savoir qu'ils avaient songé à nous abandonner ça m'avait mortifiée.
Lionel regarda Linda.
-Mais ça ne s'est pas passé.
-Non. Heureusement. Quand je vois ce que je vois, heureusement.

-Monsieur Smirnoff…
Silence.
-Ah c'est à moi maintenant ?!
-Non, j'attendais votre attention !
-Excusez-moi, mon dossier est très passionnant… Y'a plein de chiffres que je comprends à peine.
-Vous n'avez pas prévenu les administrations en vigueur quand votre élève a commencé à dérailler. Pourquoi ?
-Parce que la dernière fois que j'ai prévenu quelqu'un quand j'ai eu un problème en voyage itinérant, ça s'est fini avec moi au placard et vous qui rigoliez en vous frottant les doigts les uns contre les autres. Page 13 de mon dossier... Mis à jour un vendredi, quelle belle coincidence !
-C'est-à-dire ? soupira le recteur.
-J'avais pas envie de faire des histoires pour un ridicule vol ! Au passage je trouve ça incroyable que vous acceptiez de siéger dans un foyer sans remarquer la vétusté des lieux !
-Ce n'est pas le propos… soupira le directeur du foyer.
-Et heureusement pour vos fesses et votre licence ! fit remarquer Smirnoff.
-Monsieur Harrison, qu'avez-vous à dire pour la défense de votre professeur ?
Le responsable du dossier de Smirnoff regarda la commission.
-Euh… Je ne savais absolument rien de tout cela…
-Parce qu'il n'y avait rien à savoir. Si vous aviez vu ce qu'était ce gamin au départ et ce qu'il est maintenant vous me remercieriez…
-En fait Mr Smirnoff ne m'a absolument pas informé de l'évolution des actes de délinquance de Travis…
-Euh… C'est moi qui dois être défendu ici, pas vous… N'ayez pas peur !
-J'essaie juste de rester le plus véridique possible !
-Eh bah oui ! Je ne lui ai rien dit sur les évolutions de la situation pour préserver le gamin !
-En quoi n'informer personne de la situation… « préservait le gamin » ?! demanda un type.
-Et depuis quand « préserver le gamin » est la priorité d'un professeur ? demanda un autre type.
Smirnoff soupira.
-C'est inutile de débattre avec des gens aussi étroits d'esprit.
-Vous n'êtes pas un modèle d'ouverture, marmonna une femme.
-Votre bustier en est un par contre. Je vois jusqu'au contour de vos mamelons.
-Monsieur Smirn…
-La ferme, c'est moi qui parle. J'ai l'autorisation, alors je m'en sers. Bouclez-là un peu et laissez-moi... (Il frappa sur la table) M'EXPRIMER un peu !
Tout le monde resta estomaqué.
-Bon. J'ai effectué avec ce petit un travail sur trois plans : Professionnel, personnel et social. Sur mon propre plan professionnel, comme cela m'a été très justement suggéré par Monsieur Harrison, j'ai pris cette aventure comme un challenge. D'un point de vue personnel, Travis a été pour moi… un vrai cadeau de stratège, parce que le gamin était complètement autodidacte, jamais réellement bien dirigé, une vraie page vierge que je pouvais tenter de maîtriser comme j'ai pu. Et je peux vous dire que j'ai eu de sacrés combats à observer grâce à lui…
-Avec l'aide de Pokémon volés !
-Je n'étais pas forcément en accord avec ça, et je ne le suis toujours pas…
-Alors pourquoi n'avoir prévenu personne ?!
Silence de Smirnoff.
-Parce que…
Tout le monde regarda Smirnoff y compris Mr Harrison qui semblait stressé.
-Parce que… Je ne voulais pas que le gamin ait des problèmes.
-Oui mais vous, vous saviez que…
-EH BIEN EXCUSEZ-MOI DE M'ETRE FOCALISE SUR AUTRE CHOSE QUE MON PETIT CUL !
Visages étonnés.
-J'ai juste voulu... Je voulais pas que Travis soit emmerdé. On l'a assez emmerdé comme ça, et on est encore en train de le faire…
-Vous voulez dire que vous vous êtes attaché à ce gamin ?
Etienne hocha piteusement la tête. La chef du département formation acquiesça.
-Je crois que nous pouvons faire cesser la séance.
-Pardon ? Mais enfin il y a clairement eu infraction et laisser-aller !!! grogna le recteur.
-Je crois au contraire que la situation était parfaitement sous contrôle, Mr Mortman. S'il a protégé ce gamin par attachement, je pense qu'on peut être sur que rien ne s'est passé dans un cadre dangereux et que tout était maîtrisé. J'ai moi-même été professeur itinérant quand j'étais plus jeune et c'est vrai qu'on s'attache parfois énormément à ces enfants, au point parfois de faire de terribles erreurs. Mais pour de bonnes raisons. Personnellement je demande la relaxe pure et simple. Par ailleurs je pense également que nous devrions féliciter Mr Smirnoff d'avoir tenu autant de temps avec un garçon réputé si difficile. C'est du beau travail, professeur Smirnoff.
Etienne hocha la tête. Mr Harrison semblait soulagé.

-Monsieur Harrison !!
Lequel se retourna vers Smirnoff.
-Oui ?
-Euh, pour mon poste…
-Votre poste ?
-Oui, si je finissais le voyage avec Travis j'avais un poste à pourvoir, c'est toujours d'actualité ?
-En effet votre voyage est fini, la commission a prononcé la fin de l'itinéraire…
-Alors…
-Alors quoi ? Vous n'avez pas emmené Travis jusqu'à l'examen !
Etienne se décomposa.
-Mais…
-Votre contrat est renouvelé mais vous ne pouvez pas prétendre à être promu ! Absolument pas pour le moment !
Etienne baissa la tête, alourdi de soucis.
-Désolé, j'ai fait ce que j'ai pu…
-C'est rien… Merci, monsieur Harrison…
-Vous êtes un chic type, Smirnoff. Vous y arriverez un jour !
Mr Harrison partit, laissant derrière lui un jeune garçon de trente-deux ans plein de rêves enfermé dans le corps d'un homme plein de désillusions. Et quelle souffrance, alors…

-Vous êtes qui, vous, déjà ?
-Euh, moi je suis éleveur de porcelets sur la route 30.
Travis acquiesça.
-C'est à vous que j'ai pris le Marcacrin.
-Alors c'était bien toi…
-Ouais…
Le fermier hocha la tête.
-Ce cadre fait un peu trop solennel pour moi…
-Ouais… C'est une commission quoi.
-Bon. Je peux le voir ?
Travis hocha la tête et sortit Cochignon. L'homme hocha la tête. Travis sembla embêté.
-Belle bête. Pour 500 je te la laisse.
Travis s'étonna.
-Pardon ?
-Ca m'intéresse pas de le reprendre. Je m'intéresse qu'aux Marcacrin.
-Comment ça ?!
-Je t'explique : Je suis un fermier spécialisé dans la fourrure. Le poil des Marcacrin est extrêmement doux et solide. Or celui des Cochignon est plutôt rêche et peu solide, de plus il est trop long pour faire de beaux manteaux.
-Vous prenez que le poil ?
-Bien sur, hors de question d'arracher la peau de l'animal – en plus ce serait d'infiniment moins bonne qualité. En l'occurrence on leur donne du grain qui provient d'une marque de nourriture spéciale qui empêche les Pokémon d'évoluer : Pro-Stase. Cette nourriture particulière ralentit d'une semaine l'évolution d'un Pokémon. Comme ça je les garde assez longtemps pour qu'ils me fournissent assez de poil pour tenir toute une vie. C'est un élevage quoi.
-Et… comment vous les avez tous capturés ?
-Ah ça c'est très simple : Je me rends à la grotte ou ils vivent tous et je les attire avec un appât sucré. Les Pokémon de la grotte glacée n'aiment pas les aliments sucrés sauf les Marcacrin.
Travis aligna les 500 Pokédollars.
-Ca fait tout mon fric… soupira le gamin.
-Il doit les valoir alors.
-Ouais… sourit Travis. C'est un bon compagnon.
-Les Pokémon comme ça le sont souvent.
-Merci de… bien vouloir me le laisser.
-Oh ce n'est pas par gentillesse, tu l'auras compris. Quand j'ai constaté qu'il me manquait un Marcacrin j'étais fou de rage et je m'étais juré de tuer l'enfoiré qui m'avait fait ça. Finalement j'en ai recapturé d'autres… Mais franchement j'étais en colère.
-Bah… Merci de pas vous énerver sur moi…
Le fermier regarda Travis qui s'étonna.
-Quoi ?
-Je veux autre chose.
Travis s'étonna. Le fermier regardait Travis très simplement, trop simplement pour lui.
-Euh… Vous me faites flipper là !
-Je voudrais juste quelque chose de ta part.
-… C'est-à-dire ?
-Je ne devrais pas avoir à le demander.
Travis mit une bonne minute à piger.
-Ahon… Ok, euh… Excusez-moi d'avoir volé votre Marcacrin.
-Voilà.
Travis soupira et regarda Cochignon.
-Eh bah voilà. C'était pas compliqué !

Etienne vint retrouver Linda et Lionel. La blonde se jeta à son cou.
-J'ai eu tellement peur qu'ils te reprennent ta licence !
-Mais non, tout va bien…
-Tu as eu de la chance… marmonna Lionel.
-On peut dire ça, oui… Tu vas bien ?
-Moi oui mais j'étais surtout inquiète pour toi !
-Ca va, ça va. Ou est Travis ?
-Il passe en commission aussi, il est toujours pas sorti… marmonna Lionel.
-Merci d'avoir éloigné tes collègues de tout ça.
-Oui… Mais si la situation s'aggrave…
-Je prendrais tout en main.
-Bon. J'espère que ça va aller pour Travis…
-Euh, Etienne, qu'est-ce qui va se passer après ?
Le prof regarda sa compagne.
-Après… ?
-Après tout ça, après les commissions, les interrogatoires.
-On… devrait en discuter, en fait.
-Comment ça ?
Etienne sembla embarrassé.

-Voilà, mademoiselle Phileas. Votre disjoncteur est réparé.
-Mes parents sont vraiment relous de m'avoir laissé vous réceptionner…
-En même temps vous n'alliez pas me laisser tout seul comme ça… C'aurait été inconvenant.
Maude sourit.
-Votre nom c'est Ian alors…
-Ouais.
-Vous êtes marié ?
-Ouais.
-Oh… Et vous avez des enfants ?
-En fait ma situation est un peu compliquée. Je m'occupe des deux enfants de ma femme à la maison. Ils sont un peu insupportables… Surtout son fils qui est un véritable connard.
-Oh. Ca ne doit pas être simple alors.
-Pas franchement simple non. Et toi, t'as quel âge ?
-Bientôt seize.
-Hm.

Quelques heures plus tard…

Maude affichait un sourire ravi alors que Ian était épuisé.
-Il faut que je rentre.
-Oh noooon reste ! C'était super !
-J'ai une famille, moi.
-Ouais tu me l'as dit, une femme chiante et deux gamins lourdingues.
-Mine de rien ça fait des responsabilités tout ça…
-Oh tu parles… Reviens vite !
-Ca c'est loin d'être sur...


-TOI !
Travis se retourna et recula en voyant le montagnard entrer dans la pièce.
-Dheu…
-SALE PETIT ENFOIRE ! TU SAIS COMBIEN D'ARGENT ON A PERDU A CAUSE DE TOI ???
-Euh… Je sais pas, euh…
-Petit con ! Rends-moi mon Rhinoferos !!!
Travis tendit la Pokéball et la rendit au montagnard.
-Voilà…
-Merci ! Petit con va !
Le type partit avec ses copains. Une fille arriva, fille que Travis reconnut tout de suite.
-Han non…
-TOI !
Kelly Dawson approcha de Travis tout de suite.
-Rends-moi mon Scorvol TOUT DE SUITE !!!
-Ok, ok…
Il lui rendit son Pokémon.
-Dire que j'ai couché avec toi…
-Oui bon ça va, dégage maintenant !!
-Pardon ? Hors de question, j'ai le droit de…
-De me faire chier avec ton amour-propre de merde ? De me gueuler dessus avec ta voix de vieille pute ? FOUS LE CAMP !!!
Kelly partit en courant et en pleurant. Travis retomba sur la table face à laquelle il était assis. Il soupira lourdement.
« Le plus dur est passé… »
Arriva alors la maîtresse du Torterra.
-Jeune homme, il faut qu'on discute !
Travis soupira.
-Oh bordel…

Lionel observait le couple en plein débat.
-En fait ça ne m'embête pas, moi personnellement sur un plan purement personnel…
Etienne hocha la tête. Linda continua.
-Seulement… Etienne, il a seize ans, il ne devrait même pas avoir besoin de nous…
-C'est bizarre que tu veuilles le prendre sous ta garde… Je veux dire, vous pouvez avoir des enfants tous les deux, y'a pas de…
-C'est pas question d'avoir un enfant ou quoi… temporisa Etienne, c'est… Je veux pas que Travis retourne ici après. C'est histoire de… l'avoir auprès de nous plutôt que dans ce merdier. Et puis… Il est sympa…
-C'est un être humain, Etienne, pas un hamster ! soupira Linda.
-Réaliserais-tu ce vieux fantasme d'avoir un élève pour animal de compagnie ?
Etienne soupira.
-Vaut mieux un élève qu'un gigolo.
-Sept lettres...
Etienne s'étonna.
-Sept lettres ? Pas mieux !
-Connard !
-Sale flic !
-Tu vois, t'avais mieux, huit lettres !
-Oh les garçons… soupira Linda.
-Quoi qu'il en soit, c'est une belle initiative, néanmoins… Tu crois que vous pourrez gérer un adolescent sans aucune expérience parentale ?
Linda et Etienne se regardèrent.
-Bah… toi il t'adore, moi il me respecte…
-Moi de mon côté c'est ok…
Lionel hocha la tête.
-Que diriez-vous d'en discuter directement avec le directeur ?
Linda et Etienne regardèrent Lionel.
-Quoi mais…
-Bah non, c'est…
Lionel ricana.
-Vous n'êtes pas aussi prêts que vous le souhaiteriez !

-Je suis venu aussi vite que j'ai pu… Qu'est-ce qui se passe ?
Maude était là, en larmes.
-Je suis enceinte !
-Quoi ?! Mais ça fait des mois qu'on a…
-Oui bah je viens de le remarquer que maintenant !
-T'es super conne…
-OH TOI CA VA HEIN !!!
-Putain, pourquoi t'as pas pris la pilule ?!
-Excuse-moi d'avoir eu 15 ans sur le moment et de n'avoir absolument pas songé à prendre un truc pour virer un éventuel chiard de mon bide !
-Je t'emmène à l'hôpital, on va te faire avorter !
-Il en est à quatre mois et demi ! J'ai pour ainsi dire dépassé la limite !
-Merde… MERDE ! MAIS J'AVAIS PAS BESOIN DE CA MOI PUTAIN !!!
-MAIS MOI NON PLUS, TETE DE CON !! SI TU CROIS QUE J'EN REVAIS !!!
-Bordel… Euh… Tu vas accoucher discrètement et on va foutre le môme dans un truc, un orphelinat, une connerie dans le genre.
-Accoucher discrètement ? Bordel de merde t'as déjà vu un accouchement « DISCRET » toi ?!
-Ferme ta gueule, c'est pas moi l'idiote qui a trouvé le moyen d'être en cloque !!

-Euh… Ian…
Il regarda Coralie, étonné.
-Euh… Avec Madame Heine, on a épluché les comptes de la maison…
-Je croyais qu'on ne fouillait pas les comptes des membres de la famille.
-Hilda m'aidait à faire les comptes pour les impôts ! Bref… A qui paies-tu un studio à Vergazon ?
Ian prit une mine sombre, puis il répondit très simplement :
-Oh, à une fille que j'ai mise enceinte.
Coralie écarquilla les yeux, abasourdie.


-Enfin je trouve que vous auriez au moins pu avoir la décence de me prévenir de tout ça.
Travis se tenait la tête entre les mains. En face, la bourgeoise poussa un gémissement satisfait.
-Aaaaah ! Ca fait du bien de se lâcher et de sortir enfin tout ce qu'on a !
-Surement oui…
-J'espère en tout cas que vous serez puni, jeune homme !
-C'est pas à moi d'en décider mais à la commission.
-Ah oui ? Vraiment ? Eh bien j'espère que la commission aura la bonne volonté de vous octroyer la punition qui vous est due…
-Dégage.
La femme regarda Travis.
-Pour qui vous prenez-vous, jeune-homme ?!
-Ca t'est aussi insupportable à toi d'être ici et à moi de voir ta gueule alors sans vouloir être chiant, DEGAGE !
-Oh ! C'est scandaleux ! J'espère que vous ferez de la prison !
-J'irais et j'passerais le bonjour à tes gosses !
-Hmph !!!

Travis sortit de cette fichue commission. Il ne savait pas trop où aller. Un groupe s'avança vers lui. Les autres gamins du foyer, Cécile, Chad, Rita et les autres.
-Travis, ça va ?
-Ouais… Et vous ?
-Bah ça va ouais…
-On se demandait si t'était encore vivant !
Travis sourit.
-Ouais, ouais… Et vous comment ça va ?
-Bah ce midi y'avait de la purée à la cantine !
-Et on a eu droit à une inspection des chambres…
-Et hier les surveillants nous ont engueulés parce qu'on faisait trop de bruit.
Travis hocha la tête.
-Cool… Enfin je crois…
-Et toi c'était comment ce truc avec le formateur ?
-Euh bah… Affreux !
Tout le monde se regarda.
-Ouais ! Super horrible ! Il a essayé de me vendre à ses potes, le vicieux !
Tout le monde s'étonna.
-En plus on a braqué une banque et on a failli cambrioler une supérette pour nous nourrir. Et notre seul moyen de fuite bah c'était le bus !
-Cool !
-Ouah !
-Ouais, et on a aussi vendu de la came pour acheter à manger ! Un jour on a dormi dans du fumier de Wattouat !
-Délire !

Ian tenait son enfant.
-Un garçon… Putain…
-Pourquoi tu dis putain ? grommela Maude, épuisée.
-J'aurais préféré une fille. Les filles sont moins chiantes.
-On en fait quoi alors ?!
-Cette question… On le place dans un orphelinat.
-Comment on l'appelle ?
-Je sais pas moi ! soupira Ian. Euh… Travis !
-Pourquoi Travis ?
-Je sais pas moi… C'est la rue ou j'habitais quand j'étais petit !
-J'suis content que t'en aies autant rien à foutre de ce chiard que moi ! J'saurais pas m'occuper de ce petit merdeux moi…
-Et moi alors tu crois que j'en ai quelque chose à branler ?!
-Bon… On y va ?
-Quand t'es prête.

-Voilà… C'est enregistré !
Ian et Maude hochèrent la tête.
-Merci bien ! Au revoir !
Ian partit le premier. Maude se mordilla un doigt.
-Un problème, mademoiselle ? demanda l'infirmière.
-Euh… Vous pourriez laisser… Nos noms dans son dossier ?
-Pardon ?
-Je… Je peux pas l'abandonner complètement comme ça ! C'est… C'est mon bébé… Si un jour il veut… Me retrouver, il doit avoir nos noms. Mettez-les dans son dossier, s'il vous plait !
L'infirmière se hâta de le faire alors que Maude partait en pleurant.


Le directeur regarda Linda et Etienne.
-Vous voulez QUOI ???
Linda et Etienne se regardèrent de nouveau.
-Nous voudrions devenir les tuteurs légaux de Travis…
-Si c'est possible évidemment… marmonna Linda.
Le directeur sembla se réjouir de cette nouvelle.
-Ah bah ça… Vous me débarrasseriez d'un sacré poids !
Linda soupira. Etienne la regarda, et il serrait sa main car il la sentait prête à lâcher à tout moment.
-Désolé de t'imposer ça… murmura Etienne.
Elle le regarda et secoua la tête, ce qu'Etienne ne crut pas comprendre.
Le directeur chercha non sans délectation le dossier de Travis. Linda ferma les yeux, dégoûtée.
-Est-ce que vous pourriez arrêter de… jubiler comme ça ?
Etienne regarda Linda, étonnée. Le directeur se retourna vers Linda.
-Excusez-moi mademoiselle mais si vous faisiez mon métier, vous comprendriez qu'on est heureux de se débarrasser de ces enfants là.
-Comment OSEZ-VOUS en parler de cette façon ?!
-Mais c'est vrai, mademoiselle ! Je suis bien content qu'ils trouvent un foyer !
-Mais avant ça ? Pas d'amour pour eux, pas de joie ?! Vous vous « débarrassez » d'eux, vous ne vous en séparez pas ? Ce ne sont pas des enfants mais des pensionnaires, c'est ça ?
-Mademoiselle, vous voulez prendre Travis avec vous ?
-Bien sur mais j'aimerais que vous… y mettiez moins de… joie !! C'est un enfant, il a besoin qu'on l'aime, il mérite qu'on l'aime !
-Vous n'avez pas eu à le supporter, contrairement à nous…
-Je l'ai vu QUATRE JOURS, croyez-moi, c'était un vrai petit ange ! Il a commis quelques erreurs, mais c'est un garçon adorable !! Vous n'avez jamais rien vu d'autre en lui qu'un paquet de linge inutile, forcément…
-Et vous êtes une femme séduisante, forcément il ne vous a pas embêtée. Vu comment vous… présentez les choses.
Etienne toussota.
-Oh, pardon, monsieur… Mais Mademoiselle doit comprendre que…
-Non, je veux dire… Regarde sur le côté !
Le directeur regarda vers Erwan qui lui colla une gifle monumentale.
-AOUCH ! Mais vous êtes malade !
-Et vous, recommencez à lui parler sur ce ton et ce sera Mitra-poing à la place de Souplesse !
-Excusez-moi… mais quand même…
-Erwan…
-Bon, bon…
Linda et Etienne soupirèrent.

-Travis ! Au lit !
-Nan !
Hiram soupira.
-Travis, si tu ne vas pas au lit…
-J'ai 9 ans ! J'suis un grand alors j'irais pas au lit !!
Le surveillant du foyer soupira d'autant plus.
-Bon, Travis, j'ai des tas de problèmes à la maison alors si tu crois que j'ai le temps de gérer ta crise de nerfs…
-J'irais pas au lit !
Hiram sortit une Pokéball et lâcha un Spinda.
-Hypnose !
Travis regarda le Pokémon Panda Tâche, étonné. Les yeux du Pokémon s'illuminèrent et Travis commença à somnoler. Hiram le poussa jusqu'à son lit ou le gamin s'endormit.
-Et voilà ! Suivant !


Travis avança vers le bureau du directeur. Il écouta à la porte.
« Bien, Monsieur Smirnoff, Mademoiselle Trautmann, vous allez prendre sous votre charge le jeune Travis Phileas âgé de seize ans. »
Le visage de Travis se figea de surprise.
« -Voilà.
-Bien… Voici les premiers papiers à signer… »
Travis fondit littéralement en larmes.
C'est fini ! C'est enfin fini TOUT CA ! Je vais avoir une famille ! Une vraie vie stable ! Une maison ! Des gens qui s'occuperont de moi !!
Tout le monde se demandait qui était cet adolescent en train de pleurer devant la porte du bureau du directeur.
Je vais habiter avec Linda et Smirnoff, c'est super ! Enfin je vais arrêter de vivre dans cet endroit merdique !!
« -La procédure nous impose de vous délivrer certaines informations confidentielles au sujet de Travis. D'abord il souffre d'une allergie à l'Augmentin.
-C'est quoi ?
-Un antibiotique ! informa Linda.
-Oh je vois... Et quoi d'autre ? »
Travis écoutait en séchant ses larmes d'émotion.
Putain ils sont sérieux ! C'est pas une blague ! Ils veulent vraiment de moi !
« -Travis est né à Vergazon !

-Il est né à Hoenn ?! s'étonna Linda.
-C'est marrant, ça lui fait un point commun avec nous ! sourit Etienne. »
Travis ignorait ça.
En plus je suis né dans la même région qu'eux ! Mais c'est trop cool !
« Vous devez aussi connaître le nom de ses parents biologiques. Au cas bien sur ou ceux-ci voudraient lui rendre visite et que ce ne soit pas une surprise pour vous. »
Pffff ! J'en ai pas vu un depuis des lustres, pourquoi ils viendraient maintenant !
« Alors, sa mère est Maude Bernadette Phileas…. »
Putain, Bernadette, c'est quoi ce second prénom sérieux ! Même, Maude comment ça craint !
« -Maude… s'étonna Linda
-Et son père est un certain… Ian Gontran Jacques Grandier ! Voilà, sachant ça… »
Travis manqua un battement. Ses yeux s'écarquillèrent alors que dans le bureau ça s'agitait.

-QUOI ???
Linda resta muette de stupeur alors qu'Etienne était abasourdi et s'était levé. Le directeur s'étonna.
-Un problème ?!
Etienne se crispa et se mordilla nerveusement les lèvres. Linda le regarda, choquée.
-E… Etienne !!
-PUTAIN DE MERDE !!! PUTAIN !!!
Le directeur s'étonna devant la réaction du professeur.
-Je peux savoir ce qui…
-MERDE ! MERDE MERDE MERDE MERDE !!!!
-Etienne calme-toi ! Oh seigneur !!! sanglota Linda.
Le directeur était stupéfié.
-V… Tout va bien ?
-C'EST IMPOSSIBLE !!! CA PEUT PAS…. TRAVIS NE PEUT PAS… COMMENT ????
Le directeur relut l'acte de naissance.
-Désolé mais c'est… indéniable… Ces gens sont les parents de Travis !
Etienne oscillait entre la colère franche, la haine totale, la tristesse insondable et la violence infinie. Linda commençait à se transformer en serpillère humaine, folle de tristesse face à l'ironie.
-Mais… Que vous arrive t-il ?! s'étonna le directeur.
-C'est son beau-père ! Ian Grandier, c'est… Le beau-père d'Etienne !
Le directeur s'étonna.
-C'EST PAS POSSIBLE !!!! hurla Etienne en tapant contre un mur. J'AI PAS PU ENSEIGNER AU BATARD DE CE MEC !!! PUTAIN NON C'EST PAS POSSIBLE MERDE !!!
-Etienne !! geignit Linda.
-IL EST PARTI A UN MOMENT ! IL S'EST BARRE DE LA MAISON PENDANT UNE PERIODE, JE ME SUIS TOUJOURS DEMANDE POURQUOI !!!! BAH LA VOILA MA PUTAIN DE REPONSE !!!! OH BORDEL DE MEEEEERDE !!!!
Linda n'osait pas se lever ou le rassurer de peur que cela n'empire.
-Etienne… Je t'en supplie…
Il osa enfin la regarder alors qu'elle était au comble du chagrin.
-Arrête ! Tu me fais peur et en plus…
Etienne regarda Linda et se mit à pleurer.
-Putain…
-C'est… J'ai donné le bain au fils d'un type qui m'a…
-Oh Linda…
Ils se serrèrent dans leurs bras devant un directeur médusé de voir deux êtres passer en un rien de temps du calme olympien à la furie totale puis à un déballage pareil d'amour.
-Qu'est-ce qu'on va faire ? demanda Linda.
-J'en sais rien… Mais on peut pas adopter… ça ! geignit Etienne.
-Vous renoncez à l'adoption ?! s'étonna le directeur.
Etienne et Linda se regardèrent.
-Je pourrais pas supporter d'avoir avec moi… le fils de ce monstre ! grommela Etienne.
-Et moi… Je… Je pourrais plus jamais le regarder en face… Oh c'est horrible, comment on va annoncer ça à ce pauvre Travis ?!
Etienne secoua la tête, pris de tics nerveux.
-On lui dit pas ! On se casse et on lui dit rien ! On s'en va !
-Etienne on peut pas faire ça !
-Ouais mais on peut pas non plus… se résoudre à l'adopter ! Tu te rends compte !!! Le fils de mon enfoiré de beau-père ? Le fils d'un type qui a essayé d'abuser de toi ? L'homme qui a brisé la vie de ma mère et qui l'a laissée crever ?! NON !! NON JAMAIS !!! JAMAIS PUTAIN DE MERDE !!!
Linda soupira.

-Il était un petit navire…
Les pas crissaient à travers la forêt alors que la voix sanglotait et chantonnait.
-Il était un petit navire… Snif ! Snif ! Qui n'a… Qui n'avait… Uuuuhuuuu…
Le pauvre était dévasté, mais il poursuivait sa fugue à travers les bois.
-N'avait ja-ja-jamais… Navigué ! Uuuuh… Qui n'avait ja-ja…jamais navigué… Ohéohé…
Travis était au comble du chagrin. Incapable de supporter l'ampleur d'une telle nouvelle. Il avait préféré fuir avant d'entendre les réactions d'Etienne et Linda. Il savait, il se doutait bien qu'ils le détesteraient après ça.
-Ohéééééohééééé Matelooooot… Matelot navigue sur les flots….
Il se remit à sangloter de plus belle. Triste, maudit, fou de rage, il aurait voulu se suicider. Manque de chance, il n'en avait absolument pas le courage ni la force.
-Ohéééééohéééé matelooooot….
Une main gantée de noire s'empara alors de Travis. Quelqu'un, une ombre, se saisit de lui, lui saisissant la bouche et le prenant avec force. Un Spinda apparut et fit luire ses yeux qui firent somnoler Travis.
-TU VAS VENIR AVEC MOI… ET ON VA S'AMUSER UN PEU…