Ame de Pokémon de Yamiyo

« Café Walker de Gloomy City, 30 juin 1943.

Termes du contrat passé ce jour entre XXX et Head.
Suite à une annonce passée dans le journal local, XXX est venu se présenter.
Il a annoncé être d'accord pour travailler gratuitement, quelle que soit la tâche à effectuer.
Comme conditions il a posé le secret total sur son passé, ainsi que le droit d'effectuer des recherches et expériences dans nos locaux avec notre argent.
Head a accepté.
Le nom de code de XXX sera Harshness. »

Armé de son seul carnet volé sous son bras, il avait marché, du Nord jusqu'à l'Est du pays, de Gloomy City jusqu'à Oldy, s'arrêtant chaque nuit dans une auberge différente pour y manger et dormir. Au bout d'une dizaine de jours, en avançant assez lentement, il était parvenu à son but. Ayant passé toute son enfance dans la capitale, il la connaissait comme sa poche et n'eut aucun mal à parvenir jusqu'à une grande maison dans la vieille ville. Le portail était ouvert, il avança jusqu'à la porte et frappa de trois petits coups énergiques. Il entendit des pas résonner dans la maison, et une jeune fille ouvrit la porte, l'air chaleureuse.

Mais lorsque qu'elle vit son visiteur, son expression changea du tout au tout. Une expression apeurée, voire horrifiée, se dessina soudain sur son visage. Lui n'en parut pas gêné le moins du monde.

« Eh bien, qu'y a-t-il ? Tu te souviens de moi, au moins, Lucy ? demanda-t-il avec un sourire chargé de mauvaises intentions »

Il lui plaqua sa main sur la bouche avant qu'elle n'ait pu crier. De ses deux mains, Lucy essaya d'enlever le bras puissant, en vain. Il la poussa contre le mur, libérant ses lèvres. Elle glissa contre le mur pour se retrouver en position assise, le souffle coupé.

« Voyons, Lucy, je t'ai connue plus docile... Tu n'oserais tout de même pas offenser Dieu ?
- Vous, souffla-t-elle, vous... Vous êtes cet élève de mon père ? Mais comment...
- Tchhht. Si tu parles plus, Lucy, Dieu ne sera pas très content. »

Il s'avança vers elle à pas doux et lui posa un doigt sur la bouche pour lui intimer le silence. Lucy, n'ayant pas l'intention de se laisser faire aussi facilement, le mordit. Il ne broncha pas, enleva calmement son doigt de la bouche de Lucy, et lui caressa tendrement la tête. La jeune fille écumait de rage, mais ne pouvait rien faire.

« Mais au fait, Lucy, tu n'avais pas été tuée ? Comment as-tu survécu ?
- C'est... vous...
- Ne parle pas, s'il te plait, tu vas t'épuiser. Ah, oui, je vois. Tu as été fusionnée avec ton Mentali ? Qui a réussi ça ? Le vieux ?
- Vous... Vous...
- Allons, Lucy, sois raisonnable. Sinon Dieu va vraiment se fâcher. Tu as donc été fusionnée avec un Mentali. Et après ? Et si tu racontais tout ça à Dieu ? »

Lucy pouvait faire quelque chose, finalement. Elle se concentra afin d'utiliser ses pouvoirs psychiques. Après quoi, à bout de forces, elle perdit connaissance.

« Oh, mince alors. Bon, je suis sûr que ce que tu vas dire va grandement intéresser Dieu. Nous pouvons bien attendre un peu, après tout. »

D'un petit coup de pied, il poussa la porte qui se referma avec un claquement sec.

Au même moment, quelques rues plus loin, un Mentali dressa la tête, avant de s'élancer à toute vitesse vers le Nord.

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Quelques jours plus tard, 25 octobre 1958.

William et Eliott, accompagnés de Treize, avaient décidé de commencer leurs recherches sur l'homme disparu une quinzaine d'années auparavant au journal d'où provenait l'article que Lucy avait montré à William. Ils trouvèrent assez facilement les locaux dudit journal, ce dernier étant le plus connu de la région.

Treize ne put pas entrer dans le bâtiment, à cause de la pancarte « Pokémon interdits ». Il s'assit donc devant la porte pour les attendre tandis que les deux autres chimères entraient. L'employé qui s'occupait du service clientèle ne devait pas avoir beaucoup de travail, étant plongé au milieu d'un livre de plusieurs centaines de pages.

« Euh... Excusez-moi ?
- Hmm ? Oh, des clients ? Excusez-moi, excusez-moi ! u'est-ce que je peux faire pour vous ?
- On voudrait savoir s'il y a eu des suites à cet article... »

William lui tendit le morceau de papier que Lucy lui avait permis de garder. L'employé le lut, réfléchis quelques instants avant de répondre.

« Hmm... réfléchit l'employé. De quand date cet article, au juste ?
- Une quinzaine d'années, je pense...
- Ah, d'accord. C'est vieux... Je n'étais pas encore là... Attendez une minute, je vais demander. »

L'employé fit rouler sa chaise à roulettes pour aller dans la pièce se trouvant derrière son guichet. Il revint quelques minutes plus tard accompagné d'un homme âgé ayant l'air chaleureux.

« Voici John Brown. Il travaille ici depuis une vingtaine d'années et il a très bonne mémoire... Il devrait pouvoir vous aider. »

L'employé jeta un regard derrière William et Eliott, histoire de voir s'il n'y avait pas d'autres clients à satisfaire. Personne. Il se replongea dans son livre.

« J'ai lu l'article à propos duquel vous voulez en savoir plus. Je me souviens parfaitement de cette histoire. Pour tout dire, nous n'avons écrit que cet article, la parution de cette affaire s'arrête là. A ma connaissance, les recherches de la police ont été vaines, même si cela fait bien longtemps qu'ils ont abandonné.
- Et c'est tout ? demanda Eliott, déçu.
- Je crois. Ah, non. Il me semble que la police ait réussi à recueillir un témoignage... peut-être la dernière personne à avoir vu cet homme. Je n'en sais pas plus, vous feriez mieux d'aller au poste. »

Après avoir remercié leur informateur, ils suivirent donc son conseil. Le commissaire du poste de police le plus proche, après avoir fouillé un peu dans ses archives, leur retrouva une cassette contenant un enregistrement audio du témoignage dont leur avait parlé John Brown. Il leur fournit aussi une photographie de l'homme.

« La dernière fois que j'ai vu cet homme... Voyons... C'était... C'était à mon café, il y a une ou deux semaines. Trois hommes, dont celui que vous recherchez, ont demandé à être dans un endroit à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit car quand je suis venu leur apporter des cafés, ils se sont tus immédiatement, mais j'ai pu voir à ce moment-là que l'un d'eux écrivait à toute allure sur un carnet. Au bout d'une heure, ils sont partis en laissant l'argent sur la table. »

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Harshness avait décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec tous ces problèmes. Tout cela commençait réellement à lui peser lourdement. Il alla au Laboratoire afin de prendre d'autres Pokémon résultants de ses expériences. Ainsi aurait-il sûrement plus de chances d'attraper les trois chimères échappées et de les renvoyer rapidement au Laboratoire. Une bonne fois pour toutes.

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Au final, ils n'avaient pas eu beaucoup d'informations sur cet homme disparu. Ils pensaient aller au café pour demander à son propriétaire plus d'informations, mais ils n'avaient pas d'autres pistes.

Soudain, William fut poussé par derrière et tomba par terre. C'était un Mentali, l'air essoufflé et précipité, qui lui avait sauté dessus. Treize tenta de lui parler, de le calmer.

Eh, du calme. Qu'est-ce qui se passe ?

Un... Un message pour vous... De la part de Lucy... « Venez à Oldy, vite ! »

William et Eliott se regardèrent. Si elle leur avait fait parvenir un tel message aussi vite, c'est forcément qu'il y avait une bonne raison... Peut-être était-elle en danger ? Sans attendre, ils se mirent aussitôt en route vers le Sud-Est. En courant.