ADN2: Requiem pour l'humanité de Darkey

Jason -Nouveau quartier général de l'OLDS, 1h45

- Quoi???
J'étais sidéré. J'avais entendu parler de ce genre de phénoméne, mais tout de même... Et pourquoi Flore?
- Pourquoi ferait-il ca? m'étonnais-je.
- Je pense que ce mutant avait besoin d'aide, expliqua Lia, et Flore devait être la plus proche, voire la plus receptible à ce moment-là. Il l'a fait inconsciement, sans savoir si la personne qui allait capter son cri mental serait bonne ou mauvaise. Flore l'a reçu. A présent, il faut attendre qu'elle sorte de sa transe, et il faudra essayer de savoir d'où ca venait. En tout cas, elle n'est pas malade, rien du tout. Vous pouvez décompresser, ajouta-elle d'un air moqueur.
Lia avait beau être plus discrète que son frère, elle prenait un malin plaisir à me taquiner depuis qu'elle avait découvert par télépathie que j'étais fou amoureux de ma subralterne. Je ne lui en voulais pas, car c'était loin d'être méchant. Elle trouvait juste le règlement litonais ridicule et était hallucinée à la pensée que Flore et moi risquerions la peine de mort si nous nous avisions d'avoir une liaison. Oh, moi, je m'en fichais un peu, si j'avais la chance que mes sentiments soient réciproques... Je prendrais le risque, quitte à mourir. Mais je n'avais pas le droit de lui imposer ca. En fait, c'était ca, plus que tout le reste qui me faisait taire mon coeur et m'aidait à tenir. Ca, et la peur de prendre un râteau. J'avais le sentiment qu'elle m'appréciait plus qu'elle ne me le montrait, mais plutôt en ami...
En attendant, j'allais pouvoir rassurer les trois personnes qui poireautaient devant l'infirmerie depuis une demie-heure.
Ce qui me plaisait le plus, dans mon équipe, c'était vraiment cette solidarité. Maxime, Colin et Hélia avaient accueillis Flore presque immédiatement comme l'une des leurs quand elle était arrivée, sans se soucier du fait qu'elle fût mutante (pas comme ce xénopobe de Hayden que je détestais à cause de ca) et je leur en étais redevable. Car si pour moi, il n'y avait que l'intérieur du coeur qui comptait, ce n'était pas toujours le cas pour les autres. Ils l'avaient défendue vigoureusement quand elle s'était retrouvée accusée de trahison à la place d'Angeïl. Ils avaient été fous d'inquiétude quand je l'avais ramenée grièvement blessée après l'affrontement contre Xin. Ce fut Hélia qui eut le courage de me poser la question quand je m'arrêtais en face d'eux. C'était une jolie fille brune, aux longs cheveux noirs d'encre, et aux yeux d'un joli bleu myosotis. Je la connaissais depuis longtemps; nous avions été dans la même unité quand nous n'étions tous les deux que des bleus. Mais malgré cinq années ensemble, le vouvoiement s'était toujours imposé, davantage quand j'étais monté en grade. Ces temps-ci, je la savais fragile et triste. Mais elle ne voulait pas en parler. Elle avait dû subir une batterie de tests à l'infirmerie après qu'on se soit aperçu qu'Angeïl était un mutant, tout ca parce qu'elle avait eu une liaison avec lui, et n'avait échappé à la peine capitale que grâce à l'intervention du général qui avait bien dit qu'elle n'y était pour rien. Ca avait également exaspéré Flore au plus au point, de s'aperçevoir une fois de plus à quel point la mutanophobie pouvait être poussée.
Et bien, je ne savais pas encore à quel point.
Ce que mon équipe et moi allions vivre dans les prochains mois comptait parmi les événements les plus bouleversants que je n'eûs jamais vécus depuis mon entrée dans l'OLDS.

Flore -Infirmerie, nouveau quartier général, 2h00.

"J'ai peur, j'ai mal..."
De nouveau, cette douleur lançinante dans mon crâne. De nouveau, cette vision.
Quelqu'un était en danger.
Il fallait le sauver...
Je me réveillais en hurlant.
- Agent Vertafeuilla, calmez-vous!!!
Le docteur Laurier, soucieux, me força à me rallonger. Lia prit la parole:
- Elle a encore eut un contact!!! Il faut qu'elle se rappelle tout de suite!
Je ne pus prononcer qu'une phrase:
- Le désert... Je crois qu'il faut... y retourner.
- Vous ne pouvea aller nulle part comme ca, protesta le médecin.
Je le regardais avec détermination.
- Ca ira, mais il faut que j'y aille...

Jason -Désert, 2h30.

En jeep, à nouveau en route. A ma droite, Flore paraissait très concentrée. Assis à l'arrière, Maxime commentait:
- Putain, on gèle! T'as vraiment interêt à ne pas t'être gourée, Flore, parce que sinon, je te jure que je ne te pardonnerai pas de m'avoir sorti du lit à cette heure-ci!
- La ferme, flemmard, t'avais qu'à prendre deux vestes, répondit Hélia.
- La ferme tout le monde! répliquais-je. Ok?
Plus personne ne dit rien. Soudain, Flore s'écria:
- Lieutenant, je le sent... Il est juste dans les falaises...
BLAM!
Un rayon d'énergie violette percuta la jeep, et nous manquâmes de faire un tonneau. Notre cible ne nous avait pas manqués.
- La vache, il a l'air agressif! commenta Colin quand nous descendîmes précipitament.
- Fusil au poing tout le monde, ordonnai-je.
Mes quatre subralternes m'obéirent aussitôt et moi-même, j'avais l'arme à la main. Nous regardâmes aux alentours, quand brusquement, la jeep se souleva, et fut projetée vers nous.
- Argh!!!
Nous eûmes tout juste le temps de nous disperser pour ne pas la prendre en pleine face. Elle atterit derrière nous, dans un gigantesque bruit qui se répercuta en écho dans le désert.
- Là bas, cria Maxime, il y'a une sillhouette!!!
En effet, une sillhouette aux grands yeux brillants nous regardait derrière la falaise. Se voyant répérée, elle disparut.
- Eh toi! Attends un peu!!!
Maxime se remit à tirer. Grave erreur!!! La minute d'après, son arme lui échappait des mains et l'assomait. Brusquement, Flore s'écria:
- Arrêtez!!! Ne lui faîtes pas de mal!!!
- Tu es dingue!!! s'écria Colin. C'est un danger public!!!
- Elle a peur, arrêtez!!!
Flore paraissait en effet intriguée, mais pas effrayée.
- En attendant, elle vient de démolir la jeep. Mais réalisais-je soudain, elle?
Flore hôcha la tête. Elle ajouta:
- Lieutenant... Je crois même que c'est... une gamine...
- Aussi puissante?
Ca alors, ca faisait peur. Et surtout, ca n'annoncait rien de bon. J'ordonnais d'un geste de la main le cessez-le-feu. Je ne prenais pas les avertissements de Flore à la légére. Et enfin, elle apparut.
Entourée d'une sphère d'énergie violette, ses yeux bleu turquoise reflétaient la peur. Une peur profonde... Elle était peut-être puissante, mais elle était plus vulnérable qu'elle n'en avait l'air. J'oubliais d'un coup qu'elle venait de démolir notre jeep et de mettre un beau gnon à maxime pour l'observer.
Flore, quant à elle, s'approcha. Et dit:
- Tu n'as rien à craindre. C'était toi qui m'appellait, n'est-ce pas?
L'enfant hôcha la tête. Cependant, elle ne baissa pas sa garde. Je m'approchais à mon tour, fasciné. Elle avait l'air si perdue. Doucement, je la regardais:
- S'il te plaît... N'aies pas peur...
Elle me regarda, puis enfin, comme si elle avait littéralement lu en moi mes intentions, elle dissipa sa sphère. Je pus la regarder de plus près.
Elle était vêtue d'une robe blanche, sale et déchirée. Ses cheveux étaient rose pâle et bouclés, lui descendant jusqu'au millieu du dos. Sa peau était également pâle, rivalisant avec celle de Flore, pour ainsi dire. Je sentis mon coeur se serrer. Elle était jeune... trop jeune. Elle ne devait pas avoir huit ans!
Elle me laissa m'approcher. Je m'agenouillais pour me mettre à sa hauteur.
- Lieutenant, faîtes gaffe! m'avertit Colin.
Je ne prêtais pas attention à lui. L'enfant ne me ferait pas de mal gratuitement, je le savais déjà. Elle nous avait fait cet accueil si hostile pour se protéger.
- Comment t'appelles-tu? demandais-je d'une voix douce.
- Estel'Lil Sander, répondit-elle d'une voix flûtée, mais d'un ton mature, mais je préfére qu'on m'appelle Estel. Et vous?
- Appelle-moi Jason, dis-je avec douceur.
- Moi, c'est Flore, fit doucement ma collègue en lui souriant.
- Moi, c'est Maxime, et merci pour l'uppercut!
La petite baissa vivement la tête.
Colin garda ses distances et dit son prénom d'un air blasé. Hélia fit de même, un peu effrayée.
La petite me regarda et dit:
- Tu n'es pas comme les autres. Tu es... gentil. Vous êtes venus pour moi?
Flore hôcha la tête. Elle demanda:
- Et... vous voulez mon pouvoir?
- Que sais-tu faire? demanda Flore doucement.
- Tout plein de trucs...
L'enfant fit une pause avant de dire:
- Je peux soulever des objets super-lourds juste par la pensée. Je peux faire des boucliers ou des rayons d'énergie méga-puissants avec les mains. Et surtout... Je sais tout ce que tu penses! Là, maintenant, je sais tout sur toi.
Elle regarda soudain Flore avec un air malicieux. Puis elle se tourna vers moi:
- Et je sais tout sur toi, aussi. Tout ce que tu penses.
Ah... ca allait poser problème, ca... Je n'aimais pas beaucoup cette allusion...
- Où sont tes parents? demandais-je.
- Je n'en ai pas, répondit-elle. On m'a créée. C'est pour ca que je m'enfuyais.
Enfin, elle avoua d'une traite:
- Tamira dit que je suis hyper-forte et c'est pour que je bastonne les autres mutants qu'elle s'est occupée de moi. Mais moi, je ne suis pas d'accord, alors je me suis enfuie et maintenant, elle me recherche avec toute son armée. A la distance à laquelle vous étiez, je pouvais pas sonder vos pensées et j'ai d'abord cru que vous étiez avec elle, désolée, j'ai été méchante, je recommencerai plus.
J'avais presque envie de rire. Elle avait l'air si contrite, la petite Estel... Difficile de croire qu'elle pouvait soulever une jeep!
Par contre, une évidence, s'imposait, inquiétante.
Estel n'était pas qu'une enfant, hélas.
C'était une mutante. J'ignorais encore sa puissance, mais c'en était une. Et elle était recherchée. Pour avoir une chance de la protéger, il fallait la ramener avec nous. Je finis par dire:
- Estel, tu veux venir avec nous?
- Non.
Elle avait l'air à nouveau méfiante:
- Je ne veux pas qu'on me fasse combattre à nouveau!
- Tu n'as pas le choix, dit Flore. On ne peut pas te laisser là.
Autant pour notre sécurité que pour la sienne...
- J'ai toujours le choix, répliqua-elle avant de se barricader dans sa sphère.
- Estel, non! s'écria Flore.
Mais cette fois, la sphère s'effaca presque aussitôt, et je vis l'enfant prendre un air apeuré. Ses pouvoirs étaient défficients...
- Je te promets qu'on ne te fera pas de mal, dit Flore en s'approchant.
La petite parut un peu rassurée... Et Flore en profita pour lui expédier une vive dose de spore endormissante. L'enfant tomba comme une masse.
- Flore! m'exclamais-je. C'était malhonnête!
Elle me regarda d'un air triste:
- J'ai promis de ne pas lui faire de mal, je disais la vérité. Mais vous êtes d'accord, on ne peut pas la laisser vagabonder dans la nature. Car si elle est aussi puissante qu'on le croit, elle va devenir un enjeu dans la guerre qui nous oppose à Atlantéa, à Firéa et à toutes les autres factions du genre. Or... Il vaut mieux qu'elle soit avec nous que contre nous, n'est-ce pas? Surtout si on veut avoir une chance de la protéger!
Je regardais Flore bouche bée. Elle avait eu le même raisonnement que moi. Hélia nous rejoignit:
- Elle va nous en vouloir, pour le coup. Mais Flore a eu raison d'agir ainsi.
C'était vrai. J'ordonnais:
- Allez, on repart. En pokémon volants, cette fois!