ADN1: Les mystères d'Atlantéa de Darkey

Angeïl -Quartier général de l'OLDS, 14h30.

J'étais sûr que le lieutenant ne s'attendait pas à une telle mutinerie de la part de ses agents quand il entra dans son bureau, le visage défait. En effet, trois personnes lui sautèrent littéralement dessus en poussant de grands cris de protestations:
- Lieutenant, c'est quoi cette histoire??? lanca Hélia. Flore arrêtée, faut arrêter de se foutre de nous!!!
- Ouais, lieutenant, dîtes-nous que vous n'avez pas avalé les conneries de Hayden... renchérit Maxime.
- Si elle est coupable, j'en mets mes mains au feu! s'exclame Colin.
Le pauvre Shark tenta à plusieurs reprises de parler, mais les trois étaient enflammés:
- S'ils l'exécutent, on démissionne tous!!!
Enfin, Shark parvint à se faire entendre:
- Du calme, les amis, du calme! Un, je ne la crois pas coupable, deux, ca ne va pas se passer comme ca, rassurez-vous. Je vais essayer de voir si on ne peut pas la tirer de là. En attendant, du calme!
Les trois agents se calmèrent. Quant à moi, je préférai ne rien dire.
- Je file voir le général.
Il sortit du bureau d'un pas vif.

Jason s'arrêta près de la porte et lâcha un soupir. Flore était dans de sales draps. S'il ne l'innocentait pas rapidement, elle serait exécutée...
Et ca, il ne le supporterait pas.
Le Colonel Hayden se trouvait déjà dans le bureau et disait:
- Bon, elle est coupable, maintenant, c'est sûr... Autrement, pourquoi refuserait-elle...
- Qu'est-ce qui s'est encore passé? demanda le lieutenant d'un ton rogue.
Hayden le regarda d'un air moqueur:
- Figurez-vous que Vertafeuilla a refusé de se faire sonder l'esprit... Que pensez-vous de ca?
Jason le fusilla du regard:
- C'est son droit! Et ca ne prouve rien...
- Lieutenant, vous laissez vos sentiments personnels interférer dans votre juge...
- Moi au moins, je n'ai jamais maté sa poitrine, Colonel!
Il était excédé. Ses yeux marron-vert lançaient des éclairs menaçants et il se mordait violement les lèvres, prêt à le frapper.
- Lieutenant, surveillez vos paroles! répliqua le général.
- Pardonnez-moi, général.
Hayden en profita pour répliquer:
- Les faits sont là, lieutenant, que vous le vouliez ou non. On ne peut pas se fier aux mutants...
- Gardez vos pensées de xénophobe cinglé pour vous!
- Ne me parlez pas ainsi, lieutenant!
Les deux hommes se fusillèrent du regard, et Jason ne put s'empêcher de se dire: "Espèce de sale type!!". Il avait une grosse envie de le frapper.
- Colonel, sortez, je vous prie.
- Bien.
Il sortit, non sans claquer la porte derrière lui. Jason poussa un soupir de soulagement.
- J'ai bien cru que vous lui metteriez votre poing dans la face, cette fois, commenta le général. Merci de vous être retenu.
- Moi aussi, je l'ai cru, avoua Jason, penaud.
Le général le regarda:
- Hélas, les faits sont là, Flore a refusé d'être testée, et quelques soient ses raisons, ca n'aide pas à l'innocenter. A partir de maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Il vous reste 48h pour prouver son innocence.
La nouvelle tomba sur lui comme une bombe. Il mumura:
- Alors... elle sera condamnée, au-delà?
Il détourna le regard, effondré. Puis prit une profonde inspiration:
- Et bien... Je le ferai!
Le général eut un sourire:
- Je n'en attends pas moins de vous...
- Mais il faut que je la voie.
- Vous n'avez qu'à demander.

Flore -Quartier général de l'OLDS, 15h00.

Derrière les barreaux, je vis la porte du couloir s'ouvrir. Je compris qu'on me rendait visite... Sûrement Hayden, pour me narguer...
Mon coeur fit un bond. Shark!
J'essuyais vivement mes yeux, espèrant qu'il ne verrait pas à quel point j'étais blessée moralement. Il s'assit en face de moi, tandis que je me rapprochait au maximum:
- Comment vous sentez-vous? murmura-il d'une voix douce.
- Je suis en bonne santé, répliquais-je d'un ton cynique. Je vais me faire exécuter dans 48h, mais à part ca, tout va bien!
- Ne soyez pas si pessimiste! Ca ne vous ressemble pas. Qu'est-ce qui s'est passé?
- On a trouvé un localisateur sur moi, et je sais que ce n'est pas moi qui me le suis mis! Ca vous va?
- Pourquoi avez-vous refusé de vous faire tester?
Il avait l'air furieux contre moi. Je répondis aussitôt:
- Parce que je n'en ai pas le droit. Il y'a des choses sur mon peuple qui ne doivent pas être dévoilées! Je l'ai juré! Si j'avais pu me faire sonder, je l'aurais fait, mais... Vu tout ce qu'on va fouiller en moi...
Ce n'était pas un mensonge. Et encore, il n'y avait pas que les secrets d'état en cause. Je ne voudrais pas non plus pour rien au monde que Shark apprenne mes sentiments pour lui... Surtout de cette manière!
- Flore, je suis sûr que...
- Je ne peux pas! Je ne peux vraiment pas!
- Qu'avez-vous donc à cacher? murmura-il d'une voix tremblante. Préférez-vous vraiment vous faire exécuter plutôt que de le révéler?
- Je ne peux rien vous dire...
Il me regarda droit dans les yeux:
- Flore, je me fiche bien de ce que vous pouvez me dissimuler! Je veux juste vous sauver, c'est tout!
- Vous y tenez... tant que ca?
J'avais de nouveau les larmes aux yeux. Il me tendit un mouchoir:
- Tenez, pour votre rhume...
Avait-il vu que je pleurais? Je fis semblant de me moucher, heureuse du prétexte qu'il m'offrait. Puis il me regarda:
- Je suis sûr que vous avez tout de même une idée de qui a pu faire ca...
Ca, oui. Mais pouvais-je le révéler? Me croirait-il?
- Oui. Mais il est plus dangereux qu'on peut penser...
- Vous soupçonnez quelqu'un?
Il me regarda l'air attentif. Je lui fit signe de se rapprocher. Il s'exécuta.
- Angeïl, murmurais-je dans le creux de son oreille. C'est un mutant!
Il me regarda, ahuri. Et murmura à son tour:
- Vous en êtes sûre?
- Presque sûre, dis-je tout bas. Contrôlez son ADN!
J'ajoutais:
- Mais il sera dangereux à arrêter... Soyez très prudent...
- Je trouverai un moyen.
- Avant 48h? Comment...
Il me regarda avec ferveur et me saisit la main à travers les barreaux:
- J'y parviendrai. Je vous le jure!
- Quoi qu'il arrive, je n'oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi...
Il me regarda soudain avec une tendresse que je ne lui avais encore jamais vu... et caressa ma joue du bout des doigts. Puis, il se leva d'un bond et s'en alla. Je me demandais comment il allait s'y prendre...

- Hélia, dans mon bureau, ordonna le jeune homme d'un ton vif.
- Bien, lieutenant.
La jeune femme était surprise. Qu'allait-il donc lui dire? En plus, il avait l'air embarrassé.
- Hélia, Flore, m'a révélé le nom du traître. Vous allez avoir un choc, mais j'ai besoin de votre aide. Et songez que c'est la vie de Flore qui en dépend.
Elle eut l'air déterminé:
- Qu'attendez-vous de moi, lieutenant? Ordonnez et je vous obéirai!
- Très bien. Vous devez trouver un moyen de contrôler l'ADN d'Angeïl.
Hélia était l'une des meilleurs pour ce genre de travail.
- Sans blague! Un mutant, lui???
- Il se pourrait, en effet.
Hélia pâlit. Et murmura:
- Mon dieu... Mais si c'est vrai, moi aussi, je suis bonne pour l'exécution!
- Pourquoi?
- J'ai... enfin, j'ai... j'ai fait des choses avec lui...
Le lieutenant lâcha un soupir:
- Vous avez l'excuse de l'avoir ignoré, Hélia. Et justement... Du coup, ca ne devrait pas être difficile pour vous de lui collecter quelque chose... Une mèche de cheveux, par exemple...
Elle eut l'air déterminé, malgré la brusque tristesse qui se lisait dans ses yeux bleus:
- Et bien d'accord. Si vraiment... C'est ca... On le... saura.
Les larmes aux yeux, elle sortit de son bureau. Jason ressentit un grande peine pour la jeune fille. Hélia méritait d'être heureuse, c'était un crime de l'avoir manipulée ainsi...

Angeïl -Quartier général de l'OLDS, 20h00.

- Hélia, ca va?
Elle ne m'avais pas parlé de la journée et dans son coeur, je devinais des émotions troubles. Ouille, il faut croire que savoir Flore prisonnière la mimait plus que j'aurais pensé...
- Je pense à Flore, c'est tout...
Elle avait les larmes aux yeux. Je la pris par les épaules. Je la consolerais bien vite...
- Oh, ma Hélia...
Je l'embrassais tendrement sur le front et les joues. Elle me laissa faire, mais sans trop réagir. C'était comme si elle ne me sentait pas. Enfin, elle s'écarta légérement et dit:
- T'as quartier libre aussi, j'imagine?
- Bah... ouais.
- Alors, viens, on se tire. J'en ai ras le bol d'ici pour l'instant, j'ai besoin de me changer les idées.
- J'étais sûr que tu préférerais rester savoir ce qui se passe...
- Shark nous as dit que ca servirait pas à grand chose...
Alors nous allâmes donc chez elle. C'était à Rosea, juste à côté. Je compris qu'elle ne pouvait pas croire que Flore n'avait aucun chance de s'en sortir. Alors, elle préférait s'éloigner pour la nuit, sans doûte pour ne pas devenir folle...
Son appartement était plutôt coquet. Elle s'écroula dans mes bras en arrivant, en larmes. Je la consolais du mieux que je pus. Au bout d'un moment, elle me regarda et colla ses lèvres humides aux miennes. Ca y'était, on était repartis pour fauter. Durant la nuit toute entière, nous fîmes l'amour, jusqu'à ce qu'à l'aube, l'épuisement me terrassa et je sombrai dans le sommeil.

Hélia contempla le visage du jeune homme allongé à côté d'elle et son coeur se serra. Y avait-il vraiment un traître derrière ce visage d'ange? Elle le regarda une dernière fois, son long nez fin, ses longs cils noirs, sa bouche fine au sourire si craquant et dont le contact était capable de l'emmener au septième ciel...
Enfin, elle s'approcha et coupa l'une des mèches noirs. Ensuite, elle s'habilla rapidement, rédigea un mot:
"Je ne tiens plus en place, je vais aux nouvelles..."
Elle hésita. Allait-elle marquer...
Et puis zut.
"Je t'aime. Hélia."

Elle atteignit les labos de l'OLDS en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire et fit les tests. D'abord, elle plongea la mèche dans une solution alcoolisée qui ferait éclater les cellules. Ensuite, elle préleva une goutte de la solution, la mit sous le microscope électronique... et le résultat fut stupéfiant.
Un ADN en mutation, avec un gène recessif d'Aquali... Et surtout, un gène TRES actif de Lugia. Voilà pourquoi il était si à l'aise dans l'eau... Et qui leur avait envoyé cette taupe?
- Espèce de sale enculé de putain de menteur!!! Salaud!!! Enfoiré!!! Bordel de merde!!!
A sa grande surprise, elle n'était même pas triste, mais bouillonnante d'une haine sans merci. Comment ce salaud l'avait manipulée...
Elle alla vers le bureau de Shark.

Angeïl allait regretter ce qu'il avait fait. Amèrement.