Smirnoff, 2ème recueil de Domino

« La meilleure façon de prédire l'avenir, c'est de le créer. »
(Peter Drucker)

« Sur MSN, j'écris avec la couleur bleue. C'est plus seyant. Et après un regard vert et un regard rose, rien de tel qu'un regard bleu. Comme dans la chanson « Behind Blue Eyes » ! Cependant je déteste cette chanson… »
(L'auteur dans un moment de folie prémonitoire)
Les deux mains habiles s'efforçaient d'ajuster la cravate. Avec difficulté, toutefois. Cependant l'expertise des mains était sans égale, et l'homme parvint à ajuster sa cravate.
-Ah, bah voilà !
Kenneth Heine se regarda, tout beau dans ce costume tout neuf. Il regarda la pièce ou il se trouvait, un vestibule dans une église. On frappa derrière lui et il se retourna vers l'adolescent.
-Hey, salut, Ken.
-Travis ! Tu tombes bien. Euh, écoute… On a un petit souci au niveau de l'organisation. Je voudrais que tu ailles récupérer les… Les alliances.
L'adolescent, un gamin aux cheveux noirs très courts, d'environ 17 ans, regarda Kenneth et soupira.
-T'as oublié ça ?! Tu crains, Ken ! J'te croyais plus… Je sais pas, plus intelligent !
-Non mais tu vas me parler autrement, oui ? Petit con va ! ricana Kenneth.
-Elles sont où tes babioles ?!
-A la bijouterie centrale de la ville. Demande à Norbert, il connait cette ville mieux que personne.
-P'tain, fais chier !
-Surveille ton langage, jeune homme !!
Travis claqua la porte, laissant Kenneth, souriant et soupirant. « Quel sale gosse ! »
La porte s'ouvrit juste après, laissant entrer Judith accompagnée de deux enfants d'environ trois ans.
-Pas si vite, pas si viiite !
-Eh, chérie, que se passe… Eh, mes terreurs !
-Papa, Papa ! Maman elle a bu dans le saladier !
-C'est normal, les enfants, maman devait goûter le ponch de la réception !
Kenneth prit ses faux jumeaux.
-Bah alors, chérie ? On se saoule ?
Judith sourit, amusée.
-Non… je voulais te demander de garder les enfants, ils sont intenables, ils dérangent tout !
-Ah ça c'est pas gentil, les enfants ! Maman et Tata Estelle se sont embêtées à tout installer !
-Je peux te les laisser ?
Kenneth hocha la tête.
-Bien sur, mon cœur.
Judith embrassa son mari.
-Tu es super.
-Mais toi aussi !
Kenneth se retourna vers le miroir pour mieux voir ses enfants défaire sa cravate.
-…Malcolm, Rachel… vous vouliez mettre papa très en colère, c'est ça ?
Les deux enfants ricanèrent, suivis par leur père qui les reposa et refit son nœud de cravate.

Etienne plissa les yeux. En fait il plissait les yeux car il n'y voyait pas grand-chose avec toute cette neige qui tombait. Il avait d'ailleurs les pleins phares comme la majorité des automobilistes ce soir là.
Mais également parce qu'à ses côtés, il avait quelqu'un qu'il n'espérait plus, pas, ou jamais avoir à ses côtés.
-Je te remercie franchement. C'est très gentil.
-Nia-nia-nia…
-Oh je t'en prie, Etienne, tu n'as pas besoin d'être…
-Logique ? Sensé ?
Linda soupira.
-Méchant.
-Oh… moi je suis méchant.
-Parfois tu l'es.
-Eh bah toi parfois tu es une garce. « S'il te plait Etienne, pourrais-tu m'emmener à mon gala de charité ce soir, Lionel avait une urgence et les transports en commun ne circulent pas, tu es mon dernier espoir ! » J'aurais dû enregistrer ça sur dictaphone, tiens.
-Attends, et toi tu as répondu quoi déjà ? « Bien sur Linda, laisse-moi couper le gaz dans la voiture et sur toute la ville et j'arrive ! »
-Pfff…
-Je sais que ça t'emmerde.
-Ca ne m'emmerde pas c'est juste que… Je te trouve bien importune de me demander ça.
-J'ai dit qu'on était redevenus amis !
-Le dire ne veut pas dire le réaliser…
-Le dire c'est déjà beaucoup.
-C'est idiot. On ne peut pas redevenir amis.
-C'est moi qui ai rompu, donc je décide de ce qu'on est.
-Oh on peut être ennemis mortels ? Comme "Mr et Mrs Smith ?!" Ou alors on pourrait être bouchers charcutiers, ça rapporte ! Oh et on pourrait être frères et sœurs jumeaux, ça renforcerait nos liens bien que tous les moments passés ensemble deviendraient affreusement crades !!
-Je te remercie de ces comparaisons flatteuses, mais je n'ai aucunement envie d'être ton ennemie.
-Je continue à penser qu'on ne peut pas redevenir amis.
-Oh, et pourquoi ça.
-Parce qu'on rentre sur l'autoroute. J'ai besoin de concentration. Redevenir proche de toi me demanderait un maître yogi.
Linda soupira et leva les yeux au ciel.

Elle avança calmement dans le cimetière. Les fleurs à la main, elle avançait calmement vers la tombe. Une fois devant, elle s'agenouilla.
-Eh bien… Me voilà.
Estelle ajusta ses cheveux. Elle soupira.
-Je suis désolée… Je suis désolée de ne pas avoir compris assez tôt à quel point tu allais mal… D'avoir ignoré ta douleur… D'être passée à côté sans la voir…
Elle essuya des larmes naissantes.
-J'aurais aimé que… Que l'on partage plus encore que ces quelques mois… Que l'on… Que ça ne s'arrête pas. Parce que moi… je t'aimais vraiment. Malgré tout ce que les autres pouvaient dire… tu resteras dans mon cœur.
Estelle déposa la gerbe de fleurs sur la pierre tombale et repartit. Elle reçut un SMS.
« C'est le petit con… »
Elle appuya sur quelques boutons et porta le téléphone à son oreille.
-Allo, Travis ?... Un diner ? Etienne sera là ?
Estelle attendit la réponse, puis elle éloigna le téléphone de son oreille.
-OUI ? ALORS TU PEUX LUI DIRE D'ALLER SE FAIRE FOUTRE DE MA PART !!!

Estelle tenait la main de Jonathan, inconscient. Linus se tenait assis dans une chaise au fond de la chambre.
-Pourquoi… Pourquoi il a fait ça…
-Ce n'est pas votre faute, Estelle.
-Je sais pas… Je sais pas pourquoi il s'est… Oh mon Dieu…
-Vous devriez aller vous chercher quelque chose à boire, hein ?
-Non, je veux…
-Estelle ! Le pronostic des médecins est… enfin je veux dire… Ne vous faites pas trop d'illusions.
Estelle allait pleurer. Linus acquiesça.
-D'accord, j'y vais ! Restez là ! soupira Linus.
Il partit. Estelle sortit Coralie, le Korillon, de sa Pokéball.
-Maman, j'ai besoin de toi !
Le Korillon regarda Estelle, intriguée.
-Je ne veux pas qu'il meure ! Maman je t'en supplie !
Estelle serra Korillon contre elle et serra la main de Jonathan, toujours dans un profond coma…

-Posez ça ici… Ah ! Le gâteau ! Là, là… Estelle !
La jeune femme regarda Norbert Finsbury qui maintenant portait des lunettes.
-Tu as vérifié si tout le monde était bien placé à la réception ?
-Oui, Norbert, trente-six fois !
-Revérifie !
-Hmph !
Elle repartit dans une autre direction, soupirant.
-Norbert !
Lequel se retourna vers quelqu'un dont la vision le surprit.
-Oh. Lindbergh…
-J'ai à te parler.
-Oui, euh… Judith, tu prends ma suite ?
-Oui oui !
Lindbergh et Norbert s'isolèrent.
-Pourquoi tu fais ça là maintenant ? Si tu voulais écarter les soupçons c'est raté !
L'ancien proviseur grommela.
-Tu crois que je m'y connais, moi, en meurtres ?!! Tu penses sérieusement ?! Ce qu'on a fait c'est grave, Norbert !!!
-Mais il le fallait ! Pour toi, pour moi… Pour Eddy aussi !
Linus se frictionna le visage.
-Comment a-t-on pu en arriver là…
-Si ça peut te rassurer, je ne pensais pas non plus que ça allait… se dérouler comme ça… mais le fait est que… Nous avons du sang sur les mains maintenant !
On frappa. Travis entra.
-Euh… M'sieur Finsbury ?
-Oh, bonjour, mon petit Travis… tu viens me rembourser ce que tu me dois ?
-Nan !
Norbert plissa les yeux.
-Je m'en doutais un peu… qu'y a-t-il ?
-Euh, la bijouterie centrale, c'est où ?
-Elle est au coin de la rue ou se trouve l'arène. Presque en face.
-Ok.
-Et merci, c'est pour les…
CLOMP !
-Quel sale petit con… Bref… reste calme, Lindbergh, ok ?
-Je reste calme, seulement…
On frappa de nouveau à la porte.
-Papa ! Papa !
-Oh non !
Norbert ouvrit à un petit garçon blond.
-Papa, avec Charlie on va s'acheter des bonbons, je peux, dis ?
Norbert hocha la tête.
-Va ou tu veux, Léopold, mais pas trop loin. Et reviens avant 14 heures !
-Oui papa ! Allez viens Charlie !
Norbert soupira.
-Je peux même plus regarder mon petit en face !
Linus soupira à son tour.
-On apprendra à faire avec, de toute façon c'est trop tard pour reculer, on l'a fait, on l'a fait. Lucy m'attend, je te laisse. A tout à l'heure.
-Bien sur.
Linus s'en alla. Norbert soupira.
« Quelle tuile bon sang, quelle tuile !! »

Pendant ce temps, amour toujours dans une autre voiture partant de Doublonville-bourg…
-Oh et puis merde ! Tu m'énerves à la fin !
-Mais enfin, c'est toi-même qui tenait tant à ce qu'on se marie, et voilà que tu enlèves ton alliance pour tout et n'importe quoi !
-J'ai peur de la salir ou de la rayer en nettoyant mes jardinières, tu peux comprendre ça ?!
-Non ! Je trouve ça ridicule !
Norbert lança un regard noir à Eddy.
-Je sais pas ce qui me retient de faire demi-tour ! grommela le blond.
-Nan !! Je… je tiens à ce qu'on aille diner chez mes parents !
-Alors arrête de me saouler avec cette histoire ridicule d'…
-RIDICULE ?! Notre couple pour toi c'est ridicule ?!
-Non, mais non !
-Alors n'utilise pas ce terme !
-C'est cette dispute qui est ridicule !
-Non ! Parce que tout le truc c'est toi qui enlève ton alliance comme si elle te gênait ! C'est pas ridicule, c'est… Important !
-Mais pas du tout ! C'est pour éviter de la dégrader !
-Tu auras l'air bien si un jour tu la perds !
-Oh ça va !! Je prends soin de mes affaires !!
Norbert et Eddy gardèrent le silence quelques minutes. Floper releva la tête, regardant les deux sièges, intrigué.
-Si cette alliance t'avait été offerte par Linus, tu…
-AH NON, EDDY ! NE RECOMMENCE PAS !
-MOI AU MOINS JE NE FRICOTE PAS AVEC D'AUTRES HOMMES !
-MAIS OU TU M'AS VU FRICOTER AVEC D'AUTRES HOMMES !
-JE T'AI VU AU CONCOURS AVEC TON EX !
Norbert regarda Eddy, intrigué. Il se souvint.
-Ah, Lionel… Oui, il m'a demandé si je voulais bien… me remettre avec lui.
-Oh, laisse-moi deviner : « Désolé Lionel, mais je suis déjà en presque couple avec Linus et apparemment officiellement marié à un boulet »…
-Oh putain Eddy….
-C'est pas vrai ?! Tu ne penses pas ça ? Avoue !
-Mais pas du tout !! Tu délires !
Floper pointa son nez et alluma la radio ou une chanson des Scorpions retentit.
-Flop…
-Qu'est-ce que…
Le Pokémon lança un regard méchant aux deux, et surtout il intima à Norbert de regarder la route.

Etienne regarda le SMS de Linus.
-Oh bordel…
-Quoi ?
Etienne regarda Linda.
-Rien qui ne te regarde. Je dois faire demi-tour…
-Tu ne peux pas faire demi-tour, tu es sur l'autoroute ! remarqua Linda. Que se passe t-il ?
-Oh rien, tu t'en fous. Ca n'est plus « ta vie » maintenant.
Linda soupira.
-Pourrais-tu cesser d'être aussi… méprisant !
-Pourrais-tu cesser d'être dans ma voiture pour ton gala débile ?!
-Oh, maintenant mon gala est débile.
-Tu n'as jamais voulu m'impliquer dans tes travaux caritatifs, je suppose donc que c'est très chiant ! Ce qu'il peut neiger bordel ! On est fin février quand même…
-Etienne, que se passe t-il de si important pour que tu veuilles faire demi-tour ?!
Il soupira, lassé.
-Estelle sort avec Jonathan Ludges, tu te souviens ?
-Ah, oui…
-Estelle, ma sœur, donc, est à l'hôpital parce que son petit ami a tenté de se suicider.
-Oh.
Etienne soupira.
-Oh ?! Oh ?! C'est tout ?? Mais quelle… Quelle garce !! Putain, tu mériterais que j'ouvre ta porte et que je te largue sur la route.
-Je suppose qu'il y survivra, vu que lui, au moins, on l'a amené à l'hôpital à temps.
Etienne maugréa, sortit une cassette et alluma le poste pour diffuser des chansons de la Compagnie Créole à fond les ballons.
-Etienne… Rhooo…
-J'T'ENTENDS PAS ! CA FAIT RIRE LES OISEAUX, OH-HO !

Linus ramena un café à Estelle. Il s'était pris une bouteille d'eau.
-Rien de nouveau ?
-Rien de nouveau. Mais pourquoi…
Estelle déglutit.
-Pourquoi il a fait ça ?
Linus reçut la réponse au SMS envoyé à Etienne.
« Peut pas vous rejoindre – Je dirige un convoi de courges, désolé – Espère que ça va aller. »
-Votre frère… convoie des courges ?!
-Oh il doit surement être avec une fille !
-… Je ne pensais pas Mr Smirnoff… capable d'en arriver à payer…
-Non, en voiture avec une fille. C'est le terme qu'il employait quand il était ado et qu'il m'emmenait quelque part en voiture. Il disait qu'il faisait du transport de légumes.
Linus hocha la tête.
-Mais quelle fille votre frère peut transporter ?!
-Aucune idée…
Elle regarda Jonathan. Linus hocha la tête.
-J'essayais juste de vous faire penser à autre chose. Jonathan va probablement s'en sortir…
-Vous pouvez me le certifier ?
-Non, bien sur, personne ne peut…
-Alors taisez-vous, monsieur Winchester ! Vous n'êtes plus mon patron, alors…
-Pardonnez-moi…

Time, it needs time (Du temps, il faut du temps)
To win back your love again (Pour reconquérir ton amour)
I will be there, I will be there (Je serais là, je serais là…)

Norbert et Eddy se regardèrent, un peu gênés. Floper agitait la tête au rythme de la chanson.

Love, only love (L'amour, seul l'amour)
Can bring back your love someday (Peut ramener ton amour un jour)
I will be there, I will be there (Je serais là, je serais là…)

-Norbert, je…
-Non, c'est moi…
Floper sourit, content d'avoir réussi son effet. Lorsque soudain, le moteur toussota. Norbert se rangea sur le bas côté.
-Oh non…
-Oh mince…
-Hippo ?! geignit le Pokémon allongé sur la banquette arrière.
Norbert frappa le volant.
-Oh c'est pas vrai, merde !!! Le moteur est foutu !!!
-Du calme, Norbert, ça va aller…
Norbert éteignit la radio.
-Non, ça va pas aller ! Ca ne va jamais ! Depuis le début j'ai l'impression que tout va de travers !!
-Mais non…
-Et on veut adopter un enfant, alors que tout va si… mal entre nous ?!
-Tout ne va pas mal entre nous Norbert !!! Et cet enfant…
-Eddy… On est en train de se disputer pour une histoire d'alliance débile ! Tu imagines quand ça sera vraiment grave ?!
-Norbert… C'est pas sérieux, c'est juste que… J'ai du mal à concevoir que tu te sépares de cette alliance au quotidien avec tant d'aisance.
-C'est juste comme ça… juste pour pas l'abimer…
Eddy regarda Norbert.
-Chaque fois que je te regarde… soupira Norbert.
-Quoi ?!
Norbert embrassa chaudement Eddy.
-Chaque fois que je te regarde… Je… je ne suis plus en état de me disputer.
-Norbert, tu embrasses comme un danseur espagnol !
-…Comment je dois le prendre ?
-…Bien ! Bien !
-Ah…
-On fait quoi ?!
-Euh… J'ai une solution, mais tu ne vas pas aimer.
Eddy regarda Norbert, comprit et soupira.
-Je te déteste…
-Moi aussi je me déteste, je suis gay ! J'en fais pas tout un plat, soupira Norbert.

Travis enfourcha son scooter et partit à travers les rues d'Unionpolis. Un agent de police lui ordonna de s'arrêter.
-Jeune homme !
-Quoi, merde ?
Le policier s'étonna.
-Pardon ? Dites-donc, je suis un représentant de l'ordre !
-Ah ouais ? Ordonne ça !
Travis sortit un Smogogo qui enfuma le policier.
-Touss ! Touss ! Revenez, sacripant !!
Travis rappela son Pokémon et traça en scooter en direction de la bijouterie.
-Quel kéké celui-là !
L'adolescent arriva à la bijouterie et arrêta son véhicule. Il croisa deux personnes.
-Adam ! Jenny ! Hey !
-Oh, salut !
Les deux anciens élèves de Smirnoff se dirigèrent vers Travis qui descendait de son engin.
-Vous allez au mariage ?
Les deux hochèrent la tête.
-Ca va être rudement chiant mais si on n'y va pas…
Jennifer donna un coup de coude à Adam.
-Ca va être très bien. Tu…
-Je dois prendre les alliances des mariés. Sinon j'vais me faire engueuler !
-Ok, bah nous on y va ! Eh, Travis, si tu veux on s'affrontera après la cérémonie ! ricana Adam.
-T'as eu ta dose, toi il me semble ! grommela Travis.
-Ouais, c'est ça… pauvre type va !
-Toi-même !
Jennifer se retourna vers Travis qui lui sourit. Il entra dans la bijouterie mais trébucha presque sur la marche.
-OUARG !!

Estelle et Linus avaient été relégués au couloir pour raisons de soins. Estelle s'était entourée de ses Pokémon. Linus la regardait.
-Vous êtes bien la sœur de votre frère.
Estelle sourit.
-Ils sont un bon réconfort dans les moments difficiles.
-Je comprends ça.
Estelle soupira et serra son Mangriff contre elle, tout en caressant son Caninos. Pikachu était sur ses épaules. Coquiperl et Korillon étaient à ses pieds, tristes pour leur maîtresse. Feuforêve volait devant elle.
-C'est… amusant, aucun de vos Pokémon n'est évolué…
-Je préfère qu'ils restent eux-mêmes. Je n'aime pas beaucoup le changement.
La musique de YMCA retentit, à l'étonnement d'Estelle.
-C'est Norbert ! s'exclama Linus en sortant son portable qui sonnait.
Estelle éclata de rire. Linus répondit.
-Allo, Norbert ?!

-Comment savez-vous que c'est moi ?!

-Ne soyez pas débile, j'ai votre numéro dans mon répertoire, je vois bien quand c'est vous qui m'appelez !
Estelle retint son rire.

-Ecoutez Linus… Je sais que vous devez surement être avec votre famille ou quoi que ce soit d'autre, mais je ne savais pas qui appeler d'autre…

-A vrai dire, Norbert…

-Ecoutez, avec Eddy on est en panne, le moteur a lâché, on a appelé la dépanneuse, mais elle ne sera pas là avant une heure et demie ! Or vous avez dû voir le temps qu'il fait dehors… Et comme le chauffage sera bientôt à plat…

Linus regarda Estelle, désolé.
-Je peux vous laisser seule un petit moment ?! Norbert et Eddy ont besoin de moi !
Estelle hocha la tête.
-Ne vous en faites pas, je suis bien entourée.
-Ok, Norbert, je suis là dans vingt minutes. Ou êtes-vous exactement ?
Estelle regarda Linus partir. Elle sortit la lettre laissée par Jonathan après son « suicide »
« Je la lis ou je la lis pas ?! »

Linda arrêta la radio, excédée.
-On est dans un embouteillage, alors tu ferais mieux d'économiser de la batterie.
-Tu as raison. Tiens, et si j'allumais le gaz ?
-Amusant, admit Linda. Et si je te cognais ?!
-Et si tu descendais de la voiture pour finir le chemin à pied ?
Linda s'étonna.
-Tu n'oserais pas !
Etienne tendit le bras et ouvrit la porte. Du moins essaya.
-Bloquée ?! Oh non…
-Oh non, oh non… Tu allais me foutre dehors quand même !
-J'allais vraiment le faire ! T'es tellement…
-Tellement ?!
-Irritante !
-Ah bah chouette alors… En plus ça n'avance pas et il neige comme chez le diable…
-On ne va pas rester là toute la nuit quand même ?!
Etienne et Linda se regardèrent. Etienne soupira.
-Je mentirais en disant que cette situation m'insupporte.
-Ah oui ?
-Oui… elle me déplait, tout au plus… Parce que…
Linda regarda Etienne qui la regarda.
-Parce que ?
-Ton visage me rappelle le bon vieux temps.
-Oh.
-Oui… Cette époque ou… On était seulement deux amis insouciants…
-L'a-t-on vraiment toujours été ?
-On ne s'est jamais disputés pour quoi que ce soit… marmonna Etienne.
-Si, on s'est disputés à cause de tes Pokémon qui squattent ton appart…
-Je ne parle pas de ce temps là, Linda. Le bon vieux temps c'était… Mérouville.
-Oh… Je suis encore désolée pour ta maman.
-Tu ne la connaissais pas beaucoup.
-Je sais. Mais ta mère m'aimait bien.
-Oui, elle t'appréciait, jusqu'à ce que du jour au lendemain, tu ne veuilles plus venir à la maison.
-J'avais mes raisons.
-Tu as toujours eu tes raisons… c'est parfois à se demander si tu… ne suis pas un agenda secret dans ta vie…
-Peut-être bien.
-Mouais…
Linda et Etienne restèrent silencieux un moment.
-Le bon vieux temps pour toi c'est avant qu'on se mette en couple ?!
Etienne regarda Linda, surpris.
-Bien sur ! On a presque passé les cinq mois passés en couple à se faire du mal l'un à l'autre !
-On a partagé des tas de choses quand même. On a franchi… la fameuse « Etape » !
-Et on voit à quoi ça nous a menés ! grommela Etienne.
-Tu n'aimais pas qu'on partage le même lit ?
-Le jour où on a fait ça j'ai perdu ma meilleure amie. Le jour où tu m'as largué j'ai perdu la femme que j'aimais. Ca fait… huit mois que je suis dans le noir. J'en suis même venu à capturer un Pokémon et à lui donner le nom de garçon que j'aurais voulu donner à notre bébé. J'ai failli… tomber en religion pour essayer… d'oublier tout ça…
Linda hocha la tête.
-Ca aurait pu être pire. Tu aurais pu sortir avec Kenneth.
-Tu lui as fait beaucoup de mal à lui aussi. Tu lui manques terriblement. Il est parti vivre avec sa fiancée à Rivamar.
-Oh ! Kenny est fiancé… Ses parents vont être fiers.
-Oui…
Le visage d'Etienne se déforma sous la tristesse.
-Etienne ?!
-C'est rien…
-Je ne m'apitoyais pas, mais si ça repart, tu dois être en état de conduire. Si tes yeux sont embrumés de larmes tu auras du mal à voir la route.
-Désolé d'être un pauvre type en train de tout perdre !
-Désolée d'être insensible à tes atermoiements.
-Désolé que tu sois une garce frigide insensible.
-On n'est plus ensemble. Donc je n'ai plus à supporter tes… crises de folie.
-On n'est plus ensemble, tant mieux pour toi, tu n'as plus à être heureuse ! Tu peux enfin faire semblant de l'être vu que c'est ce qui te botte apparemment ! Ensuite tu vas retourner dans ta décharge pour recommencer tout à zéro…
Linda gifla Etienne.
-SALAUD !
Etienne soutint le regard de Linda.
-Moi au moins j'me tape pas un type qui a accueilli plus de six filles dans son lit plus quelques mecs !
-TU EN REVEUX UNE DEUXIEME ???
-Mais vas-y, frappe-moi ! C'est tout ce que tu peux faire ! Ta vie est tellement nulle à chier maintenant !!!
Linda regarda Etienne, prête à lui coller une deuxième gifle. Elle y renonça.
-Etienne : 1. Courgette : 0 !
-Pardon ? s'étonna Linda.
-Non rien…

On sonna à la porte. Lucy ouvrit à Linus.
-Hey.
-Oh. Tu viens pour…
-Charlie, oui.
Lucy hocha la tête et renifla.
-Je n'ai pas bu !
-… Mouais. Bon, il est là.
Linus entra mais Lucy l'empêcha de passer.
-Je te l'interdis. Tu ne rentreras pas chez moi !
-Lucy…
-CHARLIE ! TON PERE EST LA !
Le gamin de 10 ans arriva.
-Hey, P'pa…
-Fiston…
Le gamin s'avança vers son père.
-Maman, laisse-le rentrer…
-Non, je ne le ferais pas. Ca me coûte déjà beaucoup de te laisser avec lui pour le week-end !
Charlie soupira.
-Papa et Mr Finsbury ne boivent plus ensemble, maman. Papa a arrêté…
-VA AVEC TON PERE ! Ne discute pas et n'essaie pas de me ressortir le charabia que ton père t'apprend !
Charlie soupira, prit son sac et sortit avec son père. Linus regarda sa femme.
-Quand comprendras-tu…
-Quand ? Le jour ou la personne que tu as zigouillée sortira de terre pour marcher et rentrer chez elle. En attendant, un meurtrier ne dormira pas avec moi sous mon toit.
Lucy claqua la porte. Charlie regarda son père qui était dans cet état tragique depuis déjà deux ans.
-Hey, p'pa, ça va aller ?
-Pas vraiment, bonhomme… Enfin bref, Léopold va passer un peu de temps à la maison, vu que son père est quelque peu…
-Ah, encore ?
-Oui, encore, bonhomme…

Linus embrassa sa femme.
-Tu es magnifique aujourd'hui !
-Oh, serait-ce ce jour de mariage qui te rend si guilleret ?
-En fait j'aimerais bien qu'on… parte en vacances, toi et moi…
-Oh Lindbergh voyons, et Charlie ?
-Justement. Maintenant on a Norbert et Eddy qui peuvent nous garder le petit.
Lucy regarda son mari et inspira.
-On a déjà parlé de ça, Lindbergh…
-Ils s'occupent très bien de leur fils, Charlie adore Norbert…
-Je n'ai pas confiance. C'est tout.
-Oh, chérie… Aouch…
Linus chancela et tomba presque, rattrapé par Lucy.
-Lindbergh ! Chéri, assieds-toi…
Lucy assit son mari qui sembla essoufflé.
-Oh mon Dieu… Chéri ?!
-Ca va… C'est…
Linus releva son pantalon, révélant quelques cicatrices.
-Tu vois… C'est aussi pour ça que… qu'on peut faire confiance à Norbert.
Lucy hocha la tête, se mordillant les lèvres.
-Je sais… Je sais bien…
-Poussez-vous !
Travis entra dans l'église d'Unionpolis en courant.
-Oh bordel bordel bordel !
-Eh !
-Ah !!
-TRAVIS BON SANG !! hurla Estelle.
-Désoléééé !
Travis entra dans la salle ou Kenneth se trouvait en… plein moment d'intimité avec Judith.
-WAH ! Putain vous pourriez mettre une cravate sur la poignée de porte comme tous les queutards !
-Désolés !!
-Oh mon dieu c'est gênant !! geignit Judith.
-Euh… Ecoute, Travis…
-J'm'en tape ! J'veux pas toucher tes mains ! J'ai les alliances !
-Bien !
-Mais… quelqu'un aurait genre… 3500 Pokédollars pour qu'un policier me lâche la grappe ?!
Kenneth soupira et sortit son chéquier.
-C'est pas la première fois que je paie pour toi…
-Promis j'te rembourse !
-Mouais… Comme tu as remboursé Norbert !
-Cette vieille tarlouze ne me lâchera jamais… Il a une dent contre moi ! J'lui ai rien fait de grave !
Kenneth soupira et tendit le chèque à Travis.
-La prochaine fois, mets ton casque !
-Ouais, promis !

-No attorneys… To plead my case… (Pas d'avocat… pour plaider ma cause)
Linus était sur la route vers Norbert et Eddy.
-Quelle neige… No orbit… to send me into outer spaces… (Pas d'orbite… Pour m'envoyer à travers l'espace…) And my fingers… Yeah ! Are Bejeweled ! (Et mes doigts […] sont couverts de bijoux…)
Linus regarda son alliance, amusé. Il revint sur la route, continuant à chanter joyeusement.
-With Diamonds and Gold… (De diamants et d'or…)… But that ain't gonna help me now… (Mais ça ne va pas m'aider maintenant…)
Linus s'aperçut soudainement, à la dernière minute qu'il y avait un Cerfrousse en plein milieu de la route.
-MERDE !
Virant de bord, il tomba dans le ravin. Seul un arbre que la voiture se prit de plein fouet stoppa sa chute. Linus resta inconscient mais la radio continuait de tourner avec la chanson de Pink qui tournait.

I'm trouble, Yeah trouble now (Je suis les problèmes, ouais les problèmes maintenant…)
I'm trouble ya'll, I disturb my town (Je vous fais des misères… Je dérange ma ville !)

-Il en met un temps, ton « Linus »…
Norbert soupira.
-Pourquoi tu ne l'aimes pas ?
-Ca n'est pas que je l'aime pas c'est que ta proximité avec lui est… Embarrassante pour moi.
-Pourquoi ?
-Linus a été mon patron pratiquement depuis que je suis dans le monde du travail ! J'en ai un peu marre de l'avoir sur le dos tout le temps !
-Eh bien c'est mon meilleur ami donc…
-Ton MEILLEUR AMI ???
-Bah… ouais…
-Hmph ! Ca c'est fort quand même…
-Pourtant c'est vrai. Mais ça ne change rien à mes sentiments pour toi !
-…Vraiment ?
-Bien sur que non andouille ! Toi et moi c'est autre chose que lui et moi !
Eddy sourit.
-N'enlève plus jamais cette alliance !
Norbert hocha la tête.
-Promis !

I'm trouble, Yeah trouble now
I'm trouble ya'll, I got trouble in my town (Je vous fais des misères, j'ai des problèmes dans ma ville…)

Estelle était entourée de ses Pokémon. Le médecin arriva. La femme leva les yeux vers le docteur, elle était triste et son visage reflétait une terrible appréhension. Le médecin était neutre.
-Oh non… Pas de mauvaises nouvelles… Pitié…

Etienne et Linda soupirèrent.
« Autoroute FM… 107.1 ! »
Les deux écoutèrent.
« L'autoroute N141 à la sortie d'Acajou en direction d'Ebenelle est bouchée par un bouchon de plus de 10 kilomètres pour cause d'effondrement de route, les automobilistes sont condamnés à rester toute la nuit sur la route ou à rejoindre un hôtel tandis que la route sera surveillée par les autorités… »
-OH NON ! pesta Etienne.
-Et merde… grommela Linda.
-Bon. Prête à passer la nuit dans le coffre ?!
Linda regarda Etienne, blasée.