Ame de Pokémon de Yamiyo

Oldy, 12 octobre.

« Désolé, Lucy, mais nous devons partir... Tu sais bien pourquoi.
- Mais... A mon avis, si vous restez ici, vous aurez beaucoup moins de chances d'être retrouvés... Je vous en prie, restez... S'il vous plait...
- Non, Lucy... On ne peut pas. »

Cela faisait trois jours que les deux garçons séjournaient à Oldy, et Eliott s'était remis de sa faiblesse engendrée par l'orage. La moitié du temps accordé par le scientifique s'était déjà écoulée, ils en étaient bien conscients, et l'heure du départ avait sonné. C'était le matin. Ils se trouvaient dans la chambre avec Lucy qui essayait désespérément de les retenir. En vain... Ils ne céderaient pas.

Les larmes commencèrent à couler sur les joues de la jeune fille.

« S'il vous plait... Je vous en prie...
- Lucy... On a dit non.
- Mais, je me sens si seule ici... Pourquoi ne restez-vous pas encore un peu ? S'il vous plait... »

William soupira. Il n'avait rien contre leur hôte, mais elle commençait vraiment à l'énerver... Pourquoi donc ne comprenait-elle rien ? Il fallait qu'ils partent. Il ne leur restait que cinq jours avant que leur poursuiveur ne les traque à nouveau.

« Il vous reste quelques jours encore... Qu'allez-vous faire ? Vous serez rattrapés tôt ou tard... Ici, vous êtes cachés, vous êtes en sécurité... »

Eliott savait qu'elle avait raison, mais se retenait de le dire. C'était vrai... Là où ils se trouvaient, il n'y avait que très peu de chances que le Grahyena sente leur odeur. Si ils partaient, ils se retrouveraient à nouveau exposés à de multiples dangers...

« Et si tu venais avec nous ? proposa Eliott.
- Non ! Ca ne va pas ? Elle ne doit pas venir avec nous... riposta William en gratifiant son ami d'un regard qui voulait tout dire : Lucy serait en danger, elle aussi, si elle les accompagnait.
- De toute façon, je ne voudrais pas... Je veux rester ici, chez moi. »

Elle continuait de pleurer en silence, à genoux devant les deux garçons qui étaient assis sur le lit, la tête basse. Et les larmes tombaient pour s'écraser sur le sol. Ils se regardèrent. William soupira.

« Bien... Nous allons rester encore un peu, si tu y tiens tant... dit alors Eliott. »

Lucy ne s'arrêta pas de pleurer. Mais c'étaient des larmes de joie à présent...

Les regards des deux garçons se croisèrent. Ils savaient qu'ils pensaient tout les deux à la même chose. Ils partiraient la nuit même, lorsque tout le monde serait endormi.

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Lucy se trouvait seule dans sa chambre. Elle fixait longuement une photo en noir et blanc représentant une petite fille ayant un ruban dans ses cheveux noirs qui serrait un petit Mentali fort dans ses bras. Celui-ci semblait ravi de la présence de la fillette tout près de lui. Elle faisait cela tous les jours, par habitude. C'était son « rituel ». Si elle ne faisait pas cela, elle se serait sentie ingrate envers celui qui lui avait sauvé la vie par le passé, au prix de la sienne. Elle joignit les mains et se mit à prier pour la personne lui étant la plus chère au monde.

Cela durait depuis maintenant un bon nombre d'années... Depuis quand exactement, Lucy avait oublié. Elle savait juste que cela faisait longtemps.

Depuis ce jour fatidique...

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C'était le soir. William et Eliott attendaient les yeux écarquillés dans le lit de la chambre d'amis que la maison soit entièrement silencieuse, signe selon eux que le sommeil avait gagné tout le monde. Lorsque ce fut le cas, ils descendirent furtivement les escaliers, prirent au passage dans la cuisine un peu de nourriture – l'hiver approchait, ils préféraient être prévoyants – et sortirent dans la nuit. Ils arrivaient tout près de la grille – toujours ouverte – qui délimitait la maison.

« Je savais que vous essayeriez de partir discrètement... »

Eliott sursauta, contrairement à William qui avait étrangement pressenti que Lucy était là. cela était sans doute dû au fait qu'il avait du sang de Pokémon dans les veines : la nuit, ses sens s'éveillaient, il était plus attentif. La jeune fille s'était enveloppée d'une couverture pour sortir dans la fraîcheur de la nuit, et portait une lanterne à la main pour y voir plus clair.

« Vous devriez pourtant savoir que vous ne pouvez rien me cacher... »

Les garçons soupirèrent. Bien sûr ! Comment avaient-ils pu oublier que les pouvoirs psychiques de Lucy lui permettaient également lui permettre de « lire dans les pensées ». Lucy remarqua ce soupir si exaspéré, et le prit plutôt mal.

« Il faut le dire, si je vous énerve ! »

Et elle s'éloigna à grand pas vers la porte de sa demeure, avec une démarche typique des femmes furieuses et voulant bien le faire comprendre. William et Eliott échangèrent un regard.

« Bon... Je suppose qu'on n'a pas trop le choix... »

Ils suivirent Lucy, décidant ainsi de rester finalement quelques jours de plus comme elle le voulait. Soudain, la jeune fille trébucha et s'effondra de tout son long sur le sol de pierre froide. La lanterne se brisa et la flamme de la bougie vacilla avant de s'éteindre. Bizarrement, pendant l'instant d'une seconde, Eliott avait senti quelque chose enfoui tout au fond de lui, comme un secret, mais ce quelque chose était plutôt une chaleur. Alors, il fut pris d'une crise de toux, et quelques toutes petites flammes s'échappèrent de sa bouche. Le garçon roux ne s'en rendit pas immédiatement compte. C'est seulement en voyant William le regarder avec une expression abasourdie qu'il comprit qu'il avait fait quelque chose d'étrange. Lucy, elle n'avait rien vu, mais sut vite ce qui s'était passé.

« Voilà, dit-elle avec un sourire triomphant. C'est ça, ton pouvoir ! »

Elle les prit chacun par un poignet, et les entraîna tous deux à l'intérieur, avec une mine réjouie. Ils allaient devoir rester là encore un petit peu, finalement.