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Smirnoff de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 08/08/2008 à 16:30
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:10

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance

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032 - Camille avait raison
« Oublie d'avoir raison et tu comprendras tout »
-Etienne… Etienne…
Les yeux s'ouvrirent. Il était face à un médecin.
-Je suis le docteur Hammoudi. N'ayez crainte. Vous serez bientôt sur pieds. Par chance, la balle qui aurait pu vous faire le plus de mal a traversé votre corps. Vos intestins ont été durement touchés, mais vous ne devriez pas subir de trop graves séquelles.
Etienne hocha la tête, allongé et immobile. A côté de lui, un truc faisait bip-bip, et ça disait très exactement si Etienne était vivant ou mort.
-Vous allez survivre, Etienne…
Il fit signe à l'infirmière de venir.
-Euh… Excusez-moi… Pourquoi ce patient pleure ?
-Il… Il ne fait pratiquement que ça depuis son arrivée, docteur…Pleurer.


Etienne profitait de la journée libre pour organiser ses cours. A partir de demain lundi, il assumerait quatre heures en matinée. Pas le droit à l'erreur. Linda lisait un roman historique sur la table face au comptoir de cuisine, un verre d'eau posé à côté d'elle. Erwan arriva devant le bureau d'Etienne, dans le carré d'étagères. Il posa un téléphone.
-Tu as un message ? S'étonna Linda.
-Je sais pas… Il le ramène quand il le voit s'agiter généralement.
Il ouvrit l'objet et lut le message qu'on lui avait envoyé.

« CAMILLE AVAIT RAISON »

Il ferma le téléphone et sembla gêné. Linda le regarda, intriguée.
-Etienne ?!
-Ca va… C'est rien.
-Debra s'est endormie sur le canapé on dirait…
-Ca lui arrive souvent.
-C'était quoi ce message, Etienne ?
-Un… Un truc. Une publicité.
-Oh. Tout va bien ?
-C'est une publicité, ça ne perturbe rien ni personne…
Etienne rouvrit le portable. Le message n'y était plus. Il semblait ne pas trop comprendre le pourquoi du comment. Il ressentit un vide profond. Un manque. Pourtant Linda était là. Pourtant, il y avait le travail. Pourtant…

Lundi. Jour faste pour Etienne qui adorait les lundis.
-D'où le titre du cours du jour : « Pourquoi votre connard de prof adore les lundis… »
Les élèves ricanèrent.
-La raison est simple : A partir de lundi la semaine s'enchaine comme un nougat… Un délicieux nougat qu'on mange petit à petit… Je déteste ça, le nougat. Bien. Commençons par un peu de cours théorique. Jeune fille, votre nom ?
La fille leva la tête vers Etienne.
-Hannah.
-Hannah, pourquoi avez-vous un Look gothique ?
La fille aux cheveux et maquillage noir, avec bijoux de métal et piercing sur le nez et le menton, se regarda et regarda Etienne.
-C'est ma façon d'être, c'est tout… Quel rapport avec le cours ?
-Aujourd'hui, pour le premier cours de stratégie de l'année : « L'apparence des Pokémon influence t-elle leur façon de combattre ? » Quelqu'un se sent inspiré par ce titre ? Monsieur…
-Moi c'est Ludo…
-Ludothèque, ok…
-Ludovic !
-Vous avez deux noms ou vous aimez jouer à « Ajoute des trucs après Ludo » ?
-Mon prénom c'est Ludovic !
-Fallait le dire avant…
-Je l'ai dit ! J'ai dit Ludo, vous êtes teubé ou quoi ?
-Etienne sortit son dictaphone.
-Page 8 : Le petit teigneux au 3ème rang à gauche, faut plus l'interroger, il parle que de son prénom.
Les autres élèves ricanèrent. Une fille à lunettes leva la main.
-Vous êtes ?
-Félicia. Dans le sens ou certains Pokémon font du changement d'apparence une façon de combattre, je dirais que oui.
-Citez un exemple.
-Metamorph !
-J'adore les exemples faciles qui ne mènent à rien.
-Morphéo, aussi…
-Allez-y, vous avez presque épuisé la liste des noms en « Morph » !! Dans deux-trois noms vous allez presque avoir l'air intelligente !
Félicia semblait mal à l'aise.
-Ce que je voulais dire, c'est que…
-Quand je dis changement d'apparence, à quoi vous pensez ?
-A un Morphing ! Rétorqua Félicia.
-D'accord… Donc Ceriflor est un Metamorph ?
-Aaaaaah ce genre de changement d'apparence là…
-Non, attardée, je parlais d'évolution ! Gaaa Beu-Beu - Bulbizarre devient Herbizarre ! – Gaga-gaga… Monstrueuse idiote…
-Mais…
-Bien… Prenons le cas de Ceriflor. Il change d'une apparence de fleur fermée à une apparence de fleur ouverte. Qu'est-ce que cela change ? Oui le monsieur en… bermuda…aux jambes très poilues… Oui ?
-Sammy ! Euh bah c'est genre…
-Wowowo ! Moi pas comprendre langage banlieusard de toi !
-Pardon… Il a pas ses trucs de force qui augmentent ?
-Je sais pas… Tu veux le 50/50 ? L'appel à un ami ? Ou le public ? Allez-y, public, votez !
-Bah oui…
-Forcément…
-L'attaque spéciale !
Etienne sourit.
-Enfin un abruti à la douce voix grave évoque les statistiques ! Qui est ce langoureux beau-gosse ?!
Un sportif leva la main.
-Nan, t'es pas mon genre en fait ! Baisse la main ! Les Statistiques ! L'attaque Spéciale ! En effet, la transformation de Ceriflor est motivée par…
Silence complet.
-Heureusement que ce sont des révisions, j'aurais l'impression d'enseigner à des attardés mentaux si personne n'avait levé la main… OOOOH Mais personne n'a levé la main ! Mais alors…
-La nourriture ?
-Qui a dit cette connerie ?! C'est toi, sportif beau gosse qui n'est pas mon genre ?!
-Jerry… Jerry Lievitch ! Non m'sieur ! C'est… Le climat !
-Le climat a dit la réponse ?
-Nan ! J'ai dit le climat… C'est le climat, qui motive le changement !
-Bon début. Néanmoins, le stupide énergumène qui a dit que la nourriture motivait le changement de Ceriflor… Devrait avoir honte. Très honte. Le soleil, réel ou artificiel, est à l'origine du changement de forme de Ceriflor, ce qui augmente sa puissance générale. Un autre exemple de Pokémon qui change ? Mademoiselle…
-Camille !
Etienne regarda la jeune fille aux cheveux blonds coupés au bol.
-Camille… Je… Je vous écoute, Camille.
-Cheniti !
Etienne hocha la tête.
-Bien… Oui en effet, Cheniti…
Il s'arrêta, intrigué. Pourquoi ce nom lui évoquait quelque chose de bizarre…
-M'sieur ?
Etienne recouvra ses esprits.
-Cheniti, oui… Qu'est-ce qui motive la transformation de Cheniti ?
-La nourriture ?
Etienne soupira.
-On va dire que j'ai RIEN entendu…
-Mais m'sieur, c'est ça !
Il regarda Hannah, la gothique.
-Pardon ?
-Le Lieu ! J'ai dit le lieu ! On change de lieu et lui il change de carapace ! Celle-là même qui décide son évolution quand le spécimen est une femelle !
Etienne regarda les élèves.
-Attendez-voir… Personne depuis le début de ce cours n'a cité la nourriture en exemple ?!
Les élèves secouèrent la tête.
-D'accord. Non seulement j'adore les lundis mais je perds la boule…

-Urf… Uh… Uuh…
Etienne avait pris sa perfusion et tentait de marcher avec, en faisant rouler le trépied difficilement déplaçable. Il se rendit dans le jardin d'enfant. Une petite fille avait subi une amputation de la jambe droite. Un enfant semblait avoir été roué de coups et balancé dans des escaliers en colimaçon. Un autre portait autour de l'abdomen un dispositif métallique qui maintenait ses côtes en place. Etienne observa ces enfants cassés comme autant de petits jouets fragiles. Il aperçut à une table un étrange enfant aux yeux bleus luisants, tenant dans ses mains un bol de soupe.
Etienne s'assit face à l'enfant. Il, ou elle, but un peu de la soupe, puis présenta le bol à Etienne.
-Non merci.
L'enfant pencha la tête et tendit le bol plus avant. Etienne donna un violent coup de bras. Il se releva et partit, regardant l'enfant.
-C'est quoi ton nom ?
-Camille.
-Pourquoi tu veux que je mange ?

Etienne se réveilla en pleine nuit, transpirant. Toujours immobile, allongé. A côté de lui, dans sa chambre, quelqu'un, mais le rideau est tiré.
-Hmm…
Etienne entreprit de se lever. Il se déplaça lourdement. Ses pieds avaient du mal à répondre mais il y parvint. Il regarda le cathéter qui le reliait à sa perfusion. Ca faisait bizarre cet accès à sa veine, directement. Il aperçut les toilettes et s'y assit, commençant à pisser. C'était agréable.

-Comment ça, je ne peux pas aller le voir ?
Le docteur regarda Linda, pessimiste.
-Son état est préoccupant… Il semble intérieurement en pleine reconstruction… Nous avons été obligés de le placer sous perfusion car il refusait de manger.
-Refusait de…
-Oui, voilà… Il semble complètement… se laisser mourir. Ca fait trois jours qu'il… Se fait dessus, littéralement. Il reste en quasi-permanence immobile… Nous ne voulons pas que vous le voyiez comme ça…
Linda sembla très émue.
-Le pauvre… Comment c'est possible ?!
-Rassurez-vous, c'est très probablement le contrecoup du traumatisme. Il peut paraître en train de se laisser mourir mais en réalité il est surement victime d'un choc et ne sait pas vraiment lui-même ce qui lui arrive. Le cerveau est très complexe, vous savez…


Linda effaçait son tableau. Etienne entra dans sa salle.
-Bonjour Etienne… Ca va ?!
-P… Pas vraiment… Est-ce qu'on connait une Camille, toi ou moi ?
Linda chercha, mais pas longtemps.
-Ma petite sœur… Mais tu l'as vue quoi, trois fois, et elle est à des kilomètres…
-Camille avait raison…
-Qu'est-ce que tu racontes ?
-J'ai… Des sortes d'hallucinations.
Linda regarda Etienne, surprise.
-Des séquelles de…
-Probablement… Mais j'ignore… De quelle sorte de séquelles il s'agit et ça me trouble…
Linda parut gênée. Etienne la regarda.
-Tu… Sais quelque chose ?
-Non… Ca me rappelle à l'hôpital… Ils disaient que tu… Te laissais mourir.
-Que je me laissais mourir ?!
-Tu ne te souviens pas ?
-Vaguement… D'avoir effectivement été un peu flapi pendant quelques jours…
On frappa. Linda se tourna vers la porte. C'était le doyen Norbert.
-Oh… Pardon, je ne voulais pas…
-Ce n'est rien, marmonna Linda.
-Je viens vous faire part de la note de service de Linus à propos de la sélection des assistants. Un ramassis de nourriture, mais…
-Nourriture ?!
Norbert regarda Etienne.
-Vous avez faim ?!
-Vous venez de dire nourriture !
-Non…
Linda prit la note.
-Excusez-le, il est un peu…
-Répétez votre phrase, Norbert !
-Etienne…
Norbert hocha la tête.
-Je viens vous… faire part de la note de Linus à propos des assistants… C'est juste un ramassis de radotage…
Etienne sembla extrêmement troublé.
-Vous… Allez bien ?!
-Non, j'entends des choses… Que je ne devrais pas entendre…
-C'est par rapport à votre accident, c'est ça ?!
Linda regarda Norbert.
-Tu… Tu lui en as parlé ?!
-Là n'est pas la question, mademoiselle Trautmann… Le fait est que, quelque chose dans votre subconscient semble essayer de vous prévenir de quelque chose, qui aurait un rapport à la nourriture. Et Camille avait raison.
-Quoi ?!
-Et je pense avoir une solution !
-Je viens encore d'avoir une hallucination auditive…
Linda regarda Norbert
-Vous pensez à quoi ?
Norbert sourit de son petit air satisfait.
-Venez dans mon bureau.

Etienne passait de plus en plus de temps avec Camille dans la salle des enfants de l'hôpital. Il les regardait jouer en minimisant leur handicap, si grave soit-il. Et en face de lui, Camille qui buvait sa soupe et mangeait des gâteaux.
-Pourquoi tu manges ?
Camille lâcha sa soupe.
-Parce que… J'avais raison.
Elle continua de se sustenter.
-Et pourquoi j'ai été admis au service pédiatrie…
-Parce que j'avais raison.
-Aucun enfant ne rit ici. Même sur leur visage, pas un seul sourire. C'est censé les rendre heureux de jouer… Mais ils ne sont pas contents. Très malins, les gosses, ils ont vite compris qu'ici c'était l'enfer. On ne fait rien pour que vous alliez mieux, au contraire on vous pousse à accepter la douleur et à la refouler… mais elle est toujours présente après…
-J'avais raison.
-Sur quoi ? Sur quoi, Camille ?!


Norbert ferma ses deux portes.
-Bon. Etienne, vous voyez cette médaille que vous avez remarquée dès le premier jour ? Eh bien sachez que j'ai voyagé dans de très nombreux pays du monde avec mon père militaire. Et pendant un de mes voyages j'ai appris…
Il sortit un pendule.
-L'Hypnothérapie.
-Vous allez l'hypnotiser ?! S'étonna Linda
-Oui… Il y a des chances pour que ça ne marche pas… Vous avez déjà été hypnotisé ?
Etienne hocha la tête. Linda s'étonna.
-Une fois, par un Soporifik, pour voir comment ça faisait.
-Oh… Et c'est…
-Non on dort comme une masse, je pensais que ça faisait des effets psychédéliques marrants… mais non.
Linda sourit en levant les yeux en l'air.
-Bien. Linda, ne faites pas un seul bruit avant qu'il ne soit en état malléable.
-Malléable ?!
-Oui il y a un moment ou on pourra lui demander à peu près ce qu'on veut.
-Oh… Vous m'intéressez, là…
-Euh… Il vaut mieux s'en tenir à le soigner.
-Pardon vous avez raison… J'essaie de me détendre un peu…
-Ne vous en faites pas… Bien Etienne, vous allez suivre le pendule des yeux, sans bouger la tête. Si vous êtes assez réceptif, ça devrait marcher…
-Attendez…
Il sortit son dictaphone et le prêta à Linda.
-Enregistre-moi.
-Quoi ?! Mais…
-S'il te plait. Je ne supporte pas de… De parler sans savoir ce que je dis.
Linda hocha la tête.
Norbert commença son œuvre avec sérieux. Il en profita pour regarder Etienne droit dans les yeux. Etienne se sentait assez rassuré par les yeux gris-verts du doyen.
-Vos paupières sont très lourdes. Très lourdes, elles tombent peu à peu, dans le sommeil, et vous aussi vous tombez de sommeil.
Etienne commença à fermer les yeux. Linda s'étonna. Etienne restait immobile, les yeux fermés.
-Etienne, vous m'entendez ?
-Papa…
Linda s'avoua impressionnée.
-Papa, ou es-tu…
-Il est trop loin, là… Ramenez-le plus avant…
-Oh te voilà… Montre-moi encore… Par la fenêtre… Je veux voir avec toi…
-Vite Norbert ! Il a tellement eu de mal à faire le deuil de son père ! Allez plus loin !
-Oui, oui pardon… Etienne, vous vous souvenez de la fois ou vous avez été à l'hôpital ?
-L'infirmière est méchante…
Linda secoua la tête.
-Il déteste les infirmières de manière générale… Un peu par ma faute en fait…
-Ah ?
-Oui, c'est une longue histoire…
-Quel est son nom ?
-Je sais pas lire.
-Hm ?
-Oh…
-Elle est méchante… Très méchante, elle me tape sur les fesses… Elle me tient par les pieds !! Lâche-moi, grosse vache… Hmm…
Linda s'étonna.
-Il se rappelle sa naissance ?!
-Ouiiiin….
Linda et Norbert regardèrent Etienne chouiner comme un enfant.
-Oui… Il est ultra réceptif, c'est un jeu d'enfant avec lui… Etienne, rappelez-vous de la prise d'otage…
-… C'est de ma faute…
Linda se couvrit les yeux, embarrassée.
-Nous en avons déjà discuté et vous savez que ce n'est pas vrai, Etienne, rassura Norbert
-Si, c'est de ma faute s'il est mort.
Linda soupira.
-Il est rentré là pour m'aider… Moi je ne l'ai jamais aidé… Et lui sans…. Sans aucun motif valable il… Il entre là et il essaie… Mais il échoue. Et c'est ma faute… Je suis par terre, j'ai mal et lui… Il est assis et il meurt. Je comprends pas pourquoi… C'est pas juste.
-Etienne, vous êtes allé à l'hôpital après cette prise d'otages…
-Ah…Arh…Aaaaah…
-La douleur, voilà… Vous êtes donc entré à l'hôpital ! Pour être soigné de cette douleur !
-Oui…

-Le patient a reçu trois balles, une a traversé, deux sont encore à l'intérieur !
-Ajoutez des calmants, il soubresaute !
Linda fut contrainte à rester en dehors de la chambre, inquiète.
-Il faut l'emmener au bloc, il a trop d'hémorragies internes…
Comment peut-il encore être conscient…


-Après ça, ils m'ont emmené au bloc…
-Et que s'est t-il passé ?!
-Elle était là… Camille…
-Qui est Camille, Etienne ?
On frappa à la porte. Norbert sursauta et Etienne se réveilla brusquement.
-Quoi ? Que… Que…
-Etienne, ça va ?!
« Norbert !! Pourquoi avez-vous fermé votre porte bon sang ! »
Norbert se hâta d'ouvrir à Linus.
-J'espère que vous avez une bonne…
Il vit Etienne et Linda dans le bureau. Son regard devint très soupçonneux.
-Dites-moi, je vous en SUPPLIE, qu'il y a une explication claire, simple et logique !
Norbert inspira et hocha la tête.
-Euh… Mr Smirnoff a fait un malaise !
-… L'infirmerie est au bout du couloir de sa salle…
Norbert hocha la tête.
-Ca s'est passé à l'accueil. Je me suis proposé de l'accueillir dans mon bureau…
-Et… Mademoiselle Trautmann ?!
-Je suis la colocataire d'Etienne, je vous rappelle !
-Oui, sa… Colocataire… Marmonna Linus. Hm… Que ce genre de rencontre à huis-clos ne se déroule pas sans mon appui. Me suis-je bien fait comprendre, Mr Finsbury ?!
-Oui… Monsieur Winchester…
Linus repartit, furieux. Linda et Etienne repartirent. Norbert soupira et retourna à ses papiers.

-J'espère qu'il ne va pas se faire enguirlander… Marmonna Etienne.
-Etienne, je me fiche de ce qui arrive à Norbert ! Est-ce que tu te souviens de plus de choses ?
-Pas vraiment… J'ai envie de fessées…
Linda baissa la tête.
-Passe-moi le dicta.
Elle lui rendit son appareil. Il utilisa ses écouteurs pour écouter sa cassette.
-Hmm… Oh… Oula… J'ai rien dit pour les fessées ! OH ! On effacera ça à la maison !! J'ai vraiment chouiné ?!!
Linda fit la fausse étonnée
-… Hmm… D'accord, Camille était au bloc…
-Voilà…
-Je ne me souviens de rien… C'est étrange…
-J'aimerais tellement pouvoir t'aider…
-Je crois que tu ne devrais pas te tracasser pour ça, c'est peut-être pas si grave…
-Ca t'a perturbé dans ton travail, ça pourrait devenir grave ! Tu devrais aller voir un spécialiste…
-La nourriture… Camille… Le bloc…
Linda se serra contre Etienne. Sa tête appuya contre l'épaule droite d'Etienne qui frissonna et eut un mouvement de recul.
-Ca t'a fait mal ?! Etienne ?
-C… Camille avait…
-Etienne ?!
Il s'appuya à la rambarde de l'escalier.
-Je me souviens maintenant…

Etienne arriva au bloc entièrement conscient. Sa tête se tourna vers le côté. Un autre chariot arrivait. Des chirurgiens s'attroupèrent.
-Qui est-ce ?
-Camille Lucchi, 9 ans, elle est aveugle de naissance, son Caninos a été renversée par une voiture à proximité de Mauville et elle a été trainée sur la route sur au moins 200 mètres d'où les lésions et les brûlures sur les jambes et les flancs.
-Mauville ? Mais c'est à des kilomètres !!
-A cause des routes coupées, on a dû la rapatrier à Bourg Geon ! La voiture trop pressée à cause des détours ne se sera même pas préoccupé d'elle
Etienne reconnut la fillette aveugle qu'il avait aidée à Doublonville, lors des examens. Elle le regarda avec ses yeux qui ne voyaient pas. Il la regarda avec des yeux embrumés de larmes qui voyaient à peine.
-Exister… Ca fait mal…
Etienne écarquilla les yeux.
-Ce serait bien… Que ça s'arrête…
-Elle fait un état de choc, la douleur est trop forte…
-C'est surtout la perte de son Pokémon qui doit la choquer…
Etienne essaya de tendre la main vers elle. Mais la douleur était trop forte pour lui aussi. Il dût rétracter son bras. On replaça le visage d'Etienne normalement et on lui administra un anesthésiant.
-Il faut qu'on vous opère, Mr Smirnoff. Comptez jusqu'à 5…

-Mr Smirnoff, il faut manger maintenant !
Etienne regarda l'infirmière, stoïque.
-Vous ne voulez pas essayer de manger ?
Etienne secoua la tête.
-Ca fait deux jours que vous n'avez rien mangé… Il faut reprendre des forces !
Etienne regarda à côté de lui, dans sa chambre, Camille sous respirateur.
-Elle va… S'en sortir ?
-Ce qui importe pour le moment c'est vous.
-Non, ce qui importe c'est elle. Elle…
-Mr Smirnoff, si vous continuez je vais être obligé de vous poser une perfusion pour vous nourrir de force !
-Et un tube dans le gosier pour me gaver comme une oie…
-Pardon ?
-J'veux pas manger. Votre bouffe me dégoûte.
-C'est préparé très soigneusement !
-Ca pourrait être fait dans un trois-étoiles ça serait pareil !
L'infirmière soupira.
-Bien… On va voir si un autre patient plus jeune et moins braillard acceptera de manger…
-Et pourquoi je suis en pédiatrie, merde ! J'ai été dans une prise d'otages et maintenant j'dois voir des enfants souffrir, c'est quoi, Opération « Traumatisons-le pour le restant de ses jours ?! »
-Nous n'avons plus de place ailleurs ! Si vous n'êtes pas content…
-…J'essaie de me pendre avec le truc pour jambes plâtrés, je sais, merci !
L'infirmière soupira et partit.
-Connasse d'infirmière… Grommela Smirnoff

-Etienne ?
-Hm… Docteur ?
-Ce matin vous vous êtes encore réveillé dans vos déjections, pour la 3ème matinée consécutive… Vous semblez souffrir de dépression postopératoire…
-Dépression vous-même…
-Nous songeons à vous… proposer un internement en psychiatrie.
-…
-Ce ne serait que pour vous… réhabiliter.
-Camille…
Il regarda le rideau fermé à côté.
-Ou est Camille ?!
Le docteur soupira et ouvrit le rideau.
-Elle est partie cette nuit.
-Partie ?
Le docteur Hammoudi soupira lourdement.
-Elle est… Morte.
-C'est pas possible, Je lui ai parlé hier soir… Dans la salle de jeux…
Le docteur regarda Etienne.
-Je crois que… Je vais vous… envoyer en psychiatrie, ne serait-ce que pour des examens… J'appelle l'infirmière…
Etienne regarda le docteur partir. En psychiatrie… Comme un fou ?
Il regarda son assiette et commença à manger. Il se força à finir son plat.


Linda regarda Etienne, étonnée.
-La même petite fille…
-Ouais… Et… je la voyais dans mes rêves… Je rêvais souvent d'elle en fait à l'hôpital… Elle me disait de manger…
-Pourquoi… Pourquoi ça t'a autant marqué… Cette phrase, « Exister ça fait mal » ?
-Le… Le jour où je l'ai sauvée du passage piéton, ce jour là je ne me suis jamais autant haï en tant qu'être humain…
-Tu as mis ce sentiment en parallèle avec ta culpabilité envers Sherman.
Etienne regarda Linda.
-Voilà… C'est surement ça…
-Si ça se trouve, ses mots aussi n'étaient qu'un rêve. C'est étonnant qu'elle ait pu être consciente…
-Sur le coup ça m'a paru tellement véridique comme phrase… donc, Camille avait raison…
-Mais en fait, non.
Etienne hésita.
-Tu….
Linda rassembla ses forces.
-Tu ne peux pas juste te dire « La vie c'est nul, exister c'est dur »… Bien sur parfois on le pense, mais ce sont des raccourcis. Tu dois arrêter de vivre en suivant des principes manichéens ! Regarde : Ton cours de ce matin, c'était bien… sur les apparences ?
-Oui… L'intérêt de l'apparence du Pokémon dans le combat stratégique.
-Voilà… Tu es comme ces Pokémon, mais en fait nous le sommes tous. Il y a des moments nous sommes heureux sans raison particulière, on se lève un matin de bonne humeur. D'autres jours on est irrité par le moindre courant d'air, et une conversation avec nos plus proches amis peut dégénérer en dispute ! Ou encore on peut se sentir mélancolique, désabusé, lassé, jovial, généreux… Les gens ne sont pas tout blancs tout noirs ! Il y a des nuances. Même cet ignoble Linus est peut-être adorable par moments, et ce Norbert doit surement cacher des trucs pas nets. On a tous des faiblesses et des failles. Tu dois apprendre à surmonter les tiennes et à garder en tête que… Oui la vie c'est dur, mais… C'est bien aussi, parfois.
Etienne hocha la tête et la posa contre l'épaule de Linda qui posa sa tête sur la sienne.
-Linda…
-Hmm ?
-J'ai faim !

« Ce n'est pas le mal de vivre,
Non ça c'est réservé
Aux esthètes à la dérive,
Qui jugent la déprime démodée. »


Etienne retourna à ses cours. Il désigna un Gloupti au tableau.
-Mais m'sieur…
-Oui, Hannah…
-…Gloupti il n'a qu'un seul type !
Etienne afficha un sourire satisfait.
-Excellent. Vous passez dans la classe supérieure.
-Ah oui ?
-Je plaisante. Vous redoublez !

« Je n'ai pas la gourmandise
Qui consiste à tout détester,
C'est pas pour moi le mal de vivre,
C'est beaucoup trop raffiné. »


-On considèrera la dynastie des Nouvenne en trois étapes distinctes…
Linda désigna sur une fresque.
-La première partie marquera le déclin de la puissance militaire, j'entends par là une baisse de la puissance des Pokémon, de manière générale ; Les dresseurs n'avaient plus de temps pour le dressage à cause du temps pris aux cultures agricoles. Ensuite, la terreur qui amena à la famine…

« Ça ira mieux demain, du moins je l'espère,
Parce que c'est déjà ce que je me suis dit hier… »


Norbert resta seul à son bureau. Il observait une photo de lui plus jeune et de son père devant les pyramides d'Egypte. Il sourit et reposa le cadre.

« La larme à l'œil en automne
Parce qu'elles sont mortes les feuilles,
Alors qu'j'les connaissais à peine,
Elles étaient même pas d'ma famille. »


Etienne allait partir pour son appartement. Il vit Kenneth et Miranda à la porte, en train de sortir de la faculté.
-Kenny…
Trop tard, ils sortirent en ricanant. Le prof soupira.

« Ce n'est pas par désespoir,
Il faudrait vaille que vaille
Souffrir du matin au soir,
C'est beaucoup trop de travail. »


Etienne rentra à son appartement et trouva Linda sur le canapé qui regardait la télévision. Les Pokémon étaient en train de mettre la table. Etienne sourit et vint s'asseoir à côté de sa colocataire.

« Ça ira mieux demain, du moins je l'espère,
Parce que c'est déjà ce que je me suis dit hier… »